(Onze heures cinq minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour,
tout le monde, content de vous retrouver ce matin. Bien, d'abord, c'est
essentiel pour moi, et pour Manon, pour Québec solidaire, de dire quelques mots
sur ce qui se déroule en ce moment en Israël et en Palestine. Ce qui se passe,
en ce moment, dans la bande de Gaza, c'est une tragédie abominable.
Les dernières informations qu'on a nous
parlent de quoi, plus de 10 000 décès, là, des deux côtés de ce
conflit-là, 1 400 civils israéliens, plus du 8 000 Palestiniens
qui sont décédés, en majorité des civils, et là-dedans des milliers d'enfants,
plus de 3 000 enfants décédés. C'est une tragédie abominable. C'est
une situation qui nous interpelle dans notre humanité, puis je pense que la
responsabilité de la communauté internationale devant des drames de cette
ampleur-là, c'est d'appeler à la désescalade de la violence, c'est d'appeler à
la paix.
Vous avez déjà entendu ma collègue Ruba
Ghazal prendre la parole, notamment avec des organisations juives du Québec,
pour demander un cessez-le-feu. C'est essentiel et je vous annonce que, demain,
Québec solidaire déposera une motion pour que l'Assemblée nationale s'unisse et
appelle à un cessez-le-feu. Cet appel-là, il a été lancé par l'UNICEF. Il a été
lancé par Oxfam International. Il a été lancé également par Amnistie
internationale. Et le Québec doit être à la hauteur de sa réputation historique
d'être un défenseur des droits humains, d'être un défenseur de la paix sur la
planète. Et notre main est tendue vers les autres formations politiques à l'Assemblée
nationale, les oppositions comme le gouvernement, pour qu'on travaille ensemble
dans les prochaines heures et qu'on réussisse demain à adopter une motion
demandant un cessez-le-feu aux deux parties impliquées dans ce conflit-là.
Beaucoup de gens au Québec, en ce moment,
se sentent impuissants quand ils voient la tragédie qui se déroule dans la
bande de Gaza. Nous aussi, comme élus, on se sent impuissants, ça se passe
tellement loin qu'on a l'impression qu'il y a des gens qui meurent puis qu'on
ne peut rien faire. On le partage, ce sentiment d'impuissance là. Moi, je le
sens tous les jours et je me dis que la moindre des choses pour les élus du
peuple québécois, c'est d'interpeller le gouvernement fédéral pour que le
Canada aussi soit à la hauteur de sa réputation de défenseur des droits humains
et de défenseur de la paix. Donc, c'est la motion qu'on va déposer demain.
Revenons au Québec. Je voulais vous
parler, bien sûr, de ce qui se passe dans le secteur public. J'entendais le premier
ministre Legault nous dire, hier, que l'offre qu'il a déposée au syndicat,
bien, c'était une offre raisonnable. Je suis désolé, c'est tout sauf une offre
raisonnable, là. Cette offre-là de la CAQ aux travailleurs, aux travailleuses
des secteurs... du secteur public, c'est une attaque en règle contre la classe
moyenne au Québec. François Legault se prétend toujours être le grand défenseur
de la classe moyenne. C'est qui, la classe moyenne, au Québec? Bien, c'est
notamment nos profs, nos infirmières, les employés de soutien dans nos écoles,
dans nos hôpitaux. C'est le cœur battant de la classe moyenne, les
600 000 salariés du secteur public. S'attaquer à ces gens-là,
proposer de les appauvrir, c'est appauvrir la classe moyenne.
