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Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, député de Gouin, et Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques

Version finale

Le mardi 3 octobre 2017, 11 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures deux minutes)

M. Nadeau-Dubois : Bonjour, tout le monde. Je suis sûr que vous êtes tous impatients et impatientes d'entendre Manon qui revient de Catalogne avec un témoignage intéressant, un témoignage troublant et intéressant, je pense, pour les Québécois et les Québécoises.

Mais juste avant de lui passer la parole, j'aimerais vous parler d'une motion que Québec solidaire va déposer cet après-midi, une motion visant à dénoncer l'entente conclue entre le gouvernement fédéral et Netflix dans les derniers jours. L'objectif de notre motion est clair : créer un front commun au sein de la classe politique québécoise pour envoyer un message fort à Ottawa. On le voit, on l'a entendu dans les dernières heures, le milieu culturel québécois est mobilisé, est en colère contre le gouvernement fédéral qui a signé un marché de dupe avec Netflix.

Alors, notre motion va viser à créer un front commun de la classe politique québécoise pour envoyer un message fort. Cette entente-là entre Netflix et le gouvernement fédéral ne passe pas au Québec. Selon nous, il est temps, pour la classe politique, de s'unir derrière le milieu culturel québécois, il est temps d'appuyer les créateurs, les créatrices du Québec qui sont en colère, qui ont l'impression d'avoir été floués par l'entente conclue entre Netflix et le gouvernement fédéral. Alors, le message qu'on veut envoyer avec cette motion-là, il est clair : l'entente entre Netflix et le gouvernement fédéral ne passe pas au Québec. C'est aussi simple que ça.

Selon nous, c'est une entente qui crée un dangereux précédent. Ça vient créer un précédent, ça vient envoyer le message que les multinationales étrangères peuvent négocier de payer de l'impôt ou non avec les gouvernements. Selon nous, c'est inacceptable. Le principe de l'équité fiscale, ce n'est pas seulement un principe économique, c'est aussi un principe démocratique fondamental. Le fait que, quand on crée de la richesse sur le territoire du Québec, bien, il y a une partie de cette richesse-là qui doit être redistribuée et il n'y a aucune raison qu'une entreprise comme Netflix fasse exception à cette règle démocratique fondamentale. L'impôt, c'est pour tout le monde, y compris les députés, y compris les entreprises, qu'elles soient canadiennes, québécoises ou étrangères.

L'appel qu'on lance aujourd'hui, c'est donc un appel à l'unité, un appel à la mobilisation. Il est temps, selon nous, pour tous les partis politiques à l'Assemblée nationale, de s'unir derrière le milieu artistique québécois, derrière l'industrie culturelle québécoise. Ils ont besoin de notre solidarité en ce moment, parce qu'ils sont très, très inquiets, et avec raison.

On va donc proposer cette motion-là cet après-midi. On espère obtenir l'appui de toutes les formations politiques représentées à l'Assemblée nationale, mais en particulier l'appui de la CAQ, qui semble toute ragaillardie par son score hier dans Louis-Hébert, et c'est leur droit, bien sûr. C'est une victoire pour eux, mais, si M. Legault veut faire la démonstration qu'il est un candidat sérieux au poste de premier ministre, bien, il doit faire la preuve aujourd'hui qu'il est capable de défendre la culture québécoise dans les moments critiques. En ce moment, la culture québécoise a besoin de tous les partis politiques pour venir à sa défense, et on s'attend à ce que M. Legault se joigne à nous et accepte de défendre la culture québécoise au lieu d'être le porte-parole de Justin Trudeau à l'Assemblée nationale du Québec.

Mme Massé : Alors, à mon tour de vous partager ce que j'ai vu, entendu et vécu dans les cinq dernières journées où j'étais en Catalogne, dans différentes régions de la Catalogne mais principalement à Barcelone, bien sûr.

Alors, je vous dirais que, dans un premier temps, ce qui est fascinant, c'est que j'ai découvert, j'ai rencontré un peuple profondément pacifique, non violent, fier, très fier, un peuple debout, malgré plusieurs comportements de l'État central, dont vous avez eu quelques images, et je dirais surtout un peuple déterminé. Ça, c'est pour la portion catalane.

