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Point de presse de M. Sam Hamad, ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale

Version finale

Le mardi 10 novembre 2015, 15 h 35

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quinze heures trente-cinq minutes)

M. Hamad : Alors, j'ai... Mesdames et messieurs, bon après-midi. J'ai présenté aujourd'hui le projet de loi n° 70 qui contient trois éléments importants. Le premier, c'est la création d'un nouveau programme d'aide sociale, il s'appelle Objectif emploi; le deuxième, c'est la formation... la loi sur la formation professionnelle, la loi 1 %, et la loi aussi sur le développement des compétences; et le troisième élément dans ce projet de loi, c'est l'exclusion des revenus de succession pour les personnes à la solidarité sociale.

Alors, le premier point, donc, la création d'un nouveau programme... s'appelle Objectif emploi. En fait, Objectif emploi s'adresse à tous les nouveaux demandeurs de l'aide sociale qui sont sans contrainte, aptes pour travailler et en bonne santé. On estime annuellement le nombre des premiers demandeurs qui ont ces spécifications-là, à peu près 17 000 personnes par année. La triste réalité aujourd'hui, c'est que 60 % des nouveaux demandeurs sont âgés de 29 ans et moins, 38 % de ces gens-là sont issus d'une famille à l'aide sociale. On parle de 6 200 jeunes, à chaque année, qui arrivent à l'aide sociale, sont issus d'une famille à l'aide sociale. On parle d'à peu près de 7 000 à 8 000 personnes qui sont âgées de 29 ans et moins.

Est-ce qu'une société développée, généreuse, solidaire et ambitieuse peut se permettre de laisser tomber, à chaque année, des milliers de jeunes dans la pauvreté et la détresse sans pouvoir les aider à accomplir leur plein potentiel et à réaliser leurs rêves? Est-ce que le Québec ambitieux d'aujourd'hui peut accepter le cercle vicieux que la seule destinée d'un enfant d'une famille à l'aide sociale soit de vivre dans l'aide sociale? La réponse, c'est assurément non. En même temps, chaque citoyen doit faire un effort, surtout pour améliorer son sort et gagner sa dignité.

Donc, le programme Objectif emploi est obligatoire et contient des ententes de réciprocité, c'est-à-dire les contribuables québécois, par le biais de ce programme, investissent dans le potentiel des participants en leur offrant un incitatif financier pour les accompagner dans leurs démarches d'intégration à l'emploi. De son côté, le participant doit faire des efforts, c'est-à-dire s'inscrire et participer dans les démarches personnalisées en fonction de sa situation. Vous comprendrez que les contribuables qui investissent dans ces démarches s'attendent à ce que les participants fassent les efforts pour s'en sortir. Donc, dans le cas d'un refus non justifié de faire ces démarches, des sanctions monétaires sont prévues, en cas de récidive aussi. Notre seul objectif, c'est de briser ce cercle vicieux et de donner à nos jeunes la chance de réaliser leur plein potentiel et surtout de leur assurer un avenir meilleur. Alors donc, ça, c'est le premier volet.

Le deuxième, c'est la formation professionnelle, la loi 1 %. Alors, ce ne sont pas les jobs qui manquent au Québec aujourd'hui, ce sont les travailleurs qualifiés qui manquent. Ce n'est pas le nombre d'emplois disponibles qu'il faut améliorer, c'est la compétence et la formation qu'il faut améliorer. La loi 1 % est là pour améliorer les compétences et n'est pas là pour faire des séances d'amusement. Nous sommes déterminés comme jamais à mettre en place tous les outils, l'organisation, les mécanismes nécessaires pour que nos entreprises obtiennent la meilleure main-d'oeuvre, pour que nos jeunes et nos travailleurs aient la possibilité d'obtenir la meilleure formation et les compétences qui leur procurent les meilleures jobs.

