(Onze heures trois minutes)
Mme Massé : Oui, alors,
bonjour, tout le monde. Je suis très heureuse d'être à nouveau devant vous avec
l'aile complète de Québec solidaire à l'Assemblée nationale. Ça fait du bien
d'avoir du renfort. Ça ne paraît pas, mais le tiers de notre aile parlementaire
qui se rajoute, ça va faire, donc, poursuivre le travail de façon aussi intense
qu'on peut nous connaître. Et c'est avec grand plaisir, grand honneur que je
laisserai la parole au nouveau député de Gouin, M. Gabriel Nadeau-Dubois.
M. Nadeau-Dubois (Gabriel) :
Merci beaucoup, Manon. Bien, bonjour, bonjour, tout le monde. Écoutez, je veux tout
d'abord exprimer ma reconnaissance, ma gratitude envers les électeurs, les
électrices de Gouin, qui m'ont accordé, la semaine dernière, leur confiance.
Ils m'ont donné un mandat, un mandat clair, un mandat fort, et je suis tout à
fait conscient de la responsabilité qui découle de la force du mandat que j'ai
retenu. Et la première chose que je veux leur dire, c'est que je vais
travailler très fort avec mes collègues Amir et Manon pour être à la hauteur de
cette responsabilité-là qu'ils m'ont accordée.
Ce mandat-là, ce mandat fort, ils me l'ont
donné en me connaissant. Ils me l'ont donné parce qu'on a fait campagne sur le
terrain et que je les ai rencontrés pendant plus d'un mois de campagne. Ils
m'ont donc donné ce mandat en connaissant la manière dont je veux faire de la
politique, c'est-à-dire pas pour faire plaisir, pas pour faire l'unanimité,
mais pour faire avancer des idées, pour susciter des débats, pour faire avancer
un projet de société, et c'est ce que je compte faire dès cet après-midi en
tant que député de Gouin à l'Assemblée nationale.
La Modératrice
: Pour
la période des questions, s'il vous plaît, en cette période extrêmement serrée
d'assermentation, on va se limiter, s'il vous plaît, à une question, une
sous-question. Alain Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour, bonjour à vous tous. Vous parlez de mandat fort. Taux de participation :
moins de 33 %. Vous trouvez que c'est un mandat fort avec un taux de
participation à 32 %?
M. Nadeau-Dubois (Gabriel) :
Moi, le seul taux de participation qui m'aurait satisfait, c'est 100 %.
Alors, bien sûr, on souhaite toujours qu'il y ait plus de participation
citoyenne dans nos élections générales et partielles. Ceci étant dit, le
33 %, il est néanmoins dans la moyenne pour ce genre d'élection là. Et
puis en termes... Moi, je regarde aussi le nombre de voix absolues que j'ai
reçues puis je suis assez fier d'avoir convaincu plusieurs milliers de
personnes d'appuyer ma candidature et surtout le projet de société de Québec
solidaire. Et puis il y aura une autre élection générale très bientôt, alors
les citoyens et citoyennes de Gouin auront l'occasion, à ce moment-là, de juger
le travail que j'aurai fait ici.
M. Laforest (Alain) :
Maintenant que vous avez retrouvé votre parole personnelle, est-ce que vous
êtes prêt à condamner toute violence politique?
M. Nadeau-Dubois (Gabriel) :
Moi, je crois que, dans une société démocratique, la violence n'est pas une manière
de faire avancer ses idées. Et là-dessus Québec solidaire a toujours été
impeccable. On est un parti qui sommes près des mouvements citoyens, près des
mouvements sociaux, et on a toujours été capables par le passé de tracer la
ligne, d'appuyer ce qu'on voulait appuyer et de ne pas appuyer ce qu'on ne
voulait pas appuyer, et moi, je vais continuer dans cette lignée-là avec Amir
et Manon.
La Modératrice
:
Mathieu Boivin, Cogeco Nouvelles.
M. Boivin (Mathieu) : La
poussière étant maintenant retombée un peu sur les événements des dernières
semaines, voyez-vous comme un échec à réparer au plus pressé que la convergence
avec le Parti québécois?
