(Neuf heures trente-deux minutes)
Mme Lamarre : Bonjour. Je suis
ici aujourd'hui en compagnie de Mme Isabelle Têtu, qui est IPS à la clinique
SABSA, donc infirmière praticienne spécialisée; en compagnie de Mme Emmanuelle
Lapointe, qui est coordonnatrice de la clinique SABSA; M. Bernard Roy, qui est
chercheur de l'Université Laval; et, bien sûr, ma collègue Agnès Maltais,
députée.
Écoutez, on est à deux jours de l'échéance
de SABSA. SABSA va devoir fermer son sans-rendez-vous. C'est inconcevable. On a
une organisation de soins qui répond à des besoins de la population, et le ministre
reste totalement insensible.
J'ai deux mots, deux mots que je veux aujourd'hui
laisser. D'abord, l'injustice, injustice envers les patients, les patients qui
ont eu besoin de ces soins, qui les reçoivent de façon appropriée, qui ont un
suivi pas seulement du sans-rendez-vous, là, pas seulement du ponctuel, qui ont
un accompagnement, un suivi qui fait une différence.
Moi, j'y suis allée, à la clinique SABSA,
et il y avait deux patients qui ont été là pendant que j'y étais : un qui
avait été référé par le CHU de Québec et l'autre par le CLSC voisin. Alors,
SABSA répond à des besoins qui ne sont pas remplis actuellement par les autres établissements
autour. Donc, injustice, injustice grave envers les patients, envers les citoyens
de la Basse-Ville de Québec.
Et deuxième, un affront, un affront clair
envers toutes les infirmières du Québec. Pourquoi? Parce que ce que le ministre
leur dit aujourd'hui, c'est : Même si vous répondez aux besoins des
patients, même si vous vous occupez des plus vulnérables, même si vous le
faites à très bas prix, dans un contexte où l'Institut économique de Montréal a
démontré que les infirmières praticiennes cliniciennes coûtaient trois fois
moins cher que les médecins, même si vous rencontrez tous ces critères-là qui
devraient être des critères parfaits, eh bien, je vous le dis, je ne
reconnaîtrai jamais votre autonomie et je vais conférer et maintenir le pouvoir
aux médecins en prétendant, bien sûr, que je les contrôle.
Mais, dans le fond, concrètement,
qu'est-ce qu'on a eu cette semaine comme annonce? Tout va encore du côté de la
rémunération aux médecins, du financement de cliniques pour les médecins.
Alors, il y a certainement un juste milieu à avoir et la clinique SABSA répond
à ces besoins d'une façon exemplaire, d'une façon proche des gens et elle
répond à des situations que le système en général n'est pas prêt à prendre en
charge. Alors, je vais laisser la personne qui est certainement la plus
appropriée pour témoigner de tout ça, Mme Isabelle Têtu, poursuivre. Merci.
Mme Têtu (Isabelle) : Donc,
bonjour. On vient aujourd'hui pour réitérer notre désir de travailler auprès
des 1 500, bientôt 1 600 patients qu'on a à la coop SABSA. À deux
jours de l'échéance, il n'y a toujours pas de service ou de solution apporté
pour prendre en charge ces 1 500 ou 1 600 patients là. Donc, on ne
désire pas baisser les bras. Il va falloir réduire un peu nos services au
niveau du sans-rendez-vous et mettre davantage d'efforts que notre campagne de
sociofinancement avec La Ruche puis d'inviter la population, justement, à nous
aider à poursuivre notre mission. On réitère aussi notre désir de rencontrer
les gens du ministère, qu'ils viennent voir comment qu'on travaille, comment...
on va ouvrir nos livres pour évaluer avec eux comment qu'on peut ajuster les
services, adapter les services pour répondre aux clientèles, surtout les plus
vulnérables, du centre-ville de Québec.
Je laisserais peut-être ma collègue
Emmanuelle Lapointe compléter.
Mme Lapointe (Emmanuelle) :
Nous, c'est sûr que nous, notre désir sincère, comme le dit Isabelle, c'est de
continuer notre travail auprès des gens inscrits chez nous. Écoutez, nous,
notre expertise qu'on a à la coopérative SABSA, c'est de rejoindre une
population qui a des besoins précis et particuliers, puis on amène une solution
que nous, on constate qui est efficace, qui peut être efficiente aussi.
