(Onze heures vingt et une minutes)
M. Lisée
: Merci
beaucoup. Les Québécois sont très inquiets de l'immobilisme et de l'ambiguïté
que connaît la société québécoise, depuis une quinzaine d'années maintenant,
sur toutes les questions relatives à l'identité, à l'immigration, à la laïcité.
Et c'est cet immobilisme et cette ambiguïté qui nuisent, qui nuisent à la
majorité francophone, qui nuisent aux minorités et qui nuisent aux gens qui se
sentent constamment l'objet de cette discussion.
Alors, il est urgent de trancher. Il est
urgent d'avoir des règles claires et il est urgent d'avoir une attitude saine
envers les Québécois d'adoption. Ce qu'on vous présente aujourd'hui, c'est le
résultat d'une discussion que nous avons eue depuis le soir de l'élection du
nouveau chef du Parti québécois, une élection qui a été marquée par un débat
robuste sur les questions identitaires et autour de propositions que j'ai
faites, qui étaient très fermes, très affirmées. Et j'ai annoncé que je voulais
avoir une discussion plus large avec les collègues pour arriver à une zone de
confort sur la base de mes propositions, et c'est ce qu'on vous apporte
aujourd'hui.
L'équilibre que nous cherchons, c'est
l'équilibre entre une approche résolue pour les règles de la laïcité et du
vivre-ensemble, d'une part, et, d'autre part, la volonté ferme, tangible
d'assurer la réussite de chaque Québécois d'adoption. Et je pense, nous
pensons, nous en avons discuté au caucus, et donc c'est la proposition de
l'aile parlementaire du Parti québécois que nous dévoilons aujourd'hui, nous
pensons que ce sont les deux faces d'une même médaille, que nous devons avancer
avec autant de détermination dans la marche vers la laïcité et dans la volonté
tangible d'assurer le succès des Québécois d'adoption, de faire reculer la
discrimination et le racisme. Et la clé du succès des deux opérations, c'est
qu'elles se mènent ensemble.
Alors, on va vous expliquer comment nous
voyons la chose et, pour mieux l'illustrer, on l'a inscrite dans le temps, c'est-à-dire
d'ici l'élection 2018 et qu'est-ce qui se passerait dans les deux premières
années d'un gouvernement du Parti québécois. Alors, évidemment, notre guide,
c'est René Lévesque, qui parlait de la différence vitale du Québec. Et
qu'est-ce que c'est? C'est l'addition de tout ce qui fait de nous une nation et
la volonté de nous projeter ainsi dans l'avenir et dans le monde.
Il faut prendre les mesures nécessaires
pour former mieux nos jeunes à une citoyenneté engagée et éclairée autour de
nos valeurs partagées, cheminer de façon tangible vers un État laïque, établir
une politique d'immigration sur des bases plus saines, assurer le succès de
chacun des Québécoises et Québécois d'origines diverses. Maka.
M. Kotto
: Alors, cette proposition
de l'aile parlementaire du Parti québécois, elle est claire, elle est cohérente
et résolue, comme Jean-François vient de le dire, et elle constituera un des
éléments de discussion qui va culminer avec l'adoption du nouveau programme du Parti
québécois en septembre 2017, notre ambition étant, bien sûr, de mieux
représenter la diversité, avec le recensement des membres et des sympathisants
actuels du Parti québécois issus des communautés, afin de faire renaître le
comité du Parti québécois chargé de ces questions et de mieux organiser son
action sur le terrain — ma collègue Carole Poirier en a la
charge — notre ambition étant par ailleurs de mieux représenter la
diversité en engageant le dialogue avec les Québécois d'origines diverses pour
écouter leurs réflexions sur le Parti québécois et les inviter à participer à
son renouvellement. Et, sur ce plan, c'est Paul St-Pierre Plamondon qui est en
charge.
Mme Poirier
: Alors,
notre objectif est d'assurer le succès des Québécois d'adoption. Pour ce faire,
nous voulons assurer une meilleure collaboration entre les services de
l'immigration et de l'emploi. Nous voulons aussi réduire les délais de
délivrance des évaluations comparatives des diplômes, qui est un enjeu
important. On veut aussi assurer un parcours complet, incluant les
équivalences, les stages en emploi aux diplômés étrangers, en leur permettant
de s'insérer dans des professions québécoises. Mais, pour assurer ce succès
aussi des Québécois, il faut leur offrir une aide financière remboursable pour
les immigrants diplômés en formation ou en stage de mise à niveau des
compétences.
Nous devons aussi négocier, notamment avec
la Tunisie, le Maroc, l'Algérie, des ententes de reconnaissance réciproque des
compétences, comme on a actuellement avec la France. Nous avons aussi comme but
d'assurer une présence plus juste des Québécois de toutes origines dans la
fonction publique québécoise et nous devons, et c'est vraiment un objectif
important, lutter fermement contre le racisme et la discrimination dans
l'embauche, dans le logement et ailleurs, en mettant en oeuvre, dans les six
premiers mois de notre gouvernement, un plan d'action robuste.
M. Lisée
: Alors, vous
voyez, les mesures dont Carole vient de parler et Maka, il y en a qui précèdent
l'élection d'octobre 2018, c'est-à-dire que nous voulons que le Parti québécois
soit plus représentatif de la diversité avant son élection et que donc des
Québécois d'origines diverses participent à la définition de ce que sera la
plateforme en matière d'identité et d'intégration, mais on annonce que, dans
les premiers mois d'un gouvernement du Parti québécois, dès l'automne 2018, nos
premiers gestes seront ceux que Carole vient de définir. Nous pensons que nous
devons agir fermement sur le succès de l'intégration, dans un premier temps,
pour bien montrer que notre volonté n'est pas de fermer mais d'ouvrir.
Parlons tout de suite de ce qu'on
modifierait sur la francisation des Québécois d'adoption. L'objectif, c'est
francisation 100 %, francisation 100 % des nouveaux arrivants. Cela
veut dire que les travailleurs qualifiés qui demandent à venir au Québec
devront démontrer une connaissance intermédiaire ou avancée du français pour
obtenir leur certificat de sélection. C'est une clause éliminatoire. Si vous
n'avez pas la bonne connaissance du français, prenez des cours supplémentaires.
On en offre énormément. Mais tant que ce ne sera pas le cas, le certificat de
sélection ne sera pas délivré.
Évidemment, on ne demande pas aux réfugiés
qui se sauvent de bombes ou de tremblements de terre d'arrêter chez Berlitz
avant de venir. Évidemment, non, et donc, pour les réfugiés, nous allons
proposer une période de francisation et d'intégration rémunérée pendant
plusieurs mois — ça dépend évidemment de la connaissance du français
de chacun — pour faire en sorte qu'ils n'aient pas à se poser la
question de comment mettre du pain sur la table pour leurs enfants. On dit :
Non, on s'en occupe pendant plusieurs mois pour que vous ayez cette capacité de
francisation et d'intégration qui assurera le succès de votre intégration.
On veut aussi inscrire dans la loi le
droit à la francisation pour chacun, et ça signifie bien sûr bonifier
singulièrement les budgets de francisation, du moins dans les premières années,
parce qu'à partir du moment où les nouveaux arrivants auront une connaissance
du français bien meilleure au point d'entrée, on calibrera en fonction des
besoins.
