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Point de presse de M. Robert Poëti, porte-parole de l'opposition officielle en matière de sécurité publique, et de M. Robert Dutil, porte-parole de l'opposition officielle en matière d’institutions démocratiques

Version finale

Le mardi 17 septembre 2013, 11 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures deux minutes)

M. Couillard (Philippe): Bonjour. Je vais d’abord confirmer que l’UPAC a visité la permanence du Parti libéral du Québec, comme il a été annoncé hier aux nouvelles. Bien sûr, je ne ferai… nous ne ferons aucun commentaire sur l’enquête policière en cours. Elle doit suivre son cours, et, de toute façon, cette enquête sera rendue publique de toute façon, d’une façon ou d’une autre, soit par divulgation, par mécanisme légal, des motifs de la perquisition, soit lorsque des accusations, le cas échéant, seront portées. L’enquête fera la lumière, je veux qu’elle fasse la lumière. Je ne veux aucun compromis, je veux la vérité. Je veux que, si des personnes ont agi illégalement, qu’elles en répondent et je veux réaffirmer que personne n’est au-dessus des lois chez nous.

Je suis revenu en politique dans un environnement transformé. Avant l’élection de septembre, rappelons quelques gestes posés : la création de cette unité, de l’UPAC, dont on disait à l’époque, souvenez-vous, qu’elle était une coquille vide, apparemment non; la commission Charbonneau, la loi anti-prête-noms. Après l’élection, de façon unanime, à l’Assemblée nationale, nous avons changé le mode de financement des partis politiques pour le mieux, avec la limite de 100 $.

Au parti, j’ai lancé, dès mon accession à la direction des travaux qui portent notamment sur la réforme de la gouvernance du parti, la création d'un code d’éthique. Il faut savoir que les partis politiques du Québec n'ont pas de code d’éthique. Nous allons en avoir un, mais nous n’aurons pas seulement un code d’éthique, un document, nous aurons une gouvernance éthique. Ce n'est pas tout de publier un code d’éthique, il faut indiquer aux gens ce qu'il veut dire, comment on veut qu'ils ou qu'elles se comportent pour utiliser ce code d’éthique. Robert Poëti dirige d’ailleurs les travaux de ce groupe. Sur le financement, Robert Dutil aide nos collègues députés — et c'est une bonne chose — à aller vers le nouveau mode de financement populaire, qui est excellent, encore une fois que je salue de façon très positive.

À ce sujet, je voudrais dire un mot concernant la lettre du député de Robert-Baldwin qui a été relevée dans les médias au cours des dernières heures. Je veux être très clair. J’entendais le journaliste de Radio-Canada — ou de RDI, là, c'est la même chose — dire hier que la lettre était malhabile. Elle n'est pas malhabile, elle est inacceptable et inappropriée. Je ne veux pas de tel lien, je n’accepterais pas de tel lien entre des décisions de subvention et des autorisations quelconques et le financement. S’il y a une piastre qui rentre dans le parti de même, je ne veux pas la piastre, je ne veux pas cet argent-là. Bon, ça ne doit pas se reproduire, cela ne se reproduira pas. On a plus de 50 000 membres, maintenant, au parti, des milliers de contributeurs qui nous soutiennent sur la base de nos idées, comme, par exemple, au cours des derniers jours, sur la base des défenses des libertés. C'est comme ça que le financement se fait, c'est comme ça qu'il va se faire et ça s’arrête là. Merci beaucoup.

Le Modérateur : On va prendre des questions. Je vous rappelle, juste pour l’identification, là, de dire le nom, média.

M. Couillard (Philippe): Même si je vous connais un peu, ça vaut la peine.

Le Modérateur : On va commencer au micro de gauche, M. Couillard.

M. Couillard (Philippe): Pardon, oui.

Mme Prince (Véronique) : Véronique Prince, à TVA. Puisqu’en arrivant comme nouveau chef vous avez promis plus de transparence, plus d’éthique, pourquoi, à ce moment-là, ne pas avoir averti vos députés de cette perquisition-là, de la visite de l’UPAC? Pourquoi aussi ne pas avoir averti le public en juillet et qu'on l’apprenne de cette façon-là?

