(Dix heures quatre minutes)
M.
Bonnardel
:
Merci à vous tous d'être présents aujourd'hui. Je suis accompagné, à ma gauche,
donc, de Jean-François Roberge, mon collègue à l'éducation; et André
Lamontagne, qui est mon collègue au développement économique.
C'est un point de presse important pour
nous parce que, comme vous le savez, j'ai rencontré le ministre des Finances
voilà quelques jours déjà. Ce sera le troisième budget qui sera déposé par le
ministre des Finances le 17 mars prochain. Pour nous, c'est un budget
extrêmement important, parce que ça doit être un budget qui va relancer
l'économie et non assurer, encore une fois, une stagnation au Québec, autant du
côté du développement économique que de revoir à la baisse les impôts des
Québécois.
Le premier point important pour nous, vous
le savez, les Québécois ont fait les frais du retour à l'équilibre budgétaire
dans les dernières années, ont vu leur fardeau fiscal augmenter en moyenne de
1 500 $ et plus dans les dernières années, des augmentations de
tarifs et de taxes au-dessus de l'inflation. Même le ministre Arcand l'avait
confirmé l'année passée que les Québécois ont moins d'argent dans leurs poches.
Donc, une première mesure importante pour
nous, dès le 17 mars prochain, c'est de baisser les impôts des Québécois
de 500 $ dès le prochain budget. Pour nous, c'est important. C'est un
impact d'à peu près 1 milliard sur le PIB au Québec parce que les Québécois
ont vu, donc, leur fardeau augmenter énormément dans les dernières années.
Vous le savez, en 2016, tout augmente. Il
y a une seule catégorie de gens qui ont vu leur situation s'améliorer dans les
dernières années, sinon dans la dernière année, ce sont les médecins. Il est
grand temps de penser aux contribuables québécois aujourd'hui, et on demande au
ministre de ne pas attendre la réduction de la taxe santé partielle à partir de
2017. On doit immédiatement, donc, utiliser les surplus de cette année pour
être capable de baisser le fardeau fiscal des Québécois.
Deuxième point important, bien, un plan de
relance. C'est le talon d'Achille du gouvernement depuis les deux dernières
années, donc, de déposer un plan de relance qui va amener le secteur manufacturier,
les PME du Québec, a avoir une confiance accrue en leur économie, à avoir un
plan, comme mon collègue va le mentionner dans quelques minutes, qui va
supporter, donc, les PME, avec un dollar qui est extrêmement bas présentement,
pour supporter aussi nos exportations.
Le troisième point, bien, c'est un point qui
est important pour nous depuis l'existence de notre formation politique, c'est
de ne pas augmenter les taxes et les tarifs au-dessus de l'inflation. Je le
mentionnais dès le début, les Québécois ont vu leur fardeau fiscal augmenter parce
que les libéraux ont rompu leurs promesses, principalement une que vous vous
souvenez tous, celle des tarifs en garderie. Et, dans ces conditions, on
considère qu'il faut donner de l'oxygène et ne pas hausser leur fardeau fiscal
de façon plus importante, donc, en augmentant les tarifs au-dessus de
l'inflation.
Et nécessairement, le dernier point, bien,
c'est un dernier point majeur, que mon collègue Jean-François va vous parler, c'est
les investissements dans les infrastructures scolaires. Mon collègue l'a
mentionné dans les dernières semaines, le Québec aurait besoin de
3,5 milliards pour supporter, rénover, amener la pérennité de notre
système scolaire concernant ces infrastructures. Donc, on souhaite que le
gouvernement puisse mettre et déposer un plan de match dès le prochain budget
pour être capable de supporter nos écoles, nos infrastructures et réduire le
taux de décrochage scolaire.
Donc, je laisse rapidement la parole à mon
collègue Jean-François pour le point sur l'éducation.
