(Dix heures trente-cinq minutes)
M. Pagé
: Alors,
bonjour à tous et à toutes. Je suis aujourd'hui accompagné de Marjorie Potvin,
Josée Paré et Émelyne Tremblay, qui prendront la parole à tour de rôle.
Alors, comme vous savez, depuis le 1er avril
dernier, il y a des nouvelles directives qui viennent de la part du ministère
de la Famille et du gouvernement du Québec, des directives que nous trouvons
aberrantes, très loin de ce que l'on pourrait souhaiter de conciliation
travail-famille, et ces mesures mur à mur sont tout à fait déconnectées de la
réalité que nos familles vivent aujourd'hui. Après avoir coupé
450 millions au cours des 10 dernières années dans nos centres de la
petite enfance, après avoir brisé ses promesses électorales autant en 2003
qu'en 2014, après que les CPE, on leur ait demandé de couper dans les services
parce qu'on a coupé dans leur budget, après qu'on demande aux parents de payer
plus cher — pourquoi? Pour avoir moins de services — après
250 000 pétitionnaires qui sont venus dire au gouvernement, il y a à peine
un mois, que l'ensemble des mesures n'avaient absolument pas de bon sens,
aujourd'hui on nous présente des directives du fameux 80 % de présence,
comme si un enfant devait puncher comme s'il allait travailler à l'usine Alcan.
On trouve que cette directive n'a aucun bon sens, parce que, dans le fameux
52 jours de présence, il faut déjà enlever 13 jours pour les jours fériés,
alors ce qu'il reste des 39 jours ne correspond pas du tout à la réalité
d'aujourd'hui, à la réalité d'une saine conciliation travail-famille.
Donc, aujourd'hui, on accueille des parents
qui vont témoigner de cette réalité. On demande aux parents, aux
grands-parents, aux gens du Québec d'aller signer la pétition qui est sur le
site de l'Assemblée nationale. On demande au ministre de mettre fin à cette
aberration. On demande au ministre d'écouter la réalité qui va être présentée
ce matin. Et nous demandons de revoir cette mesure qui, à notre avis, est tout
à fait une aberration et qui ne correspond pas à notre volonté d'une saine
conciliation travail-famille. Alors, je laisse la parole à Marjorie Potvin.
Mme Potvin (Marjorie) :
Alors, bonjour, tout le monde. Mon nom est Marjorie Potvin. Je suis l'heureuse
maman de quatre beaux enfants de sept ans à neuf mois. Dans le fond, moi, mon
CPE, c'est un des premiers qui a appliqué, là, le nouveau règlement qui est en
vigueur, là, avec la présence du 80 %, M. Pagé, là, l'a bien
expliqué. Qu'est-ce que ça représente, dans le fond, là? C'est que, même les
13 jours des fériés, quand notre enfant... qui sont compris, là, dans le
fond, là, dans les journées d'absence de nos enfants. Ça fait que, oui, c'est
52 jours moins 13, ça veut dire qu'il en reste 39 que notre enfant il a le
droit d'être absent dans l'année. Ça fait que ça, là, ça nous donne trois jours
par mois sur toute une année que nos enfants, ils ont le droit d'être absents.
Mais, tu sais... Ça fait que, dans le fond, là, les parents, là, qui ont des
vacances, qui ont trois, quatre, cinq semaines de vacances, là, bien, quand
leurs enfants vont être malades, ils vont être obligés de les envoyer à la
garderie parce que, veux veux pas, il va falloir qu'il garde... il va vouloir
garder ces journées-là pour être là, dans le fond, là, avec eux, tu sais, c'est
pour pouvoir passer leurs vacances avec eux.
Moi, mon CPE a mis une politique claire.
Si je la lis ici, c'est : «Lorsque le nombre de jours d'absence de
l'enfant aura atteint la limite permise, la procédure suivante sera appliquée :
un avis écrit sera transmis aux parents par courrier recommandé afin de mettre
fin à l'entente entre le CPE et les parents avec un deux semaines d'avis.» Ça
fait que, ça, ce que ça veut dire, c'est que nos enfants vont être mis dehors
du CPE, tout simplement.