Puis oui, comme le dit Isabelle, on est
ouverts à démontrer les besoins... les évaluations qu'on a besoin au niveau
financier aussi avec le ministère. On pense que notre solution est adaptée,
justement, pour des besoins très précis puis on juge, nous, que ça vaut la
peine de l'envisager. On est très bien adaptés aussi, nous, localement, à la
population qu'on dessert. C'est les quartiers Saint-Roch et Saint-Sauveur, qui
ont déjà des manques au niveau des services de santé dans ce milieu-là. On est
très bien implantés, on a la population qui nous appuie aussi, qui constate au
quotidien, dans le fond, l'efficacité de notre modèle et puis la
multiplication, dans le fond, des appuis puis du désir de poursuivre, là, nos
activités. Puis qu'est-ce qu'on veut aussi être en mesure de démontrer, c'est...
Présentement, l'évaluation des chiffres qui est faite, c'est une première
évaluation sur l'économie qu'on peut faire engendrer, mais sur tout aussi les
cas complexes qu'on peut recevoir chez nous, combien qu'on peut faire
économiser, dans le fond, au système, nous, en les prenant en charge plus tôt
au niveau de leur santé pour éviter que leur état de santé ne se détériore
aussi.
Donc, oui, il y a toujours de l'ouverture.
Nous, on collabore déjà avec les organisations en santé de notre territoire,
puis, comme l'a dit Mme Lamarre, présentement, nous, on reçoit des références,
là, du système, des organisations de santé de notre territoire. Donc, ça démontre,
je crois, qu'on a une réponse qui n'est pas présentement possible, là, dans les
structures actuelles. Donc, nous, c'est comme on le dit, on a toujours
l'ouverture et on pense qu'on amène une solution qui est originale, qui est
créative aussi, qui permet aussi, pour les gens, à la coopérative SABSA, qui
ont déjà navigué à l'intérieur du système et qui ont été témoins des choses qui
pouvaient être améliorées directement sur le terrain...
Nous, on est sur le terrain, on est près
des gens, donc c'est une réalité quotidienne à laquelle on est confrontée. On
sait que les 1 500 personnes vont avoir de la difficulté à se retrouver
par la suite dans le système, puis notre énergie maintenant, nous, c'est
auprès... d'être en mesure de poursuivre nos activités... de quelle façon on va
avoir à s'adapter, là, selon nos capacités. Mais on incite fortement la population
à contribuer, là, dans le cadre de notre campagne de financement. Donc...
Mme Maltais : Si vous
permettez, un dernier mot sur ce petit début. Écoutez, le ministre a invité la
clientèle de SABSA à faire 40 mètres sur le plat pour se rendre à la clinique.
D'abord, ce serait un retour, parce que c'est le CLSC qui les envoie à SABSA,
alors il leur dit : Retournez chez vous, retournez d'où on vous a envoyé.
Mais, s'il a invité la clientèle à faire
40 mètres à pied sur le plat, moi, je l'invite à faire 1,4 kilomètre dans
sa grosse limousine en descendant une côte, en plus. Il serait capable peut-être
de se rendre en Basse-Ville puis de voir qu'est-ce qui se passe là-bas. On a
l'arrondissement le plus dense de la ville de Québec, et c'est dans la Basse-Ville
de Québec, dans le centre, que les personnes ont le moins de médecins de
famille. SABSA, c'est né d'un besoin, ce n'est pas né... ce n'est pas une
génération spontanée, c'est un besoin de gens vulnérables d'être aidés.
Actuellement, la situation en Basse-Ville
est celle-ci : à titre de députée, je peux vous dire d'abord qu'il y a eu,
dans les deux dernières années, une perte de 15 intervenants communautaires sur
le territoire à cause de la signature, par le ministère de la Santé et des
Services sociaux, de ce qu'on appelle la SPLI, où il y a eu un choix de
travailler en — je vais utiliser les termes anglais parce que c'est
vraiment la version anglaise qui a été utilisée — «housing first».
Alors, il y a eu un changement dans les règles de vie, dans les règles de
financement communautaire agréées par le Parti libéral qui font qu'il y a 15
intervenants communautaires de moins sur le plancher de la Basse-Ville.
