L'utilisation du calendrier requiert que Javascript soit activé dans votre navigateur.
Pour plus de renseignements

Accueil > Actualités et salle de presse > Conférences et points de presse > Point de presse de M. Gaétan Barrette, ministre de la Santé et des Services sociaux

Recherche avancée dans la section Actualités et salle de presse

La date de début doit précéder la date de fin.

Point de presse de M. Gaétan Barrette, ministre de la Santé et des Services sociaux

Version finale

Le jeudi 27 octobre 2016, 11 h 15

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures seize minutes)

M. Barrette : Alors, bonjour, tout le monde. Alors, comme vous le savez, ce matin, à l'Assemblée nationale, j'ai déposé le premier rapport de la Commission sur les soins de fin de vie, premier rapport qui fait état de la situation, de l'évolution de cette situation depuis l'adoption... la mise en application, pardon, de la Loi sur les soins de fin de vie.

Alors, il est important pour nous d'avoir ce type de rapport là, évidemment. Pourquoi? Parce que le sujet, je pense, demeure encore aujourd'hui un sujet délicat et aujourd'hui je suis toujours d'avis qu'il est absolument essentiel que la population ait confiance pas simplement dans ses institutions, mais dans l'application d'une loi dans ce secteur d'activité.

J'ai pris connaissance du rapport qui est un rapport que je pourrais qualifier d'étape en ce sens que, comme vous le verrez en prenant connaissance du rapport, c'est un rapport sur les activités de la commission qui, elle-même, est en évolution puisque la commission a dû être constituée, évidemment, a dû progressivement mettre son équipe en place pour ultimement arriver à remplir la totalité de son mandat qui est celui de l'appréciation de l'application de la loi dans tous les secteurs d'application de la loi.

Dans un premier temps, vous comprendrez que toute l'attention a été portée à l'application de la composante spécifique de la loi qui traite de l'aide médicale à mourir. Et, comme ceci à été rapporté dans les médias, au 31 août 2016, 262 demandes d'aide médicale à mourir ont été administrées. Dans ces 262 demandes là, il y a eu évidemment vérification, c'est le mandat de la commission, de 198 formulaires qui ont été évalués par la commission. 148 décisions ont été rendues et 94 demandes ont été l'objet de demandes de renseignements complémentaires. Et ça, je pense qu'il faut voir ça positivement. Ça montre à quel point la commission a été très à l'affût de toute potentielle problématique.

On constate que, de ces demandes de formulaires à examiner, 127 ont été jugées conformes aux exigences de la loi. 18 demandes, 18 formulaires ont soulevé des questionnements et ont été jugés non totalement conformes à la loi mais sur un point particulier : non pas sur l'indication, non pas sur la procédure, non pas sur la validité de la procédure, mais bien sur le fait que, dans la loi, il y a un élément qui, à l'expérience, a été vu dans la pratique comme étant difficile à exercer, qui est celui de l'indépendance du deuxième médecin. En bout de ligne sont restées trois situations qui n'étaient pas conformes à la loi en termes, non pas là, du deuxième médecin, mais, pour deux d'entre elles, parce que la personne n'était pas nécessairement en fin de vie, et la troisième qui n'est pas atteinte d'une maladie grave.

Ces situations-là ont été relayées, tel que le prévoit la loi, au Collège des médecins, qui ont à donner leur appréciation à la commission. Et je vous invite à poser éventuellement certaines questions de cet ordre-là au Collège des médecins.

Conséquemment, on peut dire qu'après cette période d'application de la loi, que les choses, très, très majoritairement, sinon presque totalement, se sont faites selon les règles de l'art, mais qu'aujourd'hui, manifestement, et j'ai rencontré Mme Lavoie à cet effet, manifestement, il y a peut-être quelques ajustements à apporter à notre façon de faire, et c'est la raison pour laquelle on a convenu d'entreprendre une réflexion avec le Collège des médecins, la commission elle-même, notamment sur la construction, la composition du formulaire et peut-être d'apporter des ajustements, si nécessaire, sur la question du deuxième médecin indépendant.

Alors, je pense qu'aujourd'hui le message qui peut être envoyé à la population est que la loi sur les soins de vie et, en particulier, en ce qui a trait à l'aide médicale à mourir, n'a pas été l'objet de dérapages. Les choses se sont passées correctement. Il y a eu certaines difficultés que je qualifierais d'administratives. Pour trois cas, il y a un questionnement final auquel il y aura à y avoir une réponse, mais cette réponse-là doit venir du Collège des médecins. Je ne ferai pas de commentaire sur ce point-là parce que c'est au Collège des médecins de porter une appréciation finale. Et donc, pour la population, je pense que la population peut continuer à avoir bien confiance sur la procédure qui se fait correctement.

Vous me permettrez, en terminant, avant de passer à la période de questions, de remercier et de féliciter les membres de la Commission sur les soins de fin de vie, à commencer par sa présidente, Mme Lavoie. Ce n'est pas un travail facile, on en a parlé. Les membres de la commission ont voulu agir avec diligence et précision, et je peux dire, à la lecture du rapport, que ça a été le cas.

Et je ferai peut-être un commentaire supplémentaire à propos des médecins. Je dis aux médecins : Ne vous inquiétez pas, il n'y a pas d'inquisition de la part de la Commission sur les soins de fin de vie. Il y a une obligation légale pour eux et elles de poser un certain nombre de questions, auxquelles il doit y avoir des réponses, mais, non, il n'y a pas d'ingérence dans la pratique médicale. Mais la loi exige qu'il y ait des réponses posées à certaines questions. C'est tout à fait normal que les choses se soient passées comme ça.

Mme Prince (Véronique) : Juste une petite précision. Ça veut dire qu'au total le nombre de cas refusés, parmi les 262 demandes, c'est-u seulement trois?

M. Barrette : Non. Il y a trois cas qui… Alors, je vais recommencer. Il y a 198 formulaires qui ont été évalués sur les 262 demandes. Alors, il y a des formulaires qui sont donc en cours d'évaluation, dont l'évaluation n'est pas encore terminée. De ces 198 formulaires là, il y en a 148 pour lesquels il y a eu une décision, O.K.? Ça veut dire que c'était conforme ou pas conforme, et il y en a 127 qui sont totalement conformes, et il y en a 21 pour lesquels il y a eu une non-conformité.

