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Point de presse de Mme Hélène David, porte-parole de l’opposition officielle en matière de services sociaux

Version finale

Le mercredi 1 mai 2019, 15 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quinze heures trente-cinq minutes)

Mme David : Oui. Écoutez, je tenais à donner mes réactions suite au point de presse du ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux parce que c'est un drame qui, vraiment, bouleverse tout le Québec. Alors, je tiens encore une fois à offrir toutes mes condoléances à la famille, la famille élargie, à tous ceux qui, de près ou de loin, connaissaient cet enfant-là ou la famille et puis à tous les Québécois qui, je pense, ont un élan de solidarité, d'empathie profonde quand il y a un drame aussi bouleversant qui touche un enfant aussi jeune.

Écoutez, j'ai écouté attentivement non seulement le point de presse du ministre, mais j'étais en étude de crédits avec lui hier comme porte-parole, évidemment, des services sociaux. On a parlé beaucoup de la DPJ. On a parlé des listes d'attente. On a parlé de toute la situation pour mieux accompagner nos jeunes. Et il a, oui, mentionné trois actions.

C'est clair, l'enquête criminelle, mais ça, on s'imagine que c'est absolument normal.

L'analyse du CIUSSS, le rapport dans les plus brefs délais que le ministre a mentionné, c'est une chose intéressante. Je l'ai mentionné dès ce matin. Il faut absolument que le ministre se retrousse les manches et agisse rapidement. Alors, je pense que ce rapport-là va devenir très important. Nous aimerions qu'il soit vraiment dans les plus brefs délais. Nous aimerions donc avoir un peu plus de renseignements sur ce que veulent dire les plus brefs délais. Et nous aimerions évidemment qu'il rende publiques les conclusions de ce rapport-là parce que c'est une analyse de l'ensemble du fonctionnement du CIUSSS et puis de comment les choses ont pu se passer pour échapper quelque chose qui a donné des conséquences aussi graves que ça.

Et, oui, nous saluons l'enquête, évidemment, de la commission des droits de la personne et de la jeunesse. On espère que la commission va accéder à la demande du ministre. Mais ces commissions-là, vous savez, ça prend un certain temps. Donc, ce certain temps là, il y a des choses qui doivent être faites beaucoup plus tôt et qui n'ont pas besoin d'attendre le rapport de la commission des droits de la personne et de la jeunesse, même si c'est très important, ce qui va arriver.

Je pense que, dans le cas qui nous occupe, le ministre devait intervenir. Mais c'est un petit peu étonnant, malheureusement, qu'il n'y ait pas eu de contact avec la direction de la protection de la jeunesse. On savait qu'il y avait un drame, là, qui s'était passé depuis plusieurs heures. C'est bien triste. Mais effectivement je pense que, quand un ministre se présente sur place ou va sur place voir comment se passent les choses, bien, ça peut faire avancer le dossier un peu plus vite. Oui, il a parlé avec les élus, mais ce n'est pas suffisant de dire : Toutes les choses vont bien parce que les élus m'ont dit que ça allait bien. Je pense qu'il faut se mettre les deux mains à la pâte beaucoup plus que ça.

Je pense que la réforme de la DPJ... Il y a plusieurs personnes qui ont appelé à une réforme de la DPJ, à une réflexion en profondeur. Il y a l'Ordre des travailleurs sociaux qui l'a demandé. Les gens sont assez fatigués. Il y a un manque de personnel. Le ministre a annoncé 18 millions pour effectivement accélérer un peu plus les évaluations. Mais c'est bien beau d'évaluer, mais plus on évalue, plus il faut faire de suivi après. Dans ce cas-ci, ce n'était pas un cas, nécessairement, d'évaluation. C'était un cas qui était connu, donc c'était un cas de suivi. Alors, pour ça, il faut qu'il y ait des professionnels qui, oui, soient bien formés, mais il faut qu'il y ait un bassin de professionnels accessibles, et ça, on fait face à une pénurie de main-d'oeuvre.

Donc, le problème, il n'est pas réglé. On a les listes, là, des... Écoutez, 100 000 signalements, le ministre m'a admis hier qu'il était d'accord avec moi que c'était un nombre jamais égalé. Donc, 100 000 signalements, plus les suivis qui doivent être faits, plus la pénurie de main-d'oeuvre. C'est beau, 18 millions, mais encore faut-il qu'il trouve les effectifs. Alors, il y a un problème sérieux.

