(Neuf heures trente-neuf minutes)
M. Lisée
: Bonjour. Aujourd'hui,
on a la confirmation d'une catastrophe annoncée, c'est-à-dire que le Dr
Barrette, qui est le ministre des médecins, n'est pas le ministre des
pharmaciens et n'est pas le ministre des patients. Il a fait en sorte, par une politique
mal avisée, de réduire l'accès aux services de santé de proximité le plus facilement
accessible, c'est-à-dire les pharmacies du Québec.
Par sa politique, il a fait en sorte que
de plus en plus de Québécoises et de Québécois se trouvent devant des portes
closes de pharmacies les dimanches, les soirs, parce que la moitié de toutes
les pharmacies du Québec ont retiré six heures d'ouverture de leurs horaires
réguliers, parce que, dans les pharmacies, lorsqu'elles sont ouvertes, il y a
moins de services, il y a moins d'infirmières, il y a moins de pharmaciens, il
y a moins de techniciens. Il y a près de 1 000 emplois de moins depuis
septembre dernier parce que le ministre Barrette a décidé qu'il allait prendre
de l'argent dans la poche des pharmaciens pour ses restrictions budgétaires,
rien n'offrir en retour et faire en sorte de dégrader le service disponible de
pharmacie partout au Québec.
Alors, ce n'est pas parce qu'on ne lui a
pas dit comme porte-parole du Parti québécois en matière de médicaments et de
pharmacies. Au printemps dernier, à l'automne, on a donné des signaux, on a dit
que ça allait arriver, que ça ne pouvait pas balancer, qu'on ne pouvait pas
enlever 130 millions de dollars par année dans le réseau des pharmaciens
et des pharmacies du Québec sans penser qu'il y a un moment où il y aurait
moins de services. Il nous a dit : Inquiétez-vous pas, on va arranger ça.
Encore aujourd'hui, ce n'est pas arrangé.
Il avait pris une entente avec les pharmaciens qui avaient accepté, à
contrecoeur, de contribuer au déficit zéro, contrairement aux médecins
omnipraticiens, contrairement aux médecins spécialistes. Ils ont dit :
Bien, nous, on va contribuer, mais, en échange, vous allez nous permettre de
mieux négocier avec les fabricants de médicaments génériques pour ce qu'on
appelle les allocations professionnelles. C'est un système qui n'a pas de sens,
à notre avis, mais quand même ça permettait au gouvernement d'avoir... c'est-à-dire
aux pharmaciens de respirer un peu.
Bien, le ministre Barrette s'est engagé à
faire en sorte que, depuis mai dernier, il aurait, d'une part, retiré 133 millions
dans l'année, mais simultanément permis aux pharmaciens d'avoir plus de ces ristournes
professionnelles. Bien, il ne l'a pas fait pour les ristournes. Il fallait
qu'il adopte un règlement, il ne l'a pas fait en mai, il ne l'a pas fait en
juin, il ne l'a pas fait en juillet, ni en août, ni en septembre, ni en
octobre, ni en novembre, ni en décembre, ni en janvier, ni en février et
jusqu'à aujourd'hui. O.K.? Alors, pendant 11 mois, pour l'instant, il a fait en
sorte de réduire les budgets des pharmacies sans leur donner la possibilité de
se compenser autrement. Donc, il a rompu sa promesse aux pharmaciens.
Et là le rapport d'étape, que nous avons par
ce sondage qu'un scientifique de Léger, qui a été fait auprès de
850 pharmaciens, nous dit que c'est juste l'état de la catastrophe aujourd'hui.
Chaque mois qui passe va continuer à amplifier le problème, c'est-à-dire à
couper des heures de service, des heures d'ouverture puis à couper des services
à l'intérieur des pharmacies. Les pharmaciens, évidemment, se sont endettés sur
la foi de la promesse du ministre.
Alors, les banques sont contentes. Ça, les
banques sont contentes, parce que, là, elles sont des nouveaux clients. Elles
ont pour au-delà de 50 millions de prêts nouveaux à des pharmaciens
partout au Québec. Mais ce que les pharmaciens ont fait aussi, ils ont dit :
Écoutez, on n'a plus les moyens d'opérer avec nos heures actuelles, avec nos
employés actuels, mais on n'a pas plus les moyens d'être de bons voisins
corporatifs, on n'a plus les moyens de donner à l'équipe de hockey des juniors,
à l'association locale de sport. Et donc ils ont coupé pour 4,5 millions
de dollars de contributions à la communauté que les pharmaciens faisaient cette
année.
