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Point de presse de M. François Legault, chef du deuxième groupe d'opposition, et M. François Bonnardel, porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière de finances

Version finale

Tuesday, March 24, 2015, 13 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Treize heures trois minutes)

M. Legault : Oui, bonjour, tout le monde. Donc, ce jeudi, le gouvernement libéral va déposer son deuxième budget. M. Couillard nous annonce que ce budget sera équilibré, ce qui est une bonne chose. Par contre, on doit se rappeler comment le premier ministre a atteint cet équilibre budgétaire, essentiellement sur le dos de la classe moyenne, en reniant des promesses concernant les augmentations de taxes municipales, taxe scolaire, tarifs de garderie, tarifs d'électricité. Toutes des promesses reniées du premier ministre pour arriver à l'équilibre budgétaire.

Maintenant, ce qui est le plus inquiétant par contre actuellement, c'est la situation économique au Québec. On a une situation, quand on regarde les vrais chiffres, qui est catastrophique. Quand on regarde en Amérique du Nord, les 10 provinces canadiennes, les 50 États américains, sur 60 États nord-américains, le Québec est 57e pour le PIB par habitant. Il y a seulement trois provinces maritimes qui sont plus pauvres que le Québec. Donc, on est dans une situation où il faut faire quelque chose. Il faut se donner des objectifs concrets. Quand on regarde de façon plus détaillée, l'écart de richesse du Québec est de 15 % avec l'Ontario, 27 % avec le reste du Canada et 46 % avec les États-Unis. Donc, 15 %, 27 %, 46 %, pourquoi? Parce qu'on a des emplois qui sont de moins bonne qualité que les emplois chez nos voisins canadiens et américains.

Donc, il faut changer la situation, il faut donner un coup de barre. Or, depuis l'arrivée du M. Couillard au pouvoir, au lieu de réduire ces écarts, ces écarts ont augmenté. Quand on regarde, par exemple, les emplois à temps plein — donc c'est certain que les emplois à temps plein sont des emplois mieux payés, de meilleure qualité que les emplois à temps partiel — bien, on a perdu depuis le mois d'avril dernier, 12 800 emplois à temps plein. Quand on regarde le salaire moyen des travailleurs québécois puis qu'on le compare avec le salaire moyen des salariés de l'Ontario, on voit que, lorsque M. Couillard est arrivé au pouvoir en avril 2014, cet écart était de 4 200 $ par année. C'est maintenant 5 800 $ par année. Donc, l'écart se creuse. Il y a une urgence d'agir. Ne serait-ce que par fierté, il faut continuellement se rappeler ces trois chiffres : 15 %, 27 %, 46 %. On ne peut pas tolérer d'avoir un tel écart avec nos voisins. C'est une question, là, de pérennité de nos programmes sociaux. C'est l'avenir de nos jeunes qui se joue.

Et donc la première chose qu'on va regarder dans le budget jeudi, c'est de comparer l'écart et la croissance économique du Québec et de l'Ontario. Habituellement, dans tous les budgets qui ont été déposés dans les dernières années, il y a toujours des projections sur trois ans. Donc, moi, je m'attends à ce que M. Couillard se fixe des objectifs ambitieux pour que la croissance économique au Québec soit supérieure à l'Ontario parce que c'est la seule façon qu'on peut réduire l'écart de richesse avec l'Ontario. Donc, la première chose qu'on va regarder lorsqu'on va lire le budget jeudi, c'est quelle est la croissance économique au Québec, quelle est la croissance économique en Ontario.

Et actuellement, et le Québec et l'Ontario ont une opportunité exceptionnelle de relancer l'économie. Avec un dollar canadien à 0,80 $ américain, c'est le temps de mettre le paquet dans le secteur manufacturier. On le sait, 88 % des exportations, c'est dans le secteur manufacturier. Donc, c'est le temps d'investir, d'appuyer le secteur manufacturier. C'est comme ça qu'on peut créer de la richesse au Québec et réduire notre écart avec l'Ontario. Je vous rappelle que, dans le secteur manufacturier, les salaires, en moyenne, sont 35 % plus élevés que pour l'ensemble des emplois. Donc, ça veut dire, vraiment, là, si on veut améliorer la qualité des emplois, ça passe par le secteur manufacturier.

