(Onze heures trente-huit minutes)
M. Legault
: Oui.
Bonjour, tout le monde. Bien, écoutez, mes pensées aujourd'hui vont d'abord aux
victimes des attentats à Bruxelles. Donc, je voudrais être en pensée avec tout
le peuple belge qui est plongé aujourd'hui dans un drame important, tragique,
là. On parle d'une trentaine de morts, 200 blessés, et c'est une attaque,
évidemment, qui est en plein coeur de l'Union européenne.
Ce qu'on voit de plus en plus, c'est que
les attaques sont organisées, font de plus en plus de victimes, et ça nous
ébranle dans notre quotidien. Évidemment, on a vécu les victimes québécoises au
Burkina Faso. Là, aujourd'hui, bon, après Paris, c'est maintenant
Bruxelles.
Je pense qu'il y a une chose qu'on doit se
dire, c'est que nous sommes en guerre actuellement, et personne n'est épargné.
Ce qui est arrivé à Bruxelles aujourd'hui aurait pu se produire à Montréal,
aurait pu se produire à Toronto. Et il faut comprendre qu'actuellement il y a
un combat, un combat qui doit s'organiser, puis on doit mener ce combat tout le
monde ensemble contre le terrorisme islamiste. Je pense qu'il faut oser nommer
le mal si on veut bien le combattre. Il faut être implacables, il faut être
déterminés, il ne faut reculer devant aucun moyen pour combattre ce terrorisme
islamiste.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. On va prendre des questions. Louis Lacroix, Cogeco.
M. Lacroix (Louis) : M.
Legault, est-ce que... vous dites qu'on est en guerre en ce moment. Est-ce que
vous trouvez qu'on met suffisamment de moyens actuellement pour combattre le
terrorisme?
M. Legault
: Bon, je ne
suis pas certain que ça soit la bonne journée aujourd'hui. Peut-être que demain
on pourra parler de façon un peu plus détaillée, mais ce que je vous dirais,
c'est qu'il ne faut reculer devant aucun moyen, que ce soit le gouvernement
canadien à l'international, que ça soit aussi le gouvernement québécois, dans
la lutte à ce qu'eux appellent le radicalisme, là, ce que nous, on appelle l'intégrisme
et même l'islamisme. Il faut être capables de s'assurer qu'on évite que des
jeunes vulnérables s'engagent dans ce genre d'activités terroristes.
C'est inquiétant de voir que ça revient à
répétition dans les grandes métropoles qui ressemblent à la nôtre, finalement.
Donc, il ne faut reculer devant aucun moyen puis il va falloir prendre tous les
moyens, autant à Ottawa qu'à Québec, pour lutter contre l'intégrisme, lutter
contre l'islamiste et s'assurer qu'il y ait le moins de personnes qui se
joignent à ces mouvements.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que c'est un appel que vous lancez au gouvernement du Québec, ça, d'en faire
davantage, M. Legault?
M. Legault
: Bien,
écoutez, comme je vous dis, là, aujourd'hui, on va d'abord être avec le peuple
belge avant de s'attaquer au gouvernement de M. Couillard, mais on sait qu'on
est en train d'étudier le projet de loi n° 59... Il faut s'assurer, là,
qu'on comprenne bien ce qui se passe, là. Ce n'est pas un acte d'un fou désaxé
qui est sorti de nulle part, là. À répétition, ce sont des islamistes qui
frappent d'une façon organisée, qui veulent s'en prendre à notre liberté. Et on
est visés autant ici, au Québec, qu'en Europe, donc il faut prendre les moyens
et s'assurer, là, qu'on mette les agences de renseignements, la sécurité...
puis, à l'international, je pense qu'on doit faire un appel à Justin Trudeau
pour qu'on collabore plus que jamais à la lutte contre ce terroriste.
La Modératrice
: Alain
Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) : Ce que
vous sous-entendez, c'est que la réponse du gouvernement canadien à la lutte
contre l'État islamique n'est pas suffisante actuellement, entre autres avec le
retrait des appareils puis le redéploiement pour aller faire de la formation,
là. Pour vous, ce n'est pas suffisant, là.
M. Legault
: Bien,
écoutez, moi, j'aurais préféré qu'on garde les CF-18 canadiens. Par contre, là,
comme je vous dis, aujourd'hui, on veut être d'abord du côté du peuple belge.
On aura l'occasion demain, dans les prochains jours, de discuter des positions
du gouvernement Couillard, du gouvernement Trudeau. Mais ce que je vous dis
aujourd'hui, là, c'est qu'il ne faut reculer devant aucun moyen pour lutter
contre cet intégrisme qui est religieux, qui est associé à l'islamisme et qui
est inquiétant. Écoutez, là, encore une trentaine, là, 34 morts,
200 blessés, ce n'est quand même pas rien, là, dans un aéroport, dans
une station de métro. Ça aurait pu arriver ici, au Québec.
La Modératrice
:
Nicolas... Tu en as une autre, oui? Désolée, Alain. Deuxième question.
M. Laforest (Alain) : Sur un
autre sujet, il y a des ministres, encore ce matin, qui confirment qu'ils ont
des objectifs de financement, là, pour faire la campagne électorale. Je vais
vous poser ma question en deux volets. Est-ce que, pour financer votre campagne
électorale, vous avez des objectifs de financement dans les circonscriptions?
