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Point de presse de Mme Véronique Hivon, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’éducation

Version finale

Le mardi 19 février 2019, 15 h 34

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quinze heures trente-quatre minutes)

Mme Hivon : Alors, bonjour. Nous venons de déposer une motion en Chambre dont le but était très simple, en fait, c'était que le gouvernement dépose son plan de déploiement des maternelles quatre ans, donc des 5 000 classes supplémentaires annoncées depuis la campagne électorale pour les cinq prochaines années. Donc, on a demandé que ce plan-là puisse être déposé, et que la planification inclue le détail de l'échéancier pour le développement des places en centre de la petite enfance afin de s'assurer que l'engagement du gouvernement que les parents puissent choisir une place en maternelle quatre ans ou en centre de la petite enfance puisse être respecté.

Donc, malheureusement — c'était une motion conjointe des différents, donc, députés de l'opposition — le gouvernement a décliné. Mais on demande quand même au ministre Roberge et au ministre Lacombe de faire tous les efforts possibles pour nous déposer, là, avant le début des consultations sur cet important projet de loi, leur planification la plus détaillée possible parce que je pense que ce serait une base très importante pour pouvoir faire le débat de la manière la plus juste et la plus éclairée et la plus complète possible, parce qu'on voit que ça suscite énormément de questions, énormément d'intérêt aussi, et c'est un débat qui est très, très important, bien sûr, pour la suite des choses.

Donc, ils ont malheureusement refusé aujourd'hui, mais on ne prend pas ça comme une fin de non-recevoir en soi, et on espère, donc, que le gouvernement va pouvoir nous déposer un véritable plan, donc, au cours des prochaines semaines, avant que débute l'étude du projet de loi.

Pourquoi on pense que c'est si important? Bien, c'est qu'il y a plusieurs questions qui se posent, que nous nous posons, mais aussi que plusieurs parents nous posent. Je peux vous dire qu'au cours des derniers jours j'ai reçu moi-même beaucoup de courriels, d'appels de parents qui ont beaucoup de questions par rapport au plan de match du gouvernement sur cette question-là.

Une question que je vous soumets aujourd'hui, c'est : Le gouvernement a dit qu'il déploierait 5 000 nouvelles classes tout en laissant le choix au parent de choisir ce qu'il souhaitait pour son enfant entre maternelle quatre ans et centre de la petite enfance. Or, quand on fait le calcul, en ce moment au Québec, il y a 86 000 enfants de quatre ans. Si on prend le ratio des classes, qui serait de 17 enfants par classe de maternelle quatre ans, et qu'on fait tout simplement le calcul, ça donne 5 020 quelques classes. Donc, ce que ça veut dire, c'est que, quand on annonce 5 000 classes de maternelle quatre ans, ce serait dans une optique que tous les enfants de quatre ans fréquentent une maternelle quatre ans. Alors, vous comprenez tout de suite la question qui vient : Si, donc, le chiffre qui est avancé par le gouvernement fait en sorte qu'il y ait un équilibre avec le nombre d'enfants de quatre ans à l'heure actuelle, est-ce à dire que, donc, pour les enfants de quatre ans, on va les transférer, donc, du système des services de garde éducatifs vers la maternelle quatre ans, ou est-ce que ça veut dire qu'on va, par exemple, cesser de subventionner des places dans les centres de la petite enfance ou dans les services de garde éducatifs, plus largement, pour les enfants de quatre ans? Quand on entend le ministre Roberge, il parle souvent des places en services de garde éducatifs pour les zéro-quatre ans, mais il semble souvent omettre les enfants de quatre ans, bien qu'il dise, d'un autre côté, qu'il va y avoir, donc, ce choix-là. Donc, ça, c'est une des questions, je vous dirais, qui nous préoccupent beaucoup, donc on aimerait ça pouvoir savoir ce qu'il en est.

L'autre question qui nous préoccupe, bien, c'est la complémentarité, donc, comment le plan de match va se déployer. Je vais y revenir, là, je sais que le ministre Lacombe va, demain, s'exprimer sur la question, mais comment la complémentarité va donc se faire? Et on est inquiets parce que, dans le projet de loi n° 5, on enlève ce qui est prévu en ce moment dans la loi qui prévoit noir sur blanc une obligation de complémentarité entre le réseau scolaire et le réseau des services éducatifs à la petite enfance. Donc, pourquoi enlever, dans le projet de loi, cette obligation de complémentarité quand ça fait partie du discours du gouvernement qui dit que les parents auront le choix? Donc, ça, c'est une autre, évidemment, des questions auxquelles on aimerait avoir des réponses.

