(Huit heures trente-sept minutes)
M. Legault
: Bonjour, tout
le monde. Écoutez, je suis content d'apprendre ce matin que la ministre de
l'Immigration recule sur l'augmentation des seuils d'immigration.
Rappelez-vous, il y a quelques semaines, lorsque j'ai demandé à Philippe
Couillard des questions concernant l'augmentation des seuils d'immigration,
lorsque je me suis inquiété du fait que Philippe Couillard voulait faire passer
de 50 000 à 60 000 le nombre d'immigrants qu'on accueille à chaque
année, M. Couillard m'avait, à l'époque, accusé de souffler sur les braises de
l'intolérance. Je suis content de voir que M. Couillard s'est dessoufflé ce
matin et a compris le gros bon sens. Je pense, c'est une victoire pour la CAQ,
c'est une victoire pour les Québécois. C'est certain, là, que déjà on a de la
difficulté à intégrer 50 000 immigrants.
Bon, il y a quand même des inquiétudes
dans l'article de M. Salvet. Mme Weil semble se réjouir du fait que 14 %
des nouveaux arrivants ne parlent pas français et ne suivront jamais de cours
de français. Pour moi, ce n'est pas un objet de réjouissance. On continue à
penser, à la CAQ, que les cours de français devraient être obligatoires pour
tous les nouveaux arrivants.
Et le problème, même quand on parle
d'intégration en emploi, le problème vient du fait que 30 % des immigrants
sont choisis par Ottawa sans aucun critère d'employabilité. Donc, Mme Weil peut
bien dire : J'ai un nouveau modèle pour choisir les immigrants, son modèle
s'applique seulement à 70 % des immigrants. Donc, au nom de la
réunification familiale, il y a de plus en plus d'immigrants qui sont acceptés
par Ottawa sans aucun critère d'employabilité, sans aucun critère de
connaissance du français.
Et ce que M. Couillard devrait réaliser
aussi, c'est que, quand on regarde le seuil migratoire du Québec, encore
l'année dernière, il y a 13 000 personnes qui ont quitté le Québec,
en chiffres nets, là, donc 13 000 personnes qui ont quitté le Québec
de plus que le nombre qui sont arrivés dans l'interprovincial. Donc, plutôt que
d'augmenter les seuils d'immigration, est-ce qu'on ne pourrait pas commencer
par retenir les personnes qui sont au Québec? Comment? Bien, par
l'employabilité, par des cours de français, par l'éducation.
Mais actuellement je conclus en vous
disant que très content de ce recul. Pour une fois, c'est un recul avec lequel
on est d'accord, donc le fait que M. Couillard qui, clairement, en Chambre,
défendait l'augmentation de 20 % des seuils d'immigration, bien, recule et
nous dit que les seuils ne seront pas augmentés au moins pour les deux
prochaines années. C'est une bonne nouvelle.
M. Vigneault (Nicolas) : M.
Legault... Nicolas Vigneault, Radio-Canada. Qu'est-ce que vous faites du fait
que plusieurs entreprises, notamment en Beauce et dans plusieurs régions du
Québec, disent manquer de main-d'oeuvre cruellement et que, pour eux, la
solution, justement, c'est l'immigration?
M. Legault
: Bien,
justement, là, ce que je viens de dire, quand on regarde le seuil migratoire,
on perd 13 000 personnes par année. Donc, est-ce qu'on peut, si on a
besoin d'employés, trouver des empois à ces 13 000 personnes? Puis la
plupart quittent, là, parce qu'ils n'ont pas d'emploi, justement, au Québec,
puis ils vont peut-être en trouver un en Ontario ou ailleurs au Canada. Donc,
ce qu'on a besoin, c'est de créer des emplois.
Quand on a un gouvernement qui a l'air
satisfait d'avoir créé 300 emplois au cours des 12 derniers mois,
bien, on a un problème, là, d'emploi. On ne crée pas assez d'emploi au Québec.
Et donc il faut bien sûr, pour les emplois qui ne sont pas comblés, il faut
mettre l'emphase sur l'éducation.