Dans 18 des 21 cas, c'est la question de l'indépendance du deuxième médecin qui pose un problème opérationnel sur le terrain, et il y en a trois qui ne satisfaisaient pas à l'admissibilité à l'aide médicale à mourir pour la raison... dans un cas, bien, il n'y avait pas de maladie grave et incurable, et dans deux des cas, il n'y avait pas de situation de fin de vie.

Maintenant, je…

Mme Prince (Véronique) : Mais au total, sur les 262, on peut dire qu'il y a eu combien de refus au total? 21?

M. Barrette : Le nombre de refus… Écoutez, je vais vous donner un rapport…

Une voix : C'était 21.

M. Barrette : Non, ce n'est pas ça, mais je vous le donnerai dans le…

M. Lacroix (Louis) : Mais si on prenait une situation à l'inverse, combien de personnes se sont prévalues, finalement, du droit de l'aide médicale à mourir et qui sont allées jusqu'au bout du processus, là?

M. Barrette : Il y en a eu 262.

M. Lacroix (Louis) : Non, mais, je veux dire, qui sont allées au bout du processus, c'est-à-dire qui ont reçu les soins de fin de vie?

M. Barrette : 262. Il y a eu 262 aides médicales à mourir d'exercées dans la période allant du 10 décembre au 31 août.

Mme Plante (Caroline) : Mais il y a 21 cas qui n'étaient pas conformes?

M. Barrette : Non. Alors, oui, c'est ça. Alors, il y a… Alors, je vais recommencer. On va vous donner la feuille, j'ai une feuille ici qui vous donne les éléments, là.

Il y a 262 cas qui ont été administrés. Quand il y a un cas qui est administré, c'est à la suite d'une procédure. Le médecin doit envoyer son formulaire à la Commission des soins de fin de vie. Les formulaires, il y a une vérification qui est faite. La vérification, ça prend toujours un certain temps.

Alors, les 262 cas, c'est du 10 décembre au 31 août 2016. Il y a 198 formulaires qui ont été évalués, à date, sur les 262. 94 des 198 formulaires ont été l'objet d'une demande supplémentaire de vérification. La commission reçoit un formulaire, regarde le formulaire. Est-ce que toutes les questions ont des réponses appropriées? Bien, si la réponse est jugée... ou s'il y a un questionnement sur une réponse, la commission a le mandat et le pouvoir de demander au médecin : Bon, à la question 3b, là, la réponse n'est pas suffisamment claire, pouvez-vous nous apporter des précisions? Il y a 94 fois où il y a eu cette situation-là.

Dans les 198 formulaires examinés, il y a eu 148 décisions rendues, les autres sont à venir, et, dans les 148 décisions, il y a 21 situations où la commission a jugé que ça ne respectait pas la totalité des critères de la loi, et, de ces 21 là, il y en a 18 que la raison est exclusivement, et j'insiste exclusivement sur l'indépendance du deuxième médecin, et il y en a trois qui sont plus particulières, et, dans les trois, il y en a une décision pour laquelle la commission a évalué qu'il n'y avait pas une maladie grave et incurable, qui est un des critères d'admission à l'aide médicale à mourir, et deux cas où les patients n'étaient pas nécessairement, selon l'appréciation des commissaires, en fin de vie.

Mme Plante (Caroline) : La question de ma collègue tient toujours, là. Combien de personnes, dans le fond, sont décédées en bout de ligne?

M. Barrette : Alors, je vous envoie ici...

Mme Plante (Caroline) : Combien de personnes...

M. Barrette : O.K. Alors, il y a eu des gens qui ne l'ont pas eue, et, en date du 9 juin 2016, parce que c'est la statistique qui est disponible dans le rapport, vous la trouverez à la page 18, il y a 87 personnes qui n'ont pas eu l'aide médicale à mourir pour des raisons qui sont diverses. Il y en a eu 87. Les 262, ce sont celles qui l'ont eue. 87 personnes n'ont pas eu l'aide médicale à mourir pour une variété de raisons, et je vous les énumère.

Alors, il y a des personnes... il y en a 36 sur 87 qui ne répondaient pas aux critères. Les personnes ne répondaient pas aux critères d'admissibilité à l'aide médicale à mourir au moment de la demande ou en cours du processus d'évaluation. Il y a neuf personnes... Je m'excuse. Il y a 24 personnes qui ont retiré leur demande ou changé d'avis. Alors, il y en a 29 qui l'ont posée, la question, ont entrepris une démarche mais ont retiré leur demande. Il y a 21 personnes qui sont décédées avant l'administration, donc on ne peut pas considérer que c'est un refus comme tel par définition, mais il y a eu une démarche qui n'a pas été menée à bout. Et il y a cinq demandes actuellement qui sont en cours d'évaluation, donc ce n'est pas nécessairement un refus, c'est ni dans un sens ni dans l'autre. Et il y a une personne, en date du 9 juin 2016, qui avait fait sa demande; l'aide médicale à mourir n'a pas été exercée parce que la personne a demandé de reporter l'administration de l'aide médicale à mourir.

Donc, 87 circonstances, personnes qui n'ont pas eu l'aide médicale à mourir pour différentes raisons, 262 qui, elles, l'ont eu avec la déclinaison que je vous ai faite il y a quelques instants.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Vous avez fait mention des cas des patients qui souhaitaient voir confirmer leur demande par un second médecin, puis ce second médecin là n'était pas indépendant du premier. Alors, vous constatez cette réalité-là, quoi, dans les plus petits milieux, les plus petits centres hospitaliers? Et qu'est-ce que vous devez faire pour assurer qu'il n'y en ait pas qui soient désavantagés parce qu'il n'y a pas de médecin qui soit indépendant dans...

M. Barrette : Ce n'est pas nécessairement... Je vais vous reprendre, si vous me le permettez. Ce n'est pas que les patients souhaitaient avoir une deuxième opinion, c'est que la loi prévoit qu'il y ait...

