L'utilisation du calendrier requiert que Javascript soit activé dans votre navigateur.
Pour plus de renseignements

Accueil > Actualités et salle de presse > Conférences et points de presse > Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Recherche avancée dans la section Actualités et salle de presse

La date de début doit précéder la date de fin.

Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Le mardi 19 février 2013, 13 h 15

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Treize heures quinze minutes)

M. Khadir: Bonjour. Merci beaucoup de votre présence. Cet après-midi, lors des affaires courantes de l'Assemblée nationale, je vais déposer une pétition de 5 500 signataires qui ont manifesté leur opposition au projet de minicentrale électrique aux chutes qu'on connaît historiquement du nom de Val-Jalbert, Ouiatchouane?

Des voix: Ouiatchouane.

M. Khadir: Ouiatchouane. Alors, je pense, c'est difficile de retenir ces noms-là.
Donc, il y a aussi une autre pétition qui a été réunie par la communauté innue locale. Nous allons nous en parler. Donc, j'ai l'honneur, à cette occasion, de recevoir plusieurs personnes impliquées localement dans la lutte à ce projet qui est inacceptable et aussi Paul Piché, comme porte-parole de la Fondation Rivières.
Mais, nous allons commencer par accueillir, pour expliquer la situation à Val-Jalbert et l'opposition de la communauté innue, nous allons commencer par accueillir Denyse Xavier, qui est une militante autochtone qui fait partie de l'alliance Pekuakamiulniatsh, O.K., représente l'alliance au sein des communautés autochtones qui s'opposent depuis le début en raison de l'absence de consultation au développement d'un projet hydroélectrique sur la rivière et qui va affecter la chute Val-Jalbert.
Nous entendrons ensuite Marie-Claude Paris-Tanguay, qui est porte-parole de la Coalition de sauvegarde de la rivière Ouiatchouane, à Val-Jalbert. Paul Piché, que vous connaissez tous, qui se fait porte-parole de la Fondation Rivières, va venir conclure le point de presse. Et Michaël Paul, de la communauté innue de Mashteuiatsh, qui est présent aussi avec nous, va aussi participer à la réponse aux questions que vous aurez éventuellement.
Alors, sans plus tarder, Mme Xavier.

Mme Xavier (Denyse): Bonjour, tout le monde. Je m'appelle Denyse Xavier, je viens de Mashteuiatsh. Moi, quand j'ai su que mon conseil de bande... que ma réserve, ils avaient affaire avec le barrage de Val-Jalbert, puis que j'ai su qu'ils prenaient le 23 millions... qu'on était 45 % gestionnaires de cette minicentrale-là, alors qu'ils vont aller chercher un 23 millions dans le fonds autonome qu'on appelle le fonds qui appartient à mon peuple, j'ai trouvé ça... je n'ai pas aimé ça.

Ça fait que là je me suis dit: On va faire une pétition pour savoir si les gens de ma communauté sont d'accord à avoir un minibarrage, oui ou non. On s'est rendus quand même à 400 et... à 460 et plus de noms et on n'a pas terminé, puis c'est ça. Ça fait que, là, quand moi... quand je sais que mon peuple vit dans la misère, qu'ils ne font pas de logements, qu'il n'y a pas de travail, mais qu'ils vont aller faire un minibarrage de 23 millions qu'ils prennent dans le fonds de mon peuple, ça, je n'étais pas d'accord. Ça fait que moi, je suis venue déposer ma pétition avec l'aide de Michaël pour dire à mon conseil de bande: Non, c'est assez. On en a déjà un, un mini-barrage, Minashtuk, là, qui est à Dolbeau-Mistassini, déjà qu'on a eu des petits problèmes avec, qu'il y a eu des bris, puis qu'on n'est pas prêts à s'endetter de 23 millions pour un barrage qui est inutile quand il y a déjà un surplus d'hydroélectricité. Ça fait que je crois que c'est tout ce que j'ai à dire. Toi, Michaël?

Une voix: Le conseil devra rendre aujourd'hui une décision.

Mme Xavier (Denyse): Oui, c'est vrai. On avait la décision aussi. Le conseil de bande, quand ils ont fait... quand ils ont dit qu'il y avait un minibarrage, ils n'ont pas fait de communiqué dans notre communauté. On l'a su rien qu'après, après que tout est signé, là, on l'a su. Ça fait que, là, on a dit: Non, ça ne marche pas de même. Quand tu décides, c'est en peuple qu'on décide. On est quand même 4 800, il y en a 2 000 qui restent dans ma réserve, et les autres sont à l'extérieur. Alors...

Une voix: ...

Mme Xavier (Denyse): Pardon?

