(Onze heures dix-huit minutes)
Mme
Ouellet
:
Donc, bonjour. Je viens vous rencontrer suite aux deux motions qui ont été
refusées par le Parti libéral pour permettre à la Commission de
l'administration publique de continuer son rapport, son travail et de finir les
témoignages de Mme Trudel et de Mme Boily, de pouvoir entendre également
Mme Noël, Mme Cantin et M. Massé.
La Commission de l'administration publique
nous a fait connaître beaucoup plus ce qui est en train de se passer au
ministère des Transports que ce qu'on a pu apprendre par bien d'autres moyens.
Donc, ça a été un moyen extrêmement efficace. Et, oui, il y a des enquêtes
criminelles. L'UPAC est en train de faire ses enquêtes criminelles, mais il n'y
a pas juste des problèmes d'enquêtes criminelles du côté du MTQ, il y a
clairement des problèmes administratifs, et ça, c'est le mandat de la
Commission des transports du Québec.
Et ce qu'on a appris, à la Commission des
transports du Québec, hier, c'est que Mme Savoie nous a menti trois fois :
nous a menti sur les rapports falsifiés; nous a menti sur le fractionnement de
contrats, elle nous avait qu'elle n'avait pas connaissance du fractionnement de
contrats, alors que Mme Boily est venue nous confirmer sous serment, et je le
dis, sous serment, qu'elle avait déposé des rapports de fractionnement de
contrats; et elle nous a menti sur l'intimidation. Mme Boily nous a confirmé,
encore, je vous le dis, sous serment, qu'elle a informé Mme Savoie
d'intimidation dans quatre directions régionales. Et nous avons reçu, nous, les
parlementaires, un rapport qui disait qu'il n'y avait pas de problème
d'intimidation. Et ça, c'est aussi M. Caron qui nous a confirmé cette
affirmation-là.
Et ce qu'on a appris de Mme Trudel, c'est
qu'il y avait une minorité, donc, qui avait beaucoup trop de pouvoirs au MTQ.
Donc, ce qu'on comprend, c'est qu'il y a une clique à la haute direction du MTQ
qui est en train de pourrir l'ensemble du climat du MTQ. Et ça, là, il faut
absolument pouvoir continuer à entendre les témoignages pour être capables de
faire la lumière sur l'ensemble de ce dossier-là. Et, très clairement, on le
voit là, le Parti libéral veut mettre la couverte par-dessus l'histoire, ils
veulent cacher cette histoire-là, et tout se relie au bureau du premier ministre,
parce que toute cette histoire-là a commencé avec le retrait de M. Poéti au
Conseil des ministres. Pourquoi le premier ministre lui a-t-il retiré sa
confiance? Et là on voit qu'il a plutôt donné sa confiance en Mme Savoie, Mme
Savoie qui ment aux parlementaires, Mme Savoie qui, après avoir menti, n'a
subi aucune conséquence, a une promotion au Conseil exécutif. C'est incroyable,
quand même, là, comme signal de M. Couillard, qui a défendu bec et ongles Mme
Savoie aujourd'hui, c'est incroyable comme message à l'ensemble de la
population.
Et moi, je crois qu'il y a des gestes qui
doivent être posés. Et Mme Savoie, de qui elle prenait ses ordres? De M.
Iglesias? Est-ce que c'est de M. Iglesias qu'elle prenait ses ordres? Et
M. Iglesias, est-ce que c'est attaché avec le premier ministre? C'est
extrêmement, extrêmement troublant et grave ce qui se passe.
M. White (Patrick) : Le Parlement
devrait siéger la semaine prochaine, selon vous?
Mme Ouellet : Le Parlement
devrait siéger la semaine prochaine. Nous devons pouvoir... C'est très grave,
on parle de milliards de dollars de contrats. Après la commission Charbonneau, avec
la corruption, la collusion, on ne peut pas laisser dormir ce dossier-là
pendant tout l'été.
M. White (Patrick) : Et les
gestes concrets, ce serait quoi dans les prochaines heures, les prochains
jours?
Mme Ouellet : Je pense que le
premier geste, là, c'est de congédier Mme Savoie. Je pense que le deuxième
geste, très clairement, je pense que M. Daoust a démontré qu'il n'avait
pas la capacité de répondre à ce genre de problème là, est indifférent par
rapport à ce qu'il se fait, ne cherche même pas la vérité, il est clairement du
côté des sous-ministres et des chefs de cabinet. Il doit y avoir une volonté de
faire le ménage au MTQ. Et, comme je vous dis, c'est une petite clique.
M. Caron (Régys) :
Mme Ouellet, puisque vous demandez une prolongation des travaux, le premier
ministre a évoqué qu'il n'y avait pas d'accusations, que Mme Savoie était
présumée innocente. Est-ce qu'il ne serait pas opportun de la reconvoquer, si
les travaux se poursuivent, pour la réentendre et la confronter avec ses
déclarations du 18 mai, avec ce qui a été entendu hier?
Mme Ouellet : Bien, tout à
fait. Mais ce qu'on a entendu hier, c'était sous serment, là. On s'entend, là,
c'était sous serment. Et on a entendu pas juste une accusation, là, plusieurs
accusations, deux rapports faux. En plus, la note ministérielle qui nous a été
déposée, qui est censée faire la conciliation entre les deux faux rapports,
était elle aussi un faux. Donc, là, écoutez, là, ça s'additionne, là, et plus
on creuse, là, je peux vous dire que plus ce n'est pas beau.