De l'autre côté, ce que j'ai découvert, c'est un État central voyou, un État central fermé au dialogue. Depuis des années, la Catalogne tente d'amener ses perspectives autonomistes au niveau du gouvernement central. Les oreilles sont bouchées, la bouche est fermée, l'État central est complètement fermé. Un État voyou parce que prêt à utiliser des violences étatiques pour délégitimer un référendum voulu par plus de 70 % de la population catalane et aussi prêt à voler du matériel électoral. C'est pour ça que je le qualifie de voyou, je trouve ça terrible. On est en démocratie, on est dans une démocratie européenne de surcroît. Donc, tout ça pour empêcher un droit fondamental au peuple catalan. Et j'y ai aussi vu, et malheureusement pas entendu, une communauté internationale silencieuse face à toutes ces exactions. Alors, je n'en reviens pas. Je suis revenue de la Catalogne, certes, mais je n'en reviens pas de voir qu'au XXIe siècle, en démocratie, je n'en reviens pas de voir ce que j'ai vu dans les derniers jours.

Alors, à Québec solidaire, dans les minutes qui suivent, si ce n'est déjà fait, on a décidé d'appeler le peuple québécois, peu importe qu'il soit indépendantiste ou non, parce que le peuple québécois est profondément démocrate, alors de les inviter à signer une pétition qu'on met en ligne, si ce n'est déjà fait, pétition qui n'est pas un long texte, mais un texte très clair. D'une part, cette pétition est orientée vers M. Trudeau, et ce qu'on souhaite, c'est que d'une part, un, il reconnaisse, puisque c'est dans le droit international, le droit à l'autodétermination des peuples, dont le peuple catalan, qu'il condamne clairement, condamner les exactions commises par le gouvernement espagnol. Bien sûr, il y a les violences, mais, vous savez, quand vous êtes rendus à voler des boîtes... des bureaux de vote, démocratiquement il y a un sérieux problème; et aussi à reconnaître, comme nous le faisons à Québec solidaire, le résultat et la validité du référendum qui s'est tenu dimanche dernier.

Le Modérateur : Première question, Caroline Plante, LaPresse canadienne.

Mme Plante (Caroline) : Oui. Donc, Mme Massé, c'était ma question. Vous reconnaissez donc le résultat du vote comme étant valide?

Mme Massé : Bien, c'est-à-dire qu'à l'instar des observateurs internationaux qui étaient sur place, les intellectuels qui ont encadré la démarche référendaire et le gouvernement catalan, tout le monde s'entend pour dire que, malgré et surtout peut-être à cause de la répression qui a été faite, des moyens utilisés par Madrid, il faut reconnaître que ce processus-là a été fait, a malgré tout été bien fait, et que les résultats, pour nous, sont donc valides.

Mais ce que demande Madrid à cette étape-ci, c'est de l'accompagnement, de l'aide... ce que demande, pardon, Barcelone, c'est de l'accompagnement, c'est de l'aide, c'est de la médiation, c'est que Madrid retire sa «garda». Je comprends, je les ai vus en action, pas en action de violence, mais, quand ils se déploient, là, je peux vous dire que, moi aussi, je souhaiterais que 5 000 de ces représentants-là sortent de ma ville si j'en étais le maire ou la mairesse, la mairesse dans mon cas.

Alors donc — je n'ai pas de problème avec mon identité de genre, inquiétez-vous pas — donc, oui, Québec solidaire, on est derrière M. Puigdemont et le peuple catalan pour voir comment ils vont s'en sortir, et ça exige un soutien de médiation international.

Mme Plante (Caroline) : Alors, est-ce que vous vous attendez à une proclamation d'indépendance dans les prochaines 48 heures?

Mme Massé : Bien, écoutez, on verra bien, et c'est à eux... parce que M. Puigdemont retourne aujourd'hui. Il y a aussi... j'imagine, envers l'ensemble de son Parlement, parce qu'il l'a toujours dit depuis le début, c'est le Parlement de la Catalogne qui va se prononcer sur les résultats. Alors, comme vous, j'ai hâte de voir où c'est, où ça va aller, et bien sûr qu'on va être avec eux derrière cela.

