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Point de presse de M. Sylvain Gaudreault, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’environnement et de lutte contre les changements climatiques, et Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques

Version finale

Thursday, November 24, 2016, 9 h 48

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures quarante-neuf minutes)

M. Gaudreault : Alors, bonjour et merci beaucoup d'être ici. Mais je veux surtout remercier les citoyens du groupe Stop Oléoduc Outaouais qui sont ici : M. Réal Lalande, M. Gilles Aubé et madame...

Mme Guyon (Anne-Céline) : Anne-Céline Guyon.

M. Gaudreault : ...Anne-Céline Guyon. Merci beaucoup d'être ici. Ils se sont déplacés de l'Outaouais.

Écoutez, aujourd'hui, ces gens représentent... et je suis heureux aussi d'être, évidemment, avec Manon, députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, qui est avec moi, parce qu'ensemble nous saluons le fait que l'Outaouais et les citoyens de l'Outaouais se lèvent également contre le projet Énergie Est.

On va déposer aujourd'hui, via Mathieu Traversy, député de Terrebonne, une pétition de 12 000 noms récoltés en trois mois pour s'opposer contre le pipeline. Je vais laisser M. Lalande, tout à l'heure, expliquer davantage les trois demandes de cette pétition, mais moi, je veux juste rappeler une chose qui est extrêmement importante et que le gouvernement a oubliée depuis deux ans, parce que ça avait été adopté dans une motion unanime à l'Assemblée nationale, à l'effet de tenir compte des émissions de gaz à effet de serre produits par l'extraction du pétrole des sables bitumineux qui serait envoyé dans le pipeline. Alors, ça, ce n'est toujours pas fait.

Deuxièment, c'est également de réaffirmer le droit inaliénable du Québec d'affirmer sa souveraineté environnementale sur le territoire du Québec. Et ça, les gens qui sont ici, par la pétition qu'ils déposent, l'affirment également que seul et seulement le Québec peut décider de ce qui se passe sur son territoire et de ce qui risque d'affecter des sources d'eau potable, entre autres par la rivière Rideau, qui alimente cette grande région de l'Outaouais et qui, en plus, en aval, avec la rivière des Outaouais, alimente également la grande région de Montréal.

Donc, je termine, avant de laisser la parole à Manon et ensuite à M. Lalande, pour vous dire que je ne comprends pas que cette région de l'Outaouais compte cinq députés libéraux et qu'ils ne défendent pas, ces cinq députés, les préoccupations des citoyens quant à leur santé — on a un médecin, d'ailleurs, avec nous aujourd'hui — quant à leur santé, et l'accès à l'eau potable, et la sécurité de cet accès à l'eau potable pour leurs populations. Alors, on a des députés libéraux en Outaouais qui préfèrent faire valoir la position ambiguë de leur gouvernement sur la question de l'oléoduc au lieu de défendre les intérêts de leurs populations. Merci. Manon.

Mme Massé : Oui. Merci. Alors, bonjour, tout le monde. Merci de m'avoir invitée, comme vous m'aviez invitée à aller marcher avec vous au moment de la marche, parce que vous devez savoir aussi que ces gens-là ont fait un travail extraordinaire d'éducation politique, d'éducation populaire auprès de leurs concitoyens. Le 12 000 signatures ne s'est pas ramassé par hasard, c'est parce que, pendant plusieurs journées, ils ont et elles ont marché, elles ont traversé l'ensemble de l'Outaouais pour faire de la conscientisation sur les impacts de l'arrivée du pipeline d'Énergie Est.

Alors, une région de plus, des municipalités de plus qui ont joint leur voix à d'autres de l'ensemble du Québec qui disent au gouvernement provincial, qui disent au gouvernement fédéral, qui disent à TransCanada : Énergie Est, nous n'en voulons pas. Et ça, c'est important que ce message-là soit entendu parce que, lorsqu'on parle d'acceptabilité sociale, ça ne peut pas être : On va vous le passer dans la gorge. Ça ne peut pas être ça, l'acceptabilité sociale. Et TransCanada doit aussi se mettre à l'écoute de ces gens-là.

Une des choses que je me rappelle, et je suis très fière des citoyens dans ce sens-là, c'est lorsque je suis allée à leur dernière journée de marche, la mairesse adjointe recevait la demande des citoyens que le conseil de Hull prenne position sur la question du pipeline d'Énergie Est. Et aujourd'hui on entend, par leur travail acharné, par leur présence auprès de leurs élus locaux, que la cité de Hull, que la municipalité de Hull joint sa voix aux autres municipalités.

