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Point de presse de Mme Diane Lamarre, porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé et d’accessibilité aux soins

Version finale

Le mercredi 19 octobre 2016, 9 h 34

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures trente-cinq minutes)

Mme Lamarre : Alors, bonjour. Ce matin, je vais déposer une pétition pour la région de l'Abitibi-Témiscamingue, plus spécifiquement dans la région de La Sarre, où il y a huit lits qui sont réservés en santé mentale et qu'on veut déplacer. On veut amener ces lits-là dans d'autres territoires alors qu'au niveau de la santé mentale il y a des besoins urgents et que la proximité des soins est essentielle. Alors, je suis accompagnée de Mme Nancy Moore, vice-présidente infirmière de la FIQ, qui a contribué à l'initiation de cette pétition, et Mme Régine Laurent, bien sûr, que vous connaissez, qui est la présidente de la FIQ. Pourquoi? Parce que cette pétition, elle a été signée par 641 personnes plus 9 000 personnes qui l'ont signée manuellement. 641 personnes électroniques, 9 000 personnes, c'est la moitié de la population de La Sarre qui a signé. Alors, ça montre l'importance que ces lits ont au niveau du suivi de l'accompagnement des gens.

Donc, dans ces problèmes de santé mentale, on a des situations d'urgence qui sont hospitalisées qui bénéficient de ces lits, mais on a aussi des gens qui ont besoin d'un accompagnement un peu plus long, d'un suivi plus long. Et on se rend compte que, si on veut que ces personnes qui ont des problèmes de santé mentale aigus ou chroniques aient un lien encore avec leurs proches aidants, avec des gens qui sont significatifs pour eux, il faut que ces lits-là restent proches des gens. Et donc, de les déplacer à 100, 150, 200 kilomètres de l'endroit où les gens habitent, eh bien, ce que ça amène, c'est que c'est une situation où ces gens-là vont être laissés à eux-mêmes, on favorise de l'itinérance, on le sait, on perd la trace de ces gens-là. Ce sont des gens qui ont souvent droit à un congé les fins de semaine. Alors, ces congés de fin de semaine vont faire qu'on peut facilement perdre contact avec ces gens-là. Alors, ce sont des gens qui ont des besoins, des besoins immenses.

Les problèmes de santé mentale, le ministre n'a pas l'air à saisir la gravité de ces situations-là. Ce sont des situations graves et des situations urgentes, il y a des urgences. Il y a des urgences que je considère aussi urgentes qu'une hémorragie en santé mentale. Quand on a un patient qui souffre de schizophrénie et qui est décompensé, c'est une urgence pour sa sécurité à lui et pour la sécurité des gens qui l'entourent. Et ça, c'est complètement nié actuellement dans le système de santé.

Alors, vraiment, on ne comprend pas que le ministre fasse ce genre de recommandation là et on s'étonne de voir comment les relations sont difficiles, comment c'est difficile d'en parler, comment c'est difficile de chercher des solutions ensemble.

Alors, je vais laisser la parole à Mme Nancy Moore, qui va pouvoir un peu témoigner du travail des infirmières à l'hôpital et de la pertinence de ces huit lits pour les gens de l'Abitibi-Témiscamingue et tout particulièrement pour les gens de la région de La Sarre.

Mme Moore (Nancy) : Ça fait que bonjour. Ça fait que, dans le fond, ce qu'on peut en conclure, c'est que la réforme Barrette, c'est vraiment une catastrophe pour la région comme l'Abitibi-Témiscamingue. Les fusions d'établissements, ça éloigne les services à la population. Il faut constater aussi qu'avec 9 000 signatures les gens se sentent concernés puis ils veulent être entendus aussi pour les transformations, bien sûr, du réseau. On demande aussi au ministre de mettre en place des mécanismes de consultation tels que les forums de population prévus par la loi n° 10. Il faut absolument que le ministre vienne entendre la population de notre petit coin de pays. Merci. Je passe la parole à Mme Laurent.

Mme Laurent (Régine) : Bonjour. Je veux juste ajouter ma voix à celles de Mme Lamarre et Mme Moore. Malheureusement, ce qui se passe en Abitibi, c'est une illustration de plus de l'improvisation dans le réseau de la santé. Mais je veux aussi insister sur l'impossibilité d'avoir de l'information, et ça se passe aussi en Abitibi. On est obligés de faire des demandes d'accès à l'information. On attend à la dernière minute et après ça on ajoute des délais pour nous dire, finalement, qu'on ne nous donnera pas l'information. Il devait y avoir, en Abitibi, un forum où on écoute les citoyens, une consultation. Ça a été mis de côté. Et, nous, comme organisation syndicale de professionnels en soins, on va la tenir, cette consultation-là parce que, pour nous, c'est une question de respect que d'entendre les citoyens qui, eux, veulent nous parler et les groupes communautaires aussi.