Il y a une fragilisation des organismes
communautaires actuellement sur tout le territoire, et maintenant s'en vient,
annoncé par le ministre, le transfert des travailleurs sociaux des CLSC vers
les GMF. Il y a 39 travailleurs sociaux sur 47 ou 49 qui vont être transférés
dans les GMF, donc qui vont sortir d'où ils sont actuellement, au CLSC de la
Basse-Ville. C'est ça, la réalité. La réponse qu'on avait trouvée, c'était
SABSA, SABSA où il y a 1 500 personnes qui étaient suivies, dont les cas
les plus sérieux. Ceux qu'on perdait, ils vont à SABSA, alors on ne peut pas
perdre SABSA. Moi, je vous le dis, sur le territoire de la Basse-Ville, là, on
en a assez, là. Il y a une perte de services, il y a une perte d'un tissu de
monde qui s'était organisé pour assurer un filet de sécurité et de santé aux
gens. On est en train de perdre ça.
Alors, moi, j'ai un message au ministre.
D'abord, il est temps de sauter dans sa limousine, puis de descendre la côte
sur 1,4 kilomètre, et de rencontrer les gens de SABSA où il va réaliser ce
qui se passe, peut-être. Il faut qu'il comprenne la réalité des patients
vulnérables en Basse-Ville de Québec, il faut qu'il la comprenne. Il ne la
comprend pas.
Et j'invite aussi la population à aller
sur le site de La Ruche et à continuer, parce que je vous le dis, là, on veut
que ça continue. Les filles — je vais les appeler les filles,
Bernard — elles ont la volonté et le courage de dire : Malgré
les obstacles, nous allons continuer. Alors, nous, on veut aider à organiser cette... je
vais l'appeler comme ça, organiser cette résistance. On ne veut pas perdre
les soins de services, les soins de santé qu'on a actuellement en Basse-Ville.
Merci.
Mme Lamarre : Il y a également
une pétition que les gens peuvent signer, pétition en ligne que les gens
peuvent signer en soutien à SABSA.
Mme
Maltais
:
Elle est finie. Ils ne peuvent plus.
Mme Lamarre : Elle est finie?
Ah! désolée.
M. Vigneault (Nicolas) : Le ministre
Barrette est très ferme et puis il revient constamment à la proposition qu'il a
faite à SABSA notamment, c'est-à-dire d'aller s'installer dans le CLSC qui est
dans le même secteur.
Mme Lamarre : Excellente
question.
M. Vigneault (Nicolas) :
Pourquoi on n'accepte pas cette proposition-là, parce qu'on semble, quand on
regarde la carte, dans le même quartier?
Mme Lamarre : Alors, on va
vous dire vraiment la proposition réelle que le ministre a faite à Mme Têtu.
Mme Têtu (Isabelle) : La seule
proposition réelle que j'ai eue, c'est la semaine dernière, c'était que moi, je
m'en aille au CLSC Basse-Ville, pas l'équipe, donc que je m'en aille au CLSC,
que les... puis je n'avais même pas... l'équipe médicale n'était même pas au
courant, l'équipe d'infirmières n'était même pas au courant non plus. Je n'ai
même pas de bureau actuellement de disponible puis je...
Moi, je suis capable de suivre 1 500,
1 600 patients, parce que j'ai une équipe, là, puis qu'on prend des gens
sans carte d'assurance maladie. Se rendre au CLSC sans carte d'assurance
maladie, ça ne se fait pas, ça prend... il faut appeler à la RAMQ, bon, il y a
plusieurs démarches. Il y a un agent de sécurité aussi à la porte du CLSC. Ils
n'ont pas le choix parce qu'avec le débit qu'ils ont... Mais nos plus
vulnérables n'y vont pas au CLSC. Donc, ce n'est pas tout à fait... en tout cas,
ce qui nous a été offert, ce qui a été dit, là, en Chambre.
M. Vigneault (Nicolas) : Il
ne vous a pas offert une Cadillac.
Mme
Maltais
: Je
corrobore. Il n'y a pas juste ça, là. Moi, j'ai rencontré le directeur du
CIUSSS, comme on dit, la... c'était jeudi, je suis allée le rencontrer et je
lui ai dit : Est-ce que la clinique SABSA peut aller dans le CLSC? J'ai
fait la proposition inverse, et on m'a répondu : Non, c'est seulement
l'IPS qu'ils veulent. Ils ne la veulent pas, la clinique. Alors, c'est faux. Je
corrobore ce que vient de dire Isabelle Têtu. Quand le ministre dit ça, il
ment.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Donc, vous, vous avez demandé également que votre équipe médicale, vos
collègues vous suivent, puis on vous a également posé un refus?
Mme Têtu (Isabelle) : Non, et
puis même plus que ça, je vous dirais qu'au départ les gens du CIUSSS étaient
vraiment préoccupés, et ils sont encore préoccupés par la clientèle. Ils
essayaient d'avoir un poste d'infirmière praticienne, qui aurait été moi.