Moi, je demande à M. Couillard d'être ambitieux, de se donner des objectifs concrets pour qu'au cours des trois prochaines années il réduise l'écart de richesse avec l'Ontario. Et je m'attends à ce que le budget de jeudi soit le budget de la création d'emplois de qualité, que ça soit le budget de la relance du secteur manufacturier. C'est ça qu'on doit regarder en premier dans le budget de jeudi. Il faut, au Québec, là, si on veut retrouver toute notre fierté, tout notre dynamisme, il faut créer de la richesse, puis créer de la richesse, ça passe par des emplois de qualité. Si on veut protéger nos services en santé, en éducation, ça passe par des emplois de qualité.

Donc, au Québec, on a tout pour réussir. On peut faire mieux, on doit faire mieux. Je demande à M. Couillard d'être ambitieux et j'espère qu'il ne nous décevra pas en lisant le budget jeudi.

Sur ce, je passe la parole à notre porte-parole en matière de finances, François Bonnardel.

M. Bonnardel : Merci, M. Legault. Un court commentaire pour vous énumérer les quelques points, nos demandes prébudgétaires, lorsque j'ai eu ma rencontre avec M. Leitão dans les dernières semaines. Premièrement, vous ne serez pas surpris, le retour à l'équilibre budgétaire, un point important pour nous comme pour tous les partis politiques, à part Bernard Drainville.

Deuxième point, pas de hausses de tarifs au-dessus de l'inflation. On a déjà vu une augmentation des tarifs d'électricité au-dessus de l'inflation. Donc, pour nous, c'est important qu'on puisse avoir des tarifs qui ne monteront pas au-dessus de l'inflation et qu'on n'aille pas chercher certaines petites mesures qui viennent du rapport Godbout pour aller chercher de l'argent additionnel sur le dos des contribuables.

Une mesure importante aussi, un rapport d'impôt unique. L'Ordre des comptables agréés du Québec a dit qu'il y aurait des économies importantes pour que nous soyons aussi une province qui serait capable de faire et d'envoyer à Ottawa un rapport d'impôt. Donc, une entente spécifique avec Ottawa pour être capable d'avoir des négociations pour être capable d'avoir un rapport d'impôt unique, donc, au Québec.

Des mesures concrètes aussi pour réduire le taux de décrochage scolaire. Ce taux de décrochage est trop élevé au Québec, un des plus élevés, sinon le plus élevé au Canada. Et c'est un fléau social important, auquel on devra s'attaquer.

Et dernier point, bien, un plan de relance économique. Comme M. Legault l'a mentionné hier, j'ai fait une sortie là-dessus… que ce soit la prétention d'être le parti de l'économie, le parti qui allait créer 250 000 emplois, le parti qui allait relancer le Plan Nord… bien, le Plan Nord est au point mort, avec des investissements à la baisse de 30 % dans la dernière année et un creux en termes de redevances minières. Et aussi, la stratégie maritime, qui devait être un plan intéressant pour créer de l'emploi, de l'investissement public et de l'investissement privé, bien, vous l'avez vu suite à ma sortie d'hier que c'est un gros zéro pour ce qui est de la stratégie maritime. Voilà, merci.

Le Modérateur : On va passer à la période de questions. Véronique Prince.

Mme Prince (Véronique) : Oui. J'aimerais vous entendre davantage sur la tentation que le gouvernement pourrait avoir d'utiliser des éléments du rapport Godbout.

M. Legault : Bien, écoutez, d'abord, moi, je n'ai pas confiance à Philippe Couillard, qui a renié toutes ses promesses quand il s'agit de parler du fardeau fiscal des contribuables, de travailler sur un plan coût nul. Deuxièmement, je crois qu'actuellement on ne peut pas augmenter la TVQ au Québec. On a des voisins qui ont déjà une taxe de vente plus basse que la nôtre, donc ça viendrait nuire à la consommation, nuire à l'économie.