M. Roberge : Merci. Pour la
Coalition avenir Québec, et c'est comme ça depuis le début, depuis sa
fondation, l'éducation, c'est une grande priorité. Malheureusement, on le voit
depuis avril 2014, ce n'est pas le cas du tout pour ce gouvernement
Couillard, pour qui l'éducation, c'est une colonne de dépenses. On l'a vu, l'éducation
a été un grand contributeur du retour à l'équilibre budgétaire.
Malheureusement, les jeunes ont été sacrifiés. Le gouvernement nous a dit :
Ah! bien, on va faire des sacrifices pour atteindre le déficit zéro. La vérité,
c'est qu'ils ont fait des sacrifiés, et ce sont les jeunes et surtout les
jeunes les plus vulnérables qui ont été sacrifiés. Ça a des conséquences
dramatiques. Il y a des jeunes qui ne pourront jamais rattraper le retard qu'ils
ont accumulé ces deux dernières années.
En ce moment, un jeune sur quatre au
Québec n'a toujours pas aucune qualification, aucun diplôme, sept ans après son
entrée au secondaire, et malgré tout, cette année, le gouvernement a coupé de
60 % le budget lié à la persévérance scolaire. Donc, on voit qu'il rame
dans la mauvaise direction.
Pour ce qui est de nos infrastructures
scolaires, nos écoles, nos bâtiments, la Coalition avenir Québec a fait une
demande d'accès à l'information, puis on a révélé, il y a quelques semaines
déjà, qu'il y a plus de 478 écoles qui sont en mauvais état. Là-dessus, il
y en a 55 qui ont un état de détérioration tellement grand que ça coûterait
moins cher les rebâtir que les rénover. Donc, on voit qu'il y a vraiment une
urgence au niveau du décrochage et par rapport à la qualité de nos écoles, de
nos infrastructures.
Nous, on pense qu'il faut avoir des écoles
évidemment sécuritaires, où il n'y a pas de moisissures, de champignons, de rouille,
mais on a plus d'ambition que ça. On veut que nos écoles soient inspirantes. On
veut que nos jeunes aient le goût d'y aller.
Dans les chiffres du gouvernement qu'on a
rendus publics, on voit qu'il y a un manque à gagner de 3,5 milliards pour
remettre en état nos écoles. Ça prend un plan rapide pour réinvestir ces
sommes-là, et on veut que, dans le Plan québécois des infrastructures, ce
3,5 milliards là soit précisé dans le budget qui vient pour qu'à court
terme, à moyen terme, dans les prochaines années, on réinvestisse
3,5 milliards et on rénove notre parc-école.
M.
Bonnardel
:
Merci, Jean-François. André, sur notre plan de relance économique.
M. Lamontagne : Bien, en
réalité, pour commencer, quand on regarde notre situation au Québec un peu, on
regarde la croissance économique, bon, l'an passé, ça a été anémique. Cette
année, ça va se finir en bas de 1 %. On regarde au niveau des emplois, la
création d'emplois qu'on a eue, 40 quelque mille emplois sur presque deux ans,
versus des prévisions... à ce temps-ci de l'année, on devrait avoir quasiment
90 000 emplois de créés si on se fie à ce que le gouvernement nous avait
promis. On a eu, dans la dernière année, dans les derniers temps, là, à peu
près 36 % des faillites au Canada quand on compte pour à peu près
22 % de la population.
Quand on regarde ces résultats-là, on se
dit : Bon, bien, pour chercher à contrer ça, quelle est la stratégie du
gouvernement? Comment le gouvernement peut contribuer... Ce n'est pas le
gouvernement qui fait, mais comment le gouvernement peut contribuer à aligner
les planètes un petit peu, là, pour obtenir des meilleurs résultats que ça?
Nous, depuis 2014, depuis le premier budget, là, on a comme sonné l'alarme. On
a dit : Écoutez, on a un trio économique, une équipe qui s'occupe des
vraies affaires qui arrive au pouvoir. Le premier budget qu'ils déposent, il
n'y a aucune stratégie de développement économique, il n'y a aucune vision de développement
économique. Puis même, le 2 juillet 2014, en étude de crédits, le ministre
Daoust, suite à des questions que je lui posais, m'a même confessé, m'a dit :
Écoutez, M. le député, ce n'est pas dans la mission d'un gouvernement d'avoir
des objectifs. Ça fait que moi, je trouvais que ça partait bien le mandat de ce
gouvernement-là.