Moi, je trouve que le budget qui a été
déposé il y a quelques semaines, ce n'est pas un budget d'éducation. Quand on
augmente le budget de 3 % puis qu'on a des coûts de système de 2 %, c'est
une très mince augmentation, surtout quand on tient compte des coupures des
dernières années. Donc, il faut investir en éducation, il faut investir dans la
formation de la main-d'oeuvre. Et on a un gouvernement, là, qui ne croit pas à
l'éducation, qui n'investit pas en éducation depuis deux ans.
M. Vigneault (Nicolas) : Sur
le fait que le gouvernement songe, par exemple, par règlement notamment, à
forcer les grandes chaînes à afficher en français sur leur façade notamment,
mais on ne veut pas toucher à la loi 101, est-ce qu'on devrait donner plus de
mordant ou être plus sévère avec ces grandes chaînes là?
M. Legault
: Écoutez,
s'il faut changer la loi 101 pour avoir un descriptif en français, qu'on change
la loi 101. Même M. Couillard disait il n'y a pas longtemps que, par politesse,
les entreprises devraient accepter d'avoir un descriptif en français. Donc, s'il
faut changer la loi 101 pour y arriver, changeons la loi 101.
Pourquoi M. Couillard, à chaque fois qu'on
parle de langue et d'identité, il a un malaise puis il recule sur ce
dossier-là? Donc, moi, je pense que c'est tout à fait raisonnable de demander
d'avoir un descriptif en français, de dire : Les Cafés Second Cup ou le
magasin Wal-Mart. Donc, c'est raisonnable. Si ce n'est pas permis par la loi,
bien, qu'on change la loi. Je pense qu'on a besoin, au Québec, de s'assurer de
garder un visage français.
Le Modérateur
: Alain
Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour, M. Legault.
M. Legault
: Bonjour.
M. Laforest (Alain) : C'est
quoi, votre seuil d'immigration?
M. Legault
:
50 000. On pense que déjà, à 50 000, on a des difficultés. On a
41 % des 50 000, à chaque année, qui ne parlent pas français. De
ceux-là, les adultes, hein, qui représentent à peu près la moitié de ces
personnes-là, il y en a 72 % qui n'acceptent pas de suivre de cours de
français. Donc, au total, là, on a trop de nouveaux arrivants qui ne parlent
pas français.
Puis moi, je suis d'accord avec le virage
sur ajouter puis mettre plus d'emphase sur l'employabilité, mais ces
critères-là ne s'appliquent pas aux 30 % d'immigrants qui sont choisis par
Ottawa. Donc, déjà là, on a plein nos mains, là, d'intégrer 50 000. On n'y
arrive pas à bien intégrer les 50 000, donc il ne faut surtout pas, à
court terme, penser à augmenter ce chiffre-là.
M. Laforest (Alain) : Vous
avez évoqué ça brièvement tout à l'heure, il y a quand même des restaurateurs,
là, qui se plaignent actuellement qu'ils n'ont pas de main-d'oeuvre. Il y a
beaucoup d'entreprises qui se plaignent, entre autres, pour de la
main-d'oeuvre, qui n'ont pas de main-d'oeuvre. Ils sont obligés d'aller
ailleurs. Et il y a un taux de chômage d'immigration qui est élevé. C'est quoi
qui ne fonctionne pas?
M. Legault
: Bien,
écoutez, à Montréal, sur l'île de Montréal, le taux de chômage est rendu à
11 %. La ville de Montréal, dans les grandes villes canadiennes, est la
pire ville pour ce qui est du taux de chômage. Donc, on ne peut pas dire qu'il
manque de main-d'oeuvre, là. Actuellement, ce qu'on a besoin, c'est…
M. Laforest (Alain) : …en
région, les restaurateurs sont obligés d'aller en chercher en Europe, là. On
fait quoi, là? On les déplace, on les force à se déplacer puis on les force à
aller chercher de l'emploi ailleurs? On applique ce que M. Hamad disait?