Nous voulons aussi faire un suivi
rigoureux de ce que Carole vient de dire. Alors, chaque année, nous voulons
avoir un rapport d'où est-ce qu'on en est dans l'intégration, dans la lutte
contre la discrimination, dans la lutte contre le racisme, dans l'augmentation du
nombre de Québécois d'origines diverses dans la fonction publique. Pour ce qui
est de la suite immédiate, nous allons demander au Vérificateur général,
assisté par l'Institut de la statistique du Québec, des experts en démographie,
en emploi et en intégration, de préparer des recommandations — donc
on va donner le mandat à la fin 2018 pour un rapport à l'été
2019 — des recommandations sur les seuils d'immigration.
Vous savez, je l'ai dit et je le pense,
50 000 immigrants par année, c'est le chiffre de l'échec. C'est ce qu'on
voit dans les taux de chômage en particulier, et ça crée des frustrations chez
les gens qu'on veut accueillir mieux. Alors, qu'est-ce qu'on va demander au
vérificateur et à son équipe? Bien, d'abord, de déterminer le nombre d'immigrants
dont on peut raisonnablement assurer le succès, compte tenu de l'effort public,
financier, actuellement engagé.
Et, deuxièmement, avec les démographes et
les gens de l'emploi, dites-nous quelle est la nécessité pour un certain nombre
d'immigrants, compte tenu de nos besoins, en emploi et démographiques et, pour
arriver à ce chiffre, quels seraient les investissements supplémentaires dont
on aurait besoin. Mais sachez, en faisant ça, que nous, notre gouvernement
compte modifier la façon de choisir les immigrants en faisant en sorte
d'augmenter le nombre d'immigrants qui sont jumelés, au point d'entrée, entre
l'immigrant et l'employeur. On le fait dans les Journées Québec. Il faut faire
de ces journées virtuelles ou réelles aux quatre coins du globe, mais donc
d'assurer ainsi, par ce pairage, un vrai succès d'intégration.
Et, deuxièmement, on veut rendre nos
universités, nos cégeps, sur tout le territoire, plus attractifs à des
étudiants de cégep et d'université, francophones ou francophiles, qui, bien sûr,
seront diplômés par nos universités et cégeps. Et donc il n'y aura jamais de
question sur la qualité de leur diplôme. Et, vous le savez, l'école supérieure
est le meilleur moment pour une intégration et l'inclusion. Et donc le
Vérificateur général et son équipe pourront voir, compte tenu de ces variables,
bien, quels sont les seuils d'immigration qu'il peut nous recommander.
Ensuite, le gouvernement du Parti
québécois tiendra une discussion politique et fera une recommandation sur un
plan de cinq ans pour les seuils d'immigration ainsi formés.
Mme Maltais : Alors, nous
proposons aujourd'hui non seulement des actions résolues vers la laïcité de
l'État, mais un ordre de marche. On va voir véritablement dans quel ordre
arriveront les lois, les actions, les transformations qui nous permettront de
continuer et de faire vraiment... faire faire un autre bout de chemin dans ce
que la société québécoise a mené comme combat jusqu'ici, c'est-à-dire sa
déconfessionnalisation, sa direction vers un État laïque. C'est extrêmement
important.
Alors, d'abord, il faut apprendre la
citoyenneté. C'est la meilleure façon de travailler en prévention des débats
sur le phénomène religieux. C'est que les gens comprennent bien qu'est-ce
qu'être un citoyen ou une citoyenne québécoise, quels sont nos droits, quels
sont nos devoirs. Alors, apprendre la citoyenneté dès la fin de 2018. On va
mettre en place ce qu'il faut pour remplacer, en deux ans, le cours Éthique et
citoyenneté religieuse par un cours de citoyenneté québécoise. On va préparer
nos jeunes à chaque aspect de la vie en société, de la sexualité à la
démocratie, à la liberté religieuse, à la liberté d'expression et à la lutte
contre l'intimidation. Voilà pour le remplacement du cours Éthique et culture
religieuse.
Au secondaire, on y ajoutera certains
volets qui nous paraissent importants dans un cours à la citoyenneté, dont la
connaissance de l'économie et des périls du crédit — c'est souvent
demandé dans la société québécoise — et les méthodes employées par
les proxénètes, gangs et radicaux religieux pour embrigader les jeunes. Il y a
des efforts qui sont faits actuellement par des organismes à l'intérieur de nos
écoles, mais ce doit être fait de façon ordonnée et concertée, appuyée par le gouvernement.
Il faut clarifier les règles sur les
signes religieux. Objectif février 2019, inscrire, dans une loi, les éléments
qui font consensus en matière de laïcité au Québec. Baliser, dans la charte des
droits, les paramètres encadrant les accommodements religieux. Exclure tout
accommodement qui serait incompatible avec l'égalité entre les hommes et les
femmes, il faut que ça ne devienne pas un élément parmi d'autres, il faut que
ça devienne un élément prépondérant. Et surtout, inscrire le principe de la
laïcité de l'État dans la Charte des droits et des libertés du Québec.
Sur les signes religieux pour les employés
de l'État, évidemment, ils doivent avoir le visage découvert dans le cadre de
leurs fonctions. Évidemment, ça doit être aussi le cas pour les citoyens
lorsqu'ils reçoivent des services de l'État sauf, et voilà l'exception, nous,
qui doit être la seule exception auquelle on peut faire face, c'est pour
motif de santé et sécurité impératif et avéré. Donc, oui, il y aura une
exception pour permettre… d'ailleurs, ça correspond exactement à tous les
débats que nous fait Stéphanie Vallée actuellement. À chaque fois, c'est
exactement ce qu'elle nous propose comme exception. Ça doit être inscrit comme
c'est pensé.
Ensuite, j'espère que la CAQ écoute, le
tchador doit également être interdit pour tous les employés de l'État par
respect du principe de l'égalité entre les hommes et les femmes et de la
laïcité. Je ne peux pas être plus claire.
Sur les signes religieux ensuite, dans leur
formation et le guide éthique, parce que nos fonctionnaires de la fonction
publique ont une formation et un guide éthique, à compter de 2019, le
gouvernement fera la promotion d'un devoir de réserve affirmant sa préférence
pour la plus grande réserve possible dans l'affichage des convictions politiques,
sociales, religieuses ou autres des employés de l'État, donc renforcer le
devoir de réserve, et chacun sera libre de se comporter à guise et de cheminer
à son rythme. Il n'y a pas d'échéancier là-dedans, il n'y a pas de sanction, il
y a vraiment un ajout à la formation.
Pour les figures d'autorité, les personnes
qui ont un pouvoir de contrainte, juges, gardiens de prison et policiers, les
fonctions qu'on nomme usuellement, ne doivent en aucun cas, évidemment,
afficher leurs convictions religieuses. Même règle pour les autres figures
d'autorité, soit les enseignants et enseignantes du primaire et du
secondaire et les éducateurs et éducatrices en garderie. Je parle évidemment…
quand je parle d'éducateurs, éducatrices en garderie, on parle ici beaucoup des
installations. Maintenant, il y a toutes sortes d'autres formes, là,
d'installations de services de garde. Je pense au milieu familial ou
subventionné.
Alors, un comité va se pencher sur
l'applicabilité de cette règle dans les différentes formes de services de garde
outre les installations. Cette mesure s'appliquera graduellement. Les salariés
actuels, évidemment, préserveront leurs droits acquis, donc clause grand-père. Alors,
voilà pour les signes religieux.