Alors, ce qu'on dit, c'est que 2014 on n'a
pas de plan. Et puis ce que le gouvernement a fait, c'est qu'il est allé à la
pièce un petit peu. Le gros de sa crédibilité, là, il l'a misée sur le Plan
Nord, dans un contexte où la demande mondiale puis les ressources sont à leur
plus bas. Il n'a pas pris acte, là... Depuis un an et demi, il est arrivé un
cadeau extraordinaire pour l'économie canadienne, l'économie québécoise, c'est
la baisse du dollar marquée. Bien, pour notre secteur manufacturier, ça devrait
être une opportunité extraordinaire. Ça fait qu'on devrait avoir un
gouvernement qui cherche à accompagner la relance manufacturière. Bien, on a
notre premier ministre qui a quasiment qualifié que finalement, le
manufacturier, ce n'était plus de notre temps, là, il fallait regarder plus
vers les technologies, l'innovation et tout ça, mais il n'a pas compris que
justement, le secteur manufacturier, c'est un secteur qui allait bénéficier
grandement d'innovations.
Alors, ce qu'on remarque, c'est qu'après
deux ans de gouvernement libéral, on a le gouvernement qui n'a pas de plan... Suite
à des questions que j'ai posées à la Commission des affaires publiques le 24
février dernier, le sous-ministre nous a avoué bien candidement que le
ministère de l'Économie n'a pas de plan depuis 2011. On a dévoilé l'an passé,
en commission parlementaire, c'est-à-dire en 2014, en étude de crédits,
qu'Investissement Québec n'a pas de plan depuis 2011. Alors, on a un gouvernement
qui n'a pas de plan, le ministère de l'Économie qui n'a pas de plan puis
Investissement Québec qui n'a pas de plan.
C'est quoi, l'idée d'avoir un plan? Bien,
mettons qu'on se compare à une équipe de hockey puis on dit que le premier
ministre, M. Couillard, c'est l'entraîneur, et puis que la somme des talents,
des ressources, des défis du Québec, bien, ce sont les joueurs. Bien, ce dont
on est témoin depuis le mois d'avril 2014, c'est que, pour chacun des matchs,
l'entraîneur, là, il a toute son équipe au banc, puis là il ouvre la porte du
banc pour le match, puis il dit : Allez-y, «let's go», faites votre
possible puis espérons qu'on va gagner. Ça, jusqu'à maintenant, ça a été la démarche
de notre gouvernement.
Nous, ce qu'on explique, c'est que, un, ça
prend une vision, puis ça prend une stratégie, puis après ça un plan pour
appuyer cette stratégie-là. On a proposé au gouvernement, dans le passé, toute
la question des zones d'innovation. Là, on lit de plus en plus à quel point le
maillage entre les universités puis le maillage entre la recherche
universitaire, les entreprises, c'est important. Bien là, c'est des choses,
nous autres, qu'on réclame du gouvernement depuis deux ans.
Devant ce qui s'est passé avec le
manufacturier, on a proposé récemment au gouvernement un plan d'intervention
pour le secteur manufacturier. Qu'est-ce que le gouvernement a fait? Il l'a
rejeté du revers de la main. Alors, nous, ce qu'on dit, c'est qu'on ne peut pas
avoir un troisième budget de ce gouvernement-là qui ne pourra pas témoigner au
Québec que le gouvernement a une vision puis qu'il a une stratégie qui va être
adaptée à la réalité d'aujourd'hui. Ça fait que c'est ça qu'on demande à notre
gouvernement pour le prochain budget.
M.
Bonnardel
:
Merci, André. On est prêts à répondre à vos questions.
