(Onze heures dix-huit minutes)
La Modératrice
:
Bonjour. Bienvenue à ce point de presse de Québec solidaire. Prendra la parole
tout d'abord Catherine Dorion, députée de Taschereau, suivie de Gabriel
Nadeau-Dubois, porte-parole de Québec solidaire. Vous pourrez poser vos
questions par la suite.
Mme Dorion : Merci d'être là,
tout le monde. On vient d'apprendre que Bonnardel, de ce que j'ai compris, veut
scraper la sortie d'autoroute dans Saint-Roch. C'est une bonne nouvelle,
évidemment, pour le quartier Saint-Roch. On a gagné une première petite
bataille, on est loin d'avoir gagné la guerre, mais je veux quand même prendre
le temps de féliciter tous ceux qui se sont mobilisés, qui sont encore même
très nombreux, les conseils de quartier, les groupes citoyens, les comités
citoyens, toutes les personnes qui se sont déplacées pour aller dans les
grosses manifs qu'il y a eues à Québec, les gens de l'extérieur de Québec qui
se sont intéressés à l'enjeu, qui se sont exprimés sur l'enjeu. Ça prouve que,
quand on se mobilise, ça prouve que, quand on fait ces choses-là, ça marche. La
lutte paie quand les citoyens disent : Ça ne me plaît pas, je prends ça en
main et je mets ça de l'avant. Ça fonctionne. Et nous, on va continuer
d'accompagner ces citoyens-là jusqu'au bout pour gagner la bataille contre le
troisième lien au grand complet.
Maintenant, il y a des petites choses que
j'ai entendues qui m'ont laissée perplexe. Si le premier ministre ou le ministre
des Transports pensent que les gens de Québec se battaient juste contre cette
sortie-là dans Saint-Roch, il y a quelque chose qu'ils n'ont pas compris. Il
faut comprendre, puis ça, je pense que les gens de Québec commencent à le
saisir, là, les gens qui vont prendre le tunnel, peu importe elle est où, la
sortie, peu importe par où ils sortent, quand ils vont sortir un peu plus au
nord, ce n'est pas pour aller à Saint-Félicien, pour la grande majorité d'entre
eux, ça va être pour s'en revenir au centre-ville. Donc, ils vont sortir par le
tunnel, revenir dans chacun des quartiers centraux de Québec, dans les
banlieues proches, finalement rajouter 50 000 à
55 000 voitures de plus sur le réseau municipal de Québec qui est
déjà saturé à l'heure de pointe. Donc, le trafic, la congestion, les gaz à
effet de serre, le bruit, la pollution atmosphérique, tout ça, peu importe où
ça sort, c'est des enjeux, des effets négatifs que vont vivre les citoyens de
Québec, que vont vivre les citoyens des banlieues de Québec aussi. Alors, ça,
les gens de Québec sont en train de le comprendre de plus en plus.
Et il faut aussi comprendre que ce n'est
pas juste un enjeu de Québec. La lutte qu'on mène, nous, contre le troisième
lien, c'est une lutte qu'on mène contre quoi? Ce n'est pas juste parce qu'on
n'aime pas ce projet-là, même s'il coûte une fortune monumentale qui n'a pas
d'allure, c'est une lutte contre l'étalement urbain, c'est une lutte contre le
dézonage des terres agricoles, contre le rasage des boisés, contre la
congestion routière, parce que ça va en amener, de la congestion routière,
contre les gaz à effet de serre, contre un projet du siècle dernier qui va
enlever 10 milliards des poches des familles québécoises. Alors, c'est un
combat qu'on fait pas juste pour Saint-Roch, pas juste pour la ville de Québec,
c'est un combat qu'on fait pour le Québec en entier. Puis nous, on va
accompagner ce combat-là, on va accompagner les Québécois jusqu'au bout.
