(Treize heures dix-neuf minutes)
M.
Bérubé
:
Merci. Alors, le Parti québécois est réuni pour son caucus présessionnel avec
l'ensemble des députés élus lors de la dernière élection.
On a pris acte hier que le gouvernement se
préparait, faisait des simulations pour la période de questions. Ils font bien
de se préparer, parce que nous sommes prêts pour ce travail qu'on a à faire, de
questionner le gouvernement, de porter les aspirations des Québécois et des
Québécoises, non seulement de nos circonscriptions respectives, mais de
l'ensemble du Québec. Jusqu'à maintenant, avant même que la Chambre ait
siégé un seul jour, de nombreux reculs qui sont révélateurs de la part du
nouveau gouvernement de la Coalition avenir Québec. D'abord, sur Bombardier,
après avoir dénoncé l'entente, maintenant on est prêts à mettre plus d'argent
malgré 2 500 emplois coupés, malgré des primes indécentes versées à ses
hauts dirigeants. Ça, c'est l'attitude de reddition de comptes du gouvernement
de la CAQ.
Les trop-perçus d'Hydro-Québec. Après
avoir exigé à plusieurs reprises, à l'Assemblée nationale, qu'Hydro-Québec nous
redonne notre argent, bien, finalement, la CAQ abandonne puis réalise que ce
n'est pas possible.
Salaire des médecins. Le premier ministre
Legault disait, dans l'opposition, qu'il fallait aller chercher 1 milliard,
mais il a reculé, il va mettre les hausses en fiducie.
Les maisons Gilles-Carle, un enjeu qui est
sensible et important. On avait promis 20 maisons Gilles-Carle en 10
ans. Maintenant, la ministre dit que ça doit être des initiatives
citoyennes. Ce n'est pas ça qu'on avait compris.
Enfouissement de la ligne d'Hydro-Québec à
Saint-Adolphe-d'Howard, un engagement la main sur le coeur de la candidate
devenue députée. Elle s'était engagée, mais elle a dû reculer sur l'ordre du
premier ministre.
La ministre de
l'Environnement — par quoi commencer? — qui s'écrase devant
le fédéral sur la taxe sur le carbone alors qu'on va donner des remboursements
aux provinces soumises à la taxe fédérale parce qu'elles n'ont pas adhéré au
marché du carbone. Le Québec n'aura rien et la ministre est très heureuse de
ça.
Internet haute vitesse, un enjeu qui touche
l'ensemble de la ruralité québécoise, des centaines de milliers de personnes. Bien,
le premier ministre promettait que toutes les régions seraient branchées le
plus rapidement possible. Maintenant, la ministre responsable nous dit un
horizon, à peu près cinq ans. Et de façon générale, ce gouvernement, qui se
définissait comme nationaliste, on attend encore. Une diplomatie d'échange de
chandails de hockey, ce n'est pas suffisant pour faire la promotion du
nationalisme québécois.
Je vous remercie. Je suis prêt à prendre
vos questions.
Le Modérateur
:
M. Cormier.
M. Cormier (François) :
Bonjour, M. Bérubé. François Cormier, TVA.
Qu'est-ce que vous pensez de cette idée de
M. Legault d'amener des travailleurs ontariens au Québec pour construire
des barrages?
M.
Bérubé
: J'ai
ma collègue Lorraine Richard, qui est à côté de moi, avec qui on a eu cette
discussion ce matin. C'est une mauvaise idée, d'abord parce qu'on est capables
de les construire nous-mêmes, nos infrastructures, quelles qu'elles soient.
Alors, je ne sais pas qu'est-ce qui lui est passé par la tête de tout de suite
faire une telle concession en négociation, mais je l'invite à tester cette idée
auprès des fiers travailleurs québécois qui ont toujours été capables de faire
les choses. On n'a pas besoin de l'Ontario. L'Ontario est suffisamment gagnante
des ententes qu'elle a avec nous, puis nous, on est capables de faire nos
choses. C'est d'être égal à égal, et j'ai de la difficulté à croire que le
premier ministre a déjà cédé là-dessus en disant : On va réserver un bloc
de travailleurs. Je peux vous dire que dans la circonscription de Lorraine ou
de celle de Martin Ouellet... Je sais qu'il n'est pas allé, dans la campagne électorale,
mais s'il y va, je pense qu'il va en apprendre plus.
