(Neuf heures quinze minutes)
La Modératrice
:
Bonjour. Bienvenue à ce point de presse du Parti québécois. Ce matin, M. Pascal
Bérubé, notre porte-parole en matière de français, sera suivi du chef du Parti
québécois, M. Paul St-Pierre Plamondon. La parole est à vous.
M. Bérubé : Bonjour, tout le
monde. C'est un plaisir de vous retrouver. Au Parti québécois, on se réjouit de
l'excellent résultat du Bloc québécois, qui a augmenté son taux de vote, qui manifestement
va augmenter son nombre de députés. Le chef du Parti québécois et moi, nous
avons voté pour le Bloc québécois. Nous sommes heureux du résultat. Et j'espère
que les différents chefs, qui vont défiler devant vous au cours de la journée,
feront preuve de la même transparence et nous indiqueront pour qui ils ont voté
hier, M. Legault, Mme Anglade, M. Nadeau-Dubois. Alors, nous, c'est clair, le Bloc
québécois est un allié, c'est la même famille politique et on s'en réjouit.
Alors, meilleure des chances à cette équipe du Bloc québécois qui va continuer de
représenter les intérêts du Québec à la Chambre des communes.
Aujourd'hui, c'est une journée importante,
c'est le début des audiences, des consultations sur le projet de loi n° 96
sur la langue française. Alors, vous connaissez notre position là-dessus, nous
considérons que le projet de loi n° 96 manque de courage, parce que
l'objectif, c'est de stopper le déclin de la langue française et de renverser
la tendance. Le gouvernement s'est donné comme objectif, essentiellement, de
rassembler, alors, il faut que ce soit modéré puis il faut que ça rassemble le
Parti libéral du Québec, notamment, la communauté anglophone, tous les groupes,
le Parti libéral du Québec qui a voté contre la loi 101 en 1977. Alors, si on
est sérieux dans ce qu'on entreprend, on prend des décisions courageuses et
difficiles qui vont être impopulaires, mais qui sont destinées à renverser la
tendance.
Quand Camille Laurin a fait adopter la loi
101 en 1977, il savait que ça serait impopulaire, mais il savait que ça serait
nécessaire. Depuis la fondation du Parti québécois jusqu'à aujourd'hui, 21
septembre 2021, aucune formation politique n'a été plus engagée dans ses
propositions et dans ses réalisations que le Parti québécois. Pour nous, la
langue, c'est une conviction sincère qui nous habite. C'est même à la base de
notre engagement politique. C'est une conviction. Ce n'est pas un intérêt
spontané. Ce n'est pas du calcul politique.
Alors, vous allez m'entendre, à partir
d'aujourd'hui, au cours des prochains jours, des prochaines semaines, faire
part de nos propositions pour contrer le déclin de la langue française et en
assurer la promotion. Les démographes viendront indiquer à Simon Jolin-Barrette
qu'il ne stoppe pas le déclin. Et, animé de bonnes intentions, le ministre
s'est heurté à une formation politique où il faut convaincre ses membres de
l'importance de mettre en place des mesures. Le Parti québécois n'a personne à
convaincre de l'importance de la langue. À la CAQ, avec une aile fédéraliste,
une aile affairiste, il faut les convaincre des mesures. Alors, ce qu'on a dans
le projet de loi n° 96, c'est les limites de ce que la CAQ peut faire.
Nos propositions vont frapper fort,
courageuses. La fréquentation du cégep en français, un débat sur l'immigration
et sur la francisation, sur la culture, sur l'exemplarité de l'État, sur les
entreprises qui ne devraient pas pouvoir transiger avec l'État si elles ne
remplissent pas les critères importants en matière de respect de la langue française,
c'est ce qu'on va proposer.
En matière de crédibilité, en matière de
langue, le Parti québécois est une référence, et j'aimerais bien que la
Coalition avenir Québec arrête de se réclamer de Camille Laurin. Les
héritiers de Camille Laurin savent par quoi il est passé : les
insultes, les menaces de la communauté anglophone. Quand j'entends le ministre
dire qu'il faut vraiment rassembler tout le monde pour que ça soit modéré et
populaire, non, il faut poser les gestes qui sont nécessaires. Et les Québécois
savent vers qui se tourner en matière de langue.