M. Lisée
: Évidemment,
il y a toute la question de l'enseignement des enfants et de certains enfants
qui sont dans des écoles, légales ou illégales, mais où la formation
pédagogique n'est pas équivalente à celle que les autres enfants ont au Québec.
Le principe que nous voulons inscrire, c'est le droit absolu au savoir et c'est
à partir de ce principe-là que nous allons agir. Alors, ça signifie que le
parcours pédagogique ne peut en aucun cas être écarté devant des considérations
religieuses ou autres, que l'école soit publique ou confessionnelle. L'école à
la maison, ça existe, mais ça ne peut pas être utilisé pour soustraire des
classes entières d'enfants à leur accès au savoir et à leur participation à la
société québécoise. C'est le principe qui va nous guider.
Sur les signes religieux dans l'espace
public, comme je l'avais indiqué en campagne, une équipe de parlementaires et
d'experts examinera les expériences étrangères en matière de présence du voile
intégral dans l'espace public. Il y a 10 démocraties européennes qui ont
débattu de ces questions et qui ont apporté des réponses différentes. Et cette
équipe déposera ses propositions au gouvernement à l'automne 2019.
Comme je l'ai dit au début, le succès
repose sur cet équilibre. Et vous nous avez entendus passer autant de temps à
vous parler de l'importance d'assurer le succès d'intégration des Québécois
d'adoption que sur les règles sur la laïcité, sur les signes religieux, sur le
cours d'éducation à la citoyenneté, qui doit être à la fois un cours pour
comprendre comment fonctionne notre démocratie, pour assurer d'avoir des
citoyens éclairés, critiques et aussi pour les prévenir contre la
radicalisation, l'intimidation, les gangs, les prédateurs sexuels. On est dans
le Québec du XXIe siècle. Il faut que nos jeunes citoyens, d'où qu'ils
viennent, quelle que soit leur religion, la religion de leurs parents, puissent
avoir ce tronc commun de connaissances de qu'est-ce qu'est un citoyen québécois
au début du XXIe siècle.
Alors, nous pensons ici être en mesure de
parler à beaucoup de Québécois de la majorité francophone, de la minorité
nord-francophone, des minorités culturelles en disant : Voici un chemin où
chacun peut s'y retrouver. Et notre volonté, c'en est une comme pour la loi 101
dont certains disaient que c'était une approche de fermeture et qui est devenue
une approche d'ouverture avec les enfants de la loi 101. C'est de la même façon
que nous procédons aujourd'hui. Nous pensons que des changements sont nécessaires
pour que le Québec soit plus inclusif, et il n'y a rien de mieux que d'être
bien dans sa peau pour pouvoir être ouvert à l'autre, il n'y a rien de mieux
que de savoir quels sont les repères pour pouvoir bien s'intégrer à une société
d'accueil. On est prêts pour vos questions.
Le Modérateur
: Alors,
on va commencer avec… D'abord, si vous avez des questions, n'hésitez pas à m'en
faire part. On va commencer en français avec Hugo Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) : Oui.
Bonjour, M. Lisée. J'ai parcouru votre document rapidement. Les propositions,
bon, qui y sont mentionnées me semblent assez semblables à celles que vous
aviez mises de l'avant durant la course à la direction du Parti québécois,
peut-être à quelques différences près.
En quoi est-ce que ça a été utile donc cet
effort, ce long détour, cette consultation auprès de votre caucus, cette
valse-hésitation qu'on a sentie dans vos déclarations? Si, finalement, on
revient un peu au point de départ qui était votre position durant la course, ça
ne me semble pas avoir été très productif.
M. Lisée
: Rassembler,
c'est le premier devoir d'un nouveau chef. Rassembler, ça demande de discuter,
de comparer, de se montrer des textes, d'avoir de l'ouverture. Évidemment, la
légitimité du vote, elle était là, sur des propositions que j'avançais. Mais,
comme je l'ai dit, ça prenait une zone de confort, et une grande partie de
cette zone de confort, on l'a trouvée dans un engagement plus ferme sur
l'ouverture à l'autre et sur le succès des Québécois d'adoption. Et donc, c'est
cet équilibre entre ces deux volontés qui permet de rassembler plus largement.
Et donc, oui, c'était très utile. Il y a
six semaines entre mon élection comme chef et ce matin. On vous avait dit qu'on
voulait faire ça avant la fin novembre. Donc, nous, on est dans nos temps. Peu
importe ce que les autres ont dit de quelque façon que ce soit, on est dans la
séquence qu'on souhaitait. Hier, on a eu une longue discussion avec les autres
parlementaires au caucus. Il y a des changements qui ont été faits, de
formulation, d'angle, etc., pour faire en sorte que chacun puisse dire
aujourd'hui : Bien, l'aile parlementaire du Parti québécois, la
proposition qu'elle fait au parti, ensuite ce sera débattu dans les instances,
et on verra des bonifications qui pourront être faites, que nous sommes unis
derrière une vision commune des choses. Et qu'elle soit très proche, pour ce
qui est de la laïcité, des propositions que j'ai faites pendant la campagne,
bien, ça tombe un peu sous le sens puisque, comme j'ai gagné la course, il est
un peu normal que mes idées soient assez largement partagées.
M. Lavallée (Hugo) : Donc, si
on comprend bien, ce n'est pas une position définitive. Ce que vous mettez de
l'avant aujourd'hui, ça peut évoluer à la lumière de ce que le parti acceptera
ou n'acceptera pas, à la lumière aussi peut-être de discussions avec Québec
solidaire sur la convergence. On comprend que, finalement, les positions que
vous présentez aujourd'hui ne seront pas nécessairement celles que vous
défendrez lors des prochaines élections.
M. Lisée
: Nous sommes
un grand parti démocratique, et notre programme est adopté au moment du
congrès. 50 % des membres du Parti québécois ont voté pour moi, alors ça
donne une bonne indication de ce qui se passera au congrès. Et l'aile
parlementaire s'est rassemblée autour des propositions que vous avez
aujourd'hui, alors je pense que ça nous donne un bon échantillon également.
Mais le congrès du Parti québécois est souverain, et il y aura des débats, il y
aura la résultante des débats. Mais cette proposition que nous faisons, moi,
j'ai très, très bon espoir que ce sera, à quelques éléments près, ce qui
sortira du congrès.
Maintenant, pour Québec solidaire, j'ai
bien indiqué que la raison pour laquelle c'est intéressant d'additionner nos
forces, c'est parce qu'il y a des différences entre nous. Il y a des différences
importantes qui font que, bien, des gens qui veulent réduire la paperasse pour
les PME, bien, c'est moi qui dis ça, c'est ma proposition, ce n'est pas la
proposition d'Amir, O.K.? Et, sur un certain nombre de choses, sur les régions,
par exemple, je suis très affirmatif sur l'importance pour les régions, Québec
solidaire n'est pas en pointe sur ce dossier. Sur l'identité, il est certain
que le Parti québécois a une personnalité et des propositions qui sont plus
ambitieuses que celles de Québec solidaire, et ce n'est pas de nature à être
négocié.
Je m'attends à ce que, si on arrive à une
entente, les propositions communes sur lesquelles nous serons unis ne
comprendront pas certaines des propositions qu'on fait aujourd'hui. Ils vont
dire : Bien, nous, on propose autre chose sur l'identité. Mais, très bien,
nous, on n'appuie pas les leurs, eux n'appuient pas les nôtres, mais on
s'entend sur ce sur quoi on s'entend. Et moi, je trouve que c'est important que
Québec solidaire garde sa personnalité. Nous, on garde notre personnalité, mais
on s'entend sur ce sur quoi nous convergeons.