M. Nadeau-Dubois (Gabriel) :
Écoutez, la stratégie de pactes électoraux, c'est une stratégie que le Parti
québécois avait mise sur pied. Ils nous l'ont proposé. On en a discuté. On en a
discuté en profondeur. On en a parlé beaucoup à Québec solidaire. On a fait le
débat démocratiquement, et il y a une décision qui a été prise, celle de
présenter 125 candidatures en 2018. Cette décision-là, elle est prise. Il
faut maintenant tourner la page. Et, moi, à partir de cet après-midi, j'ai
envie de me concentrer sur le parti au pouvoir. C'est le Parti libéral du
Québec qui est au pouvoir depuis 15 ans et c'est le Parti libéral du
Québec qui a affaibli notre système d'éducation, qui a affaibli notre
démocratie avec de multiples scandales de corruption. Moi, c'est de ça dont
j'ai envie de parler, pas coller des étiquettes ou lancer de la boue au Parti
québécois.
M. Boivin (Mathieu) : En
présentant 125 candidats, forcément, vous estimez que vous pouvez former
un gouvernement majoritaire aux prochaines élections?
M. Nadeau-Dubois (Gabriel) :
On ne fonde pas un parti politique pour faire des épluchettes de blé d'Inde, on
fonde un parti politique parce qu'on veut transformer la société, et le moyen
par excellence de faire ça, c'est de former le gouvernement. Alors, bien sûr
qu'à Québec solidaire c'est notre objectif ultime. Ceci étant dit, on est bien
conscients que la route est longue, qu'il y a beaucoup de chemin à parcourir,
qu'on a encore beaucoup de gens à convaincre. Et j'arrive avec toute mon
énergie, celle de Manon et celle d'Amir pour continuer à faire ce travail-là,
convaincre le plus de Québécois, Québécoises possible que notre projet de
société, là, il est différent des autres et c'est le bon pour l'avenir du
Québec.
La Modératrice
:
Patrick Bellerose, Journal de Québec.
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour. Votre premier geste aujourd'hui sera de déposer une motion qui appuie
le salaire minimum à 15 $ en Ontario et qui invite le gouvernement à faire
de même. Pourquoi ce premier geste?
M. Nadeau-Dubois (Gabriel) :
Il y a définitivement un mouvement qui est en marche en Amérique du Nord
derrière l'augmentation du salaire minimum. Aux États-Unis, il y a plusieurs
législations municipales et étatiques qui sont allées dans ce sens-là. Nos
voisins ontariens viennent de le faire aussi. Il y a un momentum autour de
cette question-là. À Québec solidaire, c'est une revendication qu'on a depuis
notre fondation, une augmentation significative du salaire minimum. Cette
motion-là, pour moi, c'est une manière de démontrer qu'on est du côté,
résolument, des travailleurs, travailleuses, mais aussi du côté de l'économie
locale et régionale. Parce que ce qu'on ne mentionne pas assez souvent, c'est
que l'augmentation du salaire minimum, bien sûr, ça permet de lutter contre la
pauvreté, mais c'est aussi une bonne mesure économique parce que notre
économie, là, elle fonctionne parce que la classe moyenne est capable de
dépenser, de consommer, d'acheter dans des commerces locaux dans toutes les
régions du Québec. Et, si on veut contribuer à redémarrer l'économie des
régions, il faut redonner du pouvoir d'achat à la classe moyenne. Et une
augmentation du salaire minimum, c'est un bon moyen de faire ça, pas
seulement... Donc, ce n'est pas juste une mesure de justice sociale, c'est
aussi une mesure de prospérité. Et ça, en Amérique du Nord, de plus en plus de
gens s'en rendent compte, et pas nécessairement des gens très à gauche, y
compris des gouvernements de centre, comme le gouvernement libéral en Ontario.
M. Bellerose (Patrick) :
Êtes-vous déçu de voir que les trois chefs de parti ne seront pas là pour vous
accueillir aujourd'hui?
M. Nadeau-Dubois (Gabriel) :
Je comprends tout à fait. Il y a un événement quand même pas banal qui se passe
à Montréal. La venue d'Obama, c'est un événement important. Alors, moi, je
comprends tout à fait leur absence, et, non, ça me semble tout à fait normal,
même.
La Modératrice
: Marco
Bélair-Cirino, Le Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui, bonjour. Alors, certains ont été surpris de vous voir aujourd'hui avec une
cravate. Vous allez prêter allégeance à la reine un peu plus tard aujourd'hui
pour être consacré député de Gouin. C'est essentiel, c'est la constitution qui
le prévoit. Est-ce qu'il y a déjà des couleuvres que vous avez dû avaler pour
assumer ce rôle de député?
