(Neuf heures trente-trois minutes)
M. Roy
: Bonjour à
tous. J'aimerais saluer d'entrée de jeu mes collègues Mireille, Sylvain,
Alexandre et Martin, qui représentent des circonscriptions dans les régions du Québec.
Écoutez, il y a une autre tuile qui vient
de s'abattre sur l'économie forestière du Québec. Après la surtaxe sur le papier
surcalandré, après l'annonce de la fin des négociations ou, à tout le moins,
d'une possibilité de surtaxe et de quotas sur le bois d'oeuvre au Québec, ce
qui va s'avérer une crise extrêmement grave pour les emplois en milieu
forestier, on a maintenant l'imposition de la limite nordique par le ministre
Blanchette, qui a été décrétée le 19 octobre et qui n'a absolument pas
tenu compte des recommandations des différents comités qui ont été mis sur
pied.
Donc, le ministre Lessard, lui, avait
reculé. Nous étions sortis dans les médias pour dénoncer l'aberration qui se
préparait, à savoir qu'on allait imposer une limite nordique et après ça
évaluer les impacts sur les emplois et sur l'économie forestière. Le ministre
avait reculé, avait créé des comités et avait fait en sorte que les acteurs
étaient écoutés. Maintenant, on a un ministre qui n'écoute pas la population,
qui a mis de côté l'ensemble des recommandations des différents comités et qui
a imposé une limite nordique qui va être absolument désastreuse pour l'économie
du Lac-Saint-Jean. On parle de centaines d'emplois qui peuvent être perdus étant
donné les pertes d'approvisionnement des différentes usines.
Donc, encore une fois, c'est un gouvernement
qui n'a pas de vision pour les régions, qui n'a pas de vision pour l'économie
forestière et qui est urbanocentriste. Et, quand c'est le temps d'investir,
bon, c'est sûr, dans les avions, dans Bombardier, il n'y a pas de problème. Mais
je tiens à souligner qu'il y a aussi 60 000 emplois dans l'économie
forestière. C'est une économie qui mérite d'être soutenue, qui mérite de
l'attention. Et ce qu'on voit actuellement, c'est vraiment l'abandon de la
filière forêt.
J'aimerais céder la parole à mon collègue
Sylvain, qui va vous entretenir...
M. Gaudreault
:
Oui, alors, bonjour. Comme vient de le dire mon collègue Sylvain Roy, de
Bonaventure, effectivement c'est une tuile supplémentaire qui s'abat. On voit
toute l'improvisation de ce gouvernement en matière de fixation de la limite
nordique, mais surtout le manque criant d'influence de ce ministre Blanchette
sur le Conseil des ministres et qui recule face à des mesures, au moins,
qu'avait prises son prédécesseur, Laurent Lessard. Et ça, ça s'ajoute à la surtaxe
de 18 % environ sur le papier surcalandré imposée par les Américains qui a
des impacts sur deux usines de notre région, celle de Kénogami, dans mon comté,
et l'autre usine de Produits forestiers Résolu à Dolbeau-Mistassini, donc dans
le comté du premier ministre. C'est 30 millions par année, on évalue à peu
près à une surtaxe de 1 million par mois par usine. Alors, c'est énorme,
ça affecte la rentabilité de cette usine-là. Alors, imaginez les impacts de la
limite nordique sur les emplois, notamment dans le nord du Lac-Saint-Jean, en
plus de la surtaxe sur le papier surcalandré. Alors, ce sont des éléments qui
s'ajoutent de plus à cette crise forestière qui n'en finit plus de finir au
Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Alors, je laisse la parole à Alexandre.
M. Cloutier : J'aimerais
aussi rappeler qu'en théorie le premier ministre a le comté le plus forestier
au Québec, et, de toute évidence, on dirait qu'il n'est pas informé. Alors,
hier, c'était un syndicat de travailleurs du comté du premier ministre qui
interpellait le premier ministre pour lui dire que ce sont des centaines, voire
des milliers d'emplois qui sont en jeu à raison de cette révision de la limite
nordique. Mais ce qui est complètement inacceptable, c'est qu'on le fait en
catimini par décret sans informer les députés directement concernés. Parce que,
moi, comme député de Lac-Saint-Jean, la possibilité forestière est directement
touchée par les usines qui se retrouvent dans mon comté. Avec l'ancien ministre
Lessard, on nous avait dit qu'il y aurait une consultation des élus locaux, que
le milieu serait dans le coup. Or, on fait ça en cachette, en catimini, on
espère que personne ne s'en rende compte. Puis là on n'a aucune idée de
l'impact réel sur les emplois en région, mais ce qu'on sait, c'est que ça va nécessairement
être à la baisse parce que la possibilité forestière, elle est revue en deçà de
ce qui avait été prévu.
