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Conférence de presse de M. Jean-François Lisée, chef de l’opposition officielle, M. Maka Kotto, président du caucus de l’opposition officielle, Mme Agnès Maltais, porte-parole de l’opposition officielle en matière de laïcité, et Mme Carole Poirier, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’immigration et de communautés culturelles

Présentation des propositions du Parti Québécois sur l'identité

Version finale

Thursday, November 24, 2016, 11 h 15

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Onze heures vingt et une minutes)

M. Lisée : Merci beaucoup. Les Québécois sont très inquiets de l'immobilisme et de l'ambiguïté que connaît la société québécoise, depuis une quinzaine d'années maintenant, sur toutes les questions relatives à l'identité, à l'immigration, à la laïcité. Et c'est cet immobilisme et cette ambiguïté qui nuisent, qui nuisent à la majorité francophone, qui nuisent aux minorités et qui nuisent aux gens qui se sentent constamment l'objet de cette discussion.

Alors, il est urgent de trancher. Il est urgent d'avoir des règles claires et il est urgent d'avoir une attitude saine envers les Québécois d'adoption. Ce qu'on vous présente aujourd'hui, c'est le résultat d'une discussion que nous avons eue depuis le soir de l'élection du nouveau chef du Parti québécois, une élection qui a été marquée par un débat robuste sur les questions identitaires et autour de propositions que j'ai faites, qui étaient très fermes, très affirmées. Et j'ai annoncé que je voulais avoir une discussion plus large avec les collègues pour arriver à une zone de confort sur la base de mes propositions, et c'est ce qu'on vous apporte aujourd'hui.

L'équilibre que nous cherchons, c'est l'équilibre entre une approche résolue pour les règles de la laïcité et du vivre-ensemble, d'une part, et, d'autre part, la volonté ferme, tangible d'assurer la réussite de chaque Québécois d'adoption. Et je pense, nous pensons, nous en avons discuté au caucus, et donc c'est la proposition de l'aile parlementaire du Parti québécois que nous dévoilons aujourd'hui, nous pensons que ce sont les deux faces d'une même médaille, que nous devons avancer avec autant de détermination dans la marche vers la laïcité et dans la volonté tangible d'assurer le succès des Québécois d'adoption, de faire reculer la discrimination et le racisme. Et la clé du succès des deux opérations, c'est qu'elles se mènent ensemble.

Alors, on va vous expliquer comment nous voyons la chose et, pour mieux l'illustrer, on l'a inscrite dans le temps, c'est-à-dire d'ici l'élection 2018 et qu'est-ce qui se passerait dans les deux premières années d'un gouvernement du Parti québécois. Alors, évidemment, notre guide, c'est René Lévesque, qui parlait de la différence vitale du Québec. Et qu'est-ce que c'est? C'est l'addition de tout ce qui fait de nous une nation et la volonté de nous projeter ainsi dans l'avenir et dans le monde.

Il faut prendre les mesures nécessaires pour former mieux nos jeunes à une citoyenneté engagée et éclairée autour de nos valeurs partagées, cheminer de façon tangible vers un État laïque, établir une politique d'immigration sur des bases plus saines, assurer le succès de chacun des Québécoises et Québécois d'origines diverses. Maka.

M. Kotto : Alors, cette proposition de l'aile parlementaire du Parti québécois, elle est claire, elle est cohérente et résolue, comme Jean-François vient de le dire, et elle constituera un des éléments de discussion qui va culminer avec l'adoption du nouveau programme du Parti québécois en septembre 2017, notre ambition étant, bien sûr, de mieux représenter la diversité, avec le recensement des membres et des sympathisants actuels du Parti québécois issus des communautés, afin de faire renaître le comité du Parti québécois chargé de ces questions et de mieux organiser son action sur le terrain — ma collègue Carole Poirier en a la charge — notre ambition étant par ailleurs de mieux représenter la diversité en engageant le dialogue avec les Québécois d'origines diverses pour écouter leurs réflexions sur le Parti québécois et les inviter à participer à son renouvellement. Et, sur ce plan, c'est Paul St-Pierre Plamondon qui est en charge.

Mme Poirier : Alors, notre objectif est d'assurer le succès des Québécois d'adoption. Pour ce faire, nous voulons assurer une meilleure collaboration entre les services de l'immigration et de l'emploi. Nous voulons aussi réduire les délais de délivrance des évaluations comparatives des diplômes, qui est un enjeu important. On veut aussi assurer un parcours complet, incluant les équivalences, les stages en emploi aux diplômés étrangers, en leur permettant de s'insérer dans des professions québécoises. Mais, pour assurer ce succès aussi des Québécois, il faut leur offrir une aide financière remboursable pour les immigrants diplômés en formation ou en stage de mise à niveau des compétences.

Nous devons aussi négocier, notamment avec la Tunisie, le Maroc, l'Algérie, des ententes de reconnaissance réciproque des compétences, comme on a actuellement avec la France. Nous avons aussi comme but d'assurer une présence plus juste des Québécois de toutes origines dans la fonction publique québécoise et nous devons, et c'est vraiment un objectif important, lutter fermement contre le racisme et la discrimination dans l'embauche, dans le logement et ailleurs, en mettant en oeuvre, dans les six premiers mois de notre gouvernement, un plan d'action robuste.

M. Lisée : Alors, vous voyez, les mesures dont Carole vient de parler et Maka, il y en a qui précèdent l'élection d'octobre 2018, c'est-à-dire que nous voulons que le Parti québécois soit plus représentatif de la diversité avant son élection et que donc des Québécois d'origines diverses participent à la définition de ce que sera la plateforme en matière d'identité et d'intégration, mais on annonce que, dans les premiers mois d'un gouvernement du Parti québécois, dès l'automne 2018, nos premiers gestes seront ceux que Carole vient de définir. Nous pensons que nous devons agir fermement sur le succès de l'intégration, dans un premier temps, pour bien montrer que notre volonté n'est pas de fermer mais d'ouvrir.

Parlons tout de suite de ce qu'on modifierait sur la francisation des Québécois d'adoption. L'objectif, c'est francisation 100 %, francisation 100 % des nouveaux arrivants. Cela veut dire que les travailleurs qualifiés qui demandent à venir au Québec devront démontrer une connaissance intermédiaire ou avancée du français pour obtenir leur certificat de sélection. C'est une clause éliminatoire. Si vous n'avez pas la bonne connaissance du français, prenez des cours supplémentaires. On en offre énormément. Mais tant que ce ne sera pas le cas, le certificat de sélection ne sera pas délivré.

Évidemment, on ne demande pas aux réfugiés qui se sauvent de bombes ou de tremblements de terre d'arrêter chez Berlitz avant de venir. Évidemment, non, et donc, pour les réfugiés, nous allons proposer une période de francisation et d'intégration rémunérée pendant plusieurs mois — ça dépend évidemment de la connaissance du français de chacun — pour faire en sorte qu'ils n'aient pas à se poser la question de comment mettre du pain sur la table pour leurs enfants. On dit : Non, on s'en occupe pendant plusieurs mois pour que vous ayez cette capacité de francisation et d'intégration qui assurera le succès de votre intégration.

