(Onze heures vingt minutes)
M. Lisée
: Alors,
qu'est-ce qu'on sait avec certitude sur un système de financement illégal
organisé par les libéraux sous l'administration de Jean Charest? Qu'est-ce
qu'on sait avec certitude? On sait avec certitude que, pour l'unité permanente
de lutte contre la corruption, leur document de travail, c'est celui-ci, et,
dans ce document de travail, on voit les liens qui lient le bureau du premier
ministre, son principal collecteur de fonds, des ministres, des organisations
corporatives, de génie.
Il y a un certain nombre de noms qui sont
cloutés, mais ça, on sait que l'UPAC travaille sur la démonstration que ce
réseau de financement illégal contre des contrats existait. On sait déjà qu'ils
ont identifié, non seulement l'UPAC, mais la direction des poursuites criminelles,
et civiles, et pénales, ont identifié des membres de ce réseau lorsqu'ils ont
mis en accusation la vice-première ministre Nathalie Normandeau,
Bruno Lortie et un certain nombre d'autres personnes, dont
l'incontournable Marc-Yvan Côté. Ils ont dit, dans les chefs d'accusation,
qu'il s'agit d'un acte criminel, corruption d'un membre d'une législature,
fraude envers le gouvernement pour souscrire à une caisse électorale pour
l'obtention ou la rétention d'un contrat, abus de confiance et fraude. Ça, ce
sont les chefs d'accusation déposés par le DPCP contre Mme Normandeau, vice-première
ministre.
Ce que disait Robert Lafrenière, hein, le
commissaire de l'UPAC, c'est que ces personnes sont soupçonnées d'être
impliquées dans des stratagèmes criminels reliant à la fois des activités
frauduleuses de financement politique et l'obtention indue de subventions gouvernementales
ou de contrats publics qui mettent en péril le principe même de la démocratie
et de la bonne gestion des biens communs.
Alors, imaginez-vous, ça, c'est tout ce
qu'on sait avec certitude. On sait aussi avec certitude que l'ancien président
du Parti libéral du Québec, Robert Benoit, a déclaré qu'il avait été
personnellement confessé, disait-il, par Marc Bibeau et que c'était le cas pour
tous les autres députés du Parti libéral du Québec à l'époque, en 2003, et
qu'il se faisait demander, et je le cite, Marc Bibeau lui disait : Tu
connais du monde, tu es en affaires. Si tu veux te présenter à la prochaine
élection, il faut que tu ramasses de l'argent. Et là Benoit lui dit :
«Bien, vous êtes mal informé, je ne me présente pas. Ça tombe mal.» Et là
Bibeau dit : Bien oui, mais, si tu veux qu'on te nomme en quelque
part — sous-entendu — ça prend de l'argent aussi.
Alors, ça, là, ce n'est pas en débat, les
éléments dont je viens de vous parler. Ce qui est en débat, c'est le haut de la
pyramide. Et on a maintenant la preuve que l'UPAC a travaillé jusqu'en 2016,
l'an dernier, à essayer de faire une démonstration qu'en haut de la pyramide il
y avait Jean Charest et Marc Bibeau. Et ils essaient de voir que, bien, Mme
Normandeau n'a pas travaillé toute seule, M. Côté n'a pas travaillé tout seul,
les firmes d'ingénierie n'ont pas travaillé toutes seules. Il y avait une tête
à ce réseau.
Alors, aujourd'hui, où en sommes-nous?
Bien, nous en sommes à être extrêmement frustrés que ça n'a jamais l'air
d'aboutir. M. Charest et M. Bibeau n'ont pas été entendus, ni publiquement ni
privément, à la commission Charbonneau. On se demande tous pourquoi. On s'est
dit : Bien, c'est parce que l'enquête devrait se poursuivre. Pour
l'instant, nous n'avons aucune indication que M. Bibeau ou M. Charest ont été
même entendus dans le cadre de l'enquête. Et depuis un certain temps se pose la
question de l'immunité libérale dans notre système de justice. L'immunité
libérale, est-ce que ça existe? Est-ce qu'il y a des influences? Est-ce qu'il y
a des pressions? Est-ce qu'il y a des nominations? Est-ce qu'il y a un système
qui fait en sorte que la plus grande enquête de corruption de l'histoire
politique du Québec n'arrive jamais à aboutir à la tête du réseau?