Mais qu'est-ce que veut aussi la classe
moyenne au Québec? La classe moyenne aussi, elle veut des bons services
publics. La classe moyenne veut un système de santé qui fonctionne. La classe
moyenne veut qu'il y ait des profs dans les classes, veut avoir des bons
services publics. Appauvrir les gens qui travaillent dans nos services publics,
bien, c'est diminuer la qualité de la santé puis de l'éducation que les gens
reçoivent au Québec. Alors, j'ai même envie de dire que l'offre de dimanche est
une double attaque contre la classe moyenne. C'est une attaque contre les
travailleurs, travailleuses de la classe moyenne qui travaillent dans les
services publics puis c'est une attaque contre la classe moyenne qui a besoin
de bons services. Puis on n'aura pas de bons services, au Québec, si le monde
continue de s'en aller. Si on ne paie pas le monde comme du monde, bien, ils
vont continuer de s'en aller.
Une voix : ...
Mme Massé : Oui, bien, oui,
quand même. Bien, bonjour, tout le monde. Moi, je veux aller sur un autre sujet
ici, au Québec. J'aimerais vous parler des coupes majeures que s'apprête à
faire la CAQ dans les services de transport en commun. Quand la CAQ investit en
transport en commun, vous l'avez remarqué comme moi, c'est toujours dans le
béton, toujours dans le béton puis jamais dans les services. Alors, tu finis
par te dire : Bien, coudon, c'est-tu parce que, quand tu investis dans les
services, ils ne peuvent pas couper le ruban, ils ne peuvent pas faire de
photos devant les kodaks?
Les gens, là, les gens de la classe
moyenne, les gens qui vivent en bas du revenu de classe moyenne, là, bien, ils
se déplacent en transport en commun pour plusieurs d'entre eux et d'entre
elles. Alors, imaginez qu'une infirmière ou une caissière qui va finir son
chiffre ou qui, tiens, le samedi matin, va devoir aller travailler mais qu'elle
travaille avant 9 heures, puis les métros, c'est plate, ils n'ouvriront
plus avant 9 heures. Qu'est-ce qu'elle va faire? Prendre un taxi? C'est de
même que la CAQ veut générer de la richesse chez notre classe moyenne? En tout
cas, ce n'est pas le chemin que moi, je prendrais. On dirait que la CAQ ne
réalise pas que les travailleurs et travailleuses de toutes classes sociales
prennent l'autobus, le métro, le transport en commun pour aller au travail, pour
aller porter les enfants à la garderie, pour se déplacer.
Et, dans ce sens-là, bien, vous savez que,
dans une métropole comme Montréal, c'est plate que ce qui s'en vient, ça va
être des coupes dans les services. C'est plate parce qu'on est en 2023 puis ce
n'est pas du tout par là qu'il faut aller. En fait, quand on sait, quand on
entend que les heures de service de métro, que la réorganisation de services
d'autobus... Il y en a que c'est leur seul moyen de transport. Qu'est-ce qu'on
va faire? Moi, je trouve qu'en 2023 ce n'est pas sérieux dans une métropole
comme Montréal. Et donc j'espère que la CAQ va se rasseoir avec les villes,
avec les municipalités puis elle va s'assurer que les services ne seront pas
coupés. Et ça, ça veut dire s'assurer d'investir.
Journaliste : Vous pensez
quoi des problèmes du REM ce matin? Entre autres, le REM, pas fonctionner, les
usagers ne sont pas au courant, ils se font laisser à L'Île-des-Soeurs, il n'y
a pas d'autobus, ça prend des heures avant de savoir ce qui se passe. Pourtant,
c'est un projet qui devait être extraordinaire, le REM.