Troisièmement, je pense que c'est un peu court comme solution de penser qu'avec une baguette magique fiscale on va relancer l'économie. L'économie, là, c'est d'abord d'aller chercher des investissements privés un par un. C'est d'abord le travail d'Investissement Québec puis c'est d'abord dans le manufacturier qu'on peut créer des emplois payants. Au Québec, on a trop d'emplois à 10 $ de l'heure, pas assez à 20 $, 30 $, 40 $ de l'heure. Puis moi, je trouve ça inquiétant, quand je vois que l'État du Tennessee a réussi à attirer l'usine d'Electrolux de L'Assomption, 1 300 emplois à 25 $ de l'heure, qu'ils viennent de réussir à attirer la prochaine usine de Résolu, puis que nous, on ne fait même pas de proposition, puis on ne fait même pas d'offre, on n'est même pas assis avec les grandes entreprises pour essayer d'aller chercher le manufacturier là où les emplois sont payants. Bien, ce n'est pas vrai, là, qu'avec un coup de baguette magique fiscale, on va régler nos problèmes en économie.

Mme Prince (Véronique) : Pensez-vous que ce serait tentant pour le gouvernement d'abolir la taxe santé?

M. Legault : Écoutez, c'est une promesse que le gouvernement a faite, sauf que, quand on fait un petit calcul, jusqu'à présent, depuis le mois d'avril, le gouvernement libéral a augmenté les taxes et les tarifs au-dessus de l'inflation, en moyenne de 1 300 $ par famille. Donc, s'il vient nous dire : Sur quelques années, je vais abolir la taxe santé de 200 $ par personne, donc 400 $ par famille, bien, on est encore loin du compte. Il a augmenté le fardeau fiscal de 1 300 $, il nous dit : Bonne nouvelle, je vais le réduire de 400 $. Il en manque 900 $. Puis, en plus, peut-on le croire? Peut-on le croire? Il a déjà promis plein de choses puis il a fait le contraire.  Donc, moi, là, jusqu'à preuve du contraire, je pense qu'on a un gouvernement qui continue à faire mal à la classe moyenne au Québec.

Le Modérateur : Régys Caron.

M. Caron (Régys) : Bonjour, M. Legault. Bonjour, M. Bonnardel. Le gouvernement veut augmenter ses dépenses ou comprimer l'augmentation de ses dépenses à 0,7 % dans son prochain budget. Quelles conséquences pensez-vous que ça va avoir sur les services et sur l'économie?

M. Legault : Bon, nous, on avait déjà déposé un plan avant l'élection, contrairement à M. Couillard, où on expliquait que c'est possible de comprimer les dépenses de 2 milliards de dollars en réduisant la bureaucratie, hein? Rappelez-vous, au Québec on a plus de 200 000 emplois, de personnes qui ne donnent pas des services, qui est un ratio beaucoup plus élevé que ce qu'on a dans d'autres États ou d'autres pays. Donc, c'est possible de le faire, mais c'est mal parti.

Quand je regarde, dans mon comté — je vous donne un exemple très concret — on avait proposé d'abolir l'agence de santé de Lanaudière pour que les deux hôpitaux se rapportent directement à Québec. Or, l'hôpital de Terrebonne va maintenant se rapporter à une nouvelle structure, qui s'appelle le CISSS de Joliette, qui, lui, va se rapporter à Québec. Donc, on crée des nouvelles structures. Ce n'est pas comme ça qu'on va réussir à réduire les dépenses sans toucher aux services.

Mais moi, je suis convaincu que c'est possible d'équilibrer le budget sans toucher aux services. Mais on parle de réduire les dépenses de 2 à 3 milliards. Si le Québec avait le même revenu moyen que l'Ontario, le gouvernement du Québec aurait 8 milliards de plus dans ses revenus. Est-ce qu'on peut travailler du côté des revenus aussi?

M. Caron (Régys) : Mais 0,7 %... Vous, vous m'avez parlé de ce que vous voulez faire, M. Legault. Je vous demande : L'effet que ce que le gouvernement va faire, c'est-à-dire il va augmenter ses dépenses de 0,7 %, c'est du jamais-vu, quel effet ça va avoir sur les services et sur l'économie? Je vous repose la question.

M. Legault : Moi, je crois que, si j'étais à sa place, je serais capable d'augmenter les dépenses de 0,7 % sans toucher aux services. Maintenant, on va voir jeudi comment il fait ça. Mais je vous dis, là, le plus gros ministère, c'est la Santé. C'est très mal parti. Je n'ai pas vu personne dans les agences ou dans les gros hôpitaux de Montréal perdre leur poste dans les bureaux. Donc, c'est mal parti, mais on va le voir jeudi.

