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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Le mercredi 25 janvier 2017, 13 h 45

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quatorze heures cinquante minutes)

M. Khadir : Bonjour, tout le monde. Content de vous retrouver tous en ce 2017 à l'Assemblée nationale. Je suis ici cette semaine pour demander au gouvernement, à la commission sur les transports la tenue d'une commission parlementaire en bonne et due forme pour élargir le débat public sur le réseau, le REM de la Caisse de dépôt et placement du Québec, ce qui devait être un réseau de transport en commun, mais qui est en fait un projet d'infrastructure excessivement lourde, qui suscite énormément de questions quant à sa rentabilité, quant à sa compatibilité avec les règles de développement durable. On a vu le rapport du BAPE, mais il y a aussi toute une analyse très fouillée effectuée par des citoyens engagés dans divers milieux de protection de territoire et aussi des milieux favorables au transport public.

Parce que, vous le savez, Québec solidaire, plus que n'importe quel parti au Québec, est favorable au déploiement du plus vaste réseau de transport public et, souhaitons-le, électrifié au Québec, mais il faut que ça soit un réseau de transport intégré et qui respecte les principes de développement durable. Et il n'y aura pas de développement durable si le projet est mal fait, comme ça a été le cas avec le train des promoteurs dans l'Est, qui a déjà d'énormes difficultés parce que c'est mal intégré au réseau de transport public de Montréal. Or, en voici un autre qui, en plus, a de lourdes conséquences en termes de gaz à effet de serre et d'empreinte environnementale par l'infrastructure en béton très lourde, ce qui fait poser beaucoup de questions.

Alors, mon équipe, notre équipe, cette semaine même, va écrire à la Commission des transports pour demander qu'on ait une commission en bonne et due forme pour ouvrir le débat et discuter de ce projet, malheureusement, qui échappe à tous les contrôles, hein, comme vous le savez, qui échappe aux règles sur l'attribution des contrats qu'on s'est données, qui échappe, au départ, du simple fait qu'une des constatations les plus importantes de la commission Charbonneau et ses recommandations, c'est que ce genre de projets là soient faits à l'interne. Or, voici que le même gouvernement qui a occasionné la terrible enquête de la commission Charbonneau sur les pratiques inadmissibles pendant des années au ministère des Transports ne respecte pas une recommandation qui vient de la commission Charbonneau sur le transport, pour dire : Les contrats, les infrastructures doivent se mener, se faire à l'interne. Et le projet de la caisse va échapper à ça, le projet de la caisse va échapper aux règles qui régissent la protection des lanceurs d'alerte. Bref, il y a tout plein de problèmes, sans oublier le fait que c'est d'énormes contrats qui vont être donnés à des entreprises amies du pouvoir, à la famille Bombardier pour l'infrastructure — c'est du béton, hein? — alors que beaucoup de gens se disent : L'infrastructure aurait pu être choisie autrement; des contrats qui vont être donnés à des firmes d'ingénieurs qui sont très proches de M. Fournier et de M. Couillard, je pense à SNC-Lavalin, encore une fois. Bref, nous voulons y voir clair.

Deuxièmement, les frais accessoires. J'espère qu'aujourd'hui les journalistes et le public ne se laisseront pas duper par les prétentions du ministre Barrette, qui est en fait le pyromane qui, aujourd'hui, veut se présenter comme pompier. Il ne faut pas oublier que ce qu'il dénonce aujourd'hui, c'est des pratiques que lui-même... c'est un flou dans la loi et dans les règles que lui-même a négociées pendant des années avec qui, vous pensez? Avec nul autre que Philippe Couillard, un autre médecin à 100 000 $ du gouvernement Charest, qui aujourd'hui est premier ministre du Québec.

Ces deux-là portent une lourde responsabilité sur les millions de dollars en frais supplémentaires qui ont été payés par des patients, qui se sont endettés parfois pour pouvoir obtenir des soins en temps utile, dont les principaux responsables sont Philippe Couillard et Gaétan Barrette, qui, aujourd'hui, s'en lavent les mains et se présentent comme les sauveurs de ce système ou les correcteurs de ce problème.