Mme Massé : Oui, bien, c'est
ça qui arrive quand le gouvernement n'est pas à hauteur pour que les services
qui soient offerts à la population le soient de façon stable, le soient de
façon fréquente et à un prix abordable. Là, ce qu'on apprend avec la CAQ qui ne
soutient pas à la hauteur des besoins les services de transport en commun, ce
que ça va faire, c'est que, malheureusement, ça va empirer les situations dont
vous me faites état. Puis, vous savez, le REM, c'est vrai, c'est vrai, vous
avez raison, on a même adopté des lois ici pour changer des règles parce que
c'était le projet du siècle. Pour moi, maintenant qu'il est construit, ce qu'il
faut s'assurer, c'est qu'il réponde au service de la population, puis c'est
inacceptable quand ce n'est pas le cas, parfois, jour après jour, mais c'est
vrai pour tous les transports en commun. Il y a des gens que, ce n'est pas
vrai, ils ne sortent pas de chez eux pour embarquer dans leur voiture pour
aller au travail ou faire leur vie. Ils sortent de chez eux, embarquent dans un
transport collectif, ça fait que, quand il n'est pas là, ça brise la vie.
Journaliste : ...c'est la
faute du gouvernement ou c'est la faute de la caisse?
Mme Massé : La caisse est
responsable, elle... c'est la Caisse qui nous a dit que ça allait être le
meilleur service au monde, O.K.? Et là, on se retrouve devant une situation où
il y a encore, après plusieurs semaines, voire mois, des enjeux comme celui-là.
Moi, je pense que ce qu'il faut, c'est que la Caisse respecte sa parole. Mais
ultimement, ce que je vous dis, c'est que le gouvernement du Québec a aussi un
rôle fondamental à jouer en transport en commun, qui n'est pas juste de faire
du béton.
Journaliste : Quant à parler
de transport, le projet de tramway, tu sais, j'entendais Paul Arcand à la radio
ce matin dire : Bien, la décision est prise, ça n'arrivera pas, en tout
cas, du moins dans la forme, comme le projet devait être. Si cette rumeur-là se
confirme, qui devra porter l'odieux de l'échec du projet?
Mme Massé : Moi, je pense que
la Coalition avenir Québec n'a pas mis les efforts nécessaires pour... et on se
retrouve dans une situation comme celle-là. Est-ce que Mme Guilbault y croit
vraiment au tramway? Et depuis quand, si elle me répond oui à cette question?
L'enjeu, là, je me souviens d'être devant
vous voilà peut-être trois ans, quatre ans, peut-être, trois, quatre ans, et de
vous dire que la CAQ ne cesse de mettre des bâtons dans les roues au tramway,
on se retrouve quatre ans plus tard devant un potentiel d'arrêt de ce
projet-là. C'est inacceptable. La capitale nationale du Québec doit avoir un
réseau structurant. Et tout le travail qui est fait depuis des années, voire
décennies, nous oriente vers un tramway qui dessert la population de Québec.
Alors, moi, c'est comme... ils vont continuer à nous trouver sur leur chemin,
sans mauvais jeu de mots.
Journaliste : M. Legault,
ça fait deux fois, là, depuis vendredi, qu'il répète qu'il faudrait peut-être
ajuster le projet. Est-ce que ça pourrait être une voie de passage, là, quant à
faire des jeux de mots?
Mme Massé : ajuster le
projet, ajuster le projet, ça fait plusieurs fois. À chaque fois qu'il retarde,
parce qu'il veut ajuster le projet, parce que le montage ne fait pas son
affaire, ce qu'il est en train de faire, c'est de rajouter des dizaines de
millions de dollars de dépenses dans ce projet-là.
Réalisons le tramway à Québec, c'est la
façon dont, je dirais, Québec, mais le peuple québécois aussi a envie d'être
fier de sa capitale.
Journaliste : ...ils n'en
veulent pas? Les sondages démontrent qu'il y a 36 % des gens qui en
veulent.
Mme Massé : Je vous dirais
que tant que tu ne l'as pas eu, là, tu ne le sais pas vraiment c'est quoi,
d'avoir un service public.
Journaliste : ...
Mme Massé : Ce n'est pas ce
que je vous dis, M. Lacroix, là. Ce que je vous dis, c'est que, tu sais,
ma mère disait toujours : Quand te n'as jamais goûté à un steak, tu ne
sais pas qu'est-ce que ça goûte, tu sais. Il y a ça comme premier élément.