M. Caron (Régys) : Le gouvernement a une bonne cible. Il reste à voir comment.

M. Legault : Exactement. Comment il va le faire.

Le Modérateur : Martin Croteau.

M. Croteau (Martin) : Bonjour, M. Legault.

M. Legault : Bonjour.

M. Croteau (Martin) : Qu'est-ce que vous pensez de la manière dont la libération, entre guillemets, accidentelle du fils de «Mom» Boucher s'est déroulée? Qu'est-ce que ça impose au gouvernement à vos yeux?

M. Legault : Bien, ça impose d'abord beaucoup de transparence. Moi, j'aimerais entendre de Lise Thériault qu'est-ce qui est arrivé puis qu'est-ce qu'on fait pour, encore une fois, s'assurer que ça ne se reproduise pas. Mais  j'aimerais plus de transparence, qu'on sache exactement comment ça a pu arriver, mais je n'en sais pas plus que vous.

M. Croteau (Martin) : Et jusqu'ici vous sentez que la ministre n'a pas été suffisamment transparente?

M. Legault : Bien, je ne… Actuellement, là, elle n'est même pas capable de nous dire si c'est une erreur ou une évasion. Donc, est-ce qu'on peut savoir exactement ce qui s'est produit puis quelles sont les mesures qui sont prises pour que ça ne se reproduise plus?

M. Croteau (Martin) : Sur un autre sujet, que pensez-vous de la prolongation de la mission canadienne en Iraq.

M. Legault : Bien, ce que je comprends, c'est que M. Harper demande de prolonger la même mission, ça veut dire pas de troupes au sol qui font des combats, puis de l'étendre en Syrie. Si c'est ça, je suis d'accord avec cette proposition-là.

Le Modérateur : Hugo Lavallée.

M. Lavallée (Hugo) : Bonjour, M. Legault. Vous attendez des mesures, donc, de relance costaudes dans le prochain budget. Mon collègue faisait écho au 0,7 % d'augmentation des dépenses. On a l'impression que ce 0,7 % là va être entièrement dédié aux services et que, déjà là, ça va est difficile. Comment financer un plan de relance économique dans le contexte où on ne veut pas toucher à l'atteinte de l'équilibre budgétaire cette année? Ça semble un peu antinomique.

M. Legault : Oui. Non. Je vous rappelle qu'on a 2 milliards de dollars par année de crédits d'impôt aux entreprises. Quand on tient compte de la taille de l'économie québécoise, c'est trois fois plus que l'Ontario, O.K.? Trois fois plus. Moi, je crois que ce 2 milliards là ne donne pas de bons résultats, à l'évidence.

Donc, nous, ce qu'on propose depuis le début, c'est de revoir ces crédits d'impôt puis, entre autres, de donner beaucoup plus de responsabilités à Investissement Québec pour aller chercher de nouveaux investissements dans le secteur manufacturier. Je répète, là, dans le secteur manufacturier, les salaires sont 35 % plus élevés que la moyenne des emplois. Donc, il faut créer des emplois dans le secteur manufacturier. Comment se fait-il qu'Investissement Québec n'a pas réussi à convaincre Résolu  d'installer sa nouvelle usine au Québec? Je ne comprends pas. Pourquoi Investissement Québec — puis là c'étaient les libéraux qui étaient au pouvoir à ce moment-là — n'ont même pas fait d'offre pour essayer de garder l'usine de L'Assomption à... l'usine d'Electrolux à L'Assomption, 1 300 emplois à 23 $ de l'heure? C'est comme ça qu'on crée de la richesse. C'est avec des investissements privés qu'on crée de la richesse, pas avec des investissements publics, pas avec des dépenses publiques.

M. Lavallée (Hugo) : Concernant le rapport Godbout, on a bien entendu votre opposition à la hausse de la TVQ, mais M. Godbout, quand il a déposé son rapport, nous a mis en garde : si on veut vraiment que l'opération se fasse à coût nul pour l'État, il faut prendre l'ensemble des recommandations, là. On ne peut pas faire du «cherry picking» puis dire : Bien, ça oui, ça non. Il nous dit : Si on applique son plan, on va assister à une hausse de 2 milliards de dollars du PIB du Québec sans rien faire d'autre que de remanier les impôts. Est-ce que...