Bien sûr, on a vu, en fin de semaine, que le ministre a commencé à annoncer, là, une partie des places, des 250 nouvelles classes sur les 5 000 qui pourraient voir le jour à l'automne prochain. On a vu tout de suite... évidemment, il l'a annoncé dimanche. De ce qu'on comprend, les écoles, les commissions scolaires n'avaient pas été mises dans le coup, et ce qu'on a vu hier, déjà, c'est qu'il y a certains endroits, comme dans le Bas-du-Fleuve, Kamouraska-Témiscouata, où on ne peut pas répondre à la demande du gouvernement de mettre en place 18 classes à l'automne. On dit, tout au plus, qu'on va pouvoir en mettre de l'avant six. Donc, est-ce que le ministre peut nous expliquer comment il est arrivé aux chiffres qu'il a mis de l'avant, quand les propres acteurs du réseau qui sont concernés, qui, de toute évidence, n'ont pas été avisés à l'avance et qui ont dû réagir hier à ce qui avait été donné comme information dans les médias dimanche, disent d'entrée de jeu qu'ils ne pourront pas répondre à cette demande? D'où, je pense, notre questionnement et notre demande fort légitime d'obtenir un plan détaillé.

L'autre question qui se pose, c'est l'impact du retour au tarif unique sur le nombre de places requises en centres de la petite enfance. Ça a été un engagement du gouvernement, de dire qu'il y aurait un retour au tarif unique. Donc, on reviendrait au tarif unique pour les places en service de garde éducatif, donc on arrêterait, là, la taxe famille. On a très hâte de voir, là, s'il va y avoir des annonces dans le budget en lien avec ça. C'est sûr qu'on est tout à fait favorables à ça, mais évidemment ça va avoir un impact. Ça va faire en sorte que, pour beaucoup de familles, ça va être beaucoup moins intéressant d'aller en garderie privée. Donc, au même titre où il y en a qui avaient quitté pour aller en garderie privée, il va y avoir un retour des parents des garderies privées vers les centres de la petite enfance. Donc, comment c'est intégré, en ce moment, dans la réflexion et dans la planification du gouvernement, pour développer ces places en centres de la petite enfance?

Alors, on a appris tout à l'heure que le ministre demain allait... le ministre de la Famille cette fois, allait faire, donc, une annonce pour expliquer un peu son plan de match pour le déploiement de places en centres de la petite enfance. Évidemment, on pense que c'est une bonne chose qu'on puisse enfin entendre le ministre de la Famille dans le débat et que demain il puisse nous expliquer, là, le plus clairement possible, comment il va déployer ces places, je dirais, en complémentarité — on espère que cette notion-là, même si elle est enlevée du projet de loi, va toujours être présente dans les faits — donc, comment il va pouvoir le faire en complémentarité avec les maternelles quatre ans.

Donc, les questions qu'on soulève aujourd'hui sont des questions auxquelles on espère qu'il va répondre. Puis une des questions très précises aussi qu'on a, c'est le fait de dire que, de ce qu'on comprend pour l'instant, demain, il annoncerait des places qui ont déjà été annoncées, certaines qui remontent jusqu'à 2013, donc que nous avions annoncées nous-mêmes, qui n'ont pas été concrétisées par le gouvernement libéral, qui, on s'en rappelle, a beaucoup, beaucoup privilégié les garderies privées commerciales. Donc, demain, le ministre doit nous expliquer : Est-ce qu'il s'agit de nouvelles places ou est-ce qu'il s'agit en quelque sorte d'un arriéré de places qui n'avaient pas été concrétisées par manque de volonté du précédent gouvernement ou en lien avec le changement des règles qui faisaient en sorte que c'était plus onéreux financièrement, donc, pour certaines communautés, de pouvoir développer les places? Donc, évidemment, c'est une autre des questions que nous avons pour le ministre de la Famille, et nous avons très hâte de l'entendre, parce qu'on pense que son rôle, dans ce débat qui s'amorce, qui est déjà bien amorcé, va être très important. Alors, on espère que, demain, ça va pouvoir être plus clair, de manière à rassurer un maximum de gens qui se posent énormément de questions en ce moment, et on réitère notre demande, bien sûr, au ministre de l'Éducation, de faire part, dans les plus brefs délais, de son plan détaillé de déploiement.

M. Dion (Mathieu) : Pensez-vous que, demain, c'est une opération un peu pour calmer la grogne, calmer les inquiétudes plus qu'autre chose?

Mme Hivon : Bien, écoutez, c'est certain que le 13 000 places qui n'avaient pas été concrétisées, il l'a déjà dit en Chambre, donc, ça, ce n'est pas une nouvelle en soi. Pourquoi les deux ministres n'ont pas fait, donc, l'annonce, là, ensemble quand, la semaine dernière, le projet de loi a été déposé? Je pense que ça aurait été de nature à donner un portrait beaucoup plus complet, si ce portrait-là existe, parce qu'évidemment on se pose beaucoup de questions. Pourquoi aujourd'hui on a refusé notre motion, qui ne semblait pas compliquée, là? On demande le dépôt d'un plan détaillé avant l'étude du projet de loi.

