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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Le mardi 16 mai 2017, 11 h 40

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures quarante-sept minutes)

M. Khadir : Alors, d'abord, quelques mots sur les conséquences des inondations pour les sinistrés à l'échelle du Québec. Québec solidaire, nous sommes particulièrement intéressés et attentifs à tous les citoyens, les commentateurs, les experts qui se prononcent sur la nécessité d'un programme national d'assurance contre les inondations. Nous avons lancé cette idée dimanche parce que de trop nombreux citoyens, individuellement, ont maille à partir... pour différentes raisons, parfois c'est de l'incompréhension, des imprécisions dans leurs contrats. D'autres fois, c'est des complications liées à la nature des contrats, mais il est impératif qu'à plus long terme on n'abandonne pas nos citoyens à traiter individuellement ces cas-là.

Et l'autre idée, d'un programme d'assurance collective contre les inondations, est le fait que ça pourrait être excessivement coûteux pour des citoyens individuellement et également pour les compagnies d'assurance, donc de là l'importance de mutualiser les risques à l'échelle de toute une nation, exactement sur le modèle qu'on a déjà fait pour l'assurance automobile. Et je vous rappelle, à l'époque aussi, il y avait toutes sortes d'objections, mais aujourd'hui, tout le monde est unanime, l'assurance automobile a permis au Québec d'avoir les prix les plus compétitifs et l'assurance qui assure la plus grande quiétude d'esprit pour tous les citoyens du Québec qui sont des conducteurs automobiles.

Maintenant, je prends toute autre question sur les sujets de l'heure.

M. Laforest (Alain) : Qu'est-ce que vous pensez du fait que M. Lelièvre a annoncé ce matin qu'il quittait le caucus à la suite des allégations révélées par le bureau d'enquête de Québecor?

M. Khadir : Je dois dire qu'il a pris la seule décision qui s'imposait. Moi, j'ai déjà réclamé pour moins que ça de d'autres députés, y compris des députés libéraux, de donner leur démission. Bon, j'espère que là, au moins, une première, je dirais... parce que c'est une première. On n'avait pas vu ça dans le passé. Trop longtemps, les dirigeants des partis, que ça soit au PQ ou aux libéraux, commencer par nier, nier, nier jusqu'aux extrêmes.

Je dois reconnaître que M. Lisée a eu le bon réflexe de sa part, c'est-à-dire de dire : M. Lelièvre n'a plus sa place au caucus du PQ. Moi, je suis triste pour les citoyens de Gaspé, je suis triste pour l'ensemble des citoyens de la Gaspésie, de l'ensemble du Québec, parce qu'après tout ça entache encore notre vie politique et ça diminue encore la confiance qu'on peut avoir dans les vieilles élites politiques qui sont au pouvoir actuellement, et surtout parce que les gens se disent : Bien, il y a un contrat dont on entend... Il y a combien d'autres contrats à travers le Québec qui ont été donnés en retour d'avantages reçus par des administrateurs locaux, des maires des municipalités, des préfets de MRC? On peut se poser la question.

Maintenant, moi, si j'étais à la place de M. Lelièvre, je donnerais ma démission, point, comme député. Il faut avoir des standards plus élevés que ça pour la vie publique, pour restaurer la confiance de la population. Je suis très triste pour lui aussi personnellement. C'est un homme aimable, respectable, courtois, mais la réalité, c'est que les gestes qu'il a commis, c'est les gestes pour lesquels depuis six, sept ans, on s'évertue à essayer de comprendre comment tout ça se passait.

On a dépensé 50 millions en commission — je parle de la commission sur la collusion dans l'octroi des contrats publics — et on perd l'essentiel de nos énergies aujourd'hui. Et surtout, quand ça survient chez des députés de l'opposition, bien, ça affaiblit la posture de l'opposition pour pouvoir critiquer le gouvernement libéral.