M. Bélair-Cirino (Marco) : Ils souhaitent requérir à l'aide médicale à mourir...

M. Barrette : Oui, tout à fait. C'est parce qu'ils ne souhaitaient pas avoir une deuxième opinion, là, on s'est mal compris, c'est correct. Mais la loi prévoit que, lorsqu'une personne souhaite avoir l'aide médicale à mourir, il doit y avoir une évaluation qui est faite par un médecin et un deuxième médecin indépendant. Or, dans la loi, pour être un médecin indépendant, il ne faut pas avoir de lien soit personnel, soit professionnel avec le patient, et le lien professionnel, c'est le médecin traitant.

Et, dans certains milieux, les plus petits, vous avez raison, quoique je n'ai pas aujourd'hui la déclinaison de tous les cas où ça s'est produit, il faudrait poser la question à la commission elle-même qui a son indépendance en cette matière-là, il y a eu, par contre, et ça fait partie de l'objet des discussions qu'on a eues avec la commission, il y a un problème, dans certains cas, les plus petits milieux, où trouver un deuxième médecin indépendant, ça pose un problème devant une personne qui la demande, qui est vraiment en fin de vie.

Alors, peut-être que là y aurait-il lieu de faire des ajustements parce qu'il y a une problématique qui est réelle. Alors, moi, je prendrais ces 18 situations là, sur 21 cas de non-conformité, avec beaucoup de réserve parce que ce n'est pas la question de l'admissibilité qui est en cause ici. La personne était justifiée de demander, l'évaluation a été faite correctement, mais là on tombe sur un côté plus...

M. Bélair-Cirino (Marco) : Un manque de ressources.

M. Barrette : Un manque de ressources et de disponibilités. Je dirais surtout de disponibilités, parce que, dans des plus petits milieux, ce n'est peut-être pas toujours évident d'aller trouver une deuxième personne totalement indépendante. Alors, dans tous les cas, les deux médecins ont reconnu la validité de la demande et l'admissibilité de la personne. C'est juste que la qualification des deux personnes n'était pas la totalité de l'indépendance.

Alors, moi, je ne pense pas qu'on doive, au contraire, s'inquiéter de ça. Je pense que les choses se sont faites correctement. Et ma compréhension, il faudra voir avec le collège, parce que ces cas-là, évidemment, s'en vont au collège aussi, il n'y a personne qui m'a laissé entendre qu'il y avait là un problème, mais je laisserai les gens...

M. Vigneault (Nicolas) : Mais, à la lumière du rapport, c'est quoi ce grand problème à ce moment-là? À la lumière du rapport, est-ce que c'est...

M. Barrette : À la lumière du problème, les choses se sont passées très, très, très bien. Il n'y aucun problème à la lumière du rapport.

M. Vigneault (Nicolas) : ...des ajustements?

M. Barrette : Il y a un ajustement... et j'en conviens tout à fait librement, là, qu'il y a une problématique sur deux aspects. Le formulaire, le collège l'a déjà dit à plusieurs reprises, le formulaire, évidemment, il est issu d'obligations légales, et le formulaire comme tel, selon bien des intervenants... vous avez eu plusieurs médecins qui se sont exprimés là-dessus, peut-être y aurait-il lieu d'avoir une révision du formulaire, au moins une discussion, et ça, je me suis engagé à ce qu'il y en ait une. Mme Lavoie m'a demandé...

Journaliste : Pour le simplifier?

M. Barrette : Bien, peut-être pour le simplifier, oui, mais on en discutera en temps et lieu. Mais je vaire faire une parenthèse juste après. L'autre... Votre question était...

M. Vigneault (Nicolas) : En fait, quelles sont les problématiques que vous...

M. Barrette : Oui, c'est ça, il y a la problématique du formulaire, et la deuxième problématique, c'est l'indépendance. Nous n'avions pas prévu, à l'application de la loi, qu'on allait voir cette problématique-là de façon... ce n'est pas arrivé souvent, là, c'est arrivé 18 fois, mais quand même, peut-être y a-t-il lieu d'y avoir un assouplissement de ce côté-là.

Si vous me permettez, M. Lacroix, je vais juste faire une parenthèse. Moi, quand certains médecins se sont plaints, sont allés sur la place publique parce qu'ils trouvaient que la commission s'ingérait dans la pratique médicale des gens, à cette époque-là, j'avais fait un commentaire clair : le mandat de la commission n'était pas de remettre en cause le diagnostic posé par les médecins. Et les médecins se sentaient attaqués à cause du formulaire, ,ais, pour des raisons d'indépendance, moi, je n'avais pas ces formulaires-là. Vous comprenez?

Là, maintenant, que j'ai le rapport et que j'ai rencontré la commission, on m'a donné des exemples. Bien, je tiens à rassurer les médecins, là, en ce qui me concerne, il n'y a pas d'inquisition-là, là. Les renseignements qui sont demandés dans le formulaire sont très simples, très faciles à consigner. Il n'y a pas d'inquisition de la part de la commission. La commission a un mandat, et il faut la respecter, mais je n'ai pas vu d'éléments documentaires qui pouvaient me laisser croire, puis là je vais prendre un chapeau de médecin, là, que là il y avait une grande complexité, une inquisition, une remise en cause… Je pense que les choses sont correctes, quoique la construction du formulaire pourrait changer.

M. Lacroix (Louis) : Est-ce que vous êtes capables d'établir un délai moyen entre le moment où il y a une demande et le moment où les soins de fin de vie sont appliqués? Est-ce qu'on est capable de…

M. Barrette : C'est une bonne question. C'est une question que vous allez devoir adresser à la commission elle-même parce que la commission a son indépendance. Moi, aujourd'hui, je vous donne mon appréciation de ce rapport-là et des conversations que j'ai eues avec la présidente, Mme Lavoie. Je considère que la commission a fait un excellent travail compte tenu du sujet très épineux qui est celui-ci.

Maintenant, je n'ai pas de statistiques détaillées de cet ordre-là. Je ne les ai pas. Peut-être existent-elles, je ne suis même pas convaincu qu'elles existent. Il faudra poser la question à la commission.

M. Boivin (Simon) : Sur le nombre total, Dr Barrette, de personnes qui ont reçu, en bout de course, là, l'aide médicale à mourir, êtes-vous surpris de ce nombre-là? Est-ce que ça correspond à peu près à ce à quoi on pourrait s'attendre année après année?

