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Point de presse de M. Stéphane Bédard, chef de l'opposition officielle

Version finale

Le mardi 19 août 2014, 15 h 15

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quinze heures dix-huit minutes)

M. Bédard : Bon, bien, alors merci d'être ici cet après-midi pour réagir, au départ, aux événements qui se sont produits hier à Montréal, des événements tristes, je pense, que tout le monde condamne de façon unanime. Ces événements n'ont pas sa place dans une société démocratique, et j'invite tous les acteurs à agir de façon responsable.

Je suis bien heureux de la réaction, par contre, du chef de police de Montréal qui a pris la chose en main et qui a été tout à fait responsable. Par contre, j'ai beaucoup d'inquiétude par rapport à ce que le premier ministre qualifie lui-même maintenant de «tensions sociales». On est à quelques mois de l'arrivée au gouvernement du Parti libéral et on est déjà dans les tensions dans un dossier qui avait tous ses équilibres, où on avait déposé un projet de loi qui avait été accueilli par les associations municipales, les maires, les syndicats, les retraités, par tout le monde, les partis d'opposition, qui avait été accueilli favorablement et qui disaient que c'était un bon point d'équilibre qui faisait en sorte qu'on pouvait revoir certaines problématiques qu'il y avait au niveau des régimes de retraite dans le secteur municipal.

Et, si le gouvernement avait agi de façon responsable, sans amateurisme comme c'est le cas actuellement, il aurait redéposé le projet de loi de Mme Maltais et du Parti québécois et il aurait annoncé lui-même ses amendements, parce qu'il peut légitimement proposer des amendements, mais il les aurait justifiés en commission parlementaire. Or, il a adopté une attitude complètement différente et fermée, amateure, sans consulter, d'ailleurs, les principaux groupes, en disant : Voici ma position, elle ne changera pas, maintenant bonne négociation, alors qu'on sait très bien que le projet de loi, dans sa forme actuelle, ne prévoit pas de marge de manoeuvre pour ceux et celles qui sont appelés à négocier.

Alors, j'invite le gouvernement à se ressaisir. On a vécu des crises dans le passé, on n'a pas le goût d'en revivre dans le contexte actuel. Et que le premier ministre, je vous dirais, participe à cette déstabilisation qu'il y a actuellement, je pense que c'est irresponsable de sa part.

Ce qu'on souhaiterait plutôt actuellement, c'est parler de création d'emplois. On sait qu'au niveau économique actuellement c'est anémique. Il y a des inquiétudes, et je pense que toute l'énergie du gouvernement devrait être là-dessus plutôt que créer des zones de tension comme on vit actuellement. Et là il y a ce qu'on a vu à Montréal, mais partout au Québec il n'y a personne qui comprend pourquoi le gouvernement a choisi cette voie unilatérale sans faire preuve d'ouverture.

Alors, je demande au premier ministre, là… ce n'est pas un test de leadership, là, c'est un test pour arriver à une solution où tout le monde va être gagnant : les contribuables, la classe moyenne, les travailleurs, les municipalités. Et cette voie-là, elle avait été tracée. Donc, pour les prochains jours, je demande au premier ministre d'adopter un ton qui est convenable, qui est responsable et qui va faire en sorte qu'on va être capable de retrouver le calme, de regarder en commission parlementaire les différentes représentations, de voir s'il y a des modifications possibles et à faire sur le projet de loi et, par la suite, parler aussi d'économie, de création d'emplois, de développement régional. Je pense que tous les Québécois ont des craintes légitimes actuellement. Voilà.

Mme Prince (Véronique) : Qu'est-ce que vous pensez du terme, justement, qui a été utilisé par le premier ministre? Il parle de «tensions sociales». Est-ce que vous pensez qu'on est près d'une crise? Est-ce que ça vous rappelle ce qui s'est passé en 2012?

M. Bédard : On ne veut pas revivre ce qui s'est passé en 2012. Il n'y a personne qui a le goût, surtout dans le contexte économique que nous vivons, où l'hésitation du gouvernement... Il y a eu certaines coupures au niveau des crédits d'impôt. La politique d'austérité amène un fléchissement au niveau économique qui est inquiétant. Alors, il n'y a personne qui a le goût de revivre ça. Donc, à partir de là, on n'est pas encore là.

Donc, il faut créer des conditions qui sont favorables à la discussion, et cette recette-là, elle existait. On ne peut pas dire qu'elle n'existait pas, là. Le Parti libéral a appuyé le projet de loi quand on l'a déposé, qui a fait l'objet d'une négociation intense avec les syndicats, les retraités, et les unions municipales, et les maires. Quand on brise un consensus, le fardeau de preuve, il repose sur nous. Pourquoi on a brisé un consensus? Ça peut être légitime, mais il faut le démontrer et le justifier.

