(Neuf heures trois minutes)
M. Gaudreault : Bonjour à
tous. Merci d'être ici ce matin, à l'occasion de cette interpellation qui est
la dernière occasion de rencontrer le ministre de l'Environnement et de la
Lutte contre les changements climatiques dans un contexte parlementaire avant
la COP26. C'est la dernière occasion de le rencontrer, alors c'est sa dernière
occasion de nous dire ce qu'il va apporter à la COP à Glasgow.
Alors, moi, c'est là-dessus que j'ai
l'intention de le questionner, parce que le Parti québécois, depuis les
derniers mois, les dernières semaines, a fait ses devoirs, a fait plus que ses
devoirs, il a fait des propositions, alors qu'on n'a rien du côté de la CAQ, à
savoir ce qu'ils vont proposer à la COP, on ne sait toujours pas du côté de l'opposition
officielle et, outre les effets de toge de QS, on ne connaît pas non plus les propositions
concrètes, alors que le Parti québécois en a fait cinq.
Budget carbone, pour avoir un suivi des
engagements climatiques du Québec. Et, ce matin, un éditorial de LaPresse
dit que c'est une bonne idée, en rappelant aussi que c'est une recommandation
du comité consultatif scientifique nommé par le gouvernement. Donc, budget
carbone.
Deuxième élément, on a proposé de
consacrer 1 % du PQI, le programme québécois d'infrastructures, en
verdissement des infrastructures. Silence radio du côté du gouvernement.
Troisième élément, on a fait adopter une
motion pour que les compétences en environnement soient de compétence exclusive
du Québec, au moment même où M. Guilbeault lui-même, à Ottawa, nous dit :
On continue l'évaluation fédérale du projet GNL Québec. Alors que le
gouvernement du Québec a refusé son autorisation à GNL Québec, le gouvernement
fédéral, contre toute logique, continue d'étudier ce projet-là. Donc,
compétences uniquement en environnement pour le Québec.
On a fait adopter une motion également
pour que le siège social du nouvel institut international de la finance durable
soit à Montréal. On a fait adopter ça cette semaine. Silence radio du
gouvernement du Québec.
Et, cinquième proposition concrète du Parti
québécois, hier, j'ai déposé un projet de loi sur la transition juste. J'avais
fait adopter une motion également en ce sens pour créer un comité
interministériel sur la transition juste. Ça a été salué, plus que salué,
appuyé par le plus grand syndicat au Québec en termes de membres, qui est la
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, la FTQ, qui a appuyé
cette idée-là, puis il dit : On est prêts à travailler là-dessus, il faut
que le gouvernement aille en ce sens. Silence radio du côté du gouvernement
également.
Alors, nous, ce que nous demandons aujourd'hui
au gouvernement, c'est de nous dire enfin qu'est-ce qu'il va apporter à la COP
pour montrer que le Québec est un leader en matière de changements climatiques.
Et moi, là, je n'ai pas de droit d'auteur sur cinq propositions, alors je
demande au gouvernement de répondre à chacune de ces propositions pour nous
dire ce qu'il va amener à la COP.
Et je termine en disant que je suis étonné — est-ce
que je suis étonné? — enfin, je suis, oui, étonné que le premier
ministre n'ait rencontré aucun groupe en environnement pour préparer son séjour
à la COP, alors que moi, je peux juste vous dire, depuis le mois de septembre,
là, en désordre, j'ai rencontré Greenpeace, ENJEU, le G15+, la Fondation
Suzuki, Nature Québec, le Conseil patronal de l'environnement. Puis, en
passant, je ne les rencontre pas juste avant la COP, moi, je les rencontre à
l'année pour m'alimenter en matière de positions environnementales. Alors,
voilà.
Mme Prince (Véronique) : ...va
vous répondre, c'est : Bien, écoutez, on va leur parler de la fin de
l'exploration des hydrocarbures, on va leur parler de l'hydroélectricité, qui a
toujours été comme le truc facile pour le Québec à amener à l'international. Il
va parler aussi de l'électrification des transports. Donc, c'est ces
réponses-là que Benoit Charette va vous apporter. Dans le fond, ce que vous
dites, c'est que ça, ça ne suffit pas ou c'est hypocrite d'amener ça alors
que...