Le Modérateur
: Alors,
je vais commencer dans l'ordre avec Jocelyne Richer de LaPresse
canadienne.
Mme Richer (Jocelyne) : Oui.
Bonjour, M. Bonnardel. J'aimerais que vous commentiez peut-être la stratégie du
gouvernement dans l'ensemble depuis deux ans. Parce que, pendant deux ans, on a
assisté à des compressions budgétaires importantes dans tous les domaines, le
seul objectif, c'était le déficit zéro, et là, apparemment, on va se présenter
en champion des réinvestissements. Est-ce que c'est une stratégie qui est
économique et politique, pendant deux ans on coupe, après ça on se montre
généreux? Qu'est-ce que vous pensez de cette façon de faire du gouvernement?
M.
Bonnardel
:
Bien, premièrement, il faut bien comprendre que, dans ce gouvernement, dans ce Conseil
des ministres, il y a des ministres qui étaient sous l'égide de M. Charest. Il
ne faut pas oublier que, pendant les années où M. Charest était au pouvoir,
avec les ministres qui sont encore là aujourd'hui, il y a une croissance des
dépenses d'à peu près 4,8 % en moyenne. Ça a été une des plus élevées au
Canada. Et on a l'épée de Damoclès des agences de notation qui nous tapait
au-dessus de la tête dans les deux, trois dernières années. M. Couillard est
arrivé, et on n'avait pas le choix, là. La croissance des dépenses était plus
élevée que la croissance des revenus, donc il fallait un contrôle des dépenses
accru et, de l'autre côté, en arriver à l'équilibre budgétaire. On a toujours
prôné qu'il fallait retrouver cet équilibre budgétaire.
Maintenant, les Québécois ont fait les
frais énormément de ce retour à l'équilibre budgétaire, là. Il ne faut pas
oublier que depuis 2010, de M. Bachand à M. Leitão, c'est
16 milliards d'argent neuf qu'on est allé chercher en hausse de taxes de
toutes sortes : essence, carbone, scolaires, garderies, Hydro-Québec
au-dessus de l'inflation. Donc, les Québécois, là, ont fait leur juste part
pour retrouver cet équilibre. On dit aujourd'hui, là : Pensez, là, aux
familles, à ceux qui nous écoutent, là. Quand je disais tantôt, le panier
d'épicerie, là, va augmenter de 345 $ cette année, bien, ça, là, c'est majeur
pour ceux qui nous écoutent. C'est majeur le 1 500 $ qu'on est allé
chercher dans leurs poches.
Donc, on dit : Aujourd'hui, en 2016,
on a retrouvé l'équilibre budgétaire, on a contrôlé nos dépenses, il est grand
temps de penser à ceux qui nous écoutent et dire : On va baisser les
impôts cette année, on n'attendra pas de mettre la taxe santé en dessous du
tapis comme on prévoit le faire partiellement à partir de 2007 jusqu'en 2019.
Il faut penser aux contribuables québécois. La consommation, c'est 60 % du
PIB, il est grand temps de leur donner de l'oxygène.
Mme Richer (Jocelyne) : Dans
un autre dossier, j'aimerais vous entendre sur Énergie Est et la
contribution de M. Jean Charest, à savoir, selon vous, est-ce qu'on
doit présumer qu'il a peut-être tenté d'en parler du dossier, de favoriser le
dossier auprès de M. Couillard. Est-ce que M. Couillard doit se
prononcer là-dessus, selon vous?
M.
Bonnardel
:
Bien là, vous parlez certainement des rencontres que M. Charest aurait
peut-être eues avec le cabinet de M. Trudeau.
Mme Richer (Jocelyne) : C'est
ça.
M.
Bonnardel
:
M. Charest est un homme intelligent. M. Charest connaît les lois,
alors c'est particulier si c'est le cas. Je pense qu'il y a même une enquête,
là, qui est en place pour vérifier si M. Charest était enregistré au
registre pour être capable d'avoir une discussion avec les autres instances
fédérales pour essayer peut-être d'influencer ce projet. De l'autre côté, bien
là, on a un dossier qui est de la part de M. Couillard et de
M. Heurtel et nous amène à un BAPE générique. On verra le résultat par la
suite.