Alors, c'est le message que je veux passer
aujourd'hui, en parlant, évidemment, de nos propositions qui sont multiples. Ça
va très loin. On parle de culture, on parle la promotion de la langue, on parle
des médias, des communications, on parle de la jeunesse québécoise. Et je ne
vous cacherai pas que c'est avec beaucoup de fébrilité que j'aborde cet
enjeu-là. C'est le mandat que le chef du Parti québécois m'a confié et c'est
une des raisons pour lesquelles je voulais être totalement disponible cet
automne. Suivez bien les débats, ça va partir fort dès 10 heures, ce
matin.
Ceci étant dit, je pourrais revenir sur la
loi 96, si d'aventure vous voulez me poser des questions là-dessus, mais
je céderais la parole au chef du Parti québécois, qui a gagné ses élections
hier, Paul St-Pierre Plamondon.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Merci, Pascal. Bon, alors, je ne sais pas si vous avez eu autant de fun que moi
à regarder les élections fédérales, hier. C'était un spectacle courageux de la
part des chroniqueurs politiques et des journalistes qui étaient à la
couverture de cet événement-là où pratiquement il ne s'est rien passé. On a eu
une élection qui était parfaitement inutile.
Et malheureusement, dans toute élection,
il y a des gagnants, il y a des perdants. Cette fois-ci, il semble y avoir un
certain nombre de perdants, de gens qui ont pris un pari puis qui ne l'ont pas
gagné. Et la personne qui a le plus perdu, c'est François Legault. C'est un
échec, il ne vous le dira pas, mais c'est un échec pour François Legault et la
CAQ, et cet échec-là, malheureusement, il lie tous les Québécois.
Déjà, la doctrine de fédéralisme de François
Legault n'obtenait que des échecs auprès d'Ottawa. Donc, rappelons-nous que le
rapport d'impôt unique c'était non; les pouvoirs en culture, c'était non; les
transferts en santé pour 6 milliards de dollars, ça a été non; la
loi 101 aux entreprises fédérales, un autre refus; les pleins pouvoirs en
immigration, ça a été un refus. Et François Legault a décidé de prendre le pari
de miser sur les conservateurs, de dire aux Québécois pour qui voter, et les Québécois
ne l'ont pas écouté. Et là on se retrouve donc dans un cul-de-sac, ce matin, où
qui est au pouvoir? À nouveau les libéraux, mais François Legault a dit que c'était
un parti dangereux pour le Québec. Donc, dans quel univers est-ce qu'on va
obtenir un quelconque gain si ce parti-là... si Ottawa nous avait déjà à peu
près tout refusé et que, là, on est à nouveau avec une situation où on est
peinturés dans le coin, on est dans un cul-de-sac?
Et ça soulève donc la question que je pose
à François Legault : Est-il en mesure de remettre en question sa théorie,
son engagement aveugle envers le fédéralisme? Il nous a promis de grands gains
pour le Québec. On n'en a obtenu aucun. Et là il vient de perdre son pari en
misant quitte ou double sur les conservateurs. Est-ce qu'il est en mesure de se
remettre en question dans son adhésion aveugle à un système qui nous contraint
à se défendre, à se défendre soit d'un gouvernement conservateur ou d'un gouvernement
libéral, mais qui, dans les deux cas, n'ont pas vraiment d'intérêt pour le Québec
et portent le mépris qui était évident lors du débat en anglais, mais un mépris
pour le Québec qui ne compte plus dans la balance fédérale, qui n'a plus le
poids démographique pour peser, pour être important pour les partis fédéraux?