Moi, présentement, vu que mon petit bébé,
il a neuf mois, je suis présentement en congé de maternité. Mon congé de
maternité, il se terminait cet été. Je l'ai prolongé et j'ai pris un sans solde
à mes frais pour pouvoir passer l'été avec mes enfants. Ce que ça inclut, c'est
que mes deux plus vieux, qui sont d'âge préscolaire, puis que mon autre est au
primaire, je vais les garder avec moi, je vais garder mon bébé avec moi, mais,
l'autre, je vais être obligée d'aller le porter à la garderie. Ça fait que,
dans le fond, j'en habille quatre le matin, quatre le soir pour aller en porter
un, en chercher un. Pourquoi que lui qui va avoir trois ans n'aurait pas le
droit de passer l'été avec maman, aller dans une garderie, dans un CPE où est-ce
que ce n'est pas climatisé quand il va faire 30 degrés dehors, puis que
nous, on va être sur le bord de la piscine en train d'en profiter? Je trouve ça
un peu aberrant.
Puis, moi, de plus, je suis infirmière; mon
conjoint, il travaille aussi dans le domaine de la santé, on a deux horaires
atypiques, on travaille les fins de semaine. Ça fait que, quand les deux, on
travaille la semaine, ça... pardon, quand on travaille, les deux, la fin de
semaine, la semaine... on en a, là, des journées de congé, la semaine, ça fait
qu'on ne pourra même pas les passer avec nos enfants, sous peine, encore,
d'être expulsés, là, si à un moment donné on dépasse le nombre.
Nous, on vient du Lac-Saint-Jean, même si
on habite Québec. Nos parents seront bientôt à la retraite, ça fait qu'ils ne
pourront même pas, les grands-parents, venir prendre nos enfants, mettons, pour
quelques jours parce qu'encore là ils vont être expulsés. Ça fait que ça ne
prive pas juste l'enfant d'être avec ses parents, ça prive aussi les grands-parents
d'être avec leurs petits-enfants, là. Tu sais, dans les dernières études, là,
ils ont prouvé, en plus, que ça aidait les parents, les... puis, tu sais, dans
le fond, les grands-parents, à se garder jeunes, à se garder en santé, que ça
favorisait les fonctions cognitives, de passer du temps avec les
petits-enfants. Ça fait que, tu sais, encore là, ça les pénalise.
Après ça, il y a une dernière étude,
aussi, qui a été publiée, qui a sorti cet hiver comme de quoi que les enfants,
là, quand ils arrivent en maternelle, quand ils arrivent en première année,
qu'ils sont stressés, ils font des dépressions, ils sont fatigués. Puis là on
leur demande, à des petits de moins de cinq ans, d'être là à presque 80 %.
Qu'est-ce que vous pensez que ça va donner de ces enfants-là qui n'auront
pratiquement pas passé de temps avec leurs parents à cause, justement, de ce
gouvernement-là, à cause de la loi, du nouveau règlement? Ils vont avoir de
l'air de quoi, ces enfants-là? Ils ne sauront pratiquement même plus c'est qui,
leurs parents. On trouve ça un peu aberrant, là, dans le fond, là. Ça fait que,
tu sais, c'est la santé de nos enfants.
Puis on comprend, là, les parents, là, qui
veulent passer du temps... Tu sais, on en a, là, des parents, là, qui n'ont pas
le choix d'aller porter leurs enfants à tous les jours, on comprend ça, mais
ceux qui ont choisi d'être... d'avoir un horaire différent pour pouvoir passer
plus de temps avec leurs enfants, pourquoi qu'ils seraient pénalisés, là?
Ça fait que je vais laisser... je pense
que c'est Émelyne qui voulait parler ou Josée? Je vais laisser la parole à
Josée. Merci.
Mme Paré (Josée) : Oui, alors,
moi, j'aimerais attirer votre attention sur les enfants qui ont des besoins
particuliers. Moi, j'ai trois enfants. Mes deux plus grands ont fréquenté le
CPE, et j'ai ma dernière, Émilie, qui a deux ans et demi, qui est au CPE aussi.