M. Legault : Bien, moi, je pense, c'est très théorique.

M. Lavallée (Hugo) : Est-ce que, là, vous écartez déjà une recommandation? Est-ce que vous écartez le plan en entier ou...

M. Legault : Oui, parce que j'ai lu le rapport de M. Godbout. Je connais bien M. Godbout, j'ai souvent discuté avec Luc de cette proposition. On ne peut pas regarder ce qui se fait en Europe concernant la taxe de vente. Ce n'est pas le modèle qu'on a, nous autres, ici, en Amérique du Nord. En Amérique du Nord, ici, le Québec est déjà l'État qui a les taxes de vente les plus élevées. Déjà, on a un problème de consommation. La consommation, c'est 60 % du PIB. Donc, est-ce qu'on va aller nuire à la consommation en incitant les consommateurs québécois à aller acheter chez nos voisins? Non, on ne veut pas ça. Il y a des limites à augmenter la taxe de vente.

M. Lavallée (Hugo) : Et dernière chose, sur un autre sujet, concernant les grèves étudiantes, bon, votre parti est pour le libre accès aux cours pour les étudiants qui veulent y assister. Le Parti québécois a évoqué un peu plus tôt la nécessité de mettre un cadre formel une fois pour toutes au mouvement étudiant, que ça éclairerait la situation pour à la fois les étudiants qui veulent protester, ceux qui veulent boycotter les cours, comment le gouvernement se comporte face à eux. Quelles restrictions, le cas échéant, pensez-vous, devraient être mises en place pour encadrer le droit de grève des étudiants?

M. Legault : D'abord, le Parti québécois et Québec solidaire sont très mal placés pour discuter de ce dossier-là. La semaine dernière, on a déposé une motion pour que les étudiants aient accès à leurs cours, la motion a été refusée par le Parti québécois et Québec solidaire. On va aujourd'hui déposer une autre motion pour défendre le droit des étudiants qui veulent étudier d'étudier et pour qu'on soit capable de donner des sanctions aux étudiants qui bloquent les salles de classe. Si je prends l'exemple de l'UQAM, il semble qu'on en a identifié neuf. Bien, je pense, ces neuf personnes devraient avoir des sanctions importantes qui pourraient aller jusqu'à l'expulsion. Je pense qu'on doit envoyer un message clair que les étudiants qui veulent étudier puissent étudier. Le droit aux études, c'est pour moi le droit le plus important.

M. Lavallée (Hugo) : Donc, à ce moment-là, dans cette logique-là, ceux qui veulent… les associations, par exemple, qui se donnent un mot d'ordre de faire la grève ne devraient pas être capables d'imposer cette volonté-là à tous les membres de cette association-là. Ça devrait être un choix individuel, quoi.

M. Legault : Effectivement, ce n'est pas comme le droit de faire une grève puis de ne plus donner des services dans une entreprise. Les étudiants ont le droit de manifester, mais ils n'ont pas le droit, à mon avis, d'empêcher des étudiants qui veulent étudier de pouvoir étudier.

Le Modérateur : Louis Lacroix.

M. Lacroix (Louis) : Bonjour, M. Legault. Bonjour, M. Bonnardel. Justement, pour revenir… Vous dite : On devrait donner des sanctions aux étudiants qui bloquent l'accès aux salles de cours. Quel type de sanction, à votre avis?

M. Legault : Bien, ça pourrait être jusqu'à une expulsion. Est-ce que c'est pour un certain nombre de semaines? Est-ce que c'est pour une session? Mais moi, je pense qu'il faut donner des sanctions assez sévères pour donner un incitatif, là, à cesser de bloquer les salles de classe pour ceux qui veulent étudier.

M. Lacroix (Louis) : Est-ce que c'est démocratique ce qui se passe en ce moment dans le mouvement étudiant?

M. Legault : Bien, il y a plein d'exemples qui nous sont donnés qui montrent que ce ne l'est pas toujours. Mais il reste que ce qui est important, c'est le droit aux études. Les gens, là, les jeunes qui ont payé pour leurs études à l'université ont le droit d'avoir accès à leurs classes. Puis à partir de là, bien, tout le reste découle de là. Il faut leur donner le droit, il faut leur donner accès à leurs cours.