M. Gaudreault : Ça ne suffit
pas. Ça ne suffit pas parce que, vous venez de le dire vous-même, c'est la
base. À chaque année, moi, ça fait... c'est ma cinquième COP, là, cette année,
que ce soit M. Couillard, que ce soit M. Legault, à chaque année, ils
nous parlent d'électrification des transports, ils nous parlent d'investissements
dans les technologies vertes. Je suis bien d'accord avec ça. Mais là, là, c'est
la COP du rehaussement des ambitions. C'est ça, là, c'est la COP du
rehaussement des ambitions. Partout sur la planète, là, ce qu'on est en train
de suivre, c'est : Est-ce qu'il y a un pays... est-ce que les pays vont
rehausser leurs ambitions pour être capables d'atteindre les cibles de l'Accord
de Paris? C'est ça, l'objectif.
Puis on a fait adopter une motion en plus,
unanime, au mois d'avril, pour demander au gouvernement du Québec de rehausser
ses ambitions. Ça fait qu'on l'avait préavisé, dès le mois d'avril, au sommet
organisé par Joe Biden : Préparez-vous, il y a la COP qui s'en vient, vous
devriez rehausser vos ambitions. Bien, zéro. Tu sais, on répète toujours ce qui
est dit depuis plusieurs années par le gouvernement du Québec. Ça, c'est la
base. Mais là on demande plus, puis le plus, il n'est pas là. Puis ça ferait en
sorte que la CAQ... On le sait, ils ont un déficit de crédibilité en matière d'environnement,
notamment à cause du troisième lien, mais notamment sur un paquet d'affaires.
Ce n'est pas un message qui est porté par le premier ministre. La preuve, il
n'a pas dit un mot de la COP, il a commencé à parler de changements climatiques
à la 53e minute de son discours inaugural. Puis on a fait une recherche,
là, sur les outils, là, de recherche de mots, là, il n'a même pas prononcé le
mot «environnement» dans son discours inaugural.
Mme Richer (Jocelyne) : ...la
même question que j'ai posée à M. Leitão sur... après trois ans d'exercice
du pouvoir du gouvernement...
M. Gaudreault : En matière d'environnement?
Mme Richer (Jocelyne) : Oui,
en matière d'environnement. Quelle est la crédibilité du gouvernement? Et, si
vous deviez mettre une note au gouvernement de zéro à 100, ça aurait l'air de
quoi?
M. Gaudreault : Ça, c'est toujours
ce que je déteste le plus, mettre des notes. D'ailleurs, quand j'étais prof, ce
que j'aimais le moins, c'était la correction. Comment je pourrais dire? C'est
un gouvernement qui a, je reconnais, pris des mesures, par exemple, sur la
consigne, qui a pris des mesures notamment sur l'électrification des
transports, sur des projets de loi de cette nature-là, mais qui demeurent des mesures
qui sont importantes mais, je dirais, qui sont en aval. Mais des grandes
politiques publiques en amont pour que l'ensemble de l'État québécois se
mobilise contre les changements climatiques, ça, le gouvernement n'est pas là.
Et là je pense justement à un budget carbone, à une loi sur le respect des
obligations climatiques, à faire en sorte que l'ensemble de l'appareil de
l'État, de façon transversale, ait un... soit mobilisé puis soit engagé dans la
lutte contre les changements climatiques. Là-dessus, c'est zéro, alors qu'il y
a du travail encore à faire là-dessus.
Évidemment, l'éléphant, mégaéléphant, le
mammouth dans la pièce — puis ça tombe bien, le mammouth, c'est un
fossile — bien, c'est le troisième lien. Alors, ça, je veux dire, le gouvernement
pourrait avoir fait toutes les meilleures mesures en matière d'environnement,
puis j'ai salué le fait qu'il n'a pas autorisé GNL, ça, je veux dire, c'est
bon, puis je l'ai dit, mais là le mégamammouth dans la pièce, c'est le
troisième lien.
Mme Richer (Jocelyne) : ...
M. Gaudreault : Sur le
troisième lien?
Mme Richer (Jocelyne) : Sur
le troisième lien.