M. Legault
: Bien,
écoutez, là, quand on dit, là, qu'il y a, au Québec, presque 8 % de
chômage, qu'à Montréal il y a 11 % de chômage, c'est certain, là, que peut-être
une partie de ces personnes-là ont besoin d'une formation. Bien, qu'on mette
l'emphase sur la formation. Mais le nombre, il n'en manque pas. Ce qu'on a
besoin, c'est de la formation, qu'on mette de l'argent, qu'on investisse en
éducation. M. Couillard n'a pas, depuis deux ans, investi en éducation.
Le Modérateur
:
Alexandre Robillard, LaPresse canadienne.
M. Robillard (Alexandre) : M.
Legault, bonjour. Qu'est-ce qui vous fait croire que le gouvernement avait
réellement l'intention d'adopter la cible de 60 000, compte tenu que, en
tout cas si on se fie à ce que Mme Roy disait, M. Couillard s'est surtout
limité à une confirmation non verbale en Chambre, là, de ce chiffre-là. Il n'y
avait pas vraiment eu…
M. Legault
: Je pense
que vous avez manqué une bonne période de questions, vous deux, là, à l'Assemblée
nationale parce que moi, j'ai bien entendu, là. J'ai posé une question, j'ai
dit : Je pense que ce serait irresponsable d'augmenter de 50 000 à
60 000, et j'ai eu droit à une colère du premier ministre, qui m'a accusé
de souffler sur les braises de l'intolérance. Donc, s'il avait pensé rester ça,
garder ça à 50 000, il ne se serait pas choqué comme ça après moi. En tout
cas, je l'espère.
Donc, moi, je pense, de toute évidence, M.
Couillard voulait augmenter à 60 000 le nombre d'immigrants, sinon il
aurait apporté une précision à ma question. Mais aujourd'hui on voit qu'il
s'est dessoufflé, on voit, là, que... en tout cas, à moins qu'il ait un gros
désaccord avec Mme Weil. Mme Weil, elle dit : Il n'en est pas question
pour les deux prochaines années. Donc, je suis content, mais, de toute
évidence, là, M. Couillard a défendu l'augmentation à 60 000 dans
plusieurs de mes questions à l'Assemblée nationale.
M. Robillard (Alexandre) : Maintenant,
hier, M. Khadir a dit que M. Charest était le suspect numéro un concernant les
allégations qui frappent le financement du Parti libéral du Québec. Est-ce que
vous partagez son analyse?
M. Legault
: Bien,
écoutez, pour l'instant, là, on n'a pas de preuve. Ce qu'on sait, c'est que
Marc-Yvan Côté était proche de lui, que Nathalie Normandeau était sa
vice-première ministre puis elle a des accusations graves. J'aurais aimé
entendre Jean Charest à la commission Charbonneau. On se demande encore
pourquoi il n'a pas été entendu. On a entendu parler de son «bag man», M.
Bibeau, Marc Bibeau. Donc, il y a comme une aura de suspicion, là, mais, pour
l'instant, on n'a pas ces preuves-là.
M. Robillard (Alexandre) : Mais,
comme chef du gouvernement, chef du Parti libéral du Québec, est-ce qu'il
pouvait ignorer d'éventuelles malversations au sein de son groupe politique?
M. Legault
: On ne peut
pas le savoir, là. Est-ce qu'il a dit à Marc Bibeau : Je ne veux pas
savoir ce que tu fais? On ne le sait pas. On ne le sait pas à ce moment-ci.
Le Modérateur
:
Marc-André Gagnon, Journal de Québec.
M. Gagnon (Marc-André) : Pour
revenir sur l'immigration, M. Legault, justement, en Chambre, ça a donné place
à des débats, quoi, quand même animés. Donc, si finalement, bien là, 60 000,
on recule ou le gouvernement dit : Bon, ce n'était pas tout à fait 60 000,
est-ce qu'on s'est énervés un peu trop pour rien sur cet enjeu-là?
M. Legault
: Bien, M.