M. Lacroix (Louis) : Je vais vous poser la question autrement. Est-ce que… Bon, vous dites que les étudiants ont le droit de manifester. Est-ce qu'à votre avis, basé sur les motifs qui amènent, justement, les manifestations étudiantes, les grèves étudiantes, est-ce que c'est légitime pour eux en ce moment? Est-ce qu'ils ont raison de manifester?

M. Legault : Ah! Bien là, écoutez, on peut… ce n'est pas à moi à décider, là, si les étudiants ont raison de s'en prendre aux coupures du gouvernement. Ils ont le droit d'être contre les coupures du gouvernement, ils ont le droit de manifester, mais ils n'ont pas le droit, à mon avis, de bloquer les classes, de bloquer l'accès à ceux qui veulent étudier, donc ceux qui veulent aller dans leurs classes.

Le Modérateur : Robert Dutrisac.

M. Legault : Bonjour.

M. Dutrisac (Robert) : Bonjour. Le groupe PEGIDA Québec, qui est un groupe anti-islam, projette de faire une manifestation samedi à Montréal. On peut considérer… Certains le considèrent comme un groupe raciste, anti-islam, xénophobe, donc on pourrait considérer qu'il exprime un déni des valeurs québécoises telles que vous le concevez. Est-ce que vous croyez que le gouvernement doit interdire cette manifestation-là?

M. Legault : Bon, d'abord, on est d'accord avec la motion de Québec solidaire à ce sujet-là. Je pense qu'il faut effectivement être très prudent, d'un côté comme de l'autre, de s'assurer qu'il n'y ait pas de geste haineux, qu'il n'y ait pas de geste raciste même. Mais je pense que le gouvernement Couillard, en refusant de mettre en place des balises, laisse place à ces excès. Si on était capables, au Québec, d'avoir des balises, bien, ça permettrait à ces groupes-là de savoir qu'est-ce qui est accepté, qu'est-ce qui n'est pas accepté. Actuellement, en refusant de réglementer, M. Couillard incite presque à ces dérives.

M. Dutrisac (Robert) : Donc, le gouvernement n'a pas les moyens ou pas les moyens législatifs d'interdire une telle manifestation, mais vous pensez que, si le gouvernement Couillard adoptait une mesure comme celle que vous proposez, c'est le genre de manifestation qui pourrait ne pas avoir lieu.

M. Legault : Bien, moi, je… ce qu'on proposait, nous, c'est de dire : On ne devrait pas permettre à des personnes ou des groupes de prêcher contre les valeurs fondamentales qui sont inscrites dans la Charte des droits et libertés. Donc, s'il y a des groupes, effectivement, qui prêchent contre l'égalité entre les hommes puis les femmes ou qui prêchent avec des propos racistes, ça aussi, c'est dans la Charte des droits et libertés, ça ne devrait pas être toléré.

Le Modérateur : Simon Boivin.

M. Boivin (Simon) : …tout à l'heure, pour la première fois, M. Péladeau a réagi à l'avis du jurisconsulte concernant les fiducies sans droit de regard. Il dit, en somme, qu'il n'a pas à changer sa position à lui puisque le Commissaire à l'éthique n'est pas lié par un avis du jurisconsulte. Qu'est-ce que vous pensez de cette position-là?

M. Legault : Bien, écoutez, au-delà de toute la question légale, il y a une question de gros bon sens. Je ne vois pas comment quelqu'un peut être propriétaire du plus grand groupe média au Québec et faire de la politique. Je ne vois pas, là… Pour moi, il y a comme une évidence qu'il y a un conflit d'intérêts.

Est-ce que le code d'éthique devrait être mis à jour? Possiblement. Il est là depuis un certain temps. C'est une situation qui est nouvelle, qu'on n'a jamais vue. Mais à mon avis, à l'évidence même, on ne peut pas faire de la politique puis être propriétaire du plus grand groupe de médias au Québec.

M. Boivin (Simon) : C'est là-dessus que vous souhaitez qu'une commission, là, sur… une commission des institutions qui entendrait le Commissaire à l'éthique et le… en arrive comme conclusion, c'est-à-dire la nécessité de changer le code d'éthique.

