(Onze heures treize minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour, tout
le monde. Malheureusement, encore une fois, on a une rentrée parlementaire qui
est teintée par une odeur qu'on connaît beaucoup trop, celle du manque
d'éthique des libéraux.
Hier, à Québec solidaire, on a annoncé notre
volonté de faire de la question de l'économie et du travail la grande priorité
de Québec solidaire, mais on craint bien malheureusement, encore une fois, que
ces sujets-là soient occultés, qu'au lieu de parler du bilan catastrophique des
libéraux en matière d'économie, au lieu de parler des conséquences de la vision
économique des libéraux sur la majorité des Québécois et des Québécoises, bien,
qu'on soit encore une fois plongés dans des débats et des controverses sur
l'éthique du gouvernement libéral de Philippe Couillard.
Pourtant, si on en parlait un peu plus du bilan
économique des libéraux, on se rendrait compte qu'il n'a rien d'exceptionnel,
bien au contraire, parce que, contrairement à ce que prétend Philippe
Couillard, la création d'emplois du gouvernement libéral, elle est loin d'être
exceptionnelle. M. Couillard, depuis son entrée au pouvoir, a créé à peu près
50 000 emplois par année. Ça, c'est la moyenne de création d'emplois dans
les 25 dernières années au Québec. Ça n'a absolument rien d'impressionnant ni
rien d'exceptionnel.
Sur le plan du chômage aussi, M. Couillard
se vante beaucoup, nous dit que le taux de chômage démontre ses grandes
réussites en matière économique. On rappelle à tout le monde que le taux de
chômage, ce n'est pas le seul indicateur d'une économie qui va bien, bien au
contraire. L'endettement des familles de la classe moyenne n'a jamais été aussi
élevé, le nombre de burnout, d'épuisements professionnels n'a jamais été aussi
élevé au Québec. Ça, ce ne sont pas des signes d'une économie qui va bien, bien
au contraire, c'est des signes d'une économie qui épuise les gens qui la font
rouler.
Si l'économie, elle va bien, en fait, c'est
pour une poignée de gens au Québec. L'économie, elle va bien pour les
dirigeants de Couche-Tard, pour les dirigeants de Bombardier. L'économie, elle
va bien pour les cadres de l'ARTM, elle va bien pour Pierre Marc Johnson qui a
vu son salaire doubler la semaine dernière. Pour tous ces gens-là, l'économie
va bien et, en fait, elle va bien depuis 15 ans, l'économie, pour les
dirigeants québécois.
Là où le bât blesse, c'est sur le terrain,
dans la vie des travailleurs et des travailleuses, où il y a encore
énormément... Il y a encore près d'un million de personnes au Québec qui font
moins de 15 $ de l'heure. Il y a beaucoup trop de gens au Québec qui
travaillent et qui restent pauvres, qui doivent notamment s'alimenter dans des
banques alimentaires. Alors, pour tous ces gens-là, l'économie, non, elle ne va
pas bien.
Cette session, on va donc remettre de
l'avant nos alternatives en matière économique, notre vision d'une économie qui
vraiment est au service des gens et non pas des dirigeants.
Mme Massé : Le manque
d'éthique au niveau des différents scandales qui se passent au niveau libéral
nous occulte aussi une autre dimension actuellement qui est chère au coeur de
Québec solidaire, c'est la question de la démocratie. Et là je nous pointe
tranquillement vers la question catalane. Actuellement, en Catalagne, il est en
train... en Catalogne, pardon, il est en train de se passer quelque chose
d'inacceptable.
Il y a un gouvernement central qui est en
train d'empêcher un peuple de se prononcer de façon démocratique sur l'avenir
de... pour la suite des choses, sur l'avenir de son pays. Ce qui est, pour nous,
inacceptable là-dedans, c'est que le droit international reconnaît depuis
longtemps le droit à l'autodétermination des peuples. Madrid en décide
autrement. Madrid décide que de la production de dépliants en faveur de
l'indépendance de la Catalogne doit être confisquée. Madrid considère que les
maires et mairesses qui démocratiquement veulent permettre la réalisation du
référendum catalan, bien, ces gens-là sont convoqués et sont perçus, sont
indiqués comme étant à l'encontre de la loi. Il y a quelque chose qui ne marche
pas.