M. Gaudreault : Oui. Oui, oui,
moi, je... Bien, en tout cas, moi, je suis un optimisme, là, en politique. On
continue toujours de pousser puis de faire la démonstration. On l'a fait pour
GNL. Pourtant, le gouvernement s'était peinturé dans le coin pas à peu près,
sur GNL, à plusieurs reprises. Le premier ministre, le ministre de
l'Environnement, le ministre de l'Économie, tous les ministres avaient dit que
c'était la meilleure invention depuis le pain tranché, puis finalement ils ne
l'ont pas autorisé.
Alors, moi, je pense que sur le troisième
lien, il faut également continuer, pas juste sur le plan environnemental, mais
même sur le plan des finances publiques. Moi, je trouve ça complètement
hallucinant qu'on investisse 10 milliards, 10 milliards, pensez-y,
là, 10 milliards pour un troisième lien dont on a soufflé à l'hélium la
circulation automobile. Parce que les… Puis je voyais dans le journal ce matin,
là, les… M. Bonnardel qui déchire sa chemise sur les mensonges autour du
troisième lien, là. Bien, moi, j'aimerais ça, là, qu'il nous dise elles sont
où, ses études qui démontrent que c'est 50 000 autos par jour, alors que l'étude
Origine-Destination parle d'autour de 20 000. Il me semble qu'à mensonge,
mensonge et demi, là.
Mme Prince (Véronique) :
…qu'il va réussir à convaincre le nouveau ministre de l'Environnement, Steven
Guilbeault, de financer ce projet-là?
M. Gaudreault : Non. Je pense
que non, il ne réussira pas à convaincre le ministre de l'Environnement du
fédéral.
M. Larin (Vincent) : …le journal,
vous en parlez, c'est que M. Bonnardel dit : Ne prenez pas en compte
le fait qu'à l'aube… à l'inauguration du troisième lien, 2031, il y aura une
certaine quantité de véhicules électriques, donc ça ne serait pas en mesure de
faire augmenter le bilan de GES. Qu'est-ce que vous répondez à ça?
M. Gaudreault : Bien, en tout
cas, moi, je n'arrive pas au même calcul. Je pense, c'est M. Julien, dans
l'entrevue, là, parce que les deux sont en entrevue, qui dit : Il n'y aura
pas d'essence dans le tunnel, il n'y aura pas de gaz dans le tunnel. Bon,
admettons qu'on prend pour acquis que leur échéancier est bon, l'inauguration
du troisième lien, c'est 2031. La fin de la vente des voitures électriques, c'est
2035. Puis après ça, la dernière personne qui aura acheté une auto à essence,
en 2035, elle va l'avoir peut-être, quoi, cinq ans. Ça fait que ça veut dire
que, 2035, ça nous met à 2040, à peu près, avant la dernière auto à essence qui
circule au Québec.
Donc, on se fait faire la leçon sur les
mensonges sur le troisième lien, soi-disant, puis eux-mêmes, ils nagent dans
les mensonges sur le troisième lien. Alors là, tu sais, à un moment donné, on
ne peut pas dire : Il n'y aura pas d'essence dans le troisième lien, quand
le troisième lien va être inauguré en 2031, puis, au mieux, la dernière voiture
à essence va circuler en 2040. Ça fait neuf ans, ça.
M. Larin (Vincent) : Est-ce
que vous avez déjà entendu ça, l'idée qu'il n'y aura pas d'essence qui va
transiter dans le troisième lien, dans une auto ou autre, là?
M. Gaudreault : Non, j'ai
appris ça ce matin. Mais c'est pour ça je vous dis... Est-ce qu'il va y avoir
des affiches à l'entrée du troisième lien pour dire : Juste pour les
véhicules électriques? Alors…
M. Larin (Vincent) : …jamais
entendu le gouvernement dire ça. Pensez-vous qu'il cachait ça volontairement? Il
ne le met peut-être pas assez de l'avant.
M. Gaudreault : Bien, moi, je
pense qu'ils sont rendus à tellement essayer de verdir le troisième lien qu'ils
ne savent plus quoi dire.
Mme Prince (Véronique) : Mais,
à ce moment-là, est-ce qu'on devrait mettre l'échéancier du troisième lien
comme à 2035, puis ce serait plus crédible?