M. Lacroix (Louis) : M. Khadir, M. Lelièvre a dit tout à l'heure, a admis, en fait, que les faits rapportés sont véridiques, mais il dit que ce ne sont pas des gestes illégaux. Il dit qu'il n'a jamais commis de geste illégal. Est-ce que, pour vous, quelqu'un qui a une charge comme directeur général d'une ville et qui accepte des cadeaux provenant d'un entrepreneur, est-ce que c'est un geste illégal, selon vous? Parce que lui, il dit que ce n'est pas illégal. Il dit que ça manque à l'éthique mais que ce n'est pas illégal.

M. Khadir : Si, pour lui, ça suffit, je trouve triste qu'après sept ans de débats alentour de ces sujets-là qu'il pense qu'il peut introduire ce genre de nuance et de distinction. C'est des gestes immoraux, contraires à l'intégrité de la fonction publique, qui ont été posés par nombre de responsables politiques à l'échelle des municipalités puis aussi au gouvernement du Québec, puis, si on veut assainir tout ça, ce n'est pas par des règles et des provisions de lois encore plus répressives, parce que toute loi peut être contournée. On peut toujours trouver le moyen de prendre des précautions pour que ça ne soit pas illégal, mais est-ce qu'on sera sortis du problème? Non.

Malheureusement, j'en suis venu encore une fois à devoir répéter que la seule solution véritable à ce problème de corruption endémique depuis 30 ans, c'est de changer la classe politique profondément, de changer sa culture, et ça ne sera pas avec les vieux partis, quoi que je pense de la volonté d'intégrité des membres actuellement de l'Assemblée nationale. Il y a une vieille gangrène qui est là et il faut opérer une action chirurgicale, c'est-à-dire se débarrasser de l'ancienne élite politique qui trempe depuis trop longtemps là-dedans.

M. Plouffe (Robert) : Donc, ce que vous dites, c'est que M. Lisée vient aujourd'hui de donner l'exemple à M. Couillard. C'est ça?

M. Khadir : J'espère que M. Couillard est attentif à la manière dont on doit agir. C'est sûr qu'on voit une différence fondamentale entre une décision rapide, efficace, qu'on aurait souhaité voir plus souvent du côté des libéraux.

Cependant, c'est sûr que ce n'est pas la fin de l'histoire, n'est-ce pas? Il y a une réflexion plus profonde sur : Comment est-ce que les vieux partis arrivent au pouvoir, grâce à quels réseaux, à quels réseaux d'influence et de présence locale? Bien, c'est souvent sur une vieille classe politique qui est là depuis longtemps et qui, par la nature même de la manière dont les choses se passaient au Québec pour l'octroi des contrats en retour d'avantages, bien, on se ramasse régulièrement avec des révélations qui entachent la vie publique, qui entachent la vie publique de l'ensemble des députés ici, à l'Assemblée nationale.

M. Bovet (Sébastien) : Avez-vous la démonstration que M. Lelièvre a donné des contrats en échange de cadeaux?

M. Khadir : En tout cas, il faut être bien naïf puis vouloir délibérément se fermer les yeux pour croire qu'on peut facilement donner le bénéfice du doute dans un cas pareil quand un contrat de 50 quelques millions a été donné sans appel d'offres et puis que la personne responsable, le plus haut responsable, qui était responsable de ce dossier-là, a obtenu des avantages directs de la compagnie qui a obtenu ce contrat et dont les responsables de la compagnie ne se gênent pas pour mentionner que les services qu'ils sont en train de rendre sont liés aux efforts qu'ils mènent, dans leur développement des affaires, pour obtenir ce contrat.

Donc, à un moment donné, il faut cesser de se prendre nous-mêmes pour des idiots et de nous mettre la tête dans le sable. D'accord? De se prendre nous-mêmes pour des autruches, autrement dit, comme disait un de mes anciens collègues.