Je terminerais en disant que ce qui me frappe dans le projet d'Énergie Est, c'est qu'on a beau avoir une opposition majeure, Sylvain le disait, on est dans une région exclusive où cinq députés libéraux sont là, et qu'on n'a pas ce Stop Oléoduc que les citoyens leur demandent. C'est hallucinant, et je vous dirais que j'ai le sentiment qu'on vit exactement la même chose sur le projet de loi n° 106 qui, avec son volet sur les hydrocarbures, ne reçoit pas l'acceptabilité sociale, et pourtant ce gouvernement-là continue d'aller de l'avant.

Alors, bravo aux citoyens et citoyennes, et je vais être bien heureuse de voir ces 12 000 signatures déposées.

M. Lalande (Réal) : Alors, voilà, notre pétition a été lancée au mois d'août dernier, alors que le processus de consultations publiques, qu'il s'agisse des consultations de l'ONE au niveau fédéral ou celles du BAPE au niveau provincial, devaient avoir lieu cet automne. Depuis, le calendrier a été chamboulé car on a réussi à démontrer la non-crédibilité d'un processus d'évaluation fédéral entaché de scandales dont les commissaires eux-mêmes ont dû se récuser suite à une rencontre illégale avec l'ancien premier ministre Jean Charest.

Rappelons aussi que le gouvernement provincial tient un BAPE afin de pouvoir lui-même représenter le Québec devant l'ONE. Or, le processus fédéral étant suspendu, rien n'oblige le provincial à tenir un BAPE rapidement. Au contraire, il doit prendre ce temps qui lui est imparti pour faire une étude objective et complète de l'étude d'impact déposée par TransCanada. Il doit exiger de cette compagnie qu'elle réponde à l'ensemble des questions que se pose la population. Le Centre québécois du droit en environnement a ainsi rédigé un document inventoriant plus de 800 questions qui n'ont pas encore été répondues à ce jour. Sans ces réponses, le gouvernement Couillard ne peut pas accepter l'étude d'impact de TransCanada, selon nous.

Donc, 12 000 Québécois ont été au rendez-vous pour appuyer la pétition initiée par Stop Oléoduc Outaouais, lors de notre marche le long de la rivière des Outaouais, pour la protection de nos rivières, 14 au 20 août dernier. Selon nous, ce résultat démontre clairement que le projet d'oléoduc Énergie Est ne correspond pas aux aspirations des citoyens de l'Outaouais et des Québécois des autres régions.

Avec le dépôt de la pétition aujourd'hui, nous demandons au gouvernement du Québec : un, que le BAPE sur le projet de pipeline Énergie Est, s'il doit reprendre, puisse répondre aux très nombreuses questions déjà soulevées par les citoyens et que son mandat soit élargi de façon à inclure une évaluation globale de l'impact du projet sur les gaz à effet de serre; deux, que le gouvernement québécois affirme son droit d'approuver ou de rejeter ce projet; trois, qu'il accepte l'effort requis par son gouvernement pour accomplir une véritable transition énergétique le plus tôt possible.

Notre comité citoyen, Stop Oléoduc Outaouais, en collaboration avec d'autres comités citoyens à travers le Québec, est engagé à continuer à sensibiliser la population et les décideurs au niveau municipal de l'Outaouais sur cet enjeu tant et aussi longtemps que le projet n'aura pas été abandonné définitivement. Nous continuons à militer pour la protection de nos rivières et la protection du climat. Selon nous, il y a urgence, et c'est la qualité de vie de la population actuelle et des prochaines générations qui est en jeu.

Finalement, l'acceptabilité sociale n'est pas au rendez-vous pour le projet d'oléoduc Énergie Est. Au niveau du gouvernement du Canada, M. Trudeau nous a dit qu'il allait tenir compte de l'acceptabilité sociale avant de se prononcer sur le projet Énergie Est. Nous avons fait nos devoirs pour lui démontrer qu'elle n'est pas au rendez-vous. Est-ce que M. Trudeau tiendra sa parole maintenant? Voilà.

Mme Crête (Mylène) : Moi, j'ai une question pour Mme Massé. Je me demandais, est-ce que vous craignez... c'est sur un autre sujet. Est-ce que vous craignez les tergiversations...

Mme Massé : Bien, est-ce qu'on peut aller sur le sujet, par respect aux citoyens? Puis après, je prendrai votre question, s'il n'y a pas…

Mme Crête (Mylène) : D'accord. Je ne voulais juste pas que vous ayez à vous en aller à la période de questions.

