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Point de presse de Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques, et M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Tuesday, May 17, 2016, 15 h 26

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quinze heures vingt-six minutes)

Mme Massé : Alors, bonjour, tout le monde. Je vais, dans un premier temps, vous parler de l'annonce du gouvernement fédéral concernant les personnes trans, et, par la suite, mon collègue Amir prendra quelques instants pour vous parler de l'économie de partage et la motion qui vient d'être déposée et non adoptée.

Alors, pour vous dire qu'aujourd'hui, bien, en cette journée de lutte contre l'homophobie et la transphobie, je suis vraiment contente d'être arrivée au parlement ce matin en voyant le drapeau arc-en-ciel sur un des mâts de l'Assemblée. Je pense que c'est une façon très simple de poursuivre le travail d'éducation, de sensibilisation, quand un parlement au grand complet envoie le message que l'homophobie, la transphobie, ça n'a pas sa place sur notre territoire. Je pense que tout le monde en sort gagnant par rapport à ça.

De l'autre côté, on apprend, du côté fédéral, que le premier ministre Trudeau a décidé lui aussi de choisir cette journée de lutte à l'homophobie pour déposer un projet de loi afin de protéger les personnes trans, qui sont actuellement, je dirais, dans les chartes canadiennes et québécoises, les personnes les moins bien protégées. Alors donc, je pense que... je vois plutôt d'un bon oeil l'ajout de cette nouvelle catégorie de discrimination, si je peux dire ainsi, sur la question d'identité de genre. Il faudra voir le libellé exactement, je n'ai pas eu le temps, comme vous le savez, j'étais en Chambre, mais, en soi, de savoir qu'on veut inscrire... et pour protéger les personnes et les empêcher de pouvoir être victime de propagande haineuse ou de discours inapproprié m'apparaît plutôt une bonne nouvelle.

D'ailleurs, bonne nouvelle que devrait profiter la ministre Vallée pour dire que, bien, nous aussi, au Québec, on pourrait faire le dernier... un des pas qui nous manque en matière de protection des droits chez les personnes trans, et on parle des droits des enfants trans. Vous le savez, la semaine dernière, j'ai déposé un projet de loi, j'ai offert toute ma collaboration à la ministre pour faire en sorte de pouvoir adopter rapidement le projet de loi, faire cette procédure qui s'appelle une adoption rapide. Je pense qu'au Québec on a fait les débats, on a eu la commission parlementaire en 2013 lors du projet de loi n° 35, la commission parlementaire sur les règlements l'an dernier. Alors, il ne nous reste plus qu'à corriger et faire en sorte que les enfants soient aussi protégés.   Donc, si M. Trudeau est prêt à l'inscrire dans sa charte, bien, pourquoi que le Québec ne serait tout simplement pas prêt à donner les mêmes droits aux enfants trans en modifiant le Code civil?

M. Khadir : Alors, deux mots sur cette motion que la CAQ a présentée au gouvernement libéral, visiblement pour les mettre en pleine contradiction, parce que, d'après ce que je comprends, donc, c'est le libellé presque mot pour mot de ce que voulaient faire adopter les jeunes libéraux à leur rencontre de cette fin de semaine.

Moi, j'ai de la peine pour les jeunes libéraux d'être si ignorants de ce que c'est que l'économie du partage. De la part des jeunes, je m'attendais à mieux. L'économie de partage, ça se passe entre pairs; l'économie de partage, c'est pour éviter le gaspillage; l'économie de partage, c'est pour éviter l'inefficience du capitalisme, c'est pour diminuer la surconsommation en produits, en biens, en services. Et l'économie de partage, ce n'est surtout pas à l'usage des entreprises multinationales capitalistes, parce que, dans la notion de l'économie de partage, il est question de partager les bénéfices entre pairs, entre égaux et non une multinationale et des petits travailleurs qui sont payés des salaires de gagne-misère.

Selon le secrétaire d'État au Travail du président Clinton, Uber, ce n'est pas l'économie de partage, c'est le partage des miettes pour les petits et le gâteau pour Uber. En plus, Uber ne peut pas rencontrer les exigences minimums d'économie de partage, qui est une économie solidaire, qui est une économie d'intégrité. C'est une économie qui tend à localiser les échanges, puisque la première chose, dans cet échange-là, c'est l'argent, puis l'argent, Uber veut le cacher dans des paradis fiscaux.