M. Bovet (Sébastien) : Des autruches idiotes. Pourquoi M. Lelièvre n'est plus digne de siéger à l'Assemblée nationale?

M. Khadir : C'est une question de restaurer la confiance du public. Ce que je m'attends de n'importe quel député, c'est, lorsque des allégations sont aussi probantes… Il n'a plus la sérénité et la confiance nécessaires pour agir comme représentant des citoyens de sa circonscription. Il a besoin de tout son temps, de toute son énergie pour aller se défendre, sur la place publique ou en cour, restaurer sa légitimité et revenir, s'il le veut.

Mais comment est-ce qu'on peut travailler en toute sérénité, rencontrer des groupes, rencontrer des citoyens, rencontrer des partenaires sociaux dans des circonstances pareilles?

M. Bélair-Cirino (Marco) : Comment doit-il s'y prendre pour restaurer sa crédibilité, dans la mesure où il n'y a aucune accusation? Vous dites qu'il pourrait le faire devant la cour, mais il n'y a pas d'accusation portée contre lui, contrairement à l'ancien maire M. Roussy.

M. Khadir : Qu'il nous prouve que le contrat qui a été donné à Roche a été sans tache. Il peut le faire. Je ne sais pas, je m'en remets à lui, mais, dans les circonstances actuelles, alors qu'il reconnaît… Il n'a nié aucun des éléments de tout ça. Tout ce qu'il dit, c'est que ce n'est pas illégal, et encore là... Et encore là, dans mon livre à moi, lorsqu'il y a des communications d'influence entre des entrepreneurs et leurs représentants, directement, qui offrent des avantages de nature matérielle à des responsables qui donnent des contrats, puis ensuite, ces mêmes entreprises obtiennent des contrats, l'apparence même de conflit d'intérêts est accablante et digne de coûter sa position à un responsable à un tel niveau.

Parce que là, on parle d'un contrat de 50 millions puis de pratiques répétées. Il n'y a pas, tu sais, un truc de hockey où on dit : Bon, il a mal réfléchi à un moment donné. On parle de ce qui semble être une habitude, une pratique courante et répétée dans le temps. Qu'est-ce qu'il faut de plus?

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais qu'est-ce qu'il faut de plus? La commission Charbonneau avait cette information-là entre les mains, selon M. Lelièvre.

M. Khadir : La commission Charbonneau… D'accord, très bien. Vous avez entendu ma réponse.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui, vous dites : Qu'est-ce qu'il faut de plus?, alors que des procureurs chevronnés avaient cette information-là entre les mains et n'ont rien fait?

M. Khadir : Notre situation au Québec, comme d'ailleurs ailleurs... mais aujourd'hui, au Québec, au moins, on a cette information. Les problèmes que la commission Charbonneau devait régler, notamment de surmonter les objections de M. Renaud, qui feintait de ne pas comprendre... Je parle de...

Une voix : Renaud Lachance.

M. Khadir : Renaud Lachance, M. Renaud Lachance, qui feintait, qui faisait semblant de ne pas comprendre tout ça, nous a coûté bien, je dirais, des réalisations à la commission Charbonneau.

Alors, ce n'est pas parce que la commission Charbonneau n'a pas pu... et d'ailleurs n'avait pas le mandat d'écrouer les gens. Elle avait le mandat de jeter une lumière crue sur la situation. C'est maintenant à l'UPAC, c'est aux policiers de faire ce travail-là, et on sait tout le problème qu'on a à obtenir des réponses claires pourquoi l'UPAC n'agit pas avec plus de diligence, pas seulement dans ce cas-là, là. Ça, c'est un cas de quelqu'un qui n'est même pas en mesure de nuire aujourd'hui.

Moi, je peux vous poser la même question. Comment ça se fait qu'avec la commission Charbonneau et l'UPAC Jean-Louis Dufresne est aujourd'hui l'homme le plus fort dans l'administration publique? Je parle du chef de cabinet de M. Couillard, dont des révélations à la commission Charbonneau sont encore plus accablantes que ce qu'on a entendu, qu'on voit ici.