M. Caron (Régys) : Quelles
sont les autres personnes qui devraient être entendues?
Une voix
: ...
Mme Ouellet : Pardon.
M. Caron (Régys) : Quelles
sont les autres personnes qui devraient être entendues outre Mme Trudel,
Mme Boily?
Mme Ouellet : Bien là, ce
qu'on a demandé hier lors de la CAP et qui a été refusé par les libéraux, c'est
Mme Noël, Mme Noël qui est directrice des enquêtes du côté du MTQ et
qui a dit à Mme Boily de ne pas faire trop de demandes d'enquêtes. Assez
spécial, hein, la directrice des enquêtes qui passe le message : Non, non,
ne demande pas trop d'enquêtes, et qui met de la pression pour que les
documents ne soient pas transmis à l'UPAC, à la commission Charbonneau. C'est
très grave, là. Ensuite, il y a Mme Cantin, et on a demandé M. Massé,
mais on a entendu d'autres noms. Là, il y a Mme Drainville également qui a
été mentionnée dans les témoignages d'hier. Et je pense que vous avez raison, je
pense qu'il serait intéressant de réentendre Mme Savoie. J'aimerais savoir
de qui elle prenait ses ordres parce que très clairement ce n'était pas du ministre.
Ça, c'était clair, je pense qu'elle l'a très bien démontré en commission
parlementaire. Et donc de qui elle prenait ses ordres? Est-ce que c'est de
M. Iglesias?
M. Bellerose (Patrick) :
Est-ce que M. Philippe Couillard doit envoyer un message aux membres libéraux
sur la CAP pour poursuivre les travaux?
Mme Ouellet : Oui,
M. Couillard devrait envoyer un message très clair.
M. Bellerose (Patrick) :
Est-ce que vous pensez qu'on tente de faire dévier le débat en parlant plutôt
de culture du secret au MTQ que des raisons politiques qui peuvent être...
Mme Ouellet : Vous avez tout
à fait raison, surtout quand j'entends M. Couillard qui dit : C'est une
culture qui est là depuis 20 ans. Il essaie de mystifier la population. Ce
n'est pas ce que nous avons entendu hier en commission parlementaire. Mme
Trudel, elle dit : Je me sens bien seule depuis 2011. Et je lui ai
clairement posé la question : Est-ce que c'est lié à l'arrivée de Mme
Savoie comme sous-ministre, et elle a répondu oui, et donc... Mme Boily. Et
donc, cette problématique-là est en place depuis l'arrivée de Mme Savoie,
nommée par le Parti libéral à l'époque et protégée par le Parti libéral
d'aujourd'hui, le même Parti libéral. Jean Charest, Philippe Couillard, du
pareil au même.
M. Caron (Régys) : Mais là
Mme Savoie est partie du ministère. Est-ce que ça peut annoncer un changement
opportun au ministère ou si...
Mme Ouellet : Ce n'est
clairement pas suffisant parce que c'est la pointe de l'iceberg, et c'est une
minorité, mais il y a une clique qui est là, et donc s'il n'y a pas quelqu'un
qui arrive en place avec une volonté de faire les changements nécessaires et de
donner de l'oxygène, et d'enlever l'intimidation et de donner le signal aux
gens, aux employés, aux fonctionnaires qu'ils peuvent faire leur travail en
toute paix, en toute quiétude, ça ne changera pas.
Et là, vous savez, Mme Savoie, là, elle a
été nommée au Conseil exécutif, mais dans... on appelle ça les emplois
supérieurs. Les emplois supérieurs, là, c'est pour pouvoir nommer les gens qui
font des promotions. Elle a le poste parfait pour continuer son intimidation du
côté des hauts gestionnaires de l'État. C'est assez fou, là, c'est assez fou,
ce qui est en train de se passer.
M. White (Patrick) : Pour
vous, c'est du jamais-vu?
Mme Ouellet : Moi, je n'ai
jamais vu ça. J'ai même demandé à François Gendron, parce que ça fait comme
juste six ans quand même que je suis là, je me suis référée à quelqu'un qui est
là depuis plus longtemps, il dit : Je n'ai jamais vu ça, je n'ai jamais vu
ça.
M. Caron (Régys) : Merci.
M. Dutrisac (Robert) : Là,
c'est ça, la CAP, les membres libéraux ont refusé d'entendre les gens que vous
aviez cités. Est-ce que c'est parce qu'on est en fin de session et qu'on n'a
pas le temps de le faire ou... Est-ce que c'est quelque chose qui est remis à
plus tard...
Mme Ouellet : Non. On
comprend que c'est la fin de session, mais le dossier aurait pu rester ouvert
et on peut quand même siéger en dehors de la période de session parlementaire.
Et non, ce qu'ils ont voulu, c'est vraiment fermer le dossier et ils sont arrivés
avec une résolution très ferme que le rapport doit être déposé pour vendredi.
Puis même, des délais aussi serrés pour déposer des rapports, moi, je n'ai
jamais vu ça, deux jours comme ça, là. Donc, il y a une volonté ferme
d'étouffer l'histoire. Merci.
(Fin à 11 h 27)