M. Barrette : Si vous reprenez les positions que j'ai prises dans le passé, vous allez constater que c'est plus que ce que je pensais. Moi, j'avais même évoqué, je me rappelle, qu'il y en aurait peut-être une centaine. Donc, c'est presque le triple, et, dans le rapport, je n'en ai pas fait mention il y a quelques instants, ça, ça m'a beaucoup étonné, il y a eu 263 demandes, et exercées, de sédation palliative terminale, continue. Alors, il y a eu autant de demandes de sédation palliatives que de demandes d'aide médicale à mourir. Ça, ça m'a étonné. Je ne m'attendais pas à ce qu'il y en ait autant.

Alors, je suis, oui, surpris, mais pas de façon spectaculaire, que la demande ait excédé ce que j'avais prévu, mais, comme d'autres l'ont dit dans les derniers jours, c'est sûr que partout où ce soin-là est rendu disponible, il y a toujours une croissance. Alors, on ne pense pas… on n'est pas à un niveau qui est spectaculairement élevé quand on se compare à d'autres pays, mais c'est plus que ce que je pensais, mais ça ne m'inquiète pas du tout.

M. Boivin (Simon) : ...votre surprise par rapport à la sédation, là, je ne comprends pas bien…

M. Barrette : Bien, je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait un nombre égal de demandes de sédation palliative que d'aide médicale à mourir. Alors là, je ne veux pas rentrer dans le débat si la sédation palliative est une aide médicale à mourir ou non, mais, honnêtement, je ne m'attendais pas à ce que cet élément-là soit, en nombre, en quantité équivalente. Ce n'est pas une critique que je pose, c'est un constat, tout simplement.

M. Lacroix (Louis) : Est-ce que je peux poser une question extrêmement délicate, puis n'y voyez pas de... mais est-ce que, sur le plan budgétaire, financier, il y a une incidence? Puis je sais, là, que l'aide médicale à mourir n'est pas une question de budget ou quoi que ce soit, là, mais est-ce que, quand on regarde ça de façon très terre à terre, il y a une incidence financière, qu'elle soit positive ou négative, pour le ministère de la Santé?

M. Barrette : Négative pour le ministère? La réponse, c'est non.

M. Lacroix (Louis) : Non, mais, je veux dire, dans les budgets, par exemple.

M. Barrette : Non, absolument pas. C'est très, très, très marginal. Alors, comme vous le savez... Prenons ça dans tous les angles, tous les angles, puis là c'est délicat, vous avez raison, là, mais sur le plan, par exemple, de la rémunération des médecins, il n'y a pas eu d'argent supplémentaire. C'est déjà un acte, ce n'est pas un acte nouveau, c'est de décrire un libellé... Vous savez, le médecin, quand il procède à cette évaluation-là et au geste de l'aide médicale à mourir, si ce n'est pas ça qu'il va faire, il va faire autre chose. Alors, ce sont des vases communicants, alors il n'y a pas d'impact.

Sur le plan de la médication, bien, il va de soi qu'à la limite, là, c'est une non-dépense par la suite, là, parce qu'une personne décide de terminer ses jours. Sur le plan du personnel, bien, c'est le même raisonnement, ces gens-là sont là de toute façon. Le regarder froidement sur une base économique, et ça, c'est très froid, puis je suis comme vous, là, soyons délicats et prenons des gants blancs, les plus blancs possible, là, il n'y a pas d'incidence économique négative ou positive, là. Il n'y a pas d'incidence sur le budget de l'État. Puis je pourrais même aller plus loin, là, 262 personnes sur les millions de personnes que l'on voit par année dans notre réseau, ce n'est pas un poids financier qui est très significatif.

M. Lecavalier (Charles) : Peut-être qu'on vous a déjà posé la question, mais il me semble, j'ai regardé vite, vite le rapport, qu'il y a beaucoup de cas dans la région de Québec versus, mettons, Montréal. Comment est-ce qu'on peut expliquer ça?

M. Barrette : Alors, quand vous regardez ce tableau-là qui se trouve à la page... je vais la ressortir, qui est un petit peu avant, je pense, ce tableau-là est un tableau assez... pas spectaculaire, mais qui est indicateur de certaines choses. À la page 17, vous avez le tableau de la répartition, par zones administratives, des demandes d'aide médicale à mourir. Alors, évidemment, on s'attend à ce que, dans certaines zones, il n'y en ait pas beaucoup parce que la population est peu nombreuse, mais per capita on constate qu'effectivement, dans la région de Québec, c'est là où la demande per capita est la plus grande. C'est un fait.

Ça, pour moi, ça ne fait que refléter le tissu social du Québec, parce que — et là je ne qualifie pas mon commentaire — je pense que, culturellement, dépendamment des groupes, des sous-groupes sociétaux, il y a une vision face à la mort qui n'est pas la même. Et là, et ça, c'est tout à fait normal, culturellement, on peut avoir des groupes très, très, très neutres par rapport à la mort. Par opposition, on peut voir des groupes qui sont très, très, très religieux, par exemple, par rapport à la mort. Alors, il y a des gens qui sont aussi très religieux par rapport à la mort et qui n'ont pas de problème avec l'aide médicale à mourir, et l'inverse est aussi vrai.

Alors, quand on regarde l'île de Montréal, par rapport à sa population, il y a eu 54 demandes, il y a en eu 45 à Québec. Alors, toutes proportions gardées, ça ne tient pas la route, mais ça tient la route quand on regarde le tissu social de Montréal. À Montréal, on a des communautés ethniques qui sont plus nombreuses proportionnellement, par exemple. Les communautés ethniques qui sont souvent plus religieuses que d'autres. Du côté de Québec, la population est beaucoup plus homogène, a une relation avec sa propre religion et ce genre de choses là qui est différente de d'autres. Et ça, ce n'est pas porter un jugement, c'est simplement constater qu'une société est composée de multitudes de gens, de multitudes de communautés qui ont une vision différente, potentiellement, des autres, et je pense que ces chiffres-là viennent illustrer ça.