À cet effet, nous allons changer la loi... le 1 % pour, en fait, concentrer les cours de 1 % sur la formation des compétences et pas pour l'amusement, mais les gens, s'ils veulent s'amuser, ça ne fera pas partie du 1 %; changer la gouvernance de la Commission des partenaires du marché du travail, c'est-à-dire que la commission des partenaires où il y a les syndicats, les patrons, les milieux de l'éducation, l'immigration, les universités, les commissions scolaires, les cégeps, la commission va établir, à chaque année, les besoins de formation et les besoins d'emploi dans chaque région. Nous aurons un portrait des besoins de formation et d'emploi dans chaque région et, par la suite, nous allons demander aux gens de la formation, c'est-à-dire les commissions scolaires, les cégeps, les universités, de préparer les formations en fonction des besoins du marché du travail dans chaque région.

La commission aura un pouvoir de reddition de comptes. Une fois qu'on a établi le besoin, la commission va demander au ministère de l'Éducation, aux autres partenaires : Qu'est-ce que vous avez fait pour répondre à la demande? Et, bien sûr, nous allons travailler tous ensemble, ça veut dire que les patrons, les fédérations de chambres de commerce, les entreprises, les syndicats, le milieu de l'éducation, le milieu communautaire aussi, nous allons tous travailler ensemble pour répondre aux besoins du marché du travail dans chaque région au Québec. Et, bien sûr, nous allons demander de faire une reddition de comptes sur l'argent investi pour la formation, sur les gestes posés par les organisations de formation en fonction des besoins d'emploi, ça, c'est le deuxième volet.

Le troisième volet du projet de loi, c'est un volet plutôt humanitaire, qui touche d'ailleurs des enfants ou des gens, des personnes qui ont des contraintes sévères, c'est-à-dire ils sont dans la solidarité sociale. Actuellement, c'est le revenu de succession qu'on parle. Autrement dit, aujourd'hui, il y a des parents qui vont mettre l'argent de côté pour un enfant handicapé, ou pour une personne handicapée, ou leur enfant, dans le fond, et actuellement le calcul, on le fait sur l'actif, et, lorsque ces gens-là reçoivent des revenus de succession, de placement de succession, ces gens-là sont pénalisés.

Alors, ce que nous allons faire pour continuer à encourager la solidarité, la prévoyance des parents, par exemple, qui mettent l'argent de côté et, quand l'enfant vieillit, les parents partent, au moins, les revenus de succession, jusqu'à un montant de 950 $ par mois, la personne ne sera pas pénalisée pour ça. Donc, on veut encourager le geste solidaire des parents puis aussi on ne veut pas pénaliser la personne qui est à la solidarité sociale de recevoir un revenu additionnel. Parce qu'aujourd'hui une personne qui reçoit l'aide sociale en solidarité sociale ne peut pas avoir des revenus additionnels, ces revenus-là, jusqu'à 100 $ par mois, après ça, on coupe dans l'aide sociale. On ne le fera pas parce que c'est un geste important à poser par les parents. Donc, on va respecter cet élément-là et on parle d'actifs de 203 000 $ par... d'actifs de 203 000 $. Donc, nous allons poser ces gestes-là.

Alors, voilà, j'écoute vos questions maintenant.

Mme Richer (Isabelle) : M. Hamad, pourquoi ça semble si évident pour vous de rendre obligatoire la formation en emploi pour les nouveaux demandeurs alors que ça ne l'était pas dans le passé jusqu'à maintenant?

M. Hamad : Oui. En fait, c'est un cheminement, hein? Ce n'est pas un hasard qu'on arrive ici, et j'ai eu la chance de participer à ce processus-là. C'est que, dans les années 2008, 2009, je me souviens, c'était moi qui a fait le Pacte pour l'emploi. Le Pacte pour l'emploi, dans le temps, nous l'avons fait avec les syndicats, les patrons. C'était un investissement de 1 milliard. On a fait le Pacte pour l'emploi Plus, on a ajouté un demi-milliard. C'est 1,5 milliard pour répondre à la crise économique, mais, en même temps, pour aider les gens à retourner sur le marché du travail.