En démocratie, l'expression populaire est
quelque chose de fondamental et c'est pour ça que je dis que c'est triste. On a
demandé au gouvernement canadien, on a demandé au gouvernement Couillard
d'intervenir pour faire respecter les droits fondamentaux du peuple catalan. La
réponse, c'est : Ça les regarde, on ne va pas intervenir là-dedans. C'est
dramatique. L'ensemble de la communauté internationale devrait réagir à ce qui
se passe présentement en Espagne. C'est des droits fondamentaux reconnus à
travers les chartes internationales, et je suis très attristée que nos deux premiers
ministres ne se sentent pas assez démocrates pour reconnaître à ce peuple-là
son droit à l'autodétermination.
Cet après-midi, il y aura, de la part de
la députée de Vachon, une motion justement à l'effet que l'Assemblée nationale
du Québec soutienne le peuple catalan, réaffirme les droits internationaux, les
chartes, et j'espère que tous les indépendantistes, d'une part, du Parlement
soient en faveur de cette motion, mais aussi et surtout ceux et celles qui se
croient démocrates, qui se disent démocrates, redonneront le droit de
démocratie aussi au peuple catalan.
Le Modérateur
: Merci.
On va prendre les questions en alternance. Alain Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) : Bonjour
à vous deux. Ce matin, M. Legault a réaffirmé le fait qu'on doit réduire
les impôts de 500 $ par personne, 1 000 $ par famille. Vous
semblez dire que les Québécois n'en ont pas assez. Est-ce que vous le supportez
dans cette veine-là?
M. Nadeau-Dubois : La
priorité en ce moment au Québec, ce n'est pas de donner 500 $ de baisses
d'impôt, c'est de faire augmenter les salaires des gens pour que ces gens-là
dépensent dans leurs économies locales et régionales qui créent des emplois.
Des baisses d'impôt, comment dire... La vision de l'économie qui ne prêche que par
des baisses d'impôt, c'est la vision libérale, et, la vision libérale, on en
constate actuellement les effets. C'est un appauvrissement des familles de la
classe moyenne, c'est une augmentation des inégalités sociales. On l'a appris
récemment, là, le revenu médian des Québécois, il n'augmente à peu près pas
depuis plusieurs années, et donc ce que M. Legault propose, c'est la même
recette que la recette libérale. Et essayer la même recette et s'attendre à des
résultats différents, ce n'est pas exactement notre définition de la cohérence.
M. Laforest (Alain) :
M. Lisée a réclamé ce matin qu'on arrête la commission sur le racisme
systémique en disant... je ne répéterai pas les mots de M. Bergeron à une
certaine époque, une patente à gosses, là, mais il laisse entendre que ça ne
fonctionne pas, que ça ne va pas fonctionner, qu'on n'est pas là, que ça ne
donne absolument rien.
Est-ce que vous êtes toujours dans cette
veine-là? Je crois que vous appuyez plutôt le fait de tenir cette
commission-là.
M. Nadeau-Dubois : Il
faut arrêter de démoniser cette commission-là. Si l'exercice est bien fait dans
la transparence et de manière non partisane, ça peut être un moment de
réflexion important pour le Québec. Ceci étant dit, ce n'est pas vers là qu'on
s'en va à l'heure actuelle. À l'heure actuelle, les libéraux ont fait preuve
d'un manque de transparence, d'un manque de sérieux, qui en effet met à mal la
crédibilité de la commission.
