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Point de presse de Mme Manon Massé, cheffe du troisième groupe d’opposition, et M. Gabriel Nadeau-Dubois, leader parlementaire du troisième groupe d’opposition

Version finale

Le mercredi 30 janvier 2019, 14 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Quatorze heures sept minutes)

Mme Massé : Bonjour, tout le monde. Je ne vous surprendrai pas en annonçant, pour nous, à Québec solidaire, que l'avenir se conjugue dans la lutte aux changements climatiques. Notre caucus est uni derrière cette idée qu'il y a urgence d'agir, et la très grande majorité de la population québécoise est à la même place. Alors, dans les prochains mois, le gouvernement Legault va devoir trancher entre deux visions du Québec : la vision de l'autre siècle, hein, là où on n'avait pas fait le lien entre les changements climatiques et les hydrocarbures, et la vision du siècle devant nous, c'est-à-dire la nécessaire transition énergétique, écologique de l'économie.

Alors, le gazoduc, on le sait, hein, Royalmount, le troisième lien, ce genre de développement économique là, ça passait, bien sûr, dans les années 60. Mais aujourd'hui on est en 2019. Le secrétaire général de l'ONU a été catégorique. On a un an, un an, une année, pour mettre cette transition-là en branle.

M. Legault a admis que Québec solidaire avait de bonnes idées en matière de lutte aux changements climatiques durant ses entrevues de fin d'année. Alors, on le connaît. On ne s'attendait pas à ce qu'il reprenne de façon intégrale le plan de transition proposé par Québec solidaire, qui permettrait d'atteindre les objectifs du GIEC. On a donc, en caucus aujourd'hui, travaillé à faire une sélection. On a plongé dans notre plan puis on s'est dit : O.K., on va faire trois propositions qu'on sait que le gouvernement Legault peut prendre parce que ça ne coûte pas cher ou ça ne coûte rien carrément parce que ça ne met pas de pression, de son point de vue, indue sur l'industrie ou quoi que ce soit. Et, dans ce sens-là, bien, on s'est rendu compte que, dans notre plan, il y avait des choses qui pouvaient l'intéresser.

La première chose, c'est d'instaurer une loi-cadre sur le climat. Dans notre plan, on l'a dit, il faut structurer les choses, et cette loi-cadre sur la lutte aux changements climatiques, le PQ en a parlé, le pacte en a parlé. Il est dans notre plan de transition depuis des mois. On se dit : Bien, écoutez, je veux dire, c'est un comptable qui est devant nous, là. Alors, il le sait, il y a une loi antidéficit. Il est grandement temps qu'il y ait une loi qui agisse sur la dette climatique qu'on laisse à nos enfants, et on l'appelle notre loi-cadre sur le climat.

Un autre geste très simple, vraiment simple, c'est de réformer le Code de construction pour favoriser l'utilisation du bois d'œuvre, et là entendez ici que les régions, plusieurs des régions du Québec, ont besoin d'avoir un enlignement comme celui-là pour assurer que les emplois forestiers soient maintenus, parce qu'on sait que c'est comme une espèce de crise permanente depuis toujours, et faire en sorte aussi que, sur l'ensemble du territoire québécois, bien, on puisse contribuer à avoir un meilleur bilan carbone. Il me semble que c'est une mesure qui est simple, ça, changer un élément dans le code de la construction.

Et finalement ce qui est nécessaire et structurant, c'est de financer plus largement le transport collectif. Bien sûr que l'ancien gouvernement a déjà pris des engagements sur la ligne bleue à Montréal, le tramway à Québec, même le REM. On le sait, la CAQ a dit : On en est. Ils se sont engagés à continuer. Mais ça, là, c'était «business as usual». Nous, ce qu'on dit : Pour être sérieux, il faut aller plus loin que ça et il faut, par exemple, des mesures simples, de mettre à contribution l'ensemble des municipalités densifiées au Québec pour leur permettre d'avoir aussi du transport collectif. Et ça pourrait commencer par un geste très simple, c'est-à-dire d'avoir des voies réservées pour le transport collectif, le covoiturage, etc. Encore là, on n'est pas dans les grands coups et on pense que M. Legault peut tout à fait se retrouver dans ces mesures-là.