Alors, le premier ministre doit agir, le premier
ministre doit se réveiller, le premier ministre doit défendre les travailleurs
forestiers. Le premier ministre était absent à la marche des travailleurs à
Saint-Félicien quand il y avait plus de 3 000 personnes dans les rues
pour réclamer davantage d'investissements. Il fait exactement l'inverse que ce
que le milieu réclame. Puis ça s'ajoute au fait qu'ils ont dormi au gaz, c'est
le moins qu'on puisse dire, dans le dossier du bois d'oeuvre. Ils ont trouvé le
moyen de nommer un négociateur après les délais. Non mais, il faut le faire!
Ils ont nommé le négociateur une fois que les délais d'un an étaient expirés
puis une fois que le gouvernement américain a déjà annoncé qu'il y aurait des
quotas, sans aucun respect pour le modèle unique au Québec, sans aucun respect
pour la mise aux enchères de 25 % et la révision du modèle forestier qu'on
a changé au Québec et auquel le Parti québécois et les autres formations
politiques ont participé.
Alors, on a un premier ministre qui ne
défend pas ses travailleurs. On a un premier ministre qui oublie qu'avant
d'être premier ministre il est aussi député, député de Roberval, le comté le plus
forestier au Québec, qui oublie qu'il a un des comtés où il y a le plus de
municipalités dévitalisées en raison de la crise forestière. Alors, à un moment
donné, assez, c'est assez.
Sylvain vous a parlé du papier surcalandré,
la crise du bois d'oeuvre, l'espèce d'épée de Damoclès, et là la révision
nordique. Alors, on demande au premier ministre d'intervenir, et d'agir, et de
s'assurer qu'on protège... non seulement on protège, mais qu'on développe la forêt
et qu'on en soit fier.
Une voix
: Mireille?
Mme Jean : Oui. Alors,
bonjour. Donc, moi, je suis de la circonscription de Chicoutimi. C'est la zone
la plus urbaine de la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean. On pense souvent que,
lorsque c'est une zone urbaine, l'industrie forestière n'a pas d'influence.
Bien, certainement pas parce que, lorsque l'industrie forestière va mal, toute
l'industrie de services aussi va en prendre un coup, et on risque aussi de
perdre des emplois. Donc c'est important, dans la région du
Saguenay—Lac-Saint-Jean, de supporter l'industrie forestière non pas juste pour
les emplois en forêt, mais tous les emplois indirects et les emplois aussi de
la zone urbaine.
Puis ce phénomène-là n'est pas unique au
Saguenay—Lac-Saint-Jean, il est partout au Québec. Donc, les gens qui vivent en
ville, qui se disent : Ah! l'industrie forestière, ça ne me concerne pas,
au contraire ça concerne tout le monde. Il faut faire attention parce que ça
nous touche, nous aussi.
Deuxième élément que j'aimerais soulever :
où est Serge Simard dans ce dossier-là? C'est un député qui est à l'Assemblée
nationale, qui est au gouvernement, et on ne l'entend pas parler, justement,
pour défendre, dans sa propre région, une industrie qui est très importante
dans son propre comté. Alors, où est Serge Simard? Merci.
M. Roy
: Bien,
écoutez, merci à mes collègues. En conclusion, nous, on demande au ministre
Blanchette de retourner à sa table à dessin et de revoir le décret ou de
l'annuler, et pour redéfinir en fonction des acteurs locaux la limite nordique,
et de respecter la promesse du premier ministre, qui avait dit qu'il n'y a pas
une job qui va se perdre à cause des caribous. Donc, on n'est pas contre les
caribous, on est pour le soutien aux travailleurs forestiers. Donc, qu'il
retourne faire sa job et qu'il respecte la population. Merci beaucoup.
La Modératrice
:
Nicolas.
M. Vigneault (Nicolas) :
Oui. En fait, vous dites que le négociateur a été nommé après, mais, à partir
de ce moment-ci, quand on se retrouve dans la situation où Québec se retrouve,
qu'est-ce qu'on fait, directement, pour essayer de sauver la mise?
M. Roy
: Bien,
écoutez, là, c'est un gouvernement qui... On n'est pas responsable de leurs
actions, là. Ils ont nommé un négociateur après, je veux dire, la fin de
l'année de grâce, là. C'est du grand n'importe quoi. C'est de l'improvisation.
J'ai comme l'impression qu'il est là pour nous faire avaler la pilule des
quotas qu'on va se faire imposer. Ils n'ont jamais mis en exergue notre nouveau
régime, qui répond aux attentes — on a une partie du bois qui va en
appel d'offres — qui répond aux attentes des Américains. Je me
demande même si le gouvernement fédéral le reconnaît, là, tu sais. Ça fait que
c'est du grand n'importe quoi. À partir du moment où on est dans la négociation
des quotas, on oublie complètement le caractère spécifique de notre régime qui
devrait répondre aux attentes des Américains.