Puis, comme deuxième élément, si la CAQ arrêtait de mettre le brake sur ce
projet-là et se disait, avec le défi de lutte aux changements climatiques qui sont
les nôtres, avec le problème de mobilité qu'il y a ici, à Québec, avec ça, il y
a une solution qui s'appelle un transport structurant comme celui du tramway,
mais au lieu de ça, qu'est-ce que fait la CAQ?, elle avance, elle recule, elle
avance, elle recule. Ça envoie un très, très, très mauvais message.
Et moi, je pense qu'on est rendu là, en
2023. Et moi, je serais fière que ma capitale, là, quand les gens débarquent du
bateau à coup de centaines et de milliers pour venir visiter ma capitale
nationale à moi, bien, qu'ils puissent sauter dans le tramway pour le faire.
Journaliste : M. Nadeau-Dubois,
concernant les négociations, est-ce que vous avez l'impression qu'on est dans
une guerre de communication? Parce que le Conseil du trésor a commencé à publier,
là, des salaires, entre autres, des infirmières, on va passer de 120 000 $, si
on fait les quarts de nuit, quarts de fin de semaine, à 144 000 $,
pas mal plus cher que ce que gagne un député, là, que ce que gagne
Mme Massé, là.
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
pense que ce n'est pas une guerre de communication, je pense que c'est une
guerre de valeurs. Est-ce que c'est correct d'appauvrir des Québécois et des
Québécoises qui travaillent dans nos écoles pour nous autres, qui travaillent
dans nos hôpitaux pour nous autres?
J'entends François Legault, il est
toujours en train de nous parler, ses 2 000, 3 000 jobs, là,
qu'il va créer dans une usine de batteries. Moi, je lui parle des
600 000 jobs, 600 000 jobs, des gens de la classe moyenne
qui travaillent fort pour nous autres. Et François Legault nous dit, François
Legault nous dit : Moi, je vais proposer à ces gens-là de les augmenter
moins que l'inflation. Avez-vous vu les prix de l'épicerie? Avez-vous vu les
prix du loyer? Avez-vous vu les prix des maisons? Est-ce que le monde au Québec
ont les moyens de perdre du pouvoir d'achat? Voyons donc, le strict minimum,
là, le strict minimum pour ces travailleurs puis ces travailleuses-là, c'est
l'appauvrissement zéro, et je n'en reviens pas qu'après des mois de négociation
l'offre du gouvernement est encore en dessous de l'inflation. C'est, en effet,
insultant, puis moi, je les comprends, les travailleurs et les travailleuses du
secteur public, qui veulent faire la grève.
Journaliste : Mais, M.
Nadeau-Dubois, juste pour qu'on parle de la même affaire, là, c'est quoi, pour
vous, la classe moyenne? Ça va de quoi à quoi?
M. Nadeau-Dubois : La
définition usuelle, là, statistique de la classe moyenne... puis là vous me
posez la question comme ça, mais, si mon souvenir est bon, c'est prendre
25 % au-dessus, 25 % en dessous du salaire médian, si mon souvenir
est bon. Mais là je ne savais pas qu'il y aurait une petite séance de Génies en
herbe, mais, habituellement, c'est la définition statistique usuelle de la
classe moyenne.
Journaliste : En fin de
semaine, il y a eu le débat sur la succession de Mme Massé. Christine Labrie a
dit que la façon dont les politiques ou les propositions, en termes de
changements climatiques, sont apportées sont répulsives pour les électeurs.
Est-ce que c'est quelque chose que vous... Est-ce que vous partagez ce
constat-là que certaines de vos propositions ont peut-être pu éloigner
l'électorat de Québec solidaire?