M. Gaudreault : On ne devrait
pas mettre d'échéancier pour le troisième lien point. Je veux dire, le troisième
lien, l'échéancier, là, ça devrait être : Ce matin, on tire sur la plug.
Ça devrait être ça.
Mme Richer (Jocelyne) :
…est-ce que c'est un projet basé sur des convictions, sur les besoins de
mobilité dans la région de Québec, Rive-Nord et Rive-Sud…
M. Gaudreault : Le troisième
lien?
Mme Richer (Jocelyne) : …ou
si c'est strictement électoraliste pour avoir à nouveau les comtés de Québec et
de la Rive-Sud de Québec?
M. Gaudreault : C'est du
dogme. Ça relève du dogme. C'est dogmatique.
Mme Richer (Jocelyne) : Dogme
de la voiture privée?
M. Gaudreault : C'est dogme
qu'ils ont décidé de faire une promesse même si elle est insensée. Moi, je
reviens, là, juste sur le volet des finances publiques, 10 milliards de
dollars, c'est hallucinant pour 50 000 autos, mettons qu'on prend
leur chiffre, là, 50 000 autos. Ça fait que rendu là, pour un gouvernement
qui se dit économiste ou, en tous cas, préoccupé par les finances publiques,
puis un bon gestionnaire, hein, le seul plan, là, transversal de ce parti qui
est la CAQ, là, parce qu'ils se disent nationalistes, mais ça, c'est quand ça
fait leur affaire, tout ça, c'est la bonne gestion des finances publiques, bon,
la gestion de l'État, bien, moi, je ne trouve pas que c'est une bonne gestion
de l'État de mettre 10 milliards là-dessus.
Écoutez, 50 000 véhicules par
jour, là, c'est le débit journalier du pont Dubuc à Chicoutimi. Je le
connais bien, le pont Dubuc, moi, j'ai été élevé là, pas loin.
50 000, c'est… Ça fait que, est-ce qu'on dirait : On va mettre
10 milliards pour rénover le pont Dubuc? Non. Pas parce qu'il n'est
pas important, mais on trouverait d'autres manières. Mais là c'est le même
débit, 10 milliards, moi, ça ne me rentre pas dans la tête. Je trouve ça
hallucinant.
La Modératrice
:
Question en anglais?
M. Gaudreault : In English?
M. Brennan (Andrew) : Si vous
me permettez.
M. Gaudreault : I will try.
M. Brennan (Andrew) : Tu es gentil, merci. I just want to go back to what you were saying
about Mr. Legault not consulting environmental or ecological groups. You
said that… You had a few words on that. You think it's shameful that he did not
speak to any of these groups? And you listed off Greenpeace and the David
Suzuki Foundation, all the ones that you say you're regularly in contact with.
Should he have been speaking with more groups? And is it shameful? Is it
questionable? Is it wrong to not speak to them before COP26?
M. Gaudreault : I think it's not a good strategy, because today if you want to be
updated about climate issues, about climate change, about the principal issue
in the COP26, you must talk with environmental groups. And they're not just a
group, they're «militants», they have expertise. And I think it's very
important to talk with them as it's very important to talk with the boss or
economic boards or something like that. But it's very important to have a wide
view of climate questions.
M. Brennan (Andrew) : Well, you said that this… that Mr. Legault, in his Throne Speech,
didn't say «environment» once and he didn't talk about climate change until the
51st minute of his speech. Does a government who does…
a premier who does not reach out to environmental groups before leaving for
COP26, the biggest environmental congregation in the world, from world leaders,
what does it say about a prime… a premier who does not consult environmental
groups and doesn't speak about the environment in his Throne Speech, talking
about his priorities for the next year until minute 51? What does it say about
the Premier?
M. Gaudreault : I think it's a lack of responsibility from the Premier. When you
are a delegate in COP26, it's a very important responsibility. And, as a
Premier, it's the top priority in this time because we had very worry report
from GIEC, from the international group of climate experts from United States…. «Nations unies».
Une voix
: ...
M. Gaudreault : United Nations, yes. So, I think it's a lack of responsibility from
the Premier to not talk with environmental groups. Thank
you.
M.
Brennan (Andrew) : Merci, monsieur.
La Modératrice : Merci
beaucoup. Bonne journée.
(Fin à 9 h 20)