M. Nadeau-Dubois (Gabriel) :
Premièrement, sur la cravate... commençons par le plus important. Non, mais,
sans blague, sur la cravate, moi, je veux dire, c'est dans le code
vestimentaire, ça fait partie du décorum. Et c'est normal pour une institution
politique d'avoir un décorum et de demander un certain décorum. Moi, ça ne me
dérange pas. L'important, ce n'est pas ce que j'ai autour du cou. L'important,
c'est ce que je dis, c'est les idées que je défends, le projet de société que
je mets de l'avant. Et ça, ça ne changera pas parce que je suis député.
Sur la question du serment à la reine, je
vais me plier, comme l'on fait mes collègues auparavant...
M. Khadir
: Avec
toutes les réserves.
M. Nadeau-Dubois (Gabriel) :
...avec toutes les... à ce serment-là. Mais les gens connaissent où je loge sur
les enjeux constitutionnels, sur les enjeux d'autodétermination des peuples, et
je vais m'assurer que ce soit mentionné durant la cérémonie.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Comment peut-on mesurer, dans un an et quelques mois, lors de la dissolution de
l'Assemblée nationale, si votre présence a été utile? Est-ce qu'il y a des
objectifs, là, qui sont quantifiables? Vous souhaitez peut-être déposer un
projet de loi, le voir adopter ou, au contraire, freiner et empêcher l'adoption
d'un projet de loi présentement inscrit au feuilleton?
M. Nadeau-Dubois (Gabriel) :
Bien, je vais laisser les analystes faire les analyses, les commentateurs faire
les commentaires. Moi, je vais y aller tranquillement, étape par étape. C'est
une nouvelle vie qui commence pour moi, j'ai énormément de choses à apprendre.
Je sais que je vais pouvoir compter sur Amir et Manon pour m'accompagner
là-dedans. Alors, on va attendre pour fixer des objectifs d'ici 2018.
Ce que je sais, c'est qu'il y a certains
dossiers que je veux porter, certains enjeux que je veux mettre de l'avant,
celui de l'éducation, bien sûr, mais aussi celui de la culture, celui des
enjeux constitutionnels. Ça fait partie des nombreux dossiers dont j'ai hérité
comme député, et je vais vouloir parler de ces idées-là puis amener ce nouveau
discours là à l'Assemblée nationale.
La Modératrice
: Simon
Boivin, Le Soleil.
M. Boivin (Simon) :
Bonjour, M. Nadeau-Dubois. Pour faire un peu de pouce sur la question de
mon collègue Laforest, vous dites que, donc, la violence n'est pas une façon de
parvenir à ses fins, de faire avancer ses causes. Qu'en est-il de la
désobéissance civile? Est-ce que c'est quelque chose qui est acceptable, selon
vous?
M. Nadeau-Dubois (Gabriel) :
Dans l'histoire des démocraties, il y a eu de nombreux moments où la
désobéissance civile pacifique a été utilisée pour contrer des décisions qui
étaient illégitimes, qui étaient injustes, et, pour moi, c'est le genre de situation
qui s'évalue au cas par cas. Il faut regarder dans chaque situation, et Québec
solidaire, on a toujours été capables de le faire. Moi, je crois bien sûr en la
primauté du droit, en l'État de droit, c'est fondamental pour protéger les
individus, protéger la société contre les dérives autoritaires, et Québec
solidaire, on a toujours été capables de séparer le grain de l'ivraie, on a
toujours été capables de prendre des positions claires sur ces enjeux-là.
M. Boivin (Simon) :
D'autre part, peut-être sur un élément plus d'actualité, la semaine dernière il
y a eu toute la question de la lettre du Parti québécois au comité de
coordination, on allait se pencher sur la question. Je me demandais si le
comité avait pris une position quant aux demandes d'excuses ou de distance à
prendre, là, des propos qui ont été tenus lors du congrès concernant le Parti
québécois.
M. Nadeau-Dubois (Gabriel) :
Bien honnêtement, moi, je pense qu'il est temps de passer à autre chose. Se
coller des étiquettes, se lancer des insultes, se réclamer des excuses parce
que des militants et des militantes ont tenu certains propos, ça ne me semble
pas très sérieux. Si moi, comme député de Gouin et porte-parole de Québec
solidaire, je demandais des excuses à Jean-François Lisée, à Philippe Couillard
ou à François Legault à chaque fois que des militants et des militantes de leurs
partis m'envoyaient promener, j'enverrais 35 lettres d'excuses par jour.