La question se pose d'autant plus que, lorsqu'on
demande au premier ministre actuel, Philippe Couillard, de faire la lumière sur
les indices qui apparaissent, il ne veut jamais faire la lumière. Alors, je
vous donne des exemples. On lui a demandé récemment, parce qu'on a eu accès à
un affidavit sous serment, d'un enquêteur, Patrick Duclos, de la Sûreté du
Québec, selon lequel il existait un principe d'immunité pour les politiciens
qui faisait qu'on devait demander une autorisation supplémentaire d'entendre
les libéraux pour continuer l'enquête.
J'ai demandé au premier ministre :
C'est très grave si ça existe. Alors, il faudrait entendre M. Duclos, ses
supérieurs, en commission parlementaire pour savoir, si ça existe, comment ça
existe. Il a dit non. Il refuse de faire la lumière là-dessus.
On a demandé d'entendre le DPCP et l'UPAC
en commission parlementaire pour qu'ils nous disent ce qu'ils peuvent nous
dire. Notamment, on veut demander : Avez-vous suffisamment de ressources?
Qu'est-ce qui bloque? Le premier ministre refuse notre demande de les entendre.
On s'est dit : C'est peut-être un
problème d'indépendance. On a proposé que le commissaire de l'UPAC soit nommé
aux deux tiers de l'Assemblée nationale et soit indépendant de la Sûreté du
Québec. Le premier ministre Couillard refuse.
Et donc la question qui est posée
aujourd'hui, c'est : Non seulement y a-t-il immunité libérale, mais
pourquoi est-ce que le premier ministre Couillard refuse de faire toute la
lumière sur les indices qui pourraient démontrer qu'il y a immunité libérale et
qui pourraient nous permettre, comme législateurs, d'empêcher qu'il y ait
immunité libérale.
Parce que vous savez que, nous, on pense
que toute cette question des reproches éthiques à répétition de ce fantôme de
Jean Charest qui plane sur le gouvernement libéral actuel, de la présence de
Marc-Yvan Côté, même dans les campagnes au leadership de M. Couillard, du fait
qu'on arrive jamais à distinguer entre le passé et le présent au Parti libéral,
il n'y a qu'un remède, c'est qu'il ne soit plus au pouvoir.
Mais en attendant, puis il y a encore
16 mois à passer, est-ce que le premier ministre pourrait au moins
contribuer à faire la lumière et arrêter de nuire à la transparence dans un
dossier qui va au cœur de l'intégrité de nos institutions?
Le Modérateur
: Merci
beaucoup, M. Lisée. On va y aller aux questions. Merci d'avoir une question,
une sous-question. Micro de droite, M. Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) :
Messieurs, bonjour. Que Robert Poëti, l'ancien policier, ancien ministre,
député de Marguerite-Bourgeoys, vient de dire que l'enquête est possiblement
compromise avec les révélations, qu'en pensez-vous?
M. Lisée
: Pourquoi
pensez-vous que, pendant toutes ces années, des journalistes ont des informations
comme hier? C'est généralement parce que les enquêteurs sont mécontents du fait
que, malgré leur travail d'enquête, il n'y a pas d'accusations de déposées.
Alors, c'est parce que les enquêteurs estiment que les preuves qu'ils
accumulent ne débouchent pas sur accusations. Alors, oui, Pascal?
M.
Bérubé
: Ce
n'est pas la première fois. L'an dernier, plusieurs d'entre vous ont été contactés
par un dénommé Pierre qui contactait plusieurs journalistes de la colline Parlementaire
avec des informations concernant l'affaire Normandeau-Côté, et là ça revient à
nouveau. Alors, il y a des informations, manifestement, qui circulent. Et quant
à la conduite des enquêtes, là, on ne sait pas si elle est opérante ou pas,
mais on a une assurance, c'est qu'il y a eu une enquête, à telle enseigne ou tellement
importante qu'on a même surveillé les allées et venues d'un premier ministre. Et
là, pour l'institution du premier ministre, pour nos institutions, on a une
inquiétude qui est réelle.
Alors, ce n'est pas d'hier qu'on entend ce
genre de choses. La nouveauté, c'est que là on voit des documents puis on voit
des choses très sérieuses qui impliquent l'institution du premier ministre. Et
là où il y a un problème, c'est que M. le premier ministre Charest peut bien
avoir les amitiés qu'il veut, mais, lorsque cette proximité-là se joue notamment
à travers le financement des partis politiques et des graves allégations sur
des nominations et des retours d'ascenseurs, je pense qu'on est en droit de
poser les questions qui s'imposent.