Je veux également... Juste un petit mot
sur la petite Madison. J'ai fait une petite vidéo hier, là. Je veux rapidement
parler de ce sujet-là. La petite a une maladie neurodégénérative qui va causer
sa mort. Il y a un médicament qui coûte 2,8 millions, et on n'est pas
devant un médicament expérimental, on est devant un médicament qui est confirmé
par Santé Canada, et, dans des provinces canadiennes comme l'Ontario et l'Alberta,
l'entente est déjà faite avec la pharmaceutique pour que le prix soit
raisonnable. Pour des raisons que j'ignore, au Québec, l'entente n'est pas
signée, et ça traîne en longueur. La petite, elle est diagnostiquée depuis le 1er juillet,
et c'est dégénératif. Chaque semaine sans recevoir l'injection en question crée
une dégénérescence de sa capacité de bouger, d'avaler, de respirer. Donc, à un
moment donné, lorsque la pertinence est confirmée, lorsque le gouvernement
reconnaît que les Québécois ont droit à ce médicament-là, mais qu'il y a des
dédales administratifs, il faut s'entendre sur le principe que ce n'est pas à
l'enfant de payer de sa vie pour les retards administratifs.
Donc, je demande au gouvernement
d'intervenir tout de suite en payant le médicament pour que, de manière
transitoire, les enfants qui ont un besoin urgent ne paient pas le prix des dédales
administratifs actuels. La mère en question s'appelle Alexandra Tremblay, comme
mon épouse, et elle a eu le courage de faire une levée de fonds pour essayer de
se rendre à 2,8 millions. Je pense que ce n'est pas comme un médicament
expérimental, là. Il est confirmé, ce médicament-là. Ayons la compassion puis
le sens des responsabilités, là, d'agir tout de suite. Donc, là-dessus, je vais
prendre vos questions.
La Modératrice
: Une
question, une sous-question.
M. Laforest (Alain) : Ce qu'on
me dit au bureau du premier ministre, c'est que le Québec est bleu et on a
empêché les libéraux d'avoir leur majorité. Alors, vous leur répondez quoi à
ça?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
C'est un échec qui, malheureusement, nous place dans un cul-de-sac parce que François
Legault a dit aux gens pour qui voter. Les gens, les Québécois ne l'ont pas
écouté, mais Justin Trudeau, lui, a pris acte de ce geste-là et a déjà dit,
durant la campagne, que ça fait juste moins d'argent pour les Québécois. Donc, malheureusement,
François Legault a décidé de tout miser parce que sa doctrine fédéraliste ne
fonctionnait pas, et là je ne vois absolument pas comment elle peut fonctionner
et j'espère que François Legault en profitera, donc, pour faire des
remises en question.
Mme Prince (Véronique) :
M. St-Pierre Plamondon, si on résume quand même l'élection, le Bloc s'est
collé sur François Legault, François Legault s'est collé sur les conservateurs.
Est-ce que le Bloc n'est pas perdant aussi?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, le résultat est à peu près le même pour le Bloc. C'est une élection qui, malheureusement,
n'aurait jamais dû être déclenchée, et c'est par la faute de Justin Trudeau.
Ensuite…
Mme Prince (Véronique) : Ça
fait que le Bloc a alors perdu son pari aussi. Le Bloc a à peine augmenté.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
C'est ça, à peine augmenté, mais, dans les faits, c'est une hausse quand même.
Et je pense qu'il n'y a pas de perte, là, pour le Bloc. Malheureusement, c'est
une campagne qui était inutile, tout simplement. C'est ça, le constat.
M. Larin (Vincent) : Est-ce
que le Bloc québécois paie le prix de son positionnement sur le troisième lien,
vous pensez?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je pense qu'on a amplement de chroniqueurs au Québec, là, pour faire ces
analyses-là.
M. Larin (Vincent) : Je
demande à vous, M. St-Pierre Plamondon.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Mais il y a eu plusieurs événements, puis je ne sais pas quels événements ont
eu un lien. Ce qu'on voit, c'est une légère augmentation du Bloc.
M. Larin (Vincent) : C'est
bien en dessous des attentes de M. Blanchet, ma collègue l'a souligné. Ce
n'est pas du tout, comme vous le dites, une victoire retentissante pour le Bloc
hier. Il n'y a pas un signal aussi que les Québécois envoient peut-être?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je pense que le signal que les Québécois envoient, c'est que c'était une élection
qui était parfaitement inutile. Il n'y a rien qui a bougé.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que ce mandat-là donne la légitimité à Justin Trudeau de venir empiéter dans
les champs de compétence des provinces?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, malheureusement, ça donne le pouvoir à un gouvernement qui n'a pas de
honte, ne se cache pas pour empiéter sur nos champs de compétence. Et le gouvernement
du Québec s'est placé dans une position où il n'est plus vraiment en position, il
n'est plus vraiment en mesure de négocier. Il a joué quitte ou double puis il a
dit aux gens pour qui voter, et là ça se retourne comme un boomerang à notre
visage. Puis le premier ministre, malheureusement, a lié tous les Québécois
dans cette décision pour laquelle il n'a consulté personne.