Le premier ministre a dit hier, et j'ai
trouvé ça très intéressant, il a dit : Écoutez, il y a un problème de
congestion, les partis d'opposition ne proposent rien en échange, moi, je suis
ouvert aux solutions. Alors, je prends la balle au bond, je vais déposer
aujourd'hui un mandat d'initiative sur la congestion routière à Québec pour
qu'on trouve une vraie solution basée sur les avis des experts, qu'on entende
les experts, et on va voir si la CAQ est ouverte à cette solution-là. Là, il va
y en avoir, des solutions, pour réduire la congestion à Québec. Alors, si elle
est réellement ouverte, comme le premier ministre l'a dit hier, qu'elle accepte
ce mandat d'initiative là. On va entendre des belles choses intéressantes de la
bouche de nos experts. Merci.
M. Nadeau-Dubois : Merci, Catherine. Il y en a, des solutions. Il suffit
d'écouter les experts qui en ont, des solutions basées justement sur la
science.
Bonjour, tout le monde. Très content
d'être ici aujourd'hui. Je veux vous parler d'éducation ce matin. Parce que,
pendant que le premier ministre lance des opérations de relations publiques
pour sauver la réputation de Jean-François Roberge, ça va mal dans nos écoles.
Encore ce matin, on lisait des témoignages qui fendent le coeur de femmes qui
quittent le réseau de l'éducation, qui quittent le système public parce
qu'elles ne sont plus capables, parce qu'elles ont des conditions de travail
qui n'ont pas d'allure, et ces femmes-là s'en vont travailler dans le privé. Ce
cercle vicieux là, on le connaît. On sait ce que ça a donné en santé. Moi,
j'invite Jean-François Roberge à aller parler au ministre de la Santé puis à
lui demander : Mon cher Christian, qu'est-ce que ça fait quand tout le
monde s'en va dans le privé? Bien, ça fait des méchants gros problèmes pour nos
systèmes publics. Et ce cancer-là qui ronge notre système de santé, bien, on
est en train de voir ses premières métastases dans le système d'éducation, et c'est
inquiétant.
Il y a des enfants, au Québec, qui n'ont
pas de prof pour leur enseigner. Il y a des enfants qui ont des problèmes
d'apprentissage. Ils ont besoin d'aide de professionnels puis ils ne reçoivent
pas cette aide-là. Ça, c'est des vrais problèmes concrets. Et pendant ce
temps-là, Jean-François Roberge, qu'est-ce qu'il fait? Bien, des conférences de
presse avec des vedettes pour annoncer pour la quatrième fois la révision d'un
cours qui, de toute façon, était dû pour être revu. Ce sont des manoeuvres de
diversion, et ça détourne l'attention des vrais problèmes dans les vraies
écoles, dans les vraies familles du Québec. François Legault doit lâcher ces
petites obsessions et il doit s'occuper des vrais problèmes dans la vraie vie
des gens au Québec.
Je viens d'apprendre, dans un tout autre
ordre d'idée, que Steven Guilbeault vient d'être nommé ministre de
l'Environnement du Canada. Bien, d'abord, je veux le féliciter. Quand même, ce
n'est pas tous les jours qu'un ancien militant écologiste devient ministre de
l'Environnement d'un pays du G7. Mais, justement, il doit prouver qu'il n'est
pas seulement le petit soldat vert de Justin Trudeau au Québec, mais qu'il a
encore des convictions écologistes.
Le 22 septembre dernier, l'Assemblée
nationale du Québec a adopté à l'unanimité une motion déposée par ma collègue
Émilise Lessard-Therrien de Québec solidaire, une motion demandant à ce
qu'Ottawa interrompe toute subvention aux entreprises gazières et pétrolières.
En 2021, l'argent des Québécois ne devrait pas servir à financer des énergies
sales. L'Assemblée nationale est unanime là-dessus.
Donc, si Steven Guilbeault souhaite
démontrer qu'il est capable de défendre le Québec puis qu'il est capable de
défendre la planète, il doit, à titre de premier geste comme ministre de
l'Environnement, annoncer que les subventions aux entreprises gazières et
pétrolières vont s'interrompre dès le prochain budget fédéral. Ça n'a pas
d'allure que notre argent, que nos impôts, comme Québécois, Québécoises,
financent les énergies sales de l'Alberta. Ce sera le premier test de
crédibilité écologiste pour Steven Guilbeault.
La Modératrice
: Merci.
On va prendre vos questions. Une question, une sous-question, s'il vous plaît.