Et je salue la Coalition Solidarité Santé, qui représente des travailleurs de la santé. Je salue la Clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles, qui a fait une enquête voilà déjà un an et demi sur les frais accessoires. Je salue les défenseurs des patients comme Me Ménard. Je salue les Médecins québécois pour le régime public, qui, avec Québec solidaire, depuis des années, dénoncent l'inéquité, dénoncent le grave problème d'inéquité que représentent les frais accessoires, sans parler du fait qu'en contournant les règles canadiennes de la santé, des médecins ont été entraînés par des gens comme Gaétan Barrette à abuser de la confiance du public, et à s'enrichir, et faire des profits au détriment des malades du Québec.

M. Vigneault (Nicolas) : M. Khadir, justement, concernant les frais accessoires, est-ce que vous êtes aussi un peu d'accord avec certains qui disent que, dans l'enveloppe actuelle, les médecins spécialistes, il y a suffisamment d'argent pour absorber tous ces frais-là?

M. Khadir : Je vais revenir là-dessus. J'ai oublié de saluer un autre bureau d'avocats qui a mené une charge contre la RAMQ sur les frais accessoires, c'est le bureau de Me Verbauwhede, Cory Verbauwhede, qui avait mené la RAMQ... et ont gagné en cour sur les frais accessoires dans les cliniques d'ophtalmologie. Donc, c'est la bataille qu'ont menée des groupes populaires et des avocats consciencieux au service des patients qui font en sorte que le gouvernement est obligé de reculer.

Oui, moi, je suis d'accord. Les médecins, d'abord, nous sommes très, très grassement payés, les spécialistes en particulier. C'est une augmentation de près de 50 % de notre rémunération. Au Québec, nous sommes payés huit fois plus que la moyenne du salaire moyen en société; en Grande-Bretagne, ça ne dépasse pas quatre; en France, ça ne dépasse pas trois. On a même dépassé, si on comptabilise ou enfin si on tient compte de la différence du coût de vie, de 11 % la rémunération des médecins ontariens, qui étaient les mieux payés. Donc, d'abord il faut rectifier ça.

Deuxièmement, déjà, les frais à l'acte, le paiement à l'acte — si je ne l'ai pas répété 1000 fois, je ne vous l'ai pas dit une fois — déjà, dans les ententes, depuis des années, négociées par les mêmes Barrette et Couillard de ce monde, il y a un surcoût de 30 %, parfois jusqu'à 60 % dans chaque acte, dans les cabinets privés pour tenir, justement, des frais occasionnés par l'exercice en cabinet privé.

Autrement dit, le même médecin qui fait un acte dans une clinique externe d'hôpital ou dans un CHSLD est payé un certain montant, ce montant-là est majoré de 40 % lorsque le même médecin fait exactement le même acte dans un cabinet privé. Alors, déjà, 30 %, là, c'est beaucoup sur un volume de milliers d'actes par année. Donc, il y a déjà... Moi, je l'avais déjà calculé, là, c'est tout près de 100 000 $ par médecin comme coûts supplémentaires qui sont payés à chaque année pour l'opération des cabinets privés.

M. Vigneault (Nicolas) : Est-ce que le Dr Barrette, dans ce compte-là, a raison de vouloir serrer la vis?

M. Khadir : Bien, le Dr Barette a raison pourquoi? Parce que c'est lui qui a négocié ces avantages et ces extravagances qu'on a donnés pendant des années aux médecins. C'est celui qui a mis le feu, alors, mieux que quiconque, le pyromane, celui qui a mis le feu, il sait d'où part le feu et il sait l'éteindre. Sauf que c'est lui et son premier ministre qui sont responsables de cet état lamentable des choses, et donc depuis 15 ans que ces pratiques-là ont cours et se sont répandues. Les millions de dollars que les Québécois ont payés de trop, là, c'est à Couillard et à Barrette qu'il faut que ces patients-là demandent des comptes encore plus qu'aux médecins qui les ont facturés.

Mme Lajoie (Geneviève) : Dans Gouin, pour succéder à Mme David...