Donc, c'était un programme qui s'adresse à l'aide sociale, et, dans le temps, on a décidé de le faire volontaire. On a dit : On va prendre la chance, on va dire à chacun qui veut améliorer son sort qu'il peut aller, sur une base volontaire... de prendre les services d'Emploi-Québec, services d'orientation. En passant, Emploi-Québec, on ne les prend pas nécessairement, les gens, immédiatement pour les envoyer travailler ou étudier. Il y a peut-être des gens qui ont besoin d'améliorer leur estime de soi, de s'orienter, etc., et on était prêts à faire ça. On l'a fait. On l'a fait et on a vu les résultats. Les résultats sont bons, sauf qu'il y a encore des gens... on a encore de l'ouvrage à faire, on a encore le travail à faire parce qu'on n'est pas satisfaits. On a encore... on n'a pas atteint la limite, c'est-à-dire de couvrir le maximum.

Ça, c'est le premier élément. Et aujourd'hui on constate que, malgré tous ces efforts-là, qu'on a investi plusieurs milliards pour faire ça, aujourd'hui, il y a encore à peu près 17 000 personnes qui arrivent à l'aide sociale à chaque année, et, dans ces gens-là, la triste réalité, c'est qu'il y a 6 200 jeunes qui viennent qui sont issus d'une famille à l'aide sociale. C'est comme un cercle vicieux, l'aide sociale, et on veut le briser.

Mme Richer (Isabelle) : Ceux qui refusent, quelle sera la pénalité?

M. Hamad : Alors, ce que, d'abord... Et d'ailleurs, pour ajouter, ce qu'on fait par rapport à avant... parce qu'il y a quelques années, il y a une dizaine d'années et plus, il y avait... on donnait des sanctions pour ceux qui ne participaient pas aux démarches d'emploi. Dans le temps, seulement, on donnait l'aide sociale, mais on avait des pénalités.

Aujourd'hui, ce que nous faisons, ce qu'une personne à l'aide sociale qui... les nouveaux demandeurs, les nouveaux arrivants, là, d'abord, il y a des rencontres avec le ministère pour établir ensemble quel est l'état de la personne, est-ce qu'il est possible qu'il s'en va faire... il est prêt pour aller étudier ou il est en démarche, au début, d'estime de soi, de confiance, etc. Pour participer à ces programmes-là, en plus du chèque de l'aide sociale, cette personne-là va recevoir un montant additionnel qu'on va établir par un règlement. Peut-être, mettons, une hypothèse, 250 $ de plus par mois pour sa participation. Là, évidemment, on fait un programme avec la personne, personnalisé à sa situation, et là il faut que la personne participe à des démarches.

Il peut arriver que la personne est prête tout de suite pour faire la recherche d'emploi ou la formation. La même chose, on donne un montant. Là, si la personne refuse de participer... Alors, si elle est malade, a des raisons valables de dire : Là, je ne suis pas capable de faire ça, là, là, on comprend ça. Mais, si la personne refuse parce qu'il n'y a pas de justification de refus, alors la première chose qu'on fait, le premier élément, première sanction, on enlève le montant de 250 $ qu'on donne de plus. La personne récidive, continue à refuser d'embarquer et de travailler dans les démarches, bien là, on va être obligés de couper dans le chèque de l'aide sociale. Et donc la durée du programme, c'est 12 mois, mais la formation peut avoir à peu près... peut s'étaler sur 24 mois.

Mme Richer (Isabelle) : Mais couper à quelle hauteur? La moitié?

M. Hamad : On peut aller jusqu'à la moitié du chèque de l'aide sociale. Cependant, si la personne est coupée dans son chèque de l'aide sociale, par contre, le lendemain, il dit : Moi, je veux participer à une démarche de recherche d'emploi, on va redonner un chèque de participation à des démarches, mettons 250 $, 130 $. Mais la récidive, la sanction, elle peut durer deux mois, trois mois. Alors, tout dépend de la situation.

Mme Lajoie (Geneviève) : Peut-être juste une petite question très technique. Dans l'article 83.4, on dit : «Parmi les engagements qu'il énonce, un plan d'intégration en emploi peut prévoir que le participant est tenu d'accepter tout emploi convenable qui lui est offert.» Donc, c'est donc dire que la personne, dès qu'il y a une offre d'emploi qui se présente...