Alors, ces trois propositions là, bien sûr, ne nous permettront pas d'atteindre les objectifs du GIEC. On s'entend, là, c'est trois micromesures dans le grand plan de transition que Québec solidaire porte depuis des mois. Mais par contre c'est trois mesures de gros bon sens, hein, une mesure qui s'adresse plus... en fait qui va toucher de façon plus particulière les régions avec la coupe de bois, une mesure qui va toucher un peu partout les grandes villes, les grands centres à travers le Québec avec du transport collectif, voies réservées, et une mesure qui est essentielle, qui est d'encadrer tout ça à travers une loi-cadre sur le climat. Il me semble, M. Legault, pas trop compliqué, ces trois choses-là.

M. Nadeau-Dubois : Dire que notre priorité, c'est la lutte aux changements climatiques, ça ne vaut pas dire, bien sûr, que c'est la seule chose qu'on va faire, ça ne signifie pas que c'est le seul enjeu dont on va s'occuper et ça ne veut pas dire qu'on ne talonnera pas le gouvernement Legault sur d'autres sujets importants. Vous connaissez l'expression : On peut marcher et mâcher de la gomme en même temps. Eh bien, à Québec solidaire, on peut parler d'environnement sans abandonner pour autant la défense des gens ordinaires et la défense des services publics.

En ce moment, le gouvernement de François Legault dispose d'une marge de manoeuvre historique. On parle de 3,5 milliards de dollars qui sont dans les coffres de l'État québécois. 3,5 milliards, ça pourrait éteindre les feux allumés par les libéraux dans les services publics au Québec. 3,5 milliards, ça pourrait rebâtir en partie nos écoles, ça pourrait donner du répit à nos infirmières, ça pourrait aussi soulager le fardeau tarifaire des gens. Bref, 3,5 milliards de dollars, c'est assez pour prendre soin des gens, c'est assez pour prendre soin de nos services publics ou, en tout cas, commencer à le faire.

Mais on sait maintenant, on l'a appris récemment, que tout ça, c'était pour la campagne électorale et que, pour la CAQ, ce qui se passe en campagne reste en campagne. À la place, François Legault a demandé à presque tous ses ministères de faire une nouvelle ronde d'économies, donc de coupures de bouts de chandelles, pour financer ses priorités. Et quelles priorités? Au lieu de réparer les dégâts de l'austérité libérale, la CAQ s'enfonce encore dans des faux débats et s'apprête à couper encore.

Prenons seulement l'éducation comme exemple. En ce moment, en éducation, les profs n'en peuvent plus, les écoles tombent en ruine, les enfants en difficulté manquent de services. Mais quelles sont les priorités de la CAQ en éducation? Ce n'est pas ça, non. C'est forcer l'implantation de maternelles quatre ans dont personne ne veut dans le réseau, c'est priver les écoles de centaines de millions de dollars par année en revenus autonomes et c'est compter le nombre de voiles dans nos écoles. C'est ça, jusqu'à maintenant, le bilan caquiste en matière d'éducation.

À Québec solidaire, on croit que ce n'est pas ça, les réelles priorités du peuple québécois. Et ce qu'on veut dire aux Québécois et aux Québécoises aujourd'hui, c'est qu'ils et elles ont 10 alliés de taille à l'Assemblée nationale du Québec pour faire entendre d'autres priorités, des priorités comme la santé.

Notre porte-parole en matière de santé, Sol Zanetti, va travailler beaucoup, cette session notamment, sur la question de la santé mentale. On sait qu'aujourd'hui c'est une journée publique de sensibilisation à cette question-là. Mais le gouvernement a une responsabilité et l'État du Québec a des responsabilités à prendre en matière de santé mentale, qui est un mal invisible et qui est un angle mort certain des promesses de la CAQ en santé.