Le gouvernement a agi de façon cavalière et amateure dans ce dossier. J'avais des craintes, quand le projet de loi a été déposé, pour les raisons que vous connaissez, et actuellement elles se matérialisent. Pourquoi? Parce que le gouvernement… et le premier ministre renchérit, provoque actuellement, et ce n'est pas ça qu'il faut faire.

Mme Prince (Véronique) : Est-ce que vous craignez une commission bidon? Parce que c'est ce que craignent un peu les syndicats. Ils disent que le gouvernement est tellement fermé à modifier son projet de loi parce qu'il veut conserver les éléments principaux tels quels, ils ont l'impression, dans le fond, que c'est une commission qui va permettre de discuter, mais qui ne changera rien.

M. Bédard : Il a fait preuve — actuellement, le gouvernement, là, depuis le dépôt du projet de loi — d'une intransigeance et d'une insouciance par rapport à ces gestes, là, que personne ne lui demande. Qui a demandé ça? Quelle manifestation il y a eu dans la rue pour dire : il faut absolument modifier le projet de loi qui avait été déposé? Avez-vous vu une grande manifestation, vous, une prise de position sociale épouvantable qui dénonçait ce qu'on avait fait? Personne. Au contraire, il y avait un consensus.

Donc, le gouvernement, en brisant ce consensus, s'est mis dans une position où lui-même est sur la défensive. Et là le mieux qu'il aurait dû faire, qu'il doit faire de façon urgente, c'est de dire : On est prêts à discuter, on est prêts à regarder comment on peut bonifier. Au lieu de ça, le gouvernement en remet et là il parle de tensions sociales. Je ne sais pas s'il pense que c'est de nature à créer un climat facile pour la négociation. Je pense que tous les maires, au Québec, ne sont pas contents — et mairesses — de l'attitude du gouvernement dans le contexte actuel. Il met de la tension. J'ai vu différents maires, dans d'autres endroits qu'à Montréal aussi, manifester leur surprise dans le contexte.

Et à quatre mois, à cinq mois de l'élection et avec les défis économiques et de création d'emplois qu'on a, on n'a pas le temps ni le luxe de se payer un affrontement que personne ne demandait, là. Et d'ailleurs ça n'a même pas fait l'objet d'un débat pendant la campagne électorale. Y a-tu quelqu'un qui a vu que le Parti libéral avait pris l'engagement de briser le consensus? Est-ce que ça a été l'objet d'un débat lors de la dernière campagne? D'aucune façon.

Donc, je l'invite à retrouver ses esprits et à bien lire ce qu'on avait déposé comme projet de loi. On est prêts à les aider, à les appuyer, à améliorer, mais il faut éviter à tout prix une fermeture qui cristalliserait les positions et qui créerait un climat de tension comme on vit actuellement, qui est inutile, je vous le répète, là, inutile, qui n'est demandé par personne.

M. Corbeil (Michel) : Les propos de M. Couillard et les propos de son ministre, dans le fond, ça revient à ce que disait un de vos collègues : Le premier ministre a couru après, après le trouble.

M. Bédard : Bien, il y a une chose qui est sûre, c'est qu'on l'a avisé. Quand il a déposé le projet de loi, on a dit : Pourquoi ne pas avoir gardé le projet de loi tel quel? Et là je vous donne la méthode, là. Je la redonne au premier ministre, il peut encore la prendre. On est très ouverts, s'il souhaitait... c'est redéposer… il aurait pu, il aurait dû faire ça, redéposer le projet de loi, annoncer ses amendements, de dire : Voici quelles dispositions je veux modifier. Et là, à ce moment-là, les gens se seraient sentis respectés dans le processus. Il ne l'a pas fait, en pensant que par sa seule voix et par le simple fait de dire : Voici la vérité, là, la vérité, elle passe par ça, que tout le monde allait se rallier autour de ça. Ce n'est pas le cas.

Alors, il y a des problèmes qui sont particuliers à Montréal, à Québec, puis il y a des réalités différentes dans chacune des régions du Québec. Alors, ce que les maires, mairesses du Québec, les citoyens, et les contribuables, et les travailleurs ne veulent pas, à tout prix, là, c'est un climat de tension comme le premier ministre a créé.