M. Hamad : Qui est convenable.

Mme Lajoie (Geneviève) : O.K. Ça veut dire quoi, «convenable»?

M. Hamad : «Convenable», ça veut dire répond à ses compétences. On ne l'envoie pas en Afrique et on s'adapte à la situation. Alors, si la personne refuse plusieurs offres d'emploi et là, à un moment donné, on a des doutes sur la volonté de cette personne-là d'accepter l'emploi qu'on offre, donc on fait l'effort... Là, le principe de ça, là, c'est que la société, le contribuable, le payeur de taxes québécois fait un effort envers les personnes, un geste de solidarité, de partage, de générosité, puis ça, en passant, ça fait notre marque de commerce.

De l'autre côté, on demande à l'autre personne de faire un effort pour elle. L'effort pour elle, c'est quoi? C'est faire les démarches puis, après ça, arriver à un emploi, ou à faire des études, ou sortir de la situation de pauvreté. Sortir de la situation de pauvreté et gagner sa dignité, ça signifie accepter un emploi et trouver un emploi. Je ne dis pas qu'un emploi décent qui n'est pas à la hauteur de ses ambitions... mais, quand même, en fonction de mes compétences. Si je n'ai pas la formation nécessaire pour occuper un emploi de cadre et je refuse une offre de cadre, on se comprend, là; mais si j'ai une formation qui me permet d'être, je ne sais pas, moi, un technicien à tel endroit et je reçois une offre de technicien, bien là, à un moment donné, si j'en refuse, des offres, je pense, on se pose des questions.

Mme Lajoie (Geneviève) : Comment vous savez ça, quand les gens refusent des offres?

M. Hamad : Bien, on va demander : Êtes-vous allé? D'abord, il faut... Ces gens-là, quand ils sont en période de recherche d'emploi, ils vont rencontrer l'agent pour dire : J'ai postulé, j'ai fait ma démarche de recherche d'emploi, j'ai eu des offres, etc.

Mme Lajoie (Geneviève) : Donc, au premier emploi refusé, il va être pénalisé?

M. Hamad : Bien, il faut qu'on comprenne, là, il n'y a pas des règles strictes, là. C'est que l'agent va comprendre... va s'asseoir avec la personne, va comprendre pourquoi il a refusé l'emploi, et évidemment, si c'est justifié, on continue la recherche. Si c'est vraiment juste parce que je ne veux pas, bien là, je ne veux pas… Malheureusement, le contribuable ne veut pas payer des gens qui ne veulent pas. Ils veulent payer des gens qui sont responsables.

M. Lessard (Denis) : Est-ce qu'il y a des critères comme la distance? Vous êtes à Rivière-du-Loup, puis on vous offre un emploi à Montréal, est-ce que vous pouvez refuser?

M. Hamad : Bien, c'est… Je vais dire non. Il n'y a pas de critère de distance parce que c'est…

M. Lessard (Denis) : Vous n'avez pas le droit de refuser.

M. Hamad : Vous êtes en situation… Non, non. Vous êtes en situation de pauvreté, vous voulez améliorer vos conditions de vie, et votre condition de vie passe par l'emploi, si vous avez aujourd'hui une offre d'emploi qui vous amène de Montréal à Québec, moi, je pense, c'est une promotion, mais… Mais, en fait, on va laisser… Évidemment, c'est améliorer ses conditions de vie, c'est sortir de la pauvreté. Alors, vous avez deux choix : ou vous restez à 300 $, à 600 $ par mois, ou vous trouvez un emploi qui est digne.

M. Lessard (Denis) : Est-ce que vous avez des simulations? Sur les 17 000 nouveaux demandeurs, combien, au bout d'un an, vont finalement rentrer dans l'aide sociale? Est-ce que vous avez des…

M. Hamad : Très bonne question. On l'a faite, la simulation. Je voulais savoir, moi, le partage, comment ça se passe. Et il va y avoir à peu près, notre estimation, avec les années, parce qu'on a pris les statistiques des années, comment ça marchait, on pense qu'il va y avoir à peu près, c'est des estimations, 10 % qui auront des sanctions. Alors, c'est un sur 10. Il va y avoir des gens qui… ça va prendre deux, trois mois, ils vont partir.