Mais je suis bien conscient aussi que
l'ajout de mesures très concrètes, tangibles et rapides pour le succès de
l'intégration, ça va sourire à beaucoup de nos collègues de Québec solidaire
qui estiment que c'est là-dessus surtout qu'il faut travailler. Nous, on dit
qu'il faut travailler sur les deux. Mettons qu'il y a quand même des points qui
pourront nous rapprocher.
Le Modérateur
:
Alexandre Robillard, LaPresse canadienne.
M. Robillard (Alexandre) : M.
Lisée, la semaine dernière, vous disiez que les questions identitaires ne
seraient pas dans vos trois premiers thèmes pour le Parti québécois. Hier, et
je vous cite, là, donc vous avez dit que, pour vous, «ce qui est important,
c'est la prospérité, la solidarité et l'identité[...] Ce sont mes trois thèmes».
Donc, comment vous réconciliez cette
apparente contradiction, en termes de priorité, d'une semaine à l'autre?
M. Lisée
: Bien, il n'y
a pas de contradiction, il y a des chapeaux. Vous savez, prospérité, ça
regroupe plusieurs choses; solidarité, ça regroupe éducation, santé, services
sociaux; et identité, ça regroupe aussi la langue, hein, j'avais parlé de la
langue. Alors, c'est une façon de dire : si vous voulez résumer les cinq
en trois, bien c'est solidarité, prospérité partagée et identité. Et moi,
je n'y vois pas de contradiction, j'y vois une affirmation peut-être plus
synthétique de nos priorités.
M. Robillard (Alexandre) :
O.K., mais ce n'était quand même pas dans les trois priorités la semaine
passée, là.
M. Lisée
: Bien, si
vous mettez santé et éducation sous solidarité, bien là, vous êtes plus
synthétiques.
M. Robillard (Alexandre) :
Pensez-vous que certaines de vos propositions pourraient contribuer à une
certaine radicalisation de certains individus qui y verraient une attaque à des
convictions religieuses qui leur apparaissent incontournables?
M. Lisée
: Est-ce qu'il
y aura unanimité sur ces propositions? Non. Est-ce que le Parti libéral va être
d'accord avec ça? Non. Alors, on est dans le débat, et je pense qu'il faut
trancher. Et il faut s'avancer à visage découvert, si vous me permettez
l'expression, et être clairs sur nos propositions, et être clairs aussi sur
notre volonté d'ouverture.
Alors, jamais, en aucun cas, ni pour la
loi 101, ni pour la loi 22 de Robert Bourassa, ni pour aucune action en termes
d'identité ou même de déconfessionnalisation, jamais il n'y a eu d'unanimité.
Il y a toujours eu des gens pour dire que c'était trop, que ce n'était pas
correct. Alors, si ça avait arrêté René Lévesque, on n'aurait pas eu de loi
101.
M. Robillard (Alexandre) :
Est-ce que vous serez lié par les recommandations du Vérificateur général,
M.Lisée?
M. Lisée
: Comme c'est
écrit en toutes lettres, ce seront des recommandations, et donc le gouvernement
du Parti québécois prendra la décision. Mais, évidemment, on fait ça pour
dépolitiser. Moi, je ne veux pas que ce soit Philippe Couillard qui dise :
Ça en prend 60 000, ou François Legault qui dit : Ça en prend
40 000, alors que ce n'est fondé sur rien.
Lorsque le Vérificateur général avec les
démographes et les spécialistes de l'intégration en emploi vont nous dire :
Voici le chiffre qui nous semble optimal, ça va avoir un poids moral important,
un poids scientifique important. Et c'est ma volonté de dépolitiser ce débat-là
qui est représenté dans cette proposition.
Le Modérateur
: Alain
Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) : Compte
tenu qu'on est nombreux, je vais me limiter à deux questions, M. Lisée. On sent
que vous vous êtes durci par rapport à votre position initiale de votre
campagne, particulièrement sur le tchador.
M. Lisée
: Je ne sais
pas où vous sentez ça. D'ailleurs, lorsque nous avons déposé, le 10 novembre,
nos huit amendements, le tchador y était. Nous, on a toujours été favorables à
ce qu'on appelle l'amendement Fatima Houda-Pepin d'exclure le tchador. C'était
le cas précédemment. Moi, je ne me souviens pas d'un moment où on était favorables
au tchador pour les employés de l'État. Si vous voulez me trouver ça, là, je ne
me souviens pas de ça. Et le 10 novembre dernier, on a formellement déposé,
dans nos huit amendements, un amendement pour exclure le tchador dans l'espace…
pour les salariés de l'État.
M. Laforest (Alain) : M.
Fournier nous a dit tout à l'heure, en parlant de la CAQ, mais là ça s'applique
un peu à ce que vous nous dites aujourd'hui, qu'exclure le tchador, entre
autres pour les enseignants, c'est un peu pratiquer la politique de la terre
brûlée, de la non-inclusion, du vivre-ensemble, parce qu'il dit : Ces
gens-là s'identifient à ça et, à long terme, peut-être qu'ils accepteront de le
retirer.
M. Lisée
: C'est ce que
j'ai demandé au premier ministre cette semaine : Pourquoi, en février
2014, dans un document officiel du PLQ, était-il écrit qu'il fallait interdire
le tchador pour les salariés de l'État? Pourquoi c'était bon pour le PLQ en
février 2014 et que maintenant ce serait mauvais?
Moi, je pense qu'on est tous d'accord pour
dire que le tchador est, comme l'avait dit le premier ministre, un symbole de
l'oppression de la femme. Et, si le Parti libéral veut approuver dans nos
écoles un symbole de l'oppression de la femme, je pense qu'ils sont pas mal
déconnectés de la valeur québécoise qui prime chez beaucoup d'entre nous, qui
est l'égalité des hommes et des femmes, et qu'il n'est pas question que l'État,
par ses salariés, envoie le message qu'un symbole de l'oppression de la femme
ce serait une bonne chose de l'autoriser.
Le Modérateur
: On
passe à… Pardonnez-moi. Robert Dutrisac, Le Devoir.
M. Dutrisac (Robert) :
Bonjour. C'est assez différent de ce que vous avez affirmé à la presse, là,
mais disons que… je ne sais pas si c'était le contexte ou là où vous étiez, là,
mais il reste que là, sur le plan politique, ce que vous voulez faire, c'est
vous situer essentiellement entre le pôle QS-PLQ et la CAQ, c'est ça qu'il faut
comprendre, là, essayer de définir une position mitoyenne, équilibrée comme
vous dites.
M. Lisée
: Vous
surestimez toujours le calcul politique. C'est nos convictions. Nous, on est
guidés par le bien commun. Qu'est-ce qui serait le mieux pour le Québec dans
les années qui suivent? Un sondage disait il y a deux semaines que nous
formerions un gouvernement minoritaire. Je pense que c'est un excellent sondage.
Alors donc, on a une responsabilité de se
préparer à proposer quelque chose aux Québécois qui soit résolu et raisonnable.
C'est notre seule motivation, et nous pensons qu'à la longue ça marche. Être
résolu, et raisonnable, et équilibré, à la longue, ça marche. Et donc, on est
exactement dans notre plan de match. Moi, je suis très content d'en être ici
aujourd'hui avec vous.