M. Laforest (Alain) : Mais là
vous ramenez ça à François Legault. Moi, je vous parle de Justin Trudeau.
Est-ce qu'avec le mandat qu'il a il peut imposer des normes en santé?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Il le faisait déjà. C'est inhérent au fédéralisme. Et c'est pour ça que je suis
indépendantiste. Tant qu'on va être dans une posture défensive d'espérer que le
gouvernement fédéral n'empiète pas sur nos décisions puis nous donne peut-être
l'argent qu'on devrait avoir, on est dans une position de faiblesse. Mais là je
pense que la position de faiblesse, elle est juste un peu augmentée par le fait
que le premier ministre a misé sur un parti, puis ce n'est pas celui-là qui
rentre au pouvoir. Évidemment que c'est une posture qui est très inconfortable
pour tous les Québécois.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : En ce sens-là, est-ce que c'est un peu une
victoire pour le Parti québécois? Ça vient démontrer, comme vous le dites, là,
l'échec de la nouvelle posture fédéraliste de M. Legault. Est-ce que vous
voyez comme quelque chose qui pourrait profiter à votre parti?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
C'est rare que j'entends une question qui est comme de la musique à mes
oreilles, mais c'est ce que j'en pense. C'est que la démonstration, élection fédérale
après élection fédérale, c'est qu'un gouvernement conservateur venant de
l'Alberta, propétrole, avec des valeurs qui ne nous ressemblent pas ou un
gouvernement libéral qui empiète sur nos compétences, qui a une forme de mépris
envers nos choix... on n'est jamais gagnants. Puis moi, j'ai voté Bloc parce
que je veux un gouvernement minoritaire pour limiter les dégâts, mais il faut
réaliser que la seule solution, c'est de sortir d'un système qui nous
désavantage. La seule réponse, c'est l'indépendance.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Bon, au sujet du Bloc, le Bloc a quand même
profité d'une fin de campagne galvanisée, là, par le débat des chefs en
anglais. Donc, ça aurait pu être encore pire pour eux, finalement.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, c'est sûr qu'on peut faire de la politique fiction puis faire toutes
sortes de scénarios. Clairement, le débat a eu un impact et…
M. Laforest (Alain) : Ah oui?
Lequel? On a la même photo.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Pardon
M. Laforest (Alain) : Lequel,
impact? On a la même photo.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bon, on a vu les sondages bouger très rapidement après ce débat en anglais.
M. Laforest (Alain) : Donc,
il a sauvé la campagne de M. Blanchet.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, je ne dirais pas ça, mais ça a été un événement marquant où les Québécois
prennent acte que le mépris, au Canada, est une norme, là. Le mépris envers le
Québec n'a même pas fait réagir. On n'a jamais eu ces excuses-là. Donc, je
pense que les Québécois en ont pris acte.
Puis pour répondre à la question, oui, ça
a un impact positif parce qu'il y a plus d'indépendantistes qui sont élus. Mais
le message indépendantiste ressort beaucoup plus clairement. Tant que nous
demeurerons dans cette structure-là, il y aura du mépris, puis une posture
défensive où on espère négocier des miettes. Puis là, avec le résultat de ce
matin puis la posture que François Legault a prise, malheureusement, je ne
m'attends à aucun gain, ce qui était exactement la situation avant les
élections.
La Modératrice
: Une
dernière en français.