Ça fait, pour moi, partie de l'ensemble de l'oeuvre parce qu'à travers la province aujourd'hui on vous parle de santé mentale, on vous parlait il n'y a pas si longtemps des problèmes en CHSLD où des patients ne sont pas assez nourris et on n'a pas le temps de les nourrir. On vous parle aussi de personnel, de coupures de personnel, ce qui fait que, les patients, on les change une seule fois dans la nuit.

Donc, tout ça, je me dis que le ministre va devoir entendre. Parce que rappelons-nous qu'il y a eu le rapport de la Protectrice du citoyen il n'y a pas si longtemps. Et je ne sais plus qui va finir par faire comprendre au ministre de la Santé et au gouvernement Couillard dans son ensemble que, quand on parle de patients, ce sont les plus vulnérables de la société et que nous avons une obligation de nous occuper de toutes ces personnes-là. Merci.

M. Caron (Régys) : Le ministre de la Santé revient de Toronto. Il vient de parler aux journalistes, accusant le gouvernement fédéral de vouloir faire des gains politiques en n'augmentant pas les transferts en santé, particulièrement en santé mentale. Est-ce que vous lui donnez raison? Là, l'argent est attendu d'Ottawa et l'argent ne vient pas.

Mme Lamarre : Bien, je pense qu'il y a deux dimensions dans ça. On sait qu'il y a eu 4 milliards de dollars qui ont été donnés par le fédéral, et les ententes négociées par les médecins ont fait que ce sont les médecins qui ont touché 3,7 milliards de dollars. Alors, ça, c'est pour le passé.

Pour le futur, on est tout à fait d'accord pour dire que le fédéral n'a pas à s'ingérer dans la façon dont le Québec gère, administre et répartit ses enveloppes au niveau de la santé. Les besoins sont particuliers et on doit être capables de les gérer nous-mêmes.

Donc, la démarche du ministre Barrette, on ne s'y oppose pas du tout, même qu'on trouve que, par rapport au reste du gouvernement, c'est peut-être celui qui a défendu le plus, là, le Québec jusqu'à maintenant dans cette autonomie qu'on doit avoir par rapport à la gestion des sommes qui nous reviennent.

M. Caron (Régys) : Donc, M. Barrette a raison, là, de réclamer à Ottawa l'argent dû au Québec, c'est ça que vous dites?

Mme Lamarre : Oui, il doit continuer à le faire, et on espère qu'il va avoir des résultats, mais, oui, c'est certain que c'est de l'argent qu'on a, quelque part, prêté au fédéral par nos taxes et nos impôts, et là, maintenant, avant de nous le remettre, ils mettent des conditions. Alors, on dit : Attention! Nous, on vous a fait confiance, mais on n'aurait peut-être pas dû. Mais, en tout cas, là, pour l'instant, ce qu'on constate, c'est qu'il n'y a pas beaucoup de gens du côté du gouvernement qui sont capables de faire respecter le Québec dans ses prérogatives, et c'est sûr que la santé, c'est un champ de compétence québécois.

M. Caron (Régys) : Mais ce que vous nous exposez ce matin, est-ce que ce n'est pas la faute du fédéral, finalement? La suppression, en Abitibi, est-ce que ce n'est pas...

Mme Lamarre : Non, non, ça, c'est avant les transferts, là. Les diminutions de transferts vont se faire en 2017, là. Alors là, ça, c'est facile de basculer puis de tout de suite imputer tout ce qu'on va lui reprocher. Ça, là, c'est sa responsabilité à lui, ce n'est que lui et lui qui en est responsable. Il avait tous les budgets depuis des années pour bien gérer ça, alors qu'il n'essaie pas de transférer ça sur le dos du fédéral. C'est son imputabilité, ce sont ses projets de loi n° 10 et n° 20 dont il parle abondamment à tous les jours. Bien là, les voilà, les conséquences de ces projets de loi n° 10 et n° 20. Alors, qu'il les assume et qu'il comprenne qu'il y a des gens excessivement vulnérables et que ce sont ces gens-là qui sont les plus touchés.