Mme Massé : Oui. Ah! bien, parfait. Je vous jure que je ne me pousserai pas.

Mme Crête (Mylène) : Bon, bien, d'accord. Par rapport au projet, là, Énergie Est, on entend beaucoup, là, que le gouvernement fédéral doit diversifier son économie aussi, là, surtout avec l'élection de Donald Trump aux États-Unis. Est-ce que vous êtes vraiment contre à 100 % ce projet-là ou… C'est quand même des considérations économiques importantes, là.

M. Lalande (Réal) : Il y a sûrement des considérations économiques importantes. On est d'accord à ce que le gouvernement diversifie son économie hors des hydrocarbures, vers des énergies vertes, vers des énergies renouvelables.

Donc, notre opposition, c'est vraiment contre la progression de l'exploitation du pétrole extrême, on peut dire, du pétrole non conventionnel des sables bitumineux, et c'est pour ça qu'on voit tous ces pipelines, que ça soit à l'Est, à l'Ouest ou au Sud. C'est vraiment pour favoriser une exportation accrue, et on croit que ça, ça ne permettra jamais au Canada d'atteindre les objectifs qu'il s'est fixés à Paris. On ne peut pas aller à la fois dans une transition vers des énergies vertes et continuer à faire des pipelines vers le Pacifique, vers l'Atlantique, vers les États-Unis.

Mme Crête (Mylène) : Puis, soit M. Gaudreault ou Mme Massé, là, sur le mouvement citoyen, là, les pétitions que vous déposez à l'Assemblée nationale, il est de quelle ampleur présentement, selon vous, là?

M. Gaudreault : Bien, il est important. Ça dépend ce que vous entendez par «citoyen». Effectivement, il y a des citoyens qui s'opposent. On a un bel exemple aujourd'hui avec 12 000 signataires, quand même, dans une période relativement courte, trois mois. Mais c'est plus que ça. Il y a également des municipalités qui ont pris des résolutions contre. Alors, si le pouvoir des municipalités veut dire encore quelque chose aujourd'hui, il faut les écouter. Puis la dernière en lice, là, ce n'est pas rien, c'est Gatineau, qui a pris une position contre. La CMM, 82 municipalités, incluant Montréal, a pris position. Une série de petites municipalités dans Lanaudière, petites et moyennes municipalités, ont pris également des positions contre, avec des présences de citoyens dans les assemblées publiques des conseils municipaux.

Alors, c'est une voix forte qui s'exprime, et nous, on pense que le gouvernement du Québec devrait clairement prendre position contre. Et je répète qu'on ne comprend pas le silence des cinq députés libéraux en Outaouais.

Mme Massé : J'ajouterais, si tu permets, Sylvain… parce qu'il y a aussi plusieurs Premières Nations, dont c'est leur territoire, qui n'ont pas été consultées et qui ont maintenant dit non radicalement à ça, et j'entends, là, les leaders, j'entends les conseils de bande, etc., et, bien sûr, le mouvement syndical, le mouvement citoyen. Alors, c'est un vaste mouvement.

Mme Crête (Mylène) : Est-ce que vous me permettez de vous poser ma question sur…

Des voix : ...

Mme Crête (Mylène) : Bien là, non, il n'y a pas de problème, là. Je ne veux pas... Je comprends tout à fait. Alors, je voulais savoir si les tergiversations de M. Lisée au niveau des questions d'identité, là, est-ce que ça peut nuire à la convergence entre le PQ et Québec solidaire?

Mme Massé : Bien, d'une part, là, on a appris, comme tout le monde, qu'il y a quelque chose qui allait être annoncé ce matin, alors on va écouter ça avec attention.

Je pense que j'ai moins envie de vous parler de leurs tergiversations que de notre cohérence et de notre constance depuis 10 ans. C'est-à-dire que, pour Québec solidaire, le Québec ne peut pas se construire en dehors de l'ensemble de la diversité qui le représente, et ça veut dire avec les gens qui nous viennent de partout et avec les gens qui étaient là pour nous accueillir, c'est-à-dire les Premières Nations.

Alors, pour nous, cette posture, ce besoin de créer le Québec avec tout le monde, c'est quelque chose qui est assumé, non négociable, et il va falloir, pour l'avenir des choses, pour l'avenir du Québec, que les Québécois et Québécoises aient enfin un projet qui les rassemble et non pas qui les divise.