M. Larin (Vincent) : Comment
ça, vous dites que le message indépendantiste est ressorti? Où est-ce que vous
voyez ça?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
C'est que, pour l'électeur qui voit qu'on est encore pris avec un gouvernement
qui a peu d'intérêt, puis qui ne collabore pas avec le Québec, alors qu'on a eu
un débat où le mépris canadien est ressorti très clairement, le mépris envers
le Québec est ressorti sans qu'il n'y ait d'excuses, je pense que ça va faire
cheminer l'électorat québécois sur le fait que ce n'est vraiment pas un bon
système pour nous, que ce n'est pas normal d'être dans un pays qui te méprise,
mais qui prend une partie de tes impôts pour décider à ta place. Je pense que
l'illustration... l'absurdité du système fédéral est ressortie très clairement
dans cette élection-là.
M. Larin (Vincent) : Et pourtant
la députation du Bloc n'a pas augmenté à l'élection, là. C'est pour ça que je
trouve ça drôle quand vous dites … s'est exprimé. Pas vraiment, là.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
De ce que j'ai compris, elle a augmenté, la députation du Bloc. Mais,
indépendamment du résultat électoral, je pense que c'est une illustration,
cette élection-là, de tout ce qu'on reproche au régime fédéral pour le Québec.
La Modératrice
:
Dernière en français et ensuite on passe en anglais.
Mme Prince (Véronique) :
Bien, je laisserais poursuivre mon collègue, juste pour terminer son idée, puis
ensuite j'aurais une question sur la loi n° 96.
Des voix : …
Mme Prince (Véronique) : O.K.
Bien, c'était sur la loi n° 96?
Des voix : …
Mme Prince (Véronique) : Oui?
En fait, ce que j'aimerais savoir, c'est : Qu'est-ce que vous allez
suggérer au gouvernement d'apporter pour que la loi n° 96 ait plus de
mordant? On commence aujourd'hui les consultations. Qu'est-ce qui doit être
fait?
M. Bérubé : Écoutez, nos
propositions sont prêtes depuis le printemps prochain... Du courage,
essentiellement. À partir du moment où on veut stopper le déclin du français,
il faut prendre des mesures fortes qui ne seront pas populaires. Que l'État
continue de financer sa propre assimilation en permettant aux étudiants
francophones et issus de l'immigration d'aller dans les collèges anglophones,
c'est un non-sens. L'apprentissage des langues, de plusieurs langues, c'est
encourager… Vous avez une des plus belles démonstrations juste à côté de moi
avec Paul qui parle quatre langues. Mais le cégep, ce n'est pas là pour ça. Le
cégep, si… D'abord, à Montréal, il y aura une majorité d'étudiants collégiaux
dans les cégeps anglophones, on franchit ce cap-là.
Donc, ce courage-là, qui est maintenant
appuyé par une majorité, on a vu dans les derniers sondages, si le gouvernement
se gouverne par sondage, il va être sensible à ça, l'immigration, un vrai
débat. Pourquoi on ne demande pas la connaissance du français à l'arrivée?
Ensuite, l'exemplarité de l'État pour
vrai, faire en sorte qu'une entreprise qui veut transiger avec l'État
financièrement, si elle n'a pas rempli toutes les conditions en matière de
protection de la langue française, de respect de la langue française, de
promotion de la langue française, elle ne peut pas transiger avec l'État.
C'est des exemples, et j'en ai plusieurs.
Les municipalités qui ont un statut bilingue, je ne vais en nommer qu'une
seule, Otterburn Park dans la circonscription de Simon Jolin-Barrette, 8 %
d'anglophones, la municipalité est bilingue. Le ministre dit : Tout le
monde perd son statut, mais, si, dans 90 jours, vous passez une motion, vous le
gardez. C'est d'un ridicule consommé. Ils ne veulent pas déplaire à personne. Ils
ont peur de la communauté anglophone. Ils ont peur de poser des gestes qui vont
créer des tensions à l'intérieur du gouvernement.
Pensez-vous que l'aile affairiste et
l'aile fédéraliste sont d'accord avec l'idée d'aller plus loin? Pantoute. C'est
ça, les débats qu'ils ont eus à l'intérieur. Simon Jolin-Barrette a les
positions d'un indépendantiste, mais il est tout seul, dans son caucus, à
penser ça. Écoutez, le nombre de députés que je vois s'afficher, ils rajoutent
un drapeau canadien derrière aux autres dans leur bureau de comté puis ils ont
des positions que... pas besoin d'aller loin sur la langue, ça va bien. Ça, ce
n'est pas le Parti libéral, c'est la CAQ.