On veut aussi inscrire dans la loi le droit à la francisation pour chacun, et ça signifie bien sûr bonifier singulièrement les budgets de francisation, du moins dans les premières années, parce qu'à partir du moment où les nouveaux arrivants auront une connaissance du français bien meilleure au point d'entrée, on calibrera en fonction des besoins.

Nous voulons aussi faire un suivi rigoureux de ce que Carole vient de dire. Alors, chaque année, nous voulons avoir un rapport d'où est-ce qu'on en est dans l'intégration, dans la lutte contre la discrimination, dans la lutte contre le racisme, dans l'augmentation du nombre de Québécois d'origines diverses dans la fonction publique. Pour ce qui est de la suite immédiate, nous allons demander au Vérificateur général, assisté par l'Institut de la statistique du Québec, des experts en démographie, en emploi et en intégration, de préparer des recommandations — donc on va donner le mandat à la fin 2018 pour un rapport à l'été 2019 — des recommandations sur les seuils d'immigration.

Vous savez, je l'ai dit et je le pense, 50 000 immigrants par année, c'est le chiffre de l'échec. C'est ce qu'on voit dans les taux de chômage en particulier, et ça crée des frustrations chez les gens qu'on veut accueillir mieux. Alors, qu'est-ce qu'on va demander au vérificateur et à son équipe? Bien, d'abord, de déterminer le nombre d'immigrants dont on peut raisonnablement assurer le succès, compte tenu de l'effort public, financier, actuellement engagé.

Et, deuxièmement, avec les démographes et les gens de l'emploi, dites-nous quelle est la nécessité pour un certain nombre d'immigrants, compte tenu de nos besoins, en emploi et démographiques et, pour arriver à ce chiffre, quels seraient les investissements supplémentaires dont on aurait besoin. Mais sachez, en faisant ça, que nous, notre gouvernement compte modifier la façon de choisir les immigrants en faisant en sorte d'augmenter le nombre d'immigrants qui sont jumelés, au point d'entrée, entre l'immigrant et l'employeur. On le fait dans les Journées Québec. Il faut faire de ces journées virtuelles ou réelles aux quatre coins du globe, mais donc d'assurer ainsi, par ce pairage, un vrai succès d'intégration.

Et, deuxièmement, on veut rendre nos universités, nos cégeps, sur tout le territoire, plus attractifs à des étudiants de cégep et d'université, francophones ou francophiles, qui, bien sûr, seront diplômés par nos universités et cégeps. Et donc il n'y aura jamais de question sur la qualité de leur diplôme. Et, vous le savez, l'école supérieure est le meilleur moment pour une intégration et l'inclusion. Et donc le Vérificateur général et son équipe pourront voir, compte tenu de ces variables, bien, quels sont les seuils d'immigration qu'il peut nous recommander.

Ensuite, le gouvernement du Parti québécois tiendra une discussion politique et fera une recommandation sur un plan de cinq ans pour les seuils d'immigration ainsi formés.

Mme Maltais : Alors, nous proposons aujourd'hui non seulement des actions résolues vers la laïcité de l'État, mais un ordre de marche. On va voir véritablement dans quel ordre arriveront les lois, les actions, les transformations qui nous permettront de continuer et de faire vraiment... faire faire un autre bout de chemin dans ce que la société québécoise a mené comme combat jusqu'ici, c'est-à-dire sa déconfessionnalisation, sa direction vers un État laïque. C'est extrêmement important.

Alors, d'abord, il faut apprendre la citoyenneté. C'est la meilleure façon de travailler en prévention des débats sur le phénomène religieux. C'est que les gens comprennent bien qu'est-ce qu'être un citoyen ou une citoyenne québécoise, quels sont nos droits, quels sont nos devoirs. Alors, apprendre la citoyenneté dès la fin de 2018. On va mettre en place ce qu'il faut pour remplacer, en deux ans, le cours Éthique et citoyenneté religieuse par un cours de citoyenneté québécoise. On va préparer nos jeunes à chaque aspect de la vie en société, de la sexualité à la démocratie, à la liberté religieuse, à la liberté d'expression et à la lutte contre l'intimidation. Voilà pour le remplacement du cours Éthique et culture religieuse.

Au secondaire, on y ajoutera certains volets qui nous paraissent importants dans un cours à la citoyenneté, dont la connaissance de l'économie et des périls du crédit — c'est souvent demandé dans la société québécoise — et les méthodes employées par les proxénètes, gangs et radicaux religieux pour embrigader les jeunes. Il y a des efforts qui sont faits actuellement par des organismes à l'intérieur de nos écoles, mais ce doit être fait de façon ordonnée et concertée, appuyée par le gouvernement.

Il faut clarifier les règles sur les signes religieux. Objectif février 2019, inscrire, dans une loi, les éléments qui font consensus en matière de laïcité au Québec. Baliser, dans la charte des droits, les paramètres encadrant les accommodements religieux. Exclure tout accommodement qui serait incompatible avec l'égalité entre les hommes et les femmes, il faut que ça ne devienne pas un élément parmi d'autres, il faut que ça devienne un élément prépondérant. Et surtout, inscrire le principe de la laïcité de l'État dans la Charte des droits et des libertés du Québec.

Sur les signes religieux pour les employés de l'État, évidemment, ils doivent avoir le visage découvert dans le cadre de leurs fonctions. Évidemment, ça doit être aussi le cas pour les citoyens lorsqu'ils reçoivent des services de l'État sauf, et voilà l'exception, nous, qui doit être la seule exception auquelle on peut faire face, c'est pour motif de santé et sécurité impératif et avéré. Donc, oui, il y aura une exception pour permettre… d'ailleurs, ça correspond exactement à tous les débats que nous fait Stéphanie Vallée actuellement. À chaque fois, c'est exactement ce qu'elle nous propose comme exception. Ça doit être inscrit comme c'est pensé.

Ensuite, j'espère que la CAQ écoute, le tchador doit également être interdit pour tous les employés de l'État par respect du principe de l'égalité entre les hommes et les femmes et de la laïcité. Je ne peux pas être plus claire.

Sur les signes religieux ensuite, dans leur formation et le guide éthique, parce que nos fonctionnaires de la fonction publique ont une formation et un guide éthique, à compter de 2019, le gouvernement fera la promotion d'un devoir de réserve affirmant sa préférence pour la plus grande réserve possible dans l'affichage des convictions politiques, sociales, religieuses ou autres des employés de l'État, donc renforcer le devoir de réserve, et chacun sera libre de se comporter à guise et de cheminer à son rythme. Il n'y a pas d'échéancier là-dedans, il n'y a pas de sanction, il y a vraiment un ajout à la formation.

Pour les figures d'autorité, les personnes qui ont un pouvoir de contrainte, juges, gardiens de prison et policiers, les fonctions qu'on nomme usuellement, ne doivent en aucun cas, évidemment, afficher leurs convictions religieuses. Même règle pour les autres figures d'autorité, soit les enseignants et enseignantes du primaire et du secondaire et les éducateurs et éducatrices en garderie. Je parle évidemment… quand je parle d'éducateurs, éducatrices en garderie, on parle ici beaucoup des installations. Maintenant, il y a toutes sortes d'autres formes, là, d'installations de services de garde. Je pense au milieu familial ou subventionné.

