(Neuf heures dix-neuf minutes)
M. Tétreault (Jacques) : Alors, bonjour, mesdames et messieurs.
Mon nom est Jacques Tétreault, comme on vous a dit. Aujourd'hui, le
regroupement vient présenter, au Parlement, aux représentants des citoyens et
citoyennes de la province 28 500 signatures de non-acceptabilité sociale
pour les compagnies gazières sur leurs terrains. Alors, c'est un travail titanesque qui a été fait
de la part de nos citoyens bénévoles, qui ont
sillonné la vallée du Saint-Laurent principalement, parce que c'était là
qu'étaient concentrées les compagnies de gaz. Ils ont frappé aux portes et ils
ont expliqué de façon assez… à fond qu'est-ce qui en était des gaz de schiste.
Et, suite à ces explications-là, les citoyens, qui le
désiraient signaient un formulaire comme de quoi ils n'étaient pas
intéressés à ce que les compagnies viennent forer
chez eux.
Alors, pour nous, c'est une démonstration
très éloquente de la non-acceptabilité sociale de l'industrie des gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent
et partout ailleurs au Québec. Vous savez qu'actuellement il y a plusieurs
puits qui sont abandonnés au Québec. Alors, vous avez
ici aujourd'hui M. Serge Fortier, le représentant de CMAVI, qui
peut vous en parler, il va être à l'extérieur pour vous en informer. On est
déjà aux prises avec beaucoup de puits qui fuient. Alors, pour nous, c'est
inacceptable qu'on continue à vouloir injecter dans le sol des milliers de litres
de produits chimiques qui, éventuellement, éventuellement, et de façon certaine, vont finir par ressurgir à la surface, polluer nos nappes
phréatiques, polluer notre environnement à tout le monde et changer de façon
drastique notre environnement social.
Alors, aujourd'hui, c'est vraiment avec un grand plaisir que je viens déposer, en compagnie de Mme Massé, les
formulaires qui ont été récoltés par tous nos bénévoles. Vous avez une preuve
de non-acceptabilité sociale. Maintenant, ça reste au gouvernement à faire son
travail et faire en sorte que c'est respecté.
Vous savez qu'à Gaspé, actuellement, la
non-acceptabilité sociale a aussi été démontrée, mais la compagnie Pétrolia
s'apprête quand même à passer outre cette
démonstration-là et quand même à forer.
Et c'est d'ailleurs ce sur quoi M. Langelier
va vous entretenir. Alors, je vous remercie beaucoup de votre attention.
M. Langelier (Richard) : Alors, comme
Jacques l'expliquait, la non-acceptabilité sociale, elle se vit aussi à
Gaspé, puisqu'effectivement les forages qui
ont été utilisés à Haldimand-1 ont eu comme conséquence, selon l'analyse qui a
été faite par l'INRS-Eau à la demande de Mme Marois
à l'époque… ont comme conséquence que 10 des 11 puits sont contaminés par du
méthane thermogénique, justement ce méthane qui est associé au forage pétrolier
et gazier. Alors, avec le Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection, qui a été mis en vigueur au mois d'août, on a une protection
tout à fait insuffisante, comme l'a montré,
justement, le fait que le puits Haldimand-1, qui a été… où
on a utilisé des tests d'injectivité avec du pétrole, bien, on se retrouve aujourd'hui
avec 10 des 11 puits qui sont contaminés.
Alors, je vous annonce un drame annoncé, qui est le forage à Haldimand-4, où là c'est
les puits d'eau potable de 900 personnes qui risquent d'être complètement
contaminés par les forages qui sont… On ne pratiquera pas immédiatement la
fracturation, mais c'est des forages
horizontaux qui vont donc rencontrer de nombreuses failles naturelles qui vont
permettre au méthane thermogénique de remonter.
Alors, je pense qu'il faut absolument
faire cesser… et le comité, le grand comité pour l'avenir durable du Grand
Gaspé a envoyé à M. le ministre Arcand une demande de révocation de ces
permis-là parce qu'effectivement on est en face d'un drame, d'une situation…
d'un sinistre au sens de la Loi sur la sécurité civile,
et ce sinistre-là est annoncé. Alors, il faut mettre fin immédiatement à ces
forages, qui vont, de façon plus que probable,
contaminer les sources d'eau potable des citoyens de Gaspé. Je vous remercie.
Mme Massé :
Alors, bonjour. Il me fait plaisir aujourd'hui de déposer ces
28 500 signatures qui viennent en fait
s'ajouter aux 32 000 que Martine a déposées
il y a déjà deux ans de ça.
Alors,
quand on parle d'acceptabilité sociale, quand les citoyens et citoyennes du
réseau vigilance nous parlent d'acceptabilité sociale, je pense qu'ils savent
de quoi ils parlent parce qu'ils sont allés à la rencontre des gens. Ces gens,
de façon claire, en indiquant, en signant un
formulaire, nous disent qu'on ne veut pas que leurs eaux soient
contaminées. On ne veut pas que leurs paysages soient
complètement dévastés, que leur santé soit
menacée. On ne veut pas que les terres agricoles du Québec, ce qui nous nourrit
collectivement, soient contaminées. Leur qualité de
vie s'en trouverait… et s'en trouve,
pour certains, déjà assez atteinte. Cette acceptabilité sociale n'est pas au
rendez-vous et elle est très loin de l'être, au rendez-vous. Les gens ont
compris l'horreur qu'impose l'industrie de fracturation hydraulique.
