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Point de presse de Mme Diane Lamarre, porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé et d'accessibilité aux soins

Version finale

Thursday, November 13, 2014, 13 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures trente-quatre minutes)

Mme Lamarre : Alors, bonjour à tous. Je suis ici pour présenter le bilan des travaux des commissions parlementaires sur le projet de loi n° 10. Alors, d'abord, d'entrée de jeu, ce qui est prévu par le titre de ce projet de loi, c'est l'abolition des agences. Or, on constate que c'est un faux prétexte. C'est une excuse, parce que, dans le fond, ce n'est pas ça qui est visé par le projet de loi. Même pour l'abolition des agences, on reconstitue une vingtaine de méga-agences. Donc, l'enjeu n'est pas là, et c'est là que tous les groupes qui sont venus présenter ont attiré l'attention du ministre sur différentes anomalies et qu'est-ce qui était vraiment le fond de la motivation du ministre pour proposer ce projet de loi n° 10.

Alors, le ministre s'impose à chaque niveau de décision, que ce soit dans les dimensions de la santé ou des services sociaux, et ça, c'est très clair, et ça a été repris, et ça se traduit par plusieurs articles du projet de loi. Un morceau du casse-tête, en plus, qu'il nous présente par ce projet de loi n° 10 là… et il le reconnaît lui-même, c'est un morceau, et là il nous demande de prendre position sur ce morceau-là, alors qu'on n'a pas du tout les autres éléments de sa réforme et, à plusieurs reprises, et lui et sa ministre déléguée nous ont dit : On vous le promet, c'est dans notre tête. Alors, nous, on le dit : Il faut l'écrire quand on est sûr.

Alors, la notion de plan transitoire, il n'y a rien actuellement dans le projet de loi n° 10 qui prévoit ça, mais tout ce qu'on dit aussi, c'est : quand on fait un projet de loi, on doit avoir la transparence de nous présenter l'ensemble des éléments qui sont prévus. Et je vous dirais que, si on prend l'analogie du morceau de casse-tête, bien, quand on commence à faire un casse-tête, si on a juste un morceau, on a au moins la boîte autour qui nous montre l'ensemble de ce que ça devrait donner en bout en bout de piste. Le ministre ne s'est même pas donné la peine de faire ça. Et je peux vous dire que, s'il avait été exposé à un projet de loi comme celui-là dans ses anciennes fonctions, quand il était président de la FMSQ, il n'aurait jamais accepté qu'un tel projet de loi aussi partiel, aussi peu éloquent, aussi... qui dissimule vraiment plein d'informations soit présenté et qu'on puisse penser qu'on va orienter tout le réseau de la santé sur quelque chose d'aussi partiel que ça.

Alors, ça, les groupes sont vraiment venus manifester leurs préoccupations et ils ont parlé au nom des citoyens. J'entends le ministre qui va dire : C'est la résistance au changement. Ce n'est pas de la résistance au changement. On a eu des groupes communautaires, on a eu des groupes de tous les niveaux, et ces gens-là témoignaient au nom des citoyens, au nom des patients.

Alors, il y a des façons d'améliorer notre système de santé. Et puis on n'est pas naïfs, effectivement, il y a des lacunes dans notre système de santé.

Il faut améliorer, et la priorité que tout le monde demande, c'est d'améliorer l'accessibilité. Cette accessibilité-là, on est capable de la faire avec notre système actuel. Il faut avoir le courage, la volonté de demander aux gens des résultats et de pousser ces résultats-là.

Et le Parti québécois, quand on était au pouvoir, on l'a fait. On a fait, par exemple, en santé... on a augmenté la... on a demandé aux GMF de respecter leurs ententes, leurs disponibilités d'ouverture qui avaient été garanties dans les ententes le soir et les fins de semaine, et ça s'est amélioré très rapidement.