Nous, on a toujours dit qu'il fallait que
les sept conditions de TransCanada soient mises sur la table, qu'on ne puisse
pas mettre en opposition développement économique et protection de l'environnement.
On est capables de faire les deux, mais il faut rassurer les Québécois. Il faut
de l'acceptabilité sociale et il faut nécessairement, comme on l'a mentionné
dès le début, être capable minimalement de négocier des redevances. S'il passe
des millions, sinon des milliards de barils de pétrole dans ce pipeline dans
les prochaines années, je pense qu'on est capable de négocier, et ça, ça sera
le boulot du gouvernement en place, pour être capable d'aller chercher les sous
qui vont enrichir les Québécois.
Le Modérateur
:
Alain Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) : M.
Roberge, est-ce que le gouvernement devrait bonifier l'offre faite à la
Fédération autonome de l'enseignement?
M. Roberge : Je ne pense pas qu'en
ce moment le gouvernement soit dans une situation pour bonifier les offres
salariales, dans la mesure où l'inflation est donnée aux enseignants. On a toujours
dit depuis le début : il faut s'assurer de ne pas appauvrir nos
enseignants. Nous, on veut valoriser la profession enseignante. Donc, la
condition minimale, c'est de donner l'inflation aux enseignants, et, si on peut
dégager une marge de manoeuvre supplémentaire, bien, il faut augmenter les
services directs aux élèves : plus d'orthophonistes, plus
d'orthopédagogues, des intervenants directs dans les écoles. Juste cette année,
il y a 250 professionnels de moins dans nos écoles. C'est bon pour la FAE,
c'est bon pour la FSE, c'est bon pour les profs, c'est bon pour les élèves. Il
faut rajouter des professionnels dans nos écoles. C'est ça qui va être gagnant
pour la réussite.
M. Laforest (Alain) : Donc,
vous dites au président du Conseil du trésor de maintenir la ligne dure
puis qu'on accepte l'offre qui est déjà négociée, là. Vous dites : N'allez
pas plus loin que ce qui est offert présentement, là.
M. Roberge : Je ne me souviens
plus si, dans l'entente en ce moment, qui n'est pas ratifiée partout, là, donc
on ne peut pas dire que c'est canné, comme on dit en bon français, là... mais
la condition, pour nous, c'est qu'il faut s'assurer qu'au minimum les profs de
tout le Québec, que ce soit de la FAE, de la FSE, là, peu importe, ne
s'appauvrissent pas. Ils doivent avoir l'indexation. Au-delà de ça, nous, on
pense qu'il faut augmenter les services aux élèves. C'est là que la marge de
manoeuvre doit aller.
M. Laforest (Alain) : S'ils
ne veulent pas accepter, donc vous êtes en faveur d'une loi spéciale pour
régler le dossier?
M. Roberge : Avec des «si», on
va à Paris. On verra bien comment ils continueront.
M. Laforest (Alain) : Non,
mais il y a eu un ultimatum lundi, lancé par le président du Conseil du trésor,
là, de régler. Les gens demandent maintenant l'arrivée d'un conciliateur.
Êtes-vous favorables à la conciliation ou vous maintenez la ligne dure en
disant : Il faut régler le dossier, ça a assez traîné, là, c'est les
élèves qui risquent de souffrir?
M. Roberge : Je pense que les
ententes négociées sont toujours meilleures que les ententes forcées. Moi, je
vous répète, une entente qui donnera l'indexation aux enseignants et qui
rajoutera des services sera une bonne entente.
Le Modérateur
: Nicolas
Vigneault, Radio-Canada.