Pour Québec solidaire, il est minuit moins
une. Je veux dire, le premier ministre doit intervenir maintenant, là, pour
corriger le tir puis pour sauver la crédibilité de la commission. Nous, on
pense qu'il n'est pas trop tard, mais c'est une commission qui a sérieusement
du plomb dans l'aile et, si on veut que ça se passe bien, il faut agir
maintenant parce que, si la tendance se maintient, en effet, cette
commission-là ne jouera pas le rôle qu'elle devrait jouer.
Mme Massé : Et c'est
d'ailleurs pourquoi, depuis la semaine dernière, on invite l'ensemble des
partis, au lieu de démoniser, au lieu de dire que ça ne donnera rien, au
contraire, de s'asseoir ensemble et dire : Comment on va y arriver? Parce
qu'il y a des gens qui, au jour le jour, vivent les situations de racisme, et,
dans ce sens-là, ce n'est pas en démonisant, ce n'est pas en disant que cette
consultation-là a pour but de juger les Québécois et Québécoises comme quoi ils
sont racistes, ce n'est pas ça, l'enjeu. C'est qu'il y a des gens qui la
vivent, cette discrimination-là, et qui nous demandent collectivement d'agir
pour que ça cesse.
Le Modérateur
: Marco
Bélair-Cirino, Le Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) : La
semaine dernière, vous avez tendu la main au premier ministre Philippe
Couillard afin qu'il s'assoie avec vous pour revoir le format de l'exercice de
consultation sur la discrimination systémique. Il a refusé. Vous pointez de
graves problèmes. Est-ce que la commission, dans sa forme actuelle, devrait être
suspendue?
M. Nadeau-Dubois :
Actuellement, le format, il n'est pas satisfaisant. Le caractère confidentiel
des rencontres, notamment, c'est un problème, parce que l'intérêt de cette
commission-là, ce n'est pas de faire un procès, c'est d'aller écouter, d'aller
entendre les gens qui, sur le terrain, vivent la discrimination et du racisme.
Mais, si on fait ça à huis clos, on passe à côté de l'objectif.
Donc, pour nous, c'est clair, là, on n'est
pas ici pour venir à la rescousse de la formule actuelle. Au contraire, on dit :
Cette formule-là, elle n'est pas satisfaisante. Est-ce que ça veut dire pour
autant qu'il faut jeter le bébé avec l'eau du bain et se débarrasser de toute
la commission? On pense qu'il est encore temps d'agir, que c'est encore possible
de faire des modifications. Mais, si ce n'est pas fait, si le gouvernement
Couillard s'entête, bien, la question va se poser, en effet, de, si ce n'est
pas mieux, disons, de surseoir à l'exercice pour le moment. À ce stade-ci, on
n'est pas là. Nous, on pense que c'est encore possible d'améliorer la formule,
mais il faut le faire et il faut le faire maintenant, parce que même les gens
qui ont demandé cette commission-là au départ le disent aussi que ce n'est pas
satisfaisant.
Par ailleurs, on l'a déjà fait au Québec,
l'exercice, un exercice qui peut ressembler un peu, celui de la commission
Bouchard-Taylor, et, de manière générale, ça s'est bien déroulé. Ça s'est bien
déroulé, et on a fait la démonstration, donc, il y a une dizaine d'années,
qu'on est capables d'avoir ces débats-là au Québec, qu'on est capables de le
faire sans faire le procès de personne puis de le faire devant public, de le
faire de manière transparente. Donc, on l'a fait il y a 10 ans, on peut le
refaire aujourd'hui. Il faut juste mettre des bonnes conditions, et nous, ce
qu'on demande à Philippe Couillard, c'est de mettre ces conditions-là en place
le plus rapidement possible.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Avez-vous
été étonnés hier d'apprendre que, quelque cinq mois après avoir eu en main la déclaration
écrite de M. Francoeur, que la Sûreté du Québec et les autres corps de
police impliqués dans l'enquête sur ces allégations n'aient pas rencontré
Jean-Marc Fournier ou Raymond Bachand et qu'en plus hier on apprenne que
l'équipe d'enquête est élargie, cinq corps de police plus le Bureau des
enquêtes indépendantes, qui va maintenant cogérer l'enquête avec un corps de
police, alors qu'il doit préserver comme la prunelle de ses yeux son
indépendance?