Mme Crête (Mylène) : Mais justement, tu sais, à Québec solidaire, ces positions-là sont bien affirmées, bien connues. Là, les membres ont voté pour qu'il y ait, en tout cas, des efforts de convergence avec le Parti québécois. Donc, le fait qu'au Parti québécois ces positions-là soient moins affirmées, moins claires, ça, ça peut nuire à ces efforts-là?

Mme Massé : Oui. Juste pour bien recadrer la décision — moi, j'étais là — recadrer la décision qui a été prise en fin de semaine, ce n'est pas pour faire convergence avec le Parti québécois, ça. Ça, c'est ce que les gens laissent planer sur la place publique.

Le mandat que les membres nous ont donné, c'est de faire en sorte que ce que nous portons comme projet de société, que ce changement radical, que ce changement profond — voilà le mot que je cherchais — de faire en sorte que ce changement profond que souhaitent plusieurs Québécois et Québécoises face à comment les choses se passent au gouvernement du Québec, que ce changement-là, on puisse rassembler les gens autour de ça.

Et c'est pour ça qu'on dit : Bien sûr qu'on va parler avec tout le monde. Notre travail à nous, comme Québec solidaire, c'est de s'assurer que la population sache qu'il y a des gens qui sont dans les mouvements sociaux, qui sont dans les mouvements syndicaux, qui sont dans les mouvements de petites entreprises, il y a des gens au Québec qui pensent que le temps des anciens partis et des anciennes institutions doit s'arrêter, et je pense que, nous, à Québec solidaire, on est en mesure de rassembler.

Alors donc, si le Parti québécois se sent interpellé par ça, bien sûr que nous allons parler avec lui, comme avec tout le monde qui se sent interpellé par ce besoin de changement radical là.

Mme Crête (Mylène) : Vous parliez d'indépendance, quand vous dites «projet», ou de battre le gouvernement Couillard aux prochaines élections? Je n'étais pas certaine d'avoir saisi.

Mme Massé : En fait, nous, ce qu'on dit, c'est que les gouvernements qui sont… le gouvernement, pardon, qui est là présentement, est un gouvernement qui fait mal au peuple québécois. C'est des décisions qui sont prises qui font mal au peuple québécois. Et il n'est pas exclusif. Il y a eu d'autres gouvernements antérieurs qui ont aussi fait mal au peuple québécois.

Nous, là où on veut rassembler, c'est de battre ces gouvernements-là qui font en sorte que l'injustice sociale en 2016 est encore là, qui fait en sorte que les personnes, les nouveaux arrivants ou les personnes racisées qui sont là depuis 400 ans sont encore victimes de racisme systémique, pour faire en sorte que les peuples des Premières Nations sentent que le Québec ne se construit pas à côté d'eux, mais se construit avec eux et elles. C'est là, nous, que nos membres nous ont demandé d'aller réfléchir. Et, dans ce sens-là, si le Parti québécois veut réfléchir aussi avec nous là-dessus, c'est bienvenu. Mais on ne va pas se mettre à réfléchir sincèrement à se dire : On va-tu additionner nos votes avec leurs votes? Ce n'est pas ça, là. Ce que le Québec a besoin, c'est d'un changement radical.

M. Lecavalier (Charles) : Oui. Bien, dernière petite question, Mme Massé.

Mme Massé : Oui, juste une, parce que j'ai des responsabilités.

M. Lecavalier (Charles) : Oui, très rapidement. Rapidement. Quand vous regardez, par exemple, ce que le gouvernement Marois a fait lorsqu'il était au pouvoir, entre autres à Anticosti, vous n'avez pas l'impression que c'est un peu blanc bonnet, bonnet blanc avec les libéraux?

Mme Massé : Vous mettez le doigt sur quelque chose de spécifique, ce qui est la question environnementale. Pour les membres de Québec solidaire, c'est un incontournable. Le projet du Québec d'aujourd'hui ne peut pas être un projet qui maintient le Québec dans une économie du XIXe siècle, du XXe siècle. Alors, ça fait mal. Anticosti fait mal.

Et je vois tout votre intérêt, et je pense que je vais revenir en «hot room» après la Chambre, parce que je dois aller en Chambre. Donc, c'est-u bon comme ça? Je suis désolée, parce que je dois aussi être en Chambre. Je ne réfute pas, là, je joue la game depuis tantôt, mais malheureusement j'ai aussi d'autres responsabilités. Vous savez qu'à trois députés, il faut être partout en même temps. Mais on se donne rendez-vous après la période de questions. C'est bon? Merci beaucoup.

(Fin à 10 h 6)

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