Alors, un comité va se pencher sur l'applicabilité de cette règle dans les différentes formes de services de garde outre les installations. Cette mesure s'appliquera graduellement. Les salariés actuels, évidemment, préserveront leurs droits acquis, donc clause grand-père. Alors, voilà pour les signes religieux.

M. Lisée : Évidemment, il y a toute la question de l'enseignement des enfants et de certains enfants qui sont dans des écoles, légales ou illégales, mais où la formation pédagogique n'est pas équivalente à celle que les autres enfants ont au Québec. Le principe que nous voulons inscrire, c'est le droit absolu au savoir et c'est à partir de ce principe-là que nous allons agir. Alors, ça signifie que le parcours pédagogique ne peut en aucun cas être écarté devant des considérations religieuses ou autres, que l'école soit publique ou confessionnelle. L'école à la maison, ça existe, mais ça ne peut pas être utilisé pour soustraire des classes entières d'enfants à leur accès au savoir et à leur participation à la société québécoise. C'est le principe qui va nous guider.

Sur les signes religieux dans l'espace public, comme je l'avais indiqué en campagne, une équipe de parlementaires et d'experts examinera les expériences étrangères en matière de présence du voile intégral dans l'espace public. Il y a 10 démocraties européennes qui ont débattu de ces questions et qui ont apporté des réponses différentes. Et cette équipe déposera ses propositions au gouvernement à l'automne 2019.

Comme je l'ai dit au début, le succès repose sur cet équilibre. Et vous nous avez entendus passer autant de temps à vous parler de l'importance d'assurer le succès d'intégration des Québécois d'adoption que sur les règles sur la laïcité, sur les signes religieux, sur le cours d'éducation à la citoyenneté, qui doit être à la fois un cours pour comprendre comment fonctionne notre démocratie, pour assurer d'avoir des citoyens éclairés, critiques et aussi pour les prévenir contre la radicalisation, l'intimidation, les gangs, les prédateurs sexuels. On est dans le Québec du XXIe siècle. Il faut que nos jeunes citoyens, d'où qu'ils viennent, quelle que soit leur religion, la religion de leurs parents, puissent avoir ce tronc commun de connaissances de qu'est-ce qu'est un citoyen québécois au début du XXIe siècle.

Alors, nous pensons ici être en mesure de parler à beaucoup de Québécois de la majorité francophone, de la minorité nord-francophone, des minorités culturelles en disant : Voici un chemin où chacun peut s'y retrouver. Et notre volonté, c'en est une comme pour la loi 101 dont certains disaient que c'était une approche de fermeture et qui est devenue une approche d'ouverture avec les enfants de la loi 101. C'est de la même façon que nous procédons aujourd'hui. Nous pensons que des changements sont nécessaires pour que le Québec soit plus inclusif, et il n'y a rien de mieux que d'être bien dans sa peau pour pouvoir être ouvert à l'autre, il n'y a rien de mieux que de savoir quels sont les repères pour pouvoir bien s'intégrer à une société d'accueil. On est prêts pour vos questions.

Le Modérateur : Alors, on va commencer avec… D'abord, si vous avez des questions, n'hésitez pas à m'en faire part. On va commencer en français avec Hugo Lavallée, Radio-Canada.

M. Lavallée (Hugo) : Oui. Bonjour, M. Lisée. J'ai parcouru votre document rapidement. Les propositions, bon, qui y sont mentionnées me semblent assez semblables à celles que vous aviez mises de l'avant durant la course à la direction du Parti québécois, peut-être à quelques différences près.

En quoi est-ce que ça a été utile donc cet effort, ce long détour, cette consultation auprès de votre caucus, cette valse-hésitation qu'on a sentie dans vos déclarations? Si, finalement, on revient un peu au point de départ qui était votre position durant la course, ça ne me semble pas avoir été très productif.

M. Lisée : Rassembler, c'est le premier devoir d'un nouveau chef. Rassembler, ça demande de discuter, de comparer, de se montrer des textes, d'avoir de l'ouverture. Évidemment, la légitimité du vote, elle était là, sur des propositions que j'avançais. Mais, comme je l'ai dit, ça prenait une zone de confort, et une grande partie de cette zone de confort, on l'a trouvée dans un engagement plus ferme sur l'ouverture à l'autre et sur le succès des Québécois d'adoption. Et donc, c'est cet équilibre entre ces deux volontés qui permet de rassembler plus largement.

Et donc, oui, c'était très utile. Il y a six semaines entre mon élection comme chef et ce matin. On vous avait dit qu'on voulait faire ça avant la fin novembre. Donc, nous, on est dans nos temps. Peu importe ce que les autres ont dit de quelque façon que ce soit, on est dans la séquence qu'on souhaitait. Hier, on a eu une longue discussion avec les autres parlementaires au caucus. Il y a des changements qui ont été faits, de formulation, d'angle, etc., pour faire en sorte que chacun puisse dire aujourd'hui : Bien, l'aile parlementaire du Parti québécois, la proposition qu'elle fait au parti, ensuite ce sera débattu dans les instances, et on verra des bonifications qui pourront être faites, que nous sommes unis derrière une vision commune des choses. Et qu'elle soit très proche, pour ce qui est de la laïcité, des propositions que j'ai faites pendant la campagne, bien, ça tombe un peu sous le sens puisque, comme j'ai gagné la course, il est un peu normal que mes idées soient assez largement partagées.

M. Lavallée (Hugo) : Donc, si on comprend bien, ce n'est pas une position définitive. Ce que vous mettez de l'avant aujourd'hui, ça peut évoluer à la lumière de ce que le parti acceptera ou n'acceptera pas, à la lumière aussi peut-être de discussions avec Québec solidaire sur la convergence. On comprend que, finalement, les positions que vous présentez aujourd'hui ne seront pas nécessairement celles que vous défendrez lors des prochaines élections.

M. Lisée : Nous sommes un grand parti démocratique, et notre programme est adopté au moment du congrès. 50 % des membres du Parti québécois ont voté pour moi, alors ça donne une bonne indication de ce qui se passera au congrès. Et l'aile parlementaire s'est rassemblée autour des propositions que vous avez aujourd'hui, alors je pense que ça nous donne un bon échantillon également. Mais le congrès du Parti québécois est souverain, et il y aura des débats, il y aura la résultante des débats. Mais cette proposition que nous faisons, moi, j'ai très, très bon espoir que ce sera, à quelques éléments près, ce qui sortira du congrès.

Maintenant, pour Québec solidaire, j'ai bien indiqué que la raison pour laquelle c'est intéressant d'additionner nos forces, c'est parce qu'il y a des différences entre nous. Il y a des différences importantes qui font que, bien, des gens qui veulent réduire la paperasse pour les PME, bien, c'est moi qui dis ça, c'est ma proposition, ce n'est pas la proposition d'Amir, O.K.? Et, sur un certain nombre de choses, sur les régions, par exemple, je suis très affirmatif sur l'importance pour les régions, Québec solidaire n'est pas en pointe sur ce dossier. Sur l'identité, il est certain que le Parti québécois a une personnalité et des propositions qui sont plus ambitieuses que celles de Québec solidaire, et ce n'est pas de nature à être négocié.