M. Lacroix (Louis) : Mais pourtant, il y a eu un fort lobby des groupes religieux chrétiens, par exemple, qui sont très représentés dans la région de Québec, dû à l'homogénéité culturelle, là, à laquelle vous faites référence. Donc, c'est très catholique dans la région de Québec, et c'est sans doute le groupe qu'on a attendu en commission parlementaire qui s'est le plus exprimé.

M. Barrette : Alors, c'est un bon point, sauf qu'à quoi est-ce que ça, ça pointe? Puis là je vous dirais, et là c'est une appréciation personnelle...

Une voix : ...

M. Barrette : Voilà. Alors, il y a des groupes religieux qui, eux, sont un sous-groupe du grand groupe. Et, quand on regarde les francophones, en général, la relation des francophones, en général, à la religion et à ses principes, je ne pense pas qu'on peut la qualifier de la même manière, ou la constater, ou s'attendre à un constat comparable à d'autres religions. On a eu des exemples, puis là je ne veux pas revenir là-dessus... C'est un peu comme les catholiques et les Témoins de Jéhovah, on n'a pas la même relation avec les transfusions. Mais on peut comprendre que, lorsqu'on arrive devant la question de la mort, que les catholiques francophones du Québec, compte tenu de leur évolution sociale, leurs pensées soient différentes, par exemple, de d'autres religions. Je ne veux pas nommer de religion, mais je pense que tout le monde comprend qu'il n'y a pas d'uniformité là-dedans au Québec.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Considérez-vous comme un raté le fait que, sauf erreur, une personne sur 10 qui a demandé l'aide médicale à mourir ne l'a pas reçue et est décédée sans l'avoir...

M. Barrette : Non, ça, je ne considère pas ça comme un raté pour la raison suivante, et je l'ai dit dans mon introduction : Il m'apparaît essentiel pour la population d'avoir la garantie ou, au moins, la perception qu'il y a des règles à suivre et que jamais personne ne va leur imposer ça.

La dernière chose que moi, personnellement, et certainement notre gouvernement, puis je vous dirais, je vais m'avancer, là, certainement les oppositions voudraient voir, c'est l'impression, dans la population, qu'il n'y a pas de garde-fou. Alors, les garde-fous, ils sont là pour ça. Ça peut être désagréable, le garde-fou, ça peut avoir la conséquence que vous dites, mais le garde-fou doit être là. Alors, je pense que la population doit avoir le sentiment qu'en toutes circonstances il ne sera pas possible de leur imposer quelque chose contre leur volonté. À l'inverse, il peut y avoir comme conséquence que la personne décède avant l'administration.

D'ailleurs, c'est un peu la critique que j'ai faite, C-14, qui est dans un autre domaine. Le 10 jours que C-14 impose, qui maintenant vient à être imposé à notre loi parce que c'est le Code criminel, ce 10 jours là, pour moi, il n'est pas nécessaire, parce que ce qui est important, c'est l'admissibilité, les évaluations et ainsi de suite. Imposer à quelqu'un qui est vraiment en fin de vie très rapprochée, là, donc 10 jours peuvent faire une différence... Bon, heureusement, la loi C-14 permet à un médecin de surseoir à cette règle-là, mais ce 10 jours là, pour moi, je l'ai toujours perçu comme étant une manoeuvre pour que la personne ait l'occasion de changer d'idée. Moi, je pense que les gens, quand ils arrivent dans cette circonstance-là, soit leur idée est faite, soit, comme on l'a vu dans les refus, je vous ai dit qu'il y en avait plusieurs, il y en a qui vont changer d'idée.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce que le délai entre le dépôt de la demande d'aide médicale à mourir et la réponse obtenue après toutes les vérifications que vous avez mentionnées méritait, dans ces cas-là, d'être resserré ou d'être mieux balisé?

M. Barrette : Je n'ai pas d'indication à cet effet-là, mais je n'ai pas non plus de statistique qui permettrait d'avoir... Quand je vous réponds, je vous réponds un peu par la voie des conversations que j'ai eues avec les membres de la commission. Ils sont indépendants, eux, et eux, dans leur mandat, ils ont le... bien, le devoir... ça fait partie de leur mandat de soulever des problèmes et de nous indiquer ce qu'il faut changer. C'est la raison pour laquelle ils nous proposent d'avoir une discussion sur le formulaire, ce à quoi je suis tout à fait ouvert, mais on ne m'a pas indiqué que l'élément que vous soulevez pose problème actuellement.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Une dernière question en ce qui me concerne. On a beaucoup d'informations, puis la commission également, sur les cas qui ont été acceptés, moins sur les cas refusés. Est-ce que vous seriez favorable à une modification du règlement qui ferait en sorte qu'on ait une vigie également sur les cas refusés?

M. Barrette : Je pourrais le faire. Moi, je n'ai pas d'objection à le faire, mais, quand vous lisez le rapport, il y a une chose qui transpire du rapport, c'est le fait que la commission est en progression. Ils ne sont pas rendus à leur pleine capacité opérationnelle. Ils vont y arriver, là, c'est sûr, puis c'est tout à fait normal, parce qu'on le voit, le nombre de cas a été beaucoup plus grand que prévu en ce qui me... ce que j'avais pensé, et leur mandat, il est assez vaste, là. À un moment donné, ils doivent aller dans le territoire des soins palliatifs et ainsi de suite. C'est pour ça qu'aux cinq ans ils doivent nous faire une appréciation de la chose au complet. Alors, avant... et je n'ai pas de problème avec ça, ce que vous suggérez. Avant de mettre ça dans la loi, dans le mandat, je pense qu'on doit laisser le temps à la commission de prendre son plein envol et de déposer un premier rapport.

Ceci dit, la commission a la capacité, dans son mandat, de s'adresser à des sujets qu'elle soulève. Ils pourraient, eux, décider de faire ça, mais là on entrerait dans une complexité documentaire supplémentaire, là. Alors, aujourd'hui, moi, ce n'est pas un sujet qui m'indispose, aucunement, mais, dans l'état actuel de notre droit, ils ont un mandat à remplir, et je pense que, dans un premier temps, il faut les laisser le remplir au complet.

M. Robillard (Alexandre) : M. Barrette, sur les relations fédéral-provincial…

M. Barrette : Y a-tu d'autres questions sur le rapport? S'il n'y en a pas d'autre, on va…

La Modératrice : En anglais, là.