Alors, écoutez, là, c'est un cas, là,
flagrant de la volonté du ministre de réformer sans se soucier de l'impact sur
la qualité de vie des Québécoises et des Québécois, surtout les aînés qui font
confiance en leur pharmacien. Les cliniques médicales sont souvent fermées, les
GMF ne sont pas encore ouverts à des heures convenables, les urgences sont
débordées. Les gens disent : Au moins, je vais trouver mon pharmacien. Au
moins, il va être là, lui. Bien là, il est moins là à cause du ministre
Barrette. C'est un beau gâchis, et il doit le régler immédiatement.
M. Laforest (Alain) : Il
accuse Mme Lamarre d'être responsable d'avoir mis les deux mains dans le
plat de bonbons puis de ne pas l'avoir dit aux gens.
M. Lisée
: Ça ne vaut
même pas la peine de répondre. Je veux dire, il y a quelqu'un qui a décidé de
retirer 133 millions de dollars dans les poches des pharmaciens cette
année, cette personne s'appelle Gaétan Barrette.
M. Caron (Régys) :
M. Lisée, le ministre accuse Mme Lamarre d'avoir laissé les
pharmaciens se compenser à même les assureurs privés qui, eux, ont refilé la
facture aux assurés de plusieurs centaines de millions de dollars. Il appelle
ça les ristournes Lamarre. Est-ce que c'est de la fumisterie ou si c'est une
faute morale, comme dit M. Barrette?
M. Lisée
: La faute,
c'est un ministre qui décide délibérément de fragiliser le réseau des
pharmacies, délibérément, qui fait une promesse aux pharmaciens en disant :
Vous allez pouvoir vous compenser et qui ne respecte pas sa parole. Point à la
ligne. Tout le reste, c'est de l'esbroufe du ministre qui n'est jamais responsable
de rien. Vous avez remarqué?
M. Laforest (Alain) : Mais,
M. Lisée, vous avez accusé M. Barrette souvent d'avoir mis les deux mains dans
l'assiette de bonbons lui aussi, alors qu'il était président de la fédération.
Est-ce qu'on se retrouve dans une situation similaire?
M. Lisée
: Ça n'a rien
à voir. On est...
M. Laforest (Alain) :
Qu'est-ce qui n'a rien à voir? C'est elle qui l'a négociée, l'entente. C'est
elle qui ne l'a pas dit aux gens que ça se passait? Ce n'est pas le Dr
Barrette, c'est elle qui était présidente de la fédération.
M. Lisée
: Les
pharmaciens avaient une entente de rémunération que le ministre Barrette a
décidé qui avait été trop généreuse, et donc il a décidé de la renégocier. Il
la renégocie en disant : Bon, c'est sûr que ça va être un impact majeur,
mais vous allez pouvoir vous compenser autrement, et il n'a pas respecté sa
parole.
Vous avez remarqué que les médecins
spécialistes et les médecins omnipraticiens, lorsqu'il y a eu des dépassements
de coûts, le gouvernement a dit : Il n'est pas question d'aller chercher
l'argent. Il n'en est pas question. Et les médecins ont dit : Il n'en est
pas question. Alors, il faut donner aux pharmaciens le fait qu'ils ont accepté,
eux, de participer à l'effort budgétaire en disant : Bien, permettez-nous
d'aller nous refaire ailleurs.
M. Caron (Régys) : Donc, ils
avaient raison, dites-vous, d'aller se compenser auprès des assureurs privés?
M. Lisée
: Ça, c'est une
autre question complètement. La question... Et là il mêle vraiment tout, là,
O.K.? Il y a un système au Québec, depuis l'introduction de l'assurance
médicaments, qui fait que les pharmaciens chargent des honoraires fixes, fixés
par l'État, à l'assurance médicaments, mais chargent des honoraires majorés,
non réglementés, aux assureurs privés. C'est un régime qui existait sous
Philippe Couillard, sous Bolduc puis sous Barrette. S'il veut le réformer, ce
n'est pas une mauvaise idée, mais ça n'a rien à voir avec la décision de M.
Barrette de fragiliser les pharmacies et de rompre sa promesse. Merci beaucoup.
(Fin à 9 h 47)