Alors là, je pense qu'il faut tourner la page, on est rendus ailleurs.
Moi, j'invite tout le monde qui sont... en
fait, j'invite tous les progressistes, tous les indépendantistes à se
concentrer sur le parti au pouvoir qui est celui, là, qui a affaibli le Québec
dans les 15 dernières années.
M. Boivin (Simon) : Je
comprends que la décision a été prise et que le comité ne présentera pas
d'excuses?
M. Khadir
: Ce n'est
pas... Là, le comité de coordination national va, en temps et lieu, voir à ça.
Mme Massé : Répondre au
PQ.
M. Khadir
: Ça
appartient à nous et à PQ.
M. Laforest (Alain) :
Oui, mais c'est en fin de semaine, là?
M. Khadir
: La
décision va vous être connue très bientôt.
La Modératrice
: Martin
Croteau, LaPresse.
M. Croteau (Martin) :
Bonjour à tous. Bonjour, M. Nadeau-Dubois. La plupart des gens vous
connaissent comme le leader des carrés rouges. Votre entrée en politique a été
marquée par une déclaration qui a froissé beaucoup de gens, à savoir que la
classe politique avait trahi le Québec. Est-ce que vous sentez le besoin de montrer
peut-être un autre visage de vous, peut-être un nouveau Gabriel Nadeau-Dubois
que, maintenant, on va découvrir en tant que politicien?
M. Nadeau-Dubois : Encore
une fois, je vais vous laisser les analyses, c'est votre travail. Sur la déclaration
elle-même, je crois qu'il y a énormément de gens au Québec qui sont déçus par
le système politique. Il y a énormément de gens qui se sont sentis trahis dans
les dernières années par des partis politiques qui n'ont pas respecté leurs
promesses. Le dernier exemple en lice, c'est la promesse brisée des libéraux
fédéraux de réformer le mode de scrutin. Mais il y en a eu beaucoup, des
promesses brisées, et il n'y a aucun parti qui a le monopole sur cette
question-là. Ça a été plutôt également réparti de part et d'autre.
Alors, ce sentiment-là, il est partagé par
de nombreux Québécois et Québécoises. Dire ça, bien sûr, ça ne veut pas dire
que chaque député, chaque ministre a individuellement été un ou une
traître, bien sûr que non, il ne faut pas caricaturer. Mais est-ce que c'est un
sentiment partagé par beaucoup de gens
au Québec? Je crois
que oui, je crois que oui.
M. Croteau (Martin) :
Mais ce n'est pas ça, ma question. Ma question, c'est : Est-ce que vous
avez un changement de style à opérer pour peut-être plaire à davantage
d'électeurs que seulement votre base?
M. Nadeau-Dubois : Comme
je vous ai dit, je vais vous laisser commenter mon style. Moi, il y a quelque
chose dont je suis très fier, c'est que, oui, depuis 2012, j'ai changé. J'ai
appris certaines choses. J'ai appris à mieux connaître le Québec. J'ai beaucoup
voyagé à travers le Québec. J'ai rencontré des milliers de personnes. Ça,
forcément, ça m'a changé. Je vais vous laisser faire les commentaires. Mais,
malgré ces changements-là, les idées, les valeurs, le projet de société que
j'ai défendus en 2012, j'y crois toujours. Et moi, je fais confiance à
l'intelligence des gens pour être capables de nous écouter, Manon, Amir et moi,
dans ce qu'on propose pour le Québec. Et moi, je pense que les gens sont
capables de nous écouter. Et, s'ils ne m'aiment pas la face, bien, ils peuvent
fermer les yeux et écouter ce qu'on propose.
M. Croteau (Martin) : À
quel point c'est important en politique de bâtir des consensus, d'être
unificateur pour la société? Puis estimez-vous être ce genre de politicien là?