On va également travailler pour les aînés qui sont habitués aux promesses des partis politiques, mais qui se sont aussi habitués aux déceptions.

En santé, je poursuis sur ce sujet, Sol va notamment présenter une solution au temps supplémentaire obligatoire. Il l'a fait, en fait, avant Noël. On sait que les infirmières viennent de lancer à nouveau l'alarme sur leurs conditions de travail. Et la question qu'on se pose et qu'on va poser à la CAQ, c'est : Combien de cas d'épuisement ça va prendre encore pour qu'on donne un répit aux infirmières du Québec? Comment le réseau peut marcher, peut fonctionner quand les gens censés s'occuper de nous tombent eux-mêmes malades?

Tout ça n'a pas de bon sens. Nos services publics vont mal, et il est temps que le gouvernement du Québec utilise les surplus accumulés au prix de souffrances humaines réelles pour soulager cette situation-là. Sur ces dossiers-là, comme sur tant d'autres, vous allez entendre les députés de Québec solidaire plus fort que jamais. Pendant des années, on a justifié les coupures en parlant de déficit au Québec. Il n'y en a plus, de déficit, aujourd'hui, il y a de l'argent dans les coffres. Alors, la CAQ est devant un choix : continuer l'austérité libérale sous un nouveau nom ou enfin prendre soin des gens et prendre soin des services publics.

La Modératrice : Merci. Mme Massé et M. Nadeau-Dubois seront disponibles pour répondre à vos questions. Si vous avez des questions à adresser aux autres députés de Québec solidaire sur leurs dossiers respectifs, venez me voir après, et on pourra organiser des apartés.

François Cormier, TVA.

M. Cormier (François) : Bonjour. La loi-cadre sur le climat, c'est une micromesure, ça? C'est facile à implanter? Ça n'aura presque pas d'impact?

Mme Massé : Bien, en fait, ce que je dis, c'est que ça ne coûte pas grand-chose au gouvernement de s'asseoir et de légiférer. Vous savez, la loi-cadre, qu'est-ce que ça fait? Ça vient dicter à chacun des ministères c'est quoi, le budget carbone qu'il peut dépenser, entre guillemets, et ça, sincèrement, là, c'est un élément structurant nécessaire si on veut pouvoir avancer. Le fait de développer cette loi-cadre-là, entre vous et moi, c'est d'avoir la volonté politique, c'est de s'asseoir puis de le réaliser. Mais, là-dessus, d'ailleurs, on le sait, là, le mouvement citoyen du pacte a déjà annoncé qu'il allait faire le travail d'écrire une loi-cadre. Et nous aussi, on avait commencé le travail dans le cadre de la campagne. Ce n'est pas si complexe que ça, surtout pas avec des moyens gouvernementaux.

M. Cormier (François) : Sur les signes religieux, je vous entendais dire ce matin que vous aviez un problème avec les pertes d'emploi reliées à l'interdiction du port des signes religieux. Il y a quand même une frange de votre parti qui est pour l'interdiction complète chez tous les fonctionnaires. Donc, je suis étonné de vous entendre prendre position comme ça, alors qu'il y a un débat dans votre parti et qu'il y a une frange qui veut l'interdiction complète.

Mme Massé : Oui, je comprends. C'est-à-dire que la question qui m'a été posée, c'était en regard des enseignantes et enseignants. Alors, oui, c'est clair, nous, on ne souhaite pas que ni d'enseignantes ni de personnes en service de garde perdent leur emploi. La position Bouchard-Taylor, ce qu'elle dit, c'est que les gens en situation de coercition ne peuvent pas porter de signes religieux. Et, à ma connaissance, ce qu'on entend aujourd'hui, tant des corps policiers, notamment, et de la magistrature, c'est de dire : Bien, ils n'en portent pas, de signes religieux, ça fait qu'il n'y a personne qui va perdre son emploi. Alors, pour moi, je ne suis pas en incohérence en défendant la position actuelle de mon parti, qui est Bouchard-Taylor, et de dire : Il n'en est pas question, que le monde perde leurs jobs parce que, dans cette société laïque, ils portent un signe religieux.