M. Nadeau-Dubois : Tout ça est
très inquiétant. M. Lafrenière est venu ici au mois de mars, au printemps
dernier, pour rassurer les parlementaires, rassurer les Québécois que les enquêtes
avançaient puis qu'il allait y avoir des résultats. Plusieurs mois plus tard,
on est au même point, pas d'accusation déposée, pas de résultat concret. Je
pense qu'on n'est pas les seuls, là. Il y a beaucoup de gens au Québec qui
veulent des résultats.
Pourquoi l'enquête Mâchurer n'avance pas?
Pourquoi l'UPAC ne fait pas d'arrestation? Ce n'est pas vrai que c'est juste
Nathalie Normandeau, là, qui mérite de répondre aux questions de la justice. Donc
là, ça va faire, le niaisage. Il faut des résultats, il faut des résultats rapidement.
Et moi, je suis un peu interloqué de voir une descente de l'UPAC ce matin, le
lendemain ou le surlendemain de révélations. Pourquoi ça prend ça pour que ça
débloque? Et là encore on est au niveau municipal. On a l'impression qu'à
l'UPAC, tant qu'on est loin du palier provincial, on est capable de travailler,
mais que, dès qu'on s'approche du gouvernement du Québec, là, tout bloque. Et,
pour nous, c'est un problème. On s'attend à des résultats rapides, parce que,
là, ce qui s'en vient dans un an, c'est les élections, et il faut qu'en 2018
les Québécois, Québécoises soient capables de voter en toute connaissance de
cause. Il faut que les gens, en octobre 2018, soient capables de savoir s'ils
votent pour des gens et des partis honnêtes ou malhonnêtes.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Juste rapidement, est-ce que le BEI devrait assurer la direction de l'enquête
sur les allégations d'Yves Francoeur?
M. Nadeau-Dubois : Bien
honnêtement, là, BEI ou pas BEI, l'important, c'est qu'il y ait des résultats.
Si l'inclusion du BEI dans le dossier peut accélérer les choses, on va être les
premiers à s'en réjouir, mais, à ce stade-ci, après plusieurs années, il faut
des résultats. Si le BEI accélère les choses, tant mieux.
Le Modérateur
: Patrick
Bellerose, Journal de Montréal.
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour. Justement, qu'est-ce que ça vous dit que le BEI et d'autres corps
policiers aient été appelés en renfort pour élargir l'enquête cinq mois après
le début de l'enquête?
M. Nadeau-Dubois : Québec
solidaire n'est pas dans le secret des dieux à ce niveau-là, hein? Qu'est-ce
qui se passe exactement à l'intérieur de l'UPAC, qu'est-ce qui bloque le
processus d'enquête, nous, on n'est pas en mesure de répondre à cette
question-là. Il faut la poser à l'UPAC et au gouvernement qui l'a mis en place.
M. Bellerose (Patrick) : ...début
de l'enquête?
M. Nadeau-Dubois : Bien, moi,
je pense qu'il y a énormément de choses qui jettent des doutes sur qu'est-ce
qui se passe à l'UPAC. Il y a énormément de raisons de s'inquiéter du travail
de l'UPAC. Pourquoi est-ce qu'il n'y a pas de résultats? Pourquoi est-ce qu'il
n'y a pas d'arrestations? Et bien sûr, oui, le fait qu'on inclut le BEI, ça
semble être une manière de reconnaître qu'il a besoin d'aide, là, ou qu'il a
besoin, en tout cas, qu'on vienne en renfort à l'UPAC. Et si l'UPAC faisait
bien son travail, on n'aurait probablement pas besoin d'appeler le BEI en
renfort.
M. Bellerose (Patrick) :
Hier, votre collègue a demandé la démission de M. Fournier. Est-ce que M.