Émilie est née sourde, et bientôt, pour notre plus grand bonheur, elle va
recevoir un implant cochléaire. Ce type de chirurgie requiert plusieurs jours
de convalescence, ce qui implique qu'elle sera absente du CPE. Par la suite,
Émilie devra suivre une thérapie intensive de rééducation auditive pendant
trois mois à raison de trois jours par semaine. Si on fait le décompte, ça veut
dire que, seulement pour son intervention, elle devra s'absenter plus de
50 jours dans les mois qui vont suivre la réception de son implant
cochléaire. Il va sans dire qu'elle dépassera largement le nombre de jours
d'absence autorisés au CPE.
Qu'est-ce que je peux faire devant cette
situation? Si rien ne change, ma fille perdra assurément sa place au CPE, elle
sera exclue du CPE. On dit qu'on veut intégrer les enfants qui ont des besoins
particuliers dans les services de garde, mais, si on se fie à cette règle du
80 %, c'est pour mieux les exclure par la suite. On ne s'adapte pas à
leurs conditions particulières.
Est-ce que je dois perdre ma place en CPE
parce que je choisis de donner à ma fille une audition qui lui permettra de
communiquer avec les gens qui l'entourent, de se développer à son plein
potentiel et de vivre dans notre société?
Comme parents, nous sommes confrontés aux
stress de la chirurgie, nous devons prendre nombre de congés pour accompagner
notre fille à travers son cheminement. Devons-nous en plus rajouter sur nos
épaules ce stress inutile de se trouver un nouveau service de garde qui sera
capable de répondre à ses besoins parce que nous aurons perdu notre place? Ceci
est inconcevable, et malheureusement ma fille n'est pas la seule dans son cas.
Il y a d'autres enfants avec des besoins particuliers ou une santé fragile.
Certains enfants qui fréquentent nos CPE
ont été référés par des professionnels parce qu'ils ont besoin de stimulation
et que c'est le meilleur endroit pour eux lorsque leurs parents travaillent.
Pour différentes raisons, plusieurs de ces enfants ont des rendez-vous
fréquents avec des professionnels de la santé et doivent s'absenter souvent, on
peut penser à de la réadaptation physique, de l'orthophonie, de la pédiatrie ou
de la stimulation intensive.
Que ferons-nous avec un enfant qui devrait
s'absenter pour une raison médicale? Je pense à un enfant qui tomberait malade
d'une leucémie ou encore qui pourrait se casser une jambe et rester alité
plusieurs semaines. En plus du stress de la maladie et des hôpitaux, ces
enfants perdraient leur milieu de garde, leur lieu d'appartenance, leurs amis.
Aidons nos enfants qui ont le plus besoin
à conserver leur place en CPE. Ils n'ont pas à payer le prix pour leur handicap
ou leur condition particulière. Merci.
Mme Tremblay Savard (Émelyne) :
Bonjour. Alors, je m'excuse d'avance pour mon accent. Quand je m'emballe, ça
ressort plus. J'aurais bien aimé pouvoir vous présenter mes enfants, moi aussi,
mais malheureusement leur agenda ne leur permettait pas, ils devaient être au
CPE aujourd'hui.
Donc, tout d'abord, au-delà des
allégeances politiques qu'on peut avoir, je pense qu'on peut s'entendre sur une
chose, c'est que, pour l'intérêt de nos enfants... est-ce que c'est vraiment
dans leur intérêt de fréquenter le service de garde au-delà de 80 % quand
on a la possibilité d'en prendre soin?
La règle d'absentéisme, c'est bien beau,
mais ça ne permet pas vraiment d'atteindre l'objectif que le ministre essaie de
nous donner. C'est-à-dire il nous dit que ça va optimiser les places en CPE,
mais...
Dans le fond, je vais vous donner juste
notre exemple. Nous, on est des travailleurs à temps plein sur semaine. On a un
horaire tout à fait régulier, on n'est pas des travailleurs avec horaire
atypique, puis, juste les absences sporadiques de mon enfant — les
maladies, les vacances — juste ça plus les fériés, ça fait en sorte
que je vais certainement exploser la banque de temps qui est accordé à mon
enfant. J'ai besoin d'une place à temps plein, mais j'ai aussi besoin de mon
droit fondamental d'avoir accès à mon propre enfant. Je ne vois pas pourquoi le
gouvernement m'empêcherait de voir mon enfant alors que je peux en prendre en
soin.