Le Modérateur : Alain Laforest, TVA.

M. Laforest (Alain) : Juste une précision. Quand vous parlez de la motion sur Netflix, c'en est rendu où, vos négociations, avec les autres leaders parlementaires?

M. Nadeau-Dubois : La période de questions a lieu cet après-midi, donc ça va être communiqué au...

M. Laforest (Alain) : ...ce n'est pas négocié?

M. Nadeau-Dubois : On vient tout juste d'en terminer la rédaction. Elle va être acheminée aux autres formations politiques dans les prochaines minutes, si ce n'est déjà fait. Donc, on l'annonce à ce stade-ci, ça donne quelques heures encore pour discuter. On est ouverts d'ailleurs à discuter, à modifier, à travailler cette motion-là avec les autres formations politiques si c'est pour faciliter son adoption, parce que l'objectif, pour nous, c'est que cette motion-là soit adoptée.

M. Laforest (Alain) : ...aux Libéraux avant qu'ils sortent? Le ministre Fortin a déjà dénoncé la situation.

M. Nadeau-Dubois : Exactement. Nous, on a été, je vous dirais... moi, j'ai été soulagé de voir le ministre Fortin être aussi clair dans sa critique de l'entente entre Netflix et le gouvernement fédéral. J'ai même lu M. Fortin se dire en colère.

Alors, nous, on donne aujourd'hui la possibilité au Parti libéral, au gouvernement libéral puis à toutes les autres formations politiques de joindre le geste à la parole et de dire... Bien, qu'est-ce qu'on fait quand on est en colère? Bien, on se prononce, on s'unit, on prend la parole, toutes les formations politiques ensemble, pour dire clairement : Ce deal-là, au Québec, il ne passe pas.

M. Laforest (Alain) : Ma question : 5 % dans Louis-Hébert, ce n'est pas beaucoup, là, c'est même très peu.

M. Nadeau-Dubois : C'est une progression modeste, j'en conviens, et c'est sûr qu'on aurait aimé un résultat différent. Ceci étant dit, on s'est engagés dans cette élection partielle là avec pragmatisme. On connaît Louis-Hébert comme circonscription, château fort historique des libéraux. Et ce qu'il faut retenir du résultat d'hier, c'est surtout la débandade du Parti libéral, hein, dans un comté qui était considéré comme un château fort, un comté qu'on donnait gagnant aux libéraux. C'est une déconfiture gênante pour les libéraux hier, et je pense que ça témoigne du niveau d'insatisfaction, au Québec, à l'égard de ce gouvernement-là.

Hier, il y avait énormément de gens dans Louis-Hébert qui voulaient envoyer un message au gouvernement actuel. Ils ont pris la solution la plus facile, ils se sont tournés vers la CAQ, et c'est surtout ça qu'il faut retenir, je crois.

M. Laforest (Alain) : Il n'y a pas d'effet GND à Québec.

M. Nadeau-Dubois : On a une progression modeste, je l'ai dit, quand même. On l'aurait aimée plus grande, cette progression-là. Nous, on pense qu'on peut faire des gains partout, y compris dans la région de Québec. Louis-Hébert, c'est seulement une des circonscriptions dans la région, puis, en 2018, on est confiants qu'on est capables de faire des gains dans la région.

M. Vigneault (Nicolas) : Justement, comment vous comptez faire des gains dans la région? Parce que ça ne semble pas vouloir se concrétiser. Ça fait quelques mois que vous êtes là.

M. Nadeau-Dubois : Votre question, c'est...

M. Vigneault (Nicolas) : Dans Louis-Hébert, mais dans la région de Québec, comment... parce qu'évidemment, si Québec solidaire veut être une force politique, il faudra percer ailleurs que l'île de Montréal, vous l'avez vous-même mentionné. Comment vous allez faire ça?