M. Cormier (François) :
M. Legault dit : L'Ontario va vouloir donner des jobs, des jobs
payantes à sa population et pourrait être tentée, donc, de construire des
installations pour de l'électricité en Ontario. Alors, en contrepartie, ce
qu'on leur dit, c'est : On va vous donner ces jobs payantes là et on va
les construire nous-mêmes, donc la moitié des jobs ici, au Québec, puis une
autre en Ontario.
M.
Bérubé
: Une
entente entre deux États, ce doit être gagnant-gagnant. Alors, on gagne à faire
la construction, engager notre main-d'oeuvre, et l'Ontario y gagne au plan
énergétique. Alors, il faut que les deux États soient gagnants, et, en ce sens,
je trouve que d'avoir ouvert la porte à ce que des travailleurs ontariens
obtiennent ces emplois, c'est une mauvaise idée. Ça aussi, c'est du
nationalisme, privilégier les nôtres.
M. Dion (Mathieu) :
Mathieu Dion, Radio-Canada. Êtes-vous inquiets de ne pas être reconnus à
la hauteur de vos attentes en tant que parti politique à l'Assemblée nationale?
M.
Bérubé
: On
n'est pas inquiets. Il y aura une rencontre de négociation à 16 heures.
Toutefois, ce matin, on en a discuté, on a adopté une position de caucus et,
s'il n'y a pas davantage d'ouverture de la part du gouvernement caquiste et de
l'opposition libérale, on prendra acte et on siégera comme députés
indépendants.
M. Dion (Mathieu) : Donc, vous
êtes prêts à dire : On ne fera pas de concession à tout prix. C'est ce que
vous dites?
M.
Bérubé
: On
assume totalement la négociation qu'on a, qui est réaliste, qui tient compte du
pluralisme de notre Assemblée nationale, de la volonté des Québécois, que
l'ensemble des voix soit entendues, c'est clair. Le gouvernement a été élu avec
moins de quatre électeurs sur 10. Le gouvernement libéral, là, a obtenu le
résultat qu'il a obtenu, mais il y a d'autres voix également qui doivent se
faire entendre et ce qu'on demande est réaliste et on en a fait la proposition.
Il n'y a pas d'ouverture des deux côtés.
Alors, si c'est le cas, on prendra acte et
on siégera comme députés indépendants à partir de mardi prochain.
M. Dion (Mathieu) : ...chose à
laquelle vous tenez à tout prix et un morceau sur lequel vous n'allez pas
lâcher le morceau, finalement, là.
M.
Bérubé
: Oui,
et ça explique... Bien, ça, on le dira à la fin à la table des négociations,
mais notre position est claire. On ne fait pas d'état d'âme là-dessus, on en
prendra acte. Il y a des éléments sur la table... il y a deux éléments, en
fait, et dépendamment de l'ouverture, bien... je sais que ça vous intéresse,
mais on y reviendra, dépendamment de l'ouverture, on aura peut-être une entente
aujourd'hui. Si ce n'est pas le cas, on a tous assumé de siéger comme
indépendants mardi et on travaillera différemment, tout simplement, avec la
même responsabilité à l'égard des gens qu'on représente et à l'égard des près
de 700 000 personnes qui ont voté pour le Parti québécois.
M. Lacroix (Louis) : Bonjour
mesdames, messieurs, M. Bérubé.
Mme Richard, vous qui connaissez bien la
Côte-Nord, évidemment, là, qu'est-ce qui arriverait, à votre avis, si jamais on
allait de l'avant avec la proposition de M. Legault d'embaucher des
travailleurs ontariens pour construire des barrages dans le Nord du Québec?
Qu'est-ce qui arriverait?
Mme Richard : Il arriverait
que M. Legault trouverait ça extrêmement difficile d'avoir plusieurs
chantiers sur la Côte-Nord qui pourraient être bloqués. Je ne pense pas que
M. Legault veut, dès le premier temps de son mandat, entamer une guerre
avec... après Apuiat sur la Côte-Nord, encore une fois, avec des travailleurs
et des travailleuses de la construction.
Je veux juste vous rappeler que dans le
projet hydroélectrique de la rivière Romaine, un des plus gros chantiers au
Canada, on a dû se battre régionalement pour faire travailler notre monde, le
monde de la Côte-Nord, et on n'y a pas trouvé notre compte. Le chantier se
termine et ça a pris énormément de temps. C'était sous un gouvernement du
Parti libéral.