M. Nadeau-Dubois : En
fait, je dirais, moi, j'admire beaucoup la manière dont Québec solidaire a
travaillé au sein de l'Assemblée nationale depuis l'élection de son premier
député. Québec solidaire est un parti qui est ferme sur les principes, qui est
clair sur le projet de société, mais qui est flexible sur la manière de le
faire avancer. C'est ce qui a fait en sorte qu'on a été capables, dans les dernières
années, de travailler avec la CAQ sur l'enjeu des minicentrales, par exemple,
qu'on a été capables hier de faire une sortie conjointe avec Carole Poirier, du
Parti québécois, sur la question des CPE. C'est ce qui nous a permis de signer
une entente avec tous les partis politiques québécois, sauf les libéraux, sur
la question du mode de scrutin proportionnel. Donc, on en a fait déjà la
démonstration, à Québec solidaire, que tout en restant fidèles à nos principes,
on est capables de construire des ponts puis de travailler avec les autres
partis qui sont représentés à l'Assemblée nationale. Et, personnellement, je
m'inscris en parfaite continuité avec cette manière-là de faire de la politique :
clairs sur les principes, flexibles sur les moyens.
La Modératrice
:
Gilbert Lavoie, Le Soleil.
M. Lavoie (Gilbert) :
Bonjour. Je ne voudrais pas mal vous citer, mais vous avez dit, je pense, dans
une entrevue récente, qu'il fallait changer un peu Québec solidaire, qui était
peut-être un peu trop traditionnel dans ses façons de faire. De quelle manière
est-ce que vous désirez voir Québec solidaire changer?
M. Nadeau-Dubois (Gabriel) :
Premièrement, c'est une réflexion dont je n'ai pas le monopole. Il y a, au sein
de Québec solidaire, une réelle volonté de transformer le parti pour le
rapprocher de ce qu'on pourrait appeler un mouvement social. Il y a beaucoup de
gens, à Québec solidaire, qui trouvent qu'un de nos principes fondateurs, qui
est d'être un parti des urnes et un parti des mouvements, bien, ce principe-là,
on n'est pas encore arrivés à l'incarner parfaitement. Et on se rend compte… et
je fais partie de ces gens-là qui se rendent compte qu'il y a des nouvelles
technologies qui, aujourd'hui, nous permettent de réaliser plus que jamais ce
principe-là qui est dans l'ADN de Québec solidaire. Ça veut dire ouvrir les structures,
décentraliser l'action militante, permettre à de plus en plus de gens de
s'impliquer et le faire, disons, en se structurant de manière peut-être un peu
moins hiérarchique que les partis politiques traditionnels. On a déjà fait des
expériences lors de la partielle dans Gouin, en permettant, par exemple, aux
militants et militantes partout au Québec de procéder à du pointage
décentralisé dans la circonscription de Gouin. Ça, c'est quelque chose qui
n'avait jamais été fait avant. Donc là, je vous donne un exemple concret de
quoi ça peut avoir l'air.
Mais bien sûr on s'avance en terrain
inconnu, donc ça va être une expérimentation dans la prochaine année pour qu'en
2018 on ait un mode d'organisation du XXIe siècle. Et c'est ce mode
d'organisation là qui a permis à différents mouvements progressistes à travers
le monde de faire des belles avancées récemment. Il y a des exemples en France,
aux États-Unis et en Espagne. Il faut s'inspirer, je pense, de ces
expériences-là pour vraiment mettre sur pied ce mouvement politique là.
M. Lavoie (Gilbert) :
Sur un autre sujet, depuis son élection, Philippe Couillard a tenté de prendre
ses distances et tente encore de prendre ses distances du gouvernement de Jean
Charest. Est-ce que vous estimez que l'actuel Parti libéral, l'actuel
gouvernement libéral est corrompu?
M. Nadeau-Dubois (Gabriel) :
Je pense que le Parti libéral du Québec a des problèmes d'éthique et de
corruption depuis longtemps.
M. Lavoie (Gilbert) :
Mais maintenant, là. Je parle de celui-ci.
M. Nadeau-Dubois (Gabriel) :
Je pense que ces problèmes-là ne sont pas encore tous réglés. Il y a encore des
gros problèmes. Il y a encore eu des révélations journalistiques dans les
derniers jours, dans les dernières semaines, même dans les dernières heures. Et
nous, on a toujours été… notamment Amir a toujours été à l'avant-plan pour
critiquer ces dérives-là. Et, à Québec solidaire… et moi, je vais continuer
dans cette voie-là. Il y a actuellement un parti politique au pouvoir au Québec
depuis très longtemps, et manifestement il y a une usure du pouvoir.
La Modératrice
:
Caroline Plante, LaPresse canadienne.