Si vous me permettez, sur ce que vous avez
dit, le Bloc québécois augmente son pourcentage de vote, il va passer de 32 à
34 députés, représente le tiers de l'électorat québécois. Je veux dire, ça
va être quoi, tantôt, quand vous allez questionner Gabriel Nadeau-Dubois sur le
NPD, qui passe d'un député à un député? Je veux dire, c'est une immense
victoire pour le Bloc. Je veux dire, qu'on pointe les bonnes affaires. Et, moi,
je suis heureux du résultat du Bloc qui s'annonce comme il est : On ne
prendra pas le pouvoir, on représente les intérêts du Québec. Ils sont en
deuxième place dans plein de circonscriptions. Chapeau, Yves-François Blanchet,
pour cette campagne fantastique.
Puis nous, on s'assume. On a voté pour le
Bloc québécois, et je mets au défi les trois autres chefs qui vont passer
devant vous de dire — maintenant que la campagne est terminée, là, ça
n'aura pas d'impact sur le vote : Vous, là, personnellement, vous avez
voté par qui? Méfiez-vous des gens qui ne voudront pas vous le dire.
La Modératrice
: On va
passer aux questions en anglais.
Journaliste
: …
La Modératrice
: Une
supercourte, s'il vous plaît.
M. Larin (Vincent) :
…M. Legault s'est représenté à quelques… contre l'extrémiste. Il a, entre
autres, qualifié le Parti québécois en raison de sa position sur les cégeps,
par exemple la loi 101 comme étant… Je ne me souviens plus du mot exact.
Une voix
: Extrémiste.
M. Larin (Vincent) : Extrémiste,
c'est ça. Ce matin, vous avez parlé en reprochant au premier ministre de
vouloir être rassembleur. Est-ce que vous vous considérez comme extrémistes
dans le dossier de la langue?
M.
Bérubé
:
Bien, d'abord, quand François Legault parle du projet d'indépendance du Québec
ou parle de nos positions en matière de langue, fermez les yeux, vous pouvez
entendre Jean Charest ou Philippe Couillard. C'est pareil. C'est une caricature
qui, manifestement, est réelle. Il dit la même chose. Ça, c'est un premier
enjeu.
L'idée avec la langue, là, on va... moi,
je vais vous le dire, on va le briser, le tabou. Ça ne sera pas populaire si on
veut prendre des mesures pour stopper le déclin puis renverser la tendance.
L'idée, ce n'est pas d'être populaire, l'idée c'est d'être efficace, c'est de
s'assurer que ça fonctionne. Puis ça va déplaire à du monde. Et la communauté
anglophone, quand ils vont m'entendre pendant la commission, ils ne m'aimeront
pas. Mais on le sait depuis 1977 qu'ils n'aiment pas nos mesures. Alors, moi,
je ne me cherche pas des amis, je cherche à sauver la langue française et à
poser des gestes qui s'imposent.
Quand le gouvernement dit : Bien, on
est modérés, puis tout ça, sa loi n° 21, ils étaient modérés. On était
plus cohérents puis on était plus sincères qu'eux.
Puis, en terminant, oui, quand je l'entends
de dire : C'est la pièce la plus ambitieuse depuis la loi 101, la loi
n° 14 de Pauline Marois, dont j'étais un membre de ce Conseil des
ministres, il était contre parce que ça allait trop loin.
L'instrumentalisation qu'ils font du
dossier de la langue à des fins partisanes en disant : C'est assez pour
avoir l'air nationaliste, moi, ça ne me trompe pas. Les vraies personnes,
sincères, authentiques, sur qui repose l'engagement politique, c'est pour ça
qu'on est en politique, c'est nous. Alors, bonne chance à partir de
10 heures parce que vous allez me voir beaucoup.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je veux juste rajouter un point sur cette citation-là, je crois que c'est en
référence à la loi 101 au cégep. On avait qualifié… On parlait des
positions extrémistes, et un sondage, pas longtemps après, nous indiquait qu'en
fait, chez les francophones, c'est 69 %... 67 % ou 69 % des
francophones qui sont en faveur de cette mesure-là.