Je souhaite que le gouvernement de la
Coalition avenir Québec avec M. Legault ne répète pas les mêmes erreurs,
parce que, oui, je serai là et je suis convaincue que vous savez, pour ne pas
le nommer, qu'il y a d'autres personnes qui seront au rendez-vous, pour les
bonnes ou les mauvaises raisons. C'est une mauvaise décision de la part de
François Legault, d'aller comme ça en Ontario, puis de dire : Vous pourrez
amener votre main-d'oeuvre pour venir travailler au Québec. C'est inacceptable,
et moi, je ne le laisserai pas faire, comme députée de mon comté et je vais
défendre mes travailleurs.
M. Lacroix (Louis) : Donc,
les gens de la Côte-Nord n'accepteraient pas ça. C'est ce que vous me dites,
là.
Mme Richard : Les gens de la
Côte-Nord ne l'accepteraient pas, la députée ne l'accepterait pas, et la
population de la Côte-Nord ne l'accepterait pas, et même la population du
Québec ne l'accepterait pas.
M. Lacroix (Louis) : En 1974,
il y avait eu le saccage de la Baie-James. Est-ce qu'on peut entrevoir ça?
M.
Bérubé
:
C'était la sous-question.
Mme Richard : Ça pourrait
être ça.
M.
Bérubé
:
C'était la sous-question. Alors, non seulement...
M. Lacroix (Louis) : Attendez
un peu.
M.
Bérubé
:
Question, sous-question, on s'est entendus là-dessus.
M. Lacroix (Louis) : Oui,
oui. J'ai posé une question sur le saccage de la Baie-James. Est-ce qu'à votre
avis un scénario semblable pourrait se reproduire?
Mme Richard : Écoutez, je ne veux
pas avoir qu'il y ait un tel scénario, mais quand les gens ont besoin de
travailler et qu'un premier ministre qui est à peine arrivé au pouvoir veut
leur enlever le pain puis le beurre, écoutez, ce n'est pas un climat favorable,
dans notre coin de pays, d'entendre de tel propos.
M.
Bérubé
:
Alors, manifestement, il n'y a pas seulement des chandails de hockey qui ont
été échangés, il y a des emplois payants qui ont été échangés. Je pensais que
c'était au Québec qu'il fallait les créer, ces emplois payants. Manifestement,
on les a envoyés chez Doug Ford.
Mme Richer (Jocelyne) : Oui,
bonjour, M. Bérubé. Sur le même sujet, j'aimerais savoir, selon vous, quel
serait l'impact s'il y avait des travailleurs ontariens qui venaient dans les
chantiers québécois, l'impact sur la langue de travail au Québec. J'ai posé la question
à M. Legault ce matin, puis il n'a pas répondu.
M.
Bérubé
:
Bien, c'est un enjeu important, c'est un angle qui n'avait pas été abordé dès
le départ. Évidemment se pose cet enjeu-là, mais ce qui est le plus important...
Je pense que l'expertise québécoise, les fiers travailleurs, travailleuses de
la Côte-Nord et d'ailleurs au Québec sont fortement attachés aux grands
ouvrages que le gouvernement du Québec commande, et ce serait une très mauvaise
idée.
Je ne sais pas qui, jusqu'à maintenant,
s'est réjoui de ça, à part Doug Ford, qui ne devait même pas s'attendre à ça,
que M. Legault, piètre négociateur, met ça tout de suite sur la table. Je
trouve que c'est d'ouvrir son jeu beaucoup trop vite, puis, en fait, il
n'aurait même pas dû l'ouvrir là-dessus, ce n'était pas nécessaire. L'Ontario
serait gagnante de faire appel à l'expertise québécoise en matière d'énergie.
Pourquoi, en plus, leur dire : On veut tellement que ça fonctionne, je me
suis tellement avancé dans la campagne électorale qu'il faut que je dise
quelque chose aux Québécois, là, que mon approche, elle fonctionne, prenez des
emplois en plus? Non, ça ne marche pas.
Mme Richer (Jocelyne) : Donc,
c'était complètement prématuré comme annonce.
M.
Bérubé
:
Bien, c'est irresponsable. C'est irresponsable. M. Bélair-Cirino.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui. Concernant les négociations avec le gouvernement et l'opposition
officielle, pourquoi, justement, le gouvernement caquiste et l'opposition
libérale doivent craindre l'arrivée de 10 élus indépendants dans le salon bleu?
M.
Bérubé
:
21 députés indépendants.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais 10 élus péquistes, là.
M.