Mme Côté (Claudie) : Il y a
aussi M. Duclos qui a été nommé à la Santé. Comment vous entrevoyez les
discussions entre M. Dubé et M. Duclos, le rapport de force entre les
deux?
M. Nadeau-Dubois : Bien, ce
rapport de force là, il a été, bien sûr, diminué par l'appui enthousiaste de François
Legault au Parti conservateur du Canada. Mais le Québec, là-dessus, est unanime :
on a besoin de plus de transferts fédéraux parce qu'il faut réinvestir
massivement en santé, notamment en soins à domicile, mais également pour
améliorer les conditions de travail des femmes qui tiennent le réseau à bout de
bras. Donc, son rôle, c'est de nous donner les moyens, au Québec, d'améliorer
notre réseau de la santé.
Mme Gamache (Valérie) : Mais est-ce
que M. Legault s'est affaibli par rapport à M. Duclos? Pensez-vous que ça va
être possible d'aller négocier avec M. Duclos à ce moment-ci?
M. Nadeau-Dubois : Bien, je
veux dire, ça ne prend pas un doctorat en sciences politiques, là, pour
comprendre qu'à partir du moment où François Legault s'allie avec Erin O'Toole
il ne se met pas du bon bord de la force pour négocier ensuite avec Justin
Trudeau. Ça, je veux dire, quiconque a suivi les élections fédérales est
capable de le dire. Mais l'objectif, on le partage ici, là, tout le monde, au
Québec, est d'accord, on a besoin d'argent parce qu'il faut réinvestir
massivement dans notre système de santé, notamment les soins à domicile, ça va
nous coûter cher, on a besoin de cet argent-là, et pour améliorer les
conditions de travail des femmes.
M. Robitaille (Antoine) :
Vous dites qu'il faut écouter les experts, toujours écouter les experts. Or,
tous les experts en matière de patrimoine disent qu'il ne faut pas transférer
la Maison Chevalier à des intérêts privés. Alors, dans ce cas-là, est-ce que
vous faites une exception?
M. Nadeau-Dubois : Je pense
que Catherine et moi, on a été très clairs là-dessus. Des joyaux patrimoniaux
comme ceux-là, ça devrait… ça doit rester publics. C'est dommage, c'est triste
que ce se soit passé comme ça. Les premiers responsables de cette situation-là,
c'est les libéraux qui ont coupé lors de leur campagne d'austérité, lors de
leur dernier mandat. Et, si Nathalie Roy trouve une solution publique,
Catherine et Québec solidaire vont être les premiers à être contents.
M. Denis (Maxime) : Catherine
Dorion, sur le troisième lien, j'aimerais vous entendre. Quel message la CAQ
envoie à ses électeurs provoitures qui rêvaient de ce lien-là? Que, là,
finalement, on dit : Bon, bien, prioriser peut-être plus le transport
collectif dans le tunnel ou sinon l'auto électrique, éventuellement. Mais
visiblement on ne gagnera pas de temps à avoir une voiture puis à essayer de… à
l'île d'Orléans ou au nord de Québec, là.
Mme Dorion : Pouvez-vous
reposer votre question plus précisément? Vous dites…
M. Denis (Maxime) : …ça envoie
aux électeurs caquistes qui sont provoitures, là, qui rêvaient du troisième
lien pour pouvoir traverser rapidement de centre-ville à centre-ville? Là, on
recule avec ça aujourd'hui.
Mme Dorion : J'imagine que c'est
un message désolant pour ceux qui avaient bien hâte et qui étaient très
enthousiastes à ce projet-là. Si la CAQ misait là-dessus comme un projet qui
lui ferait gagner des votes — c'est mon avis — là elle doit
être en train de se rendre compte que ce n'est plus si payant de ce point de
vue là, qu'il va falloir montrer patte blanche, faire des aménagements, faire
ci, faire ça, être à l'écoute des citoyens.
Il y a une partie du message qui était quand
même un message d'ouverture. Moi, ce que je dis, c'est est-ce que ce message
d'ouverture là, il est assez sérieux pour être prêt à entendre des experts en
congestion routière à Québec pour qu'on dise au Québécois et aux gens de Québec,
y compris ceux qui, pour l'instant, sont pour le troisième lien, pour qu'on
leur dise : Est-ce que c'est vrai que ça va régler la congestion routière?