Et, je vous dirais, j'ai un message pour la population : Soyez vigilants parce que les gens qui sont les plus attaqués par la réforme sont des gens qui ne peuvent pas descendre dans les rues pour faire des manifestations. Ce ne sont pas les gens avec des problèmes de santé mentale, ce ne sont pas les enfants qui ont un problème de trouble de déficit de l'attention ou d'autisme qui vont faire en sorte qu'on va pouvoir travailler là-dessus, ce ne sont pas les gens des CHSLD qui vont faire ces manifestations-là. Alors, quand on a des regroupements, des organisations de personnes qui sont proches des gens... Et moi, je veux saluer le travail des infirmières. Ça prend du courage à Mme Moore aujourd'hui pour être ici, pour témoigner de ce qu'elle vit et pour témoigner pour les patients qu'elle voit à l'année longue, qui sont dans ces huit unités de suivi en santé mentale.

Alors, je pense que, quand les gens osent, dans un contexte où, on le sait, là, on se le fait dire, il y a beaucoup, beaucoup de demandes de silence dans notre système, la loi du silence, là, ne parlez pas... La loyauté à l'établissement vous empêche de parler de ce que vous voyez et de préjudices aux patients. Ça, je n'ai jamais vu ça, moi. Je vais vous dire, là, en 25 ans, comme professionnelle de la santé, je n'ai jamais vu ça, comme culture, dans le milieu de la santé du Québec. Et là c'est présent, ça nous est rapporté à toutes les semaines, les gens descendent dans nos bureaux de circonscription. Alors, moi, je me demande comment les députés libéraux font pour se fermer les yeux, les oreilles et la bouche par rapport à ces représentations que les citoyens nous font au quotidien. Et je pense que c'est certain que ce qui est reproché aujourd'hui, ça découle directement de l'improvisation, de la précipitation et d'un manque d'écoute, de proximité du ministre par rapport aux besoins des gens du terrain, des régions, mais aussi d'un peu partout où on veut des services de proximité. C'est efficace, c'est performant, mais c'est aussi plus économique, et il y a des mauvais calculs qui sont faits. Alors, écoutez, on a même dit, là, par rapport aux déplacements des gens sur une distance de 150 kilomètres — parce qu'on pourrait déplacer ces unités de soins en santé mentale à une centaine, 150 kilomètres de La Sarre, de l'endroit où ils sont : On paiera des taxis aux proches aidants qui voudront aller rendre visite à leurs proches. Écoutez, on n'est pas à Montréal, là, on est dans une région où les distances sont énormes.

Alors, il y a un manque de corrélation, de compréhension, de sensibilité pour des choses. Là, on ne parle plus de budget, rendu là, on n'a plus des économies, on a huit lits. De toute façon, il va toujours falloir en garder quatre ou cinq d'ouverts pour les urgences de l'hôpital. Alors, s'il vous plaît, essayons de garder ces services de proximité dont la pertinence est traduite par la réaction à la pétition, qui a été signée de façon massive.

Mme Crête (Mylène) : Si le gouvernement acceptait qu'une partie du financement soit attachée à des investissements en santé mentale, là, comme le préconisait la ministre Philpott, ça réglerait quand même cette situation-là que vous nous présentez ce matin, non?

Mme Lamarre : Non, le ministre a déjà annoncé 70 millions en santé mentale. Il a annoncé 70 millions, mais il a dit qu'il en donnerait juste en 2018. Alors, ça, c'est son choix, puis c'est lui qui gère son budget, c'est lui qui gère comment il travaille avec ça. Alors, il a fait des choix où il a donné presque tous les montants qu'il avait aux salaires, à la rémunération des médecins, et le retour n'est pas nécessairement là dans l'accessibilité aux services. Mais en plus il aurait pu répartir ça différemment et prioriser certains secteurs. La santé mentale, je pense que ça fait consensus au Québec. Il n'y a pas une semaine où il n'y a pas, dans l'actualité, des catastrophes, des drames qui surgissent à la suite de patients en santé mentale qui ont été laissés à eux-mêmes, qui n'ont pas été accompagnés, qui n'ont pas été pris en charge. Alors, ça, ça traduit vraiment une volonté. Quand je regarde le rapport du Commissaire à la santé et au bien-être, son dernier, son ultime rapport, il l'a dit que, pour la population, c'est une valeur pour les Québécois d'avoir cette accessibilité universelle et la proximité des soins.