M. Khadir : Juste pour clore sur ce sujet de frais accessoires...

Une voix : ...

M. Khadir : Everything is fine for you? OK.

Mme Plante (Caroline) : On va passer après.

M. Khadir : D'accord.

Mme Lajoie (Geneviève) : Est-ce que Québec solidaire veut absolument présenter son propre candidat ou il y a une ouverture pour un candidat qui pourrait faire l'affaire du Parti québécois et de Québec solidaire?

M. Khadir : Bien, je pense qu'il faut vraiment, absolument dégonfler une balloune ou, enfin, se débarrasser d'une confusion qui peut être entretenue sur ce sujet-là. Les personnes les plus enthousiastes pour des formules d'entente électorale ne prévoient pas ce genre d'entente pour des comtés où c'est deux partis indépendantistes qui sont des rivaux parce qu'après tout, l'idée, c'est de sortir les comtés de la main des fédéralistes, entre guillemets, pour ceux pour qui c'est le projet indépendantiste, et il en va de même pour la question du progrès social ou de l'austérité.

Donc, la question de céder la place ne se pose ni pour Gouin, ni pour Mercier, ni pour aucun comté dans lequel les deux premiers en lice, les deux qui sont susceptibles, qui sont les plus susceptibles de remporter le comté sont des indépendantistes ou des progressistes, etc. Donc, j'invite tous ceux qui pensent à ça, que ça soit M. Lisée, que ça soit les membres du PQ, de réfléchir à mieux que ça, là, et ils sont libres de présenter un candidat. Et je pense que les citoyens de Gouin méritent d'avoir, je dirais, la variété la plus grande et le choix démocratique le plus complet.

Mme Lajoie (Geneviève) : Si je vous comprends bien, il n'est pas question d'arrangement ou d'alliance dans un comté qui est déjà gagné, ou assuré pratiquement, ou représenté par un parti souverainiste?

M. Khadir : Oui, parce que ça serait inutile. C'est tout à fait superflu.

Mme Lajoie (Geneviève) : Donc, vous vous attendez à ce que le Parti québécois ne présente pas de candidat? C'est ce que je comprends.

M. Khadir : Non. Je me suis fait mal comprendre. Non, je m'attends à ce que le PQ présente un candidat. Ce que je suis en train de dire, si on s'écoute bien, c'est que les citoyens de Gouin méritent d'avoir le choix le plus complet sur le plan démocratique, d'accord?

M. Croteau (Martin) : Mais est-ce que vous…

M. Khadir : Alors, à quoi ça sert que l'un se retire en faveur de l'autre? Ce comté-là, vraisemblablement, va être entre les mains d'un souverainiste, alors aussi bien montrer aux gens de ne pas brouiller les cartes quant à la lecture d'où s'en va le peuple québécois dans ses choix. Si l'un ou l'autre se retire, tu sais, on ne le sait pas parce qu'il y a des gens qui vont voter… qui n'auront pas le choix de voter pour leur meilleur choix.

Et je ne dis pas que c'est mon premier choix, mais ceux qui sont favorables à ce que l'un ou l'autre du PQ, d'Option nationale, de Québec solidaire ou les verts se retirent en faveur d'un autre, c'est… Quand on veut sortir un comté des mains d'un parti de droite, d'un parti fédéraliste, d'un parti... je ne sais plus trop, là, bon, c'est dans ce genre de calcul là. Alors, quand il s'agit d'un comté souverainiste, ça ne sert strictement à rien. Donc, si on se comprend bien, le PQ est le plus que bienvenue de présenter un candidat ou une…

Mme Lajoie (Geneviève) : Puis vous, vous allez présenter votre candidat?

M. Khadir : Bien sûr, bien sûr.

M. Croteau (Martin) : Vous vous trouvez à restreindre de manière importante une éventuelle alliance avec le Parti québécois. C'est-à-dire, vous restreignez ça aux seules circonscriptions où le cumul des votes de QS et du PQ pourrait peut-être surpasser celui d'un autre parti?