M. Dutrisac (Robert) : Vous
voulez tabler sur une prédominance de la valeur de l'égalité homme-femme. Est-ce
qu'il faut comprendre, à ce moment-là, que vous allez utiliser la clause
dérogatoire pour les deux chartes, là, compte tenu de ce que, par exemple, la Commission
des droits de la personne peut vous dire?
M. Lisée
: On n'écarte
rien. On n'écarte rien. On va voir ce qui va se passer avec le projet de loi n° 62.
Nous, on a proposé nos huit amendements. On est un peu sceptiques de la façon
dont le premier ministre réagit à ça, donc on sera fixés assez rapidement et on
va voir, dans les deux ans qui viennent, qu'est-ce qui va se passer avec les
tribunaux sur ce qui aura été voté dans 62, ça va nous donner plus
d'information.
Mais, évidemment, nous, on n'écarte rien.
On veut que ces choses-là soient clarifiées le plus rapidement possible pour la
vie des Québécois. Il faut arrêter d'empoisonner le débat public avec des
questions qui sont importantes, qui auraient dû être réglées il y a 10 ans mais
que les libéraux refusent de régler.
M. Dutrisac (Robert) :
Francisation, pas d'obligation, mais un objectif à 100 % de francisation pour
les travailleurs qualifiés. Donc, il n'y aura rien de prévu pour les femmes au
foyer, pour la question de la réunification familiale. Je pense notamment aux
propositions de la CAQ, là. Vous n'allez pas jusque-là.
M. Lisée
: On va faire
le maximum. On va faire le maximum, et effectivement, même sous Diane De
Courcy, la question de la connaissance du français chez les conjoints, c'est
inclus dans notre proposition et ce l'était déjà avec Diane.
Le Modérateur
: Je vous
rappelle qu'on est nombreux et que, si possible, essayons de nous en tenir à
une question et une sous-question. C'est au tour de Patrick Bellerose du Huffington
Post.
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour, M. Lisée. Sur les enseignantes et les éducatrices, vous allez plus
loin que pendant la course à la chefferie, vous proposez d'interdire les signes
religieux. Pourquoi aller plus loin dans votre proposition alors que vous avec
été élu il y a à peine deux mois?
M. Lisée
: Bien, c'est
ce que la discussion nous a permis de faire. Alors, suite à la discussion avec
les collègues, avec, donc, les membres du caucus, les consultations qu'on a
faites, le point d'équilibre, il était là aussi. On pense que les Québécois
sont prêts à faire ce pas et que, puisqu'on va agir sur les figures d'autorité,
évidemment, il n'est pas question... sur les hôpitaux, par exemple, ce n'est
toujours pas là. On pense que la formation et la nette préférence du
gouvernement et de l'Assemblée nationale pour le devoir de réserve va
s'appliquer dans les hôpitaux, dans le système de santé, mais, pour
l'éducation, il nous a semblé qu'effectivement la figure d'autorité incluait
les enseignants et les enseignantes, oui.
M. Bellerose (Patrick) :
Donc, c'est le caucus qui vous a incité à aller plus loin sur cette question.
M. Lisée
: C'est la
discussion, oui, absolument. Rassembler, c'est ça aussi.
M. Bellerose (Patrick) :
Petite question pour M. Kotto. Pendant la course à la chefferie, vous avez dit
que les propositions de M. Lisée chatouillaient les parts sombres de nos âmes. Qu'est-ce
qui fait qu'aujourd'hui vous êtes à l'aise avec ces positions?
M. Kotto
: Nous sommes
loin de la course, déjà. Elle est loin derrière nous, et rien de ce qui portait
à faire ce genre de commentaire n'a occupé nos réflexions hier en début d'après-midi
et hier soir. Le résultat que vous avez devant vous aujourd'hui fait consensus,
et tout le monde a conflué, permettez-moi l'image, sur la base des propositions
de Jean-François.
M. Bellerose (Patrick) : ...ont
été reportées à plus tard.
M. Kotto
: Oh! il n'y a
pas de décision fâcheuse. Tout va bien.
Le Modérateur
:
Philippe-Vincent Foisy, Cogeco.
M. Foisy (Philippe-Vincent) : Oui.
Bonjour, M. Lisée. Quand on dit interdire les signes religieux chez les
enseignants, les éducateurs et compagnie, on va jusqu'où? Est-ce que c'est
ostentatoire? Est-ce que c'est la petite croix? On va où?
M. Lisée
: Bon, d'abord,
le droit acquis des salariés actuels est protégé. Ça, c'est très, très
important. Ça a été mon combat depuis très longtemps, et je suis très heureux
de voir que ça fait consensus.
J'ai été très attentif, lors du dernier
débat, sur un certain nombre de gens qui disaient : Ah! on sait bien, les
signes ostentatoires sont plus nombreux chez les juifs, les musulmans et les
sikhs que chez les chrétiens, dont les signes sont moins ostentatoires. Et c'est
pourquoi vous ne voyez pas le mot «ostentatoire», là. On veut mettre tous les
signes religieux et les signes de conviction… D'ailleurs, vous voyez, on fait
exprès de dire «les signes de conviction, y compris religieux». Ça veut dire le
bouton de Greenpeace, la casquette «J'aime les baleines» ou je ne sais trop.
Lorsqu'on est employé de l'État et dans le
cas où on l'applique, c'est-à-dire aux nouveaux enseignants, aux nouvelles éducatrices
et aux figures d'autorité actuelles, on dit : Écoutez, le principe
général, c'est : On n'est pas antireligieux. On pense que, quand on
travaille pour l'État, on n'a pas à afficher ses convictions, de manière
ostentatoire ou non. Alors, ça aussi, c'est un changement. On a entendu les
remarques, qui me semblaient légitimes, de la part de gens qui disaient :
On sait bien, là, vous visez certaines religions. Non. Nous voulons la réserve
sur toutes les convictions et toutes les religions.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Une petite…
Le Modérateur
: Louis Lacroix.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Je peux-tu avoir une sous-question?
Le Modérateur
: Bien,
prenez-en tous une. Il n'y a pas de problème.
M. Foisy (Philippe-Vincent) : Mais
juste deux.
Le Modérateur
: Bien,
vous avez dit une…
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
J'en ai posé une.
Le Modérateur
: Je
m'excuse dans ce cas-là.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Par rapport à… Vous engagez-vous, dans le fond, à ne pas interdire les signes
dans la fonction publique? Est-ce que… ou si ça va mener ultimement à une
possible interdiction des signes religieux dans la fonction publique?
M. Lisée
: Nous, ce qu'on
dit aujourd'hui, c'est : La bouchée qu'on peut prendre pour quatre ans, c'est
celle-là. La société, elle évolue. On s'engage à faire ça et pas plus. Ensuite,
il y aura une autre élection, il y aura un autre débat. On verra comment ça a
évolué. Est-ce que ce sera nécessaire de faire plus ou de corriger? Ce n'est
pas un débat pour maintenant.
Mais on pense qu'avec ce qu'on a ici, sur
la table, on peut stabiliser la situation, enfin trancher, et il y a des effets
qui vont se voir sur les années. Puisque ce sont les nouvelles embauches, bien,
ça va prendre plusieurs années avant de voir l'effet sur l'ensemble. C'est les
nouvelles embauches et l'expression d'une nette préférence. Donc, on dit :
Écoutez, ça serait bien que ça se fasse. Est-ce que les mentalités vont
changer? Elles ont changé, au Québec, depuis 40 ans sur tellement de sujets où
les mentalités ont changé. Bien, nous aussi, on compte là-dessus, de faire
changer les mentalités en s'y prenant de façon plus graduelle, de façon plus
respectueuse, en ayant une logique d'adhésion à ces principes-là.