M. Nadeau-Dubois : Oui, et c'est... je dirais même, c'est une priorité pour nous d'ici 2018.

M. Vigneault (Nicolas) : Est-ce que c'est décevant, donc, Louis-Hébert?

M. Nadeau-Dubois : On a lancé hier une tournée des régions du Québec sur le thème de l'indépendance. On va visiter quatre villes : Rimouski, Rouyn-Noranda, Sherbrooke et Québec. Québec va être un de nos arrêts de cette grande tournée automnale de Québec solidaire pour parler du projet de société qu'on propose à Québec solidaire. Donc, on va être sur le terrain dans la région de Québec. On ne va pas être seulement dans les médias, on va mobiliser. Il y a une première tournée cet automne, il va y avoir d'autres annonces ce printemps, mais les gens de Québec vont nous voir sur le terrain dans les prochains mois.

M. Vigneault (Nicolas) : Sur Netflix, vous avez peut-être vu la sortie de M. Simons. Comment vous trouvez ça? Est-ce qu'effectivement vous lui donnez raison? Comment vous trouvez cette sortie-là? Est-ce qu'il a raison de critiquer cette entente-là et d'en avoir peur, même, pour l'économie du Québec?

M. Nadeau-Dubois : Je suis tout à fait d'accord avec M. Simons et je trouve ça rafraîchissant et rassurant de voir des gens d'affaires comme lui prendre la parole et joindre la voix aux artistes, aux créateurs, aux créatrices qui le disent : Cette entente-là, c'est un marché de dupe, ça ouvre un dangereux précédent, pas seulement en matière de politique culturelle, aussi en matière de politique fiscale, parce que là on ouvre une boîte de Pandore, là. On envoie le message aux multinationales étrangères que venez faire de la business ici et puis, après coup, on verra si vous payez de l'impôt et comment. Ça, c'est inéquitable pour non seulement le milieu culturel, mais tous les gens au Québec.

Et moi, je suis content de voir M. Simons le dire, on le dit depuis longtemps à Québec solidaire, et ça montre que le consensus au Québec contre l'entente entre le gouvernement fédéral et Netflix, il est large, là, il est très large. Ce n'est pas une affaire de gauche ou de droite, là, c'est une affaire de respect du Québec puis une affaire de gros bon sens en matière fiscale. La sortie de M. Simons le montre bien, il y a un large consensus au Québec, et Mme Joly et M. Trudeau vont devoir reculer parce que là le deal, il ne passe pas au Québec.

M. Pilon-Larose (Hugo) : ...quand même la question, à savoir, plutôt que d'imposer les taxes de vente à Netflix et à ces géants-là, si ce ne serait pas possible d'enlever les taxes de vente de d'autres entreprises, Club Illico, Extra Tou.tv. Est-ce que c'est quelque chose que vous trouvez que ça serait équitable d'agir ainsi?

M. Nadeau-Dubois : Il y a deux manières d'assurer l'équité. On peut soit, en effet, donner un congé de taxe à tout le monde, et là tout le monde est égal dans le fait de ne pas payer de taxe. Dans ce cas-là, je me demande comment on va faire pour payer pour nos hôpitaux, pour nos écoles, pour nos routes.

Il y a l'autre solution qui est beaucoup plus intéressante, qui est de dire : Quand on fait des affaires au Québec, quand on fait du profit sur le territoire du Québec, quand on crée de la richesse sur le territoire du Québec, il y a une portion de cette richesse-là qui est redistribuée. Si c'est vrai pour les entreprises sur Grande Allée, ici, pourquoi ce ne serait pas vrai pour les entreprises en ligne? Il n'y a aucune raison valable d'exempter ce commerce-là de ce devoir citoyen fondamental qui est de redistribuer une partie de la richesse que l'on crée. Ce n'est pas juste un principe économique, c'est un principe démocratique.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Ce matin, on voyait une étude du CEFRIO qui disait que Netflix, c'est la plateforme payante de diffusion, pour l'instant, préférée des Québécois, c'est elle qui est la plus utilisée. Est-ce que, selon vous, Netflix... ou est-ce que le gouvernement canadien devrait également imposer des quotas de production canadienne, donc pas juste un engagement d'investissement, des quotas vraiment sur ces plateformes-là pour avoir des vitrines canadiennes?

