(Quatorze heures trois minutes)
Mme Massé : Alors,
bonjour, tout le monde. Ce matin, le ministre François Blais déposait son projet
de loi n° 173, Loi visant principalement à instaurer un revenu de base
pour les personnes qui présentent des contraintes sévères à l'emploi. Alors, bien
sûr, ce qu'on voit dans ce projet de loi là, c'est, d'une part, que le
ministre, donc le gouvernement, reconnaît qu'il y a un problème, c'est-à-dire
que les personnes qui vivent à l'aide sociale n'ont pas assez de revenus pour
vivre dans la dignité, mais en même temps ils nous mettent devant une autre
réalité, c'est-à-dire que, même si ces personnes ont des contraintes sévères à
l'emploi, ils nous disent : Bien, c'est seulement à partir de 2023 que ces
personnes-là vont pouvoir recevoir les montants, les montants de revenu de
base.
Alors, c'est sûr que, nous, à Québec
solidaire, ça nous pose des problèmes. Un, pourquoi ce n'est pas demain matin?
Ça le dit, les personnes ont des contraintes sévères à l'emploi, donc ça veut
dire qu'elles ne peuvent pas travailler, elles ne peuvent pas subvenir à leurs
besoins, alors pourquoi ils attendent cinq ans? Et ce qui m'indigne principalement,
c'est qu'on voit là le deux poids, deux mesures du gouvernement libéral. D'une
main, quand il s'agit de parler des salaires des médecins, quand on essaie de
l'interpeller sur l'augmentation du salaire de M. Martel à Hydro-Québec,
ou de M. Sabia à la Caisse de dépôt et placement, ou voire même de l'argent
public investi à Bombardier et les primes que se sont données, les bonus que se
sont donnés les administrateurs, ça, il n'y a pas de délai, ça, c'est ici maintenant,
c'est là, il n'y a pas de problème et même on le défend. Mais, quand il s'agit
de prendre soin des plus pauvres de notre société, là on nous fait miroiter
qu'on va mettre sur pied un revenu de base, qui va être vrai, mais par contre
les gens, eux autres, qui ont déjà de la misère à arriver, puisqu'on le
reconnaît, bien, ils vont être obligés d'attendre cinq ans avant de voir une
cent de cet argent-là.
Alors, ça nous pose problème. On va
essayer de faire changer des éléments de ce projet-là pour permettre aux
personnes qui vivent dans une grande, grande précarité, qui vivent à l'aide
sociale, qui ont des contraintes sévères puissent voir cet argent-là le plus rapidement
possible.
M. Croteau (Martin) : Une
question sur un autre sujet, si vous permettez. Sur le Fonds des générations,
le ministre Leitão a dit que ce serait un détournement de fonds si on devait
utiliser le Fonds des générations à d'autres fins que le remboursement de la
dette, M. Couillard a parlé d'une catastrophe. Comment feriez-vous, à Québec
solidaire? Est-ce que vous seriez à l'aise d'aller piger dans ce fonds pour
d'autres choses que le remboursement de la dette? Que faut-il faire avec ce
fonds, finalement?
Mme Massé : Ce fonds-là a
été créé dans une perspective de prendre soin des générations futures. Ça a
exigé que ce gouvernement-là a coupé dans les services publics, notamment
depuis les quatre dernières années, pour être capable de mettre de côté 1,5, 2,
2,5 milliards, milliards pour subvenir au Fonds des générations.
Alors, nous, à Québec solidaire, là,
l'argent... On ne devrait plus mettre d'argent dans ce fonds des générations. Pourquoi?
Bien, parce qu'on a déjà atteint un objectif d'équilibre de rapport entre le
PIB et la dette au Québec. Ce qu'il faut, c'est de ne pas agrandir la dette
intergénérationnelle en laissant nos écoles se détériorer, en n'offrant pas le
niveau de soutien au niveau de l'enseignement à nos jeunes, en ne laissant pas
un environnement, que ce soit l'eau, les aires protégées qui sont complètement
catastrophées à cette génération à venir. C'est ça. Et, pour ça, bien oui, cet
argent-là peut être utilisé à autre chose.