M. Couillard (Philippe): O.K. D’abord, on a eu une discussion prolongée sur cette question-là. C'est le genre de situation où on peut avoir des arguments d'un côté ou de l’autre. D’abord, je voudrais dire que le comité restreint, le comité directeur de l’exécutif du parti a été informé immédiatement, et il y a un député sur le comité exécutif, c'est Robert Dutil. Alors, il y a… les instances du parti ont été informées. Comme la police, vous avez vu, ils ont fait en général des annonces publiques et ils l’ont fait de façon très visible, en général, leur perquisition. Ça n'a pas été le cas cette fois. Vous leur demanderez pourquoi, si, le cas échéant, vous avez à leur demander. Étant donné cet aspect-là, étant donné qu'on ne voulait pas… qu'on a jugé qu'on ne voulait pas nuire aux enquêtes, on s'est dit que, de toute façon, la chose allait être rendue publique. Là, ça a été par un reportage médiatique. Mais je rappelle que, de toute façon, il y a un mécanisme légal qui fait en sorte qu’après un certain délai c'est rendu public et que, bien sûr, s’il y a des accusations, elles seront hautement publicisées.

Alors, c'est le raisonnement qu'on a suivi à l’époque. Évidemment, les arguments étaient dans un sens ou dans l’autre, à l’époque.

Le Modérateur : On va passer au micro de droite.

Journaliste : Bonjour, M. Couillard. Dans cette enquête, des députés seraient ciblés. Est-ce que vous êtes au courant de ça et est-ce que vous pouvez nous dire qui est ciblé?

M. Couillard (Philippe): Alors, j'ai demandé, dès que j'ai entendu le reportage et que... en fait, que j’ai lu, parce que c’était dans l’article de La Presse, je crois, qu'on mentionne ça. Dès que j’ai lu cet extrait, j'ai demandé immédiatement que des vérifications soient faites. Je peux vous dire qu’au moment où nous nous parlons la quasi-totalité... je ne peux pas affirmer que la totalité des députés a été contactée, mais pas une seule ou un seul des députés contactés n’a été rencontré. Alors, ça, je peux le dire de façon très claire. Il n’y a pas eu d’interview de l’UPAC auprès des députés du caucus libéral.

Journaliste : Mais est-ce que vous savez si certains députés sont dans la mire de l’UPAC ou sont soupçonnés de quoi que ce soit?

M. Couillard (Philippe): Bien non... Non seulement je ne le sais pas, mais je ne veux pas le savoir. Je ne veux pas me mêler des enquêtes policières. Ce que j'ai fait seulement, c'est que j'ai demandé à l’équipe parlementaire ici de vérifier auprès de chaque député individuellement, compte tenu de l’article, si, oui ou non, ils avaient été interviewés par les forces policières. La réponse, à date, c'est non. Il en reste juste quelques-uns, parce qu’ils sont en déplacement, là. S’il y a des ajustements à ça, on vous le fera savoir, mais, actuellement, aucun député n’a été rencontré.

Le Modérateur : On va aller au micro de gauche. Peut-être juste vous identifier avant.

M. Chouinard (Tommy) : Oui. Tommy Chouinard, La Presse. Bonjour. Donc, est-ce que vous savez si d’anciens élus du Parti libéral, qui étaient là jusqu’à tout récemment et avec qui vous avez siégé, auraient pu être rencontrés?

M. Couillard (Philippe): Je ne le sais pas et je ne veux pas le savoir.

M. Chouinard (Tommy) : Pourquoi?

M. Couillard (Philippe): Je ne veux pas me mêler d’enquêtes policières. Si des personnes ont été rencontrées, est-ce que ça veut dire nécessairement qu’elles sont coupables? Non. Alors, que la police fasse son travail, que la  commission Charbonneau fasse son travail. Si des accusations sont portées, elles le seront. Si des personnes sont appelées à témoigner, elles le feront publiquement également. Moi, je me concentre sur aujourd’hui, ce que je fais aujourd’hui au parti. Le passé est fait, il faudra l’assumer. Les gens qui ont agi, s’ils ont agi illégalement, l’assumeront. Mais je ne tiens pas, moi, à m’immiscer dans les enquêtes policières de quelque façon que ce soit.