Une voix: ...

Mme Xavier (Denyse): On n'a pas eu de référendum non plus, on n'a rien de ça. Ça a été signé puis c'est comme ça. Puis là on retombe en réélection électorale au mois de mai, parce qu'on a fait un registre électoral et on a eu 528 noms et plus pour dire à notre conseil de bande qu'on ne vous veut plus pour nous gérer. Alors, on a demandé une autre élection au mois de mai. C'est tout, merci.

Mme Paris-Tanguay (Marie-Claude): Bonjour. Moi, c'est Marie-Claude Paris-Tanguay, co-porte-parole de la Coalition pour la sauvegarde de la Ouiatchouane à Val-Jalbert. Je suis vraiment contente d'être ici aujourd'hui pour pouvoir enfin dire haut et fort et de manière très large que non seulement il n'y a pas grand chose qui fonctionne dans ce projet de Val-Jalbert, de barrage à Val-Jalbert, mais j'axerais beaucoup, beaucoup sur le point que c'est l'acceptabilité sociale qui est probablement le critère qui est le moins respecté puis qui fait le plus pitié par chez nous en ce moment.
Je viens ici pour, dans le fond, lancer le message, porter le message des citoyens puis des citoyennes de mon coin qui sont vraiment exaspérés de voir que ce projet-là tient encore la route théoriquement, alors qu'il n'y a absolument rien dedans qui est cohérent puis qui peut faire de ce projet-là un bon projet pour l'ensemble des Québécois et des Québécoises. Ce projet-là aurait pu facilement être arrêté. Avant même qu'il y ait une mobilisation citoyenne importante, il y avait 75 % des mémoires qui ont été déposés lors des audiences publiques qui étaient contre le projet. Ça a été tenu un petit peu, là, dans le silence. Ça a manqué beaucoup de considération à ce niveau-là.
Puis c'est le refus de nos élus de prendre en considération, en plus, nos multiples tentatives de dialogue avec eux qui a provoqué la mobilisation citoyenne qu'on peut voir en ce moment, qui est rendue qu'on en parle partout, là, même au national. Il y a même un sondage qui a été réalisé, là, par la firme Segma, vers la fin janvier. Ça, ça aurait dû sérieusement mettre la puce à l'oreille, là, à nos décideurs, parce que, même à la fin janvier, avec un sondage, là, pas vraiment non plus avec tant de moyens que ça, ça démontrait qu'il y avait 53 % des répondants qui étaient complètement contre le projet alors que seulement 39 % étaient en faveur du projet.
Vous pouvez voir ici, ça, c'est une publicité qu'on a réussi à obtenir du financement pour publier dans notre journal local, L'Étoile du lac, dans notre coin, pour informer les gens. Il n'y a jamais eu de visuel de montré de qu'est-ce que ça pourrait ressembler la chute affectée par cette centrale-là. On a fait paraître ça dans notre journal. Il y a 53 % des citoyens en appui à la chute tel quel avec une moyenne de 18 mètres cubes par seconde qui coulent dans la rivière et dans la chute, puis, contre le 39 % qui était en faveur de la centrale qui seraient prêts à vivre avec une chute diminuée, pendant les heures d'ouverture touristique, à 7 mètres cubes seconde et complètement, selon nous, asséchée à 0,3 mètre cube seconde la nuit, le soir, tôt le matin ainsi que sept mois dans l'année qu'ils considèrent comme la saison hors touristique. Nous, on trouve ça inacceptable. On ne voit vraiment pas comment que ça pourrait aider notre communauté, un projet comme ça.
C'est un site touristique patrimonial de renommée internationale. Nous, on avait accès à ça l'hiver. Les citoyens de la place, c'est notre seul endroit pour aller faire du plein air. Il y a tellement de choses à faire avec ce site-là, là, si vous saviez. Je vous invite à venir le visiter, mais pas là parce que, là, l'accès est fermé, là. Mais je vous invite quand même à venir.
Ce que j'ai à dire au niveau de l'abandon du programme des minicentrales, c'est que ce n'est absolument pas une décision qui détruit certains outils de développement, régionaux. C'est plutôt l'occasion de redonner l'opportunité aux citoyens puis aux citoyennes de prendre en main leur développement économique de manière plus créative puis aussi surtout en accord avec la réalité d'aujourd'hui, entre autres, par exemple, par l'écotourisme ou toutes sortes d'autres initiatives qui pourraient même venir du milieu, parce que, dans notre milieu, on a tout ce qu'il nous faut pour prendre en main le développement de Val-Jalbert. On a les jeunes qui sont de retour en région, qui ont envie d'avoir des emplois intéressants, puis d'apporter leur grain de sel à la communauté, puis de donner la couleur qui attire après encore plus le tourisme. On a des étudiants qui sont spécialisés vraiment à proximité, que ce soit en tourisme, en patrimoine, en milieux naturels. On a le milieu communautaire par chez nous qui est extrêmement développé et diversifié puis vivant, puis on a aussi l'implication citoyenne que, je pense, qui n'est vraiment plus à démontrer.
L'abolition du projet de centrale à Val-Jalbert, pour nous, pour les citoyens, ce serait justement l'occasion pour nos élus de devoir nous accorder un petit peu de confiance, puis d'apprivoiser peut-être une vision de développement différente, puis de profiter d'une alliance entre leurs compétences peut-être un petit peu plus comptables et notre vision peut-être un petit peu plus créative et tournée vers l'avenir.
Je conclus en vous disant qu'en tant que co-porte-parole de la CSOV, je suis ici pour dénoncer l'étouffement démocratique dont on est victimes, je suis ici pour dénoncer le jeu de coulisses aussi dégradant qui se fait à notre sujet en ce moment pour minimiser notre argumentaire, là, qui est absolument indéfectible, je suis ici pour dénoncer le nombre incalculable de fois qu'on a demandé des audiences puis qu'on n'a pas eu de réponse, tant au niveau local qu'au niveau national. Je dénonce aussi le malaise qui est en train de s'instaurer dans notre petite communauté à cause de la répression policière qui commence à pointer le bout de son nez. Imaginez-vous donc, au Lac-Saint-Jean, de la répression policière.
C'est absurde d'en arriver à la situation actuelle qu'on est. On n'aurait pas dû se rendre là. Il est temps d'y mettre fin. Puis l'énergie qui est en ce moment dépensée à combattre ce projet-là devrait, sans plus tarder et depuis longtemps, être mise à revitaliser Val-Jalbert. Merci.

