(Treize heures deux minutes)
La Modératrice
: Alors,
bonjour à toutes et à tous. Mme Diane Lamarre, porte-parole du Parti
québécois en santé va faire une déclaration. Ensuite, Mme Marie-Ève Duchesne,
du Comité populaire Saint-Jean-Baptiste, va prendre la parole; Mme Gaëlle
Généreux, du Centre Famille Haute-Ville; ensuite M. Louis Dumoulin, président
du Conseil de quartier Saint-Jean-Baptiste; et enfin Agnès Maltais, députée de Taschereau
et porte-parole du Parti québécois pour la Capitale-Nationale.
Mme Lamarre, la parole est à vous.
Mme Lamarre : Merci.
Alors, nous sommes ici ce matin pour dénoncer une aberration, une aberration
qui est une conséquence directe de la loi n° 20, dont le ministre de la
Santé, Gaétan Barrette, se vante. C'est une loi qui a été faite sur une base
arbitraire, dans laquelle on incite les médecins à prendre soin de statistiques,
à prendre soin de quotas plutôt que de prendre soin des gens, des humains, des
gens qui ont des besoins, des gens qui habitent à proximité des services et qui
ont besoin de cette proximité-là parce que sinon, ils ont de la difficulté à y
avoir accès.
Alors, c'est ce qu'on dénonce aujourd'hui.
C'est un échec. Un échec de plus, et on a une énumération : les urgences
ne sont pas réglées, les guichets d'accès pour les médecins de famille ne sont
pas réglés, mais clairement, ce qui se passe aujourd'hui à Québec avec le CLSC,
c'est vraiment quelque chose qui découle d'une conséquence de diriger les
médecins vers faire certains actes plutôt que d'offrir des services déployés à
l'ensemble de la population, et ça, il faut le dénoncer haut et fort. Alors, on
incite les médecins à soigner leurs statistiques plutôt qu'à soigner les
patients, et je pense que les exemples qui vont vous être fournis sont
éloquents à cet égard.
Alors, je vais laisser la parole aux gens
du terrain, mais on leur dit qu'on est avec eux dans cette dénonciation. Il y a
quelque chose qui est complètement aberrant et qui discrédite complètement la
réforme de M. Barrette.
La Modératrice
: Merci.
Mme Duchesne.
Mme Duchesne (Marie-Ève) :
Bonjour. Marie-Ève Duchesne du Comité populaire Saint-Jean-Baptiste.
Alors, on est ici aujourd'hui, c'est avec beaucoup
de consternation que plusieurs gens de la haute-ville ont appris la fermeture
du sans rendez-vous du CLSC de la Haute-Ville pour les gens qui n'avaient pas
de médecin de famille. Pour le quartier Saint-Jean-Baptiste, même pour le
quartier Montcalm, ça a été une perte de services. On se rappelle que, cet
automne déjà, dans le même secteur, il y avait une pharmacie qui fermait et il
y a aussi le service de prise de sang qui n'était plus accessible au CLSC, donc
de moins en moins accès aux services de santé pour les gens du quartier.
La colère a été grande. Plusieurs
courriels... Sur les réseaux sociaux, on a reçu plusieurs messages qui sont
venus marquer l'indignation. Pour la plupart des gens, les gens l'ont appris en
se présentant au CLSC. Donc, c'est sur place que les gens ont su qu'ils
n'avaient maintenant plus accès au sans rendez-vous du CLSC de la Haute-Ville.
Plusieurs organismes des quartiers se sont mis ensemble pour organiser un
rassemblement le 17 mai dernier. Donc, on pense à la Maison des femmes de Québec,
au Comité populaire Saint-Jean-Baptiste, au Centre Famille Haute-Ville, aux
Ami-e-s de la Terre et à l'Entraide du Faubourg qui ont participé à la
mobilisation du 17 mai dernier.
Pour aujourd'hui, dans le fond, cette
action-là qui va être posée par la députée de Taschereau, ça s'inscrit aussi
dans le cadre des pressions qu'on veut maintenir pour sauver le sans
rendez-vous du CLSC de la Haute-Ville.
La Modératrice
: Merci.
Mme Généreux.
Mme Généreux (Gaëlle) : Oui,
bonjour. Gaëlle Généreux du Centre Famille Haute-Ville. Moi, je suis ici pour
vous amener des exemples concrets, ces mesures-là, qu'est-ce que ça fait sur la
population, en fait, que ça crée de l'insécurité, que ça crée un sentiment de
stress lié au trou de services qui est créé par cette loi-là.