M. Vigneault (Nicolas) : Sur
le budget, en fait, on regarde, vous dites : investir dans les écoles à la
hauteur de 3,5 milliards, 1 milliard pour les baisses d'impôt. Est-ce
que vous ne craignez pas que le gouvernement, dans cette situation-là, pour
maintenir l'équilibre budgétaire auquel vous êtes favorable, risque de devoir
hausser, justement, encore une fois, les tarifs, ce que vous lui reprochez actuellement?
M.
Bonnardel
:
Non, pas du tout, parce qu'on va être en situation de surplus. Le 2,1 milliards
qu'on aura en surplus va aller directement au Fonds des générations. Donc, on
est persuadés que, si on prend ce 1,7 milliard, on va amener une
consommation accrue, donc, des ménages, donc un support additionnel, donc, à la
consommation, puis on est persuadés, comme disait mon collègue André, d'avoir
une croissance du PIB à 1 %, 1,1 %, même peut-être en bas de 1 %
pour l'année 2015. C'est catastrophique.
Donc, c'est le temps de donner de
l'oxygène aux Québécois. On dit que le contrôle des dépenses, il faut continuer
le travail qu'on a entrepris dans les deux dernières années. Mais là, avec des
conditions qui sont légèrement favorables pour les Québécois, bien, il est
grand temps de leur redonner de l'oxygène, et on ne mettra pas en péril, donc,
le Fonds des générations si on prend immédiatement cette année, puis je suis
persuadé qu'on pourra donner un élan à l'économie québécoise de façon accrue si
on leur donne immédiatement, là, un peu d'oxygène.
M. Vigneault (Nicolas) :
Bien, concernant le Conseil du trésor, je reviens sur la question d'Alain,
est-ce que... vous les connaissez, les offres, là, on les connaît, les
chiffres. Si le gouvernement dit : Je ne peux pas aller au-delà de ça et
que les syndicats disent : On n'est pas capables de s'entendre, est-ce que
vous allez être favorables à une loi spéciale?
M.
Bonnardel
: Premièrement,
il n'y a pas de loi spéciale, comme mon collègue l'a mentionné tantôt. Deuxièmement,
la grande majorité de la fonction publique s'est entendue, les syndicats se sont
entendus avec le gouvernement. Il reste donc ce syndicat qui n'a pas voulu
s'entendre. Pour nous, mon collègue l'a mentionné, que l'augmentation à
l'inflation se fasse, elle est raisonnable. De l'autre côté, bien, on pourra
évaluer par la suite si le gouvernement tient la ligne dure, ce qui n'est pas
le cas encore.
Malgré l'ultimatum, je suis encore
persuadé que la négociation peut se faire, et de façon de convenable, puis d'un
côté qu'on soit capables de satisfaire les enseignants au Québec, et de ne pas
toucher, et de faire attention aussi... Le calcul est important. Le président
du Conseil du trésor doit s'assurer que, dans le prochain budget, les dépenses
et tout ça, que le retour à l'équilibre se fasse encore, que le contrôle des
dépenses soit serré, et, dans ces conditions, qu'on soit capables de continuer et,
je l'espère, dès cette année, à baisser le fardeau fiscal des Québécois. Ça, je
pense que c'est une mesure extrêmement importante pour l'ensemble des
Québécois.
Le Modérateur
: Robert
Dutrisac, Le Devoir.
M. Dutrisac (Robert) : Oui. Bonjour,
messieurs. Donc, si je comprends bien, vous suggérez de réduire de 500 $
l'impôt, là. Donc, les gens qui paient de l'impôt, les contribuables, ceux qui
en paient, auraient une réduction de 500 $ de leur impôt. C'est ce que
vous proposez?
M.
Bonnardel
:
Ceux qui gagnent en bas de 150 000 $.
M. Dutrisac (Robert) : Ceux
qui gagnent 150 000 $, mais ceux qui paient de l'impôt, là, parce
qu'il y a des gens qui gagnent des salaires mais qui paient...
M.