M. Piché (Paul): Merci. Merci, tout le monde. Vraiment, moi, je dois dire que, depuis les années que je me bats avec d'autres citoyens partout au Québec contre ce genre de projet là, depuis toutes ces années-là, c'est le projet le plus absurde qu'il m'ait été donné de combattre, vraiment. On se battait avant, on se battait... on avait à se battre... la beauté de la nature contre le développement économique. En fait, c'est souvent l'argument qu'on nous donnait.
Aujourd'hui, on se retrouve devant un projet qu'on dirait que personne, finalement, n'en veut. On se demande, on cherche qui veut de ce projet. On sait maintenant qu'à gauche, chez Québec solidaire, on n'en veut pas; on sait qu'à droite non plus on n'en veut pas, chez... avec la CAQ, avec François Legault aussi. On a vu ces gens-là se réunir pour dire que... pour dénoncer, pour montrer l'absurdité d'un tel projet.
Aussi, avec les chiffres qu'on a eus maintenant d'Hydro-Québec, les chiffres qu'on a eus aussi des promoteurs de ce projet-là, on sait clairement, maintenant, que c'est un projet qui n'est pas rentable pour les Québécois, ça, c'est clair, à cause... On connaît aujourd'hui tous les chiffres qui concernent les surplus d'électricité, la valeur de l'électricité, le coût d'achat, les contrats et tout ça. On sait maintenant que, pour tout le monde, ce n'est pas rentable. Les seuls pour qui ça devrait être intéressant, les seuls qui devraient être contents, ce serait les gens de la région. Eux devraient être contents, parce qu'on leur donnerait 1 million par année, et ça, évidemment, ça inclut les Innus. Mais même eux ne sont pas contents, même eux n'en veulent pas. Même les gens de la région, qui sont les seuls au Québec qui devraient être contents, ils n'en veulent pas. Les Innus...
Mais on nous a donné l'argument souvent que c'était à cause qu'il y avait enfin un projet commun entre Blancs et autochtones dans la région, et donc... et qu'il ne fallait pas empêcher ça, même si ça coûtait de l'argent et tout ça. Mais même eux n'en veulent pas, parce qu'ils ont réussi, effectivement, à remettre en question le conseil de bande. Il y aura une élection forcée sur le sujet. À cause de ça, beaucoup, à cause de ce barrage-là, il y aura une élection forcée.
Donc, qui en veut de ce projet-là? Parce que, là, si je parle, mettons, à des gens au Parti québécois, même eux, ils me disent: On n'en veut pas vraiment. On n'en veut pas, on n'a pas le choix. On n'a pas le choix, parce qu'il est trop tard, parce que ça a été avancé. Alors, je me dis: Mais coudon, qu'ils se présentent, qu'ils viennent nous voir, qu'ils se montrent, la personne... j'aimerais ça voir une personne qui en veut.