Le ministre dit ne pas vouloir créer de
problèmes, mais en régler. Mais en fait je pense qu'il est en train de créer
des problèmes pour les parents de plus de 100 000 enfants au Québec.
D'ailleurs, pourquoi juste les CPE puis pas les milieux familiaux? On est-u en
train de privatiser le système de façon déguisée?
J'aimerais beaucoup connaître les chiffres
réels sur lesquels le ministre s'est basé pour faire cette règle-là, parce
qu'on le sait-u vraiment, comment il y a d'enfants qui occupent des places à
temps plein puis qui devraient être à temps partiel? En tout cas, moi, je n'ai
pas vu de chiffres passer là-dessus. On nous dit juste que ça va sauver des
millions.
Concrètement, vous allez faire quoi pour
optimiser la place des enfants qui s'absentent? Il y a certainement des solutions
qui peuvent être envisagées, qui répondraient beaucoup mieux au niveau de
l'optimisation des places. Il suffirait peut-être de vouloir écouter les
citoyens. Donc, est-ce qu'on peut prêter des places pour des périodes de temps
spécifiques? Est-ce qu'on peut créer des nouvelles places à temps partiel?
Est-ce que, pendant un congé de maternité, on pourrait s'organiser pour faire
des contrats pour prêter notre place à quelqu'un qui en en besoin? On est en
train de créer des problèmes en faisant accroire qu'on règle ceux existants,
puis ce n'est pas le cas.
Le temps, il est précieux avec nos
enfants. Tout le monde nous le dit quand on accouche, d'ailleurs, c'est la
première chose qu'on nous dit : Profitez-en, ça va passer vite, vous allez
voir. Puis — oups! — le gouvernement trouve ça tellement
sérieux qu'il nous offre des programmes de conciliation travail-famille. C'est
bien super! Moi, je pourrais en bénéficier à mon travail puis recommencer à
travailler à temps partiel, un congé sans solde partiel parental, par contre je
ne pourrai pas l'utiliser. Pourquoi? Parce que, quand même que je voudrais
l'utiliser, malheureusement, bien, je vais automatiquement sauter la banque
d'absences de mes enfants. Ça fait que ça nous donne quoi, d'avoir des beaux
programmes d'un côté... qui sont même sollicités, parce qu'en fait le
gouvernement offre même des prix pour ça aux employeurs, j'ai vu ça sur le site
du ministère de la Famille. Bien, bravo! Les parents ne peuvent pas les
utiliser.
Moi, je travaille en protection de la
jeunesse puis ce que je peux vous dire, c'est que, pour restreindre des
contacts entre un parent puis son enfant, ça prend des motifs plus que sérieux.
Ça, ça veut dire qu'il faut aller au tribunal, qu'il faut se présenter en
disant qu'il y a des raisons sur le développement de l'enfant. Puis aujourd'hui
le gouvernement, d'une simple signature, est en train de priver des milliers de
parents de ce droit fondamental là d'avoir accès à son enfant, ce qui est
complètement ridicule. Je n'ai rien fait pour mériter ça. Si j'ai un congé
aujourd'hui parce que j'ai travaillé en fin de semaine, j'ai-tu le droit
d'avoir mon petit loulou puis ma petite fille? Bien, voyons donc!
Ça fait que ça, ça veut dire... puis là je
vais m'adresser directement au ministre : Vous, vous ne penserez peut-être
pas à moi tous les jours de votre vie, mais, moi, là, la journée, le matin,
quand j'habille mes deux enfants pour aller les porter, là, que je vais les
habiller en leur disant : Mes petits amours, peut-être, là, qu'aujourd'hui
vous auriez pu rester avec maman, mais votre gouvernement, il ne veut pas que
je prenne soin de vous même quand je suis disponible. Ça fait, que vous, vous
ne penserez pas à moi, mais, moi, ce que je peux vous dire, c'est que je vais
penser à vous à tous les matins puis je ne vous oublierai pas. Puis une chose
est sûre, c'est... regardez bien mon visage, parce que, si vous continuez sur
cette lancée-là, vous n'avez pas fini de le voir, ça, je vous le garantis.