Bérubé
:
C'est-à-dire que ça prend une entente entre l'ensemble des partis politiques,
alors il faut que les quatre partis soient d'accord pour qu'il y ait des
groupes reconnus. Québec solidaire ne pourrait pas être reconnu seul, par
exemple. Alors, nous, on ne parle pas de crainte, ce n'est pas dans notre
vocabulaire. On dit seulement qu'on négocie, et, si d'aventure, il n'y a pas
d'entente, ce soir, on siégera comme députés indépendants, sans état d'âme,
sans aucune autre intention que de faire notre travail de la façon la plus
responsable possible.
Ils ne sont pas obligés de nous
reconnaître, mais je pense que le Parlement y gagnerait d'entendre notre voix
et celle de Québec solidaire de façon plus structurée, de façon plus ordonnée.
Ça m'apparaît une bonne chose à faire, mais ça leur appartient.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Donc, la présence de 21 élus indépendants ferait en sorte que ce serait moins
structuré, moins... Quoi, ce serait le désordre à l'Assemblée nationale?
M.
Bérubé
: C'est
vos mots, ce n'est pas les miens, mais les 21 députés pourront s'exprimer en
toutes circonstances, et on aura besoin de leur appui pour plusieurs
procédures. Alors, on fera ça de façon responsable, mais ça va être plus long.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
L'Assemblée nationale va siéger pendant deux semaines. Qu'est-ce que vous attendez
de la part du gouvernement sur le front législatif pour ces deux semaines-là et
où ferez-vous obstacle au gouvernement?
M.
Bérubé
: Encore
une fois, ni crainte ni obstacle, ce n'est pas dans notre vocabulaire. On veut
travailler de façon constructive et positive. Le gouvernement a déjà annoncé
qu'il souhaitait agir rapidement sur la question de la taxe scolaire et sur la question
de la nomination aux deux tiers de différents officiers, donc les suites du projet
de loi n° 107, j'imagine que c'est lui qui va être amendé, donc UPAC, Sûreté
du Québec et DPCP. Alors, on va prendre acte des pièces législatives avant de
les commenter.
Pour le reste, ils sont majoritaires, ils
forment leur gouvernement. On ne va pas leur dire quoi faire. J'imagine qu'ils
ont les ressources pour prioriser les enjeux qu'ils ont amenés durant la
campagne électorale. On va faire notre travail du mieux possible puis on a une
belle équipe pour ça, avec de l'expérience, avec des compétences, et je suis
convaincu qu'on sera une opposition qui sera très productive, très efficace à
l'Assemblée nationale.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais proposez-vous quelque chose pour les deux prochaines semaines? Est-ce
qu'il y a une priorité?
M.
Bérubé
:
Bien, il y a une mesure législative que nous, on a proposée par l'entremise du
député de Jonquière, Sylvain Gaudreault, qu'il pourrait expliquer beaucoup
mieux que moi, mais en matière d'environnement, qu'on a communiquée avant la
grande marche, il y a quelque temps.
Alors, si le gouvernement veut s'inspirer
d'un certain nombre de nos propositions, tant mieux, parce qu'on en fera, des
propositions. Il y aura des projets de loi qui viendront de notre aile
parlementaire. Il y aura quelques rappels, parfois, de leurs promesses. Il faut
le faire, là. Je prends acte également ce matin que, pour maternelle quatre
ans, on avait dit 5 000 dans le mandat, puis on commence avec 200. C'est
bien ça? 200, disons que c'est assez timide. Je pense qu'ils se rendent compte
que ça ne fonctionne pas très bien.
Puis il y a deux faiblesses, je pense, qui
sont identifiées très rapidement, dans ce gouvernement, deux enjeux où ils sont
mal à l'aise, ils ne savent pas comment intervenir, c'est la question de
l'environnement puis la question du nationalisme québécois. Et, dans les deux
cas, les tests ne sont pas passés, jusqu'à maintenant, à travers le concret, le
réel. Je vous en ai donné quelques illustrations. Alors, c'est deux enjeux
qu'on va suivre de près.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Bonjour. Sur les négociations, j'aimerais savoir, pour M. et Mme Tout-le-monde,
là, le fait d'avoir 21 indépendants, qu'est-ce que ça change? Pouvez-vous me
donner un exemple concret?
M.
Bérubé
: Je
pense que les citoyens qui ont voté pour le Parti québécois et Québec solidaire
s'attendent à ce qu'on puisse s'exprimer sur...
Mme Lajoie (Geneviève) : Ce
n'est pas ça ma question, M. Bérubé.
M.