Le Modérateur
: Louis
Lacroix, Cogeco.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que vous vous êtes assuré que toutes les propositions que vous présentez
aujourd'hui en matière de signes religieux, etc... Est-ce qu'il y a une base
juridique à ça? Est-ce que vous êtes assuré d'avoir des avis juridiques afin
d'être certain, là, que tout ça ne contrevienne pas aux chartes?
M. Lisée
: Le problème
des chartes et des avis juridiques, c'est que les juges changent d'avis. Et
effectivement, on peut avoir des avis juridiques qui nous disent... Écoutez, la
façon la plus stricte que la Cour suprême a interprété la charte fédérale ces
dernières années, ils diraient non, mais, si on regarde deux de leurs
arrêts récents, ça se pourrait qu'ils disent oui.
Alors, nous, on ne veut pas jouer, là, aux
devins dans la tête de l'évolution de la jurisprudence canadienne sur une
charte qu'on n'a jamais négociée, approuvée ou ratifiée. Nous, on va dire :
Voici quelle est la volonté du Québec. Et, comme je le disais tout à l'heure,
est-ce que, oui ou non, on va utiliser la clause nonobstant au moment de son
adoption? On aura le débat à ce moment-là. On verra. Peut-être que l'évolution
jurisprudentielle sera telle que ça ne sera pas nécessaire. Il y aura
contestation de toute façon. Il y a contestation pour toutes les lois
d'importance, hein, bon, c'est certain. Mais donc, nous, ce qui nous intéresse,
c'est le bien commun, et ensuite on verra ce qui se passera.
M. Lacroix (Louis) : En
sous-question, vous aviez dit, durant la course, que... vous aviez proposé, en
fait, qu'on adopte le projet de loi n° 62 dans son état actuel compte tenu
du fait que vous considériez, à l'époque, que c'était une base, hein? De dire,
par la suite, on l'améliorera, oui, c'est une base. J'ai vu que, la semaine
dernière, vous avez voté pour le principe, en faveur du principe.
Est-ce que vous êtes toujours dans cette
même ligne de pensée? Est-ce que vous croyez que, dans l'état actuel, si, même
en n'apportant pas d'amendement au p.l. n° 62, on pourrait l'adopter pour
constituer une base sur laquelle, par la suite, on pourrait progresser, par
exemple?
M. Lisée
: Ce que j'ai
toujours dit, c'est que, si on peut faire un pas en avant, on va le faire. Et
je n'attendrai pas qu'il y ait le programme du PQ dans la loi n° 62 pour
juger si c'est un pas en avant ou non.
Alors, on a déposé, le 10 novembre,
huit amendements. Si les huit amendements sont adoptés, on va voter pour, à
moins qu'ils nous mettent quelque chose dans le sens inverse. Bon. S'ils ne
sont pas adoptés, bien, on va juger à la qualité de l'arbre, O.K.? Encore là,
ce qui nous distingue peut-être d'autres partis qui sont des jusqu'au-boutistes,
c'est de dire : Écoutez, est-ce qu'on peut progresser? Si on peut
progresser de façon tangible, ce sera oui.
Lorsqu'on a vu le libellé du projet de loi
et lorsque les juristes sont venus nous l'interpréter devant nous pour nous
dire : L'exception, c'est la règle... En fait, pour le visage couvert,
l'exception a été écrite de telle façon que, moi, je lève la main puis je dis :
Bien, moi, je veux un accommodement religieux, donc je garde le visage couvert,
puis ce serait oui, bien là, c'est le contraire. Alors, ça, c'est un pas en
arrière.
Alors, c'est sûr que j'étais content que
le premier ministre réponde à ma question cette semaine en disant : Il n'y
aura aucune exception pour motif religieux. Ah! bien, on avance. Alors, moi,
j'aime mieux être dans un processus d'amélioration. On verra les amendements
qui seront déposés. On verra, avec l'excellent travail d'Agnès et des collègues
à la commission, si on peut aller encore plus loin et, si on est satisfaits et
qu'il y a vraiment une avancée significative, on va voter oui. Si on n'est pas
satisfaits, on votera non.
M. Lacroix (Louis) : Dans
l'état actuel des choses, non.
Mme
Maltais
: Si
vous me permettez, juste un peu mot, une phrase, les signaux que j'ai reçus
actuellement du gouvernement étaient à l'effet qu'ils examinaient sérieusement
nos amendements et que certains pourraient être adoptés. Semble-t-il que nous
ayons eu la bonne approche.
M. Lisée
: On jugera.
On jugera de la qualité des avancées.
Le Modérateur
:
Geneviève Lajoie.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Bonjour. Quelle est la différence entre votre position et celle de la CAQ à
l'heure actuelle?
M. Lisée
: Je pense que
la position essentielle, c'est que, nous, on veut vraiment le succès des
Québécois d'adoption, et qu'on travaille fort là-dessus, et qu'on cherche des
mesures pour faire en sorte qu'ils aient les stages, ils aient la
reconnaissance des diplômes rapidement, qu'on va…
Mme Lajoie (Geneviève) :
…signes religieux.
M. Lisée
: Bien, c'est
ça la différence, O.K.? C'est que, pour la CAQ, c'est un genre d'idée fixe, c'est
la seule chose dont ils peuvent parler. Bien, nous, on pense que c'est essentiel
de faire autre chose aussi et que, si on veut le succès, il faut être équilibré
dans notre approche. Et la CAQ est complètement déséquilibrée, complètement
déséquilibrée.
Mme Lajoie (Geneviève) : Pour
les signes religieux, votre position, là, s'apparente beaucoup à celle de la
CAQ aujourd'hui, là, avec les enseignants qui sont ajoutés, le tchador.
M. Lisée
: Le tchador a
toujours été là, comme je le dis. D'ailleurs, je vais vous dire quelque chose
sur la pub de la CAQ. Voulez-vous que je dise quelque chose sur la pub de la
CAQ? Le débat politique québécois, par rapport à ce qui se passe aux
États-Unis, a toujours été exempt d'une volonté consciente de mentir pour
obtenir des gains politiques. On y a échappé, au mensonge programmé. Puis on
regardait, aux États-Unis, ce qui se passait, mais comment ça se fait, des
candidats, des chefs de parti mentent, font des publicités mensongères. Jamais
ça n'arrivera au Québec. Bien, ça vient d'arriver. Aujourd'hui, François
Legault a décidé de diffuser une publicité qu'il sait mensongère. C'est extraordinaire.
Alors, on s'est demandé : Mais
pourquoi? Qu'est-ce qui s'est passé? Nous, on sait que nos pointages, dans les
quatre partielles, sont très bons, que l'accueil est très bon. On sait que ça
va mal, dans Arthabaska, pour la CAQ, à cause de leur utilisation de Sylvie
Roy. On le sait, ça, on le voit sur le terrain puis on sait que ça va mal à
Saint-Jérôme pour la CAQ. Alors, est-ce que c'est pour ça que François Legault
a décidé... écoute, ça va tellement mal qu'on va mentir, ça va tellement mal
qu'on va utiliser un argument d'une démagogie jamais connue au Québec?