Fournier a la crédibilité aujourd'hui pour se lever en Chambre à titre de
leader parlementaire?
Mme Massé : Bien, vous savez,
ce n'est pas la première fois qu'on demande à M. Fournier de se retirer, parce
que M. Couillard nous avait avisés, d'entrée de jeu, à cette législature, qu'il
voulait tourner la page avec l'ère Charest, et, en se réentourant de gens qui
étaient ministres, qui avaient un rôle actif au sein du gouvernement Charest,
c'est sûr que M. Couillard ne nous rassure pas.
Aujourd'hui, il n'a pas demandé à son
ministre... à son leader, pardon, de se retirer. Encore là, il y a peut-être
des questions à se poser, parce que, vous savez, ce qui finit par vraiment être
choquant dans toutes ces séquences-là, depuis plusieurs mois, c'est qu'y
compris M. Fournier, y compris M. Couillard ne reconnaissent pas qu'ils sont
encore très près de tout ce que l'ère Charest nous a amené comme collusion et
corruption, et que nous souhaitons largement, après la commission Charbonneau,
avoir des résultats sur les enquêtes au niveau provincial... au niveau, je veux
dire, du gouvernement du Québec, pas seulement au niveau des municipalités.
M. Bellerose (Patrick) : Donc,
est-ce que M. Fournier a la légitimité pour se lever en Chambre aujourd'hui?
Mme Massé : M. Fournier, selon
nous... Quand on demande la démission d'un député, d'un ministre, d'un leader,
c'est que, d'après nous, selon nous, à Québec solidaire, il n'a pas la
légitimité d'être là parce qu'il est trop près. Je ne suis pas en train de le
juger. Ça, je laisse ça à l'UPAC, à tout ce qu'on a discuté tantôt. Je suis en
train de dire que le gouvernement libéral doit malheureusement être beaucoup
plus clair et beaucoup plus ferme. M. Couillard doit être beaucoup plus ferme
pour se distancer de tout ce qui a grenouillé dans le temps de M. Charest.
M. Nadeau-Dubois : Il faut
rappeler, M. Fournier, là, ce n'est pas un acteur secondaire au sein du
gouvernement libéral actuel, c'est un acteur principal. Donc, le fait que lui
soit entaché par des allégations comme celles-là, ça affaiblit et ça
déstabilise tout le gouvernement libéral. C'est très facile aujourd'hui de dire :
M. Fournier, M. Fournier, M. Fournier. C'est l'ensemble du gouvernement qui est
déstabilisé puis qui est affaibli par les révélations de cette semaine.
M. Vigneault (Nicolas) : Et
dans le dossier de M. Fournier, tout à l'heure, bon, les gens de la CAQ
disaient notamment : On ne peut quand même pas limoger tout le monde si, par
exemple, il y a des versions contradictoires. Dans le cas de M. Fournier, il
dit qu'il n'a rien à se reprocher. La déposition de M. Francoeur parle de M.
Bachand qui était là; on s'aperçoit, de toute évidence, que c'était M. Béchard.
Est-ce que, dans ce contexte-là, par
exemple, de dire à M. Fournier : Vous devez quitter, où est la présomption
d'innocence? C'est la question qui a été soulevée tout à l'heure par certaines
personnes.
Mme Massé : Dans le cas de M.
Fournier, on ne va pas faire la job de l'UPAC, là, et du BEI, et de l'ensemble
des corps policiers. C'est leur travail, qu'ils aillent au bout de ça.
Nous, ce qu'on dit, c'est : M.
Fournier fait comme si le gouvernement libéral du temps de M. Charest et du
temps de M. Couillard n'avait rien à se reprocher, alors qu'on a une brique de
la commission Charbonneau, dans lequel d'ailleurs, je nous rappelle que M.
Fournier est cité à certains moments donnés, notamment par rapport à un événement
avec M. Sauvé, que déjà on a identifié que le gouvernement libéral utilisait
des prête-noms pour son financement. Alors, il ne peut pas me faire accroire à
moi puis au reste du Québec qu'il est blanc comme blanc, là.