Donc, dans notre système actuel, il y a des façons de bonifier. Et je vous dirais que, si on avait des priorités sur des changements, ce qu'il faut, c'est vraiment améliorer la communication d'information. Et on le voit dans tous les systèmes de santé actuellement dans le monde qui fonctionnent bien, il faut améliorer le système de communication, et là-dessus, depuis 10 ans, 15 ans, le gouvernement n'a pas réussi à faire en sorte, avec tout l'argent qu'on a englouti, à faire en sorte que notre information circule dans notre réseau, entre les hôpitaux, entre les CLSC, entre les pharmaciens, entre tous les différents acteurs de ce système de santé.

Combien de fois les gens sont obligés de faire des allers-retours dans le système de santé? Combien de fois ils sont obligés de repasser des prises de sang parce que les résultats sont perdus, parce que ce n'est pas arrivé? Même la communication entre les médecins de première ligne et les spécialistes, elle est très déficiente. Et c'est ça qui paralyse beaucoup notre système et qui coûte très cher également.

Donc, c'est certainement une piste de solution sur laquelle le ministre a actuellement tous les pouvoirs pour agir, et il ne le fait pas, en préférant orienter tout ça vers une grande déstabilisation du projet de loi n° 10. Donc, il ne doit pas profiter des écueils du système actuel pour s'arroger tous les pouvoirs, et c'est vraiment ça qu'on constate et qui inquiète énormément.

Alors qu'est-ce que les gens veulent? Ils veulent un meilleur accès, mais ils veulent également qu'on protège. Et là l'investissement qui est fait, le choix que le gouvernement fait actuellement à cause de l'austérité, mais aussi, je pense, par choix idéologique, c'est vraiment de priver des dimensions de notre système de santé qui sont déterminantes sur les économies à très court, moyen terme comme la prévention. Qu'on coupe 30 % du budget sur la prévention, c'est inconcevable dans un contexte comme celui où on est. La première ligne, elle peut être beaucoup plus performante. Les soins à domicile, c'est ce que les gens veulent.

Alors, il y a une démocratisation également au niveau de la participation des gens. Les organismes communautaires sont venus nous dire : Écoutez, on tient le système à bout de bras. Dans bien des cas, tout le travail qui doit être fait auprès des patients qui ont des déficiences multiples et qui ont besoin d'être accompagnés à leurs domiciles, c'est nous qui tenons ça. Ne venez pas défaire tous les liens qu'on réussit à faire dans le réseau. Ça prend des années à construire ces liens-là pour assurer le parcours des gens à travers le système de santé, et là vous venez complètement nous saccager tout ça. Alors, il faut absolument qu'on puisse faire mieux avec ce qu'on a et il y a des mesures concrètes.

Donc, je vous dirais que notre bilan du projet de loi n° 10, c'est qu'il y a une fragilisation du réseau et il y a également une démotivation du personnel du réseau. Et le réseau de la santé, ce n'est pas une entreprise comme une autre, ce n'est pas une entreprise tout court. Le réseau de la santé, c'est quelque chose qui performe avec des humains qui sont au service d'humains. Et là ce qu'on a entendu vraiment, c'est des préoccupations, de l'inquiétude, une démobilisation complète de tous ceux qui constituent ce réseau-là, et je pense que le ministre ne pourra pas porter, à lui tout seul, sur ses épaules, l'ensemble de tout ce qui est nécessaire pour que le système donne aux gens les soins et les services sociaux dont ils ont besoin. Je vous remercie.

Mme Prince (Véronique) : Mme Lamarre, est-ce que… Étant donné le contexte actuel des négociations qui sont en cours, en fait, avec les syndicats, est-ce que vous pensez que leurs revendications peuvent, en même temps, être transmises dans le cadre de la commission parlementaire? Parce que c'est l'avertissement que fait M. Barrette.

Mme Lamarre : Bien, je pense que les syndicats ont quand même manifesté de l'ouverture sur une amélioration, sur des bonifications du système. Il n'y a pas eu une fermeture inconditionnelle sur tous les éléments, et on voit que ce n'est pas juste les syndicats qui sont venus nous parler non plus. Alors, il y a eu beaucoup, beaucoup de gens, des organismes qui s'occupent de déficience intellectuelle, de déficience physique, des gens qui s'occupent de personnes qui ont la maladie d'Alzheimer, ces gens-là n'ont pas d'intérêt syndical. Ils sont là parce qu'ils donnent des soins, ils sont attentifs aux citoyens. Alors, je trouve que c'est une excuse facile un peu de transporter les enjeux de négociation.