Donc, évidemment que ça aurait aidé que tout ça puisse se faire de manière harmonieuse, en nous expliquant la complémentarité, pourquoi on enlève la complémentarité dans le projet de loi, les quatre ans en service de garde, est-ce qu'ils vont toujours avoir des places subventionnées? Est-ce qu'on va réduire ça pour favoriser les 0-4 ans? C'est beaucoup, beaucoup de questions qui se posent.

Alors, mieux vaut tard que jamais. Alors est-ce qu'il y a un aspect réactif, dans la réaction de demain... réactif dans la réaction, c'est un beau pléonasme, mais est-ce qu'il y a un aspect réactif, donc, dans l'annonce du ministre, de demain? Sûrement, mais nous, on va être contents de l'entendre demain puis on espère... c'est pour ça que je vous parle aujourd'hui, parce qu'on a beaucoup, beaucoup de questions, et on espère que demain on va avoir le début des réponses à nos questions.

Mme Cloutier (Patricia) :  J'aimerais savoir... tout à l'heure, le ministre Lacombe a dit : Le déploiement des maternelles quatre ans, ça va impacter beaucoup plus les garderies privées et les milieux familiaux non régis. Est-ce que vous voyez ça comme une bonne nouvelle, qu'il semble privilégier finalement les CPE, là-dedans?

Mme Hivon : Oui. On espère, et on lui réitère aujourd'hui qu'on souhaite vraiment que le déploiement des places se fasse en centres de la petite enfance. On demande au gouvernement, donc, de mettre de côté la position qui était la sienne avant. Donc, on se souvient que Mme Guilbault, lors du débat sur le projet de loi n° 143, s'était battue pour maintenir, par exemple, les services de garde non régis, donc des services de garde familiaux qui n'ont aucun encadrement de la part du gouvernement, où il n'y a pas de surveillance par le ministère. Donc, on espère que demain sera l'occasion d'envoyer un signal clair par rapport à ça. Et, oui, nous espérons que l'ensemble des nouvelles places pourront être créées dans les centres de la petite enfance parce que, si on est sérieux au Québec — et le gouvernement dit, donc, prendre vraiment à coeur, puis je ne veux pas du tout douter, je ne doute pas de sa volonté de prioriser l'éducation — bien, il faut mettre les bons moyens de l'avant. Et un des moyens les plus puissants, c'est de miser sur des places de qualité pour nos tout-petits parce que quatre ans, c'est quelque chose, mais le dépistage précoce, ça commence bien avant quatre ans, comme Dr Carmant lui-même le plaide.

Donc, c'est pour ça qu'on espère que les places vont être créées en centre de la petite enfance où, étude après étude, c'est démontré que la plus grande qualité est là, le programme éducatif est là aussi. Donc, c'est sûr qu'on espère, demain, voir ça se concrétiser.

Mme Cloutier (Patricia) : Vous avez l'impression qu'il y a un virage, peut-être, de la CAQ qui préconisait le privé, maintenant qui semble vouloir plus que ce soient des services publics, que ce soit à l'école ou à la garderie, là.

Mme Hivon : Je le souhaite, je le souhaite vraiment parce qu'on se souvient que, dans l'opposition, avec Mme Guilgault, notamment, avec M. Caire, il y avait toujours une prise de position sur maintenir des garderies privées à but lucratif, maintenir les services de garde non régis. Donc, si demain il y a un coup de barre qui peut être donné pour que ce soit les centres de la petite enfance, comme le souhaitent... on le voit dans les sondages, on le voit dans nos bureaux de circonscription, on le voit partout au Québec, les parents souhaitent des places en centre de la petite enfance, pas juste à quatre ans, mais dès les premières années de vie de leur enfant. Ils ont confiance dans le réseau des centres de la petite enfance, donc c'est certain que ce sera un bon message.

Mais l'autre message qu'il faut envoyer bien sûr, c'est que, si cette idée de choix des parents entre le CPE à quatre ans et la maternelle à quatre ans est réelle, il va falloir qu'il y ait un nombre suffisant de places, d'autant plus qu'on s'attend à une pression accrue si on revient à une tarification universelle. Donc, demain, là, on s'attend... on espère, au moins pour le secteur de la famille, avoir un plan de match très clair, très détaillé, et ensuite ce qu'on espère, c'est qu'on va pouvoir avoir la même chose, là, pour les maternelles quatre ans, pour avoir une vision d'ensemble avant d'amorcer le débat. C'est bon? Merci beaucoup.

(Fin à 15 h 48)

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