Je m'attends à ce que, si on arrive à une entente, les propositions communes sur lesquelles nous serons unis ne comprendront pas certaines des propositions qu'on fait aujourd'hui. Ils vont dire : Bien, nous, on propose autre chose sur l'identité. Mais, très bien, nous, on n'appuie pas les leurs, eux n'appuient pas les nôtres, mais on s'entend sur ce sur quoi on s'entend. Et moi, je trouve que c'est important que Québec solidaire garde sa personnalité. Nous, on garde notre personnalité, mais on s'entend sur ce sur quoi nous convergeons.

Mais je suis bien conscient aussi que l'ajout de mesures très concrètes, tangibles et rapides pour le succès de l'intégration, ça va sourire à beaucoup de nos collègues de Québec solidaire qui estiment que c'est là-dessus surtout qu'il faut travailler. Nous, on dit qu'il faut travailler sur les deux. Mettons qu'il y a quand même des points qui pourront nous rapprocher.

Le Modérateur : Alexandre Robillard, LaPresse canadienne.

M. Robillard (Alexandre) : M. Lisée, la semaine dernière, vous disiez que les questions identitaires ne seraient pas dans vos trois premiers thèmes pour le Parti québécois. Hier, et je vous cite, là, donc vous avez dit que, pour vous, «ce qui est important, c'est la prospérité, la solidarité et l'identité[...] Ce sont mes trois thèmes».

Donc, comment vous réconciliez cette apparente contradiction, en termes de priorité, d'une semaine à l'autre?

M. Lisée : Bien, il n'y a pas de contradiction, il y a des chapeaux. Vous savez, prospérité, ça regroupe plusieurs choses; solidarité, ça regroupe éducation, santé, services sociaux; et identité, ça regroupe aussi la langue, hein, j'avais parlé de la langue. Alors, c'est une façon de dire : si vous voulez résumer les cinq en trois, bien c'est solidarité, prospérité partagée et identité. Et moi, je n'y vois pas de contradiction, j'y vois une affirmation peut-être plus synthétique de nos priorités.

M. Robillard (Alexandre) : O.K., mais ce n'était quand même pas dans les trois priorités la semaine passée, là.

M. Lisée : Bien, si vous mettez santé et éducation sous solidarité, bien là, vous êtes plus synthétiques.

M. Robillard (Alexandre) : Pensez-vous que certaines de vos propositions pourraient contribuer à une certaine radicalisation de certains individus qui y verraient une attaque à des convictions religieuses qui leur apparaissent incontournables?

M. Lisée : Est-ce qu'il y aura unanimité sur ces propositions? Non. Est-ce que le Parti libéral va être d'accord avec ça? Non. Alors, on est dans le débat, et je pense qu'il faut trancher. Et il faut s'avancer à visage découvert, si vous me permettez l'expression, et être clairs sur nos propositions, et être clairs aussi sur notre volonté d'ouverture.

Alors, jamais, en aucun cas, ni pour la loi 101, ni pour la loi 22 de Robert Bourassa, ni pour aucune action en termes d'identité ou même de déconfessionnalisation, jamais il n'y a eu d'unanimité. Il y a toujours eu des gens pour dire que c'était trop, que ce n'était pas correct. Alors, si ça avait arrêté René Lévesque, on n'aurait pas eu de loi 101.

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce que vous serez lié par les recommandations du Vérificateur général, M.Lisée?

M. Lisée : Comme c'est écrit en toutes lettres, ce seront des recommandations, et donc le gouvernement du Parti québécois prendra la décision. Mais, évidemment, on fait ça pour dépolitiser. Moi, je ne veux pas que ce soit Philippe Couillard qui dise : Ça en prend 60 000, ou François Legault qui dit : Ça en prend 40 000, alors que ce n'est fondé sur rien.

Lorsque le Vérificateur général avec les démographes et les spécialistes de l'intégration en emploi vont nous dire : Voici le chiffre qui nous semble optimal, ça va avoir un poids moral important, un poids scientifique important. Et c'est ma volonté de dépolitiser ce débat-là qui est représenté dans cette proposition.

Le Modérateur : Alain Laforest, TVA.

M. Laforest (Alain) : Compte tenu qu'on est nombreux, je vais me limiter à deux questions, M. Lisée. On sent que vous vous êtes durci par rapport à votre position initiale de votre campagne, particulièrement sur le tchador.

M. Lisée : Je ne sais pas où vous sentez ça. D'ailleurs, lorsque nous avons déposé, le 10 novembre, nos huit amendements, le tchador y était. Nous, on a toujours été favorables à ce qu'on appelle l'amendement Fatima Houda-Pepin d'exclure le tchador. C'était le cas précédemment. Moi, je ne me souviens pas d'un moment où on était favorables au tchador pour les employés de l'État. Si vous voulez me trouver ça, là, je ne me souviens pas de ça. Et le 10 novembre dernier, on a formellement déposé, dans nos huit amendements, un amendement pour exclure le tchador dans l'espace… pour les salariés de l'État.

M. Laforest (Alain) : M. Fournier nous a dit tout à l'heure, en parlant de la CAQ, mais là ça s'applique un peu à ce que vous nous dites aujourd'hui, qu'exclure le tchador, entre autres pour les enseignants, c'est un peu pratiquer la politique de la terre brûlée, de la non-inclusion, du vivre-ensemble, parce qu'il dit : Ces gens-là s'identifient à ça et, à long terme, peut-être qu'ils accepteront de le retirer.

M. Lisée : C'est ce que j'ai demandé au premier ministre cette semaine : Pourquoi, en février 2014, dans un document officiel du PLQ, était-il écrit qu'il fallait interdire le tchador pour les salariés de l'État? Pourquoi c'était bon pour le PLQ en février 2014 et que maintenant ce serait mauvais?

Moi, je pense qu'on est tous d'accord pour dire que le tchador est, comme l'avait dit le premier ministre, un symbole de l'oppression de la femme. Et, si le Parti libéral veut approuver dans nos écoles un symbole de l'oppression de la femme, je pense qu'ils sont pas mal déconnectés de la valeur québécoise qui prime chez beaucoup d'entre nous, qui est l'égalité des hommes et des femmes, et qu'il n'est pas question que l'État, par ses salariés, envoie le message qu'un symbole de l'oppression de la femme ce serait une bonne chose de l'autoriser.

Le Modérateur : On passe à… Pardonnez-moi. Robert Dutrisac, Le Devoir.

M. Dutrisac (Robert) : Bonjour. C'est assez différent de ce que vous avez affirmé à la presse, là, mais disons que… je ne sais pas si c'était le contexte ou là où vous étiez, là, mais il reste que là, sur le plan politique, ce que vous voulez faire, c'est vous situer essentiellement entre le pôle QS-PLQ et la CAQ, c'est ça qu'il faut comprendre, là, essayer de définir une position mitoyenne, équilibrée comme vous dites.

M. Lisée : Vous surestimez toujours le calcul politique. C'est nos convictions. Nous, on est guidés par le bien commun. Qu'est-ce qui serait le mieux pour le Québec dans les années qui suivent? Un sondage disait il y a deux semaines que nous formerions un gouvernement minoritaire. Je pense que c'est un excellent sondage.

Alors donc, on a une responsabilité de se préparer à proposer quelque chose aux Québécois qui soit résolu et raisonnable. C'est notre seule motivation, et nous pensons qu'à la longue ça marche. Être résolu, et raisonnable, et équilibré, à la longue, ça marche. Et donc, on est exactement dans notre plan de match. Moi, je suis très content d'en être ici aujourd'hui avec vous.