Évidemment, les maires... il y a Bernard Généreux, je sais, qui en veut. O.K. Et je dirais, je les comprends. D'une certaine façon, je les comprends de vouloir ce genre de projet là et je comprends aussi les gens ailleurs en région qui sont déçus, en ce moment, que l'autre... que le restant du programme a été empêché. Je les comprends, parce que ces régions-là, effectivement, ont une mission, d'une certaine façon, c'est d'occuper le territoire, d'avoir un développement économique, et on peut comprendre, dans ces régions-là, qu'ils n'ont pas d'argent. Ils n'ont pas beaucoup de monde. Souvent, les régions sont un peu... elles sont en décroissance démographique. Il y a vraiment des problèmes.
Alors, nous, on en a une solution. On en a une solution. Elle n'est pas compliquée, elle est simple puis elle ne coûtera rien, en plus. C'est que là, on considère que ça va... On le sait, on l'admet, hein, même la ministre des Ressources naturelles l'admet, elle dit: Ça coûte 4 millions par année pour ce genre de projet là. En fait, elle l'a évalué comme ça pour les six autres projets qui ont été annulés. Nous, on avait fait le même calcul, là. C'est extraordinaire, pour une fois tout le monde s'entend. On avait fait le même calcul pour Val-Jalbert: Ça coûte à peu près 4 millions à Hydro-Québec en trop puis ça va rapporter un seul million par année dans toute la région, hein? On a fait un petit calcul l'autre fois, puis c'était peut-être 8 $ par habitant, là, que ça donnait, ça, par année, là. Alors, pour 4 millions, on va avoir 1 million de profits pour la région.
Alors, nous, la solution, elle est simple. On dit: O.K., le 80 millions, on le considère... on considère qu'Hydro-Québec est capable de perdre ça sur 20 ans. Bien, donnons-leur l'argent puis laissons la chute tranquille. Pourquoi dépenser... Pourquoi briser à la fois les finances publiques et la chute? Non. Prenons cet argent-là puis développons, en région...

Une voix: ...

M. Piché (Paul): Oui, les autres projets partout ailleurs, les autres rivières, les autres endroits, protégeons ces rivières-là. Investissons dans la protection et la mise en valeur de ces sites-là puis construisons au lieu de détruire, avec le même argent. Voilà. Merci.

M. Khadir: Merci énormément. Rapprochez-vous parce qu'il va y avoir des questions.

Le Modérateur: On va prendre les questions dans l'ordre, je vous prie. Alexandre Robillard.

M. Robillard (Alexandre): Oui. C'est une question pour M. Piché. Donc, M. Piché, au fond, ce que vous dites, c'est que, même au Parti québécois, il y a des gens qui s'opposent. Vous êtes là pour dire ça, finalement. On sait que vous avez été associé au Parti québécois. Donc, ce que vous dites aujourd'hui, c'est: Même dans les rangs du Parti québécois, il y a des gens qui sont opposés au projet de Val-Jalbert.

M. Piché (Paul): Bien, en fait, ce que tout le monde me dit, c'est qu'on sait que ça n'a pas de sens, mais on n'a pas le choix de continuer parce que c'est trop avancé, parce que ce n'est pas notre projet, c'est le projet des libéraux et tout ça. Alors là, finalement, on se demande qui en veut.
Et nous, ce qu'on dit, c'est que ça va toujours coûter moins cher de l'arrêter, puis, au moins, on va sauver la chute. C'est dans un parc en plus, c'est un site patrimonial. C'est le plus absurde qu'on ne peut pas connaître. Alors, nous, on dit: Bien, arrêtez même si ça coûte quelque chose. Ça ne pourra jamais coûter aussi cher que de continuer avec un projet aussi absurde.

M. Robillard (Alexandre): Mais, est-ce qu'il y a d'autres péquistes, comme vous, qui sont opposés à ce projet-là?

Une voix: Oui. Chez nous, il y en a, en tout cas.

M. Piché (Paul): Oui, il y a... il y a des péquistes...

Une voix: 53 % selon le dernier sondage Segma...

M. Piché (Paul): 53 %?

Une voix: Des péquistes.

M. Piché (Paul): ...des péquistes sont contre. Bon, voilà.

M. Robillard (Alexandre): Ah! Bien, moi, je vous dis, on... j'entends des gens, là, autour de moi, je veux dire, donc, ça veut dire qu'il y a des gens du Parti québécois qui vous disent qu'ils sont contre ou...