M. Legault : Absolument, parce que… bon, ce que dit, par contre, le jurisconsulte, c'est que c'est non fonctionnel. Une fiducie sans droit de regard où M. Péladeau aurait le droit de regard, ce n'est pas une fiducie sans droit de regard. Il me semble que ça aussi, c'est l'évidence.

Le Modérateur : Question en anglais, Ryan.

M. Hicks (Ryan) : What would your budget look like on Thursday if it was you who is presenting it?

M. Legault : OK. The budget for next Thursday should be about manufacturing. I think that, right now, with the Canadian dollar at $0.80, it is a very good opportunity to push to increase good jobs in the manufacturing industry. We know that salaries, in average, are 35% higher in the average in the manufacturing industry. Right now, we have to focus on the difference in average revenue with Ontario, which is 15%. Right now, Québec is at the 57th position on 60 states in North America. So our priority should be the economy, should be how do we create well-paid jobs in Québec. That should be all about the next budget.

M. Hicks (Ryan) : And, as Opposition here, when you see this Government doing some of the things that you probably would have done if you were in power, how difficult is it for you then to do your job as Opposition?

M. Legault : OK. First, if you remember, during the electoral campaign, I had two books, one about expenses. They took some of our proposals from this book to reduce some expenses, but not all of them. And, instead of taking all our proposals, they have increase tariffs and taxes, which we never proposed. On the other hand, I have the Projet Saint-Laurent, which is a way to increase revenues with district zones like we have in all major cities in United States. They didn't copy this book. Right now, we need to have more well-paid jobs. Since last April, we lost 12,000 full-time jobs in Québec, so we are not heading in the right direction. We have to create more well-paid jobs.

Le Modérateur : Caroline Plante.

Mme Plante (Caroline) : Just a quick one. Is there anything good in the Godbout report? Is there anything that the Government should implement in that report?

M. Legault : Yes. I don't see how we can increase sales tax. It may be good in Europe, but, in North America, Québec has already the highest sales tax, so I don't see how we can increase it without having a negative impact on consumption. And, second, I don't believe anymore Mr. Couillard about increasing some taxes on one hand and decreasing some others with the other hand. So far, he proved us that he didn't respect a promise of the last campaign in increasing taxes and tariffs. So I don't believe him and I think, to push on the Québec economy, we need more than only changes in the tax distribution. We need to attract more private investment with Investissement Québec, especially in the manufacturing industry.

Mme Plante (Caroline) : One of his promises was to decrease or eliminate the health tax, which seems like a promise that will get done. Is that a good thing?

M. Legault : If you add all taxes that have been increased since the arrival of Mr. Couillard, there is a total of an average of $1,300 per family. So what he's announcing, supposedly, is that he will decrease one tax by $400 per family. So, we are still $900 short. So, in total, he didn't deliver the goods.

Mme Plante (Caroline) : Can you just explain, finally, why we should compare ourselves to Ontario? Aren't the two provinces quite different? Is it comparing apples to oranges?

M. Legault : No. I think that, first, when you look at differences with our neighbours, the differences are 15% with Ontario, 27% with the rest of Canada and 46% with United States. So can we start by the lowest difference, which is Ontario?

Second, I agree that it's not fair to compare ourselves with some provinces like Alberta or Saskatchewan, because of the oil dimension. But, in Ontario, they have an economy quite similar to Québec, and we both have a chance of having right now a low price of oil and a low value of the Canadian dollar, $0.80 U.S. So it's the right timing to push on manufacturing.  I know that they'll do that in Ontario, but my fear is that we won't do that in Québec and that we will increase this 15% difference with Ontario. And it's major because, if we had the same average revenue in Québec that the one in Ontario, the Québec Government would have $8 billion more of revenue. So, right now, we are fighting to find $2 or $3 billion in expenses, but there is an $8 billion available if we can push on the economy.

Mme Plante (Caroline) :  What explain that they get it in Ontario, that they see what you see in Ontario?

M. Legault : It's because right now we have too many jobs in Québec at $10 an hour, not enough at $20, $30 or $40 an hour. And I think that the way we manage with the $2 billion of tax credits for companies is not the right way. You have to target manufacturing businesses, and it should be the job of Investissement Québec, but I don't see much action from Mr. Daoust with Investissement Québec. Merci, tout le monde.

(Fin à 13 h 33)

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