M. Khadir : Merci d'avoir utilisé le terme «alliance», ce qui me permet de rectifier une autre confusion. Je le dis aujourd'hui, je réitère quelque chose qu'on a dit depuis toujours : Il n'y aura jamais, au grand jamais une alliance politique entre le Parti québécois, qui est un parti d'austérité, qui est un parti qui a appliqué des politiques néolibérales depuis au moins 1996, hein, le sommet socioéconomique de M. Bouchard… Il n'y aura jamais, jamais, jamais d'alliance politique. Le «jamais», je l'ai répété trois fois.

Il peut y avoir, suivant certaines formules proposées, des ententes, des pactes. Ceux qui le proposent, là, qui réfléchissent parlent de pacte, par exemple, de non-agression. Je le résumerais en langage de ruelle du Plateau : Achale-moi pas, je ne t'achalerai pas, d'accord? Achale-moi pas, je ne t'achalerai pas, mais je n'irai pas dîner à soir et je ne t'enfilerai pas une bague, comme certaines caricatures, avec toi devant le curé, comprenez-vous? L'alliance, les bagues d'alliance, ça, ça n'existera pas entre Québec solidaire... parce qu'on est deux partis différents. Nous, on n'est pas sur la scène politique pour gouverner comme le PQ a gouverné pendant des années, pour accepter les accords de libre-échange, le déficit zéro sur le dos des travailleurs, sur le dos des services publics, l'impossibilité de réformer la loi des mines, le bar ouvert pour les entreprises pour pratiquer l'évitement et l'évasion fiscale, on n'acceptera pas ça.

M. Croteau (Martin) : On parle ici, donc, d'ententes à la pièce qui seraient négociées, là, d'une circonscription à l'autre. On ne parle pas ici d'une espèce d'entente plus large, là, avec le Parti québécois.

M. Khadir : On a un comité qui a été formé à la suite de notre dernier conseil national pour, justement, un chantier de réflexion pour sonder nos membres, s'ils sont prêts, de considérer, d'envisager ce genre d'ententes qui seraient à la pièce. C'est-à-dire que, si jamais il y a quelque chose, ça pourrait être des ententes limitées de non-agression, d'accord, de non-concurrence, ce qui n'est pas une alliance. Je vous remercie de m'avoir posé la question. Il n'y aura jamais d'alliance politique, jamais, mettons, gouvernementale, etc., entre Québec solidaire et le PQ. Il faut vraiment que le PQ change fondamentalement, ce qui n'est pas dans les cartons du PQ.

Mme Lajoie (Geneviève) : Donc, le Parti québécois, s'il voulait, par exemple, former le prochain gouvernement avec Québec solidaire, c'est impossible?

M. Khadir : Pas dans les termes actuels du débat. Ils ne veulent même pas faire l'indépendance.

M. Croteau (Martin) : Une question sur un autre sujet avant de passer en anglais, question d'évacuer le sujet.

La Modératrice : Oui, vas-y.

M. Croteau (Martin) : Je suis curieux de vous entendre sur l'émission de Nathalie Normandeau. Au mois d'août, Philippe Couillard avait ordonné à ses députés de boycotter le micro de Mme Normandeau. Jean Charest a donné une entrevue à Mme Normandeau hier. Qu'en pensez-vous? Y voyez-vous une forme de défi à l'égard du premier ministre?

M. Khadir : Jean Charest, c'est le minimum qu'il doit à sa vice-présidente. Jean Charest est le suspect numéro un de la corruption politique et de la commission Charbonneau, de l'enquête de la commission Charbonneau, d'accord? C'est le suspect numéro un, comme Sarkozy a été le suspect numéro un du financement illégal obtenu de la Libye, d'accord? Jean Charest a une grande responsabilité dans toute l'histoire de la corruption, mais la seule qui en a pâti parmi les ministres à 100 000 $, dont Jean-Marc Fournier en est un, dont Philippe Couillard en est un, la seule qui en a pâti, c'est Mme Normandeau.