Bérubé
: J'y
arrive, là. Si vous me permettez de répondre, je vais y arriver.
Donc, qu'est-ce que ça change? Bien, ils
s'attendent qu'on puisse les entendre à l'Assemblée nationale, au salon bleu
aussi, que ça ne soit pas marginalisé, parce qu'on n'est pas des marginaux, on
est représentés par des centaines de milliers de personnes. Alors, nous, cette
négociation-là, elle se fait par respect pour les gens qui nous ont appuyés. Le
Parlement n'appartient pas à la Coalition avenir Québec. Il faudrait peut-être
que le négociateur de la CAQ s'en rende compte, là, et le Parti libéral n'est
plus au gouvernement. Alors, il faut faire de la place au pluralisme en politique
et surtout dans l'esprit d'un scrutin proportionnel.
Donc, on s'engage là-dedans. La ministre
de la Justice nous a dit aujourd'hui qu'elle allait respecter son engagement et
déposer un projet de loi avant le 1er octobre 2019. Bien, on peut déjà
commencer cet esprit de pluralisme des voix à l'Assemblée nationale, et je
pense que toute la démocratie en sera gagnante.
Mme Lajoie (Geneviève) : Mais
concrètement...
M. Bérubé : Les citoyens sont
dans la démocratie, alors ils seront gagnants.
Mme Lajoie (Geneviève) : Non,
non, mais concrètement, à l'Assemblée nationale, 21 indépendants, qu'est-ce que
ça change, là? Parce que moi, il faut que j'explique aux gens qu'est-ce que ça
veut dire.
M.
Bérubé
: Oui,
bien, je le sais que vous le savez.
Mme Lajoie (Geneviève) :
21 indépendants, ça veut dire quoi, ça change quoi? Il y a une motion sans
préavis qui est déposée, il se passe quoi?
M.
Bérubé
:
Alors, pour chacune des motions, ça prend l'appui de l'ensemble des députés
individuellement. Alors, les... en tout cas, pour ce qui est de notre part, les
10 députés du Parti québécois, les 10 députés de Québec solidaire, le
député indépendant de Chomedey, systématiquement.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Donc, ça risque d'être plus compliqué pour toutes les étapes de l'Assemblée
nationale.
M.
Bérubé
: Oui,
mais ça peut être plus simple, si on arrive à une entente ce soir, aussi.
Mme Lajoie (Geneviève) : J'ai
une question... Je ne sais pas si vous avez entendu parler, il y a une députée
de Québec solidaire, Catherine Dorion, qui a fait l'acquisition d'un véhicule
dernièrement.
M.
Bérubé
: Bien
oui, j'ai vu ça.
Mme Lajoie (Geneviève) : J'ai
vu qu'il y avait... en tout cas, cette nouvelle-là avait quand même un certain
intérêt dans les rangs péquistes. J'ai vu qu'Agnès Maltais avait retweeté des
textes là-dessus. J'aimerais savoir ce que vous pensez de cette histoire, le
fait que Mme Dorion ait fait l'acquisition d'un véhicule.
M. Bérubé : Alors, c'est des
choix personnels. Le député de Jonquière fait Jonquière-Québec en voiture
électrique; Agnès Maltais faisait souvent à pied entre sa résidence, dans
Taschereau, et l'Assemblée nationale. Alors, chacun fait des choix selon ses
valeurs et ses convictions. Voici les choix que nous, on a faits.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Taschereau, ce n'est pas très, très éloigné de l'Assemblée nationale, de ce que
je comprends, donc.
M. Bérubé : On est dans
Taschereau, là, présentement, il y a du transport en commun, il y a du
transport actif, il y a le vélo, il y a toutes sortes de moyens d'y arriver, il
y a la marche. Agnès Maltais marchait entre... je ne vous dirai pas la rue,
mais jusqu'ici, ce n'était pas tellement loin. Alors, chacun fait ses choix.
J'imagine que chacun des députés y va avec ses convictions les plus profondes.
Alors, on ne porte pas de jugement là-dessus.
Mme Biron (Martine) : Bonjour
à tous. Bonjour, M. Bérubé. Pour revenir sur la reconnaissance à
l'Assemblée nationale, pourquoi est-ce que le gouvernement ne pourrait pas
s'entendre avec l'opposition, avec seulement un des deux groupes
parlementaires?
M.
