(Onze heures cinquante minutes)
M.
Caire
:
Alors, évidemment, je voulais, à mon tour, réagir à l'annonce de Sam Hamad aujourd'hui,
qui, à notre avis, n'est pas une annonce, là, c'est Chronique d'une
démission annoncée. Dans le fond, ce qu'il nous a annoncé aujourd'hui, c'est
qu'il arrêterait de toucher un salaire qu'il ne méritait plus. Pas sûr, là, que
c'est une grande nouvelle.
Par contre, ce qu'on sait maintenant, c'est
que, depuis le début de cette histoire-là, Sam Hamad ne reconnaît pas Philippe
Couillard comme son chef. Pour moi, c'est la conclusion. Pourquoi? Parce que
jeudi, au moment où les faits sont avérés, il commence par les nier, dire :
Je ne démissionnerai jamais.
Le lendemain ou le surlendemain, on
apprend qu'il se retire temporairement du Conseil des ministres, après
discussions avec Philippe Couillard, mais il garde son salaire, sa limousine et
ses avantages.
Sans la permission de Philippe Couillard,
un deuxième pied de nez qu'il fait à Philippe Couillard, deuxième affront au leadership
de Philippe Couillard, il décide de quitter pour la Floride alors que le
premier ministre n'est absolument pas au courant, n'a jamais autorisé ça.
Et un troisième affront aujourd'hui. Le
premier ministre a toujours dit que Sam Hamad reviendrait au Québec pour
répondre aux questions des journalistes. Ce matin, pseudoannonce, petite larme
à l'oeil, quitte la salle sans répondre à la moindre question, alors que ça
avait été promis par le premier ministre du Québec.
Donc, pour le premier ministre, c'est un
oeil au beurre noir à son leadership et un sévère oeil au beurre noir à son
leadership.
Maintenant, je pense qu'il ne faut pas se
laisser distraire, là, par les histoires tristes. Sam Hamad nous a dit :
Il y a 20 ans, j'ai traversé l'océan avec deux petites valises. Fort bien.
Tant mieux. Mais ce qui nous intéresse, c'est : En 2009, qu'est-ce qu'il
transportait dans ses valises? Parce que, tant qu'il ne nous le dira pas, c'est
nous, les valises.
Et pour vous démontrer en dollars ce que
ça veut dire : Sam Hamad a un objectif de 100 000 $ en 2008,
collecte 92 000 $; Marc-Yvan Côté, fin 2008, se profile, hein, arrive
dans le décor en disant qu'il faut s'occuper de la campagne de financement de
Sam Hamad. En 2009, en 2009, Sam Hamad, non seulement son objectif est-il passé
de 100 000 $ à 150 000 $, mais, cette fois-là, il atteint
et il dépasse son objectif.
Alors, nous, ce qu'on veut savoir, là :
Il y a combien de «Côtédollars» dans les valises de Sam Hamad? On veut avoir
une réponse à cette question-là. Et on n'est pas dupes, on sait très bien que
le délai de prescription fait en sorte que le DGEQ ne pourra pas enquêter. Le
DGEQ ne va pas prendre des ressources des enquêteurs pour aller fouiller des
années, sachant très bien que toute preuve qu'il pourrait collecter, de toute
façon, va finir à la poubelle. Le DGEQ ne fera pas ça, il a d'autres choses à
faire, le DGEQ.
Alors, au Parti libéral, à Philippe
Couillard, à Sam Hamad, nous disons : Vous avez deux choix : vous
donnez les outils au DGEQ pour qu'il puisse enquêter ces années-là ou vous
ouvrez vos livres. Sinon, ce sera, encore une fois, la grande noirceur, et
Philippe Couillard réussira à faire moins en matière éthique que Jean Charest. Là-dessus,
je suis prêt à recevoir vos questions.
M. Lavallée (Hugo) : Je ne
suis pas certain de comprendre votre logique. Vous dites : M. Côté
est arrivé en 2009, puis c'est ça qui a permis à Sam Hamad de soudainement
atteindre son objectif, mais...
M.
Caire
: Ce n'est
pas exactement ce que j'ai dit, en fait.
M. Lavallée (Hugo) : ...c'est
parce qu'il était solliciteur depuis 2007, là, si on comprend le document.
Alors, c'est quoi, le lien avec... la différence entre 2008 et 2009?
M.
Caire
: O.K.
Je vais... D'abord, il était solliciteur 2007, 2008, 2009. Si vous vous fiez
aux courriels de Marc-Yvan Côté, fin 2008 Marc-Yvan Côté dit... Je vais trouver
le courriel, si vous me permettez. Marc-Yvan Côté dit : «Pour le cocktail
de Sam [Hamad], il faut faire une contribution significative.» Là, on est à la
fin de 2008. 2008, c'est une année où Sam Hamad ne rencontre pas ses objectifs
à 100 000 $. Alors, ce qu'on comprend, c'est que Marc-Yvan Côté, dans
cette période-là, arrive dans la vie financière ou la vie de levée de fonds de
Sam Hamad.
M. Lavallée (Hugo) : Mais il
était peut-être là déjà avant.
M.
