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Point de presse de M. Jean-François Lisée, porte-parole de l'opposition officielle en matière de services sociaux, de protection de la jeunesse, de soins à domicile, de santé publique et de prévention, et Mme Carole Poirier, porte-parole de l'opposition officielle en matière de condition féminine

Version finale

Thursday, February 11, 2016, 11 h 46

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures quarante-sept minutes)

M. Lisée : Bien, une autre journée qui passe sur la colline Parlementaire et une autre journée de perdue pour les victimes d'exploitation sexuelle, pour les victimes de proxénètes. Aujourd'hui, les réponses que les deux ministres, le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, et la ministre des Services sociaux, Lucie Charlebois, ont données aux questions que nous avons posées sont pitoyables, lamentables.

D'abord, une question très simple a été posée au ministre Coiteux : Pourquoi n'intervenez-vous pas immédiatement pour faire fermer les sites Internet qui offrent en pâture des jeunes filles au vu et au su de tous, hein? Personne ne peut ignorer ce fait, d'autant que, depuis plus d'un an, il a à sa disposition et à la disposition des forces policières du Québec un nouvel article du Code criminel, et je le lis : «Quiconque fait sciemment de la publicité pour offrir des services sexuels moyennant rétribution est coupable : soit d'un acte criminel passible d'un emprisonnement maximal de cinq ans; soit d'une infraction punissable [...] d'un emprisonnement [...] de 18 mois.» Ça, c'est dans le Code criminel du Canada depuis novembre 2014.

On lui a demandé : Mais pourquoi vous ne les arrêtez pas tout de suite? Il n'avait pas de réponse, il n'était pas au courant, il n'était pas sensibilisé. Alors, c'est pitoyable. C'est une journée de plus... Là, finalement ce qu'il dit à tous les proxénètes qui utilisent Internet : Écoutez, là, moi, je ne suis pas trop au courant de ça, puis je n'ai rien à vous dire, puis je n'ai rien à dire aux policiers là-dessus.

La deuxième incroyable réponse qui a été donnée aujourd'hui par Mme Charlebois, c'est au sujet de l'escouade Mobilis qui existe à Longueuil depuis plusieurs années, avec un taux de succès de 100 %, c'est-à-dire qu'ils ont arrêté des proxénètes, et tous ceux qui ont été accusés ont été condamnés. Et d'ailleurs ils ont identifié, grâce à cette équipe, qu'il y a à peu près 100 mineures par an qui sont à risque à Longueuil, dont, écoutez bien, 20 % ont 14 ans et moins.

Alors, cette unité-là était financée par la ville de Longueuil et par le gouvernement du Québec. Le gouvernement du Québec a cessé son financement. Il a cessé son financement, ce qui fait qu'il y avait huit enquêteurs sur le cas, maintenant il n'y en a plus que deux. Et Mme Charlebois a eu le cran de dire que c'était la faute de l'agglomération de Longueuil. Bien, Mme Charlebois, on a des nouvelles pour vous, c'est votre gouvernement qui a réduit sa contribution à l'agglomération de Longueuil de 55 % depuis l'an dernier, hein? Vous donniez 2,5 millions, maintenant vous donnez 1,1 million pour la totalité des actions de développement social, développement économique.

Alors, de se lever en Chambre après avoir aboli les CRE, après avoir aboli les CLD, après avoir saigné les villes, et accuser une ville d'être responsable d'une compression aveugle du gouvernement du Québec, il faut vraiment vivre dans le déni absolu. Et puisqu'elle était sur cette autre planète, là, de la pensée magique, elle a répété cette chose qu'elle est la seule à croire au Québec, que, lorsqu'elle a coupé de 20 millions de dollars le financement des centres jeunesse, ça n'a eu aucun impact sur les centres jeunesse, sur l'encadrement, sur la capacité d'accompagner ces jeunes filles, de les enlever des griffes des proxénètes et des gangs de rue. Elle est la seule à croire ça.

Alors que, lorsqu'elle est arrivée au pouvoir elle avait, sur sa table de travail, des informations disant que les centres jeunesse étaient des lieux privilégiés de recrutement pour les proxénètes, sa première décision, ça a été de couper 20 millions. Les gens nous disent que les intervenants et les travailleurs travaillent remarquablement, mais qu'ils sont en sous-nombre. Les budgets baissent, les signalements augmentent. Elle est la seule à croire que couper 20 millions, ça n'a pas d'impact. Alors, aujourd'hui, là, très mauvaise journée pour la lutte contre l'exploitation sexuelle de nos jeunes femmes.