Mme Massé : Bien, je pense
que, suite à l'élection, on a fait notre bilan. On vous l'a transféré, on vous
en a parlé, vous nous avez questionnés. Et cet élément-là de la nécessité de
revisiter des propositions ou des façons d'en parler, c'est sur la table depuis
plusieurs mois, mais on est déjà en action là-dessus, et c'est ça qui est
important dans cette histoire-là. C'est-à-dire qu'on a entendu les réactions de
la population, de nos membres, on s'est mis en action et on a déjà commencé
notre tournée des régions, pour être, justement, en échange avec la population
et comprendre qu'est-ce qui était irritant, ou répulsant, ou... je reprends les
termes, là. Et cette tournée-là est vraiment riche, et on ne la fait pas pour
la frime, on la fait parce qu'on veut comprendre.
Journaliste : ...quand même,
aussi, vous partagez ce constat-là...
Mme Massé : Ce constat-là, ce
n'est pas Mme Labrie qui l'a fait, là. On a... C'était au printemps? J'essaie
de voir...
M. Nadeau-Dubois : C'était
juste avant le déclenchement... était déclenchée, ça fait que c'était...
Mme Massé : Oui, janvier,
février, là... janvier, on vous a dit que le bilan qu'on a fait avec nos
membres, c'était de dire qu'il y avait des choses à revisiter et à revoir, puis
on s'est mis en action.
Journaliste : Quelles sont
les propositions, selon vous, que vous avez proposées, là, à l'élection
dernière, qui sont... qui répondent à la définition de... «repoussant»?
Mme Massé : Bien, écoutez,
là-dessus, je vous laisse largement commenter tout ça, et... parce que
plusieurs d'entre vous l'avez déjà fait. Moi, ce que je vous dis, c'est :
Québec solidaire, comme parti, nous avons fait le constat qu'on doit
s'améliorer sur nos propositions, là. Vous parlez d'environnement, mais nos
propositions en général. Et que l'outil qu'on se donne, ce n'est pas un échange
à deux, trois, c'est une tournée à travers le Québec, où on va vers des gens
qui ne sont pas, d'emblée, des sympathisants solidaires, des gens... qu'ils
soient élus dans les municipalités, qu'ils soient de... au niveau économique,
qu'ils soient au niveau de la culture, que... des gens, bref, qui ne sont
pas... qui ne votent pas Québec solidaire demain matin, et on s'assoit avec eux
pour essayer de comprendre. Alors, je n'essaierai pas, aujourd'hui, de vous dire...
parce que la tournée, elle a commencé ça fait peut-être un mois. On est en
train de faire cette tournée-là, mais soyez assurés qu'on ne sera pas gênés de
venir vous voir...
Journaliste : ...l'élection
dernière, vous aviez proposé d'interdire l'immatriculation des véhicules à
essence. Est-ce que ça, selon vous, ça peut...
Mme Massé : En quelle année?
Vous souvenez-vous en quelle année qu'on parlait de l'élimination de...
Seigneur! ça fait longtemps, je pense, en... Mais je ne me souviens plus de
l'année. Mais on va s'entendre, là, ce n'est pas maintenant qu'on propose ça,
hein, c'est en 2035...
Journaliste : Mais, à sa face
même, est-ce que ce genre de proposition là est repoussante pour l'électeur
moyen, la classe moyenne dont vous parliez, M. Nadeau-Dubois?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
écoutez, moi, ce que je peux vous dire là-dessus, là, c'est que le bilan de
l'élection, on l'a fait. Manon en parlait, en janvier, on l'a fait
publiquement, avec nos membres. En tout respect, on ne le refera pas en détail
avec vous ce matin. Mais cet exercice-là, on l'a fait, on l'a fait avec
introspection, avec humilité. Dans la vie, comme dans la politique, se remettre
en question, c'est toujours sain, et on l'a fait, à Québec solidaire, Manon l'a
fait, et je l'ai fait, publiquement, d'ailleurs. Une course au leadership de
Québec solidaire, c'est aussi un espace pour se poser ces questions-là. C'est
ce que les candidates ont fait dimanche, et c'est sain, et c'est correct. Et il
n'y a rien qui a été dit, dimanche, qui n'avait pas déjà été mentionné dans les
exercices de bilan qu'on a faits depuis l'élection.