Bérubé
:
Parce que c'est l'usage qui fait en sorte que ça prend une entente pour qu'elle
puisse tenir, où l'ensemble des partis sont parties prenantes, c'est le cas de
le dire. Alors, il faut s'entendre ensemble sur un mode de fonctionnement qui
va tenir que pour cette législature. Alors, c'est l'usage.
Lorsqu'on a reconnu l'Action démocratique,
en 2009, avec neuf députés... six députés, six députés parce que Mario Dumont
avait démissionné, cette entente-là, qui était hors norme, on l'a bâtie avec
l'ensemble des partis politiques et ça va être la même chose encore là. Alors,
nos sorts sont liés. On a 10 députés, Québec solidaire a 10 députés,
à la différence qu'on a plus de votes, donc on est deuxième opposition. Mais si
le gouvernement et le Parti libéral ne veulent pas nous reconnaître, on en
prendra acte, tout simplement.
Mme Biron (Martine) : Mais s'il
y a un groupe de 10 députés indépendants qui veulent se regrouper, ils
pourraient le faire avec une entente particulière...
M.
Bérubé
: Non,
ce n'est pas possible, pas dans les règles de l'Assemblée nationale. Ils
peuvent se regrouper ailleurs s'ils veulent, là, mais pas ici, ça ne
fonctionnera pas.
Mme Biron (Martine) : Est-ce
que vous seriez prêt à partager un vote entre les 21 députés indépendants?
M.
Bérubé
: Il y
a toutes sortes de questions qui rentrent en ligne de compte dans cette négociation,
mais on ne partagera pas nos convictions. Lorsqu'on va voter, on va voter selon
nos convictions à nous. Alors, on est capables de voter ça.
Mme Biron (Martine) : Vous ne
partageriez pas. Ça veut dire que c'est deux groupes... trois groupes, en fait :
un groupe de 10, un groupe de 10 puis un groupe de un?
M.
Bérubé
: Ce
qu'on demande est particulièrement réaliste et va dans le sens de, je dirais,
notre proportion de parlementaires à l'Assemblée nationale et notre volonté de
pouvoir inscrire nos positions sur les pièces législatives en commission
parlementaire.
Mme Biron (Martine) : Ce que
je comprends, c'est que, si on vous offrait, par exemple, un groupe pour les
21, ce serait piler sur vos convictions? C'est ça que vous voulez dire?
M.
Bérubé
:
Bien, on ne va pas entrer dans le détail de la négociation, mais je suis
convaincu que, si le leader du gouvernement nous écoute, lui, il a eu le mandat
d'arriver à une entente avant mardi prochain. Alors, il entend votre question,
il entend ma réponse, on a une rencontre ce soir. On se souhaite une bonne
soirée.
M. Croteau (Martin) :
Bonjour, tout le monde. Bonjour, monsieur. Il y avait-u...
Une voix
: Non, ça va.
M.
Bérubé
:
C'est à vous.
M. Croteau (Martin) : Juste
pour faire du pouce sur la question de Geneviève, M. Bérubé, si vous permettez.
Vous dites : Il y aurait... s'il n'y a pas entente, il va y avoir 21
députés indépendants. Vous avez dit : Ça va prendre l'aval de chaque
député à chaque fois qu'on a...
M.
Bérubé
:
C'est les règles.
M. Croteau (Martin) : Mais
vous n'avez pas... Donc, le résultat de tout ça, c'est quoi? C'est qu'il va y
avoir un blocage à l'Assemblée nationale? Les travaux...
M.
Bérubé
: Du
tout.
M. Croteau (Martin) :
Qu'est-ce qui va arriver dans l'éventualité où il y a 21 députés indépendants?
M.
Bérubé
: Vous
ne nous entendrez jamais utiliser ce genre de terme. Ce n'est pas dans notre vocabulaire.
D'abord, les députés qui sont ici, les 10 députés n'ont pas fini deuxième ni
troisième dans leurs circonscriptions, ils ont terminé premier. Donc, ils
arrivent tous avec un mandat de leur population. Donc, ça, c'est la première
des choses.
Ensuite, on est de la même famille politique,
on représente près de 700 000 électeurs. C'est beaucoup de monde. On
considère qu'on doit être entendus dans un nouveau contexte. On n'est plus dans
le bipartisme. Il y a quatre formations politiques qui ont fait la campagne
nationale, qui étaient au débat des chefs, qui doivent être entendues de façon
correcte. Ce qu'on demande est très réaliste.
Alors, on va agir de façon responsable,
comme on l'a toujours fait. On a fait des propositions qui vont dans le sens
des précédents et dans le sens du gros bon sens, et ni le gouvernement ni le
Parti libéral ne veulent céder sur leurs positions...
