(Neuf heures trente-deux minutes)
Mme Richard : Bonjour. Ce
matin, je suis en présence de mon collègue Gaétan Lelièvre, député de Gaspé,
critique pour l'opposition officielle en matière de développement des régions.
Gaétan aussi connaît beaucoup le monde municipal, connaît beaucoup les petites
localités. Cet après-midi, nous devrons adopter une loi spéciale, le projet de
loi n° 111, pour faire en sorte que le service maritime puisse reprendre
pour desservir de façon adéquate la Basse-Côte-Nord et l'île Anticosti. Il faut
savoir que la desserte maritime pour la Basse-Côte-Nord, c'est un service
essentiel. Présentement, il y a un conflit de travail entre les employés de
Relais Nordik, et ça fait en sorte que, malheureusement, les négociations n'ont
pas abouti, et lundi... mais, écoutez, à partir de minuit lundi soir, le droit de
grève pouvait être effectif.
Et je dois admettre que je crois, je crois aux
négociations et je crois toujours que le droit de grève, c'est un droit
fondamental. Mais, maintenant que je vous ai dit ça, il faut comprendre que,
dès lundi, tous les élus de la Basse-Côte, y compris les deux chefs autochtones
et le maire de l'île Anticosti, nous étions tous ensemble en conférence
téléphonique, et ceux-ci réclamaient autant l'appui de la députée de Duplessis,
réclamaient de la part du gouvernement, d'un peu tout le monde, là... c'est
comme : Écoutez-nous, on a besoin de vous, il faut régler cette situation
dans les plus brefs délais.
Parce que ce qu'il faut comprendre, c'est
que le Tribunal administratif, il faut respecter son jugement, mais je peux
vous dire qu'il a fait beaucoup jaser chez nous parce que le fait de ne pas
transporter les personnes fait en sorte que ces gens-là sont complètement
isolés.
Et, dans un autre dossier il n'y a pas si
longtemps, la Société des traversiers du Québec, il y a eu une grève. Et je
vous donne un exemple, on prend la traverse de Tadoussac—Baie-Sainte-Catherine,
on avait juste diminué la fréquence des traverses, mais, si on avait dit :
Les personnes qui veulent prendre le traversier pour voyager juste d'une rive à
l'autre, bien, vous avez des options, là, vous pouvez passer par la Rive-Sud,
vous pouvez passer par Chicoutimi; si vous n'avez pas un papier du médecin pour
un rendez-vous médical, vous n'embarquez pas, je pense qu'on aurait eu un
tollé. Imaginez-vous aussi, demain matin, la traverse Québec-Lévis, les passagers
ne peuvent pas circuler, je pense que ce serait à la une de tous les
quotidiens. On aurait ça non-stop aux nouvelles à chaque soir. Ce qui se passe,
maintenant, là, c'est qu'on a une population, en Basse-Côte-Nord, qui est
complètement isolée. La desserte maritime, c'est un service essentiel en soi.
Et là on a dû faire avec le jugement du Tribunal administratif.
Donc, la seule option pour faire en sorte
de régler cette situation, c'est une loi spéciale, c'est une loi spéciale. Oui,
cette loi spéciale, dès lundi, elle planait autant sur la tête du syndicat que
sur la partie patronale. On voulait, oui, que ça négocie le plus rapidement
possible. Écoutez, ça faisait depuis le mois de février qu'il n'y avait plus
aucune négociation. On a tous été pris par surprise en entendant cette
nouvelle-là qu'il y avait possibilité de grève. On le savait, ce que ça pouvait
impliquer. Malheureusement, écoutez, on aurait dû adopter cette loi hier.
Québec solidaire, Québec solidaire, qui se
dit le parti du pauvre monde, le parti du peuple, écoutez, il fait en sorte
qu'un conflit de travail prend toute une population en otage. Québec solidaire,
à des fins partisanes, en voulant faire un show de boucane — c'est
exactement ça — fait en sorte de ralentir le processus puis après
pour dire : Bien, écoutez, c'est nous, c'est nous qui avons à cause le
monde syndical, c'est nous qui faisons réellement notre travail. Je dénonce ça
ce matin.
Je suis une ancienne syndicaliste, je
crois au mouvement syndical, je crois à la négociation, je crois au droit de
grève, mais je suis aussi députée de Duplessis, j'ai une responsabilité envers
les gens de la Basse-Côte-Nord, et on ne peut pas dire : C'est leur mode
de vie, puis qu'ils s'organisent ainsi, puis ce n'est pas grave. Oui, c'est
grave. Oui, c'est grave.