Ça fait que M. Chrétien arrive trop
tard, et on se demande bien comment il va faire. Et il va négocier pour le Canada,
pas pour le Québec. Et donc c'est assez particulier. Et qu'est-ce qu'on peut
faire? Bien, écoutez, il va falloir soutenir notre économie forestière par
différentes mesures. Il va falloir réappliquer la Charte du bois,
l'opérationnaliser d'une manière concrète. Il va falloir faire de la deuxième,
de la troisième parce que c'est comme ça qu'on va être capables de se soustraire
à l'Accord sur le bois d'oeuvre. Il va falloir être novateurs et soutenir, via de
la diversification économique aussi, les régions du Québec.
M. Vigneault (Nicolas) :
Oui, puis c'est le cas. La deuxième, troisième transformation, c'est le cas, que
ce soit en aluminium ou dans l'industrie forestière, et tout ça… Est-ce que le gouvernement
en fait suffisamment de ce côté-là, là?
M. Roy
: Écoutez,
ils n'ont absolument pas de vision de développement économique dans la filière
forestière. Moi, je n'en vois pas, en tous cas. Écoutez, là, on ne voit pas de
proposition ambitieuse, on ne voit rien. Ils n'ont pas une vision économique
pour les 200 quelques villages qui vivent de l'économie forestière. Oui,
pour l'aéronautique, pas de problème. Bombardier, une couple de milliards,
«yes, sir» — excusez mon anglicisme, là — mais, quand on
parle des forêts, quand on parle des régions, quand on parle des centaines de
villages, woups, silence radio. Ça fait que c'est un manque de vision, c'est un
manque de capacité à se projeter dans l'avenir puis à soutenir l'économie de
l'ensemble du territoire. Parce que ça, il y a une philosophie géographique
là-dedans, là. On est avec un gouvernement urbanocentriste qui centralise, il
faut tout ramener…
Vous n'êtes pas sans savoir que le président
du Conseil du patronat avait proposé de donner de l'argent aux Gaspésiens pour
qu'ils quittent les régions, là. On s'entend-u qu'il a manqué son coup cette
journée-là, là? On l'a repris puis mon collègue ici n'avait pas manqué de lui
remettre sur le nez, là. Non, mais, regardez… Ça fait que ça va de soi qu'ils n'ont
pas de vision pour les régions parce que j'ai comme l'impression que cela ne
les intéresse pas.
M. Vigneault (Nicolas) :
Est-ce que vous pensez que les 100 millions de dollars… Oui, allez-y.
Mme Jean : Je veux juste
ajouter quelque chose là-dessus. Vous savez, la transformation, deuxième,
troisième transformation, on va parler beaucoup de petites et moyennes
entreprises. Actuellement, le gouvernement montre peu d'empathie ou d'efforts,
parle beaucoup, mais fait peu de gestes pour que, justement, les petites et
moyennes entreprises puissent émerger et puissent prospérer.
Qu'on prenne la dernière politique à
l'exportation, où il n'y a pas de sous de mis, justement, importants pour pouvoir
supporter, un, les PME qui doivent exporter, mais aussi pour se préparer en
amont dans leurs produits. Lorsqu'on parle de transformation, on parle de
produits. Mais il y a zéro sou de mis, justement, pour préparer les petites et
moyennes entreprises, pour avoir des produits qui seraient compétitifs
internationalement.
Donc, la philosophie, actuellement, du
gouvernement libéral est un peu de laisser faire ou laisser aller les PME comme
elles le peuvent. Puis elles auraient pourtant besoin d'aide. On les voit aider
les grands, comme Bombardier. Bon, c'est intéressant, mais tout l'argent qui
est mis dans une grande entreprise, c'est moins d'argent qui est mis dans les
PME, puis ça, c'est important aussi. Puis c'est là qu'on retrouve, justement,
la deuxième et la troisième transformation.
M. Vigneault (Nicolas) :
Est-ce que vous pensez que le 100 millions annoncé sur le développement
économique des régions pourrait justement avoir un impact sur l'industrie
forestière, mettons?
M. Roy
: Incluant
Montréal et Québec dans le 100 millions? C'est-u une blague? L'argent va
aller où, d'après vous? Parce que la notion de région, ce n'est pas une notion
de région éloignée, là, c'est région, bon. Les régions de Québec et de Montréal
vont probablement avoir 60 %, 70 % de l'enveloppe. Il va rester quoi,
30 millions pour l'ensemble du Québec? C'est des pinottes. Ça fait que,
non, ce n'est pas sérieux. C'est encore de la guimauve. Bon appétit.
Des voix
: Ha, ha, ha!
(Fin à 9 h 45)