M. Croteau (Martin) : Je
comprends tout ça, mais la question, c'est qu'est-ce qui change dans les
travaux en Chambre s'il n'y a pas d'entente et qu'on se retrouve avec 21
députés indépendants.
M.
Bérubé
: À
nouveau, ça va prendre l'appui de chacun des députés pour chacune des motions,
des commissions, des nominations.
M. Croteau (Martin) : Donc,
vous laissez entendre qu'il va y avoir, quoi, un ralentissement des travaux?
M.
Bérubé
: Vous
laissez entendre. Ce n'est pas dans mon vocabulaire, hein?
M. Croteau (Martin) : Bien
non, c'est vous qui laissez planer cette possibilité-là. Alors, pourquoi ne pas
le dire?
M. Bérubé : Ce n'est pas dans
mon vocabulaire. On va faire le travail puis on prendra le temps qu'il faut.
M. Croteau (Martin) : Je
voudrais savoir comment vous accueillez cette lettre ouverte des huit
ex-ministres de la Justice qui réclament une réforme du droit de la famille et
qu'est-ce que vous pensez de la réaction de la ministre LeBel.
M. Bérubé : Si vous le
permettez, je demanderais à ma collègue de Joliette d'intervenir.
Mme
Hivon
:
Alors, nous accueillons très positivement cette démarche parce qu'il faut
absolument que ce dossier-là débloque. Ça fait des années. C'était sous
l'impulsion de Bertrand St-Arnaud, lorsque nous étions au gouvernement, que le
rapport du comité d'experts a été commandé, et le droit de la famille n'a pas
été réformé substantiellement depuis 1980.
Alors, nous accueillons très positivement
la démarche et nous demandons à la ministre d'agir très promptement. Moi, ça
fait des années que je suggère que nous mettions sur pied une commission non
partisane, un peu à la manière de la commission sur les soins de fin de vie,
pour faire ce travail-là qui soulève des enjeux sociaux très importants et qui
concernent tous les citoyens. C'est au coeur de l'organisation familiale, c'est
au coeur de comment on voit la famille au Québec. Et même la CAQ, quand elle
était dans l'opposition, avait appuyé cette démarche-là.
Alors, ce à quoi on s'attend, c'est une
ouverture très rapidement. Et même, il y a eu depuis d'autres travaux qui se
sont faits par des comités, la Chambre des notaires. Donc, la ministre pourrait
très bien aussi arriver et déposer, par exemple, un avant-projet de loi qui
ferait en sorte qu'on pourrait déjà avancer d'un pas et faire cette démarche
non partisane sur quelque chose de concret.
M. Croteau (Martin) : Selon
vous, pourquoi l'état actuel de la loi est-il inefficient ou, en tout cas,
néfaste surtout pour…
Mme
Hivon
:
Parce qu'entre 1980 et 2018 les choses ont grandement évolué. Alors que c'était
très marginal, maintenant c'est près de 60 % des enfants qui naissent dans
des unions de fait plutôt que de couples mariés. Beaucoup, beaucoup de gens
vivent en union de fait aussi. Et donc les enfants doivent être au coeur de
toute cette réflexion-là, parce qu'en ce moment il y a des lacunes dans notre
manière d'organiser les choses qui font en sorte que l'enfant ne peut pas avoir
le même traitement selon qu'il est issu d'une union de fait versus un mariage.
Ça, c'est vraiment quelque chose de fondamental. Il y a beaucoup d'autres
questions aussi qui se posent. Vous avez vu tout le débat sur les mères porteuses.
Donc, à un moment donné, on ne peut plus
juste dire qu'on continue, puis on attend, puis que c'est les tribunaux qui
tranchent. Moi, je suis d'avis, nous sommes d'avis au Parti québécois que ce
sont les législateurs, ce sont les élus, quand il y a des questions sensibles
qui se posent, qui doivent faire le travail et non pas laisser ça entre les
mains des tribunaux.
Le Modérateur
: Merci.
Une dernière question en français. M. Lacroix.
M. Lacroix (Louis) : Juste
une petite technicalité sur les négociations pour la reconnaissance. Est-ce que
vous considérez, avec 10 députés, que vous êtes à égalité avec QS ou si vous
considérez qu'étant donné que vous avez eu plus de votes vous êtes devant, vous
devriez avoir une considération autre que celle qu'on veut accorder à QS?
M.