M. Caron (Régys) : Mme Lamarre, on vient de nous remettre le communiqué, là, émis le 5 octobre par le Centre intégré de santé et de services sociaux de l'Abitibi-Témiscamingue. Dans ce communiqué, on dit : «...nous sommes en mesure d'annoncer le maintien de l'unité d'hospitalisation en santé mentale de l'hôpital de La Sarre.» Alors, comment faire le lien entre ça et le déménagement des huit lits dont vous faites mention ce matin?

Mme Laurent (Régine) : Si je peux me permettre, un des problèmes qu'on a avec cet établissement-là, comme dans d'autres d'ailleurs, c'est qu'on dit une chose et son contraire. On dit aujourd'hui : Non, finalement, on ne fermera pas pas, mais on va réévaluer. On va souffrir, mais on ne pourra pas rester le statu quo. On ne fermera pas, mais ça ne sera pas le statu quo. Les messages ne sont, un, jamais clairs; deux, ils n'ont aucun problème à se contredire d'une journée à l'autre. Et ça a été fait, effectivement, la journée que nous avons annoncé qu'on allait tenir la manifestation, qu'on était regroupés avec les groupes communautaires et l'ensemble de la population. Pour moi, c'était carrément une façon de démobiliser la population parce qu'ils ont vu, comme partout, que les gens signaient beaucoup la pétition. C'est une façon de démobiliser, à mon humble avis.

M. Caron (Régys) : Mais quand a-t-on annoncé le déplacement de ces huit lits? Est-ce que c'est après le 5 octobre ou avant?

Mme Laurent (Régine) : Non, c'était avant.

M. Caron (Régys) : C'était avant?

Mme Laurent (Régine) : C'était avant.

M. Caron (Régys) : Bon, et là on annonce le maintien de l'unité de santé mentale, mais on déplace huit lits quand même, c'est ça?

Mme Laurent (Régine) : Jusqu'à maintenant... Voyez-vous le problème? Quand ils ont vu qu'il y avait une mobilisation citoyenne, ils ont dit : Bien, finalement, on réfléchit, on ne va peut-être pas les déplacer, mais en même temps on va devoir souffrir parce que le statu quo ne pourra pas être ça. Alors, qu'est-ce qu'il faut comprendre? Si ce n'est pas le statu quo, donc il va y avoir un déplacement, il va y avoir des fermetures. Après ça, ils nous ont lancé des chiffres : Bien, peut-être que ça va être quatre lits qu'on va garder puis les quatre autres, bien, ils vont servir à d'autres choses. Peut-être qu'on va mélanger la clientèle, c'est-à-dire qu'il y a quatre lits en santé mentale qui vont demeurer et on va prendre des patients qui étaient ailleurs en psychogériatrie et on va les amener là et mélanger une clientèle. Nous, on a dit que c'est assez explosif de mélanger cette clientèle-là.

Alors, ce n'est pas évident. Et le lieu où on aurait pu, et nos représentantes et celles qui y travaillent auraient pu effectivement poser un certain nombre de questions, faire valoir les droits des patients ou les lacunes qu'il pouvait y avoir, bien, maintenant, c'est fermé. Il n'y en a pas, de forum. Il n'y a pas de lieu pour nous écouter et pour qu'on soit capables de questionner. C'est quoi, la démarche suivante pour être sûrs, puis permettez-moi l'expression, qu'on n'échappera pas aucun patient, là? On ne le sait pas.

M. Caron (Régys) : Mais il y en a combien, de lits à l'unité de santé mentale?

Mme Laurent (Régine) : Il y en a huit.

M. Caron (Régys) : Il y en a huit?

Mme Laurent (Régine) : Oui.

M. Caron (Régys) : Et là on vous a dit qu'on allait les déplacer, puis là on dit ici qu'on maintient l'unité. Alors, c'est une chose et son contraire, là.

Mme Laurent (Régine) : Voilà.

M. Caron (Régys) : Mais là qui doit-on croire là-dedans, Mme Laurent, Mme Lamarre?

Mme Laurent (Régine) : Ah, moi, je souhaiterais que vous alliez demander au P.D.G. de l'Abitibi, finalement, qu'est-ce qui va arriver et qu'il vous le mette par écrit. Parce que nous, on demande des choses par écrit, on n'est pas capables de les avoir. Moi, je l'ai entendu, et il a bien dit : On va souffrir. J'ai trouvé ça terrible. Il a dit : On va devoir souffrir parce que le statu quo n'est pas acceptable. Alors, moi, je dis…

M. Caron (Régys) : On a donné quelle date pour le déplacement des lits, Mme Moore? C'est effectif quand?

Mme Moore (Nancy) : C'était sensé d'être effectif en octobre.

