(Neuf heures quarante-quatre minutes)
M. Birnbaum : Bonjour,
mesdames messieurs. Ça me fait plaisir de vous rencontrer ce matin. Ce matin,
j'aurai le privilège et la responsabilité d'interpeller le ministre responsable
de la Santé mentale sur cet enjeu énorme. Ce n'est pas pour rien que j'ai été
invité de poser cinq questions en période de questions, depuis les dernières
quatre semaines, là-dessus, de faire quelques débats de fin de séance, un débat
sur une motion du mercredi. Nous sommes devant une crise parallèle à notre
crise sanitaire. Chaque matin, il y a d'autres exemples de cette crise-là.
Juste hier, on a entendu que 34 % de
nos enseignantes et enseignants au Québec songent de quitter la profession,
cette profession si noble, dû directement au stress, à l'anxiété que déclenche
cette pandémie. 60 % de nos jeunes parlent de l'anxiété, détresse.
70 % des psychologues notent que leurs anciens clients reviennent avec des
problèmes, des pensées suicidaires, de l'anxiété, de la dépression majeure. Il
y a une demande accrue de quelque 20 % pour les antidépresseurs, un autre
indice d'un problème grave. Souvent, ce n'est pas la chose indiquée. Pour ne
pas parler de nos aînés, qui sont en quasi-confinement toujours, qui l'ont été
pour des mois et des mois. Il y a des études qui démontrent davantage… Les
nouveaux arrivants, les Québécois de langue anglaise, leur niveau de stress est
le double de la proportion pan-Québec. Dans toutes ces catégories, il y a une
portion disproportionnée de femmes touchées par tous ces enjeux-là.
Donc, nous sommes devant une crise qui n'a
pas été appelée ainsi par le ministre délégué ni le premier ministre. Ce matin,
je vais être à la recherche de l'action, premièrement, d'un constat formel qui
donnerait écho aux experts, partout au monde, que cette crise va perdurer.
Donc, les solutions à la petite semaine ne s'imposent pas.
Deuxièmement, on veut avoir une réponse
sur des propositions structurantes et claires que nous offrons, c'est-à-dire, compte
tenu des genres de manifestations de difficultés, notre proposition pour
l'accès public et universel à la psychothérapie. Ça coûterait beaucoup
d'argent, oui, et en pérennité, parce qu'il y a une crise. C'est quoi, la
réponse du ministre délégué?
Deuxièmement, on parle d'une crise.
Comment est-ce que, pour commencer, les parlementaires, les experts, les
chercheurs vont être mis à contribution envers des solutions pour donner le
meilleur des études, des informations sur les meilleures pratiques, un
diagnostic structurant et clair sur l'étendue du problème? Là, jusqu'à date, la
réponse qu'on a eue était : On va le faire de notre façon, chez la CAQ. Hier,
les députés de la CAQ ont refusé notre demande de mandat d'initiative pour
justement impliquer du monde dans cette recherche-là. La réponse a été non.
Nous, on va persister. Il y a des façons qu'il faut davantage impliquer le
monde dans la solution.
On va vouloir des réponses sur les listes
d'attente, qui est un autre élément d'une crise. En Chambre, on a entendu des
réponses qui ne sont pas tout à fait cohérentes. Des listes d'attente qui se
sont… qui ont diminué par certains chiffres, quand on sait que les documents
sur les listes d'attente de l'année précédente n'étaient pas là, alors c'est
quoi, le point de repère?
Donc, tout cela pour dire… de façon
constructive, on va déclencher, j'espère, une discussion qui va éclairer la
chose, qui va aider les Québécoises et Québécois à avoir confiance que, oui,
nous sommes tous, et surtout ce gouvernement-là, à la tâche pour confronter la
crise devant nous. Merci.
Mme Prince (Véronique) :
En fait, bien, probablement que le ministre va vous répondre : On a mis
des actions en place, parce que cette semaine on a annoncé 25 millions de
dollars, est-ce que ça suffit, pour vous, ce qui a été annoncé cette semaine?
M. Birnbaum : Dans un
premier temps, on prend... on parle d'un programme, de quelque 25 millions
de dollars, délégué comment, évalué comment, et uniquement pour des jeunes.
Très important, j'en conviens, mais des solutions à la pièce, ce n'est pas
assez. Et, en termes d'argent, ce n'est pas assez. J'ai la grande fierté, en
quelque part, de noter que notre proposition est chiffrée à 300 millions
de dollars. Si nous parlons d'une crise, est-ce que nos actions peuvent être à
la taille? Alors, non, on n'est pas satisfaits par ce qui a été annoncé
aujourd'hui, et surtout par le fait que ça n'a pas l'air d'être inséré dans un
plan cohérent où le diagnostic est fait, où l'évaluation est planifiée, où
l'étendue du programme partout en région est claire, où on sait qui va être
embauché et comment.