M. Cormier (François) : Là n'est pas ma question. C'est qu'en fait vous avez aussi une partie de votre formation politique qui veut interdire les signes religieux à tout le monde. Est-ce que ça, ce n'est pas incohérent avec ce que vous avez dit, que vous voulez que personne ne perdre son emploi?

Mme Massé : C'est-à-dire que le débat interne actuellement à Québec solidaire, il est en cours. Et je l'ai dit aussi : Il y a des gens chez nous, comme dans la société québécoise actuellement, qui défendent différentes postures, points de vue, opinions. Mais, pour le moment, et jusqu'au moment où nos membres feront cette discussion-là en conseil national, bien, c'est la position Bouchard-Taylor qu'on défend. Alors, oui, j'ai des membres qui pensent toutes sortes de choses, mais la position de Québec solidaire, que tout le monde ici est confortable de défendre depuis des années, c'est celle du compromis Bouchard-Taylor.

La Modératrice : Merci. Vous êtes nombreux, nombreuses, alors je vais vous demander de vous en tenir à une question et une sous-question, s'il vous plaît.

Isabelle Porter, Le Devoir.

Mme Porter (Isabelle) : Qu'est-ce que vous pensez du fait que le gouvernement Legault a l'intention d'encadrer le port des signes religieux dans le réseau public, mais pas dans le réseau privé?

Mme Massé : On n'est pas à une incohérence près, hein? Il est prêt à dire à des professeurs : Tu ne pourras pas enseigner parce que tu portes le hidjab, mais à continuer de financer les écoles privées sans remettre en question un instant le financement public de l'école privée. Alors, je pense qu'il n'est pas à une contradiction près, ce gouvernement-là. Et l'enjeu, mon collègue Gabriel le disait, si on veut parler des vraies affaires, comme a déjà dit quelqu'un par le passé, c'est qu'actuellement, là, au niveau des services publics, l'enjeu, c'est les gens qui travaillent là et le service que reçoit la population. C'est de ça qu'on veut entendre parler M. Legault.

Mme Porter (Isabelle) : Mais est-ce à dire que, selon vous, il devrait faire la même chose, avec les mêmes interdictions, dans le réseau privé que dans le réseau public?

Mme Massé : Je ne sais pas quoi vous dire. Ce qui me vient très spontanément, là, c'est que, si vous voulez un exemple d'incohérence de ce gouvernement-là, bien, en voilà une.

La Modératrice : Patricia Cloutier, Le Soleil.

Mme Cloutier (Patricia) : Bonjour. J'aimerais savoir, avec les trois priorités que vous mettez sur la table pour l'environnement, est-ce que vous n'avez pas l'impression de mettre de l'eau dans votre vin et de ne pas être assez revendicateurs au cours de la session qui s'en vient par rapport aux grands changements que vous voulez pour l'environnement.

Mme Massé : Bien, écoutez, ce gouvernement-là a été élu, n'est-ce pas, et il a dit aux gens qu'il allait faire le changement. Nous, on a dit aux gens : On ne pense pas qu'il va faire le changement. On pense qu'il va faire exactement la même chose que les autres gouvernements antérieurs. Alors, on veut démontrer notre bonne foi. On le sait qu'il ne va pas reprendre notre plan de transition au complet. Sinon, c'est nous qui seraient au gouvernement présentement. Alors, ceci étant dit, on dit : O.K., on va être bons joueurs. On va vous en identifier, nous autres, dans le plan, des propositions structurantes, concrètes qui vont permettre de nous faire avancer. Alors, en fait, peut-être que ça parle de la posture de Québec solidaire. On le sait bien puis on va le critiquer. Quand il a pris ses positions sur le gazoduc, on était là pour le critiquer, là. Mais en même temps on veut qu'il fasse des choix qui vont nous permettre de diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Ce n'est même pas parce qu'on le veut, c'est parce que c'est essentiel.