M. Caron (Régys) : On est encore en octobre.

Mme Moore (Nancy) : Oui, mais c'est ça, en octobre, mais là, vu qu'ils ont annoncé que ça allait justement rester ouvert vu qu'on avait préparé une mobilisation, là on est encore dans le néant, là.

M. Caron (Régys) : Donc, ça serait une réaction à votre pétition, ça, ce communiqué-là?

Mme Moore (Nancy) : Oui, oui.

M. Caron (Régys) : Ah! bien, c'est une bonne nouvelle pour vous.

Mme Moore (Nancy) : Bien oui. On aime ça.

Mme Lamarre : Je voudrais juste profiter de l'occasion pour vous dire que, depuis 2014, on a déposé 33 pétitions à la Commission santé et services sociaux, aucune d'entre elles n'a été retenue. Alors, le modèle des pétitions, le gouvernement, actuellement, s'en sert comme d'un instrument qui permet en fait de donner parole aux gens, mais aucune, aucune des 33 pétitions, que ce soit celle sur le Commissaire à la santé, sur le rapport du Protecteur du citoyen, sur les frais accessoires, que j'ai déposées avec des dizaines de milliers de personnes, aucune de ces pétitions n'a été retenue pour étude ou pour aller plus loin par la Commission santé et services sociaux.

Cette commission, elle est constituée toujours majoritairement de cinq députés libéraux, qui, systématiquement, ont dit non à chacune des 33 pétitions que le peuple, que la population a signées sur tous les sujets qui concernaient les enjeux de la santé. Alors, c'est pour ça que déposer une pétition, c'est un geste fort. Pour moi, si j'étais au gouvernement, je l'entendrais comme un cri, comme une alerte, comme une vigilance, comme un besoin d'être entendu, mais le gouvernement actuel semble capable de complètement mettre de côté ces signaux que la population lui envoie qu'elle est en désaccord avec certaines de ses approches, avec certaines de ses improvisations. Et on le voit, là, il y a de l'improvisation. Même le P.D.G. du CISSS n'est pas capable d'avoir un scénario fini. Tout ce qu'on lui a dit, c'est : Tu sors les huit lits, tu débarrasses, tu fermes ça. Écoutez, c'est incroyable, là.

M. Caron (Régys) : On les enverrait où, ces lits-là?

Mme Lamarre : Alors, on pourrait les envoyer à Amos, semble-t-il, imaginez. Là, après ça, l'autre solution, c'est on va mélanger la psychogériatrie, des patients qui ont une maladie d'Alzheimer, qui peuvent faire de l'errance nocturne avec quatre patients qui sont en situation de première ligne, ça veut dire des patients schizophrènes qui sont décompensés. C'est ça, la solution? Alors, on ne peut pas accepter ça. C'est une improvisation, une accumulation d'improvisations partout, et il faut des gens qui sont courageux pour se lever, encore une fois, puis parler au nom des patients puis des besoins d'un territoire, d'une région, d'une population. Alors, moi, je félicite les gens qui ont eu le courage de venir ce matin.

M. Caron (Régys) : Quelle valeur accordez-vous à ça?

Mme Laurent (Régine) : Moi, je peux répondre parce que je ne peux pas subir de contrecoups comme les gens qui y travaillent. C'est une manoeuvre pour essayer de diminuer la mobilisation citoyenne. Pour moi, c'est clair. Pour moi, c'est aussi une démonstration de plus qu'on n'est pas capables d'avoir la vérité. Qu'est-ce qui va arriver? Quel est le plan réel? Maintenant, on parle de santé mentale, mais, de façon générale, c'est quoi, le plan? Pourquoi est-ce que maintenant on refuse ce forum pour entendre les citoyens, pour entendre les professionnels en soins? C'est non.

Nous comme organisation syndicale de professionnels en soins, on va tenir ce forum-là au mois de novembre pour écouter la population. Cette omerta qu'il y a dans le réseau de santé, bien, il l'a aussi en Abitibi. Moi, ça m'horripile. Pourquoi est-ce qu'on fait des demandes d'accès à l'information, on demande de l'information, on demande des chiffres, on demande des plans et on nous dit : Non, on ne vous les donnera pas? Pourtant, ce sont les taxes et les impôts de l'ensemble du Québec qui financent, y compris dans l'Abitibi. J'ai le droit de savoir qu'est-ce qui va arriver à mes patients, comment l'argent va être dépensé. On me nie ce droit-là, qui est le minimum, d'avoir de l'information.