Mme Plante (Caroline) :
Bonjour. J'aurais une question pour M. Khadir. M. Khadir, est-ce que
votre rôle aujourd'hui change? Et entendez-vous, à compter d'aujourd'hui,
être... entendez-vous être beaucoup plus effacé pour laisser toute la place à
M. Nadeau-Dubois?
M. Khadir
: Bien,
mon rôle a changé, si vous vous rappelez, en 2013 et ça fait longtemps que moi,
j'aspire... et ça fait longtemps, en fait, que je rêve... Je l'ai dit lorsque
les deux ont été applaudis lors de notre congrès, là, après leur discours
d'ouverture, je me suis levé, puis je me suis aperçu, là, que ça fait longtemps
qu'on rêvait de cette occasion, à Québec solidaire, de montrer qu'à Québec
solidaire les dirigeants, les responsables ne s'accrochent pas au pouvoir. Moi,
je me suis retiré, si vous vous rappelez, de mon propre chef, en 2013, de mon
poste de porte-parole. Françoise l'a fait également lorsqu'elle a donné sa
démission de son propre chef, s'est retirée parce qu'on veut faire la
démonstration, en cohérence avec notre parti et son principe, qu'on ne veut pas
faire de carrière de la politique, nous autres, puis on veut que les relèves
viennent par vagues successives représenter le dynamisme de Québec solidaire.
Alors, pour moi, c'est parfait, c'est une situation, je dirais, de bonheur et
de sérénité et je suis surtout très content que ça soit... Oui, on est fiers de
Gabriel, mais on est fiers de tout le reste du monde, toute l'équipe qui
l'entoure. Donc, ça va bien au-delà de la venue et de l'élection de Gabriel en
tant qu'individu que tout le monde apprécie pour ses forces.
Mme Plante (Caroline) :
Allez-vous limiter vos interventions? Est-ce qu'on va entendre autant?
M. Khadir
: Bien,
malheureusement, je m'excuse, je ne pense pas que j'ai cette liberté. Il y a
tellement de dossiers qui concernent notamment, justement, la corruption
libérale encore présente, notamment le bras droit et le bras gauche de M. Couillard,
qui, les deux, sont impliqués dans le rapport de la commission Charbonneau, qu'on
ne peut pas me demander ça. Mais j'entends dans votre question un appel de
votre part et je vais essayer de m'y soumettre.
Mme Plante (Caroline) :
Pas du tout, pas du tout. Comptez-vous...
M. Nadeau-Dubois (Gabriel) :
On a besoin d'encore toute la fougue et toute l'expérience d'Amir Khadir.
M. Khadir
: J'ai
mal compris, excusez-moi.
Mme Plante (Caroline) :
Comptez-vous vous représenter en 2018?
M. Khadir
: Sauf
circonstances exceptionnelles, je serai encore là avec vous. Vous allez devoir
encore me tolérer un bout de temps et y compris en 2018, je serai candidat pour
Québec solidaire, sauf circonstances exceptionnelles.
La Modératrice
:
Marie-Michèle Sioui, Le Devoir.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Bonjour à vous trois. M. Nadeau-Dubois, vous
avez fréquenté des groupes, quand vous étiez porte-parole de la CLASSE, qui
contiennent des gens qui ne votent pas, pas parce que ce sont des personnes apolitiques,
mais qui ne votent pas, justement, par conviction politique. Vos déclarations
aujourd'hui sur la violence doivent en faire sursauter quelques-uns. Est-ce que
vous reniez ces personnes-là ou bien est-ce que vous voulez essayer d'aller
chercher leur vote aussi?
M. Nadeau-Dubois (Gabriel) :
Décidément... Moi, mes valeurs, mes principes, ils sont restés les mêmes au
travers des années, même si peut-être, dans la manière, il y a eu, oui, une
évolution. Puis, encore une fois, je vous laisserai juger de cette évolution-là.
Moi, non, je ne renie aucune de mes valeurs profondes.
Ceci étant dit, il y a une chose que j'ai
apprise très tôt dans ma vie, c'est que la politique, c'est un sport d'équipe,
qu'on fait ça en gang, qu'on fait ça avec d'autres gens et que, quand on est
dans une organisation, on ne peut pas dire n'importe quoi n'importe comment et qu'il
y a des contraintes qui viennent avec les rôles qui sont les nôtres. À
l'époque, j'avais des contraintes, vous les connaissez, qui étaient liées à mon
rôle de porte-parole. Aujourd'hui, j'ai d'autres contraintes qui sont liées à
mon rôle de député, à mon rôle de porte-parole de Québec solidaire, et je suis
bien conscient de ces contraintes-là, et ça fait partie de ce que c'est, la vie
politique. Je l'ai appris très, très tôt et je pense que ça m'a, d'un certain point
de vue, préparé à ce que je vais vivre ici, à l'Assemblée nationale du Québec.