M. Laforest (Alain) : En quelques
mots, qu'est-ce que vous réclamez du gouvernement?
M. Lisée
: On réclame
du gouvernement qu'il accepte de faire la lumière. D'abord, qu'il accepte de
voir qu'en commission parlementaire on puisse interroger le DPCP, l'UPAC, M.
Duclos, Patrick Duclos, qui parle de l'existence d'une immunité pour les politiciens
sous les libéraux. On veut pouvoir poser des questions. Puisque personne ne
semble avoir le droit de poser des questions à Marc Bibeau et à Jean Charest,
bien, nous, on aimerait les avoir en commission parlementaire, leur faire
prêter serment et poser les questions que les Québécois veulent poser depuis
des années.
Le Modérateur
: Merci.
M. Gagnon, micro de gauche.
M. Gagnon (Marc-André) :
Bonjour. Donc, M. Lisée, vous faites un lien direct entre cette enquête-là,
qu'elle soit encore ouverte ou non, et les accusations qui ont été déposées il
y a un an envers Mme Normandeau et M. Côté.
M. Lisée
: Oui. Bien, écoutez,
c'est clair que ce n'est pas Nathalie Normandeau qui a organisé ce système-là.
Si la vice-première ministre est accusée d'avoir participé à un système de
corruption criminelle pour dévoyer des fonds publics, elle n'a pas inventé ce
système-là, elle ne l'a pas dirigé seule, et le fait que l'UPAC essaie d'avoir
des preuves sur M., Bibeau et M. Charest montre bien qu'ils cherchent qui
étaient les patrons de Mme Normandeau.
M. Laforest (Alain) : Donc,
selon vous, MM. Charest et Bibeau mériteraient d'être accusés au même titre que
Mme Normandeau.
M. Lisée
: Je pense que
l'UPAC essaie de faire cette démonstration, et c'est pourquoi l'enquête est en
cours, et je pense que l'UPAC fait le même raisonnement que nous. Ce n'est pas
Mme Normandeau qui a organisé ce système de corruption dont elle est accusée.
Il doit y avoir quelqu'un qui l'a fait avant elle et au-dessus d'elle.
M. Gagnon (Marc-André) : M.
Bérubé...
Le Modérateur
: Merci.
On va y aller avec Mme Sioui après.
M. Gagnon (Marc-André) : Oui,
juste avant, M. Bérubé, vous avez parlé de cette personne qui a contacté des journalistes
l'an dernier, Pierr Il y en a qui se demandaient si ce n'était pas pour faire
dérailler l'enquête que cette personne-là avait contacté des journalistes, là.
Je veux être certain de bien comprendre.
Est-ce que vous pensez aujourd'hui qu'il y
a eu des fuites de documents concernant M. Charest et M. Bibeau dans l'objectif
de faire dérailler l'enquête qui les concernait, qui les visait?
M.
Bérubé
: On
se questionne moins sur l'intention que sur la véracité des faits, et, à la
nature même, là, des dossiers qu'on peut consulter dans Le Journal de
Montréal et dans LeJournal de Québec, c'est sérieux. Donc,
il y a véritablement une enquête, il y a des documents.
Quant aux intentions, on ne les connaît
pas. Quant à la conduite de l'enquête, on ne connaît pas l'état d'avancement à
l'UPAC, mais, dans le cas de Pierre, l'an dernier, qui a contacté notamment
Louis Lacroix et certains d'entre vous, il y avait manifestement de
l'information importante qui était entre les mains de cette personne, qu'elle a
fait circuler, et régulièrement, régulièrement depuis des années, des
informations, on en reçoit de toutes parts, mais ce qui est arrivé hier, c'est
une démonstration assez éloquente que là, au plus haut niveau, qu'un premier
ministre du Québec en exercice, avec le financier principal de son parti, soit
enquêté à telle enseigne qu'on surveille même leurs déplacements hors Québec, on
ne connaît pas la raison, mais c'est suffisamment sérieux pour qu'on aille
jusque-là. On a même parlé d'écoute électronique.