J'aurais été payée par le CIUSSS mais prêtée à SABSA. Ça fait qu'au moins on
enlevait ces coûts-là pour la clinique, et, ça aussi, c'était une fin de
non-recevoir de la part du ministre.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Vous dites que vous avez reçu, inscrit environ 1 500, presque 1 600
patients. Quelle est la proportion de ces patients-là qui vous ont été référés
par le CHU de Québec ou un CLSC?
Mme Têtu (Isabelle) : Je vous
dirais qu'il doit y avoir... peut-être que Bernard, tu aurais plus de
statistiques là-dessus, mais je vous dirais qu'il y a au moins, je vous dirais,
au moins la moitié, là, puis 50 % qui ont été référés soit par les
organismes communautaires du milieu, soit les CLSC ou soit les hôpitaux, là,
très certainement. Si on rajoute les pharmacies par-dessus ça, là, des pharmacies
du quartier, on monte le pourcentage, là. Mais je n'ai pas de chiffres, stats,
il faudrait remettre... On les a, les données, mais on ne les a juste pas
compilées.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Qu'en est-il de votre campagne de sociofinancement? Êtes-vous très loin du but
à l'heure actuelle?
Mme Têtu (Isabelle) : On est
encore loin, mais ça augmente toujours. On est rendus... On est au-delà de
40 000 $, on a des activités qui s'en viennent aussi pour mousser la
campagne de financement. On a une marche aussi qui s'en vient le 8 mai, là,
pour soutenir notre cause. Donc, c'est ça, on ne perd pas espoir, là, on est
encore loin du but.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais vous êtes quand même à deux jours de l'échéance?
Mme Têtu (Isabelle) : On est à
deux jours de l'échéance, mais jusqu'à... la campagne de financement se termine
à la fin mai, donc, si on atteint notre objectif à la fin mai, on va être
correct pour ouvrir notre sans-rendez-vous puis poursuivre nos activités pour
encore un bon bout, là.
M. Vigneault (Nicolas) :
C'est combien, l'objectif?
Mme Têtu (Isabelle) : C'est
250 000 $.
M. Vigneault (Nicolas) : Vous
pensez... à 40 000 $ actuellement, vous pensez être capable, à deux
jours de l'échéance, de...
Mme
Maltais
: À
un mois de l'échéance.
M. Vigneault (Nicolas) : Un
mois ou...
Mme Têtu (Isabelle) : On
espère, on est... Tu sais, SABSA a fonctionné avec des 10 000 $ et
30 000 $ par année depuis 2011, ça fait que, je veux dire, c'est sûr
que c'est beaucoup plus que qu'est-ce qu'on avait, mais on a toujours réussi à
s'organiser. Ça fait que, tu sais, on ne veut pas baisser les bras non plus.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Que va-t-il advenir des 1 500, 1 600 patients suite à une éventuelle
fermeture de SABSA?
Mme Têtu (Isabelle) : On ne le
sait pas. On est encore en pourparlers avec le CIUSSS pour voir vers où on pourrait
les envoyer. Là, actuellement, ce qu'on a dit, c'est qu'on va les envoyer, on
va essayer d'envoyer des patients vers une clinique sans-rendez-vous, un CRQ
qui est à quelques kilomètres de chez nous. Puis, pour ceux qui n'ont pas de carte
d'assurance maladie, bien, on n'a pas de réponse, là.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Avez-vous l'impression que le CLSC ou les fonctionnaires, les gestionnaires du
réseau avec qui vous devez interagir sont téléguidés par le ministre Barrette
et son entourage?
Mme Têtu (Isabelle) : Je pense
que c'est des... en tout cas, avec ceux qu'on a parlé, Emmanuelle, tu me
corrigeras, c'est des gens, je crois, très sincères et de bonne volonté, mais
il y a quelque chose plus haut qu'eux qui les empêche, je pense, de pouvoir trouver
des solutions. Parce qu'on discute avec eux depuis cet automne, là, je veux
dire, c'est... on a fait quatre, cinq rencontres en plus avec le CIUSSS...
Mme Lapointe (Emmanuelle) :
Oui, oui, oui, on a des... l'accueil est toujours bon, il y a toujours une
reconnaissance aussi du travail qu'on fait par rapport à la population plus
vulnérable aussi.
