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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Le vendredi 27 novembre 2015, 13 h 45

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures quarante-cinq minutes)

M. Khadir : Alors, bon après-midi, messieurs. J'espère que, par un vendredi après-midi pluvieux, vous n'avez pas un peu le haut-le-coeur comme moi. La même semaine qu'on a entendu la commission Charbonneau, alors que le service public, notamment le système de santé, saigne de partout, qu'on refuse de reconnaître les problèmes de financement, on apprend que, pour les médecins spécialistes, pour les amis du pouvoir, pour les amis de M. Couillard, de M. Barrette, pour M. Bolduc, c'est bar ouvert. 400 millions, pratiquement, plus que 400 millions, dont, en fait, à 90 %, des hausses non prévues dans la rémunération des médecins spécialistes. Et moi, je suis certain que mes collègues pédiatres, psychiatres, internistes, qui, semaine après semaine, mois après mois, sont près de leurs malades, n'ont pas demandé ça, là. Il n'y a qu'une poignée de spécialistes à haut niveau de facturation qui semblent bénéficier de tout ça. Il vous suffit de regarder, sur le site de la FMSQ, les 600 000 $ en moyenne par année que font les radiologistes et les ophtalmologistes ou d'autres spécialistes comme ça, à hauts revenus.

Il y a quelque chose de terriblement injuste, ces augmentations qui ont été octroyées. Moi, je me demande qu'est-ce qu'il y a de particulier, hein? Le ministre, aujourd'hui, M. Blais, s'est levé en Chambre pour dire qu'on ne peut quand même pas prendre la carte de crédit pour payer pour les services publics. Alors, si on ne peut pas prendre de cartes de crédit, c'est quoi, cette carte de crédit ouverte qu'on donne aux médecins spécialistes qui... Je vous le rappelle, à chaque fois qu'on encaisse et qu'on admet des augmentations qui ne sont pas prévues, c'est dans le budget même, fermé, de l'ensemble du ministère que c'est pris. Autrement dit, c'est le reste du système de santé qui écope, c'est les malades, c'est des salles d'opération, c'est des salles d'urgence, c'est des infirmières qui écopent. 400 millions de dollars.

Ça permet, encore une fois, de montrer à quel point ce gouvernement est branché sur la petite élite, les petites minorités agissantes, déjà excessivement privilégiées, les lobbys excessivement puissants, comme le lobby de la FMSQ, pour dicter sa conduite, parce que, de toute évidence, rien dans ça, dans la rémunération des médecins, ne respecte tout ce qu'on entend — j'étais en train de dire un gros mot — tout ce qu'on entend à chaque jour ici comme réponse quand les députés de l'opposition se lèvent pour demander pourquoi on coupe ici et pourquoi on coupe là. Rigueur budgétaire, hein, c'est le maître mot, l'austérité, mais ça semble ne valoir que pour la population, pour les gens les plus démunis.

M. Dutrisac (Robert) : Il y a plusieurs choses dans ce rapport-là. Premièrement, vous parlez du 400...

M. Khadir : ...quelque millions, 412.

M. Dutrisac (Robert) : 416.

M. Khadir : 416.

M. Dutrisac (Robert) : 416 millions. Ça, on en avait entendu parler, et puis ça s'explique par ce qu'on pourrait qualifier d'un aveuglement volontaire de la part du ministre Barrette, là, qui, lorsqu'il a négocié...

M. Khadir : Moi, je serais presque tenté de dire : de copinage. Il y a un copinage entre les milieux médicaux et les ministres de Santé.

M. Dutrisac (Robert) : Parce que, là, c'est une question d'évaluation entre le 2 % puis le 3 %, là. C'est ça qui fait le gros de la différence, mais il y a plus que ça. La Vérificatrice générale parle aussi du 394 millions qui est disparu, qui devaient être les économies, les concessions des médecins spécialistes lors de l'étalement, qui disparaissent.

M. Khadir : Qui ne sont plus dans le décor.

M. Dutrisac (Robert) : Et il y a aussi les mesures incitatives qui sont données à des médecins qui ont déjà atteint les cibles, le 61 %.

M. Khadir : Bien oui. Bien oui, parce qu'au-delà de certaines cibles, bien...

M. Dutrisac (Robert) : C'est ça. Donc, on donne des mesures, on dit... On veut changer des comportements, mais on encourage les comportements actuels avec des primes incitatives.