Alors, ces gens-là n'appartiennent pas à mon courant. Je n'ai aucune, comment je pourrais dire, aucune pitié pour des gens qui ont détourné des centaines de millions de dollars de contrats publics pour graisser la patte d'entreprises qui les ont financés. Mais, dans leur cadre, j'estime que M. Charest devait au moins ça à Nathalie Normandeau.

Ce qui est une lâcheté, c'est la lâcheté du premier ministre actuel, Philippe Couillard, qui n'est pas capable de reconnaître que Nathalie Normandeau n'a fait rien de pire que lui-même. Nathalie Normandeau a obéi à Jean Charest, ramassé 100 000 $ en retour de quoi le gouvernement a octroyé des contrats. Elle n'a rien fait de pire que Philippe Couillard ou Jean-Marc Fournier eux-mêmes ou d'autres ministres qui sont actuellement là, sauf que lui n'a pas le courage qu'a Jean Charest d'aller saluer et donner une tape dans le dos de son amie.

Mme Lajoie (Geneviève) : Mais est-ce que c'est dire, donc, que tous ces gens, M. Couillard, M. Fournier, tous ces ministres à 100 000 $ devraient aussi être accusés comme Mme Normandeau?

M. Khadir : J'espère bien. Sauf que, vous savez, nos mécanismes, nos mécanismes d'enquête et de poursuite sont frappés par toutes sortes de problèmes systémiques : le faible financement, le fait que la direction des poursuites criminelles semble répondre à des commandes politiques, la Sûreté du Québec semble répondre à des commandes politiques, et on en est là. Après des années, personne au sommet n'a été ennuyé, et le suspect numéro un, Jean Charest, qui était à la commande de l'État au moment où toutes ces choses-là passaient... Et il est clair aujourd'hui, si on relit attentivement le rapport de la commission Charbonneau, que le gouvernement a une lourde responsabilité. Bien, quand le principal suspect n'est pas ennuyé par la poursuite criminelle, comment voulez-vous que ça avance pour les autres?

M. Vigneault (Nicolas) : M. Khadir, sur les Canada Papers notamment, il y a un reportage de nos collègues, là, qui dit que le Canada est aussi, en quelque sorte, un paradis fiscal par ses mesures, par la façon de fonctionner, et tout ça. Il y a des compagnies qui sont établies ici pour cacher aussi de l'argent.

M. Khadir : Bien, je veux vraiment saluer et rendre hommage au travail que font vos collègues, que ça soit dans les différents groupes de médias, le vôtre et d'autres, parce que je pense que c'est un travail nécessaire et utile qui est en train d'être fait. Vous savez que Québec solidaire, ça fait longtemps, et on ne se gêne pas de dénoncer ces pratiques. Rappelons-nous que, dès l'époque où on a parlé même de la situation dans les mines, moi, j'ai dénoncé, et M. Parizeau l'a confirmé à l'époque en réaction à mes propos, sur un des premiers éléments qui permet ça, c'est-à-dire le «transfer pricing». Et, pour le «transfer pricing», pour que des organisations commerciales à travers le monde, des entreprises puissent pratiquer le «transfer pricing», qui est une des méthodes les plus répandues d'évitement et d'évasion fiscale, il faut inscrire des entités dans différentes juridictions à travers le monde. Et là on apprend que des malins se sont aperçus que le Canada, il a une bonne réputation, n'ayant jamais apparu dans les radars comme principal... comme, enfin, un endroit de paradis fiscal, comme un paradis fiscal, bien, ils ont utilisé Montréal et le Canada comme voie de passage pour inscrire leur entreprise.

Mais je rappellerais à nos auditeurs que, bien que le Canada ait échappé au radar, Alain Deneault, depuis de nombreuses années, a démontré que le Canada est quand même un paradis juridique, un paradis réglementaire pour les entreprises minières, qui pratiquent largement. Et ça, ce n'est pas juste Alain Deneault qui le dit, il y a un rapport du Congrès américain, en 2009, qui démontre que les secteurs extractivistes, que ça soit le pétrole ou les mines, sont les principaux secteurs qui utilisent le «transfer pricing» et des méthodes d'évitement fiscal agressif qui reviennent à de l'évasion fiscale, suivant les définitions propres au Québec.