Alors, c'est au nom de ça qu'on demande, à
Québec solidaire, depuis maintenant plus d'un an, que M. Fournier se retire,
pas juste par rapport aux dernières allégations.
M. Vigneault (Nicolas) :
Maintenant, sur l'UPAC, vous dites qu'il y a des questions à se poser. Au-delà
des questions, est-ce que vous remettez en question le travail de cette
institution qui est l'UPAC et aussi du DPCP?
M. Nadeau-Dubois : Nous, on
pose des questions puis on pose des questions que beaucoup de Québécois se
posent. Pourquoi, après des mois et des mois d'enquête, il n'y a pas de
résultat? Pourquoi est-ce que des enquêtes qui ont été ouvertes en même temps
débouchent quand il s'agit du palier municipal, mais ne débouchent pas quand il
s'agit du palier provincial?
Ces questions-là, moi, Gabriel
Nadeau-Dubois, coporte-parole de Québec solidaire, je ne peux pas y répondre.
Je ne les ai pas, ces informations-là, mais c'est des questions qu'il faut
poser parce que c'est incompréhensible. Qu'est-ce qui fait que ça ne débloque
pas? Et, si on amène le BEI en renfort, si ça aide, tant mieux, mais il y a un
gros point d'interrogation dans notre esprit puis dans l'esprit de beaucoup de
gens au Québec.
M. Vigneault (Nicolas) : Dans
votre esprit, ça veut dire que l'UPAC ne fait pas le travail. Parce que je
comprends que vous posez des questions...
M. Nadeau-Dubois : Bien, quand
il s'agit du palier municipal, l'UPAC semble être en mesure d'obtenir des
arrestations puis de poser des accusations. Donc, je ne vous dis pas que l'UPAC
est incompétente de a à z. De toute évidence, dans certains cas, ça va bien à
l'UPAC. Mais, quand il s'agit du gouvernement provincial, du gouvernement
libéral, là, il y a quelque chose qui bloque, il y a quelque chose qui freine.
J'aimerais bien savoir quoi. Malheureusement, je ne suis pas en mesure de vous
le dire.
Le Modérateur
:
Caroline Plante, LaPresse canadienne.
Mme Plante (Caroline) :
Bonjour. Changement de sujet, leadership à Québec solidaire. On est en année
préélectorale, comme tout le monde le sait. Alors, si je comprends bien, si
Québec solidaire prenait le pouvoir demain matin, il y aurait deux chefs. Si
quelqu'un dit noir, l'autre dit blanc, qui trancherait? Les Québécois ont le
droit de savoir qui serait à la tête de votre formation politique.
Mme Massé : Absolument, puis
ce n'est pas… Pour nous, c'est tellement évident, notre proposition est de dire
que, dans le fond, il y a actuellement, dans les pratiques de la démocratie et
de la politique, au niveau du Québec, une concentration du pouvoir dans les
mains du premier ministre, du bureau du premier ministre, otamment toute la
question des nominations, y compris celle de la personne responsable de l'UPAC.
Mais c'est un autre sujet, alors revenons à notre sujet qui nous intéresse.
Et donc, nous, ce qu'on dit, à Québec
solidaire, c'est : Il me semble que, dans une démocratie, le partage du
pouvoir, là, ça commence dans le bureau du premier ministre. Alors, c'est
pourquoi on vous dit que le pouvoir législatif… pardon, je vais commencer par
l'exécutif… le pouvoir exécutif, donc de gérer le gouvernement, d'assurer
l'administration de l'État, relèverait de la personne qui assume le rôle de
premier ministre ou première ministre. Le rôle législatif, adopter les lois,
faire en sorte que le Parlement puisse fonctionner relèverait du rôle,
valorisé, de la personne vice-première ministre.