Merci beaucoup.
M. Pagé
: Merci. Merci
à vous trois. Je pense que c'étaient des témoignages qui parlaient d'eux-mêmes,
très, très saisissants. Alors, je ne sais pas s'il y a des questions qu'on
pourrait prendre? Oui, allez-y.
Mme Dufresne (Julie) : Je
m'adresserais aux mamans, si vous me permettez, peut-être, d'abord.
M. Pagé
: Oui, oui,
oui, mais absolument, tout à fait. Je pense que ça parle encore mieux qu'un
politicien.
Mme Dufresne (Julie) : Non,
mais on va sûrement vous reparler après, mais...
Mme Tremblay Savard (Émelyne) :
Ça parle avec nos coeurs de mamans.
Mme Dufresne (Julie) : Oui.
J'aimerais savoir... Vous dites que vous faites partie... votre CPE est parmi
les premiers qui appliquent cette consigne-là. On savait qu'elle était
existante, mais qu'est-ce qu'on vous a dit? Est-ce qu'on vous a prévenues? Est-ce
que, dans l'application, on vous a dit : Ça commence maintenant, et il n'y
a plus de marge de manoeuvre?
Mme Potvin (Marjorie) : Ça
commençait le 1er avril...
Mme Dufresne (Julie) : Peut-être
juste vous approcher du micro, s'il vous plaît.
Mme Potvin (Marjorie) : Oui,
ça commençait le 1er avril, que, nous, le CPE, déjà là, avait... ils
savaient que ça s'en venait, ça fait qu'ils avaient déjà commencé, là, à mettre
en place, là, une... bien, dans le fond, la politique. Ça fait qu'on a reçu... Tu
sais, je l'ai reçue, moi, ça fait déjà quelque temps, là. Je l'ai reçue comme,
quoi, première semaine d'avril, peut-être, maximum, là.
Mme Dufresne (Julie) : ...on
ne fait preuve d'aucune marge de manoeuvre, là, dans votre cas ou...
Mme Potvin (Marjorie) :
Aucune.
Mme Dufresne (Julie) : ...par
exemple, où il pourrait y avoir des exceptions, de toute évidence.
Mme Potvin (Marjorie) : C'est
une directive, et je pourrai vous montrer la lettre. Dans le fond, c'est que,
dans notre... quand on signe un contrat avec le CPE, dans les règlements dans
lesquels on signe dans le bas, c'est écrit que, s'il y a non-respect du
contrat, que, dans le fond, les politiques pour lesquelles on a signé vont...
on va être exclues du CPE. Ça fait que, comme, dans le fond... comme qu'ils
l'appellent, le taux d'absentéisme élevé, dans le fond, le point n° 5, là,
sur la feuille, là — je pourrai vous la montrer, là — qu'est-ce
que ça dit, c'est effectivement, là, la loi... bien, le nouveau règlement du
80 %, qui fait que, si notre enfant n'est pas là, il va être expulsé, là,
puis...
Mme Dufresne (Julie) : Puis
votre CPE ne montre pas de... j'imagine, vous leur avez parlé, là, ils n'ont
pas...
Mme Potvin (Marjorie) : Non. Bien,
en fait, c'est parce que, tu sais, s'ils n'ont pas 80 %, c'est qu'ils vont
être coupés. Moi, dans mon CPE, là, ça représente 30 000 $.
30 000 $, là... Moi, mon CPE offre aussi un service de soir. Le
service de soir est fortement menacé par cette coupe-là parce qu'on le sait que
le service de soir, il n'y en a pas beaucoup, mais il y en a, des parents qui
en ont besoin. Moi, tant que mon grand, il n'était pas à l'école, là, j'ai été
une utilisatrice du service de soir, mais, comme c'est les mêmes installations,
que c'est la même cuisine, bien, ça a... ils n'ont pas besoin de payer d'autre
logement parce que, dans le fond, le logement, il est déjà payé, sauf que ce
30 000 $ là, bien, il fait que le service de soir est en place, là.