Bérubé
: Les
règles sont assez claires, c'est la prépondérance. Le même nombre de sièges,
mais davantage de votes. Donc, s'il y avait un deuxième groupe et un troisième
groupe reconnu, on serait le deuxième groupe. C'est la règle qui est établie à
l'Assemblée nationale.
M. Lacroix (Louis) : ...
M.
Bérubé
: Ce
n'est pas qu'on y tient, on respecte les règles.
Le Modérateur
: Merci.
En anglais.
Mme Johnson (Maya) : Good afternoon. Mr. Bérubé, how do you justify making this request
to be recognized as an official party?
M.
Bérubé
: We don't ask about a recognition, we don't ask a recognition, we
ask respect for the group of member of Parliament for the Parti québécois. So it's about respect, it's
about having some, let's say, occasion to say what we have to say and… just
about respect, that's all.
Mme Johnson (Maya) :OK. So, in a
context where we're not dealing with a two-party system,
that seems to be what you were saying in French…
M.
Bérubé
: Way better in French.
Mme Johnson (Maya) :You were saying that the Assembly has to
evolve with the times and recognize the new political reality, especially when
we're talking about proportional representation in a future election. Is that
what you're saying?
M.
Bérubé
:
Yes, it's about the result of the election. There is four major parties in
Québec. You saw the campaign that we had, the leaders debate, and we do think
that the National Assembly should reflect this
diversity of ideas in Québec.
And a good way to recognize this is to recognize the party with some… We need
some… I don't find the word, right now, but it's about… 700,000 people voted
for us, they need the Parti québécois to exist totally in the National Assembly. And CAQ doesn't own the government, doesn't own the National Assembly. They need to respect those people as well. So, a good way to
respect those people is to make an agreement with Québec
solidaire, and the Parti
québécois, and the Liberal
Party, and this agreement is going to stay still 2022,
that's all.
Mme Johnson (Maya) : So you're disappointed obviously then that you haven't been able to
reach an agreement yet.
M.
Bérubé
: We're not disappointed, we just like… We're going to do things differently
if it's happening, but we still have time for that. There is a meeting at 4 :00
p.m., and, if it's possible to have an agreement, we are going to be happy with
that. If not, we're going to do things differently.
Mme Johnson (Maya) : On another topic, and we discussed this last week, of course, a lot
of the backlash to the Ford Government decision to cut services to
Franco-Ontarians has been coming from Québec, and one of the arguments is that,
in Québec, we protect our Anglophone minority with hospitals, with
universities.
Do you think that there could be a backlash against Anglophones here, in Québec, because of
the services they have and would you continue to defend the rights of
Anglophones in Québec?
M. Bérubé :
Well, I don't think so because, in my case this week, we opened a new school in
my riding, called Metis Beach school, and Anglophone school, and I was there
with a member of the CAQ Government, and we were proud that we have this
diversity in Québec, French-speaking people, Anglophone minority. And all those
minorities, they're all Quebeckers. So we're proud of everyone. We're all
Quebeckers.
We hope that the Ontarian
Government respects the French-speaking Ontarians as we respect the Anglophone
minority of Québec. It's about respect, it's about the reality of their province
so. I do remember back, a few years ago, Premier Bouchard and the minister
Bernard Landry defended the right of the French-speaking Ontarians with the
Montfort Hospital. We even put money in this battle and the people from Ontario
were pretty surprised but not for us. Those people are our brothers, our
sisters. We speak the same language and we have great relationship with them. I
hope the Government of Mr. Legault can do as good as we did with the
Francophones and I wish that our relationship includes doing business for sure,
but includes diversity, respect of the French-speaking Ontarians and respect of
one of the nation who founded that country. So this is what we have to say
about this.
We don't need a backlash,
we need respect and we hope that Mr. Ford could change his mind, but it
doesn't seem to happen right now, so we have to take note. And we're looking as
well to New Brunswick because there is a new government, like a coalition
government with like an anti-bilinguism party, who is now in the coalition
conservative party, who think that it's not a good thing to promote French in
New Brunswick. So both our neighbors, in New Brunswick and Ontario as well, do
thinkthat it's not a good thing that French could progress in this
country. So we always thought that the Canada could protect that but it's not
happening.
So we are going to
continue to promote and defend French in Québec and show solidarity towards our
French-speaking people all around Canada and the world. So this is what we have
to say about that.
Le Modérateur
:
Merci beaucoup.
M. Bérubé : Merci.
(Fin à 13 h 48)