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Point de presse de M. François Legault, chef du deuxième groupe d'opposition, et M. François Bonnardel, porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière de finances

Version finale

Tuesday, February 24, 2015, 11 h 15

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures vingt minutes)

M. Legault : Oui, bonjour, tout le monde. Ce matin, je veux vous parler de mon sujet favori, c'est-à-dire l'économie puis plus précisément la création de la richesse. C'est pour ça que je suis venu en politique, et actuellement je trouve qu'on ne parle pas assez de création de richesse. Ce n'est pas une fin en soit de créer de la richesse, mais on a besoin de créer de la richesse si on veut être capable d'abord d'offrir aux familles de la classe moyenne une meilleure qualité de vie, leur permettre de réaliser plus de leurs rêves, permettre aussi à notre société puis à notre gouvernement d'avoir les moyens d'investir dans nos programmes sociaux, d'avoir de belles écoles, d'avoir le personnel suffisant dans nos écoles pour permettre vraiment l'égalité des chances à tous les enfants, permettre à nos aînés d'être dans des conditions décentes. Tout ça, ça prend de l'argent.

Or, au Québec, il faut le répéter, on a tout un écart de rattrapage à faire. Le Québec a un écart de 15 % avec l'Ontario, 24 % avec le reste du Canada, 40 % avec les États-Unis. C'est énorme puis c'est intenable à moyen terme. Et nous, ce qu'on croit, c'est qu'il faut d'abord commencer par se fixer des objectifs. L'objectif le moins ambitieux, quand on regarde Ontario, Canada, États-Unis, ça serait de viser à rejoindre l'Ontario. Si on regarde, par exemple, en Ontario, un travailleur a un salaire moyen de 47 200 $ par année. Au Québec, le même travailleur a un salaire moyen de 42 400 $. Donc, c'est un écart de 4 800 $ par année par travailleur. Donc, vous pouvez vous imaginer l'impact que ça peut avoir sur une famille de la classe moyenne.

Donc, nous, on pense, là… puis c'est bien beau, on voit que le Conseil du patronat puis beaucoup de leaders dans notre société essaient de parler de prospérité, de se dire : Il faut se donner comme objectif de créer de la richesse, même le premier ministre en parle, mais c'est important qu'on se donne une cible, un objectif.

Donc, moi, je propose aujourd'hui au premier ministre de se donner une cible au Québec, qu'on efface cet écart de 4 800 $ dans le salaire moyen entre le Québec et l'Ontario puis qu'on se donne une période de huit ans, donc deux mandats, pour effacer cet écart. Donc, ça voudrait dire… il faudrait viser à réduire l'écart de 2 400 $ par travailleur durant les quatre prochaines années, donc durant le mandat actuel de M. Couillard, puis un autre 2 400 $ dans le mandat suivant, donc pour que dans deux mandats, dans huit ans, on n'ait plus d'écart de richesse avec l'Ontario. Il n'y a pas de raison qu'on ait un écart de richesse avec l'Ontario. Je peux comprendre qu'on a un écart de richesse, par exemple, avec l'Alberta ou avec les provinces qui produisent du pétrole, mais il n'y a pas de raison… On a tout pour réussir : des bonnes universités, des gens créatifs, des ingénieurs, des administrateurs. Dans tous les domaines, on devrait être capables de faire aussi bien que l'Ontario.

Donc, moi, je pense, ce n'est pas normal que le Québec ait un écart de 4 800 $ par année dans le salaire moyen des travailleurs. Je pense que nos travailleurs qui travaillent fort ont le droit à ce 4 800 $. On a tout le potentiel pour y arriver. Maintenant, ce qui est important, c'est que le premier ministre se donne des objectifs précis, une cible pour pouvoir mobiliser tous les acteurs de notre société, et donc il faut avoir de grandes ambitions pour les Québécois.

Malheureusement, quand on regarde les prévisions d'à peu près tous les économistes, que ça soit le Conference Board, que ça soit Desjardins, Banque Nationale, on prévoit que, pour chacune des quatre prochaines années, la croissance économique va être moins forte au Québec qu'en Ontario. Donc, ça veut dire qu'on ne réduira pas cet écart de 4 800 $ en moyenne dans le salaire, mais on va l'augmenter. Donc, c'est important de donner un coup de barre, de déposer un plan.

La CAQ a déposé un plan pour créer de la richesse, qu'on a appelé le Projet Saint-Laurent. M. Couillard nous a dit qu'il n'aimait pas ce plan-là. Je veux bien, mais c'est sa responsabilité d'en déposer un. Dans quelques mois, il va déposer un budget. Bien, c'est important, dans ce budget-là, que M. Couillard se fixe des objectifs précis, puis nous, bien, ce qu'on lui propose, c'est d'avoir un plan pour éliminer cet écart de 4 800 $ que les travailleurs ont dans leur salaire, comparativement à l'Ontario. Ça sera une première étape, parce que, quand on regarde, par exemple, nos autres voisins, comme la Nouvelle-Angleterre, l'écart est plutôt autour de 50 %. Donc, il va falloir ensuite s'attaquer à nos autres voisins, entre autres nos voisins dans le Nord-Est américain.