Alors, si ces deux-là ne s'entendent pas,
bien, le Conseil des ministres, dans notre proposition, a aussi une valeur
ajoutée, c'est-à-dire que ce n'est pas une instance qui ne fait que conseiller
le bureau du premier ministre ou conseiller les deux, premier, première
ministre, vice-premier, première ministre, mais il tranche, au pis-aller, par
vote à la majorité. Alors donc, on intègre, dans cette démocratie qui est très
hiérarchique, on intègre une dimension collégiale. Ça fait que chaque question
trouvera rapidement sa réponse.
Mme Plante (Caroline) : C'est
la lecture que vous faites de la démocratie. Est-ce que c'est à vous d'imposer
ce changement-là dans une société démocratique, où il y a des institutions
démocratiques en place? C'est à vous de transformer ça?
Mme Massé : Bien, nous, ce
qu'on… Tu permets?
M. Nadeau-Dubois : Oui, oui,
vas-y, tout à fait.
Mme Massé : Nous, ce qu'on
pense, c'est que… Vous savez, Québec solidaire, tout ce travail-là va se faire
dans une perspective d'amener le Québec à l'indépendance, donc de revisiter
l'ensemble de nos institutions démocratiques. Parce qu'actuellement le rôle du
premier ministre ou la façon d'opérer le leadership dans les mains des premiers
ministres, historiquement, n'est pas écrit ni dans la Constitution canadienne
ni dans une loi quelconque. C'est donc seulement une pratique, et, oui, on
pourrait, et on vous annonce qu'on va le faire comme gouvernement
solidaire, repartager le pouvoir, déconcentrer ce pouvoir-là.
Mme Plante (Caroline) :
...dans le monde où il y a un pays à deux chefs?
M. Nadeau-Dubois : Oui.
Bien, premièrement, la proposition de Québec solidaire, ce n'est pas d'avoir
deux chefs. À Québec solidaire, il y a deux porte-parole qui ont été élus de
manière démocratique et transparente par le congrès de Québec solidaire. Ce que
Québec solidaire propose, c'est de déconcentrer le pouvoir politique au Québec.
C'est d'en enlever un peu, même beaucoup au premier ministre puis d'en redonner
aux députés, au Conseil des ministres et au rôle revalorisé de vice-premier
ministre.
Deuxième élément, j'ai une question pour
vous. Quand est-ce que les Québécois ont voté pour qu'il y ait, au Québec, une
personne qui, avec 33 % des voix, décide, prend à peu près toutes les
décisions? Quand est-ce que les Québécois, Québécoises ont adopté la
Constitution canadienne? Quand est-ce que les Québécois ont adopté démocratiquement
qu'il y ait une ligne de parti et que les députés aient de moins en moins de
pouvoir pour représenter les gens qui les ont élus? À ma connaissance, il n'y a
jamais eu de référendum ni de décision démocratique des gens pour entériner ces
pratiques politiques là qui sont héritées de l'Empire britannique et qui ne
sont écrites, Manon l'a bien dit, dans aucune loi, dans aucune constitution que
le peuple québécois aurait adoptée.
Ça fait que nous, ce qu'on vous propose de
manière très ouverte, on dit : Regardez, si vous voulez que les décisions
puis que le pouvoir politique restent aussi concentrés, votez pour les autres
partis politiques. Si vous voulez démocratiser le pouvoir, si vous voulez
déconcentrer le pouvoir au Québec, votez pour Québec solidaire.
Mme Plante (Caroline) :
Est-ce que vous vous inspirez d'un modèle ailleurs dans le monde?
M. Nadeau-Dubois : Cette
proposition-là, elle est inspirée directement des principes républicains, des
systèmes républicains qui existent un peu partout dans le monde, où on divise
le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif. Alors, on ne sort pas ça de notre
chapeau, on s'inspire de systèmes qui existent dans la majorité des pays
développés, la majorité des démocraties développées, où il y a une personne qui
est en charge d'avoir le rôle de chef législatif, de chef parlementaire, et une
personne qui s'occupe d'être le chef exécutif, donc d'avoir les fonctions qui
sont liées à l'administration gouvernementale.