Mme Prince (Véronique) :
Dans le fond, vous ne le croyez pas quand il dit que les listes d'attente sont
en train de diminuer. C'est ça? Vous ne le croyez pas?
M. Birnbaum : Nous avons
besoin de comprendre qu'il y a un petit peu de rigueur qui s'apporte à cette
déclaration-là. Nous avons entendu une diminution des listes d'attente, quoi,
pour les lignes d'appel, dans un premier temps, pour de la vraie consultation,
dans un deuxième temps? Troisièmement, ils viennent d'où, ces chiffres, parce
que, comme je dis, si on dit qu'il y avait une diminution, c'est en comparaison
avec quoi? Et nous, on avait demandé, lors de l'étude des crédits, de ces
chiffres pour l'an 2019, et ils n'étaient pas disponibles. Alors, soit il
y a un manque de transparence ou soit il y a de grandes questions à poser.
Mme Prince (Véronique) :
La solution que vous proposez, l'accès aux psychologues, et tout ça, est-ce que
vous jugez que c'est quelque chose qui peut être rapidement mis en place,
genre, maintenant, là?
M. Birnbaum : Oui,
justement, il y a des psychologues, dans le secteur privé, en grand nombre, qui
ont indiqué leur intérêt, si les conditions étaient au rendez-vous, de se
joindre au secteur public pour qu'on n'ait qu'une vitesse de psychothérapie de
disponible. Ça se fait vite. Ça coûte de l'argent. C'est une solution qui a été
en branle déjà et qui peut être instaurée en pérennité. Il faut bouger. Ça va
coûter de l'argent. C'est ça qui prend… une crise.
Mme Prince (Véronique) :
Moi, ça me va.
M. Birnbaum : Merci.
M. Derraji : Bien, je
peux dire juste un mot…
La Modératrice
: Oui,
bien sûr.
M. Derraji : ...parce que
mon collègue parlait de la mesure, que je considère une mesure comptable et non
pas une mesure humaine, parce que ce qui a été annoncé cette semaine, c'est
pour 0-25 ans, c'est en bas de 25 ans. Les appels qu'on reçoit du terrain,
c'est surtout, pas mal, pas mal, des entrepreneurs en détresse. Est-ce
qu'aujourd'hui le programme mis par le ministre responsable il répond vraiment
aux besoins de la société? Ce qu'on entend, au niveau des listes et la
non-disponibilité des professionnels, c'est pour les gens qui n'ont pas accès à
ces soins, et c'est là le problème, c'est que le signal d'alarme, il est un peu
partout, sur plusieurs franges de la société.
Et surtout, surtout, il y avait déjà une
détresse, avant le début de la pandémie, auprès de certains entrepreneurs et
aussi auprès de certains agriculteurs. C'est pour cela que notre formation
politique a déposé un projet de loi dans ce sens, parce que c'est alarmant. Et,
en date d'aujourd'hui, il n'y a aucun programme gouvernemental qui répond à
cette catégorie de personnes. Donc, on demande plus une vision humaine et non
pas une vision comptable du traitement de la santé mentale.
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
M. Birnbaum : I have the privilege this morning for the responsibility of
debating, with the junior Health Minister, the crisis in mental health that we
are facing. The Minister does
not call it a crisis, but most Quebeckers are understanding that it is.
The evidence is mounting
each day about the distress, depression, anxiety, suicidal thoughts that are
facing so many Quebeckers. And
it will be important this morning to talk about it because the solutions we're
seeing offered by the CAQ Government are «à la pièce». We're looking for a major and comprehensive plan
to deal with a problem that's touching our young people, that's touching
seniors, that's touching first-line workers, our teachers, our police officers,
everyone across Québec. And
it's important to see action on that.
We've put together a very
detailed proposal, and we want some answers this morning on that, for universal
access to psychotherapy. It's a major part of the problem. People are suffering
serious difficulties and they need to know that there's access to help. And
some of the piecemeal solutions being offered are not enough. Our program would
be expensive, yes, but, in a crisis, you need to spend money, and universal
access to psychotherapy would be one way and would be a permanent solution to
the benefit of all Quebeckers.
We also are really
disappointed that our demand to involve the best researchers, the best experts
and all parliamentarians in attacking this problem of mental health would be to
have an inquiry before the Health and Social Services Commission at the National Assembly… yesterday, the
CAQ said no. Well, we'll not let got. We're going to find other ways to make
sure that all Quebeckers are involved in meaningful solutions.
The Minister has also
talked, and I'll have questions this morning about it, about waiting lists
being reduced for service. Now, we've been looking to find the figures upon
which that statement is based and we can't. So how are they being reduced? And
waiting lists for what, for a simple answer to a phone call or for serious
therapy?
So we have some very
serious concerns, as do all Quebeckers, and we'll be looking for answers this
morning. Thank you.
(Fin à 9 h 55)