Mme Cloutier (Patricia) : Et sur le bois d'oeuvre, est-ce qu'il est vraiment question que tous les bâtiments non résidentiels, dans le fond, aient… Vous voulez qu'ils changent le Code de construction pour qu'il y ait une charpente de bois partout, dans toutes les nouvelles constructions. C'est bien ça?

Mme Massé : Bien, c'est-à-dire qu'effectivement, vous l'avez bien identifié, on parle ici du non résidentiel. Et il faudrait que les normes soient ajustées parce que, pour le moment, il y a zéro imposition de quotas. Je ne dis pas que l'ensemble des structures doivent être en bois d'oeuvre. Ce qu'on dit, c'est : Il faut imposer une norme qui va forcer, en fait, l'industrie de la construction au Québec d'utiliser le bois d'oeuvre québécois, qui va nous permettre de sortir de la crise perpétuelle.

Mme Cloutier (Patricia) : Et cette norme-là est de... Avez-vous fixé un seuil ou une norme précise?

Mme Massé : Bien, pas précisément. Je pense qu'on n'a pas… Ce qu'on s'est dit, c'est que ça prend des quotas, mais je ne pense pas qu'on l'ait… Mais on vous reviendra là-dessus de façon spécifique.

La Modératrice : Patrick Bellerose, Journal de Montréal.

M. Bellerose (Patrick) : Bonjour, Mme Massé.

Mme Massé : Bonjour.

M. Bellerose (Patrick) : Le projet de loi de la CAQ sur les signes religieux devrait être déposé très bientôt, là, en début de session. Votre conseil national sur la question va se tenir au mois de mars. J'aimerais savoir est-ce que vous comptez défendre publiquement la position Bouchard-Taylor et critiquer publiquement le projet de loi de la CAQ ou si vous comptez vous positionner en retrait en attendant que le congrès ou le conseil national, je ne suis plus certain, ait décidé de la position de Québec solidaire.

Mme Massé : On parle du conseil national au mois de mars. En fait, vous le savez comme moi que, lorsqu'un projet de loi est déposé et qu'il se met dans une démarche législative — d'ailleurs, j'aurais pu laisser mon leader répondre à ça — la première étape, c'est l'étude... pas l'étude détaillée, pardon, c'est les consultations. Voilà. Alors, je ne sais pas avec quoi veut venir le gouvernement Legault, mais je pense que la période de consultation doit quand même permettre aux gens de venir exprimer leur perspective sur ce projet de loi là qui sera sur la table. Et, d'après moi, on aura amplement le temps de pouvoir poursuivre notre réflexion pour avancer. Mais je nous rappelle collectivement que ce n'est pas que Québec solidaire qui se pose des questions. Alors, l'important, et on l'a dit par le passé, c'est que, pour nous, lorsque les membres de Québec solidaire ont soulevé cet intérêt de vouloir rediscuter, c'est qu'on a essayé de se donner des séquences démocratiques pour nous permettre de le faire adéquatement, et on pense que ça va bien concorder avec la réalité législative.

M. Bellerose (Patrick) : Sur un autre sujet, hier, dans un communiqué de presse sur l'attentat contre la mosquée il y a deux ans, vous avez parlé du discours haineux et des démons de la société québécoise. Je voudrais savoir de quel discours haineux vous parliez. Est-ce que c'était en lien avec les radios de Québec, par exemple, et est-ce qu'on a évolué sur cette question-là?