Mme Poirier : À cela, j'ajouterais que le ministre est dans le déni total, le ministre de la Sécurité publique. Hier, en commission parlementaire, le sous-ministre, M. Marsolais, nous a confirmé la fin du programme d'exploitation sexuelle pour les adolescents. Alors, c'est le gouvernement actuel qui a cessé d'investir dans ce programme dans le dernier budget.

Alors, quand on nous dit que non, les subventions n'ont pas été coupées, c'est faux. Le sous-ministre nous l'a confirmé hier à la Commission de l'administration publique. Et moi, je vais vous dire, les groupes sur le terrain, on le sait que c'est vrai. L'Anonyme, un organisme qui intervient, 4 500 jeunes rejoints l'an passé pour faire de la prévention, pour faire de l'éducation à la sexualité : coupé, 100 000 $ de coupés. La CLES, la CLES de Montréal, qui produit des documents importants, qui font des portraits de c'est quoi la prostitution, c'est quoi la pornographie juvénile au Québec : la CLES coupée.

Eh bien, ça, c'est de l'impact en tant que tel. Ce n'est pas vrai que ce gouvernement-là a décidé de poursuivre ses actions. Quand on nous dit : On a poursuivi nos travaux en exploitation sexuelle, c'est faux, ils ont décidé d'abandonner nos filles.

Mme Richer (Jocelyne) : Mais s'il y a de l'exploitation sexuelle, c'est qu'il y a des clients de ces jeunes filles là. À ma connaissance, au cours des dernières semaines, on n'a pas entendu un seul ministre parler de ce problème-là. Qu'est-ce qu'on fait pour punir les clients ou les décourager d'exploiter des jeunes filles impunément. Est-ce que ça veut dire qu'il n'y a rien à faire ou que le gouvernement a baissé les bras?

Mme Poirier : Bien, écoutez, je suis très heureuse de votre question parce que, vous avez fort raison, nous n'avons pas parlé de la source du problème qui est la demande. Il y a une demande pour des petites filles toujours plus blondes, toujours plus minces, toujours plus jeunes, et ça, c'est un problème de société qu'il faut adresser. Il faut l'adresser sérieusement parce qu'effectivement, si des pimps abusent de nos jeunes filles, font en sorte de les convaincre de se ramasser dans des hôtels miteux, qu'il y ait 10 clients qui passent sur le corps de nos petites filles de 15 ans — ça, c'est la réalité — bien, il serait temps qu'on en parle, qu'on parle de ces clients-là, qu'on parle de ces hommes qui abusent de nos enfants pour assouvir leurs besoins sexuels. Ça, c'est une réalité. Et merci, merci de poser la question. Il faut faire quelque chose, il faut adresser le problème, et malheureusement notre société a toujours refusé qu'on en débatte.

M. Vigneault (Nicolas) : Hier, on vous a pointée du doigt en point de presse, là, votre collègue vous a défendue. Maintenant, aujourd'hui, j'aimerais ça vous entendre sur le fait que c'est vous qui avez demandé l'élargissement de ces commissions-là et que finalement c'est pour ça qu'on en arrive... et on est encore à l'étape des travaux, là, on n'a pas pu avancer de côté-là, en fait.

Mme Poirier : Écoutez, me faire accuser de vouloir défendre, de protéger nos jeunes filles, bien, je dis bravo. Si on m'accuse de ça aujourd'hui, bravo. Je n'ai pas fait étendre le mandat des commissions, ce n'est pas vrai. J'ai fait en sorte qu'on ait une commission. J'ai été la première à réclamer ce mandat d'initiative. La ministre, en crédits, le 23 juin 2014, promettait un plan d'action en matière d'exploitation sexuelle pour la fin 2014‑2015. Nous avons débuté nos travaux en commission en mai 2015. Alors, c'est la ministre, là, qui a retardé les travaux de déposer un plan d'action en matière d'exploitation sexuelle. Et fort heureusement, j'apprends hier qu'elle se rallie à l'idée que j'ai déposée lors de la commission, qui est d'avoir un plan commun en matière de violence sexuelle, violence conjugale et exploitation sexuelle.