M. Dutrisac (Robert) : Vous voulez tabler sur une prédominance de la valeur de l'égalité homme-femme. Est-ce qu'il faut comprendre, à ce moment-là, que vous allez utiliser la clause dérogatoire pour les deux chartes, là, compte tenu de ce que, par exemple, la Commission des droits de la personne peut vous dire?

M. Lisée : On n'écarte rien. On n'écarte rien. On va voir ce qui va se passer avec le projet de loi n° 62. Nous, on a proposé nos huit amendements. On est un peu sceptiques de la façon dont le premier ministre réagit à ça, donc on sera fixés assez rapidement et on va voir, dans les deux ans qui viennent, qu'est-ce qui va se passer avec les tribunaux sur ce qui aura été voté dans 62, ça va nous donner plus d'information.

Mais, évidemment, nous, on n'écarte rien. On veut que ces choses-là soient clarifiées le plus rapidement possible pour la vie des Québécois. Il faut arrêter d'empoisonner le débat public avec des questions qui sont importantes, qui auraient dû être réglées il y a 10 ans mais que les libéraux refusent de régler.

M. Dutrisac (Robert) : Francisation, pas d'obligation, mais un objectif à 100 % de francisation pour les travailleurs qualifiés. Donc, il n'y aura rien de prévu pour les femmes au foyer, pour la question de la réunification familiale. Je pense notamment aux propositions de la CAQ, là. Vous n'allez pas jusque-là.

M. Lisée : On va faire le maximum. On va faire le maximum, et effectivement, même sous Diane De Courcy, la question de la connaissance du français chez les conjoints, c'est inclus dans notre proposition et ce l'était déjà avec Diane.

Le Modérateur : Je vous rappelle qu'on est nombreux et que, si possible, essayons de nous en tenir à une question et une sous-question. C'est au tour de Patrick Bellerose du Huffington Post.

M. Bellerose (Patrick) : Bonjour, M. Lisée. Sur les enseignantes et les éducatrices, vous allez plus loin que pendant la course à la chefferie, vous proposez d'interdire les signes religieux. Pourquoi aller plus loin dans votre proposition alors que vous avec été élu il y a à peine deux mois?

M. Lisée : Bien, c'est ce que la discussion nous a permis de faire. Alors, suite à la discussion avec les collègues, avec, donc, les membres du caucus, les consultations qu'on a faites, le point d'équilibre, il était là aussi. On pense que les Québécois sont prêts à faire ce pas et que, puisqu'on va agir sur les figures d'autorité, évidemment, il n'est pas question... sur les hôpitaux, par exemple, ce n'est toujours pas là. On pense que la formation et la nette préférence du gouvernement et de l'Assemblée nationale pour le devoir de réserve va s'appliquer dans les hôpitaux, dans le système de santé, mais, pour l'éducation, il nous a semblé qu'effectivement la figure d'autorité incluait les enseignants et les enseignantes, oui.

M. Bellerose (Patrick) : Donc, c'est le caucus qui vous a incité à aller plus loin sur cette question.

M. Lisée : C'est la discussion, oui, absolument. Rassembler, c'est ça aussi.

M. Bellerose (Patrick) : Petite question pour M. Kotto. Pendant la course à la chefferie, vous avez dit que les propositions de M. Lisée chatouillaient les parts sombres de nos âmes. Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui vous êtes à l'aise avec ces positions?

M. Kotto : Nous sommes loin de la course, déjà. Elle est loin derrière nous, et rien de ce qui portait à faire ce genre de commentaire n'a occupé nos réflexions hier en début d'après-midi et hier soir. Le résultat que vous avez devant vous aujourd'hui fait consensus, et tout le monde a conflué, permettez-moi l'image, sur la base des propositions de Jean-François.

M. Bellerose (Patrick) : ...ont été reportées à plus tard.

M. Kotto : Oh! il n'y a pas de décision fâcheuse. Tout va bien.

Le Modérateur : Philippe-Vincent Foisy, Cogeco.

M. Foisy (Philippe-Vincent) : Oui. Bonjour, M. Lisée. Quand on dit interdire les signes religieux chez les enseignants, les éducateurs et compagnie, on va jusqu'où? Est-ce que c'est ostentatoire? Est-ce que c'est la petite croix? On va où?

M. Lisée : Bon, d'abord, le droit acquis des salariés actuels est protégé. Ça, c'est très, très important. Ça a été mon combat depuis très longtemps, et je suis très heureux de voir que ça fait consensus.

J'ai été très attentif, lors du dernier débat, sur un certain nombre de gens qui disaient : Ah! on sait bien, les signes ostentatoires sont plus nombreux chez les juifs, les musulmans et les sikhs que chez les chrétiens, dont les signes sont moins ostentatoires. Et c'est pourquoi vous ne voyez pas le mot «ostentatoire», là. On veut mettre tous les signes religieux et les signes de conviction… D'ailleurs, vous voyez, on fait exprès de dire «les signes de conviction, y compris religieux». Ça veut dire le bouton de Greenpeace, la casquette «J'aime les baleines» ou je ne sais trop.

Lorsqu'on est employé de l'État et dans le cas où on l'applique, c'est-à-dire aux nouveaux enseignants, aux nouvelles éducatrices et aux figures d'autorité actuelles, on dit : Écoutez, le principe général, c'est : On n'est pas antireligieux. On pense que, quand on travaille pour l'État, on n'a pas à afficher ses convictions, de manière ostentatoire ou non. Alors, ça aussi, c'est un changement. On a entendu les remarques, qui me semblaient légitimes, de la part de gens qui disaient : On sait bien, là, vous visez certaines religions. Non. Nous voulons la réserve sur toutes les convictions et toutes les religions.

M. Foisy (Philippe-Vincent) : Une petite…

Le Modérateur : Louis Lacroix.

M. Foisy (Philippe-Vincent) : Je peux-tu avoir une sous-question?

Le Modérateur : Bien, prenez-en tous une. Il n'y a pas de problème.

M. Foisy (Philippe-Vincent) : Mais juste deux.

Le Modérateur : Bien, vous avez dit une…

M. Foisy (Philippe-Vincent) : J'en ai posé une.

Le Modérateur : Je m'excuse dans ce cas-là.

M. Foisy (Philippe-Vincent) : Par rapport à… Vous engagez-vous, dans le fond, à ne pas interdire les signes dans la fonction publique? Est-ce que… ou si ça va mener ultimement à une possible interdiction des signes religieux dans la fonction publique?

M. Lisée : Nous, ce qu'on dit aujourd'hui, c'est : La bouchée qu'on peut prendre pour quatre ans, c'est celle-là. La société, elle évolue. On s'engage à faire ça et pas plus. Ensuite, il y aura une autre élection, il y aura un autre débat. On verra comment ça a évolué. Est-ce que ce sera nécessaire de faire plus ou de corriger? Ce n'est pas un débat pour maintenant.