M. Chouinard (Tommy) : Il y a un député de votre parti qui a dit que c’était une erreur de ne pas avoir informé les députés dès le moment où les perquisitions ont été faites. Aujourd’hui, est-ce que vous regrettez de ne pas avoir été plus transparent?

M. Couillard (Philippe): Non. J’essaie de ne pas regretter ce que je fais à mesure, parce qu’on apprend, d’après l’éclairage qu'on a, à ce moment-là, puis les arguments qu'on a de part et d'autre. Je répéterais ce que j’ai dit tantôt à votre collègue, c'est qu'on a eu une discussion assez poussée là-dessus, que, pour plusieurs raisons, entre autres le fait que la police elle-même n’avait pas donné de caractère public à cette opération-là et également qu'on ne veut pas nuire aux enquêtes policières, qu'on a quand même informé le comité directeur de l’exécutif du Parti libéral du Québec sur lequel siège un député. On s'est dit que, de toute façon, la chose viendrait publique puis qu'on en rendrait compte à ce moment-là.

Maintenant...

Le Modérateur : On va passer au micro...

M. Chouinard (Tommy) : ...selon vous, de votre part?

M. Couillard (Philippe): Écoutez, c'est difficile pour moi de l’apprécier. Je n’essaie pas de me... je veux juste vous présenter les arguments qu'on a suivis. C'est le genre de décision... en anglais, on dit : «Damned if you do, damned if you don’t». Il y a des arguments des deux côtés, et je pense qu'on était quand même dans une posture logique. Puis, de toute façon, j’étais préparé qu’un jour ou l’autre la chose devienne obligatoirement publique.

Le Modérateur : On va passer au micro de droite.

M. Lavallée (Hugo) : Hugo Lavallée, Radio-Canada. M. Couillard, vous semblez nous dire que, bon, la situation est sous contrôle, l'UPAC fait son travail. Vous parlez d’ailleurs d’une visite de l'UPAC, mais, sauf votre respect, ce n'est pas une visite de courtoisie, là, c'est une perquisition.

M. Couillard (Philippe): Bien, j’ai utilisé le mot «perquisition» par la suite.

M. Lavallée (Hugo) : Est-ce qu’il n’y a pas, à l’usage même du type de discours que vous tenez aujourd’hui, une forme de déni de la gravité de ce geste-là?

M. Couillard (Philippe): Non. Absolument pas.

M. Lavallée (Hugo) : Ce n'est quand même pas banal, là, une perquisition dans les locaux du...

M. Couillard (Philippe): Absolument. Si je suis devant vous, c'est parce qu’au contraire je dis que ce n'est pas banal. Et je répète encore une fois ce que j’ai dit tantôt : aucun compromis. On veut la vérité. Je veux la vérité et que, si des personnes ont agi illégalement, qu’elles aient à en répondre. Je ne banalise absolument pas cet événement-là. Je ne serais pas ici si je le banalisais.

Alors, je veux transmettre le message que ce n'est pas acceptable. En passant, pas plus dans notre parti que les autres formations politiques, pas plus au niveau provincial qu’au niveau municipal ce n'est acceptable, et c'est le message que je veux transmettre haut et fort.

M. Lavallée (Hugo) : Et donc, depuis que vous êtes chef du Parti libéral, il y a eu toutes ces questions sur la façon dont vous aviez quitté la politique à l’époque, les tractations avec la firme privée vers laquelle vous êtes allé, l’arrestation du Dr Porter, maintenant cette perquisition-là. Est-ce que ça ne fait pas beaucoup de questions toujours qui reviennent un peu au même thème, celui de l’intégrité du Parti libéral et de votre intégrité? Est-ce que ce n'est pas un peu troublant, cette accumulation de doutes et de questions sur ces deux thèmes là?

M. Couillard (Philippe): Bien, je pense que, quand on fait des liens comme vous le faites dans votre question, peut-être. Mais vous citez des éléments totalement dissociés les uns des autres puis vous en faites un continuum.

Actuellement, ce que je vous dis, c'est qu’au jour d’aujourd’hui, depuis que je suis devenu chef du Parti libéral du Québec, on a accompli des changements déjà très importants, qui vont se poursuivre. Ces changements avaient commencé auparavant, en passant, et de faire de tels liens, là, à mon avis, ce n'est pas acceptable. C'est toujours la question de l’association, puis des hypothèses, puis des rumeurs. Moi, je n’embarque pas là-dedans.