Et je veux compléter avec ce que le chef
du Parti québécois a dit. Dans le cas du lieutenant Patrick Duclos, ce qu'il
indique, c'est qu'il existe un cartable où sont consignés de l'écoute électronique
sur des dignitaires, voire des personnalités politiques, et que ce cartable est
en quelque part et qu'il contiendrait des informations tellement explosives
qu'elles risqueraient de causer une commotion assez importante à la direction
des poursuites criminelles et pénales, et à l'UPAC, et manifestement dans le
public. Alors, ça, c'est au cœur de l'affidavit qui a été rendu public.
Alors, dans tous les cas, on cherche à
comprendre d'où viennent les consignes qui ont mené le Parti libéral à devenir
cette machine à ramasser de l'argent depuis des années, et j'espère qu'on s'en
approche, et les réponses qu'on n'a pas obtenues à la commission Charbonneau,
qu'on n'a pas vues, les témoignages en public de M. Bibeau et du premier
ministre Charest... on ne saura pas ce qu'ils ont dit, mais là ils sont
confrontés à une preuve qui est importante, qu'ils sont sous enquête. Qu'est-ce
qu'ils ont à dire là-dessus? Qu'est-ce que l'UPAC a à dire? Il y a un
rendez-vous le 4 mai prochain, ici, à l'Assemblée nationale, où pour la seule
fois de l'année on pourra poser des questions, mais on n'est pas obligé
d'attendre au 4 mai pour obtenir ces réponses.
Le Modérateur
: Merci.
Micro de droite, M. Chouinard.
M. Chouinard (Tommy) : M. Lisée,
pour que ce soit clair, est-ce que ces révélations-là, selon vous, surviennent
parce que des policiers sont mécontents que ça n'aboutisse… que l'enquête
n'aboutisse pas ou éventuellement que le DPCP refuse ou… en tout cas, selon
vous, c'est la source du mécontentement de policiers quant à la conduite de
cette enquête-là ou c'est une tentative de faire dérailler une enquête qui
pouvait potentiellement aboutir?
M. Lisée
: Écoutez, on
ne le sait pas, et ça ne sert à rien de spéculer. Ce qui est certain…
M. Chouinard (Tommy) : …tantôt,
vous avez dit que c'est parce que c'est des gens mécontents qui disent :
Ça n'aboutit pas, là. J'essaie de voir vos hypothèses.
M. Lisée
: Ce qui
arrive souvent, ça arrive souvent. C'est une hypothèse. C'est une hypothèse, et
on sait que, dans le passé, pour un certain nombre de fuites, c'était le cas.
On le sait parce que certains de vos collègues l'ont indiqué et ensuite ont été
l'objet d'enquêtes sur les fuites, plutôt que d'enquêtes sur les crimes
allégués.
Moi, ce qui me préoccupe aujourd'hui, ce
n'est pas la motivation de ceux qui ont fait les fuites. Ce qui me préoccupe,
c'est le fait que les Québécois, depuis une dizaine d'années, veulent aller au
fond des choses sur le système de corruption, et on n'y arrive pas. Et il y a
quelqu'un qui pourrait aider, c'est Philippe Couillard, et il ne veut pas
aider. Il protège Jean Charest? Il protège Marc Bibeau? Il protège quelque
chose? Je ne sais pas, mais à chaque fois qu'on lui demande de nous aider et de
faire la lumière, il refuse.
Alors, il est devant sa responsabilité.
Est-ce qu'il est du côté de la lumière et de la justice ou est-ce qu'il est le
bouclier de Jean Charest et de Marc Bibeau?
Le Modérateur
: Merci.
Mme Sioui, micro de gauche.
M.
Bérubé
:
Juste un élément à préciser. On a proposé également, dans la liste des choses
qu'on a demandées en novembre 2015, que la nomination du commissaire à L'UPAC
se fasse avec les deux tiers des députés de l'Assemblée nationale. On l'a
proposé nommément, et la réplique du gouvernement en juin 2016, c'est de
proposer le projet de loi n° 107 qui ferait en sorte que l'UPAC soit
indépendante de la SQ. Mais le vrai enjeu, pour nous, c'est que l'UPAC soit
totalement indépendante du gouvernement du Québec. À tout le moins, on
dissiperait l'existence potentielle d'obstacles à la conduite des enquêtes.
Le Modérateur
: Merci.