M. Khadir : Alors que, depuis des années, il y a d'autres mesures, mais d'autres mesures qui impliqueraient sans doute une réduction de l'enveloppe de rémunération des médecins, qui ne sont pas appliquées. Mon collègue de la CAQ, qui était ici avant moi, a posé une question dans ce sens, qui est dans la plateforme de Québec solidaire depuis 10 ans, de repenser la rémunération des médecins pour mieux équilibrer la rémunération à l'acte avec les autres moyens de rémunérer pour qu'on n'assiste pas à des explosions et des bars ouverts comme ça.

Mais c'est, à proprement parler, inadmissible, et je vous prie de croire, je vous jure, M. Dutrisac, que ce n'est pas ce que souhaitent la plupart des médecins, des collègues que j'ai, spécialistes honorables qui ne demandent pas ces exagérations-là. Même ceux qui en bénéficient ne sont pas au courant de ce que ça fait dans le système, du coût exorbitant pour les malades, pour notre système de santé, pour les infirmières, pour la bonne gestion des ressources. Ils sont ignorants des coûts exorbitants que ça implique.

Mais malheureusement ça se trame dans des ententes privées, dans des ententes secrètes, dans des ententes confidentielles entre les fédérations et le ministre de la Santé. Pourquoi ces ententes-là sont confidentielles, alors que les ententes, hein, avec le secteur public, avec des travailleuses de la santé, avec les enseignants sont publiques? On sait combien d'augmentation on leur accorde, en quelle année on veut qu'elles prennent leur retraite, quelles sont leurs conditions de travail, leurs ratios. Tout est public. Pourquoi, avec les médecins, c'est confidentiel, puis pourquoi on se fait avoir?

Puis, en plus, on voit que le salaire des médecins se comporte un peu comme un microbe, un mauvais microbe qui prend toute la place sur une gélose. En microbiologie, on appelle ça proteus vulgaris. C'est toujours un embêtement dans nos géloses; il faut recommencer, puis ça coûte très cher au système parce que le proteus vulgaris, quand ça pousse, bien, il n'y a plus de place pour les autres bactéries.

M. Croteau (Martin) : ...c'est en raison du copinage entre le gouvernement Couillard et les fédérations de médecins spécialistes que la RAMQ a toléré cette situation...

M. Khadir : Appelons-le copinage, appelons-le influence indue d'un lobby qui agit de manière déraisonnable et disproportionnée pour obtenir des privilèges exorbitants. Quelles que soient les circonstances, c'est inadmissible. C'est un bar ouvert.

Mais comment on peut interpréter autrement? Il y a un ministre de Santé qui s'appelait Philippe Couillard; c'est sous lui que tout ça a commencé, ces ententes-là. L'oeuvre a continué avec Yves Bolduc. Je ne sais pas ce que Réjean Hébert a fait, mais c'est un autre médecin, mais je ne sais pas ce qu'il a fait ou il n'a pas fait, je l'ignore. Mais il y en a un autre qui l'a continué, M. Barrette, qui se targue d'être en parfait contrôle, qui a la pleine maîtrise sur tout le système, jusqu'à nommer tous les individus sur le conseil d'administration des établissements, et qui, là, il a perdu le contrôle là-dessus. C'est assez drôle. Il exerce un contrôle serré, il serre la vis partout ailleurs dans le système, mais, sur le salaire des médecins, il a perdu le contrôle, là. Il a mal calculé, 148 millions sont partis en fumée.

M. Croteau (Martin) : Vous ne le croyez pas?

M. Khadir : Bien, je vous le demande : Ai-je raison de le croire? Quelle est cette incompétence? Dois-je croire son incompétence ou le fait qu'il a préféré fermer les yeux?

M. Croteau (Martin) : Un commentaire sur un autre sujet. Il semble que, selon M. Coiteux, on verrait la lumière au bout du tunnel, là, dans les pourparlers avec le secteur public. Que pensez-vous de ce développement?

M. Khadir : J'espère que les employés du secteur public savent que c'est pendant le temps qu'on saigne leur salaire, leurs conditions, les services publics, la qualité des services publics, puis qu'on leur sert le message de la rigueur budgétaire, pendant tout ça, là, on est en train d'octroyer ces privilèges puis on en octroie d'autres, et donc qu'ils ne céderont pas, qu'ils vont demander le maximum, qu'ils ne laisseront pas le gouvernement agir d'une manière aussi injuste et déséquilibrée.

500 000 serviteurs dans nos services publics, d'enseignants, d'infirmières, de fonctionnaires qui nous rendent des services inestimables, c'est ça qui fait la richesse de notre société. Tout le monde doit être traité de manière un peu plus respectueuse. Si on mettait fin un peu à l'exagération du côté des médecins spécialistes, dont je suis, on pourrait peut-être mieux rencontrer les exigences de nos enseignants, de nos infirmières. Merci.

(Fin à 13 h 54)

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