Vous me connaissez. Je lui offre toute ma collaboration. Vraiment, je pense que c'est une question qui doit être transpartisane et c'est une question qui doit faire partie de l'ensemble des questions du système de santé. Mais celle-là, la question de la DPJ est une question ultra-urgente et prioritaire. Merci.

Mme Crête (Mylène) : Qu'est-ce que vous pensez du fait que la dernière intervention de la DPJ auprès de la fillette ait été effectuée en avril, donc assez récemment?

Mme David : Écoutez, encore une fois, il y a des informations... J'ai écouté, comme vous, un certain nombre d'entrevues ce matin à ce sujet-là. On n'a pas encore le rapport de toutes les interventions, mais il va falloir trouver qu'est-ce qui s'est passé. On a entendu qu'elle ne fréquentait plus l'école depuis un certain nombre de semaines. Alors, c'est le rôle de chacun, des uns et des autres... Je ne veux vraiment pas blâmer personne. Mais tout le monde se sent préoccupé, concerné, impliqué. Tout le monde, aujourd'hui, qui, de près ou de loin, a eu à voir avec ce dossier-là, probablement, se dit : Qu'est-ce que j'aurais pu faire de mieux? Je suis convaincue de ça. Les gens qui sont en travail social, les éducateurs, les enseignants, les directions d'école, tous les intervenants doivent se poser des questions. Mais peut-être qu'il y a des réponses que nous devons apporter collectivement, socialement. Puis on doit accompagner la direction de la protection de la jeunesse dans les réformes à faire. Et c'est pour ça que j'insiste là-dessus et que je ne veux absolument pas pointer du doigt un intervenant ou un autre. Je ne le sais pas, si c'est vrai, puis je ne le sais pas, comment ça s'est passé dans les dernières semaines pour cet enfant-là, mais il ne faut qu'il y ait d'autres cas comme ça. Ce n'est pas normal que le Québec, qui s'est donné un si bon filet social, ait des aussi grandes failles à certains moments.

M. Lacroix (Louis) : Mais le ministre a dit qu'il y avait 3 300 personnes sur les listes d'attente en ce moment, sur des listes d'évaluation, là.

Mme David : Oui, imaginez, oui.

M. Lacroix (Louis) : On parle d'enfants sur les listes d'évaluation. Avez-vous l'impression que ce cas-ci, là, peut être une espèce...

Mme David : De révélateur? Oui.

M. Lacroix (Louis) : ...de démonstration de l'embourbement du système, si on veut?

Mme David : Ce sont des questions tout à fait légitimes que vous vous posez. 3 300 cas en attente, ça veut dire 3 300 évaluations. Mais ça, ce n'est que le début du processus. Après ça, il faut faire les suivis de ces 3 300. Je ne vous dis pas que les 3 300 sont tous des cas pour lesquels il y a un suivi urgent, important, nécessaire. Il y en a dont le dossier peut être fermé. Ce sont des décisions très difficiles pour, habituellement, ceux qui font l'évaluation en travail social et tout. Mais effectivement ça témoigne certainement d'un trop-plein, d'une sorte d'embourbement duquel on doit sortir. Le gouvernement investit de l'argent, mais encore faut-il, comme je dis, trouver les intervenants pour pouvoir faire ces suivis-là.

Donc, selon moi, c'est une urgence sociale. Ce cas-là est peut-être un révélateur dramatique, bouleversant. Et je pense que le ministre doit, dès aujourd'hui, avec la ministre de la Santé et avec tout le gouvernement, trouver les meilleures solutions possibles. Puis moi, je leur offre, et notre parti, toute notre collaboration.