Le Modérateur : On va passer au micro de gauche.

Mme Nadeau (Jessica) : Jessica Nadeau, Le Devoir.

M. Couillard (Philippe): Bonjour.

Mme Nadeau (Jessica) : Bonjour. Les mandats de l’opération ont été mis sous scellés et certains médias demandent à ce qu’ils soient relevés. Est-ce que vous seriez d’accord à ce qu’on rende public le mandat de l’opération dès maintenant?

M. Couillard (Philippe): Alors, je vais être bien clair, là, ce n'est pas nous qui avons demandé que ces mandats soient sous scellés. C'est une décision de la police et, je suppose, en collaboration avec les procureurs. Alors, ce n'est certainement pas moi qui vais commenter ça, là. La question doit leur être adressée. Mais je pense que Radio-Canada a déposé une action en justice qui va être entendue devant le tribunal. La réponse va être apportée à ce moment-là.

Mme Nadeau (Jessica) : Mais est-ce que vous pourriez, vous, vous opposer à ça?

M. Couillard (Philippe): Dans un sens ou dans l’autre...

Mme Nadeau (Jessica) : Est-ce que vous êtes d’accord avec cette idée-là? Est-ce que vous aimeriez que ça devienne plus transparent?

M. Couillard (Philippe): Qu’elle le soit ou pas, ça ne cause pas de différence chez moi. Ce qui est important, c'est que les forces policières décident si, oui ou non, le fait de le rendre public peut nuire à leur enquête. C'est ça, d’après moi, qui est dans leur réflexion. Et vous devriez leur poser à eux ou à elles la question : Pourquoi y a-t-il des scellés, etc.? Puis c'est à eux de répondre, certainement pas à moi.

Mme Nadeau (Jessica) : Mais est-ce que ça vous a surpris quand même, cette perquisition-là cet été?

M. Couillard (Philippe): Bien sûr. Ce n'est pas un événement qui arrive... Je le disais tantôt, c'est un événement qui sort de l’ordinaire, pour dire le moins, là. Mais, d’un autre côté, je le vois également comme l’occasion de faire la lumière, puis je veux que la lumière soit faite, puis je veux que les personnes qui soient potentiellement accusées aient à répondre de leurs actes. Alors, il faut que ça passe par là.

Je répète, là, et je ne tente pas de dévier le sujet sur d’autres formations politiques ou d’autres niveaux de gouvernement, ce n’est pas du tout ça que je vous dis, mais je vous dis que les mêmes préoccupations existent et doivent exister dans toutes les formations politiques et à tous les niveaux de gouvernement. On a entrepris des changements fondamentaux au Québec et dans notre parti, qui ont commencé avant mon arrivée et qui se sont poursuivis après mon arrivée. Pour moi, c’est ce qui compte, ce qu’on fait aujourd’hui pour nos plus de 50 000 membres, pour nos milliers de bénévoles qui sont là pour s’engager pour des idées avec nous.

Mme Nadeau (Jessica) : Mais vous parlez d’accusations… Vous avez dit : Ça va devenir public le jour où il aura des accusations…

M. Couillard (Philippe): Bien, s’il y en a. S’il y en a.

Mme Nadeau (Jessica) : Est-ce que vous pensez qu’il pourrait y avoir des accusations qui vont sortir de ça?

M. Couillard (Philippe): Comment voulez-vous que je le sache? Je n’ai aucune idée. Ce sera l’enquête qui va le déterminer.

Le Modérateur : On va passer au micro de droite.

M. Boivin (Simon) : Bonjour, M. Couillard. Simon Boivin du Soleil. Qu’est-ce qui a été perquisitionné, M. Couillard, dans les locaux?

M. Couillard (Philippe): Bien, je n’étais pas présent, là…

M. Boivin (Simon) : Mais vous avez sûrement demandé…

M. Couillard (Philippe): …mais on me dit qu’il y a des documents qui ont été saisis à ce moment-là, dont certains ont été retournés. Je n’ai pas de détail puis, honnêtement, je n’ai pas demandé beaucoup de détails non plus.

