(Huit heures trente minutes)
M. Roy
: Bien, écoutez,
bon matin à tous. J'aimerais débuter en vous disant que c'est la journée de la
Gaspésie — c'est pour ça qu'on est habillés en bleu — et
que la Gaspésie, ce n'est pas juste un territoire, mais c'est une philosophie
de partage, de solidarité, d'amour de notre territoire et de revendication.
Donc, en parlant de revendication, je suis
ici ce matin en tant que porte-parole de l'agriculture pour faire des demandes
au gouvernement. Donc, je suis accompagné de M. Yvan Fréchette, vice-président
des Éleveurs de porcs du Québec, et de M. Merlin Trottier-Picard, qui sont
ici dans la salle.
L'enjeu du soutien à l'agriculture est
fondamental pour une société. Ce sont ces individus-là qui nous nourrissent,
qui occupent et s'occupent de notre territoire. Et actuellement plusieurs
indicateurs nous laissent entrevoir certaines problématiques chez les
agriculteurs.
Le premier indicateur, c'est un indicateur
sociosanitaire, qui est celui de l'état de santé mentale des agriculteurs au
Québec. Selon certaines données, ce sont des gens qui vivent des stress énormes
et chez qui le taux de suicide serait deux fois supérieur à celui de la
population. On a même créé des brigades de travailleurs de rang pour soutenir
psychologiquement ces gens-là. Donc, ça nous laisse entrevoir quand même une
situation qui semble pénible pour une partie des agriculteurs du Québec.
Le deuxième indicateur que nous avons,
c'est le soutien de l'État par rapport au secteur agricole, l'État canadien,
selon les données que nous avons, versus les pays développés dans le monde. Le
Canada soutiendrait à 9,3 % en pourcentage de production l'agriculture
comparativement à 18,2 % pour les pays développés, à 19,3 % pour
l'Union européenne, Japon, 46 %, puis la Corée, 52,3 %. Les
États-Unis sont à 9,6 %. Donc, deuxième indicateur, le faible soutien de
l'État au secteur agricole au Canada et au Québec.
Troisième indicateur, qui, pour moi, est
assez particulier, c'est celui de La Financière agricole, qui est là pour
assurer des revenus aux agriculteurs, hein? Les agriculteurs sont soumis à des
aléas incroyables : la météo et les marchés. Donc, on le voit avec, entre
autres, les problématiques avec la Chine actuellement. Mais ce sont des gens
qui doivent être soutenus de manière efficace pour être capables de faire virer
leur ferme et d'arriver avec une production qui, bon, leur permet de vivre,
hein? Ce n'est pas compliqué, c'est tout ce qu'ils veulent.
Malgré tout ça, La Financière, de
2011 à 2017, a retourné 1 milliard au fonds consolidé du gouvernement, ce
qui est inadmissible et inacceptable. Cet argent-là doit servir à soutenir
l'agriculture au Québec et non pas être renvoyé dans le fonds consolidé. Et
actuellement La Financière aurait des surplus de... Bon, on parle d'un
fonds d'à peu près 340, 350 millions qui est placé et des liquidités d'à
peu près 125 millions et peut-être plus.
Donc, dans des conditions comme celles-là,
je demande, en tant que porte-parole, au nom des agriculteurs, que, un, les
surplus ne soient plus renvoyés au fonds consolidé et qu'ils soient utilisés
pour soutenir les agriculteurs du Québec. Deux, je demande au gouvernement
aussi de respecter un engagement qui a été fait en campagne électorale de
réinjecter 50 millions pour les agriculteurs au Québec.
Actuellement, un des dossiers qui nous
intéresse aujourd'hui, c'est celui des producteurs de porc. Bon, ce sont des
gens qui ont vécu des années très difficiles, et qui ont subi les aléas du marché
aussi, et, dans des conditions extrêmement difficiles, n'ont pas investi dans
la modernisation de leurs infrastructures pour aller chercher des gains
d'efficacité, c'est-à-dire de produire mieux avec, bon, de meilleurs
équipements. Et ils n'ont pas réussi à investir parce qu'ils n'avaient pas les
revenus et les signaux nécessaires pour le faire.
Donc, on demande à ce que le MAPAQ fasse
en sorte d'adapter des programmes pour soutenir la modernisation des infrastructures
pour les producteurs de porc et non pas que les producteurs s'adaptent aux programmes,
parce qu'actuellement il y a une lourdeur administrative qui décourage les
agriculteurs, les producteurs de porc d'aller vers les programmes parce que
c'est trop compliqué. Ils n'arrivent pas à y avoir accès.
Donc, voilà, nous demandons au gouvernement
de faire en sorte qu'il y ait une aide réelle aux producteurs de porc, qui, soit
dit en passant, est un secteur où il y a 26 500 emplois, qui génère des
revenus de 2,6 milliards de dollars. C'est une filière qui est à protéger,
qui est à développer et qui occupe tout le territoire du Québec. Donc, j'ose
espérer que le gouvernement va nous écouter et soutenir ces gens-là qui
travaillent du matin au soir à développer une filière qui est vraiment importante
au Québec. Merci beaucoup.
(Fin à 8 h 35)