Alors, il y a plusieurs statistiques, mais ce qui est important pour nous de voir, les personnes qui peuvent avoir des sanctions, c'est autour de 10 %. Mais là je ne dis pas des sanctions complètes, mais ils vont avoir des types de sanction, peut-être, au début, une coupure de 250 $. Ça réveille la personne. Il dit : O.K. Bien là, c'est sérieux, là, il faut que je fasse l'effort.

M. Lessard (Denis) : Combien vont partir? Avez-vous un chiffre? Combien vont dire…

M. Hamad : On pense qu'on va récupérer à peu près, de total, 80 %, 85 % de l'ensemble des nouveaux arrivants qu'on va faire... ou ils vont être à l'étude, à l'emploi ou ils vont prendre en charge leur destinée.

M. Poinlane (Pascal) : Je regardais votre communiqué de presse. À qui s'adresse ce que vous annoncez aujourd'hui?

M. Hamad : Les nouveaux… les premiers demandants d'aide sociale qui sont en bonne santé, sans contrainte et aptes pour travailler. Donc, une personne handicapée, une personne qui a des contraintes, il est malade, il a le cancer, quelqu'un qui est dans des centres désintox, par exemple, quelqu'un qui a subi des violences conjugales, il est dans une maison, ces gens-là ne sont pas touchés dans cette réforme-là.

M. Poinlane (Pascal) : Donc, ce sont uniquement les nouveaux demandeurs.

M. Hamad : Les nouveaux demandeurs sans contrainte, en bonne santé, aptes pour travailler, ne sont pas dans un centre de désintox, ne sont pas dans... ils n'ont pas subi une violence conjugale, ils sont dans des problèmes psychologiques.

Mme Lajoie (Geneviève) : Ce n'est pas des gens qui touchent déjà l'aide sociale.

M. Hamad : Non, c'est les premières fois, ces gens-là arrivent pour demander l'aide sociale, pas les... Les gens qui sont à l'aide sociale actuellement, on ne les touche pas. Ces gens-là, par contre, s'ils veulent avoir l'accompagnement, c'est volontaire, mais on va offrir l'accompagnement comme on fait d'habitude.

M. Poinlane (Pascal) : Les programmes d'employabilité, ils ne sont pas toujours accessibles localement.

M. Hamad : Oui, ils sont...

M. Poinlane (Pascal) : Alors, si quelqu'un habite dans un petit village, il faut qu'il fasse 100 kilomètres pour avoir un programme accessible.

M. Hamad : Non. D'abord, c'est... En passant, les CLE sont partout dans les régions du Québec. Il y a des groupes communautaires pour travailler, par exemple, orienter, aider, et il y a la formation. La formation, à mes connaissances, au Québec, on a partout. Alors donc... Et, en passant, je le répète, c'est un programme personnalisé qui va être fait en rencontrant l'agent. Ils vont s'asseoir ensemble, voir comment on peut faire pour aider la personne.

Alors, ce n'est pas... Il ne faut jamais pénaliser quelqu'un, il habite loin des centres urbains. Ce n'est pas vrai. Au contraire, on va travailler pour ça aussi.

M. Poinlane (Pascal) : C'est juste une précision...

M. Lacroix (Louis) : Mais, quand vous faites le pour et le contre, M. Hamad...

M. Poinlane (Pascal) : Louis, c'est juste pour être sûr...

M. Lacroix (Louis) : Non, non, mais c'est parce que... Bien non, mais, regarde, calme-toi, là...

M. Poinlane (Pascal) : Pardon?

M. Lacroix (Louis) : Bien, calme-toi.

M. Poinlane (Pascal) : C'est parce que Denis vous posait la question. Juste pour être sûr, le critère de distance ne sera jamais pris en compte, là, en termes de refus.

M. Hamad : Ce qu'on veut, là, c'est sortir des gens de la pauvreté. Si la personne a eu une offre d'emploi viable pour la personne et, malheureusement, n'est pas dans son périmètre de vie, bien, je pense qu'il devrait l'accepter s'il veut se sortir de la pauvreté. Et un jour, peut-être, il récupère l'expérience puis il va revenir. On va aller à M. Lacroix. Vous avez une question, M. Lacroix?