Moi, j'ai été quand même intéressée de voir que, dans les mémoires des parties syndicales, il y avait des suggestions, il y avait des recommandations qui visaient à bonifier l'organisation et la fluidité du système dont on parle tant.

Ce qu'on dit, c'est que ce n'est pas les bons moyens. Le ministre a les moyens actuellement dans notre système actuel, et ce qu'il s'approprie comme changement, c'est vraiment dévastateur pour l'équilibre du système, et ça va prendre des années avant de retrouver cet équilibre-là.

M. Caron (Régys) : Mais le ministre n'a pas l'unanimité contre lui pour les mêmes raisons, à savoir : hypercentralisation du système, structure mammouth, pouvoirs disproportionnés au ministre.

Est-ce que finalement la critique ne se résume pas à ça, Mme Lamarre?

Mme Lamarre : Elle se résume beaucoup à ça, mais je vous dirais que ce qui est encore plus fort, ce sont les témoignages des gens qui viennent expliquer concrètement qu'est-ce que ça va reprendre, qu'est-ce que ça va impliquer sur le terrain. Et, quand les gens nous disent, par exemple, des gens du réseau communautaire pour l'Alzheimer qui nous disent : Ça nous a pris des années à trouver les gens avec qui il faut intervenir pour que les gens qui ont l'alzheimer aient un peu de répit, les proches aidants qui s'occupent des gens qui ont l'alzheimer aient du répit, puis on nous enlève ça… Quand des gens viennent témoigner, qui viennent de subir une fusion des deux hôpitaux à Québec, qui disent : On a fusionné 1 600 médecins, ce n'est pas juste… ça ne se fait pas en claquant du doigt, il faut standardiser des protocoles, il faut récrire tous les documents qui permettent de standardiser les pratiques.

Quand on rentre dans un hôpital, il y a des choses qui doivent se faire de façon planifiée et structurée, et ces fusions-là viennent imposer des modifications de changement qui vont faire que toute l'énergie qu'on a, qui n'est déjà pas si grande que ça dans notre système de santé, va être canalisée sur des changements de papiers, alors qu'on nous prévoyait que ça enlèverait la paperasse. Ça va être sur des changements de documents qu'on va devoir travailler plutôt que développer des soins et surtout améliorer la circulation du patient dans tout notre système de santé. C'est là…

Mme Dufresne (Julie) : Le ministre Barrette a dit, depuis quelques semaines déjà, que ce projet de loi là allait mettre en place un système transitoire qui allait être complété d'ici la fin du mandat. Est-ce qu'il n'y a pas lieu d'essayer de lui donner une chance et de voir si ça n'améliorera pas, finalement, le système?

Mme Lamarre : D'abord, ce n'est pas écrit nulle part que c'est transitoire. Donc, dans le projet de loi n° 10, non seulement ce n'est pas écrit, mais il n'y a vraiment rien qui ne laisse croire à un caractère transitoire. En plus, le caractère transitoire qu'il a évoqué, c'était seulement sur une dimension, c'est-à-dire la possibilité de nommer les gens du conseil d'administration. Mais, si vous regardez, il y a 165 articles, il y en a 164 autres sur lesquels il s'attribue énormément de pouvoir et, sur ceux-là, il n'a pas parlé de caractère transitoire du tout.

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce que vous pensez… Avez-vous espoir que les amendements vont rendre ce projet de loi là acceptable?

Mme Lamarre : On va travailler avec le plus de collaboration possible, mais beaucoup d'organismes sont venus nous dire qu'il fallait vraiment que le ministre retourne et revoit complètement son approche et ses priorités. Nous, on est dans un contexte où on va essayer de faire en sorte qu'on va bonifier certains éléments, mais les éléments sur lesquels il a évoqué une certaine ouverture dans les amendements, je vous dirais que ce sont plus des éléments géographiques. On va réaménager le CISSS, on va en faire deux à une place où il y en a un, mais il n'y a rien, au niveau des éléments déterminants, des choix qu'il se permet, du pouvoir qu'il se permet d'avoir, où il a remis des choses en question.