M. Vigneault (Nicolas) : Et ça, c'est inquiétant?

M. Khadir : C'est très inquiétant parce que ça veut dire que les entreprises minières du Québec sont parmi ceux-là. Pendant qu'on est en train de parler de ces firmes qui sont inscrites puis qu'on s'en désole, les entreprises minières du Québec, les ArcelorMittal de ce monde ne s'en cachent même pas, ils ont tous une division au Luxembourg qui s'occupe du «transfer pricing». Et le «transfer pricing» est le mécanisme comptable avec lequel ces entreprises-là échappent le plus systématiquement à l'impôt. 9 milliards de dollars, mon cher ami, qui sont prélevés au cours des cinq, six dernières années en moyenne de notre sous-sol, 9 milliards. Donc, vous comprenez, si les entreprises minières trouvent des moyens d'échapper à l'impôt, les sommes astronomiques de redevances et de profits qui échappent aux Québécois.

Mme Lajoie (Geneviève) : Peut-être juste une dernière question, excusez-moi.

M. Khadir : Vous êtes revenue sur la source inépuisable que constitue Gouin? Une mine de questions.

Mme Lajoie (Geneviève) : Non, non, mais je voudrais vous entendre sur les premiers gestes de Donald Trump comme président américain.

M. Khadir : Oh! tellement de choses ont été dites que je me trouve dans la situation déplorable d'avoir l'impression de faire de la redite. Mais une chose est certaine, c'est que, si on ne trouve pas des solutions raisonnables au diagnostic fort juste que pose Donald Trump, hein... Vous savez, même le plus manipulateur et le plus menteur des politiciens, comme peut l'être Donald Trump, doit quand même appuyer une partie de son initiative politique sur des constats de ce qui fait mal aux gens, du désarroi du peuple. Et il est vrai que les États-Unis et le Canada, pas tout le monde, les travailleurs des États-Unis et les travailleurs canadiens ont été durement touchés par les accords de libre-échange.

Ce que ne dit pas Donald Trump, par exemple, l'autre mensonge, c'est que ce n'est pas les Canadiens qui sont les ennemis des travailleurs américains, ce n'est pas les travailleurs canadiens, ce n'est pas les travailleurs mexicains, c'est les entreprises qui, durant toutes ces années, ont profité de ces accords pour échapper à leurs responsabilités fiscales, pour échapper à la nécessité d'avoir une politique sociale qui soutienne l'emploi et l'activité économique locale. Donc, pour nous... Vous savez de quel camp je viens, moi, j'ai même déjà été arrêté, hein, en 2003 dans les contestations de ces accords de libre-échange à Montréal même parce qu'on a dénoncé ces accords, disant déjà il y a une vingtaine d'années que, pour nos économies ce n'est pas bon. C'est bon pour les multinationales, c'est bon pour les grandes entreprises, mais ce n'est pas bon pour les travailleurs et les travailleuses.

Donc, ce que nous proposons, au lieu du «free trade», là, qui fait l'affaire des multinationales et des grandes compagnies, nous, on propose le «fair trade», un commerce et des échanges équitables. Et, dans des échanges équitables, les gouvernements s'assoient et regardent, justement, les conséquences sur la pérennité des économies, sur les emplois et prévoient, à long terme, des transitions. Tout ça ne se fait pas juste au bénéfice des grandes corporations qui délogent des emplois pour aller chercher des marges bénéficiaires plus importantes.

Donc, je dirais que c'est malheureux, et, un peu comme notre pyromane-pompier ici, là, Gaétan Barrette, bien, Trump, c'est un autre pyromane-pompier. Lui, il sait très bien, ayant bénéficié de tout ça, à quel point l'accord de libre-échange nuit à l'économie américaine et aux travailleurs américains, aux travailleurs surtout américains. Mais moi, j'ai bien peur que les solutions qu'il propose vont plutôt tuer le malade que de le sauver.