M. Boivin (Simon) : Vous n’avez pas demandé quant à savoir quelle boîte de documents a été perquisitionnée…

M. Couillard (Philippe): Non, parce qu’il y a tellement de boîtes. Il y a tellement de boîtes que c’est difficile, même pour moi, de savoir ce qu’il y a là-dedans. Mais, encore une fois, ce sont des questions à adresser aux forces policières.

M. Boivin (Simon) : Si d’aventure, il est démontré que des sommes ont été frauduleusement ou, de manière inacceptable, envoyées ou enterrées dans les coffres de votre parti, est-ce que vous allez les rembourser?

M. Couillard (Philippe): On a toujours dit qu’on assumerait nos responsabilités pleinement avec toutes les… autorités, pardon, que ce soit le DGE ou les tribunaux, parce que là il s’agit potentiellement d’accusations autres que celles liées au DGE. On ne sait pas qu’est-ce qu’il y a autour de cette opération policière, donc on en assumera toutes les conséquences puis, bien sûr, on va collaborer pleinement.

Ce que je vous dis, c’est que le passé est là. On ne le refera pas, on va l’assumer, puis on va le montrer, puis on va s’assurer que les gens aient à répondre de leurs actes. Mais ce qui compte également, c’est le présent et l’avenir du parti dont je suis responsable, et je peux vous dire qu’il y a un changement important en cours.

M. Boivin (Simon) : …le remboursement fait partie de prendre ses responsabilités?

M. Couillard (Philippe): Ça peut faire partie de prendre ses responsabilités. On verra l’issue, on ne sait pas l’issue de tout ça encore. Alors, attendons de voir l’issue qui suit cette perquisition pour aller plus loin.

Le Modérateur : On va passer au micro de gauche.

M. Lacroix (Louis) : Bonjour, M. Couillard. Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles. M. Couillard, quand il y a une perquisition, je ne sais pas, moi, je n’en ai jamais eu à la maison…

M. Couillard (Philippe): Moi non plus.

M. Lacroix (Louis) : …mais, quand il y a une perquisition, généralement, ils doivent remettre un document à la personne qui est perquisitionnée.

M. Couillard (Philippe): Moi, je n’ai pas de document...

M. Lacroix (Louis) : Non, mais le parti doit en avoir un, j’imagine.

M. Couillard (Philippe): Il est possible que quelqu’un qui était là ait eu… on lui ait présenté un document. Selon mes informations, le document n’a pas été laissé là. Je ne peux pas vous dire plus que ça, là.

M. Lacroix (Louis) : Si vous aviez le document, là, en main au Parti libéral, est-ce que vous accepteriez de le rendre public?

M. Couillard (Philippe): Bien, il serait probablement sous scellé. La question, elle revient à celle de tantôt. Si les forces policières ont décidé de mettre sous scellé ce document, c’est pour des bonnes raisons, liées à leur enquête. Alors, on ne commencera pas à détricoter ça. C’est à eux et à elles, les forces policières, de dire quelle est leur politique par rapport au scellé. C’est à eux que vous devez adresser cette question.

M. Lacroix (Louis) : Mais ma question, c’est : S’ils donnent un document, là, au Parti libéral…

M. Couillard (Philippe): Bien là, vous êtes dans une hypothèse…

M. Lacroix (Louis) : …vous pouvez en faire ce que vous voulez, là.

M. Couillard (Philippe): Vous êtes dans une hypothèse, on n’en a pas de document.

M. Lacroix (Louis) : Vous êtes sûr et certain que vous n’avez pas le document?

M. Couillard (Philippe): On n’en a pas, de document. Donc, parlez à ceux qui l’ont émis, ceux qui ont mis les scellés, puis ils vont vous répondre.

M. Lacroix (Louis) : Vous avez dit qu’aucun de vos députés n’avait été rencontré par des policiers. Est-ce que vous l’avez été?

M. Couillard (Philippe): Non. Non.

Le Modérateur : On va passer au micro de droite.

M. Dutrisac (Robert) : Bonjour, M. Couillard. Robert Dutrisac du Devoir.

M. Couillard (Philippe): Bonjour.

M. Dutrisac (Robert) : Vous ne voulez pas qualifier d’erreur cette décision que vous avez prise, ça pouvait aller dans un sens ou dans l’autre. Est-ce que, selon vous, elle serait... cette décision-là serait conforme à une future gouvernance éthique du Parti libéral dont vous avez parlé?