M. Robillard (Alexandre) : Comment vous allez vous positionner par rapport au principe de ce projet de loi là?

Mme Lamarre : On verra en cours de route. Ce sera certainement quelque chose qu'on va regarder à la lumière de l'ouverture du ministre ou de sa non-ouverture.

M. Robillard (Alexandre) : Mais, je veux dire, pour l'instant, vous êtes ouverts à l'adoption de principe ou…

Mme Lamarre : Pour l'instant, on ne voit pas beaucoup d'éléments qui sont réconciliables avec l'amélioration de l'accessibilité aux soins. C'est la priorité. C'est ce que les gens nous disent, c'est ce que les Québécois nous demandent, et donc on demande au ministre de nous donner des confirmations qu'il y aura vraiment amélioration de l'accessibilité aux soins avec son projet.

M. Caron (Régys) : Vous avez dit que le projet de loi dissimule beaucoup d'informations. Tout à l'heure, la CSN disait, par exemple… on appréhende que le ministre se donne le pouvoir de donner certaines missions au privé. Est-ce que vous avez la même compréhension?

Mme Lamarre : L'article 55, l'alinéa 12° donne tout à fait ça. Il y a également un autre article qui donne au ministre la possibilité de faire des fusions à volonté. Alors, il y a plusieurs articles qui sont importants et qui sont, je vous dirais, déterminants dans sa capacité de modifier les structures.

Alors, quand il a dit ce matin : Il n'y aura pas un point de service qui va être changé, il n'y aura pas… il s'est donné, en tout cas, tout le pouvoir. Et, dans la transparence, il y a la dimension aussi qu'il ne veut pas… il veut pouvoir se soustraire à l'obligation de publication des règlements à la Gazette officielle. Bien là, si on est dans un contexte où il se fait déjà reprocher de ne pas avoir fait de consultation avant puis qu'il ne veut pas reconsulter les gens après ou qu'il ne veut pas permettre aux gens d'analyser ces modifications, ça donne… ça envoie un message qui est très questionnable.

M. Harrold (Max) : Mme Lamarre, so you're basically saying this is a power grab by the Minister. He's just looking for more power.

Mme Lamarre : He's looking for more power, and we would like him to be focused on more outcomes. This is what we want and what we need in our healthcare system, and we have nothing about outcomes in this project.

M. Harrold (Max) : Can you be more specific? Outcomes, what do you mean?

Mme Lamarre : Outcomes for primary care, for homecare, for prevention measures. We don't see anything about that, and, even when he answers to the questions, he never gives any information or a kind of vision of what he really wants to do with this power.

M. Harrold (Max) :And also, you mentioned community groups. Some of them were Anglophones who were very worried about their control that they currently have over their healthcare institutions or bilingual healthcare institutions. What is your concern? Do you have any about Anglophones and their healthcare system?

Mme Lamarre : These groups told us that they were... they finally found a kind of «équilibre», you know, they found a way to be recognized, to be listened in this health system, and they don't want this... they don't want to lose that. And they said that it took them many years to get there, and now it works well. So they don't want to take the risk of decreasing their relationship and their way to receive care and also give their input to this healthcare system.

Mme Plante (Caroline) : Will amendments make this bill acceptable, amendments?

Mme Lamarre : You know, there is... we need to have a lot of amendments and, for now, we are not sure that we will find a way where access to care, primary care and home care, will be more confirmed. We don't have any proof that we will get a confirmation that community groups and prevention measures will be increased and will be more effective. So we will have to look at what the Minister will propose, but, for now, there is a need to big changes.

Mme Plante (Caroline) : Are you planning on voting against the adoption in principle?

Mme Lamarre : At this moment, we don't have our mind completely ready for that. We will listen to him. As long as we don't have amendments, we will wait for information. But we will follow it very closely because we have a lot of questions. Merci.

(Fin à 13 h 50)

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