Donc, ce que ça fait concrètement, nous,
c'est que les familles reviennent chez nous, au Centre Famille Haute-Ville puis
nous racontent ensuite que leurs enfants n'ont pas eu accès à des soins. Donc,
ils l'apprennent, comme Marie-Ève le disait tout à l'heure, en se rendant au
CLSC. Ça veut dire aussi que des fois c'est des familles qui sont suivies par
un médecin de famille, un nouveau-né ne sera pas... il va être mis sur une
liste d'attente, donc il ne sera pas soigné par le même médecin. Donc, il y a
une perte au niveau de la connaissance aussi de la cohorte familiale.
Ça crée un sentiment d'insécurité chez des
familles qui sont nouvellement arrivées à Québec, qui ne connaissent pas
nécessairement le réseau de la santé et qui ne savent pas nécessairement où se
diriger. Les gens sont mal dirigés quand ils arrivent au CLSC, donc ils
repartent stressés, ils repartent souvent en se dirigeant vers le privé. Donc,
ce que ça fait, c'est que ça éloigne les gens du service public, ça enlève
l'espèce de gaine sociale, ça défait le tissu social aussi où, quand on connaît
notre médecin, on a la pharmacie tout près, donc on est vraiment plus à l'aise
de naviguer là-dedans quand on vient d'arriver à Québec.
Mais c'est aussi pour les résidents. On
envoie les familles avec un enfant malade en transport en commun ou en taxi. Ça,
ça veut dire qu'on ne pense pas aux clientèles vulnérables qui n'ont pas
nécessairement les moyens de se payer ce transport-là ou de partir avec un
enfant qui est malade, donc partir stressé en autobus, en transport en commun.
Donc, on les oublie, ces gens-là. Donc, voilà. Donc, chez nous, en fait, ça a
créé un sentiment d'indignation, c'est vraiment une discussion quotidienne
qu'on a avec les gens, qui ne savent plus vraiment trop... en fait, qui perdent
confiance envers le système de santé. Merci.
La Modératrice
: Merci.
Maintenant, M. Dumoulin.
M. Dumoulin (Louis) : Alors,
je m'appelle Louis Dumoulin, je suis résident du quartier Saint-Jean-Baptiste.
Je voulais juste mentionner que les trois conseils de quartier, Vieux-Québec,
Saint-Jean-Baptiste et Montcalm, ont adopté chacun séparément une résolution
protestant contre la baisse de services au CLSC Haute-Ville.
Personnellement, je voulais mentionner la
situation des personnes âgées. Ici, dans le haut Saint-Jean-Baptiste, et
Montcalm aussi, et Vieux-Québec, on a une grande concentration de personnes
âgées. Oui, il y en a, certes, qui sont aisées financièrement, d'autres beaucoup
moins, et que les envoyer en dehors du centre-ville pour avoir ces
services-là est quand même un stress supplémentaire, alors qu'avant elles
pouvaient y accéder facilement à pied. Parce qu'au centre-ville, on encourage
la densification, mais il faut que les services suivent, et un service de
santé, pour cette clientèle-là, est vraiment primordial. Probablement que ça
fait partie du menu de services qu'elles recherchent en priorité quand elles
choisissent de venir s'installer au centre-ville de Québec.
La Modératrice
: Merci.
Mme Maltais.
Mme
Maltais
:
Écoutez, ce qui est assez étonnant, ce sont les réponses qui ont été données
par le CIUSSS de la Capitale-Nationale quand on a amené ce problème qu'était la
fermeture du sans rendez-vous du CLSC Haute-Ville. Première réponse, qui venait
de Martin Lafleur, du CIUSSS, d'abord, il n'a pas été en mesure de préciser le
volume de consultations qui étaient supprimées, donc aucune idée du nombre de
sans rendez-vous qu'ils étaient en train de supprimer.
Deuxièmement, belle réponse, la clinique
réseau la plus proche, ProActive Santé, est à 15 minutes en autobus ou cinq
minutes en automobile. Petit problème, pour avoir un rendez-vous au sans
rendez-vous de la clinique ProActive, il faut être là à 7 heures du matin.
Prenez l'autobus, été comme hiver, pour être là à 7 heures du matin, ou
essayez-vous sur le téléphone, voir. Vous allez avoir de sacrés problèmes.
L'autre, le gars nous a répondu : Il
y a deux urgences à proximité. On ferme les CLSC, le service sans rendez-vous,
et on envoie les gens dans les urgences qui débordent. Deuxième problème, il y
a une des deux urgences dont le monsieur parlait, qui est l'urgence
Jeffery-Hale, qui a été sans médecin pendant deux semaines. Il y a des problèmes
dans les urgences. Est-ce que le CIUSSS veut vraiment l'augmenter, le problème
dans les urgences?