Tout le monde veut un climat d'ouverture où les gens vont se parler puis en sachant qu'il peut y avoir une solution et des compromis, alors que le problème du projet de loi, c'était une fermeture par rapport aux enjeux. Et là de dire après ça que je ne modifierai pas le projet de loi, bien là, il crée lui-même le problème.

Ce problème-là a été créé à 100 %, actuellement, là, par le Parti libéral. Le problème des régimes de retraite, c'est une chose, on le connaît, il a été documenté à l'époque qu'on était au gouvernement. On a vu le rapport, on a agi, on a déposé des dispositions pour justement faire en sorte d'assurer la pérennité de ces régimes-là tout en respectant la capacité de payer des villes. Et tout le monde était d'accord avec les avenues qu'on avait. Alors, pourquoi, là... y avait-u urgence à modifier ce qu'on avait fait?

Donc, le premier ministre... actuellement, le Parti libéral, vous savez, depuis le début… j'ai vu sa réaction dans le cas de l'affaire Bolduc, et c'était beaucoup d'amateurisme, mais, dans un dossier comme ça, là, on ne peut pas se permettre de l'amateurisme. Ça a coûté 215 000 $ aux Québécois dans l'autre dossier; lui, là, ça va se calculer par dizaines de millions. Alors, il faut arrêter l'hémorragie là, prendre la situation telle qu'elle est, condamner ce qui s'est passé à Montréal hier, qui est inapproprié, inacceptable, indéfendable, mais revenir avec des propositions concrètes d'ouverture.

M. Corbeil (Michel) : Voyez-vous un double standard dans le travail des policiers entre ce qui s'est fait au printemps...

M. Bédard : Je n'ai pas à commenter. J'ai vu la réaction, par contre, du chef de police de Montréal, qui a été à la hauteur de la situation. Je tiens d'ailleurs à le féliciter ici et je pense que, notre devoir à tous, comme responsables, comme élus, c'est d'appuyer son travail. Il a dit qu'il allait faire une enquête interne, qu'il allait regarder...

M. Corbeil (Michel) : Vous ne constatez pas qu'il y a un double standard dans le travail des policiers? Vous avez vu leur travail pendant les...

M. Bédard : Ce que je... je n'étais pas là, j'ai vu les images comme tout le monde hier. Et, ce que je suis particulièrement content, c'est de savoir que le chef de police va prendre les choses en main, et je pense que c'est la meilleure garantie que peuvent avoir les Montréalais et l'ensemble des Québécois pour que...

M. Corbeil (Michel) : …vous prononcer, parce que visiblement on a vu que les policiers ne faisaient rien, étaient là les bras croisés.

M. Bédard : Bien... et c'est pour ça que le chef de police a réagi en conséquence, et je pense qu'il a pris la bonne attitude. Il a pris la bonne attitude. C'est ça qui est important.

Journaliste : Est-ce que c'est le SPVM qui devra enquêter sur le SPVM ou c'est la SQ qui devra enquêter?

M. Bédard : Première chose, le maire de Montréal est satisfait des interventions du chef de police. Moi, je l'ai écouté, et je trouve que c'est quelqu'un de crédible, qui a pris la chose au sérieux et qui compte agir. Donc, voyons le résultat de ses vérifications, après ça, on avisera. L'important, c'est de soutenir les municipalités là-dedans puis, en même temps, avoir une préoccupation pour l'ensemble des travailleurs du Québec.

Le Parti québécois, on est un parti de travailleurs, un parti de classe moyenne. Et ce qu'on vit actuellement, là, il ne faut surtout pas créer deux catégories au Québec, là : ceux qui travaillent pour les villes puis les autres Québécois, là. Ça, c'est à éviter. Il n'y a personne qui va être gagnant là-dedans, là. Alors, il y a eu des régimes de négociation depuis 50 ans, là — ça n'a pas été inventé cette année, là — donc qui ont mené à des conditions de travail qu'on connaît, et de circonscrire le problème avec les régimes de retraite, bien, il faut y aller intelligemment. On ne touche pas à quelque chose de simple, là. On touche à quelque chose de complexe et compliqué individuellement pour les gens, donc il faut les respecter. Et ils voient... Les travailleurs, les retraités voient les problèmes qu'ont leurs régimes de retraite actuellement. Ils sont ouverts. Ils sont ouverts, puis les contribuables disent : Bien, nous, on ne veut pas se ramasser avec toute la facture. Tout le monde s'entend. Alors, c'est seulement de trouver les voies, qu'on avait trouvées dans le projet de loi, là. Si encore on n'avait pas fait de projet de loi puis on serait dans les possibilités… il y avait des dispositions qui existaient, il y avait un consensus négocié par Agnès Maltais, par le gouvernement du Parti québécois. Donc...