Ceci étant dit, ça ne me surprend pas puisque le Parti libéral est devenu, sous Jean Charest, maintenant sous Philippe Couillard... Après tout, comment s'attendre à ce que le Parti libéral sous Philippe Couillard attire d'autres mondes que de jeunes loups qui ne pensent qu'à l'intérêt individuel à courte vue, sans aucun égard sur l'impact social, sur la cohérence avec un développement économique sain pour un premier ministre qui s'est employé à aller se mettre au service de la monarchie d'Arabie saoudite pour gagner le plus d'argent possible et ensuite le cacher dans des paradis fiscaux. Ça ne m'étonne pas que ça attire des jeunes qui n'ont aucun égard pour les pratiques déloyales fiscalement destructrices et illégales d'une compagnie comme Uber puis cherche à le défendre par ce genre de procédé.

M. Vigneault (Nicolas) : Mme Françoise David s'est exprimé sur, notamment, la position de M. Lisée. Je l'ai demandé à Mme Massé ce matin. Vous, M. Khadir, sur la position de M. Lisée exactement, le fait qu'il ne veuille pas de référendum, est-ce que, pour vous, ça nuit justement à cette convergence?

M. Khadir : Bien, regardez, ce qui relève du choix des militants et des militantes du PQ, je pense, doit être laissé aux militants et militantes du PQ. Moi, ma vision, et Québec solidaire, je pense qu'on le répète à qui veut bien l'entendre, si nous existons, c'est parce que justement nous croyons que les tergiversations, la confusion, l'absence de clarté sur plusieurs enjeux... puis ce n'est pas juste la question de l'indépendance, le même phénomène se vit sur la question, par exemple, du pétrole. Tantôt, on est pour la ligne d'Enbridge, mais on est contre TransCanada. On est contre le pétrole de l'Alberta, mais on est pour le pétrole de schiste d'Anticosti. Et je pourrais vous citer une foule, hein, sur la question de la fiscalité... d'une fiscalité juste, de l'austérité ou pas.

Donc, cette confusion-là n'est pas au bénéfice de la démocratie, n'est pas au bénéfice de l'évolution politique au Québec, et c'est sûr que notre peuple mérite mieux. Donc, si vous demandez mon opinion, ce qui est mieux pour le Québec, c'est être clair. Quel est le type de société qu'on veut? Quel est le type de justice sociale qu'on veut et quels sont nos projets d'avenir? Et ensuite, par rapport à l'indépendance, comment clairement on compte s'y activer pour le réaliser?

M. Vigneault (Nicolas) : Mais mettre ça sur la voie d'évitement, est-ce que, pour vous, c'est une bonne chose?

M. Khadir : Bien, regardez, ça illustre, comme je dis, pour bien d'autres choses. La justice sociale aussi a été mise sur la voie d'évitement depuis des années, et regardez combien le PQ en pâtit, hein? Je pense que le PQ a un examen sur le long parcours. Son incapacité à être résolument en faveur de l'intérêt des Québécois, du plus grand nombre, fait en sorte qu'on en est là aujourd'hui, et c'est pour ça que Québec solidaire existe.

Et j'en appelle, moi, aux militants et aux militantes progressistes indépendantistes qui ont encore des doutes. Il est plus qu'impératif pour le Québec, pour notre société, pour le projet d'indépendance, que les gens tirent des conclusions. On a besoin d'un véhicule décidé, mobilisé, clair sur ses priorités comme Québec solidaire, que ça soit la justice sociale, le progrès, les questions d'évasion fiscale, la question énergétique et l'indépendance du Québec. Et là, après, on peut débattre d'un tas de choses, mais je pense qu'il faut respecter le choix de ceux qui veulent à tout prix continuer à s'agripper au PQ. Et c'est malheureux, hein, ça ne dépend pas des personnes qui viennent à la chefferie. Année après année, décennie après décennie, quel que soit le chef qu'on met en place, ça finit toujours par être la confusion.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Pourquoi? En raison de l'establishment du parti qui tire les nouveaux chefs vers la droite?

M. Khadir : Je ne pense pas que, là, il s'agisse de l'establishment, c'est une peur de s'assumer. C'est une peur de s'assumer à la fois sur le plan social et sur le plan de l'indépendance. Votre journal a fait paraître un résumé d'un article que j'ai écrit il y a deux ou trois semaines, qui justement relève du fait que ça date de longtemps. Ça fait à peu près une trentaine d'années, on remonte, en fait, la genèse de ce problème-là à 1974 et le fameux congrès du PQ où on a opté pour l'étapisme, et je pense qu'à partir de ce moment-là, dans le but absolument d'arriver au pouvoir, et ça peut se comprendre. Ça n'a pas été fait de mauvaise foi, mais petit à petit, il y a eu un glissement qui fait qu'aujourd'hui le Parti québécois, comme tant d'autres partis en Occident qui ont peur de s'assumer... Je pense à tous ces partis socialistes ou à tous ces partis travaillistes à la Tony Blair qui ont... je ne veux pas utiliser le mot «trahi», mais qui ont fortement déçu, si amèrement déçu des millions de gens qui en attendaient mieux, et malheureusement le PQ est dans cette situation.