Ça fait que, tu sais, c'est important, là, c'est nos enfants, là, qui... qu'il
y a déjà qui sont coupés, comme M. Pagé l'a dit tantôt, avec les millions
qui ont été coupés, là. En plus, tu sais, ils nous obligent à aller les porter,
ils nous augmentent les garderies, tu sais, ça nous... moi, ça me coûte plus
que le double d'envoyer mes enfants, puis là ils veulent, tu sais... puis ils
m'obligent à aller le porter. Ça fait que tu ne peux pas, dans la vie, avoir le
beurre puis l'argent du beurre, là, ça ne se fait tout simplement pas, là.
Mme Dufresne (Julie) : Puis,
si vous me permettez, madame, je comprends, en plus, dans votre cas, qu'il y a
une situation assez exceptionnelle. Est-ce que vous avez fait part de cette
exception-là, peut-être? Avez-vous demandé une exception...
Mme Paré (Josée) : Bien, en
fait, ce qu'on m'a répondu, en fait, c'est comment hiérarchiser les demandes
des parents. Nous, en tant que direction de CPE, comment on peut faire pour
dire : Ah oui! Toi, ton enfant, c'est très important, alors on va accepter
qu'il s'absente, mais cet autre enfant là, non. Alors, eux autres, ils n'ont
pas envie de juger de quel parent aurait le droit de s'absenter ou non. Alors,
si la mesure est dépassée, la mesure est dépassée parce qu'au gouvernement, ils
n'ont pas ouvert la porte à ça. Ils n'ont pas dit : Si, dans votre CPE, il
y a des enfants avec un billet médical, ils ne compteront pas pour la coupure
de subvention. C'est une mesure générale pour tout le monde, et il n'y a pas de
porte ouverte à aucune exception de la part du gouvernement, alors le CPE ne
peut pas la traduire pour les parents.
Mme Dufresne (Julie) : Je
vais m'adresser au politicien maintenant, un petit instant, si vous permettez. Alors,
est-ce que... qu'est-ce que vous voulez, au fait, qu'ils mettent fin à cette
politique-là ou qu'ils l'appliquent avec un petit peu plus de flexibilité?
M. Pagé
: Bien, ce
qu'il faut comprendre, là, c'est que, pour peut-être 1 %, 2 % des
parents qui, dans certains cas, pourraient abuser, le gouvernement met une
mesure mur à mur pour le 98 %, 99 % des parents qui font les choses
très correctement. Alors, ce que l'on dit : Ça prend une mesure qui va
être adaptée à la réalité d'aujourd'hui, au travail atypique, aux parents qui
ont un enfant qui peut être handicapé, alors... Mais on voit encore qu'on est
encore dans cette logique comptable, là, où on dit : Il y a peut-être un
ou deux cas par garderie où il y a un problème, bien là on a une politique mur
à mur qui ne tient pas compte de la réalité d'aujourd'hui. Alors, ce qu'on dit :
Revoyons la mesure, laissons un peu de flexibilité aussi aux conseils
d'administration, faisons les choses plus correctement.
Alors, aujourd'hui, on trouve ça assez
aberrant que l'on menace... parce que c'est vraiment une menace envers les CPE,
parce que, sinon, les CPE, là, les parents qui sont au conseil
d'administration, les directions générales comprennent bien ces réalités-là,
mais pourquoi qu'ils sont obligés d'appliquer ces nouvelles directives? Parce
que, s'ils n'appliquent pas ces nouvelles directives, ils ont une menace
d'être... de perdre jusqu'à 30 000 $ je pense, hein, jusqu'à
30 000 $ pour un enfant. Alors, c'est tout à fait inacceptable.
Mme Dufresne (Julie) : Donc,
on met fin à cette politique-là ou on applique plus de flexibilité?
M. Pagé
: On applique
plus de flexibilité parce que, s'il y a des cas où il y a de l'abus, je pense
qu'il faut les regarder, mais, carrément, aujourd'hui, on n'a pas du tout été
flexibles, on n'est que dans une logique comptable.
Je vous remercie. Merci beaucoup à tous et
à toutes. Bonne fin de journée.
(Fin à 10 h 54)