Bonnardel
:
Tous ceux qui gagnent en bas de 150 000 $ verraient... ce qu'on
souhaite, c'est que, dès le 1er avril, sur leur chèque de paie, que les gens
puissent voir déjà une baisse.
M. Dutrisac (Robert) : Est-ce
qu'il ne vaudrait pas mieux d'accélérer la réduction de la taxe santé ou
l'élimination de la taxe santé? Parce qu'on sait que c'est étalé dans le temps,
ça... Plutôt qu'une baisse d'impôt, ce ne serait pas mieux de réduire la taxe
santé, qui est une taxe plus régressive, si on veut?
M.
Bonnardel
:
Bien, vous savez, la taxe santé, on prévoyait à terme, quand la taxe a été mise
en place par M. Bachand, d'aller chercher à peu près 1 milliard avec le
200 $ par adulte qu'on allait chercher. Vous comprenez que, par la suite,
on l'a modulée selon les revenus. Donc là, dans les derniers chiffres que j'ai
vus, c'est à peu près 1,3 milliard qu'on est allés chercher avec cette
taxe santé.
Donc là, le gouvernement se dit : Je
me laisse une petite marge de manoeuvre, là, donc je commence ça en 2017, je
vais peut-être donner un petit nanane aux Québécois à un an, un an et demi de
l'élection 2018, parce qu'on n'est pas fous, là, on regarde très bien
l'échéancier qui s'en vient. Sauf que les Québécois disent : Aïe! c'est le
temps de penser à moi, là, pas attendre, là, que tu me donnes un petit cadeau
un an avant la prochaine élection. Les conditions du prochain budget, économiques,
comme on les connaît présentement, nous permettent de le faire immédiatement.
M. Dutrisac, les Québécois sont les plus taxés,
les plus imposés en Amérique du Nord. Le revenu disponible par habitant, nous
sommes 10e au Canada. Quand les libéraux sont arrivés au pouvoir, en 2003, nous
étions sixièmes. Bien là, je m'excuse, la situation nous amène aujourd'hui, en
regardant les finances du Québec, qu'on peut penser aux Québécois et leur
donner immédiatement ce qu'eux méritent : une réduction de leur fardeau
fiscal.
M. Dutrisac (Robert) : Mais
ça signifie aussi que, bon… Vous avez dit, bon : Les Québécois ont eu
1 500 $ d'augmentation de taxes et de tarifs. Ça veut dire que, bon,
pour les deux tiers de cette augmentation-là, vous êtes d'accord avec le
gouvernement.
M.
Bonnardel
:
Bien, premièrement, on va ramener le fardeau fiscal… On va leur donner de
l'oxygène. Ça ne va pas effacer le 1 500 $ du tout, là. N'oubliez pas
que, si on avait une augmentation de 1 500 $, on leur enlève… par
famille, on prend 500 $, on dit : On vous donne, là… Donc là, c'est
1 000 $ par famille, là. Donc, il est grand temps de penser à eux. Il
faut bien faire la nuance, là, la nuance dans ce…
M. Roberge : C'est une
première étape.
M.
Bonnardel
:
C'est ça, c'est une première étape, puis, dans ces conditions, bien là, le
gouvernement… Écoutez, là, je viens de voir l'annonce tantôt, Hydro-Québec, là,
augmentation de tarifs à 0,07 %, puis on applaudit. On applaudit. Je pense
qu'Hydro-Québec a compris. Parce qu'on a vu l'augmentation substantielle des
dernières années, qui a été, je pense, 4,7 % et 5,3 %, là, pendant
que les libéraux étaient arrivés au pouvoir.
Alors, il est grand temps de penser aux
consommateurs, il est grand temps de penser que le fardeau fiscal des Québécois
est imposant puis qu'on pense à eux dès cette année parce qu'on a la capacité
de le faire.
M. Gagnon (Marc-André) : Si
je peux me permettre une question. Justement, l'abolition de la taxe santé, puisque
M. Couillard, bon, n'a pas fermé la porte à d'éventuelles baisses d'impôt, mais
il veut commencer par l'abolition de la taxe santé, c'est quand même un premier
pas.