M. Piché (Paul): Bien, je... oui, les... Même la ministre, dans le fond. Elle va dire: On a arrêté les autres projets. Lui, on ne réussit pas à l'arrêter parce que c'est trop avancé. Là, l'argument, c'est que c'est trop avancé.

M. Robillard (Alexandre): Est-ce que c'est vrai, ça...

M. Piché (Paul): Bien, on a déjà arrêté... On a déjà réussi, avec Bernard Landry, à arrêter un projet qui était encore plus avancé à Trois-Pistoles. Même genre de projet. Ça avait coûté une couple de millions, c'est vrai. Ça avait coûté 3 millions, je pense, qu'ils ont été obligés de racheter. Mais, encore là, même si ça coûterait 10 millions, il va rester 70 millions, parce que ça coûte 80 millions en trop, ce projet-là.
Alors, c'est... On ne comprend pas. Moi, c'est ça qui me fait continuer aujourd'hui. C'est qu'on ne me donne pas de raison, on ne me donne pas une raison pour arrêter le... pour continuer le projet. On me dit juste: Bien là, on ne peut pas arrêter, c'est trop avancé. Mais ce n'est pas une raison, on sait qu'on peut arrêter.
Et puis, en ce moment, ce qu'on demande au Parti québécois, ce n'est pas de reculer. On lui demande de faire un pas de plus, on lui demande de continuer, d'avancer. On lui demande de faire un pas de plus par rapport à ce qu'ils ont déjà fait. Ils ont quand même eu le courage d'arrêter les six autres, et je sais que ça leur donne du trouble, je sais qu'il y a beaucoup de monde qui ne sont pas contents. Mais moi, je dis: Faisons un pas de plus, arrêtons celui-là, prenons l'argent puis faisons quelque chose avec. Soyons constructifs au lieu de destructeurs.

Le Modérateur: Véronique Prince.

Mme Prince (Véronique): Bien, Mme Marois, justement, l'a déjà dit qu'elle était d'accord avec ce projet-là, qu'elle trouvait que c'était favorable au développement économique. Elle l'a même déjà dit en présence de plusieurs personnes de communautés autochtones. Donc, je ne sais pas si, là-dessus, vous avez l'impression qu'à l'intérieur même de son parti il y a des déchirements?

M. Paul (Michaël): Kuei, kuei! Bonjour. Je vais répondre à votre question, moi. Je suis un Innu de Mashteuiatsh, et on fait partie d'une alliance citoyenne. Le projet n'a pas été consulté, on n'a clairement pas été consultés. Tout d'abord, premièrement, Marois nous a apporté sur la table... elle a dit qu'elle voulait aller de l'avant avec le projet, qu'elle voulait se servir de ce projet comme un projet exemplaire, en partenariat avec les Premières Nations.
Par exemple, je tiens à spécifier que c'est un projet exemplaire en partenariat seulement avec le conseil de bande, que la population n'a jamais été consultée, qu'il n'y a jamais eu de référendum, qu'actuellement on tient 460 noms qui ont signé une pétition, 460 Innus sur une population de 2 000, nous sommes 2 000 sur la communauté qui ont signé une pétition contre le projet de barrage Val-Jalbert.
Donc, on s'entend que... De plus, présentement, ce printemps, on va avoir une élection comme on a parlé parce qu'il s'est tenu un registre électoral. On s'entend que 500 noms sur 2 000, c'est énorme, c'est une majorité, c'est un pouvoir pour remporter des élections.
Donc, c'est pourquoi qu'il y a eu différentes raisons amenées... qui ont amené la grogne chez nous. C'est sur le Nitassinan, d'abord, et on aimerait être consultés. On aimerait que la chute... elle a des millénaires, ça fait des millénaires qu'elle existe. Pour nous, elle est précieuse. Il y a bien beau avoir eu, en 1926, avant ça, un barrage; cette chute-là, elle a des millénaires, elle a le droit d'exister. Elle est dans notre coeur, pour nous, les Innus.

Mme Prince (Véronique): J'avais une autre question. C'était pour M. Piché. Est-ce qu'on peut comprendre de votre sortie aujourd'hui que nous n'appuyez plus le Parti québécois? C'est-u...