Et je n'en reviens pas qu'un parti qui se
dit près du peuple de faire tout en sorte pour ralentir le processus
parlementaire pour adopter le projet de loi n° 111. Et ça, là, ça veut
dire que c'est une méconnaissance totale de la réalité de la Basse-Côte-Nord et
l'île Anticosti. Demandez aux gens de l'île Anticosti, là, allez demander au
maire qu'est-ce qu'il en pense, allez demander aux chefs autochtones de Saint-Augustin
puis de La Romaine, qui ont peur pour leur population... Parce que c'est
la fin des classes, et, oui, les jeunes, ils vont étudier à l'extérieur puis
ils veulent retourner chez eux. Qu'est-ce qu'ils vont faire? Ils vont prendre
une petite chaloupe puis ils vont traverser d'une rive à l'autre, malgré les
intempéries. Ça, on dit : C'est leur mode de vie. Puis je suis vraiment
extrêmement déçue de Québec solidaire, vraiment très déçue.
Puis ce que je veux vous dire aussi ce
matin, c'est que, pour la suite… On n'a pas d'autre choix d'adopter cette loi
spéciale, mais, pour la suite, il faudra faire en sorte que les gens de la
Basse-Côte puissent s'asseoir avec la Société des traversiers du Québec, avec
Relais Nordik, avec le monde syndical, parce qu'il y a beaucoup d'associations
syndicales chez Relais Nordik. Et on ne peut pas, on ne peut pas, au nom de la
liberté syndicale, prendre une population en otage. On ne fait pas juste la
priver d'un certain service. Au niveau de l'économie, avez-vous pensé à ça, là,
des pêcheurs qui ne peuvent pas sortir leurs marchandises? C'est l'économie,
ça, c'est l'économie d'Harrington Harbour.
Imaginez-vous ça à Montréal, imaginez-vous
ça à Québec. Ça ne se passerait pas comme ça, hein? Ça ne se passerait pas
comme ça. C'est ça qui se passe. Au niveau touristique, pensez-vous que... les
gens, ils se disent : Bien, il va peut-être y avoir une grève, on annule.
On annule parce qu'on ne le sait pas. Les gens de la Basse-Côte, je les
représente fièrement à l'Assemblée nationale et je connais leurs difficultés, à
l'île Anticosti aussi. On ne retrouve ça nulle part ailleurs, les spécificités
de l'île Anticosti et de la Basse-Côte-Nord.
Ça fait que, Québec solidaire, s'il vous
plaît, arrêtez de faire de la petite politique avec ça, puis vous croire
au-dessus de tout, puis de dire que vous défendez le pauvre monde parce que le
pauvre monde, il vit aussi en Basse-Côte puis à l'île Anticosti puis il a
besoin de vous. Puis je me considère aussi une personne qui défend le monde
syndical puis qui veut des meilleures conditions de travail, mais on fait face
à une situation exceptionnelle, puis à un moment donné il faut prendre ses
responsabilités. Et je suis vraiment, vraiment fâchée ce matin de voir qu'on se
croit au-dessus de tout puis qu'on ralentit un processus juste pour, après,
montrer qu'on se soucie des gens. On a une population qui est prise en otage
avec un conflit de travail. Donc, je souhaite que Québec solidaire accélère le
processus cet après-midi. Merci.
Je vais laisser la parole à Gaétan, que je
le sais qu'il comprend la situation, parce qu'il faut savoir que ce n'est pas
notre ADN, nous, au Parti québécois, là, les lois spéciales, hein? Ça fait que
ce n'est pas facile parce qu'on croit au droit de négocier, mais je pense
qu'entre autres Gaétan puis les autres collègues ont compris la situation des
gens de la Basse-Côte, et on n'a pas le choix, on n'a pas d'autre mesure.
M. Lelièvre : Bien, je pense
qu'il n'y a pas grand-chose à ajouter sinon que Lorraine a fait un portrait
extrêmement complet de la situation. Puis ce qui ressort ce matin, encore là, comme
tu l'as mentionné, Lorraine, c'est une méconnaissance de la réalité des
régions. Mais là on parle vraiment d'un cas d'enclavement sur une population, c'est
une économie qui est menacée, puis on sait que la loi doit être adoptée. Puis,
comme on l'a mentionné, au Parti québécois, on croit en la démocratie, on croit
à la libre négociation, mais à un moment donné on doit prioriser quand la
santé, l'économie d'une région puis le développement de cette région-là est
menacé. C'est le cas présentement. Donc, on déplore énormément l'attitude de Québec
solidaire dans ce dossier-là et on invite cette formation politique là à
prendre acte de la réalité qui se passe sur le terrain dans la Basse-Côte-Nord,
et de réviser le plus rapidement leur stratégie, et se mettre à la table avec
les autres partis pour faire en sorte que la loi soit adoptée pour donner aux
gens de la Basse-Côte-Nord un service minimum qu'ils ont droit. Merci.
Mme Richard : Merci.
(Fin à 9 h 41)