Journaliste : Sur la
souveraineté, là, est-ce que ce qui se passe au Parti québécois va vous pousser
à en parler davantage? Parce que Mme Labrie a aussi dit que l'Assemblée
constituante, là, c'est une sorte d'échappatoire, en ce moment, pour ne pas
parler vraiment ou définir les contours d'un pays ou de votre projet de pays.
Est-ce que...
Mme Massé : Bien, je veux
dire, on est dans le débat. L'opinion de Christine, c'est l'opinion de
Christine. Moi, ce que je sais, c'est que nos membres, à travers l'Assemblée
constituante, voient la démarche de rassembler les gens autour du projet de
pays. Et, dans ce sens-là, je pense qu'il y a bien des gens que ce n'est pas
repoussoir. Au contraire, ils se disent : O.K., je vais avoir un mot à
dire là-dedans, pas juste un vote à exprimer. Ça me tente, votre démarche.
Alors, moi, je pense qu'il faut continuer à le communiquer. Puis votre question
par rapport...
Journaliste : ...avec le
Parti québécois qui va nous en parler...
M. Nadeau-Dubois : Moi, ce
que j'ai envie de vous dire là-dessus, c'est que le conseil national de janvier
dernier avait adopté une résolution pour qu'on parle d'indépendance, pour qu'on
en fasse la promotion entre les élections. Puis sans vouloir ne vendre aucun
scoop, suite à l'adoption de cette résolution-là, donc en janvier, il y a des
annonces qui vont avoir lieu dans les prochains mois.
Journaliste : ...
M. Nadeau-Dubois : La
résolution a été adoptée en janvier, puis on va donner suite à cette
résolution-là dans les prochains mois.
Journaliste : Est-ce que,
dans les commentaires et les déclarations des candidates ou co-porte-parole là,
vous voyez une critique de la direction actuelle du parti.
Mme Massé : Bien,
c'est-à-dire qu'une course au leadership, ça veut dire un espace de
délibération, ça veut dire de l'échange et bien sûr d'amener des perspectives.
Et ces femmes-là amènent leurs perspectives, suscitent le débat. Et tant mieux,
nos membres ont de quoi à s'accrocher et de dire comment moi, je me positionne
quand je regarde ces trois personnes-là. Ça fait que, moi, honnêtement, c'est
une critique, certainement, mais une critique qui n'est pas saine, hein, la
capacité de se regarder, Gabriel vient de le dire, l'autocritique, ça fait
partie de quelqu'un qui est en équilibre et en santé, et Québec solidaire est
en équilibre et en santé.
Journaliste : Vous,
Mme Massé, si Québec solidaire a abandonnait la proposition de l'Assemblée
constituante, est-ce que ça vous dérangerait?
Mme Massé : Bien, écoutez,
ça, c'est difficile à dire comme ça parce que ce n'est jamais magique comme ça.
Moi, j'y crois profondément, à cette démarche-là. Parce que, pour une fois dans
l'histoire de notre peuple, ça ne serait pas par en haut qu'arriveraient les
alignements pour le pays à venir, mais ça serait par le monde. Ça serait parce
qu'on est en lien avec les personnes autochtones, ça serait... les autochtones,
je devrais plutôt dire, ça serait parce qu'on est en lien et en délibération
avec les néo-Québécois, avec les gens des régions, avec les gens qui forment le
Québec. Et moi, qu'est ce que vous voulez, cette démarche-là... J'ai perdu deux
référendums déjà, j'ai l'âge d'en avoir perdu deux. Peut être que vous n'avez
pas tout à fait l'âge d'en avoir perdu un, mais moi, j'en ai perdu deux et il
n'est pas question que j'en perdre d'un troisième. Et pour ça, il n'y a qu'un
chemin à suivre, c'est-à-dire rassembler les gens autour d'un projet politique,
le pays du Québec, qui fait du sens pour eux.