Mme Sioui.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Changement de sujet, messieurs. Qu'une
entreprise de production de marijuana médicale qui a des visées pour produire
de la marijuana récréative cible les communautés des Premières Nations pour
conclure des partenariats avec eux, qu'est-ce que vous en pensez?
M. Lisée
: Bien, moi,
je pense que d'abord qu'il faut qu'on ait ce débat-là entre nous et que si...
Nous, on propose aujourd'hui, vous allez voir une motion sur la création d'une
commission parlementaire itinérante qui regarderait tous ces sujets-là. Et si
cette entreprise veut venir témoigner en disant : Bien, voici comment,
nous, on pense qu'on peut faire des partenariats avec des autochtones,
entendons les autochtones, entendons la SAQ. Si Wal-Mart veut venir nous dire
que ça serait eux qui devraient distribuer, on va les écouter, mais surtout les
criminologues, les policiers, les gens qui s'occupent des... dans les écoles,
les universités.
On veut avoir cette discussion-là, et la
façon dont c'est mené par le gouvernement fédéral en ce moment, à toute vapeur,
en disant qu'il faut que ça soit prêt le 1er juillet 2018 suscite toutes sortes
d'initiatives qui sont très inquiétantes. C'est très inquiétant parce que ce
n'est pas ordonné, puis nous... Les Québécois ne se sont pas fait une tête
là-dessus. Alors, moi, ce que je dis au gouvernement, je dis : Nous ne
sommes pas tenus par la décision d'Ottawa que ça soit prêt le 1er juillet 2018.
Nous formons 20 % de la population canadienne. On est tellement habitués à
ne pas prendre sa place dans le Canada sous le gouvernement Couillard que ça ne
leur a même pas passé par l'esprit de dire : Non, le calendrier n'est pas
raisonnable, nous allons avoir notre propre calendrier. Nous vous disons que ça
va prendre un an de plus, deux ans de plus. On va faire notre commission parlementaire.
On va faire nos recommandations, mais on n'est pas à... on ne va pas réagir au
doigt et à l'oeil du gouvernement fédéral qui décide de nous bousculer dans un
débat où nous ne sommes pas prêts. Alors, pour cette question-là comme pour les
autres, ça vaut la peine d'être regardé de façon sérieuse.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Sous-question. Je vais en avoir une autre
après, mais êtes-vous surpris que personne n'ait eu l'air de penser aux
autochtones là-dedans? À Ottawa, on ne sait pas trop ce qui va se passer, à Québec
non plus. Même dans les communautés, on n'est pas vraiment d'accord. Est-ce que
ça vous étonne?
M. Lisée
: Ça ne
m'étonne pas. Tout le monde est bousculé là-dedans. C'est un vrai débat, il
faut le faire, d'autres endroits l'ont fait. Et justement, ça nous permettrait
d'entendre les gens du Colorado. O.K., vous, ça fait deux ans que ça dure.
Qu'est-ce qui a marché? Qu'est-ce qui n'a pas marché? Qu'est-ce qu'on peut
apprendre de chez vous, à Amsterdam, au Portugal, au Vermont? Prenons le temps.
Il n'y a aucune urgence de légaliser le cannabis au Québec, aucune urgence.
Alors, ces questions-là doivent être
réglées dans l'ordre. Prenons le temps de bien faire les choses.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : L'entreprise dont je vous parle a un conseil
d'administration qui est présidé par Martin Cauchon, l'ancien ministre de la
Justice au fédéral. Lui-même se rend dans des communautés pour rencontrer des
chefs, pour présenter l'entreprise. Est-ce qu'il est bien placé pour faire
cette tâche-là?
M. Lisée
: Écoutez, là,
tous ces gens-là sont des adultes consentants et peuvent prendre des décisions
d'affaires selon ce qu'ils considèrent être leurs intérêts. Je vois qu'il y a
des communautés qui ont dit non, d'autres qui sont intéressées. Moi, ce qui me
préoccupe, c'est l'encadrement législatif et la décision de toute la nation
québécoise et des nations autochtones. Est-ce qu'on va de l'avant avec ça ou on
n'y va pas et à quelles conditions? Et tant qu'on n'a pas fait ça, ça donne
lieu à toutes sortes d'initiatives dont on peut s'inquiéter.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : O.K. Mais, pour vous, c'est correct qu'un
ancien ministre de la Justice fasse ce travail-là, lui qui a travaillé sur le dossier
de la décriminalisation. C'est correct.