M. Croteau (Martin) : Juste une précision, je fais suite à ma... Est-ce que vous vous attendez à ce que la relance du projet Keystone aux États-Unis... Quel impact vous vous attendez à ce que ça aille sur le débat sur Énergie Est? Et comment vous attendez-vous à ce que le gouvernement du Québec réagisse à la relance de Keystone?

M. Khadir : C'est sûr que nous pourrions être tentés par des propositions, je dirais, qui manquent un peu de solidarité, mais qui sont quand même très justes de M. Coderre, de dire : Bien là, il n'y a aucune raison, là, de continuer le projet TransCanada, sans parler de tous les scandales qui accompagnent TransCanada, et je vous en ai déjà parlé. Mais nous, nous sommes favorables à une solidarité continentale entre tous les acteurs, entre les communautés autochtones de l'Ouest canadien, les écologistes américains et les communautés autochtones américaines et nous, tout le mouvement Coule pas chez nous au Québec, pour amener les décideurs publics à abandonner les projets destructeurs de la planète que sont les projets de sables bitumineux, parce qu'on ne sera pas plus avancés au Québec si des milliards de barils de pétrole de sables bitumineux sont encore extraits parce que l'impact planétaire sur le changement climatique va être aussi dévastateur pour nous que ça coule à travers Keystone ou ça coule à travers TransCanada.

Donc, on est cohérents, et j'invite M. Coderre à élever son débat, à demander non seulement l'arrêt du projet TransCanada, mais à joindre sa voix à tous les autres pour demander à ce qu'on sorte les sables bitumineux de l'équation de la prospérité canadienne.

Mme Plante (Caroline) : Mr. Khadir, do you...

M. Khadir : Yes, my dear. I love so much to be able to use my English and to answer to...

Mme Plante (Caroline) : Do you think that Mr. Barrette should meet with Jean Coutu?

M. Khadir : I have very good relations with François Jean Coutu and I acknowledge the fact that the Coutu family has been among those, I would say, of the Québec Inc. and the Québec bourgeoisie or the Québec elites that have had the most respectful attitude globally, but I want to remind them that, for now 20 years, Quebeckers have spent too much on drug prices. We have been trapped by wrong policies to be among the places in the world where we were paying the highest prices. That represents now, over 20 years, several billions of dollars of our money that has been spent in pure loss. We have demonstrated that since 2006. And you know that last year the actual Government was forced to recognize that there is a need to curb down these prices. So, I would suggest that the best thing that the Coutu family... is to recognize that, for years, they have profited from a situation where they were unduly privileged — not because of them, but because of wrong choices of the Government — and to accept also the fact that the Québec people like them and they have a better fate in doing business here than anywhere else around the world.

Mme Plante (Caroline) : They have reason to be concerned about Law 81 and shortages of supply, etc.?

M. Khadir : No. And I would advise them not to bend into these specters — les spectres qu'on fait, hein? — these... j'ai même oublié le terme en français... les épouvantails. Comment on dit, en anglais, «épouvantail»?

Mme Plante (Caroline) :Ça m'échappe. A scare... scarecrows ou... Non. Oui, «scarecrows».

M. Khadir : Je n'ai pas compris. Scare...

Mme Plante (Caroline) : Scarecrows.

M. Khadir : ...crows. Yes. So, I suggest to them not to bend into these types of tactics to... that some big industry uses, not necessarily Jean Coutu. And I ensure you that, in New Zealand, when they have done much better and much stronger than here to curb down the drug prices, there have been no shortages, not any shortages more than here with our policies. You know, with existing policies, we have had shortages because too much depends on private initiative now. So, I recommend to Jean Coutu and all those Quebeckers who have feelings and respect for the public interest to accompany us in demanding to the Government to have even more stronger policies in curbing down the drug prices, not to disadvantage Jean Coutu, but to stop paying a big bill to multinational drug companies.

Mme Plante (Caroline) : Just to go back to my first question, should Dr. Barrette make the effort to meet with the Coutus?

M. Khadir : It depends to them. You know, it brings back the question : What is the role of money in access to power? If we criticize the fact that paying high prices to assist to a cocktail is unjust and unfair to have access to the lawyers… You know, there are commissions here, they have had the opportunity to come and represent their idea. Why should they have ability… access to the Minister and not all those patients that, for years, have paid «frais accessoires»… how do you… accessory fees…

Mme Plante (Caroline) : User fees.