Mais on pense qu'avec ce qu'on a ici, sur la table, on peut stabiliser la situation, enfin trancher, et il y a des effets qui vont se voir sur les années. Puisque ce sont les nouvelles embauches, bien, ça va prendre plusieurs années avant de voir l'effet sur l'ensemble. C'est les nouvelles embauches et l'expression d'une nette préférence. Donc, on dit : Écoutez, ça serait bien que ça se fasse. Est-ce que les mentalités vont changer? Elles ont changé, au Québec, depuis 40 ans sur tellement de sujets où les mentalités ont changé. Bien, nous aussi, on compte là-dessus, de faire changer les mentalités en s'y prenant de façon plus graduelle, de façon plus respectueuse, en ayant une logique d'adhésion à ces principes-là.

Le Modérateur : Louis Lacroix, Cogeco.

M. Lacroix (Louis) : Est-ce que vous vous êtes assuré que toutes les propositions que vous présentez aujourd'hui en matière de signes religieux, etc... Est-ce qu'il y a une base juridique à ça? Est-ce que vous êtes assuré d'avoir des avis juridiques afin d'être certain, là, que tout ça ne contrevienne pas aux chartes?

M. Lisée : Le problème des chartes et des avis juridiques, c'est que les juges changent d'avis. Et effectivement, on peut avoir des avis juridiques qui nous disent... Écoutez, la façon la plus stricte que la Cour suprême a interprété la charte fédérale ces dernières années, ils diraient non, mais, si on regarde deux de leurs arrêts récents, ça se pourrait qu'ils disent oui.

Alors, nous, on ne veut pas jouer, là, aux devins dans la tête de l'évolution de la jurisprudence canadienne sur une charte qu'on n'a jamais négociée, approuvée ou ratifiée. Nous, on va dire : Voici quelle est la volonté du Québec. Et, comme je le disais tout à l'heure, est-ce que, oui ou non, on va utiliser la clause nonobstant au moment de son adoption? On aura le débat à ce moment-là. On verra. Peut-être que l'évolution jurisprudentielle sera telle que ça ne sera pas nécessaire. Il y aura contestation de toute façon. Il y a contestation pour toutes les lois d'importance, hein, bon, c'est certain. Mais donc, nous, ce qui nous intéresse, c'est le bien commun, et ensuite on verra ce qui se passera.

M. Lacroix (Louis) : En sous-question, vous aviez dit, durant la course, que... vous aviez proposé, en fait, qu'on adopte le projet de loi n° 62 dans son état actuel compte tenu du fait que vous considériez, à l'époque, que c'était une base, hein? De dire, par la suite, on l'améliorera, oui, c'est une base. J'ai vu que, la semaine dernière, vous avez voté pour le principe, en faveur du principe.

Est-ce que vous êtes toujours dans cette même ligne de pensée? Est-ce que vous croyez que, dans l'état actuel, si, même en n'apportant pas d'amendement au p.l. n° 62, on pourrait l'adopter pour constituer une base sur laquelle, par la suite, on pourrait progresser, par exemple?

M. Lisée : Ce que j'ai toujours dit, c'est que, si on peut faire un pas en avant, on va le faire. Et je n'attendrai pas qu'il y ait le programme du PQ dans la loi n° 62 pour juger si c'est un pas en avant ou non.

Alors, on a déposé, le 10 novembre, huit amendements. Si les huit amendements sont adoptés, on va voter pour, à moins qu'ils nous mettent quelque chose dans le sens inverse. Bon. S'ils ne sont pas adoptés, bien, on va juger à la qualité de l'arbre, O.K.? Encore là, ce qui nous distingue peut-être d'autres partis qui sont des jusqu'au-boutistes, c'est de dire : Écoutez, est-ce qu'on peut progresser? Si on peut progresser de façon tangible, ce sera oui.

Lorsqu'on a vu le libellé du projet de loi et lorsque les juristes sont venus nous l'interpréter devant nous pour nous dire : L'exception, c'est la règle... En fait, pour le visage couvert, l'exception a été écrite de telle façon que, moi, je lève la main puis je dis : Bien, moi, je veux un accommodement religieux, donc je garde le visage couvert, puis ce serait oui, bien là, c'est le contraire. Alors, ça, c'est un pas en arrière.

Alors, c'est sûr que j'étais content que le premier ministre réponde à ma question cette semaine en disant : Il n'y aura aucune exception pour motif religieux. Ah! bien, on avance. Alors, moi, j'aime mieux être dans un processus d'amélioration. On verra les amendements qui seront déposés. On verra, avec l'excellent travail d'Agnès et des collègues à la commission, si on peut aller encore plus loin et, si on est satisfaits et qu'il y a vraiment une avancée significative, on va voter oui. Si on n'est pas satisfaits, on votera non.

M. Lacroix (Louis) : Dans l'état actuel des choses, non.

Mme Maltais : Si vous me permettez, juste un peu mot, une phrase, les signaux que j'ai reçus actuellement du gouvernement étaient à l'effet qu'ils examinaient sérieusement nos amendements et que certains pourraient être adoptés. Semble-t-il que nous ayons eu la bonne approche.

M. Lisée : On jugera. On jugera de la qualité des avancées.

Le Modérateur : Geneviève Lajoie.

Mme Lajoie (Geneviève) : Bonjour. Quelle est la différence entre votre position et celle de la CAQ à l'heure actuelle?

M. Lisée : Je pense que la position essentielle, c'est que, nous, on veut vraiment le succès des Québécois d'adoption, et qu'on travaille fort là-dessus, et qu'on cherche des mesures pour faire en sorte qu'ils aient les stages, ils aient la reconnaissance des diplômes rapidement, qu'on va…

Mme Lajoie (Geneviève) : …signes religieux.

M. Lisée : Bien, c'est ça la différence, O.K.? C'est que, pour la CAQ, c'est un genre d'idée fixe, c'est la seule chose dont ils peuvent parler. Bien, nous, on pense que c'est essentiel de faire autre chose aussi et que, si on veut le succès, il faut être équilibré dans notre approche. Et la CAQ est complètement déséquilibrée, complètement déséquilibrée.

Mme Lajoie (Geneviève) : Pour les signes religieux, votre position, là, s'apparente beaucoup à celle de la CAQ aujourd'hui, là, avec les enseignants qui sont ajoutés, le tchador.

M. Lisée : Le tchador a toujours été là, comme je le dis. D'ailleurs, je vais vous dire quelque chose sur la pub de la CAQ. Voulez-vous que je dise quelque chose sur la pub de la CAQ? Le débat politique québécois, par rapport à ce qui se passe aux États-Unis, a toujours été exempt d'une volonté consciente de mentir pour obtenir des gains politiques. On y a échappé, au mensonge programmé. Puis on regardait, aux États-Unis, ce qui se passait, mais comment ça se fait, des candidats, des chefs de parti mentent, font des publicités mensongères. Jamais ça n'arrivera au Québec. Bien, ça vient d'arriver. Aujourd'hui, François Legault a décidé de diffuser une publicité qu'il sait mensongère. C'est extraordinaire.

Alors, on s'est demandé : Mais pourquoi? Qu'est-ce qui s'est passé? Nous, on sait que nos pointages, dans les quatre partielles, sont très bons, que l'accueil est très bon. On sait que ça va mal, dans Arthabaska, pour la CAQ, à cause de leur utilisation de Sylvie Roy. On le sait, ça, on le voit sur le terrain puis on sait que ça va mal à Saint-Jérôme pour la CAQ. Alors, est-ce que c'est pour ça que François Legault a décidé... écoute, ça va tellement mal qu'on va mentir, ça va tellement mal qu'on va utiliser un argument d'une démagogie jamais connue au Québec?