M. Croteau (Martin) : C'est un révélateur de quoi, ce cas-là?

Mme David : Bien, peut-être de pourquoi il y a autant de signalements. Voyons-le du côté positif. Les gens signalent peut-être plus qu'avant. Moi, j'ai travaillé beaucoup avec la DPJ comme psychologue experte justement depuis les années 80. Il y a toujours eu beaucoup de demandes. Mais là peut-être qu'il en y en a encore plus et que ces signalements-là veulent dire qu'il y a une sensibilité plus forte, peut-être, des écoles, peut-être des garderies, des CPE, de tout le monde, des voisins, de la famille élargie. Mais en même temps il faut que la société offre le suivi de ça. Puis les cas se complexifient. L'Ordre des travailleurs sociaux le dit bien, tout le monde qui intervient, en disant : Ça se complexifie. Il y a plus de difficultés, peut-être, financières. Il y a les familles qui sont… la complexité des familles, de nos jours, des familles de différentes formes, on pourrait dire. Et donc il faut que la société puisse répondre à ça.

M. Croteau (Martin) : Pardonnez-moi. Je vous ai peut-être mal comprise, mais vous faisiez état des listes d'attente, puis des délais, puis etc., puis vous avez dit : Ce cas-là est un révélateur. Donc, ce cas illustre les problèmes d'attente?

Mme David : Oui, mais pas un révélateur de la liste d'attente.

M. Croteau (Martin) : C'est ça.

Mme David : Ce sont deux problèmes qui cohabitent. C'est-à-dire qu'il faut évaluer en profondeur les cas de liste d'attente, qui ne seront peut-être pas tous aussi, évidemment... qui demandent des... nécessitent des soins aussi urgents. Puis en même temps ce cas peut être un révélateur de quelque chose qui s'est passé dans le suivi parce que, dans ce cas-là, ce n'était pas une évaluation, c'était un suivi. Mais le suivi, il est constamment à réévaluer. Puis là il s'est passé quelque chose. Il y a quelque chose qui est passé dans les mailles du filet. Alors, ça peut être un révélateur d'un problème d'intervention. Alors, on a, sur le côté des signalements puis sur le côté de l'intervention...

Mme Crête (Mylène) : Je sais que vous ne voulez pas blâmer personne, mais il reste que cette petite fille là a été laissée à un endroit où elle n'était pas en sécurité. On en a la démonstration.

Mme David : Bien, de toute évidence, le choc est terrible... d'une situation où elle était certainement en danger. Mais je ne peux pas aller plus loin que ça parce que je ne connais pas les tenants et aboutissants de ça. Il y a des gens qui parlent aux médias, ou il y a des gens qui connaissent ou qui étaient dans la famille élargie, ou qui sont dans des organismes communautaires... Moi, je ne peux pas aller plus loin que ça. Mais c'est dans ce sens-là que c'est peut-être un révélateur de quelque chose, où on doit être toujours... On doit, comme société, comme direction de protection de la jeunesse, comme CIUSSS, comme proches aidants, toujours avoir cette alerte qu'il faut pouvoir intervenir. Mais, pour ça, il faut les outils pour intervenir rapidement.

Mme Senay (Cathy) : Like, is it a problem for you to know that the latest intervention for this child was in April and she was well known from the DPJ for many years? How can this happen again in 2019?

Mme David : Many things happened in 2018, and it's a very sad story. We don't know about this specific story because we can hear something in the media, other things from the family. We will wait, but we cannot wait for a long, long time. That's why I asked the Minister to work very fast. And he said that he had already asked an analysis from the CIUSSS, a kind of report, in a very brief period of time. So, I asked to have it public, the conclusions of that. Perhaps we will know more about your question at that time, why nobody, you know, saw or followed the family for the past, almost, I don't know, weeks, months. We will know all about that. But, in the meantime, we have to work on those families, those children who can be at risk, and say: OK, we have to intervene now. We cannot wait until we have the report from the «commission de protection de la jeunesse» or the CIUSSS. We have to take a look and we have to go through the very, very long waiting list all across Québec.

Mme Senay (Cathy) : Why was it important to ask to the Minister today to make sure that this analysis from the CIUSSS is made public?

Mme David : Because I think it will help all the different people who are asking themselves: What did happen? What can this, as you say, happen in 2019? So, I think they can help us, you know, with the answers. All the people are asking themselves those questions: Why and how can this happen? So, I think, with the conclusion, at least, of the report, we could have a little bit more to say about the way it works at the DPJ and to say: OK, we have to really have a larger… think about what is happening in the DPJ in Québec in 2019, all the DPJ in Québec, all the youth protection in Québec.

(Fin à 15 h 47)

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