Je vais vous dire un petit indice, là. Pour l'instant, les experts disent :
Non, ça va empirer la congestion routière. Mais est-ce qu'on peut les entendre?
Est-ce que le gouvernement pourrait leur poser des questions, comprendre, et
que ces enjeux-là se répandent jusqu'aux oreilles de ces personnes-là qui sont…
M. Denis (Maxime) : Est-ce
que la CAQ fait ça pour avoir plus de financement du fédéral, d'être plus intéressant
pour un transport collectif?
Mme Dorion : Je ne suis pas
dans la tête des stratèges de la CAQ en ce moment par rapport à qu'est-ce qu'ils
vont faire au fédéral pour le troisième lien.
M. Lavallée (Jean-Luc) : Vous
parlez d'un mandat d'initiative. De quelles autres solutions vous voudriez qu'on
parle dans le cadre de ce mandat, là, si ça avait été…
Mme Dorion : Le mandat
d'initiative, le merveilleux de ça, c'est que ce n'est pas Catherine Dorion qui
suit le dossier, mais qui n'est pas une experte en transport, en congestion
routière qui va parler, c'est des gens qui ont passé leur vie à étudier ça, qui
vont nous expliquer, là, en profondeur, voici pourquoi, puis nous le
vulgariser, puis nous l'amener. Voilà. Ça répond-tu à votre question?
M. Lavallée (Jean-Luc) :
Bien, non. De quelles solutions vous voulez qu'on parle?
Mme Dorion : Ah! oui. Bon, il
y a des solutions qui peuvent arriver. Moi, je vais vous dire ce que j'ai
entendu, mais là il faudrait qu'on l'entende dans un contexte formel. Il y a
l'aménagement à la tête de la sortie des ponts. Il y a un réseau de transport
structurant pour Lévis aussi. Il y a eu des projets de transport structurant
Québec-Lévis par le passé. On sait que Gilles Lehouillier l'a abandonné.
Il était… C'était un grand projet pour Québec-Lévis qui était structurant, qui
était pour les deux.
Le problème avec le transport en commun
dans la grande région de Québec, dans la région de Québec, c'est que se rendre
au travail en transport en commun prend deux fois plus de temps qu'en auto.
Cette comparaison-là, vous pouvez tous tirer les conclusions qui s'imposent de
ça. Tu sais, si on veut faire le transfert modal de l'auto au transport en
commun, que notre siècle nécessite pour se sortir de l'urgence climatique, de
la crise climatique, on va être obligés d'améliorer cette donnée-là. Et donc,
oui, développer un transport en commun à Lévis qui aille beaucoup, beaucoup,
beaucoup plus loin que de mettre un losange sur une voie d'autoroute, là.
M. Bossé (Olivier) : Ça reste
que, pour les gens de Taschereau, ce qui est proposé ce matin, c'est pas mal
plus acceptable, c'est un bon compromis?
Mme Dorion : Je vais répéter
ce que je disais tantôt pour les gens de Taschereau, tu sais, il y a une verrue
de moins dans Saint-Roch, qui en a déjà assez eu, des verrues, là, puis qui a
assez souffert. Mais ça ne change absolument rien du côté de la congestion
routière qui va s'accumuler au centre-ville, qui va augmenter, des gaz à effet
de serre qui vont augmenter, du bruit qui va augmenter, de la pression sur
transformer des espaces en stationnement, transformer des… peut-être... tu
sais, bon, tout ce que ça amène, la congestion dans un centre-ville. Donc, les
gens du centre-ville, Saint-Roch comme tout le centre-ville, comme les
banlieues proches aussi, vont souffrir de cette augmentation-là de la
congestion et de tous les côtés négatifs qui viennent avec ça.
M. Lecavalier (Charles) : Il
reste, dans l'urgence climatique, peut-être M. Nadeau-Dubois, le gouvernement
du Québec veut réduire de 5 mégatonnes les émissions de GES des grands
pollueurs. On connaît toute l'histoire de la saga de la cimenterie McInnis, là,
mais là elle est là, elle est en fonction, personne ne veut la détruire. Donc,
comment Québec solidaire veut permettre aux grandes entreprises de réduire
leurs émissions? Est-ce que ça passe par une aide de l'État, des subventions?