Journaliste : Alors, votre
position du Parti québécois de tenir un référendum, est-ce qu'elle met en péril
votre rêve?
M. Nadeau-Dubois : Je vais répondre
à votre question. Je veux juste préciser quand même que c'est important de ne
pas non plus prêter des... de ne pas mal interpréter les propos de Christine,
là. Ce que ma collègue Christine a dit, c'est qu'il fallait mieux définir le
projet de l'Assemblée constituante, elle n'a jamais évoqué qu'on s'en
débarrasse puis elle n'a jamais dit que c'était un mauvais processus. Elle a
bien dit qu'elle y croyait, mais qu'il fallait justement peut-être préciser la
démarche. Je pense que c'est important de bien rappeler c'était quoi,
l'essentiel des propos de ma collègue.
Journaliste : Et Mme Massé,
juste une question, je trouve ça important. Vous dites que vous ne voulez pas
perdre un troisième référendum. Est-ce que la démarche du Parti québécois, en
ce moment, qui veut aller vers un référendum après une élection, après qu'ils
soient... Eux autres, ils garantissent qu'il y aura un référendum après avoir
pris le pouvoir. À votre avis, est-ce que ça, ça met en péril le processus
d'accession à la souveraineté?
Mme Massé : Oui. Écoutez,
moi, quand je... J'ai de la difficulté à me prononcer là-dessus parce que, là,
c'est de la politique fiction. Je ne sais pas quand est-ce ça va être, où ça va
être, dans quel...
Journaliste : Il va y en
avoir un de toute façon.
Mme Massé : Je vous réponds,
M. Lacroix, là. On ne sait pas à quel moment et dans quel contexte ça va
arriver. Moi, ce que je dis, c'est branché sur la société civile, par exemple
les gens du Oui Québec, les gens d'Option nationale qui ont maintenant joint
Québec solidaire, c'est que l'idée de la démarche constituante semble être
actuellement la plus consensuelle. Alors, on traversera le pont mais qu'on soit
rendu à la rivière. C'est sûr que, dans un éventuel référendum, je vais militer
en faveur, je vais voter oui, si on était là, mais, pour moi, la démarche qu'on
propose au peuple québécois, c'est une démarche de se rassembler, puis c'est
juste ça qui va faire qu'on l'a emporté, à mon sens.
Journaliste : Je voulais vous
entendre...
La Modératrice : ...en
anglais... Rapidement.
Journaliste : ...sur le
tarif L, on a fait un article là-dessus, qui a été accordé... bien, même,
encore mieux que le tarif L, là, tu sais, des économies substantielles qui
sont accordées à des entreprises au Québec.
M. Nadeau-Dubois : Oui. Bien,
ce que François Legault fait en ce moment, là, c'est signer des ententes à coup
de milliards de dollars avec des énormes entreprises, avec des multinationales,
et nous dit : Croyez-moi sur parole, ça touche... il n'y aura pas d'impact
sur les tarifs résidentiels que paient les Québécois et les Québécoises. Il
nous demande de lui faire confiance sur parole, puis les contrats qu'il signe
avec ces grosses entreprises-là, ils sont secrets. C'est un manque de transparence
flagrant. Tout ça manque énormément de transparence. Il faut voir les contrats
que le gouvernement signe avec ces entreprises-là, et il faut plus qu'une
profession de foi où François Legault nous dit : Ne vous inquiétez pas,
les tarifs du monde n'augmenteront pas. Il avait dit : Ne vous inquiétez
pas, je vais réformer le mode de scrutin, ce n'est pas arrivé.