M. Lacroix (Louis) : Bien, je ne sais pas si mon collègue a terminé.

M. Poinlane (Pascal) : Oui. Maintenant, tu es poli, maintenant.

M. Lacroix (Louis) : On va aller régler ça dehors.

M. Hamad : Non, non. Arrêtez, arrêtez les...

M. Lacroix (Louis) : Bien, M. Hamad, est-ce que vous êtes capable de faire le partage de ce que vous allez économiser, jusqu'à un certain point, ce que ça va coûter également en termes incitatifs...

M. Hamad : On injecte l'argent... Oui.

M. Lacroix (Louis) : En bout de ligne, là, est-ce qu'il y a une balance qui se fait?

M. Hamad : En bout de ligne, là, on veut mettre de l'argent additionnel, parce qu'il faut investir davantage pour payer les primes additionnelles, il faut mettre l'argent pour les accompagner davantage.

Évidemment, ces gens-là, il y a une partie qui venait avant à Emploi-Québec. Donc, on investit à peu près autour de 40 millions par année pour les programmes, pour les primes, etc. Mais, à la fin, quand les gens vont sortir de l'aide sociale, c'est briser le cercle, c'est amener ces gens-là sur le marché du travail, puis notre taux de réussite, parce qu'on met plus d'efforts, d'énergie et d'argent, on va avoir des résultats qu'il va avoir moins de monde à l'aide sociale.

Alors, c'est payant pour la société à long terme, mais, les premières années, c'est un investissement que nous mettons, d'argent, pour essayer de diminuer les gens qui restent à l'aide sociale. Notre objectif emploi, c'est quoi? C'est de ne pas rester longtemps à l'aide sociale, c'est 12 mois, et formation après, puis on sort de l'aide sociale.

Mme Lajoie (Geneviève) : Justement, sur la durée, juste une durée initiale de 12 mois...

M. Hamad : 12 mois, il peut aller jusqu'à 24 s'il a la formation.

Mme Lajoie (Geneviève) : O.K. Donc, si une personne ne suit pas, là, décide de ne pas le suivre, elle est pénalisée, donc, déjà par...

M. Hamad : Pendant 12 mois.

Mme Lajoie (Geneviève) : ...je ne sais pas, 250 $. Après ça, elle continue de refuser, donc elle peut être pénalisée jusqu'à la moitié de son traitement à l'aide sociale.

M. Hamad : À l'aide sociale.

Mme Lajoie (Geneviève) : Mais, après ces 12 mois là ou ces 24 mois...

M. Hamad : Après ça, après 12 mois, puis on voit qu'il n'y a rien à faire, malheureusement, on ne peut rien faire, là, la personne va aller à l'aide sociale.

M. Lessard (Denis) : Quand vous parlez d'emploi convenable, c'est un emploi que la personne est capable de faire. Si on a un cas, je ne sais pas, moi, quelqu'un qui a une maîtrise en littérature, puis on lui offre un poste de commis au Provigo, il est tenu de l'accepter?

M. Hamad : Non, mais on va regarder sa situation. Peut-être, à la limite, on dit : Bon, mais actuellement, dans ta connaissance...

M. Lessard (Denis) : C'est un emploi convenable, il est capable de le faire.

M. Hamad : Pardon?

M. Lessard (Denis) : C'est un emploi convenable, puis il est capable de le faire.

M. Hamad : Oui, convenable, il est... c'est sûr, mais on ne veut pas non plus, là, obliger les gens à défavoriser leurs connaissances puis leurs compétences. En fait, là, ça se peut que cette personne-là, à la limite, on lui offre des formations additionnelles pour améliorer ses compétences puis aller plus loin. Alors, c'est à voir avec chaque personne, c'est...