Eh bien, il y a peut-être des gens qui
vont croire le mensonge de François Legault, mais moi, je parie qu'il y a beaucoup
plus de gens qui vont dire : Ouache! ce n'est pas ça qu'on veut en politique
québécoise. Un futur premier ministre qui fait une publicité qu'il sait
mensongère, non, ce n'est pas ça qu'on veut.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Peut-être juste une précision. Vous gardez l'idée d'une discussion sur le voile
intégral dans l'espace public. Pourtant, ça avait quand même soulevé quelques
frictions durant la dernière course à la chefferie. Pourquoi le garder?
M. Lisée
: Parce que c'est
une bonne idée.
M. Croteau (Martin) : À mon
tour, j'aurais peut-être une ou deux petites précisions à vous demander. Concernant
l'interdiction possible des signes religieux chez les éducatrices en garderie,
je crois comprendre que certaines ne seraient pas des salariées de l'État,
tiendraient, par exemple, des garderies familiales.
Donc, est-ce que l'intention du Parti québécois
serait d'interdire les signes religieux à ces éducatrices en milieu familial?
Est-ce qu'il y aurait une clause de droit acquis, puisque, si je lis
strictement le texte, là, vous parlez des salariés de l'État? Donc, est-ce que
cette clause s'appliquerait à elles, et pourquoi cette interdiction est
nécessaire, à vos yeux?
Mme Maltais : Écoutez, on
disait clairement qu'on va l'appliquer de façon graduelle dans les garderies en
installations, ce qu'on appelle les CPE en installation, mais c'est sûr que les
garderies en milieu familial sont souvent des petites entreprises privées. Il y
a aussi les garderies qui procèdent par crédit d'impôt. Alors, là où on a
affaire véritablement, pour nous, aux installations, ce qui est les salariés de
l'État, là, on parle de l'imposition graduelle.
Pour le reste, il faut absolument parler
avec les milieux concernés. Il faut en parler avec les parents, il faut en
parler avec les gens qui y travaillent au jour le jour. Alors, on va faire une
table de travail avec eux, avec les experts, puis on va voir comment on peut
gérer ça, l'idée étant de protéger les enfants de toute influence indue. Alors,
l'idée, c'est de protéger les enfants. C'est pour ça aussi que le cours
éducation et culture religieuse, on veut le transformer en éducation à la
citoyenneté, parce que les commentaires que nous avons sont à l'effet
qu'actuellement, dans sa forme actuelle, il ne protège pas les enfants. Alors,
voilà ce qu'on veut faire, protection des enfants, et, là où on a besoin de
travail avec les experts, avec les gens qui s'y connaissent, on va travailler
avec eux.
M. Croteau (Martin) :
M.Lisée, vous avez eu un débat très musclé, pendant la course à la direction,
avec Alexandre Cloutier sur la question identitaire. Je ne peux m'empêcher de
remarquer qu'il n'est pas ici aujourd'hui. Est-ce qu'on doit voir son absence
ou interpréter son absence comme un malaise de son côté?
M. Lisée
: Non, pas du
tout. En fait, les gens qui sont ici représentent les dossiers qui sont en jeu
dans la présentation, donc le président du caucus, qui représente le consensus
du caucus; Carole, qui a les responsabilités d'immigration et de communautés
culturelles; et Agnès, qui a la responsabilité de laïcité. Alors, ce sont les porte-parole
désignés. Je suis sûr que vous allez interroger Alexandre, il sera heureux de
répondre à vos questions.
M. Croteau (Martin) : Et vous
vous êtes assuré qu'il est à l'aise avec la totalité de la plateforme que vous
présentez aujourd'hui?
M. Lisée
: Est-ce que
c'est ce qu'il aurait proposé s'il avait été chef? Non. Est-ce qu'il fait
partie du consensus? Oui.
Le Modérateur
: On
passe en anglais, si… Ah! Philippe-Vincent aurait une dernière question.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Dans les signes religieux, est-ce que ça inclut la croix cachée en dessous du
chandail, ou des tatous, ou...
M. Lisée
: Des signes
visibles.
Le Modérateur
: On
passe en anglais. Maya Johnson, CTV.
M. Lisée
: Mais il n'y
aura pas de fouille à nu.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Même respectueuse.
M. Lisée
: Même
respectueuse.
M. Laforest (Alain) : Juste
une précision, M. Lisée. Dans toute votre approche, là, parce qu'au début on a
parlé beaucoup des signes religieux puis identitaires, là, est-ce que vous
tentez de rebâtir — et cette question-là est toujours plate quand on
vous la pose, mais je vous la pose quand même — est-ce que vous
tentez de rebâtir le pont de 1995 une nouvelle fois?
M. Lisée
: Le pont de 1995?
Qu'est-ce que vous voulez dire?
M. Laforest (Alain) : Du
référendum de 1995.
M. Lisée
: Quel pont?
M. Laforest (Alain) : Le pont
qui a été coupé avec les minorités. Est-ce que vous allez y arriver avec ça?
M. Lisée
: Notre
volonté, elle est très ferme, et d'ailleurs vous voyez la… ce que Carole va
faire d'abord, c'est recenser tous les membres des communautés qui sont des
sympathisants ou des membres du Parti québécois parce qu'il y en a pas mal plus
qu'on pense. Dans nos campagnes à la chefferie, il y en a eu beaucoup qui se
sont ajoutés. Et donc, on a une force d'attractivité dans les communautés plus
grande que même avant le discours de 1995.
Moi, je suis très optimiste sur notre
capacité, dans les deux années à venir jusqu'à l'élection, de démontrer
concrètement que la présence de la diversité québécoise, elle est tangible et
visible à l'intérieur du Parti québécois. Et, oui... D'abord, vous savez que,
dans les communautés, il y a des laïcs, il y a des gens qui sont très, très
engagés pour la laïcité, hein? Elle est multiforme. Les communautés, les
Québécois de la diversité sont multiformes.
Il y a des gens qui ont les mêmes
objectifs que nous, les mêmes propositions que nous, mais ce qui est important
aussi, c'est qu'ils disent : Oui, mais qu'est-ce que vous avez à dire pour
nos jobs, O.K.? Vous parlez des signes religieux, O.K., là, mais qu'est-ce que
vous avez à dire pour nos jobs, pour qu'on soit reconnus, pour qu'on ait des
bons salaires? On dit : Bien, c'est ça, vous avez raison, il faut parler
de ça énormément, arrêter la discrimination, arrêter le racisme, faire en
sorte... arrêter de briser des vies en faisant venir des travailleurs qualifiés
qui sont qualifiés, mais qui n'ont pas des emplois à la hauteur de leur
qualification. Il faut travailler aussi fort là-dessus que sur les signes
religieux.
Le Modérateur
: Maya
Johnson, CTV.
Mme Johnson (Maya) : Hello, everyone. Mr. Lisée, I'm looking at the wording in the press
release, and it says that the Parti québécois has always defended the Québécois
identity, but in more of a defensive way. And now you're moving towards a
positive, serene and inclusive approach. So is that an acknowledgment that your
previous strategic ways of doing things… was that a failure?
M. Lisée
:
No. I think we're at the next stage. We're at the next stage. I think, when
Bill 101 was passed, you know, the situation was dire, and it was a defensive
measure.