M. Nadeau-Dubois : Nous, on a déjà
proposé, il y a quelques mois maintenant, une taxe spéciale sur les grands
pollueurs. Les énormes entreprises qui polluent énormément devraient payer pour
cette pollution-là. Ce n'est pas normal que ce soit les citoyens, citoyennes
qui paient le coût social et écologique de cette pollution-là. On a déjà fait
cette proposition-là. Et il n'y aura pas de solution miracle. On ne peut pas
réduire nos gaz à effet de serre si on laisse les grands pollueurs s'en tirer
avec des émissions épouvantables.
Puis, en parlant de la cimenterie McInnis,
moi, j'invite le premier ministre à prendre des notes. La cimenterie McInnis,
là, c'est l'héritage des deux vieux partis au Québec, le Parti québécois et le Parti
libéral. C'est l'héritage de leur aveuglement électoraliste et de leur oubli de
la crise climatique. Si François Legault ne recule pas, là, le troisième lien,
ça va être son héritage à lui, ça va être sa cimenterie McInnis à lui, le
projet qu'il aura imposé au mépris de la science. Et ça va être les générations
futures qui vont payer cette facture écologique là tout comme on est pris, ici,
aujourd'hui, à payer la facture de la cimenterie McInnis.
La Modératrice
: Est-ce
qu'il y a une dernière question en français?
M. Robillard (Alexandre) :
Bien, oui. Deux membres du comité de rédaction du cours sur la citoyenneté qui...
notamment des demandes pour satisfaire le ministre. Est-ce que, selon vous, ça,
c'est un signe d'ingérence politique dans le conflit?
M. Nadeau-Dubois : Moi, ce que
je lis dans les journaux ce matin, c'est des experts en pédagogie qui sentent
qu'ils reçoivent des commandes politiques. C'est ce que ces gens-là disent.
Moi, je les crois. Et ça laisse entendre, en effet, ça laisse présager qu'il y
a, en ce moment, des volontés politiques derrière cette opération de relations
publiques là. Et, pour moi, la première volonté politique, c'est quoi? Bien,
c'est de sauver la réputation de Jean-François Roberge. C'est le ministre le
moins populaire de ce gouvernement-là. Tout le monde voit bien qu'il a perdu la
confiance du réseau de l'éducation. Quoi de mieux, pour lui refaire une beauté,
du point de vue des relations publiques, bien sûr, qu'une bonne opération de
relations publiques comme ça pour dire qu'il va défendre la culture québécoise.
Moi, je pense que c'est une opération de relations publiques, c'est de la
diversion pour qu'on ne parle pas des écoles où il n'y a pas d'eau potable, ça
existe au Québec, des écoles où les profs ne sont pas assez nombreux pour enseigner
aux enfants puis les enfants passent leurs journées sur leur téléphone. Ça,
c'est les vrais problèmes des vraies écoles du vrai monde.
M. Robillard (Alexandre) : …le
contenu du cours…
M. Nadeau-Dubois : Pardon?
M. Robillard (Alexandre) :
Est-ce que ça discrédite le contenu du cours?
M. Nadeau-Dubois : Bien, le
cours d'éthique et culture religieuse, c'était déjà prévu qu'on le revoie. Les
travaux de révision de ce cours-là avaient déjà commencé, puis il y avait
plutôt un genre de consensus sur le fait que le cours méritait d'être modernisé
puis d'être amélioré. Comme la plupart des cours par ailleurs au Québec, une
fois de temps en temps, c'est bon de les revoir. On va juger l'arbre à ses
fruits, on verra quel sera le contenu de ce cours-là.
Moi, ce que je vois, et les ficelles sont
énormes, c'est une opération de relations publiques pour sauver la réputation
de Jean-François Roberge.