Mais là il n'est pas trop tard. On est au mois d'août. On ne veut pas d'escalade. Il n'y a pas un Québécois qui veut une escalade. Alors, ce qu'on souhaite maintenant, c'est que le premier ministre adopte une attitude qui est conforme, puis ce n'est pas avec des déclarations comme tantôt, en parlant de tensions sociales, en créant un climat de conflit, d'affrontement et de rapport de force. Et c'est ça que je lui reproche, moi. On a ramené ce dossier-là à un strict dossier de rapport de force. Le problème, c'est un problème de solvabilité des régimes et de durabilité dans le temps. Ça, c'est le vrai problème.

Journaliste : Donc, vous ne croyez pas, comme disent les syndicats... En fait, comme il y a des élections, vous croyez qu'il n'y a pas de place pour négocier réellement...

M. Bédard : Bien, dans le contexte actuel, le premier ministre dit que je ne négocie pas, voici mon projet de loi, bonne chance. Si tu regardes le projet de loi, il n'y a pas grand-chose à négocier dans le projet de loi. Voici le plafond, voici ce qui va arriver, bonne chance, tout le monde. Bien là!

Écoutez, l'idée, ce n'est pas de savoir qui a raison. Si tu es de l'autre bord, tu dis : Bien, moi, je m'en vais à la table, tout est décidé. Puis, de l'autre côté, les municipalités, bien, on leur donne un contexte aussi explosif. Rapidement… personne ne va être content là-dedans et surtout personne ne va être gagnant.

Le but, c'est de régler le problème des régimes de retraite, puis il n'est pas à la grandeur du Québec, là, il n'est pas dans tous les régimes. Commençons avec ça. Alors, ramenons-nous, là, et surtout évitons d'en remettre. Et là ce que je vois de l'attitude du premier ministre depuis quelques jours, c'est d'en remettre. Devant les jeunes, il en a mis, là. On dirait qu'il voulait les lancer, là. Alors, qu'on arrête, là. Qu'on arrête, puis toujours condamner les gestes qu'on a vus hier. Ça n'a pas sa place, et ça, on est sans nuance là-dessus.

M. Corbeil (Michel) : Qu'attendez-vous de la ministre de la Sécurité publique?

M. Bédard : Bien, de bien suivre le dossier. Je sais que…

M. Corbeil (Michel) : Ça se traduit comment?

M. Bédard : Pardon?

M. Corbeil (Michel) : Ça se traduit comment? Les contacter, les…

M. Bédard : J'imagine que les… La ville de Montréal a un corps de police, vous le savez, qui est important, qui comporte… bon, il y a des gens d'expérience, c'est un des plus grands corps de police au Québec. Donc, ils ont les compétences à l'interne pour faire le travail, mais de s'assurer d'un bon suivi et de donner tout le support au chef de police de Montréal, là. Dans ce temps-là, on renforcit les institutions, on ne les affaiblit pas. Et le chef de police s'est comporté de façon tout à fait honorable et responsable.

Ce que, là, je reproche au premier ministre, on lui donne la chance… N'attendons pas… Je vous le dis, là, on est à la fin de l'été, il y a encore de la place, il faut simplement changer d'attitude. On parlait beaucoup du ton, là, alors je l'invite à changer de ton, changer d'attitude, de l'ouverture, de la responsabilité puis de dire qu'on parle à du monde, là. C'est des travailleurs, ce monde-là, là, ce n'est pas des criminels, là, les employés des villes, là, dans l'ensemble du Québec, là. C'est des bons travailleurs qui ont gagné leur vie puis ils ont un problème avec certains régimes de retraite et ils sont prêts à le regarder. Alors, respectons-les, respectons les contribuables, tout le monde va être gagnant.

M. Corbeil (Michel) : Est-ce que vous préférez que Mme Thériault en fasse le moins possible?

M. Bédard : Je n'irai pas jusque-là, mais il y a, à l'interne, des autorités au niveau du ministère toute latitude… D'ailleurs, celui qui est là, le sous-ministre en titre, est quelqu'un que je respecte beaucoup. Il était là à l'époque des libéraux, on l'a gardé en poste. C'est quelqu'un de très responsable, qui connaît bien les policiers, qui établit des bons liens dans l'ensemble des corps de police. Si elle a un rôle à jouer, bien, ce n'est surtout pas de mettre de l'huile sur le feu. Merci, tout le monde.

(Fin à 15 h 32)

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