Je note aussi que la porte-parole du CIUSSS,
Annie Ouellet, a dit : Ah! quand on fait le choix de ne pas avoir de
voiture, le taxi est de mise. Alors, quelles sont les réponses? Ça dit, été
comme hiver, prenez l'autobus à 6 heures du matin si vous voulez retrouver
le service, payez-vous un taxi aux personnes vulnérables, personnes âgées et
tout, allez aux urgences qui sont déjà débordées ou bien on a même osé répondre
que les personnes qui étaient à mobilité réduite n'avaient qu'à se trouver
quelqu'un pour les aider.
C'est indécent. C'est une réforme
administrative, une réforme pensée sur papier, mais pas pensée pour le monde.
Alors, aujourd'hui, je vais déposer une pétition qui est une suite, une suite à
tout ce que les personnes qui sont ici ont fait pour essayer de faire rouvrir
le CLSC Haute-Ville, et on va faire rouvrir ce CLSC. C'est indécent qu'il soit
fermé. Merci.
La Modératrice
: Merci.
On va maintenant passer à la période de questions. Marc-André Gagnon, Journal
de Québec, micro de gauche.
M. Gagnon (Marc-André) :
Bonjour. Mme Maltais, vous parlez d'une fermeture du CLSC, mais, sauf erreur,
ça…
Mme
Maltais
: C'est
le sans rendez-vous.
M. Gagnon (Marc-André) : C'est
ça. Donc, du sans rendez-vous, il y a quand même…
Mme
Maltais
: C'est
du sans rendez-vous.
M. Gagnon (Marc-André) : Il y
a quand même une offre de services qui demeure.
Mme
Maltais
:
Oui, mais le sans rendez-vous est fermé, et le sans rendez-vous, c'était
l'accessibilité totale. Les gens qui ont quelque chose... C'est un des
quartiers les plus peuplés, c'est un quartier où il y a des familles, c'est un
quartier où il y a beaucoup de personnes âgées, beaucoup de personnes
vulnérables. C'est le sans rendez-vous qui était le service le plus facile, le
plus simple. Sinon, on les envoie dans les urgences. Ça n'a pas de sens,
envoyer le monde dans les urgences. Réalisez, là, l'idiotie qu'est cette
réponse. Je vais le dire.
M. Gagnon (Marc-André) : Et
donc, ça, ça se passe en Haute-Ville, et là où les patients sont référés, c'est
à la clinique ProActive qui est en Basse-Ville, sauf erreur.
Mme
Maltais
:
Qui est en Basse-Ville, mais ce n'est pas seulement une question…
M. Gagnon (Marc-André) :
Est-ce que ça, ce n'est pas un autre problème?
Mme
Maltais
:
…de Haute-Ville, Basse-Ville. Ça veut dire que la clinique ProActive Santé, son
sans rendez-vous, il faut y prendre un rendez-vous à 7 heures du matin. Ça
fait que ou bien vous prenez l'autobus à 6 heures du matin pour être là à
7 heures du matin... on parle de personnes malades, qui sont vulnérables,
des personnes à mobilité réduite, des personnes âgées, ou bien vous essayez
d'avoir un rendez-vous téléphonique, chose que j'ai déjà essayée. Je vais vous
dire, c'est assez compliqué.
M. Gagnon (Marc-André) : Donc,
ce n'est pas un peu contradictoire aussi pour le développement du quartier? On
sait qu'il y a des nouvelles constructions qui se sont faites sur la rue
Saint-Jean, dans les dernières années, qu'il y a des commerces qui ferment,
qu'on essaie d'attirer des gens dans ce quartier-là.
Mme Maltais : Oui. Perdre un
service de santé, c'est sûr que c'est remarqué immédiatement par les gens qui
veulent s'établir dans un quartier. J'ajouterais que, juste à côté du CLSC
Haute-Ville, il y a l'école Joseph-François-Perrault, et cette école avait une
clinique jeunesse qui travaillait de très près avec le sans rendez-vous du CLSC
Haute-Ville. Quand il y avait un problème, hein, le jeune, on l'envoyait
directement au sans rendez-vous. Ce sans rendez-vous est fermé maintenant.
Alors, il y avait des liens directs avec les organisations du quartier,
beaucoup sont ici, qui viennent d'être brisés actuellement. Ça n'a pas de sens.
Mauvaise décision. Reculer, retourner en arrière, là, ça n'a pas de bon sens.
M. Gagnon (Marc-André) :
Donc, vous interpellez directement le ministre Barrette?
Mme
Maltais
:
J'interpelle Barrette parce que, s'il est capable de décider qu'un
climatisateur doit être posé dans une chambre au lieu d'être loué, que les
gens... S'il est capable de se mêler des climatisateurs... des climatiseurs,
est-ce qu'il pourrait se mêler au moins de l'accessibilité aux services?
Des voix : Merci.
(Fin à 13 h 13)