Parce qu'il faut s'entendre, lorsqu'un policier se présente sur les lieux d'un cas de violence qui apparaît de violence conjugale, ça peut être un cas de proxénétisme, ça peut être un cas d'exploitation parce que les deux personnes se comportent comme un couple. Alors, quelle est la différence dans l'approche policière? Et ça, je peux vous dire que le programme Les Survivantes à Montréal fait de la formation auprès des policiers. J'ai assisté à cette formation, et ils font de la formation pour que les policiers puissent détecter les situations.

Alors, dire que j'ai retardé les travaux, bien, je vais vous dire que... Aujourd'hui, qu'on en parle, qu'on en parle depuis plusieurs jours, j'en suis fort heureuse, mais là il nous faut des solutions, il faut de l'investissement.

M. Vigneault (Nicolas) : Verrouiller les portes officiellement au centre de Laval, ça, est-ce que... comment vous réagissez à cette mesure-là qui a été confirmée par le gouvernement ce matin?

M. Lisée : Bien, moi, je veux entendre les explications du centre Laval, hein? On sait, notre position, c'est qu'on est allés... Avant 2007, il y avait une restriction trop sévère de la liberté des jeunes en centre jeunesse; après 2007, on peut constater, avec le recul, qu'il y a eu une liberté trop grande.

Moi, j'appelle à une discussion basée sur la connaissance, basée sur les professionnels pour nous dire quelles sont les mesures, le bon équilibre à atteindre. Fermer les portes pour tout le monde, je n'avais pas l'impression que c'était le bon équilibre à atteindre. Peut-être le centre de Laval a-t-il de bonnes raisons de le faire. Mais j'attends, je leur donne le bénéfice du doute. J'attends leurs explications. Mais ce n'est pas une mesure que nous préconisons pour tous les centres jeunesse à partir d'aujourd'hui, non. Nous voulons avoir une discussion éclairée sur les cas où la restriction de la liberté doit être plus grande, doit être motivée, mais la réactivité des intervenants doit être beaucoup plus rapide. En ce moment, pour restreindre la liberté d'un jeune en centre jeunesse, il faut remplir un document de 20 pages et attendre une autorisation. Bien là, la fugueuse est rendue loin, O.K.? Alors, c'est ce qu'il faut regarder.

Donc, sur la décision du centre de Laval, j'attends leurs explications. Ce n'est évidemment pas une décision qui doit être vue comme une règle générale à partir de maintenant.

M. Croteau (Martin) : Comment qualifiez-vous la décision du gouvernement de sabrer la subvention au projet Mobilis?

M. Lisée : Bien, écoutez, ce qu'ils ont fait, c'est qu'ils ont sabré les subventions de toutes les régions du Québec, hein? En abolissant les CRE, les conférences régionales des élus, ils ont aboli la subvention à ces conférences. En abolissant les CLD, ils ont réduit considérablement les subventions à ces centres de développement, et donc les villes se sont retrouvées avec une enveloppe très fortement amputée, qui finançait, dans le cas de Longueuil, la lutte au proxénétisme; dans beaucoup de cas, la lutte au décrochage scolaire; dans beaucoup de cas, la lutte contre l'itinérance. Et on le voit partout dans le réseau que cette abolition de structures, disait-il, est en fait une réduction des sommes dévolues à des missions essentielles.

M. Croteau (Martin) : Est-ce que ça vous dit quelque chose sur la sensibilité du gouvernement par rapport, justement, aux problèmes liés à la lutte au proxénétisme?

M. Lisée : Bien, ils n'ont pas regardé. Eux, là, ils voulaient juste couper, O.K.? Ils voulaient juste couper. Puis quand le premier ministre a dit dans son discours d'ouverture : On va porter une attention particulière aux vulnérables, ce n'était pas vrai, parce que, s'il avait dit : Coupez, mais, chaque fois qu'il y a quelqu'un de vulnérable qui va être touché, retenez vos ciseaux, bien, on aurait vu que, bien, à Longueuil, ils auraient gardé l'enveloppe pour Mobilis, puis dans... partout, ils auraient gardé l'enveloppe pour le décrochage scolaire puis pour l'itinérance. Ils n'ont pas fait ça. Ils ont dit : Coupez, les villes se débrouilleront. Et là, pour ajouter l'insulte à l'injure, la ministre dit : C'est leur faute, ils ont coupé. C'est fort.

Des voix : Merci.

(Fin à 11 h 59)

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