M. Khadir : …user fees, or have paid high prices of drugs. I can even give a name : Daniel Saint-Louis, one of my patients. Daniel Saint-Louis, M. Barrette, Daniel Saint-Louis, one of my patients, has paid more than $250 each week for just bandages for a necessary care that, medically, is necessary. That should be covered by… So, why should… I don't know, that's up to him, but I know that, with Liberals and Conservatives, if you're a big business, you have immediate access to power.

Mme Plante (Caroline) : Last one for me, but can you reiterate, re-explain the advantages of a Pharma-Québec, for example?

M. Khadir : Pharma-Québec has been inspired by an initiative in New Zealand that has been copied by several other countries in the world. Pharma-Québec, essentially, is that the Government negotiates in bulk the prices of drugs, not only for generics but also for patented drugs. That has enabled New Zealand to curb down the price for the Government by two-thirds. So, in Québec terms, that could allow… if we do things as solidly and as energetically as New Zealand, that could mean $2 billion of economy, of savings for the Québec tax payers. But that's 10 years that I am saying that to the Liberal Government, they didn't want to listen. Now, we're progressing a little bit. I don't know of much of it we will obtain.

But there is something else that Pharma-Québec has always recognized, that Pharma-Québec will be more efficient if we have universal drug coverage, not two-thirds, one private, one public, exactly because of the reasons that covering all the Quebeckers instead of covering just 3 million… but the whole 8 million, for one, you have part of the «cotisations», the fees that they are paying to private insurances that we pay to Government, and then the Government has a bigger leverage of negotiation because it's negotiating for 8 million people instead of 3 million and obtaining very good prices, as New Zealand.

Mme Plante (Caroline) : Yet, Mr. Barrette, this morning, said that Pharma-Québec would be the worst thing, you know, that Québec could possibly do, much worse than anything he's ever done.

M. Khadir : Of course, because… No, but it's… Sure, because he can't… as a right-wing politician, he can't recognize when a public… because he is very keen in privatizing everything, you know. The reforms that he is implementing, Optilab, all these concentrations and centralizations of decision making and optimisation are all… or these changes, you know, the cuts in the public sector and the superclinics, all these are pointing in the direction of privatization. So, for somebody like him, he can't recognize the formidable aspects of Pharma-Québec.

But he's saying that to you today, but, when the previous chief executive officer of the New Zealand Pharmac, which is the equivalent of Pharma-Québec, came here, in Québec, to testify, he was just amazed and he was full of praise for the model. But, of course, he can't recognize it because then he would have to recognize that his Government has failed all those years in not answering to our proposals.

Mme Fletcher (Raquel) : You said that Québec specialists are graciously paid, they are paid more than 8 % of the average salary.

M. Khadir : Eight times. No, no, no, eight times the average salary in Québec, OK?

Mme Fletcher (Raquel) : Eight times, OK.

M. Khadir : OK, in Québec, we're paid, on average, eight times the average salary of Québec citizens. In Great Britain, it's just four times and, in France, it's not more than three times. So, we're among the best well-paid professional doctors in the world, OK? We're even better paid than in Ontario, where they have higher living costs. So, enough is enough. We are largely paid, that's much to cover all those accessory costs that some greedy physicians… And I remind you, they are really the minority. I want to remind you : that minority controls FMOQ and FMSQ, because the vast majority of physicians in Québec are not greedy and don't want anything about those «frais accessoires».

Mme Fletcher (Raquel) : And where did you get those numbers from?

M. Khadir : The recent study done by IRIS, l'institut de recherche en socioéconomique, and it has shown that, compared to the average salaries practiced in France, Great Britain and Québec, we are eight times the average salary.

Mme Fletcher (Raquel) :Would you be able to send me that study?

M. Khadir : Of course. I will… sure.

Mme Fletcher (Raquel) : OK. Thank you. Thank you so much.

M. Khadir : Merci bien.

(Fin à 14 h 25)

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