M. Bélair-Cirino (Marco) : M. Lelièvre a été ministre délégué aux régions dans le gouvernement Marois. Est-ce qu'un examen des contrats ou des ententes conclues entre le ministère et des firmes de la Gaspésie doit être effectué?

M. Khadir : Sans doute. C'est un aspect auquel je n'avais pas réfléchi. Bien sûr, une fois que... à partir de là, il y a bien des questions qu'il faut se poser sur les mandats exercés par M. Lelièvre, bien entendu.

M. Hicks (Ryan) : Do you think that Mr. Lisée went far enough, kicking him out of caucus temporarily or should he resign completely?

M. Khadir : As I understood, it was done indefinitely, not temporarily. He was laid off from the PQ, but that's the only thing that the head of PQ can do. And I'm glad that he didn't commit the mistake of Mr. Couillard or Mr. Charest, all along these years in power, to deny, and deny, and try to justify.

Now, on the other hand, as I mentioned, that's not enough for us. Mr. Lelièvre should resign. That's pure and simple, he should resign, as we have asked about other members of the National Assembly, namely Mr. Hamad, namely Mr. Gerry Sklavounos, all those brilliant members of the Liberal deputation.

M. Hicks (Ryan) : What do you think about… How do you compare the way the Premier deals with these situations versus the way that Mr. Lisée dealt with this situation?

M. Khadir : I think there is a clear distinction, there is a wide gap. Unfortunately, the Prime Minister Couillard has very poor judgment on ethical issues, probably because he himself has had many, many important ethical issues. Remember tax heavens, the Jersey Island, remember his association with Porter, remember the fact that he was dealing a job while his was a minister, just before resigning. He has a very deep gap of understanding elementary notions of integrity in the exercise of public function.

M. Hicks (Ryan) : What do you think about the fact that Mr. Lelièvre admitted this information to the Charbonneau Commission, but then, nothing came out…

M. Khadir : He didn't admit it. He didn't mention a lot of these details. He pretends now that he admitted all the details. That's not true. He didn't Headmit the content of these emails. He said that nothing wrong had happened to «commission Charbonneau» and he pretends that nothing wrong means nothing illegal.

I'm not sure of that, first, but he didn't reveal the type of advantages he had received. He didn't mention it to «commission Charbonneau», he didn't mention it to his party. That why the «commission Charbonneau» or the UPAC couldn't do maybe more, but there are a lot of things that the «commission Charbonneau» did not do because, first, of Mr. Renaud Lachance, the other commissioner who pretended not understand all thing were happening.

M. Hicks (Ryan) : I just want to ask you about the floods because you were coming here to talk about flooding. So what was your announcement you wanted to say?

M. Khadir : So, yes, last Sunday, we met the press with victims of the flooding to explain how, just in one street in Bizard Island and West Island of Montreal four residents had difficulties with different aspects of their insurances, and so thousands of Quebeckers who have been victims of a flood are left alone trying to deal with big, big insurance companies. Imagine going to court with these companies trying to have your rights respected while you're in a midst of such an upheaval in your existence, such a disaster.

So that's why we think Canada and Québec should have a comprehensive national public insurance program for these things, so that the cost is reduced for everybody, once; second, everybody is really protected adequately; and third, the Government being involved in that insurance will do more in prevention. Actually, the Government hasn't done much in a lot of things that we realize now that the Government should have done in the long term but even in the just the two weeks before what happen in the West Island or a lot of places would have been done in a government responsible of paying for the disaster, as we see in «assurance automobile», the insurance. As you know, there are very strong campaigns of prevention, of security on the road. Why? Because public funds are paying for the insurances. So that's why we need a good national public insurance, where we will mutualize all the risks among all the Quebeckers. So everybody pays a little bit, but everybody is protected.

Des voix : ...

(Fin à 12 h 3)

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