Là, là, on a 17 000 personnes, 17 000 cas différents puis traitements différents, et, pour ça, c'est important de personnaliser puis vivre avec les personnes, leur vécu, leur potentiel, leur volonté. Mais ce qui est important de dire, c'est réciproque, hein? C'est une responsabilité de la personne de s'occuper de lui-même, puis l'État, la société va aussi faire l'effort. Évidemment, là, si quelqu'un brise le contrat entre les deux, bien, il est pénalisé.

Mme Richer (Isabelle) : Vous avez dit que... vous avez parlé des 40 millions supplémentaires que vous injectez dans différentes mesures.

M. Hamad : On injecte 5 millions additionnels, plus le 35 qu'on utilise déjà, qui va faire partie de ce programme-là.

Mme Richer (Isabelle) : Mais vous ne dites pas combien d'argent, combien d'économie vous anticipez, grâce à ces nouvelles mesures?

M. Hamad : L'économie, en passant, à long terme, si... mettons, dans trois ans, là, là, on parle de 40, 50 millions par année d'économie.

Mme Richer (Isabelle) : D'économie, 40 à 50 millions?

Une voix : Si les 85 %...

M. Hamad : Si le 85 %... Imaginez, là, 16 000 personnes, 17 000 personnes qui arrivent, on a... 85 % de ces gens-là retournent sur le marché du travail, retournent aux études, produisent et ils n'ont plus besoin de l'aide sociale, ils n'ont plus besoin de tout ça, puis, en plus, ces gens-là participent à l'économie, alors c'est... la société, elle est très gagnante. Puis, en plus, dans un contexte où on a un défi démographique au Québec, on a 700 000 jobs qu'on veut combler d'ici trois ans, puis ça, c'est le départ à la retraite en bonne partie. Il y a des jobs à créer. Alors, tout ça, là, ces gens-là, évidemment, ils vont aider notre économie.

Mme Richer (Isabelle) : Vous ne craignez pas de créer deux catégories d'assistés sociaux : ceux qui sont déjà dans le système et qui ne seront pas obligés de participer à des programmes d'emploi et ceux qui aujourd'hui voudraient le devenir puis disent : Bien, moi, je suis pénalisé?

M. Hamad : Le choix qu'on a fait, ce n'est pas un choix par hasard. On veut prendre les gens qui arrivent dans l'aide sociale, pas ceux que ça fait 20 ans qu'ils sont là, parce que la différence est énorme sur les résultats. Parce que j'assume que la personne que ça fait 20 ans à l'aide sociale n'a pas choisi de l'être, mais malheureusement elle est là. Donc, c'est pus difficile, cette personne-là, d'être en mouvement puis de sortir, parce que, si elle avait voulu sortir puis si elle avait la chance de sortir, elle est sortie depuis longtemps. Mais la personne qui arrive, là, les jeunes, là... pensez aux jeunes, les 6 230 jeunes issus d'une famille de l'aide sociale qui s'en vont chercher leur chèque d'aide sociale. Ça, il faut briser ça. Il faut briser ça, puis prendre ces jeunes-là, puis s'en occuper, puis essayer de réussir avec.

Mme Richer (Isabelle) : Mais là ils vont dire : Pourquoi je n'ai pas les mêmes droits que les autres?

M. Lacroix (Louis) : Ce n'est pas comme des clauses orphelines pour assisté social?

M. Hamad : C'est que c'est... Pourquoi ces gens-là? Parce qu'on a des chances, ensemble, de réussir avec ces jeunes-là. On a des... Puis, en fait, on ne le fait pas pour nous, on le fait pour ces jeunes-là. Puis je ne pense pas, comme société comme la nôtre, on peut laisser tomber des jeunes, puis on dit : Bien, on va les laisser dans la pauvreté, dans l'aide sociale puis... Puis évidemment...

Donc, notre choix, c'est de dire : On va s'occuper tôt puis on va prendre ceux qui arrivent en premier, la première fois, parce qu'ils n'ont pas vécu cette expérience-là, puis on va leur donner un autre goût de faire quelque chose dans la vie qui correspond à leurs ambitions et évidemment bâtir leur ambition en même temps.

La Modératrice : Bon, bien, merci. Merci à tous.

M. Hamad : Merci.

(Fin à 15 h 59)

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