M. Lisée
: Écoutez,
moi, j'aimerais mieux que ça se fasse de façon ordonnée et qu'on attende d'avoir
notre débat. Ensuite, dans le cadre qu'on aura décidé, bien, les acteurs,
adultes consentants, légalement, feront des démarches qu'ils voudront faire.
Le Modérateur
: M.
Gagnon.
M. Gagnon (Marc-André) : Oui.
Une petite question sur un autre sujet.
Le Modérateur
:
Dernière, s'il vous plaît.
M. Gagnon (Marc-André) : Oui.
D'apprendre que Bombardier a payé l'avocat du gouvernement du Québec, est-ce
que ça vous inquiète? M. Khadir nous a dit tout à l'heure que ça sentait
même la corruption.
M. Lisée
: Écoutez, c'est
clair, là, lorsqu'on entend le premier ministre et la ministre de l'Économie
sur Bombardier, c'est comme si on entendait leur attaché de presse. Il n'y a
jamais de différence entre les arguments de Bombardier et les arguments du
premier ministre, et là on voit que, bien, l'avocat a été payé par Bombardier.
Alors, on sait très bien, là, la question de savoir qui paie est toujours
essentielle pour faire les liens d'autorité.
Alors, je sais que dans la pratique
courante, il arrive que ce soit le cas pour de la réglementation, du suivi,
mais là il s'agissait de défendre les intérêts du Québec dans un investissement
de 1,3 milliard à haut risque. Si j'avais été premier ministre, j'aurais
été complètement catastrophé de l'idée même que notre avocat puisse être payé
par la personne avec laquelle on négocie et avec laquelle on essayait d'avoir
le meilleur deal possible. Je veux dire, c'est complètement... Il faut ne pas
comprendre l'intérêt du Québec pour avoir comme avocat quelqu'un qui est payé
par celui à qui tu essaies d'enlever le plus de gains. Je veux dire, pourquoi
est-ce qu'on n'a pas de garanties d'emplois contre les délocalisations?
Pourquoi on n'a pas eu de garanties réelles sur la maintenance des avions?
Bien, si ça n'a pas été demandé à la table de négociation, ça s'explique peut-être
par le fait que notre avocat travaillait pour l'autre côté de la table.
Le Modérateur
: Merci.
On va en anglais. M. Hicks, CBC.
M. Hicks (Ryan) : Good morning. In 2014, Radio-Canada did a story talking about Jean Charest, Marc Bibeau and that they
were under investigation by UPAC. Today, we see new
documents from that investigation, but at the core, what new questions have
come up today for you with respect to this story?
M. Lisée
:
Well, between the two, there was the decision to charge the Vice-Premier
Nathalie Normandeau and a number of other people for crimes of corruption. And
so these people are not at the top of the political food chain. Nathalie
Normandeau worked for Jean Charest, Marc Bibeau worked for Jean Charest. So
what we see here is that the UPAC has continued to try and make a demonstration
that Mrs. Normandeau had orders from somebody else.
Are they at the end of
this demonstration? Have they made this demonstration? Is this demonstration on
the table of the Crown? Is the Crown not ready to go with charges? These are
the questions now. And what is extraordinarily frustrating for all Quebeckers
is that we would like to go at the bottom of this affair and move on. And we
can't move on until and unless we go to the bottom of this affair, and someone
who could help is Philippe Couillard and he doesn't help. Each time we ask him
to help to shed some light on clues that we've had in the last few months, he
always refused to give us access to these clues and to go to the bottom of this
affair.
M. Hicks (Ryan) : So what form would you like that to take? Do
you want that to be a legislative committee, some kind
of judicial inquiry, public inquiry? What do you think will get to the bottom
of this?
M. Lisée
: Well, first, we'd like to hear form the prosecutors and from the UPAC
what they cannot tell us on the reasons why they're not further ahead on this
inquiry. Second, we'd like to hear directly from Mr. Charest and
Mr. Bibeau, in parliamentary commission, because they haven't been heard
by anyone at this point, and that is extraordinary frustrating.
So, since we know for a
fact that UPAC and the Crown think there was a corrupt system within the Liberal Party
and that this Liberal Party was headed by Jean Charest, it's logical
to think that he has something to do with it. So let's ask him the question.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup.
M. Lisée
: Merci.
(Fin à 11 h 43)