Eh bien, il y a peut-être des gens qui vont croire le mensonge de François Legault, mais moi, je parie qu'il y a beaucoup plus de gens qui vont dire : Ouache! ce n'est pas ça qu'on veut en politique québécoise. Un futur premier ministre qui fait une publicité qu'il sait mensongère, non, ce n'est pas ça qu'on veut.

Mme Lajoie (Geneviève) : Peut-être juste une précision. Vous gardez l'idée d'une discussion sur le voile intégral dans l'espace public. Pourtant, ça avait quand même soulevé quelques frictions durant la dernière course à la chefferie. Pourquoi le garder?

M. Lisée : Parce que c'est une bonne idée.

M. Croteau (Martin) : À mon tour, j'aurais peut-être une ou deux petites précisions à vous demander. Concernant l'interdiction possible des signes religieux chez les éducatrices en garderie, je crois comprendre que certaines ne seraient pas des salariées de l'État, tiendraient, par exemple, des garderies familiales.

Donc, est-ce que l'intention du Parti québécois serait d'interdire les signes religieux à ces éducatrices en milieu familial? Est-ce qu'il y aurait une clause de droit acquis, puisque, si je lis strictement le texte, là, vous parlez des salariés de l'État? Donc, est-ce que cette clause s'appliquerait à elles, et pourquoi cette interdiction est nécessaire, à vos yeux?

Mme Maltais : Écoutez, on disait clairement qu'on va l'appliquer de façon graduelle dans les garderies en installations, ce qu'on appelle les CPE en installation, mais c'est sûr que les garderies en milieu familial sont souvent des petites entreprises privées. Il y a aussi les garderies qui procèdent par crédit d'impôt. Alors, là où on a affaire véritablement, pour nous, aux installations, ce qui est les salariés de l'État, là, on parle de l'imposition graduelle.

Pour le reste, il faut absolument parler avec les milieux concernés. Il faut en parler avec les parents, il faut en parler avec les gens qui y travaillent au jour le jour. Alors, on va faire une table de travail avec eux, avec les experts, puis on va voir comment on peut gérer ça, l'idée étant de protéger les enfants de toute influence indue. Alors, l'idée, c'est de protéger les enfants. C'est pour ça aussi que le cours éducation et culture religieuse, on veut le transformer en éducation à la citoyenneté, parce que les commentaires que nous avons sont à l'effet qu'actuellement, dans sa forme actuelle, il ne protège pas les enfants. Alors, voilà ce qu'on veut faire, protection des enfants, et, là où on a besoin de travail avec les experts, avec les gens qui s'y connaissent, on va travailler avec eux.

M. Croteau (Martin) : M.Lisée, vous avez eu un débat très musclé, pendant la course à la direction, avec Alexandre Cloutier sur la question identitaire. Je ne peux m'empêcher de remarquer qu'il n'est pas ici aujourd'hui. Est-ce qu'on doit voir son absence ou interpréter son absence comme un malaise de son côté?

M. Lisée : Non, pas du tout. En fait, les gens qui sont ici représentent les dossiers qui sont en jeu dans la présentation, donc le président du caucus, qui représente le consensus du caucus; Carole, qui a les responsabilités d'immigration et de communautés culturelles; et Agnès, qui a la responsabilité de laïcité. Alors, ce sont les porte-parole désignés. Je suis sûr que vous allez interroger Alexandre, il sera heureux de répondre à vos questions.

M. Croteau (Martin) : Et vous vous êtes assuré qu'il est à l'aise avec la totalité de la plateforme que vous présentez aujourd'hui?

M. Lisée : Est-ce que c'est ce qu'il aurait proposé s'il avait été chef? Non. Est-ce qu'il fait partie du consensus? Oui.

Le Modérateur : On passe en anglais, si… Ah! Philippe-Vincent aurait une dernière question.

M. Foisy (Philippe-Vincent) : Dans les signes religieux, est-ce que ça inclut la croix cachée en dessous du chandail, ou des tatous, ou...

M. Lisée : Des signes visibles.

Le Modérateur : On passe en anglais. Maya Johnson, CTV.

M. Lisée : Mais il n'y aura pas de fouille à nu.

M. Foisy (Philippe-Vincent) : Même respectueuse.

M. Lisée : Même respectueuse.

M. Laforest (Alain) : Juste une précision, M. Lisée. Dans toute votre approche, là, parce qu'au début on a parlé beaucoup des signes religieux puis identitaires, là, est-ce que vous tentez de rebâtir — et cette question-là est toujours plate quand on vous la pose, mais je vous la pose quand même — est-ce que vous tentez de rebâtir le pont de 1995 une nouvelle fois?

M. Lisée : Le pont de 1995? Qu'est-ce que vous voulez dire?

M. Laforest (Alain) : Du référendum de 1995.

M. Lisée : Quel pont?

M. Laforest (Alain) : Le pont qui a été coupé avec les minorités. Est-ce que vous allez y arriver avec ça?

M. Lisée : Notre volonté, elle est très ferme, et d'ailleurs vous voyez la… ce que Carole va faire d'abord, c'est recenser tous les membres des communautés qui sont des sympathisants ou des membres du Parti québécois parce qu'il y en a pas mal plus qu'on pense. Dans nos campagnes à la chefferie, il y en a eu beaucoup qui se sont ajoutés. Et donc, on a une force d'attractivité dans les communautés plus grande que même avant le discours de 1995.

Moi, je suis très optimiste sur notre capacité, dans les deux années à venir jusqu'à l'élection, de démontrer concrètement que la présence de la diversité québécoise, elle est tangible et visible à l'intérieur du Parti québécois. Et, oui... D'abord, vous savez que, dans les communautés, il y a des laïcs, il y a des gens qui sont très, très engagés pour la laïcité, hein? Elle est multiforme. Les communautés, les Québécois de la diversité sont multiformes.

Il y a des gens qui ont les mêmes objectifs que nous, les mêmes propositions que nous, mais ce qui est important aussi, c'est qu'ils disent : Oui, mais qu'est-ce que vous avez à dire pour nos jobs, O.K.? Vous parlez des signes religieux, O.K., là, mais qu'est-ce que vous avez à dire pour nos jobs, pour qu'on soit reconnus, pour qu'on ait des bons salaires? On dit : Bien, c'est ça, vous avez raison, il faut parler de ça énormément, arrêter la discrimination, arrêter le racisme, faire en sorte... arrêter de briser des vies en faisant venir des travailleurs qualifiés qui sont qualifiés, mais qui n'ont pas des emplois à la hauteur de leur qualification. Il faut travailler aussi fort là-dessus que sur les signes religieux.

Le Modérateur : Maya Johnson, CTV.

Mme Johnson (Maya) : Hello, everyone. Mr. Lisée, I'm looking at the wording in the press release, and it says that the Parti québécois has always defended the Québécois identity, but in more of a defensive way. And now you're moving towards a positive, serene and inclusive approach. So is that an acknowledgment that your previous strategic ways of doing things… was that a failure?

M. Lisée : No. I think we're at the next stage. We're at the next stage. I think, when Bill 101 was passed, you know, the situation was dire, and it was a defensive measure.