M. Lacroix (Louis) :
Donc, vous ne mettriez plus d'argent dans le Fonds des générations.
Mme Massé : On ne
mettrait plus d'argent dans le Fonds des générations. Et je vous rappelle que,
l'année prochaine, on est rendus à 2,5 milliards qu'on va verser au Fonds
des générations, 2,5 milliards. Il y a 13 milliards, actuellement,
dans le fonds, là. L'équilibre est parfait.
M. Croteau (Martin) :
Donc, que faire de ce fonds, justement? Est-ce que le fonds lui-même... Parce
que, là, vous dites : Un gouvernement solidaire couperait les versements.
Que ferait-il du fonds lui-même? Est-ce qu'il l'investirait ailleurs que dans
le remboursement de la dette? Est-ce qu'il l'investirait dans des projets,
etc.?
Mme Massé : Je vous
dirais que le fonds lui-même nous permet de garder un équilibre entre la dette
du Québec et le PIB. Nous, ce pour quoi on ne veut plus verser dans ce
fonds-là, puis on le dit depuis quelques années, ça fait que... Je pense qu'on
a commencé à le dire autour de 10 milliards. Ça fait que... déjà 3 milliards
de plus loin. Cet argent-là, s'il était investi dans l'économie du Québec, s'il
était investi pour relancer les régions qui sont actuellement en mauvaise
posture — je pense notamment à la Gaspésie — ça contribuerait
aussi à aménager l'équilibre entre le PIB et la dette du Québec. Alors, ce
n'est pas juste en mettant de l'argent de côté qu'on refait cet équilibre-là,
c'est en réinvestissant dans l'économie du Québec.
M. Croteau (Martin) :
Juste en clair, l'enveloppe, là, de 13 milliards de dollars qu'il y a
actuellement, qu'est-ce qu'un gouvernement solidaire en ferait?
Mme Massé : Bien, on
maintiendrait le Fonds des générations. Est-ce qu'il y aurait du remboursement
à terme? Je ne le sais pas, mais notre préoccupation, c'est surtout de ne pas
en rajouter.
M. Lacroix (Louis) : M. Legault,
tout à l'heure, a reproché à Carlos Leitão d'avoir qualifié son parti... en
fait, d'avoir dit que son parti faisait du nationalisme ethnique parce qu'il
parlait entre autres de la politique d'immigration, etc. Est-ce que vous
partagez cet avis-là?
Mme Massé : Bien, c'est
les mots de M. Leitão. Moi, ce que je vous dirais, c'est que, pour nous, à
Québec solidaire, ce n'est pas le nombre de personnes nouvellement arrivées au
Québec qui est un problème, c'est comment on est capables d'intégrer ces
personnes-là. Et là-dessus il y a une multitude de mesures qui sont... qui
doivent être mises de l'avant, qui auraient dû être, mais là il y a plus qu'urgence.
Alors, ça n'a pas à voir avec le nombre, ça a à voir avec comment on s'assure que
ces gens-là peuvent contribuer à la société québécoise.
M. Lacroix (Louis) : Et
le nationalisme ethnique, c'est quand même... Se faire qualifier d'un parti
nationaliste ethnique, c'est quand même des mots qui sont très durs, là, c'est
chargé de sens, le nationalisme ethnique. Est-ce que vous trouvez que ça va
trop loin?
Mme Massé : Bien, en
fait, ce que je vous dis, c'est : Ça, c'est des mots qui sont employés par
M. Leitão. M. Leitão assumera ses paroles, comme M. Legault doit
aussi assumer que, lorsqu'il envoie un message comme «il y a trop d'immigrants»,
ça peut créer une certaine onde de crainte et de peur chez nos concitoyens.
Alors, de part et d'autre, ils vivront avec ce qu'ils disent et ce qu'ils font.
Merci.
(Fin à 14 h 10)