(Quatorze heures)
Mme Ghazal : Bon. Alors,
bonjour, tout le monde. On vient d'apprendre que le gouvernement vient d'augmenter
les seuils d'immigration après avoir annoncé... en fait, après les avoir
baissés. Donc, cette décision montre toute l'improvisation de Simon
Jolin-Barrette dans le dossier de l'immigration. Écoutez, après avoir martelé
partout, pendant la campagne électorale et toute l'année, comme quoi, bien, les
seuils d'immigration, il faut qu'on les baisse à 40 000, eh bien, là, on
vient de les augmenter au même niveau qu'avant, là, plus de 52 000 immigrants.
Donc, ça, ce que ça démontre, c'est que le gouvernement,
en fait, il s'est rendu compte par la force des choses que c'était tout
simplement irréaliste comme mesure de dire : Bien, on va baisser les
migrants. Et non seulement c'est irréaliste, mais en plus de ça, ça crée de la
peur chez la population. C'était vraiment une promesse populiste, là, pour dire
que les immigrants, bien, c'est un problème, donc il faut les baisser, alors
qu'ils sont une solution. Surtout quand on sait à quel point ça affecte toute
la pénurie de la main-d'œuvre, ce n'est pas ça qui va la régler, de les
baisser.
Donc, après que nous, on ait répété, tout
le monde lui ait répété que c'était juste irréaliste, impossible de les baisser — probablement,
peut-être, même les fonctionnaires l'ont fait — qu'on ne peut pas les
baisser, c'est en train de faire mal au Québec, eh bien, il s'est rendu à la
raison puis il a été obligé d'augmenter le seuil d'immigration.
M. Cormier (François) : Donc,
c'est une bonne nouvelle, selon vous?
Mme Ghazal : En fait, le fait
qu'il l'augmente, oui, c'est une bonne nouvelle. Mais ce qui est vraiment
dommage, c'est d'avoir créé toute cette confusion comme quoi les immigrants, il
faut les baisser parce que c'est un problème. Qu'est-ce que ça fait, ça, dans
la population?
M. Cormier (François) :
Qu'est-ce que ça fait dans la population?
Mme Ghazal : Bien, ça crée la
peur de l'immigrant. Les immigrants, il faut qu'on en ait moins, en prendre
soin, c'est ce qu'ils disaient, il faut qu'on en ait moins parce que c'est un
problème, il faut bien, bien les gérer. Mais là ce n'est pas nous, là... Nous,
on le disait qu'il faut qu'il les augmente. Mais il se rend à la réalité puis
il le fait parce que c'était tout simplement irréaliste.
M. Cormier (François) :
Maintenant, est-ce que vous avez... Comment j'irais là-dessus délicatement?
Mais est-ce que vous avez peur de ce que ça pourrait susciter comme réaction?
Parce que la peur de l'autre, la peur de l'immigrant, elle existe, là, quoi
qu'on dise. Donc, les gens qui vont recevoir ça, aujourd'hui, est-ce que vous
avez peur de la réaction?
Mme Ghazal : Qu'ils disent :
Ah, mon Dieu, on augmente les immigrants et tout ça? Moi, honnêtement, je n'ai
pas peur de la réaction de la population parce que les gens, même, par exemple,
en région, ils veulent avoir des immigrants, ils sont très accueillants, ils
veulent en avoir. Mais ils veulent qu'ils soient accueillis, qu'il y ait les
ressources pour pouvoir les accueillir. C'est ce qu'ils demandent. C'est ce
qu'on entend partout.
Moi, c'est plus le discours public, le
discours dans certains médias qu'on entend. Et les élus, bien, on a une
responsabilité dans le discours qu'on tient. Quand on a un gouvernement qui
base sa campagne électorale sur : On va avoir moins d'immigrants, moins
d'immigrants, sans justifier... Pourquoi c'est 40 000? Ça n'aurait pas pu
être 20 000? C'était un petit peu arbitraire comme chiffre. Et aujourd'hui
on a la preuve que c'était arbitraire, puisqu'il revient aux seuils normaux que
le Québec a besoin pour pouvoir continuer.
M. Cormier (François) : Le
gouvernement voulait aussi ralentir pour mieux intégrer, pour avoir plus
d'accompagnement, finalement, ne serait-ce que pour apprendre le français.
Est-ce que vous pensez qu'on est déjà rendus là? Est-ce que les ressources sont
suffisantes pour revenir au taux d'avant ou presque?
Mme Ghazal : Bien, en fait,
là, lors du budget, il a annoncé qu'il allait y avoir une bonne augmentation
pour le ministère de l'Immigration pour pouvoir traiter les demandes. Mais, une
fois que les immigrants arrivent... Ce n'est pas une ressource, là. Les
immigrants, pour qu'ils restent vraiment longtemps, il faut qu'ils soient
accompagnés comme il faut. Là, en ce moment, il faut qu'il y ait plus de
ressources, surtout dans les régions où est-ce qu'on les accueille. Il n'y en a
pas assez, toute la question de la francisation aussi. Mais ce n'est pas
suffisant.
Il faut que ces gens-là puissent amener
aussi leurs familles. Ce ne sont pas uniquement des travailleurs qu'on
accueille. Oui, ce sont des travailleurs, mais aussi ils ont leurs familles. Il
y a tout, aussi, le programme de réfugiés, qu'on est en train de dire :
Ah! bien, ça, on ne le regardera pas, ce n'est pas important, Alors qu'on sait
que ces gens-là, quand ils sont accompagnés avec les ressources qu'on met en
place puis qu'il y a cette volonté du gouvernement de bien les accueillir, de
les intégrer, bien, ils vont rester plus longtemps. Ils ne vont pas juste
venir, puis dire : Oh! ça ne marche pas, je ne suis pas capable avec ma
famille, ils ne s'intègrent pas très bien, par exemple, et ils décident de
quitter et d'aller ailleurs. Donc, il faut qu'il y ait les ressources qui accompagnent
ce nombre d'immigrants. Ça, c'est sûr et certain.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup.
Mme Ghazal : Merci.
(Fin de la séance à 14 h 4)