C'est plutôt la démocratie québécoise qui
est anormale. C'est plutôt la démocratie québécoise qui est problématique dans
le fait que ces deux fonctions-là sont amalgamées dans une seule et même
personne qui, la plupart du temps, ne récolte qu'une minorité de voix lors des
élections.
Le Modérateur
: On va
prendre la dernière question, Hugo Larose.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Donc,
vous voulez essentiellement que le rôle du vice-premier ministre ou de la vice-première
ministre soit plus grand, que le Conseil des ministres ait plus de pouvoir
aussi. Mais, advenant l'élection d'un gouvernement solidaire en 2018, qui sera
premier ministre?
Mme Massé : Bien, ça
aussi, je pense que, dans le processus qu'on vous a identifié, c'est que ça,
c'est une proposition qui va être discutée, débattue par nos membres en congrès
au mois de décembre, et, suite à ce que nos membres auront défini le rôle, justement,
des députés, du Conseil des ministres, vice-premier et premier ministre, bien, à
ce moment-là, Gabriel et moi, on regardera lequel de nous deux assumera quel
rôle, et nos membres seront appelés à voter là-dessus au printemps 2018.
Alors, soyez assurés que la population québécoise
va savoir qui entre nous deux — parce qu'on pense que les deux, on
est capables — assumera le rôle de la personne première ministre et
qui de nous deux assumera le rôle de la personne vice-première ministre.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Ça
veut dire aussi que ce sont vos membres qui vont décider, à ce moment-là, de
qui entre vous deux va aller faire le débat des chefs lors de la prochaine
élection? On devrait le savoir au printemps, dans le fond.
M. Nadeau-Dubois : Oui,
absolument. Donc, six mois avant le scrutin, tout le monde au Québec saura très
bien qui des deux porte-parole de Québec solidaire sont candidats à quel rôle,
là.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
...question sur la commission sur le racisme systémique. Est-ce que vous jugez
que la Commission des droits de la personne présentement est toujours capable
de mener ces consultations-là? Parce que vous avez dit tantôt que vous demandez
au premier ministre de corriger le tir pour ramener ça sur les rails. Est-ce
que la commission, en ce moment, est capable de mener les consultations ou
est-ce que le gouvernement devrait reprendre le contrôle complètement des
consultations?
M. Nadeau-Dubois : Ça fait
partie des inquiétudes qu'on a. La situation actuelle au sein de la Commission
des droits de la personne, elle fait partie des raisons qui nous poussent à
dire qu'il faut que le premier ministre reprenne la chose en main, puis
clarifie le processus, puis y apporte des correctifs. Donc, non, nous, on n'est
pas très rassurés par la situation au sein de la Commission des droits de la
personne et on pense que ce serait préférable que ce soit le premier ministre
et son bureau exécutif qui gère cette commission-là.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Dernière question. Premier point de presse, rentrée parlementaire, vous abordez
deux sujets, dont celui de l'indépendance d'une région, d'un pays en Europe,
membre de l'Union européenne. Est-ce que vous jugez que c'est un enjeu qui est
à ce point-là mobilisant au Québec que c'est à vous d'en parler aujourd'hui?
Mme Massé : Bien, en fait,
comme vous l'avez abordé, c'est une chose, mais moi, essentiellement, ce que
j'ai rappelé aujourd'hui et qui est préoccupant pour Québec solidaire, c'est
l'absence de nos deux premiers ministres dans l'affirmation et l'appui à un
peuple qui se revendique de son droit à l'autodétermination. Alors, oui, c'est
une question fondamentale, c'est une question de démocratie, et, si on n'est
pas capable, lorsqu'on est premier ministre du Québec ou du Canada, de dire
qu'on reconnaît le droit international à l'autodétermination, bien, pour nous, les
solidaires, c'est un accroc majeur à la démocratie. Ça pose un problème.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup.
(Fin à 11 h 42)