Mme Lajoie (Geneviève) : Mais là vous parlez de la position de M. Lisée, là...

M. Khadir : Non, en général. Je pense qu'on parle de M. Lisée ou qu'on parle de tous les autres, c'est quand même des personnes qui ont été dans un parti qui a eu de la difficulté à s'assumer sur le pétrole, sur la justice sociale, sur la justice fiscale, sur l'importance des services publics, sur le mode de scrutin, sur l'indépendance du Québec.

Donc, je pense qu'il y a des variations, mais, pour l'essentiel, même ceux... moi, je prends l'exemple... parlons, par exemple d'Alexandre Cloutier. D'accord? Voilà un jeune homme rempli de toutes les meilleures intentions. Donc, comme d'autres avant lui, comme Jean-Martin Aussant quand il a fondé Option nationale, il a ouvert la plateforme du PQ, hein, le programme du PQ, puis il en a retiré l'essentiel qu'il présente maintenant parce que c'est un progressiste, et je pense qu'il est sincère. Sauf que la réalité du Parti québécois ne relève plus de l'orientation individuelle de telle ou telle personne, mais d'habitudes politiques, je dirais, d'une culture politique qui le pousse absolument à chercher le pouvoir. Ce qui fait que tout ce qui se dit maintenant, malheureusement, notre expérience des 25 dernières années montre que ce n'est pas fiable. On a beau, même aujourd'hui, permettez-moi l'expression, beurrer épais en termes d'environnement, en termes de justice sociale, en termes d'indépendance, mais après, malheureusement, les démons de l'appétit insatiable uniquement pour le pouvoir, pour le pouvoir, rattrape les vieilles formations politiques.

Pas juste au Québec. Je ne veux pas accabler individuellement le PQ, là. C'est un phénomène répandu dans toutes les sociétés occidentales, et le mieux que nous, comme progressistes indépendantistes on peut faire, c'est d'en faire un bilan, comme d'autres peuples sont en train de faire et balayer de la carte, basta, de remercier toute cette vieille classe politique de leurs services et faire évoluer enfin l'avenir politique du Québec.

M. Caron (Régys) : M. Khadir, le ministère de la Santé a payé, en 2015‑2016, 70 millions en primes pour des cadres qui partaient sous l'effet de la réforme du ministre Barrette. Comment le médecin que vous êtes réagit à ce départ massif? On parle de 1 051 cadres puis il y en aura d'autres.

M. Khadir : Mais qu'est-ce que...

M. Caron (Régys) : C'était prévu, là.

M. Khadir : Oui, je comprends. D'abord, ça témoigne au moins d'une chose, c'est que, quand nous avons dit, nous, les gens qui critiquaient la privatisation du système de santé... les réformes de Couillard et les minis réformes qui sont venues après, on avait raison de dire qu'il y a une croissance indue, une croissance indue de la gestionnite aiguë et chronique dans le réseau. Ça fait plus de 15 ans qu'on vit ça, hein? Moi, quand j'étais à la fin de ma résidence, je voyais des couloirs entiers de l'hôpital Notre-Dame et Saint-Luc fermer et, quelques mois plus tard, être transformés en bureaux de gestionnaires qui devaient être par-dessus l'épaule d'autres gestionnaires qui surveillaient le travail des infirmières. Donc, ça prouve que notre critique était juste, qu'il y avait un grave problème de bureaucratie qui s'était installé dans le réseau.

Mais, une fois ceci dit, ça serait bien que, si on coupe là, que ça soit accompagné d'un vaste investissement dans les services à la population. Là, j'aimerais que des salles d'opération soient ouvertes, que ça fonctionne 16 heures par jour et non huit heures par jour, qu'on ait plus d'effectifs infirmiers, des postes à temps plein, des postes où les infirmières sont moins sous le stress, rendent de meilleurs services à la population, ce qui exige des bidous. Sauf que ce n'est pas ça qui va arriver. Les soi-disant 70 millions qui vont être, entre guillemets... d'abord, ça va coûter à l'État quelque chose puis, par ailleurs, c'est-à-dire malgré ce coût qu'on aura assumé, il n'y aura pas d'amélioration de services.