M. Couillard (Philippe): Écoutez, cette culture-là, elle est absolue, puis il n’y a pas de compromis dedans, je veux le réaffirmer.

Maintenant, je vous expliquais tantôt les circonstances qui ont entouré ces discussions-là. C’est des décisions que j’assume comme chef du parti mais qui se sont prises avec une discussion assez prolongée, où plusieurs éléments ont été pris en considération, notamment le fait… je répète encore une fois que les forces policières ont décidé de ne faire aucune publicité ou de ne donner aucun caractère public à leurs opérations; deuxièmement, qu’on on ne veut pas nuire aux enquêtes policières; troisièmement, que l’exécutif ou le comité directeur de l’exécutif du parti a été mis au courant, sur lequel il y a un député.

M. Dutrisac (Robert) : Pierre Arcand a parlé de stratégie électorale pour justifier la décision. Est-ce qu’il a été question...

M. Couillard (Philippe): Quelle décision?

M. Dutrisac (Robert) : Votre décision de ne pas rendre public, parce que ça nuirait aux...

M. Couillard (Philippe): Non. Non, non, parce que, de toute façon — autre élément que je répète — cette question-là allait être rendue publique d’une façon ou de l’autre, soit par l’expiration du scellé et la publication des documents, soit par le fait qu’on porte des accusations qui, de toute évidence, seront publiques. Alors, non, c’est abusif de dire ça.

Le Modérateur : On va passer au micro de gauche.

M. Lavallée (Jean-Luc) : Bonjour, M. Couillard. Jean-Luc Lavallée, LeJournal de Québec. Que pensez-vous du timing de cette nouvelle-là? Dans le fond, croyez-vous qu’il s’agit d’une fuite qui arrange le gouvernement pour un peu bousiller votre rentrée parlementaire?

M. Couillard (Philippe): Je n’irais pas là. Je pense que ce qui est important pour les citoyens, là, autour de ça, ce n'est pas les calculs politiques que l’un ou l’autre peut en faire, mais les faits puis ce qu’on dit sur les faits. Alors, moi, je ne commencerai pas à faire de tels liens. Je vous laisse à vous le loisir de les analyser en termes de chronologie, là, mais moi, je ne veux pas faire ce genre de lien là.

M. Lavallée (Jean-Luc) : Mais êtes-vous déçu que les projecteurs soient braqués sur votre formation politique aujourd’hui, en cette journée de rentrée parlementaire?

M. Couillard (Philippe): C’est une journée qui est moins agréable que d’autres, mais, comme chef du parti, c’est mon devoir de l’assumer puis d’être devant vous pour en répondre. Ça fait partie de ce que je dois faire.

Journaliste : How can you believe that...

Le Modérateur : On va juste... Juste un instant. Est-ce que vous avez une question en français pour terminer?

Le Modérateur : Une dernière question en français, à la gauche.

M. Robitaille (Antoine) : Oui, Antoine Robitaille, Le Devoir.

M. Couillard (Philippe): Bonjour.

M. Robitaille (Antoine) : Sur le plan de la transparence, est-ce que ce n'est pas un faux pas malgré tout? Vous avez promis la transparence...

M. Couillard (Philippe): Et puis je l’assume. Il y a beaucoup de choses qui... maintenant ouvertes, qui vont être ouvertes à notre parti, notamment le code d’éthique. Le financement se fait, comme vous le savez, de façon totalement différente, comme pour les autres partis politiques. Je vous ai expliqué tantôt les différents considérants qu’on avait étudiés. C’est une décision qu’aujourd’hui j’assume, là, mais qui a été prise de concert avec beaucoup de collaborateurs au parti, où beaucoup de choses ont été soupesées, notamment le fait que, de toute façon, cette chose-là allait être rendue publique.

On était également en plein milieu de la crise de Mégantic. Est-ce qu’on aurait dit, à ce moment-là : Bien là, ils veulent passer ça sous le radar de la crise de… tu sais, tout est possible, hein? Alors, compte tenu que la police n’avait pas publicisé l’affaire, on s’est dit que, de toute façon, elle serait rendue publique, qu’on allait informer notre exécutif et qu’on allait attendre les événements.