M. Nadeau-Dubois : C'est ça, il y a deux enjeux. Il y a la question fiscale qui nous a beaucoup occupés dans les derniers jours et avec raison, parce que là il y a une injustice flagrante, mais il y a aussi la question de comment on finance les créateurs, les créatrices au Québec, à l'heure du numérique. Et ça, il y a... oui, des entreprises de diffusion comme Netflix doivent faire leur part, mais il y a aussi les fournisseurs Internet. Et tant mieux si Mme Joly souhaite revoir tout ce système-là. Il faut en effet le faire, mais d'ici là, il n'y a pas de raison d'exempter Netflix de payer des taxes sur le territoire du Québec. C'est absurde.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Sur la Catalogne, si le gouvernement catalan, au cours des prochains jours, fait une déclaration unilatérale d'indépendance, est-ce que, selon vous, le Québec, le Canada devraient reconnaître la Catalogne sur-le-champ comme un pays ou inviter, à la lumière de cette déclaration-là, les deux parties à se rasseoir et négocier?

Mme Massé : Bien, écoutez, vous savez ce qui est arrivé en 2006, hein? Les deux parties s'étaient entendues. Tant la Catalogne que l'Espagne s'étaient entendues sur effectivement la reconnaissance du peuple catalan avec des pouvoirs au gouvernement catalan. Malheureusement, ce qui est arrivé, c'est que la plus haute cour espagnole a scrappé cette entente-là.

Alors, les Catalans sont extrêmement blessés de comment ils ont été traités à l'intérieur... bien, je dirais probablement des derniers siècles, mais parlons de l'histoire récente des dernières années. Alors, moi, je pense que, oui, le gouvernement... et c'est ce que notre pétition dit à M. Trudeau, c'est ce que nous allons dire à M. Couillard aussi, c'est qu'il y a des choses qu'il faut reconnaître et notamment le résultat de là où veut aller le gouvernement catalan. Et si c'est la déclaration de l'indépendance, bien, oui, il faut le reconnaître. Parce que dans les faits, entre vous et moi, là, ce qui s'est passé, pas juste en fin de semaine, appeler à comparaître des maires, brouiller volontairement le système informatique de l'Assemblée nationale de la Catalogne, c'est terrible et ça devrait en soi justifier que ce peuple-là puisse se réaliser pleinement.

Le Modérateur : Mathieu Boivin, Cogeco.

M. Boivin (Mathieu) : Vous avez dit tout à l'heure, M. Nadeau-Dubois, que le résultat du vote hier, ça témoignait d'une débandade, d'une déconfiture gênante des libéraux. Est-ce que ça vous inquiète que ce soit une sanction du gouvernement libéral qui se soit transportée vers un parti qui propose un laisser-faire économique et des questions identitaires plutôt que vos propositions?

M. Nadeau-Dubois : C'est sûr qu'on aurait aimé que le désaveu à l'égard du gouvernement libéral se manifeste autrement. C'est sûr, c'est une évidence. Ceci étant dit, les gens se sont rabattus, je le disais plus tôt, sur la solution la plus facile, et c'est notamment des réflexes qui se sont développés à cause de notre mode de scrutin, où les gens ont été habitués, au fil des élections, à voter moins pour des partis que contre des partis. Je pense que c'est une des raisons qui explique le résultat d'hier, mais, oui, on aurait préféré que ce désaveu-là à l'égard des politiques libérales, il se manifeste autrement.

M. Boivin (Mathieu) : Est-ce que ça témoigne d'un glissement de l'opinion populaire vers des solutions qui sont plus associées au centre droit?

Mme Massé : Excusez-moi. Je vais rajouter quelque chose après, mais sur autre chose.

M. Nadeau-Dubois : Ce que ça témoigne, c'est du fait que les gens sont tannés du gouvernement libéral, tannés de son manque d'intégrité, tannés de sa partisanerie, tannés de son attitude aussi et ça montre que les politiques néolibérales qui règnent au Québec depuis un petit bout déjà, pas seulement depuis le début de ce gouvernement-là, bien, ont laissé des traces au Québec et que, oui, il y a de plus en plus de gens qui cherchent des solutions, des solutions simplistes, et la CAQ, souvent, c'est ce qu'ils proposent, des solutions à des vrais problèmes, mais des solutions simplistes.