M. Piché (Paul): Je ne pense pas qu'on s'en aille en élections demain, alors je ne m'avancerai pas là-dessus. Mais je peux dire une chose: Clairement, le Parti québécois, en ce moment, recule par rapport au Parti québécois qu'on avait en 2003 avec Bernard Landry. Ça, c'est un vrai recul, dans le sens qu'en 2003, avec Bernard Landry, on avait une politique de l'eau. On avait une politique de l'eau, on avait même amené l'idée d'un... et un projet d'investissement, effectivement, dans les régions pour protéger ces rivières-là, protéger ces cours d'eau là. Il y avait quelque chose de très sérieux qui était présenté, qui a été présenté en campagne électorale. Malheureusement, ils ont perdu.
Mais il reste qu'aujourd'hui, avec le gouvernement de Mme Marois, on recule. Alors, moi, c'est sûr que ça ne me rend pas heureux, là, parce que ça fait longtemps que je me bats, là. Et puis une des raisons pour lesquelles j'ai appuyé le Parti québécois, c'est pour avoir, justement, un gouvernement plus écologique. Donc, c'est sûr que ça ne fait pas mon affaire. Mais, comme je dis, là, je ne m'avancerai pas sur une élection.

Le Modérateur: Michel Corbeil.

M. Corbeil (Michel): J'ai une autre question pour M. Piché. Vous avez laissé entendre: Le 4 millions, c'est simple, prenons-le, donnons-le à la communauté. Est-ce que c'est la même chose pour les autres projets? Est-ce que c'est 4 millions?

M. Piché (Paul): Bien non. C'est à dire que c'est un petit peu... Ça va coûter... Il y a une dépense de 80 millions, une perte, là, officielle, reconnue par tout le monde, même Hydro-Québec. On le sait, là, ça va être une dépense, sur 20 ans, de 80 millions qu'on va perdre, là, qu'on va être obligés de facturer aux Québécois.
Si on considère qu'Hydro-Québec doit donner de l'argent comme ça dans les régions, dans les communautés, moi, je trouve que ce n'est pas une mauvaise idée, honnêtement. Pourquoi pas? Hydro-Québec pourrait très bien, pour son image corporative, faire un peu de réparation par rapport à toute la destruction qui a été faite, là, par Hydro-Québec. Pourquoi ne pas donner de l'argent?
Donc, combien donner? Voilà la question. Il y a 80 millions. On ne donne pas 80 millions à Roberval, là, puis aux Innus. Non, ce n'est pas ça, mon idée. Mais c'est quand même de leur donner l'argent qu'ils avaient prévu ou vers... autour de... de protéger ces endroits-là, d'investir dans le protection de cette richesse-là. Mais là, eux autres, il y avait juste 20 millions sur 20 ans qui s'en allaient, là, dans cette région-là de Val-Jalbert. Il reste un autre 60 millions, là. L'autre 60 millions, on pourrait le mettre ailleurs, là, dans les autres régions.

Une voix: ...

M. Piché (Paul): Bien oui, dans les autres endroits où il y a des rivières comme ça à protéger. On peut investir...

M. Corbeil (Michel): Il y a six autres projets qui ont été...

M. Piché (Paul): Il y a six autres projets. Bon, bien, ces autres projets-là et d'autres endroits aussi, on peut investir dans la protection, la mise en valeur, l'écotourisme. L'écotourisme, c'est une des industries qui est la plus en croissance en ce moment. Alors, pourquoi ne pas en profiter?
On peut imaginer, là... Moi, je pense à eux autres, là, ici, là, sur la Ouiatchouane. En ce moment, il y a le village fantôme en bas, là, hein? Bien, on appelle ça le Village d'antan maintenant, je ne sais pas trop, bon, peu importe. Il y a une deuxième chute en haut, là.

Une voix: Qui va disparaître.

M. Piché (Paul): Il y a une deuxième chute qui va disparaître aussi. À la deuxième chute en haut, là... Moi, je suis un archéologue avant d'être chanteur, là. J'étais archéologue et je sais qu'il y avait là, là... il y a de l'occupation préhistorique. Alors, pourquoi ne pas investir pour créer, en haut, un village autochtone, en haut, sur l'autre chute, faire des sentiers, rendre ça accessible? En ce moment, tu ne peux même pas y aller. L'autre fois, je suis allé là-bas, là, c'est... je veux dire, on m'a amené là en skidoo, puis j'ai marché dans la neige jusqu'icitte, regarde.

Une voix: Sauté par-dessus une clôture.

M. Piché (Paul): C'est comme... Donc, pourquoi ne pas investir, créer de l'activité, créer de l'activité écotouristique et culturelle, donner une qualité de vie aux gens en région, partout, leur créer de l'emploi réel? On peut investir cet argent-là.

Journaliste: J'ai une question pour M. Khadir. J'ai une question pour M. Khadir également. M. Khadir, on dit, dans le communiqué de presse, que des plaintes ont été logées sur des irrégularités dans l'attribution de contrats. Est-ce que... À quel niveau c'est rendu? Et il y a d'autres projets de minicentrales, une, entre autres, sur la Côte-Nord qui vient tout juste de commencer la production à Sheldrake. Ça a été conçu par Axor. Est-ce que vous demandez qu'il y ait des enquêtes sur des irrégularités?