M. Barrette : …en anglais, alors.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Rapidement, là… J'ai menti tantôt quand j'ai dit que c'était la dernière question. Est-ce que vous estimez que la commission a fait un nombre important de révisions? Parce que c'était sa première année puis on devrait en avoir moins au cours des prochaines années.

M. Barrette : Je pense qu'on va en avoir moins parce que les révisions… bien, en fait, les révisions… Ce qu'il va y avoir de moins, à mon avis, ce n'est pas les révisions, parce que c'est ça, son mandat, mais c'est les demandes d'information additionnelles. Il y en a beaucoup de demandes additionnelles et il y en a beaucoup parce que… Et ça, on m'en a montré des exemples. Encore une fois, jusqu'au début de la semaine, là… Ils sont indépendants. Moi, je ne suis pas allé m'immiscer dans leur travail. Là, on a mis un peu…

J'ai demandé, d'ailleurs, j'ai dit : Pouvez-vous me montrer, là, pour que je vois de visu, d'un oeil professionnel, qu'est-ce que vous considérez comme étant acceptable et pas acceptable? Bien, moi, si j'avais été membre de la commission… Ce qu'on m'a montré, c'est sûr qu'il y a des questions auxquelles il y avait des réponses beaucoup trop sommaires, là. Les réponses aux questions ne peuvent pas être : oui, non. Maintenant, ça ne veut pas dire que la réponse doit être une dissertation non plus. Alors, la commission doit avoir une assurance raisonnable que les choses se sont passées, d'où les questions.

M. Bélair-Cirino (Marco) : ...il n'y a pas eu d'excès de zèle?

M. Barrette : Non, non. Moi, ce que j'ai vu, là, je peux vous dire qu'il n'y a pas eu d'excès de zèle.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Merci.

Mme Plante (Caroline) : So, lots of interesting points. First of all…

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce que je peux juste…

Mme Plante (Caroline) : Oh! oui. O.K. Bien, tu y vas-tu?

M. Robillard (Alexandre) : Bien, je ne sais pas. Si je peux. Je veux juste savoir…

M. Barrette : Bien, vous savez si vous le… Vous dites que vous ne le savez pas, mais vous le savez, hein?

M. Robillard (Alexandre) : Écoutez, si vous acceptez de répondre, je vais vous poser une question. J'aimerais ça savoir... Est-ce que vous aimeriez ça que les fonds fédéraux supplémentaires, là, que vous attendez soient placés dans un fonds pour l'innovation?

M. Barrette : Non.

M. Robillard (Alexandre) : Pourquoi?

M. Barrette : Parce que... Regardez, là, l'entente qu'on a avec le gouvernement fédéral, c'est une entente légale qui est historique. Il y a une date à cette entente-là. Leur rôle, dans leur vie, c'est de financer, jusqu'à un certain pourcentage, les soins de santé. Ils ne remplissent pas leur rôle. On est passés de 50 à 19. Là, c'est beau si on est rendus à 22 au Canada.

Alors, c'est ça, leur rôle. Leur rôle n'est pas de faire de l'ingérence dans les compétences des provinces. Si des provinces acceptent ce rôle-là, c'est leur choix, mais, sur le plan du principe, ce n'est même pas possible. Puis je vais vous le dire, qu'on me trouve à Ottawa une ligne, un paragraphe, un mot dans la Constitution qui permet à Ottawa d'exiger des conditions, il n'y en a pas.

M. Robillard (Alexandre) : Ça fait que donc, si je comprends bien, vous trouvez que l'idée de M. Couillard  n'était pas bonne?

M. Barrette : Ce n'est pas ça que je vous dis du tout.

M. Robillard (Alexandre) : Bien, vous dites que ce n'est pas... que vous êtes opposé à ça.

M. Barrette : Non. Ce n'est pas ça que je vous dis du tout. Ce n'est pas ça que je vous dis du tout.

M. Robillard (Alexandre) : Bien là, vous dites... C'est une chose ou l'autre, soit c'est une bonne idée ou c'est une mauvaise idée.

M. Barrette : Est-ce que je peux répondre?

M. Robillard (Alexandre) : Allez-y.

M. Barrette : Alors, vous, vous prenez, et je savais que vous alliez arriver à ça, vous, vous prenez une phrase hors contexte. Alors, quand on parle d'innovation, là, actuellement, là, par rapport à un texte qui a été écrit en 2011, bien, c'est exactement ça qu'on fait.

En 2011, là, le premier ministre a écrit un texte qui dit que, oui, le système, ce n'était pas juste de l'argent, il devait changer. Oui, il devait y avoir de l'innovation. Qu'est-ce qu'on fait au Québec, là, par rapport au reste du Canada depuis 2014? C'est exactement ça qu'on fait. On ne fait que ça. Il n'y a personne qui a fait ce que l'on a fait au Canada. Trouvez-moi une place au Canada où on a aboli la couche intermédiaire de gestion que sont les agences. Il n'y en a pas. Il y a juste nous autres. Trouvez-moi une place au Canada où on a mis en place une loi où on rend imputables de leurs résultats les dirigeants. C'est nous autres. Trouvez-moi une place où on impose aux médecins ce que j'impose par la loi n° 20, il n'y a pas ça. Tout le Canada...

M. Robillard (Alexandre) : Mais donc vous pensez qu'il n'y a plus d'innovation possible au Québec? C'est-u ça que vous dites?

M. Barrette : Ce n'est pas ça que je vous dis. Ce que je vous dis...

M. Robillard (Alexandre) : Bon, bien, est-ce que, donc... C'est pour ça que moi, ce que je vous dis, c'est que, si vous dites... Donc, vous admettez, je comprends que vous admettez qu'il y a encore place à l'innovation. Donc, que des fonds soient consacrés à l'innovation, est-ce que c'est une bonne ou une mauvaise idée?

M. Barrette : Ce n'est pas ça que...

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce que les fonds fédéraux...

M. Barrette : Ce n'est pas la question que vous me posez, O.K., et ce n'est pas ce à quoi vous faites référence. Ce à quoi vous faites référence, c'est la constitution d'un... c'est-à-dire de mettre les transferts fédéraux dans un fonds d'innovation. O.K.? Et je vous ai dit non à ça, et je peux vous garantir que le premier ministre va vous dire non aussi à ça, et je vais vous garantir que ce n'est pas à ça qu'il faisait référence nécessairement non plus.