Caire
:
Peut-être, mais ça, je n'ai pas de preuve. Ça, je ne le sais pas. Ce que je
sais, ce qu'on peut savoir, ce pour quoi on a une trace écrite, c'est que
Marc-Yvan Côté commence à s'intéresser au financement de Sam Hamad fin 2008.
Ça, on a une trace de ça. Et, bizarrement, ce qu'on comprend, c'est que 2008
est une année où il n'atteint pas ses objectifs financiers et que 2009, c'est une
année où non seulement on augmente son objectif et non seulement il atteint son
objectif, mais il dépasse son objectif. Donc, la question que je pose à Sam
Hamad : Y avait-il, en 2009, des «dollars Côté» dans sa valise?
M. Lavallée (Hugo) : Puis
donc les années antérieures à 2007, 2008, on n'a pas de… parce qu'il était
solliciteur, il aurait déjà pu s'intéresser aux contributions de M. Hamad.
M.
Caire
:
Écoutez, si, déjà, on avait des réponses à ces questions-là, ce serait déjà une
avancée intéressante. Maintenant, vous comprendrez que moi, je suis tout à fait
ouvert à ce que le Parti libéral nous montre patte blanche pour les années 2007‑2008.
Comme je l'ai déjà dit, Marc-Yvan Côté est un homme qui, aux dires du juge
Gomery, a déshonoré son parti, le Parti libéral du Canada. Il a été banni de ce
parti-là, et la réponse à ça, du Parti libéral du Québec, c'est de lui signer
des certificats de solliciteur, bon.
Alors, moi, oui, je suis intéressé à
savoir s'il y a des «Côtédollars» dans les coffres du Parti libéral pour 2007‑2008.
Par contre, les traces écrites, les documents qu'on a qui nous permettent
aujourd'hui, là, de commenter publiquement font état de Marc-Yvan Côté qui
arrive dans la vie ou dans les collectes de fonds de Sam Hamad fin 2008.
M. Bellerose (Patrick) :
M. Hamad a démissionné de son poste de ministre, mais reste député. Le PQ
demande qu'il soit exclu du caucus libéral, Québec solidaire demande qu'il
démissionne comme député, carrément. Est-ce que ça vous satisfait, est-ce que
c'est suffisant, l'annonce d'aujourd'hui?
M.
Caire
: Deux
choses. D'abord, pour le fait de l'exclure du caucus… D'abord, je vais préciser :
Sam Hamad n'a pas démissionné du Conseil des ministres, Sam Hamad a été forcé,
probablement, de laisser sa paie de ministre, qu'il ne méritait plus, sur la
table, on va s'entendre? Première chose, là. Moi, le grand, courageux Sam
Hamad, là, je suis désolé, là, mais je pense que, s'il avait pu la garder, sa
paie, il l'aurait fait, mais la pression fait en sorte qu'il est obligé… le
premier ministre a probablement été obligé de lui demander de faire ça.
Première étape.
Deuxième étape, écoutez, si Sam Hamad
était député de la CAQ, il serait déjà exclu du caucus, et j'en veux pour preuve
le cas de Daniel Ratthé. Je pense qu'on l'a tous en tête, et vous savez comment
mon chef, François Legault, gère ces questions-là.
Pour ce qui est de démissionner comme
député, c'est là où je pense que la présomption d'innocence doit embarquer. Sam
Hamad n'a pas été trouvé coupable de quoi que ce soit. Pour l'instant, c'est
des enquêtes, c'est de nombreuses enquêtes, des allégations très graves qui le
rendent inapte à remplir certaines fonctions, celle de ministre, notamment,
participer aux délibérations du caucus libéral sur des questions
gouvernementales, très certainement aussi. Maintenant, comme député de
Louis-Hébert, jusqu'à preuve du contraire, ce sera à ses électeurs de décider
ou non s'il est apte à remplir ce mandat-là.
M. Bellerose (Patrick) : Mais
pourquoi la présomption d'innocence s'applique comme député, mais pas comme ministre?
M.
Caire
: Parce
que c'est deux choses complètement différentes. Comme ministre, la seule raison
pour laquelle vous êtes nommé ministre ou vous êtes démis du poste de ministre,
c'est la volonté du premier ministre. Robert Poëti, là, quand il a été sorti du
Conseil des ministres, est-ce qu'il y eu des grandes explications? Non. Le
premier ministre du Québec a décidé que Robert Poëti n'était plus l'homme de la
situation. Même chose pour M. Girard, le premier ministre a décidé qu'il
n'était plus l'homme de la situation, il l'a exclu du Conseil des ministres.
Alors, ce n'est pas le résultat d'un long
processus judiciaire, une nomination ou un désaveu. Mais, dans le cas de Sam
Hamad, le premier ministre avait déjà statué qu'il n'était plus apte à remplir
ses fonctions de président du Conseil du trésor, il lui a demandé de se
retirer, mais par contre il lui laissait le salaire. Donc, comprenez-vous que,
là, on est dans deux univers? Mais là de dire à quelqu'un : Tu dois
démissionner d'une fonction élective sur la base d'allégations, je pense qu'il
ne faut pas aller là, je pense qu'il ne faut pas aller là.
Le Modérateur
: D'autres
questions? Merci beaucoup.
M.
Caire
:
Merci.
(Fin à 11 h 58)