M. Caron (Régys) : Le ministre promet, comme corollaire à ça, des économies de salaire de 220 millions par année. Donc, vous dites que le ministre Barette avait raison, là. Il est dans la bonne voie avec ça.

M. Khadir : Non, le ministre Barette n'est pas dans la bonne voie, comme les ministres qui l'ont précédé ne l'ont pas été à chaque fois, bien sûr, qu'on vous annonce ça. Mais jusqu'à quand on va être dupes de ces politiques qui visent uniquement à mieux étrangler le système, à le privatiser? La réalité...

M. Caron (Régys) : Pourquoi vous dites privatiser?

M. Khadir : Parce que c'est en train d'être... Regardez comment on détourne les fonds publics et le personnel des CLSC pour les confier à la gestion privée des GMF. Quand les GMF ont été institués au début des années 2000 puis, au milieu des années 2000, répandus et augmentés par le gouvernement libéral, on a dénoncé. On a dit : Ça ne rencontrera pas les exigences. On va gaspiller de l'argent, encore une fois.

À maintes reprises, vos propres journaux ont démontré la validité de nos critiques. Et je pense que, là, il faut arrêter d'être dupe. Je pense que, comme opposition et comme journalistes, comme médias, on a le devoir de considérer que c'est un échec global du gouvernement libéral depuis 2003. Les réformes successives du gouvernement libéral se sont soldées par la désorganisation, par la bureaucratie rampante, par une détérioration des conditions de travail de nos employés, qui se répercutent sur plus d'erreurs, qui se répercutent sur de moins bons services, moins de services et des services de moins grande qualité, avec une perte de sécurité pour les patients. On a parlé la semaine dernière comment les conditions de travail amenaient les infirmières dans des conditions qui faisaient en sorte qu'elles étaient plus sujettes à des erreurs. Tout ça fait partie d'un tableau d'ensemble.

M. Caron (Régys) : Autre sujet, M. Khadir, projet de loi n° 59, le Parti québécois promet de bloquer l'adoption ou l'étude détaillée du projet de loi puis, en contrepartie, demande que le gouvernement le retire. Est-ce que...

M. Khadir : Vous parlez du projet de loi sur...

M. Caron (Régys) : Sur le discours haineux.

M. Khadir : Sur le discours haineux. Ma consoeur Françoise David a eu de multiples occasions de se prononcer là-dessus. Nous avons un avis différent. J'aimerais vous soumettre de bien vouloir consulter ma collègue parce que c'est très, très, disons, nuancé.

Mme Fletcher (Raquel) : En anglais. On the... sorry, I lost my… on the transgender issue that has come up today in Ottawa, can you comment about, first of all, about the legislation in Ottawa, and then I'll ask you about your own...

M. Khadir : Our party, through its spokesperson on this matter, Manon Massé, expressed our «accord». Je vais le répéter tout à l'heure… accord. So our party expressed its agreement with the steps being taken by the federal Government. Actually, Manon Massé, our spokesperson welcomes the initiative by Prime Minister Justin Trudeau, but she suggested that the Liberal Government and the minister of Québec… to go a bit further.

We have a contribution to make also, and that contribution would be the recognition of the rights of the children, the transgender children. So it is a good day for principles of inclusion of all diversity in our society, but Québec can be better, can do better and can contribute significantly if the minister accepts to welcome the by-law, «projet de loi», the bill that is proposed by Manon Massé on that specific issue.

Mme Fletcher (Raquel) : O.K. So Vallée was saying that she is working with Mrs. Massé on a bill.

M. Khadir : Perfect. We are just saying that, you know, there is no need to prolong the... You know, there are… so much things can be done when there is a political will. And, on that matter, the leadership of the Government, of the National Assembly and its collaborative capacity sometimes is tantamount to… it is necessary to its success. So Manon Massé is just saying that why are we waiting so long? Why aren't we able to be as determined and fast-paced than Ottawa on those issues?

Mme Fletcher (Raquel) : So there is not a concern that Mme Vallée will not adopt your bill and present something else? Is that a concern if she does that?

M. Khadir : That is not a concern. What is important for us is that the issue gets evolved and the Government handles the issue appropriately. If they want to call our bill so much better, I think that will be a sign of, how do you say it, of «magnanimité», a magnanimous attitude that I would like every government… and, as Québec solidaire as government, we will do that. But otherwise, if Mme Vallée wants to have the whole credit, it doesn't matter. What is important are the gender issues at stake, and people are waiting for it.

Des voix : Merci.

(Fin à 15 h 45)

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