M. Robillard (Alexandre) : À quoi?

M. Barrette : Bien, regardez, vous me posez la question. Là, la question ici...

M. Robillard (Alexandre) : Bien, vous allez l'air de le savoir, vous.

M. Barrette : La question ici est une question d'innovation, et moi, je vous ai répondu : L'innovation aujourd'hui, en 2016, elle est au rendez-vous. Le premier ministre, dans un texte...

M. Robillard (Alexandre) : O.K., mais en 2017, 2018, 2019, l'innovation, est-ce qu'il va en avoir besoin encore?

M. Barrette : Bien oui, mais on va... puisque vous faites référence à un texte fondateur du débat, je vous dis que la référence à l'innovation est une référence qui s'exerce. C'est ce que l'on fait actuellement au Québec, nous innovons. L'innovation, c'est la transformation des façons de faire. C'est exactement...

M. Robillard (Alexandre) : Donc, vous pourriez être d'accord.

M. Barrette : Bon, bien, écoutez, moi, je pense avoir répondu à la question. Je pense que vous allez pouvoir le tourner d'une autre manière, là.

M. Vigneault (Nicolas) : Mais, M. Barrette, là-dessus, est-ce que le premier ministre vous contredit, dans le fond?

M. Barrette : Absolument pas, au contraire. Au contraire, et c'est ce que j'essaie de dire et que, manifestement, le message ne passe pas. Au contraire, le premier ministre a dit dans un texte que la situation dans laquelle on était en 2011, parce qu'on parle d'un texte d'il y a cinq ans, devait faire en sorte que dans le futur on ne devait pas simplement mettre de l'argent. Il n'a pas dit qu'il ne fallait pas mettre d'argent, il a dit qu'il fallait avoir un financement qui passe aussi par l'innovation, et c'est exactement ça qu'on fait. C'est ça qu'on fait à tous les jours, c'est ça qu'on fait depuis le 7 avril 2014.

M. Vigneault (Nicolas) : Il n'y a pas de contradiction pour vous.

M. Barrette : Il n'y a pas de contradiction pour moi, au contraire.

M. Robillard (Alexandre) : Il est d'accord, dans le fond, pour l'innovation, si vous dites : C'est ce qu'on fait. Ça ne devrait pas être compliqué d'avoir accès à cet argent-là.

M. Barrette : Alors, la position du... et vous ne trouverez pas, dans le texte du premier ministre, de référence à l'abolition du fédéralisme asymétrique. Vous ne trouverez pas ça et vous ne trouverez pas de référence, dans son texte, à l'autorisation, la validation de l'ingérence du fédéral dans les compétences provinciales. Il n'y a pas ça.

La Modératrice : En anglais.

Mme Plante (Caroline) : Yes. Dr. Barrette, what is your appreciation of the report and what adjustments would you make in light of this report?

M. Barrette : Well, first of all, I think that the commissioners did a very good work considering the sensitivity of that issue. It was a huge workload on their shoulders, and I think that the report is a very good one considering the number of demands that occurred and that they had to reevaluate.

What I see from this report is that the law has been implemented correctly in the field. There is one area specifically that is more difficult. It is not an area where we had a non-observance of the law, but it was difficult to apply the law, and that area is about finding an independent second doctor to validate the demand. And we saw that in areas, in geographical areas where it was difficult, more difficult to find a second doctor, because the law says that the two doctors who are involved in the process have to be independent from the patient, and being independent means that the physician himself treating the patients should not be involved.

And, in some circumstances, it was difficult to find a doctor that was in no way related to the patient. Let's take a village, for instance. Very often, all doctors in the village know the patient. So, to find another independent doctor might be difficult.

Mme Plante (Caroline) : How can you change that?

M. Barrette : Well, this is something that I think we will have to address, and I agree with Mrs. Lavoie, who is the president of the commission, that this is something that we will look at and we will see what we can do. But, that being said, those cases have been transferred to the college and have been re-evaluated, and, to my knowledge, because it will be for the college to answer that, to comment on that, it seems that there has been no problem globally in terms of access and justification to have medical aid in dying.

Mme Plante (Caroline) : And you mentioned that the paper work needs to be simplified?

M. Barrette : Yes. The other issue, and that's been put forward many times during the past year, the paper work, for many, for many doctors and many people, many people find the paper work cumbersome. Should we address, readdress that? This is something that I agree to sit with those people to see if it is feasible, under the current law, to redesign the paper work.

Mme Plante (Caroline) :OK. I've just thought this, I have another question. Are all establishments currently well-equipped to deal with these types of situations? Because we know that, with Bill 10, there were some delays. Are all establishments on the same page and well-equipped?

M. Barrette : The answer to that is yes for publically-run establishments. It might not be the case necessarily in privately-run establishments like private palliative care home.

Mme Plante (Caroline) : And was there medical aid to die at home? Was it… In some cases, there were…

M. Barrette : In those cases, there was one.

Mme Plante (Caroline) : There was one case. Is that something that, moving forward, that we will see more of?

M. Barrette : In my ministry, we have a policy and we want to see the number of patients dying at home to go from today at 11% to 22%. And I think it could go even further than that. Some provinces did better than us on that. Well, actually, at 11%, we're probably the last province. When it comes to palliative care, I think this is something that we have to develop. I think that people, not only do they want to end their days at home, I think that if they have to end their days comfortably through medical aid in dying, I think that it will probably be their first choice.

So this is something that we want to be at the rendez-vous, if you wish. If people do want that, we have the capacity to do it, and I will submit to you that probably people don't know today, enough, that they have access to that.

Mme Plante (Caroline) : And you expressed some surprise at the number, 262…

M. Barrette : Yes. A year ago, two years ago, I mentioned many times that I was expecting about a hundred, and it's almost three times that. Well, actually, on a one-year period it's going to be over 300, because this is about nine months, statistics that we have, so it's going to be over 300. That, in itself, is surprising to me, because I was expecting about a hundred, but not surprising in itself, because it's difficult for myself, as a minister, to gamble on that.