Donc, c'est important d'avoir de l'ambition, c'est important de le faire dans le prochain budget. Ce n'est pas juste une question d'argent, c'est une question de fierté, c'est une question aussi éventuellement de rapport de force face à Ottawa. C'est parce qu'on est moins riches qu'on reçoit 9,5 milliards de péréquation. Moi, je trouve ça gênant, j'espère que c'est gênant pour M. Couillard.

Or, la semaine dernière, jeudi dernier, à trois reprises, j'ai demandé en Chambre à M. Couillard s'il prévoyait, sur les quatre années et demie de son mandat, de réduire cet écart de richesse avec l'Ontario, il a fait du patinage de fantaisie, il n'a pas été capable de répondre à ma question. Il est temps que le premier ministre, là, ait de grandes ambitions. Les Québécois n'en attendent pas moins.

Le Modérateur : ...on va passer à la période des questions?

M. Legault : Bonjour.

Journaliste : Bonjour, M. Legault, M. Bonnardel. Est-ce que la situation d'un travailleur ontarien qui fait 47 000 $ par année est vraiment plus enviable que celle d'un travailleur québécois, sachant que les Québécois paient moins cher les tarifs d'électricité, de garderie, le logement souvent, les programmes sociaux, tout ça? Est-ce que, dans le fond, le travailleur québécois n'en a pas plus pour son argent au bout du compte?

M. Legault : Non. Ça, on parle du salaire brut, mais, si on regarde après impôt puis après... en tenant compte des services qui sont reçus, c'est certain que le niveau de vie, là, à peu près tous les spécialistes vont être unanimes, le niveau de vie est moins élevé en Ontario. C'est certain que, par un jeu de l'offre et de la demande, par exemple, les maisons vont coûter plus cher en Ontario, parce qu'il y a plus de demande, donc ça fait augmenter le prix, mais c'est une petite consolation, ça réduit un peu l'écart de richesse quand on parle juste de niveau de vie.

Mais il reste que, quand on regarde, après impôts, après tarifs, en tenant compte des services rendus par les gouvernements du Québec et de l'Ontario, il y a un écart de niveau de vie entre le Québec puis l'Ontario, puis c'est inacceptable, puis ça commence par augmenter le niveau de salaire. On n'a pas assez d'emplois de bonne qualité, on n'a pas assez d'investissements privés dans des moyennes et des grandes entreprises. Il faut revoir notre approche économique, il faut que ça soit la priorité au Québec de créer de la richesse.

L'économie, là, doit être au centre de nos débats, puis le premier ministre a un rôle à jouer comme leader, de mobiliser les acteurs, ne pas dire, là : On laisse au Conseil du patronat tout seul. Il faut s'asseoir aussi avec les syndicats, il faut s'asseoir avec tous les intervenants, puis se donner un plan, puis se mobiliser, puis suivre nos cibles.

Journaliste : Est-ce que la statistique du salaire moyen est la plus apte, dans le fond, pour illustrer votre propos, sachant… Je ne sais pas, peut-être que je me trompe, mais je crois… j'ai déjà entendu des gens montrer du doigt le fait qu'en Ontario il y a peut-être plus de personnes… les gens les plus fortunés gagnent beaucoup plus que les gens les plus fortunés au Québec, mais, si on prenait juste, là, le… je ne sais pas si c'est le salaire médian, mais disons les travailleurs, là, qui gagnent entre 20 000 $ et 100 000 $, si on prenait les… si on comparait les deux cohortes, l'écart serait beaucoup moindre entre le Québec et l'Ontario. Est-ce que ça ne vient pas un peu fausser?

M. Legault : Je ne pense pas, là. Je pense que d'abord c'est le salaire moyen qui va décider des revenus du gouvernement du Québec. Si on avait le même revenu moyen qu'en Ontario le gouvernement du Québec aurait 8 milliards par année de plus de revenus. Imaginez-vous, là, on est en train de se battre avec des gens dans la rue pour essayer de réduire les dépenses de deux, trois millions… deux, trois milliards. On aurait huit milliards si on avait le même niveau de richesse que l'Ontario.

C'est vrai que l'écart entre les riches puis les pauvres est moins élevé ici, au Québec, mais il y a un problème quand même sur la moyenne puis sur le manque d'emplois de qualité. Au Québec, on a trop d'emplois à 10 $ de l'heure puis pas assez à 20 $, 30 $, 40 $ de l'heure. Donc, il faut créer plus d'emplois de qualité. Ça passe par des entreprises qui ont plus de valeur ajoutée, dans les technologies de l'information, dans le manufacturier. Donc, il faut être capable d'avoir un plan, puis il n'y a pas de raison, là. Je peux comprendre, avec l'Alberta, qu'il y a le pétrole qui n'est pas de la même situation, le même contexte, mais, avec l'Ontario, il n'y a pas de raison qu'on ait cet écart-là. Bonjour.

Journaliste : Bonjour. Bonjour, M. Bonnardel. Que pensez-vous des tergiversations du gouvernement concernant cette proposition du ministre Poëti d'une taxe aux propriétaires qui sont proches des transports collectifs?