Now, what we say is that we
want to have our students learn about citizenship, about the freedom of
religion, the freedom of expression and be advised of the… of credit, of
radical Islam and of sexual predators. This is a positive way. We have to go
forward on that. We want to express what are our common values, and what we
share, and what we can do together. And one of the elements of this positive
posture is to say : We have to work much harder at getting Quebeckers from
other lands that come here to have good jobs equal to their abilities and
qualifications. And we haven't work sufficiently well in the past, we should do
much more on that and we commit to do that.
At first, what we're
saying today is that a PQ government, its first measure on all these issues of
identity and immigration would be to implement a series of measures that would
better serve Quebeckers of different origins that are not in good enough jobs,
that have been denied jobs or lodging in the past, and that's a priority.
Mme Johnson (Maya) : You had very harsh words for the CAQ because of the ad that they put out this morning, saying it's not really truthful.
But, fundamentally, aren't the CAQ and the PQ saying the same thing when it
comes to the chador? What's the difference between your position and the CAQ's
position?
M. Lisée
: Well, that's the point. They're trying to say there's a difference
when there's not. So that's where the lie is, you know. We've been exempt in Québec of this kind of American style, willful lying in political ads
until today. Today, François Legault decided to willfully emit a lie, and
that's the first time we see this here. I think he believes that some people…
that it will stick. What I believe is that most Quebeckers will see that and be revulsed by a Québec politician that resorts to lying to try to make political points.
Now, we know that it's
going well in the four by-elections and that it's not going well for the CAQ in
the by-elections. So is that why they decide to go all out and resort to lying
to try to hold on to some votes? Well, it's pathetic.
Mme Johnson (Maya) : Merci.
Le Modérateur
: Ryan Hicks, CBC.
M. Hicks (Ryan) : …on that. Taking away in that CAQ ad, taking away the text, and
just let's look at the just the image, and the image of a woman in a chador,
and the negative ad, is that something you would be comfortable with as party
leader, that your party would use in an election, using the image of a woman in
a chador or any kind of religious clothing in a negative ad?
M. Lisée
: I see your point. Someone has said that the chador itself is a
symbol of oppression of women. That person is Premier Philippe Couillard last
year, and I think he was right then. He changed his mind now. And I'll keep it
at that.
M. Hicks (Ryan) : Well, my question
is more, looking into the next election, if your people came to you and said :
Let's put out this negative ad with an image of a woman in a chador or a niqab,
would you be comfortable with that?
M. Lisée
: I would be uncomfortable.
M. Hicks (Ryan) : My other question is
on the burqa consultation. So you said it's a good idea. Why is it a good idea
and will you speak to women who wear a burqa as part of this consultation?
M. Lisée
: Well, the consultations will go to what other democracies have done
when they dealt with that. And they've dealt with it in different ways. And I'm
going to ask parliamentarians and experts to… Yes, sure. The answer is yes to
your question, but I don't want
a show trial. I don't want a, you know, an open thing where racist things would be said. I don't want
that. I don't want that in any case. I want a measured
expert collection of facts and recommendations to the Québec Government.
Le Modérateur
:
Raquel Fletcher, Global.
Mme Fletcher (Raquel) : Should teachers be allowed to wear chadors in Québec's schools?
M. Lisée
:
Well, yes, what we say now is that for new hires, the dress code will be :
no political, social or religious signs, so for new teachers. Existing teachers
have the right that they have for their whole career. And we will, as a
National Assembly, say : Listen, when you work for the State, you should
have a duty of not showing your convictions, be they political, social or
religious, but, you know, you decide, but that would be the preferred thing to
do.
But as for teachers and,
you know, for the health sector, that's the whole thing. For the health sector,
we simply say : It would be nice if a patient would not have to see the
convictions of the employee in any way. It would be nice. Think about it, OK?
But for teachers who are figures of authority at the primary and secondary
school, we're not talking about CEGEPs or universities, but primary and
secondary schools, we say : New hires will have this new dress code in
terms of signs.
Mme Fletcher (Raquel) : OK. If you're elected Premier in 2018, how will you reach out to
new immigrants, particularly women, as the Premier?
M. Lisée
:
Well, I will by being more forceful than any Premier before me in fighting
against racism and discrimination, that's clear. I will want to make sure that
young students have the absolute right to knowledge and I will act forcefully
against sex that would take out young kids and refrain or make it so that they
don't learn what a normal, you know, Québec child should know.
You know, our insistence
on equality of men and women cannot be stronger. We think this equality should
predominate on other issues when deciding on a number of things. And I'm not
going wait until the election. We have two initiatives already started in the
Parti québécois to make sure that there are more members of diversity in the
party, helping us frame policy on these issues in particular, but policies on all
issues as well. And we know that, across the board… you know, we talk a lot
about these identity issues and religious signs, but what members of the
communities are telling us, like others : We want good jobs, we want to be
recognized for our skills, we want to be part of the dynamism of Quebec. Stop
saying that we're the other, we're you, you know.
So that's why we want an
inclusive approach to that, and we're forceful on secularism, and we're equally
forceful on making sure that every immigrant story in Quebec is a success
story.
Mme Fletcher (Raquel) : Do you regret comments that you made during the leadership campaign
that women could hide weapons underneath their chadors or their burqas?
M. Lisée
:
Not my best line. Thank you.
Le Modérateur
:
Caroline Plante, la Gazette.
Mme Plante (Caroline) : Wait, wait, wait, there's me. There's me. Hello? Mr. Lisée, you've
said repeatedly…
M. Lisée
:
Oh! that was a good punch. I mean, it was a nice ending.
Mme Plante (Caroline) : Yes, but... You've said repeatedly, you've said that you want to
reach out to the Anglophone and Allophone community. How confident are you that
they will adhere to this idea of reviving elements of the values charter?
M. Lisée
:
Well, you could say there's elements also in the Liberal bill, you know.
Anything we do was included in the previous debate. So the question is…
clearly, there is a majority of Quebeckers that want to go forward on that. What
is the more reasonable path? Who is most trustworthy to do this and in the most
respectful and gradual way? And I think the answer is the Parti québécois.
Mme Plante (Caroline) : OK. What happens to the...
M. Lisée
:
You seem skeptical. You seem skeptical. Yes.
Mme Plante (Caroline) : What happens to the public sector employee who refuses to comply
and leave his or her religious symbol at home? You've said : No sanctions.
But won't that create tension in the work place among employees? What happens
to that employee?
M. Lisée
:
Well, when you change attitudes in a society, you know, there's discussion,
there's : Oh! I decided to go along, you didn't, so… There's going to be
discussion, but that's how a society changes its attitudes. But, listen, there is no sanctions, there is no time tables, so this is
my right, and I know Quebeckers,
you know, they can be forceful in asserting their rights. I have no
«inquiétude».
Mme Plante (Caroline) : Wouldn't that lead to some sort of bullying?
M. Lisée
: I don't think so. No.
Mme Plante (Caroline) : No? So that person would be welcomed in the public service and be
able to fully, you know, work and exercise his or her right to wear a religious
symbol despite what you are saying in this strategy?
M. Lisée
:
Exactly so.
Mme Plante (Caroline) : OK. And last question, sorry, what about Quebeckers who don't want
to choose between a job and a religious symbol? Some Quebeckers would prefer
not having to choose between : do I apply for a job in the public service
and risk getting bullied or looked at the wrong way.
M. Lisée
:
Well, laws are laws, and so you have the choice to comply or do something else.
Thank you.
Le Modérateur
: Merci.
(Fin à 12 h 22)