Ça fait qu'en démocratie la transparence,
c'est essentiel. Les professions de foi ne suffisent pas. Nous, on demande à François
Legault puis à Pierre Fitzgibbon d'en finir avec la gestion sur un coin de
table, d'en finir avec la gestion sur une napkin et de faire preuve de
transparence avec les Québécois et les Québécoises. On a le droit de savoir. La
facture pour les projets batteries, là, est-ce qu'elle va être refilée aux
consommateurs d'électricité, oui ou non?
La Modératrice : ...passer en
anglais.
Journaliste :
Yes. I would like to go back to «la» Communauté métropolitaine de Montréal having
this press conference on public transit. So, basically, I go back to what you
said in previously, is it an attack on the middle-class? Because this is
citizens that will be affected, at the end of the day, if the deficits of
public transit are too big for municipalities.
Mme Massé :
Hum-hum. You know, when the CAQ decides
to... does not invest in the services, because he puts a lot of money in the
infrastructure, but not in the services, that have a huge impact on the family,
on the workers, on people who take this public transit to make their life. So,
you're right, it's an attack to workers, to people who take public transit
everyday to go to work.
Journaliste :
And, on Hydro-Québec, about this deal that do have big companies, for tariffs, last
week, like, Mr. Legault said:
3 % capped for... even after 2025, Mr. Fitzgibbon was saying something else…
M.
Nadeau-Dubois :
Different, yes.
Journaliste : …is it like a free-for-all, with Hydro-Québec, now?
M.
Nadeau-Dubois :
This whole issue about the future of energy in Québec is a complete
free-for-all and it's complete improvisation. Mr. Legault is telling us: Trust me, trust me. Trust me, the bill of the big
batteries project won't be sent to ordinary customers of Hydro-Québec. But the
contracts between the Government and those businesses, those multinational businesses are kept
secret.
That's a non-acceptable
lack of transparency. Quebeckers need to know, they deserve to know: Will they
pay for the projects of Mr. Fitzgibbon? You know, Québec solidaire is in favor of developing the industry of batteries in Québec. It's
a good thing, but it needs to be done the right way. And, one of the key
ingredients, it's transparency, and that ingredient is dramatically missing in
the recipe right now.
Journaliste :
Could we get your commentary on the
public sector offer that was put on the table on...
M.
Nadeau-Dubois : Yes. Well, this... You know,
Mr. Legault keeps
presenting himself as the white knight of the middle-class in Québec. Well,
that offer is an attack to the middle-class in Québec, and I even want to say
it's a double attack. Because, first of all, the people that are working hard
for us, in our schools, in our hospitals, are the beating heart of the
middle-class in Québec. We are talking about 600 000 people. It's
unbelievable. And what Mr. Legault is putting on the table is an offer that will impoverish those
people because their salary will increase less than the inflation. Look at the
price of the groceries, look at the price of the rents, of the houses. Do
people have the means to lose money, to lose a buying power? Absolutely not.
And second, the middle
class in Québec wants good
health services, they want good education services. If you pay your staff not enough, your staff will continue
to leave to go do other jobs, and the quality of services of Quebeckers will go down. So, we have a
common interest to defend our public services. So, the offer of
Mr. Legault does not only impoverish the workers of the public sector,
it's actually an offer that
will impoverish all of Québec.
Journaliste
: What about the disruptions for thousands of people if they start
rotating strikes on Monday?
M.
Nadeau-Dubois : Strikes have an effect on the
life of people, it's true and it's sad. But it will be even a bigger
disturbance if our health care system continues to fall apart. It will be even
a bigger disturbance if we're not able to have one teacher in front of each
classroom in Québec like it's
the case right now. The
disturbances for Québec people
will be a lot worst if there's no strike than if there's a strike.
Mme Massé : And it will be the CAQ fault.
Journaliste
: Merci
beaucoup.
Mme Massé : Merci.
M. Nadeau-Dubois : Merci. Thank
you.
(Fin à 11 h 35)