Et est-ce que vous considérez que, pour un ministre du gouvernement, amasser
entre 10 000 $ et 20 000 $, c'est correct dans le contexte
actuel?
M. Legault
: Bon, d'abord,
je veux vous dire que demain... probablement demain, je vais faire une
déclaration puis des propositions, que je devais faire aujourd'hui, puis vous
allez comprendre, avec les attentats à Bruxelles, qu'on a choisi de remettre ce
point de presse à demain. Mais déjà, ce que je peux vous dire, c'est que tous
les partis — j'ai été au Parti québécois, mais maintenant je suis à
la CAQ — tous les partis essaient de se donner des objectifs de
financement. Maintenant, il faut s'assurer que ces objectifs-là soient
raisonnables, et c'est peut-être ce qui a manqué du côté du Parti libéral au
cours des dernières années, c'est le côté raisonnable des objectifs.
M. Laforest (Alain) :
10 000 $ à 15 000 $, c'est raisonnable, pour vous?
M. Legault
: Bien,
nous, on donne des objectifs de 5 000 $ à nos députés. Donc, on pense
que 5 000 $, c'est plus raisonnable.
Journaliste
:
M. Legault, justement, est-ce que vous lancez un message comme plusieurs
le font, plusieurs politiciens le font, lorsqu'il y a des attentats comme
ceux-là, de ne pas se laisser abattre ou de ne pas se laisser gagner par la
peur? Parce que c'est ce qui attend les gens, là. Deux attentats en Europe, on
sent la terreur, là-bas, là.
M. Legault
:
Effectivement, il faut se dire qu'on est capables de gagner, mais, pour gagner,
il ne faut reculer devant aucun moyen, autant à Québec qu'à Ottawa, puis
évidemment s'entendre avec tous les participants dans les organismes
internationaux pour combattre. Et puis d'abord nommer... osons nommer, là, ce
terrorisme islamiste qui nous fait mal à répétition. À peu près à tous les six
mois, il arrive un drame grave, là, donc il est temps qu'on se mette ensemble
puis qu'on agisse.
Journaliste
: Mais il y
a des gens qui pourraient, à ce moment-là, reprocher, par exemple, d'être trop
fermés, d'avoir une attitude de fermeture, là, si... Est-ce que, de votre côté,
vous vous dites... prendre des mesures peut-être plus sur le plan politique?
Mais on vous a reproché...
M. Legault
: Je pense qu'il
ne faut pas faire d'amalgame, là. J'entendais le Parti libéral, là, mettre ensemble
le PQ puis le Front national, là. Écoutez, là, le Parti libéral mélange tout,
là, actuellement. On n'ira pas comparer le Front national avec le parti de René
Lévesque, là. C'est exagéré ce que fait le Parti libéral, puis, quand on
exagère, on banalise.
Donc, ne faisons pas d'amalgame, mais ne
soyons pas naïfs. Il y a, on l'a vu au collège Maisonneuve, par exemple, des
jeunes qui sont vulnérables à être entraînés dans cette guerre, et il faut
prendre tous les moyens pour combattre ce terrorisme puis s'assurer que ces
radicaux qui prêchent à répétition contre nos valeurs, bien, qu'ils soient
débusqués puis empêchés de le faire.
La Modératrice
: Merci.
Journaliste
: M.
Legault, vous dites : Tous les moyens, prendre tous les moyens. Il y a des
gens qui s'inquiètent pour les libertés individuelles. Il y a le projet de loi
n° 59 critiqué par la commission des droits pour des raisons de droits de la
personne. Quand vous dites «tous les moyens», ça veut dire aussi prendre des
moyens qui pourraient restreindre grandement les libertés individuelles.
M. Legault
: Bien,
écoutez, que les gens puissent exprimer leur opinion, c'est une chose. La CAQ a
fait une proposition concrète dans le cadre du projet de loi n° 59. On ne
devrait pas permettre à des radicaux de prêcher à répétition contre les valeurs
québécoises, contre des valeurs fondamentales comme la démocratie, comme l'égalité
entre les hommes puis les femmes. Ça ne devrait pas être permis, puis c'est ça
qu'on devrait encadrer dans le projet de loi n° 59. Ce n'est pas
d'empêcher les gens de donner leurs opinions, c'est d'empêcher des gens de
prêcher à répétition contre nos valeurs fondamentales. C'est ça qu'il faut bien
encadrer. Puis il faut oser nommer le mal, il faut oser nommer l'intégrisme,
nomme l'islamisme. Nulle part, dans le projet de loi n° 59, on ne prononce
ces deux mots.
Journaliste
:
Maintenant, quand vous dites «tous les moyens nécessaires» — je
reviens avec ma question — même du côté d'Ottawa, là, il y a des gens
qui disent que, bon, on a des services de surveillance, là, où essentiellement
les lois ont été changées de telle sorte que ça brime les droits individuels. On
est surveillés tout le temps, on n'a pas besoin de mandat, on...
M. Legault
: Bien, il
faut trouver un équilibre, là, mais il faut être capables en même temps aussi
de ne pas être naïfs puis se donner les pouvoirs nécessaires pour être capables
d'intervenir lorsqu'on voit que quelqu'un se radicalise, quand on voit des
cellules qui se développent, de pouvoir intervenir. C'est une question
d'équilibre puis de sécurité de la population. Merci, tout le monde.
(Fin à 11 h 48)