Donc, il faut être aussi très, très
prudent lorsqu'on reprend les termes de Philippe Couillard, de Jean Charest
pour faire peur aux gens. Souvent, quand on vérifie, on se rend compte que la
grande majorité des Québécois sont derrière nous dans nos mesures parce
qu'elles sont justes, elles sont proportionnelles aux défis devant nous.
La Modératrice
: On va
passer aux questions en anglais.
Mme Senay
(Cathy) : Yes. Pascal, I would like just to
ask you a couple of questions about Bill 96. You're about to go. Why the
English-speaking community will not like you for what you have to say?
M. Bérubé : For sure.
Mme Senay (Cathy) : Tell us.
M. Bérubé : I can live with that. It's not about them, it's about… If you're
serious about promoting French and saving French in Québec, you have to make statement. And my statement, it's : Some
people's going to be not that happy about what we're proposing. Simon Jolin-Barrette wants to be friend with
everyone. I'm not here to making friend, I'm here to promote and protect French
language. And it's about my involvement in politic since day one. So, this
is what we are about.
Camille Laurin, back in
1977, was insulted, people were saying a bunch of naughty stuff. And now I hear
Mr. Jolin-Barrette say :
I'm kind of the new Camille Laurin. Yes, right. Think again.
Mme Senay (Cathy) : What are the key propositions you'll bring on the table on
Bill 96?
M. Bérubé : The possibility for French students and people from immigration to
keep on going to colleges like Dawson and other ones, John Abbott and other
ones, it's not going to be popular, it's not a place to learn English. It's the
responsibility of the Government of Québec to make
sure that the socialisation of those students, it's going to be in French. It's
not Assimil, it's not about learning English, it's about a responsibility. And
there's a lack of courage of this Government who is taken hostage by his… wing in the CAQ and federalist people
who said : That's too much for us. That's good because we're in power,
we're good with that. But don't push too much nationalism. The only reason we
can be more nationalist is if you can prove us that we're going to be elected
again with that.
Don't trust that. Trust
the real people, since 50 years, who promoting French for real and they
put their heart and their soul into promoting French, and that's the Parti québécois. And this is why I'm heading, right now, to this
commission. And watch me, it's going to be something.
La Modératrice
:
Dernière en anglais.
Mme Senay (Cathy) : Two last questions in English. Mr. St-Pierre Plamondon…
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Good morning.
Mme Senay (Cathy) : Good morning. Mr. Legault won. He won because it's a minority
government, which is easier for Québec to negotiate with a minority government.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Oh, no, François Legault lost, and he lost a lot because he
told people who to vote for and they didn't do that. So, we're now stuck in a
situation where we didn't get our demands from Ottawa, and the Government in
power has explicitly said that they really disliked François Legault's
involvement in the campaign. So, we're not in a good situation right now. And,
unfortunately for François Legault, he didn't get any of his important demands,
and he's not in a position to get them because he chose the wrong… he bet on
the wrong option.
Mme Senay (Cathy) : But, at the same time, we are less than a year towards an election
in Québec, and Mr. Legault will be able to tackle the same argument
against Mr. Trudeau, that nationalist Quebeckers should be against a prime
minister that is playing with provincial jurisdictions. So, he has the right
target in front of him, so he won.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : No, we have the right target in front of us, because Justin
Trudeau and François Legault are demonstrating that it doesn't work for Québec,
that staying in Canada doesn't bring any result. François Legault's problem is
that he promised results, and he's going to show up in one year empty…
with his hands empty. And that's what's going to happen.
So, we are in a good
position to say : Look at what are the results of this federalism that is
followed by François Legault. It doesn't lead us anywhere and it puts us in a
situation where we're in a corner right now.
Mme Senay (Cathy) : Where do you think he's going to fail? Maybe he'll get the
transfers in health. Maybe like…
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : No, no, no. We didn't get them. He decided to support the
Conservatives, and we have a government that he called… François Legault called
the Liberals, himself, dangerous for Québec. What are the odds that we get $6 billion
in transfers? Good luck.
La Modératrice
:
Merci beaucoup. Bonne journée.
(Fin à 9 h 42)