M. Caron (Régys) : Alors, vous ne croyez pas à ça.

Mme Laurent (Régine) : Ah! absolument pas. Absolument pas. C'est une manoeuvre, on l'a vu, c'est gros, là.

M. Caron (Régys) : C'est une tromperie?

Mme Laurent (Régine) : C'est gros, vraiment.

Mme Fletcher (Raquel) : Mme Laurent, est-ce que vous parlez anglais?

Mme Laurent (Régine) : Pas assez. Je vous fais grâce de m'entendre en anglais.

Mme Fletcher (Raquel) : O.K. Bien, j'ai une autre question, mais je vais la poser en français. Puis ce matin l'association des psychologues du Canada ont dit qu'il y a une grave crise en santé mentale au Canada. Et ça, c'est un enjeu que les ministres de santé ont discuté à Toronto cette semaine. C'est quoi, le problème en général au Québec? Et est-ce qu'il y a quelque chose que le Québec doit négocier avec le gouvernement fédéral pas juste pour cette région, mais pour la province?

Mme Laurent (Régine) : Pour la santé mentale, il faut revenir un peu en arrière. Il n'y a pas eu d'investissements vraiment, réellement en santé mentale depuis des années. Souvenons-nous qu'on a eu une première désinstitutionnalisation, une deuxième, une troisième au fil des années. Et tout le monde est d'accord, effectivement, que, plus les patients sont dans la communauté, mieux ils se portent. Sauf que l'argent pour les prendre en charge dans la communauté n'a pas suivi, en tout cas pas à la hauteur que ça devrait, ce qui fait que, regardez, en même temps la courbe d'itinérance n'a fait qu'augmenter durant ces années-là plus on nous parlait de désinstitutionnalisation.

Donc, c'est clair qu'en santé mentale c'est du moyen et du long terme en termes de suivi. Si vous avez un bras cassé, je vous mets un plâtre, dans quelques semaines le problème est réglé. Ce n'est pas ça en santé mentale. Ce sont des années de suivi pour s'assurer que la personne va demeurer stable. Ce n'est pas parce qu'il est stable pendant six mois, huit mois que la personne ne va pas soudainement arrêter de prendre ses médicaments et décompenser. Donc, l'investissement en santé mentale, ce n'est pas quelque chose de spontané, il faut vraiment y aller sur du long terme.

Il y a des groupes communautaires qui ont essayé et qui ont développé une expertise en santé mentale, qui ont essayé de prendre la relève, mais c'est insuffisant, un, en termes de financement pour eux, donc ils n'ont pas assez de monde pour être capables de prendre en charge dans leurs communautés. Il y a eu des expériences où on a fait, par exemple, des appartements supervisés, des choses comme ça, mais en même temps ça prend du monde. On ne peut pas le dire appartement supervisé, mais il est supervisé de 8 à 4. De 4 heures à minuit, la nuit, il se passe quoi? Ça prend des gens pour être là, pour les accompagner. Quand ils se mettent à angoisser à 11 heures le soir, ça prend un intervenant sur place pour empêcher qu'ils se mettent à tout casser, parce que, quand on intervient rapidement en santé mentale, quand on intervient et qu'on est capables, avec les mêmes personnes, d'établir un dialogue et une relation de confiance, qui est majeure en santé mentale, on est capables de faire des grandes choses. Et on l'a déjà fait dans le passé au Québec, on a cette expertise-là au Québec. Donc, pour ça, pour vous dire que oui, on a besoin d'un investissement en santé mentale qui est important, mais c'est parce qu'on ne l'a pas fait durant les dernières années qu'on est rendus là aussi, là.

Mme Fletcher (Raquel) : Comment qualifier la gravité de la situation, d'après vous?

Mme Laurent (Régine) : Bien, moi, quand il s'agit toujours des gens les plus vulnérables, comme disait Mme Lamarre, ces gens-là, ce n'est pas eux autres qui vont être sur le trottoir, être capables de manifester, ils ont déjà assez de problèmes avec eux-mêmes, donc, je pense qu'il y a une obligation pour le ministre et le gouvernement de prendre soin aussi de ces gens-là, qui sont parmi les plus vulnérables. C'est là où j'en suis, moi, comme professionnelle en soins. Merci beaucoup.

(Fin à 9 h 59)

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