Nous, je pense que le travail qu'on a à faire dans la prochaine année, c'est de s'adresser à ces gens-là et de dire : Vous avez raison d'être tannés; vous avez raison d'être en colère; vous avez raison d'être frustrés, sauf que ne tombez pas dans le piège que vous tend la CAQ en vous proposant une version réaménagée au goût du jour de la même vision du Québec, notamment en matière économique.

Les libéraux et la CAQ, c'est essentiellement deux versions du même projet de développement, c'est la même vision du développement économique au Québec, c'est-à-dire en donner... c'est-à-dire, vous l'avez dit vous-même, le laisser-faire, la croyance religieuse, mystique en le libre-marché. Bien, nous, le travail qu'on a à faire dans la prochaine année, c'est de dire : Ces solutions-là, qu'elles soient présentées par les libéraux ou la CAQ, c'est des solutions qui ne fonctionnent pas puis qui n'ont pas fonctionné au Québec.

Mme Massé : Oui. Bien, en fait, c'est pour ça que j'étais un peu décrochée, je voulais revenir sur la question du mode de scrutin. D'ailleurs, moi, je pense que c'est une belle occasion, tant pour la CAQ, que le Parti québécois, que Québec solidaire, de continuer à réaffirmer la nécessité de réformer le mode de scrutin, parce que, dans les faits, c'est notre population qui est piégée là-dedans. C'est notre population qui se trouve toujours devant le même geste à poser, c'est-à-dire de devoir s'exprimer contre quelque chose plutôt que pour ce qu'ils souhaitent.

Alors, ça ne s'applique pas dans le cadre d'une partielle, j'en conviens, mais ces trois partis-là ont dit devant le micro, ici même il y a quelques mois, qu'ils allaient modifier le mode de scrutin, qu'ils soient élus majoritaires ou minoritaires, et, dans ce sens-là, bien, je nous le souhaite pour l'ensemble du Québec.

Mme Mathieu (Annie) : Oui, je reviens sur l'effet Gabriel Nadeau-Dubois. Est-ce que vous pensez que c'est parce que vous n'avez pas encore siégé assez longtemps ou on ne vous a pas encore vu? Parce qu'on a beaucoup... ils ont beaucoup dit, même les gens de Québec solidaire ici, à Québec, qu'il y en avait un engouement, qu'il y avait plus de membres, mais ça ne s'est clairement pas traduit dans le vote.

M. Nadeau-Dubois : Premièrement, on va quand même rappeler quelque chose, là. Cette expression que vous venez de prononcer, là, l'effet Gabriel Nadeau-Dubois, ce sont les journalistes qui l'ont inventée, hein? Ce n'est pas... ce n'est ni Manon ni moi qui avons inventé ce concept-là.

Ceci étant dit, est-ce qu'il y a un momentum actuellement derrière Québec solidaire? Oui. Ça se témoigne, ça se mesure concrètement en augmentation significative, même historique, du nombre de membres, ça se témoigne en termes de financement, ça se témoigne en termes de dynamisme dans nos associations locales. On a tenu, la semaine dernière, un camp d'entraînement préélectoral où il y avait près de 200 personnes qui provenaient de 60 comtés différents. 60 % de ces gens-là venaient de l'extérieur de Montréal. C'était la première fois qu'il y avait un exercice de préparation électorale aussi massif à Québec solidaire, et il va y en avoir quatre autres, des camps comme celui-là, à travers le Québec, dans les prochains mois.

Donc, oui, il y a un enthousiasme réel. Je pense qu'il faut simplement faire attention et ne pas prendre un résultat d'une élection partielle et conclure, à partir de ça, qu'il y aurait ou pas un momentum. Lorsque j'ai été élu dans Gouin, j'ai été élu avec un score très impressionnant. On s'est quand même gardé une gêne, à l'époque, pour tirer des conclusions de ça, parce qu'on sait que c'est une élection partielle, les taux de participation fluctuent. Ceci étant dit, quand on regarde tous les autres indicateurs, c'est impossible de nier, impossible, qu'il y a un momentum derrière Québec solidaire, et ça dépasse de loin mon arrivée. C'est la victoire de Manon dans Sainte-Marie—Saint-Jacques, c'est la cohérence du propos de Québec solidaire depuis 10 ans, la clarté de nos intentions, la précision de notre projet de société qui fait en sorte que les gens nous appuient, pas seulement le fait que je sois arrivé dans le portrait, là.