Mme Massé : Bien, vous savez comme moi que, depuis quelques années, il y a, je dirais, dans l'espace public des groupes qui, de moins en moins, se cachent pour dire qu'eux ne sont pas comme nous. Alors, Québec solidaire dit : Nous, le grand peuple québécois, qu'ils soient arrivés voilà un an ou 400 ans, nous avons à apprendre à vivre ensemble, et, pour ce faire, bien, il y a une des choses qui s'appelle : il faut apprendre à se connaître. Alors, je pense qu'en matière de... Il faut que, collectivement, on se dise que des prises de parole qui suscitent la peur de l'autre, qui suscitent le fait de rejeter l'autre sans le connaître, que ces discours-là, il faut être prudent parce que... Et là on regarde à travers le monde ce que ça peut donner.

Alors donc, oui, je pense que Québec solidaire assume. Et, hier soir, si vous y étiez, vous l'avez entendu comme moi que nous avons une grande responsabilité collective pour faire... Et, hier, on parlait de la communauté musulmane, mais on sait que ça s'adresse aussi à d'autres communautés. Allez voir les personnes noires, allez voir les autochtones. Vous savez, quand on parle de racisme systémique, il est présent au Québec et il faut se donner les moyens de le combattre.

M. Bellerose (Patrick) : Est-ce que la situation s'est améliorée depuis l'attentat?

Mme Massé : Je ne trouve pas. Non, je ne pense pas qu'elle s'est améliorée. Je pense qu'il y a eu ce que les statistiques nous disent, qu'il y a eu, en matière de dénonciation de crimes haineux, pas nécessairement de paroles qui suscitent la peur, etc., une diminution. Je pense qu'il faut le constater. Mais, de l'autre côté, quand tu côtoies, et, hier soir, c'était d'une évidence, des gens qui sont différents de moi, qui vivent dans le quotidien au Québec, bien, la pression n'a pas descendu envers eux.

La Modératrice : Merci. Hugo Lavallée, Radio-Canada.

M. Lavallée (Hugo) : Oui, bonjour. J'aimerais revenir sur l'article de ce matin concernant les élections fédérales. M. Nadeau-Dubois est cité en disant que, bon, les gens, les membres de la formation politique qui souhaitent s'impliquer pour le parti fédéral de leur choix peuvent le faire, et la citation : «Mais, comme députés et comme parti, officiellement, on ne souhaite pas prendre position». Donc, est-ce que je comprends que les députés ne seront pas autorisés à prendre position durant l'élection fédérale? C'est ça?

Mme Massé : Bien, c'est-à-dire que c'est une décision qu'on a prise ensemble, hein? Ce n'est pas qu'on leur a dit : Vous n'aurez pas le droit de prendre position. Non, effectivement, vous le savez, c'est dans la pratique de Québec solidaire de ne pas intervenir, comme parti, comme instance, dans les élections fédérales. Et, lorsqu'on en a discuté en caucus et en comité de coordination national, on en a convenu que c'était une bonne posture à prendre et qu'individuellement, bien, on ne voulait pas non plus rentrer là-dedans. Pourquoi? Bien, parce que les gens de notre parti sont diversifiés, et on respecte ça. Alors donc, comme instance, et c'est ce que Gabriel vous expliquait ce matin à travers cet article, c'est de dire : Bien, comme instance et comme individus dans ces instances, nous n'allons pas prendre position d'appui, j'entends bien, dans le cadre de la prochaine élection.

M. Lavallée (Hugo) : Il y a un autre bout dans l'article où on disait : «Aucun des trois partis n'incarne vraiment de manière fidèle le projet de Québec solidaire», en faisant référence au Bloc québécois, Parti vert et NPD. Deux questions par rapport à ça. Le Parti libéral du Canada, avec M. Trudeau à sa tête, qui incarne, d'une certaine façon, enfin, dit incarner la jeunesse, le renouveau, les valeurs progressistes, environnementales, pourquoi est-il exclu de la liste? Et, deuxièmement, concernant le Bloc québécois, «aucun des trois partis n'incarne vraiment de manière fidèle le programme de QS dans son entièreté», qu'est-ce qui fait que le Bloc québécois ne l'incarne pas, parce que, sur leur site, on disait qu'ils sont non seulement en faveur de l'indépendance, mais aussi des droits sociaux, environnementaux, donc qui sont l'autre aspect important qui est souligné pour raison d'appuyer potentiellement les autres partis?