M. Robitaille (Antoine) : Donc, si je comprends votre logique, vous allez être transparent quand c'est évident que les choses vont être rendues publiques?

M. Couillard (Philippe): Non, non, c'est que là vous poussez l’interprétation un peu trop loin, là. De toute façon, cette chose-là allait être rendue publique, et le fait qu’il y ait eu cette opération-là ne signifie pas nécessairement qu’il va y avoir des accusations. On doit le voir avec l’enquête policière en cours. On a également jugé que le fait de donner, à ce moment-là, une communication à cet effet-là pourrait perturber l’enquête policière.

Bien sûr, toutes les opinions sont possibles dans une situation comme ça. Elles ont été présentées, retournées de part et d’autre, et c'est ce qui a été décidé à ce moment-là, mais aujourd’hui j’en réponds de façon très ouverte.

M. Robitaille (Antoine) : Vous avez fait partie de ce gouvernement-là, du gouvernement Charest, pendant un bon bout de temps. Vous avez fait du financement, vous avez été invité même dans d’autres comtés pour… comme appât pour le financement…

M. Couillard (Philippe): Je vais vous laisser le choix de mots, là.

M. Robitaille (Antoine) : Mais est-ce que c'est… est-ce que vous avez vu des choses, à l’époque, qui vous…

M. Couillard (Philippe): Non. Non.

M. Robitaille (Antoine) : Vous dites que ça se fait différemment maintenant. Donc, ça se faisait d’une autre façon avant?

M. Couillard (Philippe): Bien, non. Ce qui est différent maintenant, c'est la limite de 100 $, qui, à mon avis, donne un environnement beaucoup plus sain, là, au financement politique, en termes de perception, puis je suis très content que ce soit comme ça.

M. Robitaille (Antoine) : Mais, à l’époque, vous avez…

M. Couillard (Philippe): Mais, pour un élu qui faisait ce genre d’activité — puis, en passant, il n’y a pas que le Parti libéral du Québec qui le faisait, on est d’accord là-dessus — ça se résumait de la façon suivante : il faut aller à tel endroit rencontrer les gens dans le cadre d’une activité de financement, on les salue, on leur serre la main, on fait une allocution et on s’en va. Alors, les gens qui participent comme élus, là, c'est l’angle par lequel ils voient la question d’une activité de financement. Je n’ai jamais moi-même été témoin ou on ne m’a jamais demandé quelque lien que ce soit entre le fait d’être présent à une activité et un avantage quelconque. Je ne l’aurais pas accepté de toute façon.

Le Modérateur : On va maintenant passer en anglais, au micro de droite.

Mme Montgomery (Angelica) : Yes. Angelica Montgomery, CJAD.

M. Couillard (Philippe): Hello.

Mme Montgomery (Angelica) : You’ve talked about how offering the transparency and the cleanup of your party and yet, at the same time, you say you don’t want to know whether MNAs are under investigation, you don’t want to know what documents were ceased, you don’t want to know the nature of this investigation. How can you take control of the cleanup of this party if you are staying almost, it seems, well thoroughly ignorant of what these…

M. Couillard (Philippe): No, I will take control and full responsibility for what I can control. What we do with the way we manage the party, the way we raise funds, the ethics code, the code of ethics that we want to have at the party, of course, this is my responsibility. But I said also earlier that we’ve asked each of our present members if they had been met by the police until now, and only a few still need to be talked to, none of them have been met. This is something I wanted to know. Now, if they have met other people, I prefer to stay completely away from that, because, if I were to be seen as interfering directly or indirectly with the inquiry, that would be, I think, very bad.

Mme Montgomery (Angelica) : Why did you not tell people this rated happened in July?

M. Couillard (Philippe): Well, we look at the situation from many aspects. The fact, first, that the police themselves had decided not to make it public, so they must have had reasons linked to their inquiry not to do this because you will have noticed that, in other events, it was very public. The fact also that, at that time, we informed immediately our executive committee of the party that this was going on and we have one MNA on that committee that was informed, and this committee itself made the same decision, knowing that eventually it was going to be public anyway, either by lifting of the prohibition, non-publication by legal mechanisms or by the fact that accusations could be presented.