Now, what we say is that we want to have our students learn about citizenship, about the freedom of religion, the freedom of expression and be advised of the… of credit, of radical Islam and of sexual predators. This is a positive way. We have to go forward on that. We want to express what are our common values, and what we share, and what we can do together. And one of the elements of this positive posture is to say : We have to work much harder at getting Quebeckers from other lands that come here to have good jobs equal to their abilities and qualifications. And we haven't work sufficiently well in the past, we should do much more on that and we commit to do that.

At first, what we're saying today is that a PQ government, its first measure on all these issues of identity and immigration would be to implement a series of measures that would better serve Quebeckers of different origins that are not in good enough jobs, that have been denied jobs or lodging in the past, and that's a priority.

Mme Johnson (Maya) : You had very harsh words for the CAQ because of the ad that they put out this morning, saying it's not really truthful. But, fundamentally, aren't the CAQ and the PQ saying the same thing when it comes to the chador? What's the difference between your position and the CAQ's position?

M. Lisée : Well, that's the point. They're trying to say there's a difference when there's not. So that's where the lie is, you know. We've been exempt in Québec of this kind of American style, willful lying in political ads until today. Today, François Legault decided to willfully emit a lie, and that's the first time we see this here. I think he believes that some people… that it will stick. What I believe is that most Quebeckers will see that and be revulsed by a Québec politician that resorts to lying to try to make political points.

Now, we know that it's going well in the four by-elections and that it's not going well for the CAQ in the by-elections. So is that why they decide to go all out and resort to lying to try to hold on to some votes? Well, it's pathetic.

Mme Johnson (Maya) : Merci.

Le Modérateur : Ryan Hicks, CBC.

M. Hicks (Ryan) : …on that. Taking away in that CAQ ad, taking away the text, and just let's look at the just the image, and the image of a woman in a chador, and the negative ad, is that something you would be comfortable with as party leader, that your party would use in an election, using the image of a woman in a chador or any kind of religious clothing in a negative ad?

M. Lisée : I see your point. Someone has said that the chador itself is a symbol of oppression of women. That person is Premier Philippe Couillard last year, and I think he was right then. He changed his mind now. And I'll keep it at that.

M. Hicks (Ryan) : Well, my question is more, looking into the next election, if your people came to you and said : Let's put out this negative ad with an image of a woman in a chador or a niqab, would you be comfortable with that?

M. Lisée : I would be uncomfortable.

M. Hicks (Ryan) : My other question is on the burqa consultation. So you said it's a good idea. Why is it a good idea and will you speak to women who wear a burqa as part of this consultation?

M. Lisée : Well, the consultations will go to what other democracies have done when they dealt with that. And they've dealt with it in different ways. And I'm going to ask parliamentarians and experts to… Yes, sure. The answer is yes to your question, but I don't want a show trial. I don't want a, you know, an open thing where racist things would be said. I don't want that. I don't want that in any case. I want a measured expert collection of facts and recommendations to the Québec Government.

Le Modérateur : Raquel Fletcher, Global.

Mme Fletcher (Raquel) : Should teachers be allowed to wear chadors in Québec's schools?

M. Lisée : Well, yes, what we say now is that for new hires, the dress code will be : no political, social or religious signs, so for new teachers. Existing teachers have the right that they have for their whole career. And we will, as a National Assembly, say : Listen, when you work for the State, you should have a duty of not showing your convictions, be they political, social or religious, but, you know, you decide, but that would be the preferred thing to do.

But as for teachers and, you know, for the health sector, that's the whole thing. For the health sector, we simply say : It would be nice if a patient would not have to see the convictions of the employee in any way. It would be nice. Think about it, OK? But for teachers who are figures of authority at the primary and secondary school, we're not talking about CEGEPs or universities, but primary and secondary schools, we say : New hires will have this new dress code in terms of signs.

Mme Fletcher (Raquel) : OK. If you're elected Premier in 2018, how will you reach out to new immigrants, particularly women, as the Premier?

M. Lisée : Well, I will by being more forceful than any Premier before me in fighting against racism and discrimination, that's clear. I will want to make sure that young students have the absolute right to knowledge and I will act forcefully against sex that would take out young kids and refrain or make it so that they don't learn what a normal, you know, Québec child should know.

You know, our insistence on equality of men and women cannot be stronger. We think this equality should predominate on other issues when deciding on a number of things. And I'm not going wait until the election. We have two initiatives already started in the Parti québécois to make sure that there are more members of diversity in the party, helping us frame policy on these issues in particular, but policies on all issues as well. And we know that, across the board… you know, we talk a lot about these identity issues and religious signs, but what members of the communities are telling us, like others : We want good jobs, we want to be recognized for our skills, we want to be part of the dynamism of Quebec. Stop saying that we're the other, we're you, you know.

So that's why we want an inclusive approach to that, and we're forceful on secularism, and we're equally forceful on making sure that every immigrant story in Quebec is a success story.

Mme Fletcher (Raquel) : Do you regret comments that you made during the leadership campaign that women could hide weapons underneath their chadors or their burqas?

M. Lisée : Not my best line. Thank you.

Le Modérateur : Caroline Plante, la Gazette.

Mme Plante (Caroline) : Wait, wait, wait, there's me. There's me. Hello? Mr. Lisée, you've said repeatedly…

M. Lisée : Oh! that was a good punch. I mean, it was a nice ending.

Mme Plante (Caroline) : Yes, but... You've said repeatedly, you've said that you want to reach out to the Anglophone and Allophone community. How confident are you that they will adhere to this idea of reviving elements of the values charter?

M. Lisée : Well, you could say there's elements also in the Liberal bill, you know. Anything we do was included in the previous debate. So the question is… clearly, there is a majority of Quebeckers that want to go forward on that. What is the more reasonable path? Who is most trustworthy to do this and in the most respectful and gradual way? And I think the answer is the Parti québécois.

Mme Plante (Caroline) : OK. What happens to the...

M. Lisée : You seem skeptical. You seem skeptical. Yes.

Mme Plante (Caroline) : What happens to the public sector employee who refuses to comply and leave his or her religious symbol at home? You've said : No sanctions. But won't that create tension in the work place among employees? What happens to that employee?

M. Lisée : Well, when you change attitudes in a society, you know, there's discussion, there's : Oh! I decided to go along, you didn't, so… There's going to be discussion, but that's how a society changes its attitudes. But, listen, there is no sanctions, there is no time tables, so this is my right, and I know Quebeckers, you know, they can be forceful in asserting their rights. I have no «inquiétude».

Mme Plante (Caroline) : Wouldn't that lead to some sort of bullying?

M. Lisée : I don't think so. No.

Mme Plante (Caroline) : No? So that person would be welcomed in the public service and be able to fully, you know, work and exercise his or her right to wear a religious symbol despite what you are saying in this strategy?

M. Lisée : Exactly so.

Mme Plante (Caroline) : OK. And last question, sorry, what about Quebeckers who don't want to choose between a job and a religious symbol? Some Quebeckers would prefer not having to choose between : do I apply for a job in the public service and risk getting bullied or looked at the wrong way.

M. Lisée : Well, laws are laws, and so you have the choice to comply or do something else. Thank you.

Le Modérateur : Merci.

(Fin à 12 h 22)