(Treize heures quarante-six minutes)
M. Nadeau-Dubois :
Bonjour, tout le monde. Manon va faire une allocution concernant l'adoption de
la... en fait, la potentielle adoption d'une loi spéciale dans les prochaines heures
pour les ingénieurs de l'État, mais d'abord je voulais revenir sur deux sujets
d'actualité, deux enjeux importants aujourd'hui pour Québec solidaire.
D'abord, sur la question du projet de loi
n° 143, Québec solidaire est présent en commission parlementaire sur cette
question-là. Je participe aux débats avec le ministre Fortin et les oppositions
sur le projet de loi n° 143 et on a un appel à faire, on a un appel
important. Québec solidaire souhaite que le ministre se resaisisse, souhaite
que le ministre ne flanche pas devant les pressions de la CAQ, devant les
pressions d'une poignée de prestataires de services de garde en milieu
familial. On souhaite que le ministre revienne à son intention initiale, à l'objectif
initial de son projet de loi, qui était d'encadrer davantage les garderies qui
sont actuellement non régies en faisant diminuer le ratio de six à quatre
enfants.
C'est rare que Québec solidaire dit ça,
mais là on invite le ministre libéral Luc Fortin, ministre de la Famille, à
revenir à l'intention initiale de son projet de loi. Parce que nous étions
derrière lui, on serait probablement allés plus loin, mais déjà le projet de
loi était un pas dans une bonne direction. Et là on a appris, dans les derniers
jours, que le ministre souhaite reculer suite aux pressions de la CAQ. Nous, on
l'invite à ne pas reculer, à ne pas se dégonfler, à revenir à l'intention
initiale de son projet de loi, et cet après-midi, en commission parlementaire,
c'est ce que je vais faire valoir.
Sur un autre enjeu, la question, non pas
de la loi spéciale...
Mme Massé : Non, mais de
la déclaration...
M. Nadeau-Dubois : Oui,
voilà, sur les propos du président, le retour du président de l'Assemblée
nationale suite aux questions de directive qui ont été dirigées par le leader
de l'opposition officielle, Québec solidaire, je dirais, accueille assez
positivement la déclaration du président. C'est une décision qui est documentée,
qui est nuancée. Et le président l'a très bien dit, il n'y a personne au Québec — il
n'y a personne au Québec — qui est au-dessus de la loi. Il n'y a
personne au Québec, y compris les parlementaires, qui peut fuir la justice. Mais
il y a une chose qui est claire, il faut que les citoyens et citoyennes, particulièrement
les lanceurs d'alerte, sachent que, lorsqu'ils s'adressent à un député, lorsqu'ils
veulent transmettre de l'information à un député concernant une des composantes
de l'État québécois, bien, les gens doivent savoir que les députés ont la
liberté de faire leur travail. Il faut que les gens aient confiance en l'institution
que représente un ou une députée. Et je pense que le président a été très
clair, qu'il faut que les forces policières fassent preuve d'énormément de
précaution et de prudence lorsqu'il est question d'arrêter un député quand c'est
lié, bien sûr, à son travail de parlementaire. En ce sens-là, on accueille
favorablement la décision du président.
Et maintenant on se tourne vers l'UPAC,
bien sûr. Tous les yeux se tournent vers l'UPAC. On s'entend, l'UPAC a des réponses
rapides, parce qu'ils ont été sérieusement égratignés par la décision du
président Chagnon. Alors, on s'attend à ce qu'ils nous disent comment ils vont
agir dorénavant lorsqu'il y aura enquête et arrestation de députés au Québec.
Mme Massé : Alors, sur un
autre sujet, bien, vous savez comme nous maintenant, le gouvernement va, encore
une fois, utiliser une mesure qui est supposée d'être une mesure d'exception
pour fermer de façon définitive la négociation entre les ingénieurs de l'État
et le gouvernement du Québec, et ça s'appelle la loi spéciale. Ce n'est pas
pour rien qu'on l'appelle un bâillon, parce que, dans les faits, ça vient
terminer de façon précipitée... et, dans ce cas-là, une discussion, une
négociation qui, bien sûr, ne nous apparaît pas être faite de très bonne foi.
Mais à l'opposé du premier ministre, à Québec solidaire, on pense que la
mauvaise foi ne vient pas du côté des ingénieurs, mais bien du gouvernement. Et
à preuve, encore aujourd'hui, le syndicat a fait des concessions, s'était
engagé à ne pas… à briser la grève jusqu'au printemps. On le sait, on le sent,
les syndicats ne souhaitent pas que ce soient les citoyens et citoyennes qui
paient le prix, mais bien que leur juste part, comme ingénieurs de l'État, soit
reconnue par leur boss, c'est-à-dire le gouvernement du Québec.
J'insiste, la Vérificatrice générale en a
fait état, nous en avons parlé régulièrement, la perte d'expertise, notamment
au niveau des ingénieurs de l'État, mais plus largement aussi la perte
d'expertise au sein de l'appareil de l'État, dans le cas qui nous occupe,
fragilise tout ce qui est la sécurité, tout ce qui est ce qu'on a besoin, comme
société, d'avoir des gens compétents qui surveillent, qui développent. Et les
ingénieurs de l'État, c'est... bien sûr, on pense tout de suite aux
routes — d'ailleurs, le gouvernement a tellement fait bouger son
épouvantail de peur avec la congestion, etc. — bien sûr, les routes,
c'est aussi les barrages, c'est aussi les infrastructures, les ponts, etc.
Alors, je pense que, si le gouvernement du
Québec décidait de considérer ses ingénieurs à la hauteur de ce qu'ils valent,
c'est-à-dire, les chiffres ont été mis sur la table, une augmentation de
20 % sur sept ans, on arrêterait d'être l'école, que le public soit l'école
ou l'école de stage pour les ingénieurs pour, après ça, qu'ils s'en aillent
dans le privé pour avoir des salaires, des salaires à la hauteur des compétences
qu'ils ont.
Alors, on demande vraiment au
gouvernement... Il a encore quelques heures devant lui, il peut se retirer, il
a dit qu'il le ferait. Mais, pour y arriver, se retirer de cette loi spéciale
là, ça veut dire reconnaître qu'il faut négocier de bonne foi, et je pense
qu'il reste encore quelques minutes pour qu'ils y arrivent. Merci.
M. Nadeau-Dubois : Merci
beaucoup.
(Fin à 13 h 53)