M. Nadeau-Dubois : Puisque vous me posez une question sur ce que j'ai dit, je vais me permettre d'éclaircir pour vous.

M. Lavallée (Hugo) : Allez-y, je vous en prie.

M. Nadeau-Dubois : Bien, d'abord, j'apprécie votre candeur à l'égard des prétentions du gouvernement de Justin Trudeau. Mais, si on est sérieux un instant, c'est un gouvernement qui, prenons la question environnementale, continue les politiques de Stephen Harper. Il les a même radicalisées à certains égards. Stephen Harper est allé très, très loin dans l'appui aux sables bitumineux, mais il ne s'est, même lui, pas rendu à nationaliser un pipeline. Ça, il a fallu Justin Trudeau pour avoir assez d'imagination pour trouver une manière d'appuyer encore plus fortement les sables bitumineux que ne le faisait Stephen Harper. Seulement ça, c'est suffisant pour nous éloigner radicalement du Parti libéral du Canada. Et là je ne vous parle pas de la question de l'indépendance et je ne vous parle pas de plusieurs autres enjeux. Seulement sur la question environnementale, ce gouvernement-là est à l'opposé du projet de société de Québec solidaire. Ce n'est pas parce qu'on est habiles sur les réseaux sociaux et qu'on prétend être jeunes qu'on est proches de Québec solidaire.

Votre deuxième question, c'était sur...

M. Lavallée (Hugo) : Concernant le Bloc québécois.

M. Nadeau-Dubois : Le Bloc québécois, bien, et ça a fait partie à la fois de nos discussions en caucus...

Puis je précise parce que ce n'était peut-être pas clair dans l'article, mais la décision du caucus de ne pas prendre position, c'est une décision du caucus, hein? Ce n'est pas une décision qui provient de l'extérieur et qui est imposée au caucus. Le caucus, à l'unanimité par ailleurs, a résolu de ne pas s'impliquer parce que ce n'est pas notre volonté, comme députés de Québec solidaire, de faire de la politique au niveau fédéral. On est élus par le peuple québécois. On veut faire de la politique au Québec pour défendre notre projet de société au Québec.

Ceci étant dit, sur le Bloc québécois, c'est un parti qui, certes, sur la question de l'indépendance, est proche de nous, mais il y a eu aussi des sujets de désaccord. Je vous réfère à la manière dont le Bloc québécois a fait campagne en 2015 sur la question des signes religieux. C'est un ton, une approche et des positions qu'on ne partage pas à Québec solidaire, et ça fait en sorte qu'il y a des gens dans notre parti qui ne se sentent pas... qui n'ont pas envie d'aller militer là, tout comme il y a beaucoup de gens qui n'ont pas du tout envie d'aller militer au NPD parce que c'est un parti fédéraliste, et même chose pour le Parti vert.

Donc, ces trois partis-là ont, à certains égards, des proximités avec nous, mais ils ont aussi, tous les trois, à d'autres égards, une distance. Dans ce contexte-là, la décision sage que nous avons tous prise ensemble, c'est de rester neutres et d'inviter nos instances locales et régionales à avoir la même neutralité. C'est, en tout cas, la proposition qu'on va mettre sur le plancher du conseil national.

M. Lavallée (Hugo) : Et donc, concernant le bloc, c'est vraiment la question des signes religieux, là, si je comprends bien?

M. Nadeau-Dubois : Bien, je ne ferai pas un bulletin de chaque parti fédéral pour examiner chaque élément de leur programme. Je n'embarquerai pas là-dedans. Vous m'avez demandé un exemple. Je vous en ai donné un, mais il y en a d'autres.

M. Lavallée (Hugo) : Très bien.

La Modératrice : Merci. Caroline Plante, Presse canadienne.