M. Khadir: En fait, regardez, là, il y a tellement d'enquêtes sur des irrégularités dans la construction, dans l'octroi des contrats publics aux firmes d'ingénieurs qui ont piloté... Je vous rappelle, là, les principaux promoteurs... Le principal lobby, par exemple, dans le cas de la minicentrale de Val-Jalbert, c'est BPR, connue pour ses pratiques de financement illégales. Dans d'autres cas, c'est Axor. C'est sûr que, nous, on peut passer notre temps à loger des plaintes au gouvernement, à loger des plaintes auprès de la commission Charbonneau qui n'en aura pas fini avant je ne sais pas combien d'années.
Mais, ceci étant dit, il y a une mesure immédiate, un beau pas, un pas en avant que Paul Piché a appelé le gouvernement Marois à faire. C'est simplement de mettre un terme aux projets qui n'ont pas d'allure. Puis Val-Jalbert, comme les six autres, n'a juste pas d'allure sur le plan financier, sur le plan environnemental, sur le plan acceptabilité sociale.
J'espère aussi que le gouvernement fera les enquêtes appropriées. Je rappelle que c'est la gestion libérale, liée au financement de la caisse du Parti libéral, qui nous a entraîné dans ces projets-là. C'est ça la réalité. Les promoteurs, là, c'est des firmes de génie-conseil, qui finançaient la caisse du Parti libéral, qui poussaient sur ces projets-là, parce que c'est eux qui pilotaient les dossiers et qui sont dans les consortiums qui gèrent et qui vont construire, qui ont fait les plans, qui vont faire les devis, qui vont faire la gestion de l'ingénierie de la chose. Là, il va falloir mettre un frein à tout ça, et ça, on n'a pas besoin de commission d'enquête. Le gouvernement sait ce qui se passe.

Le Modérateur: Charles Lecavalier.

M. Lecavalier (Charles): M. Khadir, entre Mme Marois qui dit que le projet est bon pour le développement économique et Martine Ouellet qui dit qu'elle aimerait le faire disparaître avec une baguette magique, est-ce que vous ne voyez pas qu'il y a une espèce de contradiction ou un...

M. Khadir: Mme Marois ne peut pas être au courant de tous les dossiers tout le temps. Pour la brève période où elle a été ministre de l'Environnement, je pense que c'était quelques jours ouvrables, moins d'une semaine, bien, elle n'a peut-être pas eu les bons briefings puis elle était dans une... pardon?

Une voix: Elle a dit ça en élections ou il n'y a pas...

M. Khadir: Non, non, non. Elle l'a dit surtout lorsqu'elle a été... lors du sommet avec les autochtones, là, quand M. Breton a été mis de côté. Elle a réitéré que c'était un bon projet, surtout que c'était un projet exemplaire avec des autochtones. Sauf que dans le briefing qu'on lui avait présenté, on ne lui avait pas dit que c'est le conseil de bande qui n'a même pas consulté les autochtones. Maintenant, le conseil de bande est remis en question, va devoir aller en élections parce qu'ils ont mal consulté leur population. Ils sont en quelque sorte démis par leur population, ils vont devoir aller en élections un an avant.
Donc, Mme Marois, maintenant, constatant tout ça, il n'y a rien de déshonorable, il y a... À mon avis, c'est même très honorable que la première ministre du Québec, tenant compte de l'appel lancé par Paul Piché, par la Fondation Rivières, par les citoyens, par le mécontentement de sa... dise: Écoutez, on a regardé puis on peut faire mieux avec les autochtones, on a de meilleurs projets pour vous. L'argent d'Hydro-Québec pourrait être mieux utilisé à préserver nos rivières patrimoniales, à la mise en valeur de notre patrimoine, de nos rivières, de notre nature. Il n'y a rien de...
C'est sûr qu'elle va faire des malheureux, par exemple Bernard Généreux, mais je pense que M. Généreux, avec le temps, va se réconcilier quand M. Généreux va voir qu'Hydro-Québec sera un instrument d'un meilleur développement dans les régions qu'un développement qui profite juste aux firmes de génie-conseil et à quelques constructeurs.

Le Modérateur: Jessica Nadeau, et ça terminerait la période des questions.

Mme Nadeau (Jessica): J'ai deux petites questions très brèves. M. Khadir, vous avez déjà présenté une pétition à l'Assemblée nationale contre la centrale. Pourquoi une deuxième?