Aujourd'hui, je questionnerai le ministre
Heurtel, puisque nos amis, ici, ont tenté à plusieurs reprises, depuis six mois,
d'être reçus pour expliquer au ministre Heurtel leur expérience de démocratie,
leurs rencontres
avec les citoyens, et malheureusement le ministre a fait la sourde oreille.
Alors, pour Québec solidaire, la cause du gaz de schiste est entendue. Depuis
2010, nous disons non à cette industrie. Nous refusons la fracturation
hydraulique, que ce soit pour la recherche de pétrole
ou de gaz de schiste, nous refusons aussi, sur l'ensemble du territoire
québécois. Pour Québec solidaire, l'urgence d'agir est maintenant, et on doit sortir le
Québec des hydrocarbures.Et je peux
vous dire qu'avec des citoyens et citoyennes vigilants et vigilantes comme ceux
et celles qui sont derrière moi, et les
centaines, et les milliers d'autres qui sont
dans la rue, j'ai confiance que nous allons réussir à faire reculer
l'exploration des hydrocarbures.
Mme
Ouellet
: Donc, bonjour. Permettez-moi, dans un
premier temps, de saluer les citoyens et les citoyennes de la rive nord, de la
rive sud du fleuve Saint-Laurent, des gens qui ont travaillé d'arrache-pied. Le
travail qu'ils ont fait, là, c'est gigantesque. Moi, j'ai... je m'inscris dans
la continuité, et j'avais déposé, en avril 2012, 37 000 refus, des gens
qui avaient signé pour refuser l'accès à leur territoire. Ils ont continué le
travail et aujourd'hui c'est 28 500 signatures additionnelles, pour un total de 65 000 signatures. Donc,
moi, vraiment, je veux les féliciter pour le travail qu'ils ont fait, le
travail citoyen. Bravo!
On se rend compte qu'avec la revenue du
Parti libéral au gouvernement, le Parti libéral persiste et signe, persiste et
signe à vouloir continuer à appuyer l'industrie du gaz de schiste. Pendant que
le Parti québécois était au gouvernement, nous avons déposé un projet de loi
moratoire pour le gaz de schiste pour l'ensemble de la vallée du Saint-Laurent,
malheureusement bloqué par la Coalition avenir Québec et par le Parti libéral.
Nous le
savons, que ce développement-là est un développement insensé dans la vallée du
Saint-Laurent : c'est
clair que c'est un territoire qui est habité,
c'est clair qu'il y a de l'agriculture qui est
sur ce territoire-là, que les gens veulent pouvoir continuer à avoir une eau
potable de qualité, et donc on ne comprend pas, on ne comprend pas l'entêtement
de l'industrie et l'entêtement du gouvernement libéral à vouloir poursuivre
dans cette voie-là. Et je pense que les citoyens l'ont démontré par leur détermination, ils ont continué l'action
sur le terrain et ils continueront à être présents pour dire non au gaz de
schiste sur leur territoire. Et nous serons là, en appui aux citoyens, sur ce
dossier-là, qui est vraiment important.
Moi, je suis allée en Pennsylvanie, je les
ai vus, les dégâts, les dégâts pour l'agriculture, les dégâts pour les puits
d'eau potable pour les gens, et ce n'est pas ça qu'on veut pour le Québec.On veut du développement
économique intelligent, et on va opposer le développement du gaz de
schiste. Le développement de l'électrification des transports, le développement
de nos énergies vertes, c'est vers ces
directions-là que nous voulons aller. Merci.
La Modératrice
: Nous allons passer à la période des
questions. On ne prendra que les questions sur le sujet du point de presse. Si
vous avez des questions pour les députés, vous pourrez le faire en aparté
ensuite. Je vous invite, les journalistes, à vous présenter ainsi qu'à adresser
votre question à une personne en particulier.
Journaliste
:Mme Ouellet, vous espérez...en partie, là, dans une
direction x?
Mme
Ouellet
: Bien là, on
parle... Vous avez vu déjà, début de la
semaine… et c'est toute une
coïncidence, parce que le travail des comités de citoyens était déjà avancé
depuis un certain temps, mais on voit que l'industrie du gaz de schiste
recommence leurs représentations auprès du gouvernement libéral pour pouvoir
faire des nouveaux projets. Et là je ne comprends pas qu'ils nous parlent de
projets pilotes. Il y a déjà 31 forages de fait, 19 de fracturés. On l'a,
l'information. On n'a pas besoin de nouveaux pilotes pour savoir que ça fait
des dommages.
Journaliste
:
Donc, vous, vous craignez qu'ils arrivent avec une nouvelle loi qui
autoriserait, finalement?
Mme
Ouellet
: Bien, le gouvernement libéral a
ouvert la porte en disant qu'il était prêt à regarder, et donc je pense qu'on
voit qu'ils reviennent à leurs anciennes habitudes de travailler main dans la
main avec l'industrie gazière. Et effectivement je trouve que c'est inquiétant, et nous allons leur dire non pour
les gaz de schiste. Nous avions réussi, l'ensemble des citoyens, à ralentir,
même à bloquer le développement des gaz de schiste en 2010‑2012. Là, on a eu un
rapport d'EES. Il y a le BAPE qui va déposer son
rapport. Le rapport de l'EES était vraiment dévastateur. Le BAPE va
déposer son rapport à la fin du mois. Et nous
continuerons, avec les comités de citoyens, d'être vigilants. Et vous voyez, là, tous les
paquets qui ont été présentés par… préparés par les
comités de citoyens.Dans ça, vous avez
tous les formulaires de refus d'accès au territoire signés de la part des
citoyens.C'était clair? Super!
(Fin à 9 h 31)