Mme Plante (Caroline) : Bonjour. Pour revenir à la question des signes religieux — on n'a pas fini d'en parler — à la CAQ, on semble beaucoup hésiter sur la question de la clause grand-père pour protéger les droits acquis des employés actuels. Là, on apprend aujourd'hui qu'après consultation avec ses députés c'est François Legault qui va trancher sur la question de la cause grand-père. J'aimerais savoir qu'est-ce que vous lui conseillez. Quelle est votre position là-dessus?

Mme Massé : Alors, je réitère, il ne faut pas qu'il y ait du monde qui perde leur emploi. Ça n'a pas de bon sens. La meilleure façon d'y arriver, c'est de ne même pas aller jusqu'à imposer aux enseignantes un statut d'autorité égal à la coercition que Bouchard-Taylor nous a invités à considérer. Mais, ceci étant dit, je dis à M. Legault que la meilleure façon, en pleine crise d'emploi… pas d'emploi, pardon, de main-d'oeuvre, en plein moment où l'ensemble de nos corps professoraux, médicaux, etc. croulent sous le surtemps, sous la charge, etc., pourquoi ne pas vous attaquer à ça en premier? Elle est là, la crise. Il n'y a pas une crise par rapport à la question du nombre d'enseignantes qui portent le voile dans les écoles. Honnêtement, M. Roberge devrait d'ailleurs lui dire, à M. Legault. Ce n'est pas ça, l'enjeu, en éducation.

Mme Plante (Caroline) : Donc, je comprends ce que vous dites pour les enseignants. Et, pour les autres, pas plus, là, il n'y aura pas de clause grand-père?

Mme Massé : Ah! je n'ai pas dit qu'il n'y a pas de clause grand-père. J'ai dit : Idéalement, il ne devrait même pas présenter un projet de loi qui interdit ça. Mais c'est sûr que, pour nous, ça ne se peut pas, du monde qui perdent leur emploi dans un État laïc parce qu'ils portent un signe religieux. Ça ne se peut pas.

Mme Plante (Caroline) : Juste pour être très claire, je comprends, là, que…

M. Nadeau-Dubois : Je ne comprends pas ce qui n'est pas clair. Vous avez la même version depuis deux ans.

Mme Massé : Oui, c'est ça.

Mme Plante (Caroline) : Je le sais, mais…

M. Nadeau-Dubois : Il n'y a pas de changement...

Mme Plante (Caroline) : Donc, chez vous, il n'y aurait pas de clause grand-père pour les autres, pour personne. Il n'y aurait pas de clause grand-père du tout.

Mme Massé : Chez nous, avec Bouchard-Taylor, personne ne perd son emploi. Alors, pourquoi y aurait-il de clause grand-père? C'est caduc. Je ne sais pas comment le dire autrement. Voilà.

M. Bellerose (Patrick) : Ce n'est pas clair...

Mme Massé : Pas clair?

Journaliste : Non, ce n'est pas clair.

M. Bellerose (Patrick) : Est-ce que vous soutenez une clause grand-père pour les policiers, les juges et les gardiens de prison? C'est ce qu'on vous demande.

Mme Massé : Ils ne portent pas de signes religieux. C'est leur corporation qui le dit. Ça n'existe pas. Pourquoi inventer un débat où il n'y en a pas? Ça n'existe pas.

M. Cormier (François) : Mais, si on inclut les enseignants, là, vous mettez une clause grand-père.

La Modératrice : Excusez-moi! Est-ce que…

Mme Massé : On ne veut pas que le monde perdent leur job.

M. Cormier (François) : C'est ça. C'est une clause grand-père.

Journaliste : Donc, c'est une clause grand-père.

La Modératrice : Excusez-moi. Est-ce qu'il reste des questions en français? Si oui, approchez-vous au micro, s'il vous plaît, sinon... Est-ce qu'il y a des questions en anglais? Parfait. Merci beaucoup.

(Fin à 14 h 36)

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