M. Khadir: Parce que c'est des pétitions que des citoyens ont amené, et j'ai la responsabilité, comme député, de les parrainer, de les acheminer à l'Assemblée nationale. Si les élus locaux, à cause de toutes les pressions qui s'exercent sur eux par les lobbys d'affaires, ne peuvent pas faire ça, bien, c'est moi qui le fais.
Moi, je ne suis pas dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, donc ça serait plutôt aux députés de là-bas de le faire. Il y a plusieurs députés péquistes qui ont, malheureusement, refusé de le faire, parce que le lobby des firmes de génie-conseil, le lobby d'affaires, le lobby de M. Généreux est trop fort. Et ça, c'est inacceptable que les lobbyistes réussissent à avancer des projets que la population ne veut pas. Ça, c'est inacceptable. C'est la même gestion que le gouvernement libéral. Il me semble que les Québécois ont besoin de d'autre chose. On a élu ce gouvernement-là, on a remercié les libéraux de leurs services pour voir des changements. C'est inacceptable qu'on continue le même modèle.

Mme Nadeau (Jessica): Deuxième question, rapidement. M. Piché, est-ce que vous faites... est-ce que vous menacez le PQ de claquer la porte s'il ne va pas de l'avant avec ce projet-là?

M. Piché (Paul):

Je ne me sens pas du tout la force de menacer personne. Je fais juste dénoncer un projet qui est complètement absurde. Il y a un petit détail que j'ai oublié de mentionner tantôt, qui, moi, me heurte beaucoup. Ça va... on va avoir une dépense inutile de 80 millions. Dans tout ça, il y a 40 millions qui va aller à une banque, dans le sens qu'on va faire un emprunt, la municipalité va emprunter 53 millions puis elle va remettre, en tout, 90 millions. Il y a presque pratiquement 40 millions qui va aller juste en intérêts à une banque.

Mme Nadeau (Jessica): Mais avez-vous parlé directement à Mme Marois? Lui avez-vous fait part de vos préoccupations avant?

M. Piché (Paul): Oui, j'ai parlé à tout le monde à qui je pouvais parler...

Mme Nadeau (Jessica): Est-ce que vous avez des réponses ?

M. Piché (Paul): ...et je n'ai pas de réponse. Je n'ai pas de réponse sur pourquoi on continue malgré tout. En fait, la réponse que j'ai, c'est qu'il est trop tard pour arrêter. On ne peut pas remettre la pâte dans le... je ne sais pas comment dire ça en tout cas, là, je ne connais pas les expressions.

Journaliste: Dans le dentifrice.

M. Piché (Paul): Oui, dans le dentifrice, là, bon. Mais je sais très bien que ce n'est pas le cas. Je sais qu'on a déjà fait mieux, puis qu'il faudrait qu'on le fasse aujourd'hui plus que jamais.

Le Modérateur: Alors, questions en anglais.

Journaliste: Mr. Khadir, it's a question for you. Are you saying... Just to clarify, are you saying that, in addition of cancelling this project, that there should be an investigation into how the contracts were awarded for this?

M. Khadir: No. The question was asked. You know, there are irregularities in the construction business all across the board: pavement in Montréal, highways in Laval, big construction like the CUSM, the Montreal Hospital General... the McGill University Hospital. And there are also, in the dams, you know, the small dams, hydroelectric centrals that are going to be built because the same companies, the same engineering firms that are involved in this corruption and collusion and that have financed the Liberal Party are involved. They are the promoters, they will be benefiting, and the banks essentially.

Journaliste: ...that we shouldn't be doing?

M. Khadir: No, no. What I said is that there is room for investigation. We haven't lodged any demand, because the commission Charbonneau is already, you know, overwhelmed by all the work that it has to do. And I was saying that the Government doesn't need to investigate. They know, they know these practices. They know that the project, financially, doesn't make sense. They could stop it, it will cost less for the Québec's taxpayers, and they can invest part of that money in the region with more benefits for jobs and for the region.

Journaliste: Does that mean that we should halt any type of large scale infrastructure projects?

M. Khadir: No, no. Do them better, reconsider them, require that they be sound economically and they profit the population not just engineering firms, not just construction firms that contribute to the financement of political parties, PQ and the Liberal Party. That's the... We can do a lot of development, green development. For example, energetic efficiency, it's 15 years... consensus, we can create thousands of jobs everywhere and would reduce our economic expenses. We'll have more power to sell outside, it would be more profitable but it won't profit to engineering firms and construction firms. It will profit to small constructors, to small contractors, to people instead of big businesses.

Le Modérateur: Thank you. Merci.

(Fin à 13 h 49)

Participants


Document(s) associé(s)