Mme Mathieu (Annie) : Vous avez parlé de votre tournée dans les régions du Québec, où vous allez parler de souveraineté. Or, si on fait un petit calcul des résultats d'hier, on s'aperçoit... le Parti québécois a perdu des plumes, c'est son plus bas score dans Louis-Hébert; Option nationale également; vous avez augmenté un petit peu. Donc, la souveraineté, les partis qui la représentent sont clairement en baisse.

Il n'y a pas là un message aussi par rapport à cet enjeu-là?

M. Nadeau-Dubois : Ces résultats-là puis les différents... Les résultats des dernières élections sont justement la démonstration qu'il y a un travail de remobilisation à faire, notamment auprès des jeunes, et c'est pour cette raison-là qu'on part en tournée, Manon et moi, pour aller les rencontrer, les gens de toutes les générations, en particulier les jeunes, partout au Québec, pour remobiliser autour de ce projet-là et pas mobiliser en disant seulement : On va faire l'indépendance pour avoir un hymne national puis un siège à l'ONU.

On va faire l'indépendance pour transformer la société québécoise. On va faire l'indépendance pour faire du Québec un meilleur endroit pour vivre, avec des meilleures écoles, des meilleurs hôpitaux, une meilleure démocratie. Si on parle du projet d'indépendance comme ça, comme d'un projet de transformation sociale, comme un projet de... oui, comme un projet de société, dans le fond, bien, nous, on est convaincus qu'on peut remobiliser les gens. Si les gens étaient déjà convaincus de l'indépendance, on n'aurait pas besoin de partir en tournée. On part en tournée parce qu'on pense qu'il y a un défi à relever puis on a envie de le relever.

Le Modérateur : On va prendre une dernière question.

Mme Porter (Isabelle) : Sur le même sujet, qu'est-ce qui vous nuit le plus dans la région de Québec : le fait que vous soyez de gauche ou le fait que vous soyez indépendantiste?

M. Nadeau-Dubois : Moi, j'essaie toujours de ne pas faire votre travail à votre place, hein, c'est-à-dire de produire des analyses à la place des analystes. Je pense qu'il y a une situation dans la région de Québec qui est bien connue, qui est difficile pour des partis comme nous, parce qu'on nous associe à Montréal, parce qu'il y a, dans la région de Québec, une dynamique où Québec solidaire est souvent caricaturé, hein? On est souvent l'objet de caricatures de nos positions, et ce n'est pas facile pour nous dans... ce n'est pas facile dans Louis-Hébert puis ce n'est pas facile dans plein d'autres endroits.

Une fois qu'on a dit ça, nous, notre travail, ce n'est pas de s'excuser. C'est de continuer à travailler, puis c'est de parler de nos positions, c'est d'être sur le terrain, et on va être sur le terrain dans toutes les régions du Québec, notamment dans la région de Québec. Je n'ai pas la date par coeur, on pourra vous la transmettre plus tard.

Mme Porter (Isabelle) : Qu'est-ce que vous allez avoir de plus à vendre dans les circonscriptions de la région de Québec : votre programme de gauche ou votre option souverainiste?

M. Nadeau-Dubois : Bien, je pense qu'il y a beaucoup de gens dans la région de Québec qui sont tannés des partis traditionnels. Ça, je pense que c'est un constat sur lequel on peut s'entendre. Il y a beaucoup de gens dans la région de Québec... il y a une fatigue dans la région de Québec à l'égard des vieux partis.

À Québec solidaire, on est bien des affaires, mais on n'est pas un vieux parti. On est un parti de gens qui veulent transformer la politique québécoise, qui veulent transformer la société québécoise. Si les gens de Québec sont tannés du système dans lequel on vit, qu'ils ont envie d'un nouveau système politique et économique, bien, on est capables d'incarner ça. C'est ça qu'on va dire aux gens de Québec. On va leur parler de nos solutions en matière d'économie, nos solutions en matière de transformation de la démocratie québécoise, et c'est eux qui vont choisir s'ils veulent nous appuyer.

Le Modérateur : Merci beaucoup.

Mme Massé : Merci.

(Fin à 11 h 29)

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