M.
Bonnardel
:
C'est un premier pas, mais c'est beaucoup trop loin. C'est beaucoup trop loin.
Cette année, là, on doit avoir une consommation, un facteur du PIB qui va être
concurrentiel aux provinces voisines. On est en retard au Canada, on est en
retard avec les États-Unis, on est en retard avec l'Ontario. Donc, il est grand
temps... et de ne pas attendre en 2017 de réduire partiellement le fardeau
fiscal par l'abolition de la taxe santé.
Moi, je dis à M. Couillard puis à M.
Leitão, là : Vous avez une situation économique qui nous amène, dès cette
année, à être capables de redonner de l'oxygène aux Québécois. Et je suis
persuadé que ça va amener une consommation accrue et, nécessairement, des gens
qui vont être heureux parce que c'est à leur tour aujourd'hui qu'on doit… c'est
à eux qu'on doit penser aujourd'hui pour être capable de baisser le fardeau
fiscal.
M. Gagnon (Marc-André) :
Peut-être revenir sur le BAPE et Énergie Est. D'une part, ce que vous pensez
des perturbations qu'on a pu voir hier soir à Lévis, et aussi on a vu votre ex-collègue
Gérard Deltell livrer un vibrant plaidoyer en faveur du projet.
Est-ce qu'il est nécessaire que des élus se
lèvent et prennent position, fassent la promotion comme ça du projet d'Énergie
Est?
M.
Bonnardel
:
Bien, premièrement, ce sont des gens mal élevés qui étaient présents hier pour
le BAPE. Ces gens n'ont pas à faire ça. Les gens qui étaient présents voulaient
discuter, voulaient avoir des réponses à leurs questions.
Deuxièmement, vous dites : Des
élus... M. Labeaume a dit : Moi, je suis pour, mais TransCanada fait une
mauvaise job de marketing. Je suis entièrement d'accord avec lui, entièrement d'accord
avec lui. On se doit d'être capable de bien répondre à l'ensemble des Québécois
qui vont voir le pipeline passer sur leur territoire. Donc, oui, retournez à la
table à dessin, là, puis allez rencontrer tous les maires à gauche et à droite,
sinon faites des assemblées citoyennes pour rassurer les gens. Je pense que
c'est leur boulot, puis, dans ces conditions, nous, comme élus, que M. Deltell,
ou que M. Labeaume, ou d'autres personnes disent : On est d'accord, mais
il faut refaire ça, ça, ça, je pense que c'est de bonne guerre.
M. Dutrisac (Robert) : Donc,
vous êtes d'accord avec le pipeline d'Énergie Est?
M.
Bonnardel
:
Non, mais il y a des conditions à respecter. Ça, on l'a toujours dit, je l'ai
mentionné, il y a des conditions à respecter.
M. Dutrisac (Robert) :
...victime d'un mauvais marketing, mais, si c'était bien vendu...
M.
Bonnardel
:
Bien, dans l'ensemble, si c'est bien vendu... Premièrement, vous savez que c'est
l'Office national de l'énergie qui, à la fin, aura nécessairement le dernier
mot, mais on se doit, oui, de défendre l'autonomie de notre territoire. Ça,
pour moi, puis je pense que pour nous c'est important. Il y a des conditions à
respecter. Puis moi, je dis la même chose que M. Labeaume : Aïe! refaites
votre travail, allez rassurer la population, allez rassurer les maires,
expliquez leur comment vous allez opérer ce pipeline, comment vous allez
rassurer les gens, assurer la sécurité, puis je pense que, dans ces conditions,
ça peut être un projet gagnant-gagnant pour le Québec et le Canada. N'oubliez
pas les redevances, comme on l'a mentionné voilà quelques mois déjà.
Le Modérateur
: S'il
n'y a pas d'autre question, je vous remercie. Bonne journée.
M.
Bonnardel
:
Merci.
(Fin à 10 h 29)