M. Legault : Bien, d'abord, on voit, là, que le gouvernement Couillard est en pleine improvisation. Il a beaucoup augmenté les taxes et les tarifs, semble encore avoir ce réflexe-là. C'est vrai pour M. Moreau qui, dans le fond, voulait, lui, limiter les hausses de taxes municipales, mais qui vient de se faire dire : Non, ravale ton péché d'orgueil, Pierre, on veut augmenter les taxes municipales aussi. On a M. Poëti qui veut donner le pouvoir à certaines municipalités, dont Montréal, de pouvoir taxer davantage les nouvelles constructions qui sont près des bouches de métro ou près des stations de train. Là, il vient nous dire en catastrophe, hier soir : Non, non, non, ce n'est pas moi, ce n'est pas nous, ce seront les municipalités... Écoutez, là, à un moment donné, la classe moyenne est étouffée. Déjà, la classe moyenne a un problème de revenu brut, puis là, en plus, on est les plus taxés, les plus tarifés dans tout le Canada puis dans toute l'Amérique du Nord.

Donc, moi, je pense, là, il faut arrêter cette improvisation. M. Poëti, là, ne semble vraiment pas savoir où est-ce qu'il s'en va. Il va falloir, là, qu'il lise bien ses lignes que le Parti libéral donne le matin, là, parce qu'il n'a vraiment pas l'air de savoir où est-ce qu'il s'en va.

Journaliste : Mais quelle est votre lecture? Le premier ministre, ce matin, a dit que le message gouvernemental était clair et qu'il n'avait pas l'intention d'imposer ce type de taxe là et même de laisser... de ne même pas en faire la suggestion, et on a le ministre, hier, qui dit essentiellement le contraire, là, à plusieurs reprises dans la même entrevue.

M. Legault : Bien, effectivement, à plusieurs reprises. Là, M. Poëti ne peut pas dire qu'il a été mal cité, là. Ce qu'il peut nous dire, comme il nous a dit la semaine dernière, c'est que, lui, il improvise.

Mais hier, là, il a été très clair que, lui, il voulait donner la possibilité aux municipalités de taxer davantage les nouvelles constructions. Écoutez, là, ça veut dire qu'il y a actuellement des ministres, qui ont eu des commandes de réduire leurs dépenses pour atteindre les objectifs du déficit zéro l'année prochaine, qui ont le vieux réflexe de dire : Bien, la façon d'y arriver, c'est d'augmenter les taxes. Ce n'est pas de ça qu'on parle. Il y a toute une différence entre réduire les dépenses puis augmenter les taxes, piger plus dans les poches des contribuables.

Donc, moi, je pense, là, que M. Poëti doit être rappelé à l'ordre. M. Moreau doit être rappelé à l'ordre. J'étais surpris aussi de voir que M. Couillard n'est même pas capable de dire s'il a encore confiance dans Yves Bolduc, là. Écoutez, actuellement, là, le ministère de l'Éducation, tout le monde est d'accord pour dire, au Québec, c'est une clé pour notre avenir. Bien, comment ça se fait qu'on a un premier ministre qui n'est même pas capable de dire s'il a encore confiance dans son ministre de l'Éducation?

Donc, moi, je pense actuellement, beaucoup d'improvisation, beaucoup de mauvaise gestion, que ça soit M. Bolduc, M. Poëti, M. Moreau. Il n'y a vraiment pas, là, de plan de match au gouvernement Couillard.

Journaliste : La déclaration de M. Couillard ce matin, est-ce que ce n'est pas, justement, un rappel à l'ordre de son ministre qu'il a fait?

M. Legault : Bien, c'est un rappel à l'ordre, mais, en même temps, je relisais sa déclaration, ça ne semble pas clair qu'il veut défendre aux municipalités d'ajouter de nouvelles taxes. Ce que le gouvernement Couillard semble vouloir faire, un peu comme il l'a fait avec les commissions scolaires, c'est de sous-contracter des hausses de taxes à des municipalités, sous-contracter des hausses de taxes à Hydro-Québec, sous-contracter des hausses de taxes aux commissions scolaires. Les Québécois ne sont pas dupes, c'est toujours la même poche qui paie. Donc, je ne comprends pas, là, M. Couillard. Qu'il nous le dise clairement. Moi, j'avais compris… juste avant Noël, là, M. Couillard était venu dire : Il n'y en aura plus, de hausses de taxes et de tarifs. Est-ce qu'il a dit la vérité avant Noël? Est-ce qu'il est en train de changer d'idée? Est-ce que ses ministres sont en désaccord avec lui?

Écoutez, là, il faut arrêter l'improvisation, là. On gouverne ou on ne gouverne pas. On ne peut pas dire : Je fais un peu confiance à un ministre ou je ne suis pas certain encore si je lui fais confiance, là. On a besoin d'avoir un premier ministre qui sait où est-ce qu'il s'en va puis qui le dit clairement à ses ministres. Merci, tout le monde. Merci.

(Fin à 11 h 35)

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