Le Modérateur : On va passer au micro de gauche.

Journaliste : Mr. Couillard, you say you’re willing to fight an election on the issue of defending fundamental rights, human rights. What about the issue of ethics and corruption? This is something that is going to come up. This is the hint of it now that the Charbonneau’s Commission apparently is coming around to provincial parties… How do you… Is this an issue? How you…

M. Couillard (Philippe): I will fight an election that issue as well and I ask people to judge us and me by what has been done since I became leader of the party. And there’s obvious changes going on now, not only in our party but other parties, but specifically in our party we have started working very… a few months ago on a code of ethics, on governance , on the way we raise funds. This has been made and led by our MNAs, both of them present with me today. So I want to be judged based on that. Whatever happened before, of course, I cannot change. What I want is truth to come out and people who have acted illegally to answer for it.

Journaliste : On Mr. Marsan, you said that his letter was unacceptable. In what way was it unacceptable and will it be any sanctions against Mr. Marsan?

M. Couillard (Philippe): Well, we had a conversation, and the message has been passed and the message has been received. That’s so all… That’s all I will say. What was not acceptable for me is that in the letter, in the start of the letter, I believe, there was a link made between subventions and whatever advantages had been received and the donation to the party, which I find totally unacceptable. And if one dollar is raised that way, I don’t want that dollar. That’s something I said also and I want to say again.

Le Modérateur :  On passe au micro de droite.

M. Lyons (Shawn) : Shawn Lyons of CBC. What do you have to say or how concerned are you about the timing of these incidents that are happening right as we get ready to launch into the fall session in the Assembly?

M. Couillard (Philippe): Well, I will not, as I said earlier in French, I will not try to interpret that. It’s your job to do it. Obviously, there’s a coincidence, like you mentioned, but I don’t want to get into this. I don’t what to say: Well, you know, it maybe some political calculations from other people. What matters to citizens is the issue here. The issue, of course, is integrity of the political parties, the way we answer to that event, saying that it is unacceptable, that we will not tolerate any compromise on that and we want the public to… the persons to answer for their actions. That is what counts. Whether there is a relationship or some political calculations on one side or the other, I leave this for you to analyze.

M. Lyons (Shawn): But of course you know there are a lot of issues to be put on the table this fall. How concerned are you or how big a challenge is it going to be for you to keep your message out there when we are… with Charbonneau continuing, with these kind of stories, we are going to be dealing with these kinds of issues, these corruption issues or other allegations in the months to come. How big a challenge is it for you, as the leader of this party, to stay on track and to convince Quebeckers that things are clean?

M. Couillard (Philippe): Well, I show them, and we will keep showing them what’s going on now in our party, today, what we have changed since I became leader last March. And today you will see that we will keep concentrating on the economy. So, if some people felt that we would be less interested in the economy or jobs because of today’s press conference, they are wrong. We will continue addressing those fundamental issues day, after day, after day, as well as liberties, by the way.

M. Perreaux (Leslie) :  …from Globe and Mail.

M. Couillard (Philippe): Hello.

M. Perreaux (Leslie) : Can you tell us how revealing the existence of this raid would’ve compromise an investigation?

M. Couillard (Philippe): Well, this is something we have judged. We said: Why doesn’t the police make it public themselves, which usually they do. So there is some difference of treatment here, obviously. You know, there’s also the fact that we had at the same time the Mégantic disaster, exactly the same days. So will it appear that we want to just sweep it under the Mégantic disaster? The people could have said that at the time, but it’s hypothetical, of course. And we also knew that it would come public anyway, by two ways, either by lifting of the non-publication order to legal mechanisms, which has to happen anyway, or by the fact that accusations would be presented.

M. Perreaux (Leslie) : You draw a very strong dark line between «l’ancien régime» and yours, and I’m wondering if I’m to take from that, but you believe you’ve expunged corrupt elements of the Liberal Party from your ranks.

M. Couillard (Philippe): Well, I would not make that kind of judgment, use the word that you use. But I want to say that today, at our party, none of the persons who were there before, associated to the fundraising or any similar activities, is present at all. We’ve made a complete change of our direction at the management of the party.

Le Modérateur : Parfait, merci.

M. Couillard (Philippe): Merci.

(Fin à 11h 27)

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