Couillard s'est énervé pour rien, là. En m'accusant de souffler sur les braises
de l'intolérance, il s'est énervé pour rien, là. De toute évidence, il a soufflé
lui-même sur les braises de la chicane puis aujourd'hui il dessouffle cette
chicane-là. Mais franchement, s'il était d'accord avec moi qu'il fallait garder
les seuils à 50 000, il avait juste à me répondre ça. Mais plutôt, là, il
est entré dans des grosses accusations, presque de racisme, contre moi, puis là
il a bien vu que la population était de mon côté et non de son côté. Donc, moi,
je pense, de toute évidence, là, il y a pensé, mais là il a reculé quand il a
vu que les Québécois n'étaient pas d'accord avec lui.
M. Gagnon (Marc-André) :
C'est le début de l'étude des crédits budgétaires aujourd'hui. Vous avez été
les premiers, à la CAQ, l'année dernière, à déplorer les questions plantées
posées par les députés du Parti libéral. Donc, quelles sont vos attentes pour
cette année?
M. Legault
: Bien,
j'espère que les députés libéraux ne feront pas comme l'année passée. L'année
passée, on a eu la preuve que les députés libéraux lisaient des questions
préparées par les ministres. Donc, ça veut dire que le ministre disait à un de
ses députés : Pose-moi cette question-là, je vais bien me préparer, puis
ce n'est pas un sujet qui est trop controversé.
Moi, je pense que les députés, là, ils
représentent le législatif puis ils sont là pour représenter aussi leurs
citoyens. J'espère que les députés libéraux, cette année, vont poser aux ministres
des questions que leur posent leurs concitoyens, pas des questions plantées par
le ministre, à la demande du ministre, un peu comme des moutons, là. J'espère qu'ils
vont se tenir debout puis c'est eux qui vont écrire leurs questions plutôt que
les ministres à qui ils posent les questions.
M. Gagnon (Marc-André) : M.
Péladeau croit qu'il faudrait revoir la façon de faire actuelle à l'étude des
crédits budgétaires. Êtes-vous du même avis?
M. Legault
: Bien oui.
Bien, je vous invite à aller voir le document, là, qui a été déposé par Benoit
Charette, qui a été discuté dans un conseil général de la CAQ. On propose effectivement
qu'on fonctionne par interpellation, de façon régulière, auprès de chaque ministre.
Donc, on a proposé des règles, effectivement, pour modifier les façons de
fonctionner, parce qu'actuellement, de donner du temps aux députés libéraux, à
moins qu'ils prennent ça au sérieux, là, s'ils utilisent ce temps-là juste pour
être complaisants à l'égard du ministre, c'est du temps perdu pour tout le
monde, là.
Le Modérateur
:
Questions en anglais. Raquel Fletcher.
Mme Fletcher (Raquel) : Good morning. Do you see any benefit to extending the number of
immigrants to Quebec to the 60,000 mark?
M. Legault
:
I think that right now, we still have challenges to make sure that the 50,000
immigrants we receive every year, that we have a better integration. Right now,
the unemployment rate is very high. Part of the problem is coming from the 30%
of these immigrants chosen by the federal Government. They have no requirements
in terms of employment, so we have to put more focus on integration, learning
French, learning our values, making sure that they find a job before increasing
the number by 20%. It didn't make sense, this suggestion of Mr. Couillard. So
I'm happy to see that Mr. Couillard is backtracking on this proposal.
Mme
Fletcher (Raquel) : OK. The Premier also suggested
that he would now make sure that big-box stores, their signage was in French.
What do make of his comments on that subject?
M. Legault
:
I think that the Premier himself said that it'll be polite to make sure that we
have a description, saying, for example, «magasin Wal-Mart» or «Cafés Second
Cup». We're not asking to change the name of the company but to have a
description before, in order to reflect the French side of our society.
So I think I understood
that Mr. Couillard was in agreement
with that a few weeks ago. I hope he is not backtracking again, because we
understand, in reading a few articles this morning, that, because it is against
the law, he does not want to change the law and make sure that his proposal of
having a description is put in place. We are in favor of this proposal to have
a description in French. Thank you.
(Fin à 8 h 52)