Vous posez la question : Qu'est-ce
qu'il va advenir des cas? On est très inquiets, nous aussi, parce que c'est des
personnes, nous, qu'on rejoint et qui ne sont pas rejointes par les structures
existantes. Donc, les propositions de nous intégrer dans les structures
existantes, c'est sûr que, pour nous, on se questionne énormément parce qu'on
craint de ne plus être en mesure de leur donner le service qui va être adapté.
Puis, comme je vous le disais, c'est des
gens, à la SABSA, qui ont travaillé de l'intérieur dans le système et qui ont
décidé de faire une structure qui permettrait d'avoir une souplesse
supplémentaire pour des situations qui n'entrent pas dans les cases,
présentement, du système. Nous, ce qu'on fait, c'est d'offrir une approche plus
globale, c'est un suivi, c'est le développement d'une relation de confiance
avec la clientèle, c'est du travail de plus long terme aussi pour suivre ces
gens-là.
Donc, nous, ce qu'on a organisé, c'est un
service comme ça, puis ce qui est proposé jusqu'à maintenant ne nous laisse pas
voir la possibilité de pouvoir continuer de cette façon-là de recevoir notre
clientèle et de leur donner ces soins-là qu'on considère, nous, appropriés pour
les situations qu'ils vivent, qui sont des situations plus extrêmes, là aussi, au
niveau de leurs problématiques de santé.
M. Vigneault (Nicolas) : Vous
êtes certaine que les gens n'iront pas au CLSC, par exemple? C'est ce que vous
constatez?
Mme Lapointe (Emmanuelle) :
Bien, c'est que nous, on tente de les envoyer vers le service de santé. Nous,
notre but... on est un peu, comme Isabelle a déjà dit, c'est une avant-première
ligne, hein, on veut préparer les gens à entrer dans le système. Nous, ce qu'on
fait, c'est une première approche avec eux, on tente de les organiser pour
qu'ils soient en mesure de se conformer au fonctionnement du système. Donc, ça
veut dire aller avec eux chercher une carte d'assurance-maladie, c'est les rapprocher
tranquillement, mais c'est un travail qui prend un certain temps, qui demande justement
l'établissement d'un lien de confiance.
Puis ça prend des acteurs qui ont une
stabilité aussi. On est connus, nous, dans le milieu de la Basse-Ville de Québec
depuis plusieurs années, les gens savent qu'on est capables de répondre, de
comprendre leurs réalités. Donc, c'est ça, c'est toujours ça qu'on garde en
tête dans les propositions qui nous sont faites : Sommes-nous encore en
mesure de faire le travail qu'on fait actuellement? Puis, oui, s'il faut
réduire... comme Isabelle le disait, on a déjà fonctionné avec moins de moyens.
C'est sûr que l'offre est plus limitée, mais, pour nous, c'est la motivation
première et c'est le pourquoi qu'on existe, là, c'est...
Mme Têtu (Isabelle) : Je
voudrais juste rajouter quelque chose par rapport au CLSC. Le CLSC existe
depuis de nombreuses années, il n'y a plus de sans-rendez-vous, les médecins
sont déjà «loadés» de leur «case load». Je veux dire, actuellement, même si on
les envoie au CLSC, ils n'ont pas de réponse, donc le CLSC nous les renvoie
parce qu'il n'y a pas de sans-rendez-vous, il n'y a pas de... ils ne peuvent
pas voir un médecin. Il y a une IPS qui est là quelques jours par semaine, elle
n'est pas là à temps plein. Donc, ce n'est pas la réponse, actuellement... même
si je m'en allais là, je ne peux pas répondre, à moi toute seule, aux autres
cas... et des 1 500 patients de SABSA et aux autres patients de la Basse-Ville
de Québec.
M. Vigneault (Nicolas) : Le
ministre dit que, dans le fond, lui, il ne veut pas payer un système parallèle,
ne veut pas vous payer un photocopieur, ne veut pas vous payer une adjointe
administrative, ne veut pas...
Mme Têtu (Isabelle) : Mais ce
qu'il a oublié de dire...
M. Vigneault (Nicolas) :
...alors qu'il y en a à, lui, il le dit, à 30 secondes de course ou trois
minutes de marche sur le plat.
Est-ce que, s'il voulait intégrer
sincèrement votre équipe au sein du CLSC, ou au sein d'un GMF, ou peut-être
ultimement d'une superclinique, est-ce que vous accepteriez? Est-ce que c'est,
dans le fond...