M. Robillard (Alexandre) : Les
démissions, est-ce qu'elles portent atteinte…
M. Nadeau-Dubois : Pardon?
M. Robillard (Alexandre) : Les
démissions, est-ce qu'elles portent atteinte…
M. Nadeau-Dubois : Ces
démissions-là portent atteinte à la crédibilité du processus et ces
démissions-là… Et ce n'est pas moi qui le dis, c'est ces gens-là qui
démissionnent puis qui disent : On se sent comme des outils électoraux
pour la CAQ. Moi, je les crois, ces professionnels-là. Et, si on veut faire une
réforme du cours d'éthique et de culture religieuse, qu'on la fasse, mais qu'on
la fasse sans instrumentalisation politique puis en toute transparence. Les
contenus pédagogiques, ça ne devrait pas être le fruit de joute partisane.
La Modératrice
: Merci.
On passerait en anglais.
M. Robitaille (Antoine) : ...la
juge en chef Rondeau vienne en commission parlementaire?
M. Nadeau-Dubois : Oui, on
serait intéressés à l'entendre. On serait intéressé à l'entendre. C'est
possible, d'ailleurs, hein, une fois que les auditions commencent, d'ajouter
des invités à la liste d'invités. Moi, je pense que c'est une bonne idée.
Au-delà de si elle vient ou pas, qu'est-ce qui est important dans ce
dossier-là, là, c'est que la magistrature et le pouvoir politique mettent leurs
rivalités de côté, et leurs orgueils respectifs de côté, et qu'on pense aux
survivantes qui nous disent depuis des années : On n'a pas confiance dans
le système de justice.
M. Robitaille (Antoine) : Les
survivantes veulent un tribunal spécialisé, veulent qu'on légifère. Mme Rondeau
ne veut pas que vous légifériez, elle veut venir vous le dire dans l'enceinte,
ici. Vous ne voyez pas de problème avec ça, vous, comme législateur?
M. Nadeau-Dubois : À ce
qu'elle vienne nous dire ce qu'elle pense? Moi, là, que les opposants à des
projets de loi viennent exposer leurs réticences à l'Assemblée nationale, je
pense que c'est même une bonne chose d'ouvrir les portes puis de les entendre. Ceci...
M. Robitaille (Antoine) :
…l'opposant, là. Elle a un devoir de réserve. Et, si jamais elle entend une
contestation, mettons, d'un Rozon, là, sur la constitutionnalité de cette
loi-là, de quoi elle va avoir l'air, elle qui s'est exprimée publiquement
contre cette façon-là de légiférer?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
vais laisser la juge en chef gérer ces enjeux-là d'apparence publique et
d'impartialité. Moi, du point de vue du débat de société qu'il faut avoir au Québec,
ce que je vous dis, c'est que les survivantes veulent que ça change, à Québec
solidaire, on veut que ça change. La recommandation de la création d'un
tribunal spécialisé, on l'appuie, on trouve que c'est une bonne idée. S'il y a
des opposants dans la magistrature qui veulent venir nous parler de leurs
réticences, moi, là-dessus, c'est mon seul côté un peu libéral, qu'ils
viennent, qu'ils viennent dire leurs affaires, qu'ils viennent exposer leurs…
M. Robillard (Alexandre) :
…séparation des pouvoirs?
M. Nadeau-Dubois : Pardon?
M. Robillard (Alexandre) :
Vous ne pensez pas que ça porte atteinte à la séparation des pouvoirs?
M. Nadeau-Dubois : Moi, si la
juge en chef veut nous faire part de ses commentaires, qu'elle les fasse, on va
les lire. Ce que je pense, c'est qu'il faut créer un tribunal spécialisé au Québec.
C'est une recommandation transpartisane, c'est ce que les femmes qui vivent
l'épouvantable épreuve que représente notre système de justice en cas
d'agressions sexuelles disent. Mais, si la juge en chef veut donner son
opinion, qu'elle le donne. Notre volonté politique n'en sera pas ébranlée.
La Modératrice
: Merci.
On va passer en anglais.
Mme Senay (Cathy) : Good day. Can I ask your reaction regarding the fact that Steven
Guilbeault, who worked with groups as Équiterre, Greenpeace, is now the federal
Environment Minister?
M. Nadeau-Dubois : Yes. Well, first of all, I want to congratulate Mr. Guilbeault for that nomination.
It's not, you know, everyday that a former Greenpeace activist is, you know,
nominated to such an office.