When you look at other countries, the numbers on year one were even higher than that, and it is true, as many observers said in the past few days, that, when this is made available to the public, the number increases all the time. That, I am expecting to happen in Québec also.

Mme Plante (Caroline) : Two other quick questions. You expressed also, maybe not surprised, but it might be surprising to people to find out that Québec City, per capita, has the most requests. And can you explain a little bit why you think that happens?

M. Barrette : That, to me, was expected. That, to me, specifically, was expected. I was expecting, and it happened that way, that, if you were to take subgroups, cultural subgroups in society, that there would be significant, if not huge, differences. And that's what we saw. And, if we were to look at Montréal, where per capita it's not a lot, I think that, if we were to go from some communities to communities would be… we would see even greater differences. And that is fine because, again, that bill was about giving the individual a choice. And when we say that, the statement should go further by saying : give individual a choice in relation to their own beliefs.

So it is normal to see differences between cities and communities, and that is not surprising, and, in Québec City, there is some form of homogeneity about the general population. It's French speaking, catholic, and we know that in Québec that group has a different relationship with their religious principles. And this is not, to me, a judgement when I say that, it is just a simple fact of today's society. So we were not aiming at having something uniform in the province, we were really expecting significant differences, and that's what those statistics show.

Mme Plante (Caroline) : And one last one. In French, you thought the need to reassure both Quebeckers and doctors. Can you elaborate on that, why you feel the need to reassure…

M. Barrette : Yes. Well, it is, to me, very important that the general public, the public in general have the reassurance, and this does that, the reassurance that in no way no one will ever impose medical aid in dying to them. OK? This is the utmost importance to me, and I think that this report does that.

The other angle is that were aspects of what you've asked me is about doctors. Doctors felt, for a moment, quite uncomfortable by receiving questionnaires or questions from the commission regarding their formularies that were filed in an, to the commission, unsatisfactory fashion.

At that time, I said and I repeated today : It is not, it's never been and it will never be the mandate of the commission to judge the medical practice of a doctor, but it is the mandate of the commission to make sure that the regulation is observed. And, in order to make that assessment, the commission has to have information.

And at that time, when I made that comment, I hadn't seen any example of what was irritating to doctors. Now that the report is on, a few days ago, I asked to be shown examples of what was considered to be irritating from the doctors' point of view. And quite frankly, I say the doctors today : Look, what it is asked to you is not complicated, it's not putting in question your practices, it is just about giving them the appropriate information. And, when I say appropriate information, it is not dissertation, it is not writing a book, it is not about reproducing the file of the patient, it's about just answering simple facts.

Now, I can say to doctors : Look, what is asked from you is not much, but it cannot be yes or no to a question. It should be, let's say... Let's put it this way : it should be a complete sentence instead of a yes or a no, and then the commission has the proper information.

Mme Johnson (Maya) : Hello. CTV News has learned there could be more cuts at the MUHC. A source has told one of my colleagues in Montréal that the hospital needs to cut $28 million, and it could mean reorganizing units, cutting staff, nurses in the surgical oncology, gynecology floor. What can you tell us about this?

M. Barrette : It is not about cuts, it's about managing the hospital within the allocated budget. That's what it's all about. It's not about cuts, it's never been about cuts. There are no hospitals in this province, whether they are university hospital or community hospital, that are allowed to go over the budget. It's as simple as that.

And the MUHC has a history of going over the budget, and, when I came in, that was the end of it for them and for others. It's not specific to the MUHC, it's specific to the network. They have a budget and they have to get into it, to end the year into it. That's all. So it's not about cuts, it's about managing properly. I'm not saying that they're not managing properly, I'm just saying that they have a budgetary constraints... not constraints, but parameters by which they have to operate, and they're not any different than LaSalle, Lachine, or Chicoutimi, or La Sarre, or whatever. They have their budget and they have to get into it. That's it.

Mme Johnson (Maya) : So let's say a nurse or two nurses are eliminated from that particular floor, what kind of impact do you think that's going to have on service to patients? And how can we justify that, in the light of a budgetary surplus, we're supposed to be reinvesting in health care?

M. Barrette :OK. Number one, it doesn't matter if we have a surplus, there will be no money, additional money directed to cover overspending. That will not happen. Have I made myself clear enough? OK. The additional money is not to cover for overspending. Period. It's for additional services.

And, for the first part of your question, ask that question to the person in charge, which is the CEO. I am not there to manage the day-to-day operations of anybody, any hospital. This is you… asking you a question about day-to-day operations. I'm telling you and I'm telling everyone : each and every hospital in this province, institution in this province, has a budget, and it is the same thing as for you at home, you have your means and you have to live by your means. That's what it is.

Mme Johnson (Maya) : But there seems to be a contradiction, I mean, you say that this is about managing the existing budget properly while, in the other hand, saying : I'm not suggesting they're not managing it properly. But aren't you making that statement?

M. Barrette : No, I'm not. I'm not because the issue at MUHC is always the same. They've agreed on a clinical plan, and the clinical plan is about a number and a volume of services to be provided to the public at start. It's been determined. And on a yearly basis, it's always the same question, they have to manage within that, and there are forces within the hospital who would like to do or be allowed to do more. And many, many people, and I will not qualify those people as being personnel, or doctors, or whatever, who would like to do more. Everybody wants to do more. I'd like to do more. I'd like to have more money and I'd like to offer everyone more, but there are the budgets. That's it.

Mme Johnson (Maya) : On another topic, but also related to the MUHC, how do you response to this complaint that television and Wi-Fi services for patients at the hospital is too expensive and maybe the hospital should be looking at contracts?

M. Barrette : Well, again, ask the administration. Our network is built and paid to provide care. OK? Historically, our system has never been built to provide television. I understand that, for the comfort of everyone, that should be the case. I understand that, in a perfect world, we would provide everything to everyone. But the hospital is there to provide for care and, if there are additional thing that someone wants to provide, well, there are foundations for that, there are many different ways for that. And I will not enter into a debate where the State, the Government will have to pay for television and Wi-Fi or not.

Hospitals are about providing care in the best possible setting, and I would submit to you that the MUHC is today the best possible setting for adult care services. All right? Thank you.

(Fin à 12 h 9)

Participants


Document(s) associé(s)