Mme Têtu (Isabelle) : Bien,
s'il y a une flexibilité pour qu'on reçoive, de un, nos gens qui n'ont pas de
carte d'assurance maladie, qui arrivent intoxiqués, qui n'arrivent pas à leurs
heures de rendez-vous, s'ils manquent le rendez-vous, qu'ils n'ont pas une
prime à payer, parfait. Mais actuellement ce n'est pas ça qu'on a. Puis, en
plus, ce qu'on a offert, c'est que nous, on est capables de payer nos
infrastructures. Donc, tant qu'à payer notre local, on est capables de payer
notre photocopieur, on est capables de payer notre secrétaire.
Ce qu'on veut, c'est peut-être qu'il paie
les professionnels, au moins, qui y travaillent. Ça, c'est une fin de
non-recevoir. Il revient toujours en disant : Ça coûte trop cher, il faut
que je paie le photocopieur, etc., vous les avez nommés, alors qu'on ne lui a jamais
demandé ça. Mais on lui a demandé de faire un bout, par exemple.
Mme
Maltais
: Si
je me permets, le ministre se préoccupe beaucoup du prix des... du coût des
photocopieurs. Il devrait se préoccuper du coût des vies qu'on sauve et du coût
des patients qui ne se retrouvent pas à l'urgence. Ça, c'est coûteux pour une
société.
Mme Fletcher (Raquel) : En
anglais. Just for a bit of background. How did you get to this
point that you're going to be closing in two days?
Mme Lavallée :
SABSA clinic, they have been funded by the FIQ for one and a half year, I would
say, and after that, the funding, closed, finished. S, now, a few months ago,
in fact last fall, SABSA said : Now, we demonstrated, by studies that have
been done by Université Laval, that we can effectively offer a patient care and
follow-up for vulnerable patients. We can also demonstrate that we do it at a
very low cost and we would like to continue, not to stop this follow-up. This
is very simple. In fact, it's just making sense to support the follow-up of
this clinic.
And what is, in fact, is
resistance from our Health Minister to recognize some activities and some
professional organization that can directly offer primary care to vulnerable
patients. This is the major issue, that is what we should understand. It's not
a matter of cost, it's not a matter of care, it's just a matter of who will
keep the power in the health system. And for now, the Health Minister is
convinced that he won't let any kind of autonomy to specialized practical
nurses.
So, two points. First,
it's unfair for the patient, it's against patient care, patient follow-up of…
And second thing that we must address is that it's a kind of affront against
all nurses. And what he is saying is that, even if they work well, even if they
fulfill patient needs, even if they take care of more vulnerable patients at
very low cost, they won't get any autonomy and they won't let… he will not let
them have their own clinic as we have in Ontario. In Ontario, they have more than 25 clinics that
are opened with nurse-practitioners, and we must have it. If the Health
Minister says that he is concerned about costs and if he is really… if we can
trust him, he must recognize that these clinics are very helpful and very cost
effective.
Mme Fletcher (Raquel) : What do you mean when you say «vulnerable patients»? Can you
qualify vulnerable patients? Can you qualify that?
Mme Lamarre : Vulnerable, we said… we are talking about patients with hepatitis
C, with VIH-sida, people who doesn't have any medical card, so people in the
street. Those are more vulnerable, and, with the time, we understood that they
also offer emergency appointmen,t and a lot of people form this area they
really care, and more than 95% of the persons that… of
the patients who consult them where treated adequately. They had to refer only
5% of their patients to medical, to physicians and this is an example that they
know their limits, you know, they don't want to do what they are not allowed to
do or what they are not competent to do. They have competences, we invest in
them as in any others. United States, you know, they have nurse-practitioners
since 20 years now and for the last 20 years. And in Ontario, they got these
nurse-practitioners for 10 years and it is demonstrated that they decrease the
costs and they help to increase access to primary care. So we need that if… How
the Health Minister can resist to that? How can he logically resist and refuse
that Quebeckers have this kind of access?
Mme Fletcher (Raquel) : OK. And what will happen to these patients once the door is closed?
Mme Lamarre :
Sorry?
Mme Fletcher (Raquel) : What will happen to the patients once the door is closed?
Mme Lamarre :
They will have to go to CLSC and, if they don't have any medical card, they
won't be accepted. And what Isabelle said earlier is that CLSC physicians had
all their patients, they have their… So they are not willing to take any new
patients, so they will go in emergency at the hospital where it costs a lot,
you know. Each time a patient has to go to emergency room in a hospital it cost
between $250 and $500 just to open a file in a patient in emergency room. Thank
you.
(Fin à 9 h 57)