Still, you know, there is
a big test of credibility for Mr. Guilbeault. If he wants to demonstrate
that he's not only the little green soldier of Mr. Trudeau in Québec, his first gesture should be to
announce that public subsidies to oil, and gas, and industries will stop now in
the next federal budget. It's unacceptable in 2021 that the taxpayers' money
goes into such dirty energies. We need to go forward; we need to fund green
energy. And Mr. Guilbeault, as a test, is he able to defend Québec? Is he able to defend the planet? If
he wants to pass that test, his first announcement has to be oil and gas businesses
will not receive public money anymore.
Des voix : …
Mme Senay (Cathy) : Hé! les amis. Parlez juste un petit moins fort.
Des voix
: Chut! chut!
Une voix
: Vous parlez trop fort.
Mme Senay (Cathy) :O.K. Mélanie Joly
is named now at Foreign Affairs Minister. What do you think of this?
M. Nadeau-Dubois : You just… I am just, I am just learning it. I think it would look…
I saw, of course, Mr. Guilbeault's nomination because I was closely
looking at this. I didn't consult the full list. So, I'll wait to see those
nominations before commenting on them.
Mme Senay (Cathy) : But can I try one other name? Jean-Yves Duclos from Québec city is now the Health Minister. As a former health critic for Québec solidaire, what do you think of this
nomination?
M. Nadeau-Dubois : You know, what the federal Government needs to do is give to Québec and the provinces the money they need to fund public health care
systems. We have to invest massively in elderly care. We have to invest
massively for better working conditions for the women working in our health
care system. We need money from Ottawa in order to do this.
Mme Senay (Cathy) : ...conditions?
M. Nadeau-Dubois : No, that... no, the health care system is a jurisdiction of Québec. So, the only job that Mr. Trudeau
and Mr. Duclos have to do is give to Québec taxpayers the money they send them to fund, here in Québec, our health care system.
La Modératrice
: Une dernière question.
M. Brennan (Andrew) : Merci. As a former health critic, I know Mr. Marissal may be a
better person on this. However, when we're looking at the situation at the Lachine Hospital, the head
doctor has already written to the Health Minister saying : This could pose
a danger closing the ICU and also overnight closure at the ER. What do you
think?
M. Nadeau-Dubois : It's unbelievable that we're seeing those types if closures. What
this means is that our whole public system is beginning to crumble. And Mr.
Legault should focus on that and he should stop talking about costly and
useless projects like the «troisième lien», like the «maternelle
quatre ans», and he should focus on the real problems
of Québec which are our health
care system and our education system that are crumbling down before our eyes.
M. Brennan (Andrew) : Speaking of Mr. Legault, the Premier signaled yesterday in various
contexts that the mandatory vaccination deadline, which had already been
delayed once, could potentially be delayed or may not be implemented in full
for everybody at the health care sector on November 15th. What do you think?
M. Nadeau-Dubois : Once again, it's improvisation from Mr. Legault and Mr. Dubé. My
colleague Vincent Marissal asked for a concrete plan on August 26th. Today,
it's October 26th. Two months after, there is no concrete plan on the table to
show how the Government will
balance the protection of the patients with the continuity of services to the
population. We need to find a solution to do both of those things. And it's
been two months now, we're asking for a plan, we're still waiting for that
plan.
M. Brennan (Andrew) : Do you think there is no plan?
M. Nadeau-Dubois : It's a very good question.
M. Brennan (Andrew) : There's been various things that have been done to try to give more
people back. Even looking at the 4,000 nurses, only 1,700 have gone from either
being part time to full time, but they only got 60 that
came out of retirement. Do you think there really is a plan here to be able to
balance service and maintain this mandate?
M. Nadeau-Dubois :
I think Mr. Legault and Mr. Dubé announced the mandatory vaccination before
working on a plan to see how that would be possible. You know, governing does
not only mean deciding. Governing means planning, and that Government lacks
planning.
La Modératrice
:
Merci beaucoup.
M. Brennan (Andrew) : Merci à vous deux. Bonne journée.
M. Nadeau-Dubois :
Merci à vous. Thank you.
(Fin à 11 h 43)