Donc, non, il n'est pas question de renier rien ni personne, il est simplement question
d'être fidèle à mes principes et de me conformer au nouveau rôle qui est le
mien, qui est un rôle sérieux, important et dont je prends la mesure de l'importance.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Québec solidaire évoque souvent son processus très démocratique
pour faire les choses. C'est ce qui explique que votre programme ait pris
autant de temps à être adopté. Votre attaché de presse, Ludvic Moquin-Beaudry,
a annoncé publiquement sur son Facebook qu'il s'était désabonné du journal pour
lequel je travaille, en toute transparence. Comment vous, vous voyez votre
relation avec les médias?
M. Nadeau-Dubois (Gabriel) :
Bien, premièrement, M. Beaudry est un membre de notre conseil de
coordination national. Il n'y a pas de rôle d'attaché de presse au sein de
Québec solidaire. Ceci étant dit, moi, je crois que la liberté de presse, c'est
fondamental. C'est quelque chose qu'il faut protéger à tout prix par nos
institutions et nos attitudes personnelles. Et il n'y a jamais eu, à Québec
solidaire, d'appel à se désabonner ou à boycotter aucun média en particulier.
M. Khadir
: Je
suis encore abonné au Devoir et je vais le rester.
M. Nadeau-Dubois (Gabriel) :
Je le suis, moi aussi. J'ai, par le passé, avant que mes fonctions m'en
empêchent, participé à de nombreuses campagnes pour soutenir Le Devoir
et d'autres médias parce que c'est la pluralité, la diversité de l'écosystème
médiatique qui fait que le quatrième pouvoir peut jouer son rôle. Alors, non,
non, il n'y a, à Québec solidaire, aucune volonté de boycotter ou de faire des
réprimandes à quelconque média.
La Modératrice
: On va
passer en anglais avec Philip Authier, The Gazette.
M. Authier (Philip)
: How do you do? I'm going to test
your English a little bit. How are you feeling today on your first day?
M. Nadeau-Dubois :
I'm very happy. I'm thankful to the
citizens of Gouin for the very strong and clear mandate that they have given me
last week, and I'm aware of the responsibility that comes with that mandate,
and what I want to say to them is that I will work very hard to be faithful to
that mandate and to accomplish that responsibility.
M. Authier (Philip)
: There has been lots of talk about the dynamic of the House changing
with your arrival. You realize, of course, that it's perhaps difficult to
change the world with only a few questions a week, although your predecessors have done exemplary, as they
will tell me, I'm sure. But does that sort of have… is this sort of bringing
you back down to earth a little bit about what you can actually accomplish as a
small caucus with a few questions?
M. Nadeau-Dubois
(Gabriel) : You know, I'm used to be part of
movements or organizations that are underestimated by everyone and I think
there is clearly now a momentum behind Québec solidaire. Our membership is booming, our funding has never been better, so I
think very soon we will be a bigger caucus here, at the National Assembly. Until then, I will
continue to do what my predecessor did and what my two colleagues did, which is
creating alliances when we need to create alliances, opposing policies when
policies need to be opposed, and that's the Québec
solidaire way of doing politics : being clear on
our principles, being sincere on our project of society, but being flexible in
the bridges that we build with other parties that are represented here.
M. Authier (Philip)
: Will you be the voice… we saw at your «congrès» that there are many
people upset with the charter of values and that kind of… Will you be their
voice, even though some of those people are not necessarily for sovereignty? In
your own party, there are some people that are not for sovereignty. Will you
still be the voice of all your members?
M. Nadeau-Dubois
(Gabriel) : Québec solidaire is a progressive
party and, as a progressive party, we will always be on the side of people that
are excluded, that are left behind by any kind of policies, economic policies
or other kind of policies and that's part of our DNA. And we will continue
those fights and it's not a matter of me being the voice of those people. As
party, and as a caucus, we have always been the voice for all the communities
in Québec and we have a very
clear position on that issue. We are a democratic, progressive and inclusive
party, and the Québec that we
want to build, the independent Québec that we want to build is at that image.
La Modératrice
: Merci, tout le monde.
(Fin à 11 h 29)