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Point de presse de Mme Pauline Marois, chef de l'opposition officielle

Version finale

Le mercredi 21 mars 2012, 13 h 15

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures dix-sept minutes)

Mme Marois: Merci beaucoup, Marie. Je suis accompagnée évidemment de Marie Malavoy, qui est porte-parole en matière d'enseignement supérieur, et de Mathieu Traversy, qui est, lui, porte-parole au niveau des politiques jeunesse.
Alors, l'attitude bornée de Jean Charest face aux étudiants a assez duré. Il est temps d'ouvrir le dialogue et de chercher une entente. En ce moment, le gouvernement se comporte comme si les jeunes du Québec étaient des ennemis de l'État. Je crois que le premier ministre a tout simplement décidé de se faire du capital politique sur le dos des jeunes. C'est vraiment indécent quand on sait qu'il s'est nommé responsable des dossiers jeunesse. Jean Charest voudrait nous faire croire que c'est faire preuve de leadership que de se montrer rigide et sourd. Au contraire, en refusant de dialoguer avec nos jeunes, Jean Charest fait preuve de faiblesse. Le vrai leadership consiste à obtenir des résultats. L'attitude du premier ministre a produit l'effet inverse.
Il y a maintenant plus de 200 000 étudiants québécois qui sont en grève. Les activités de nos cégeps et de nos universités sont paralysées. Les manifestations se multiplient, et le conflit s'envenime. Au bout du compte, c'est tout le Québec qui est perdant. Les jeunes ont parfaitement raison, à mon avis, de se battre contre cette hausse. Aucun d'entre nous n'accepterait, par exemple, une hausse de tarifs d'électricité, une hausse de taxes ou d'impôts de 75 %, parce que c'est bien de cela dont il s'agit.
Les familles québécoises de la classe moyenne n'ont pas non plus les moyens d'encaisser une hausse aussi brutale des droits de scolarité. Pour une famille de trois enfants qui vont à l'université, seuls les droits de scolarité coûteront plus de 11 000 $ par année, et on fait abstraction ici de tous les autres frais qui concernent l'habillement, le logement, les transports. Il faut savoir que la grande majorité des jeunes et des familles de la classe moyenne n'ont pas droit aux bourses et, dans certains cas, même pas droit aux prêts. Il est légitime pour un gouvernement de prendre la décision d'augmenter des tarifs mais il y a des limites, et 75 %, ça n'a tout simplement pas de bon sens.
Les leaders étudiants ont tendu la main au gouvernement à plusieurs reprises. J'invite donc le premier ministre à faire preuve d'un véritable leadership, à prendre ses responsabilités et à ouvrir le dialogue avec les étudiants. Au Parti québécois, nous croyons que cette hausse de 75 % des droits de scolarité est complètement inacceptable. Si les libéraux s'obstinent jusqu'au bout et imposent cette hausse, un gouvernement du Parti québécois l'annulera. Si les Québécois nous font confiance pour former le prochain gouvernement, nous tiendrons un sommet sur l'enseignement supérieur. Nous réunirons alors tous les acteurs et nous établirons un mode de financement acceptable pour toutes les parties concernées, y compris, bien sûr, les contribuables.

M. Ouellet (Martin): Mme Marois, d'abord, moi, j'avais compris que le Parti québécois était, en fait, en faveur d'un gel après l'application des hausses qui avaient été prévues au budget. C'est...

Mme Marois: Non.

M. Ouellet (Martin): Non, ce n'est pas ça du tout?

Mme Marois: Pas les hausses de 75 %.

M. Ouellet (Martin): O.K. Mais vous allez les annuler...

M. Plouffe (Robert): Pour des hausses de combien?

Mme Marois: C'est-à-dire qu'actuellement il y a déjà des hausses qui sont appliquées et qui avaient été décidées il y a quelques années déjà. Ces hausses-là, nous n'y touchons pas... pardon, nous n'y touchons pas. Ce à quoi nous faisons référence, c'est les hausses actuelles de 325 $ par année, pendant cinq ans, donc une hausse de 75 %.

M. Ouellet (Martin): Et ça, vous prenez l'engagement de les annuler, c'est-à-dire que vous allez faire quoi...

Mme Marois: Si une élection avait lieu, par exemple, à l'automne, et que les frais aient déjà été appliqués pour 2012-2013, nous allons les annuler.

M. Ouellet (Martin): Mais est-ce que c'est responsable pour un gouvernement d'annuler des hausses qui ont déjà été décidées et payées?

Mme Marois: Nous pensons que c'est irresponsable, de la part d'un gouvernement, d'imposer des hausses de 75 % à des étudiants sans compenser réellement par ailleurs, malgré ce que dit le gouvernement, l'aide financière aux études.

M. Ouellet (Martin): Qu'est-ce qu'une hausse acceptable, Mme Marois?

Mme Marois: Non, je ne statuerai pas sur une hausse acceptable. C'est justement ce que nous voudrions pouvoir discuter au moment d'un forum: Est-ce qu'il y a lieu qu'il y ait une hausse? De quel ordre peut-elle être, si c'est le cas, et si nous retenons un tel scénario.

M. Caron (Régys): Mme Marois, maintiendriez-vous les augmentations de 100 $ par année qu'on voit déjà depuis quelques années?

Mme Marois: Oui, c'est dans le programme. Nous ne touchons pas au passé. C'est-à-dire que, non, c'est terminé maintenant. Ça se termine. La dernière hausse a lieu cette année, et c'est maintenant cette nouvelle hausse qui s'appliquerait, et, celle-là, nous disons non.

M. Robitaille (Antoine): Alors, une indexation serait-elle acceptable?

Mme Marois: C'est un débat qu'on pourra avoir au moment du forum avec les étudiants, avec les partenaires des milieux financiers, des milieux économiques, des milieux universitaires puis avec les contribuables aussi.

M. Robitaille (Antoine): Vous dites que les étudiants sont fâchés, frustrés, bon, que le gouvernement est bloqué. Est-ce que vous lancez un appel au calme pour demain, pour la grosse manif qui va avoir lieu à Montréal?

Mme Marois: Moi, je suis assez confiante, même très confiante. Vous savez, les étudiants, jusqu'à maintenant, ont été très responsables. Ils ont dénoncé lorsqu'il y a eu...

M. Plouffe (Robert): Bloquer des ponts, c'est responsable?

Mme Marois: Ils ont dénoncé - je vais revenir à la question - ils ont dénoncé lorsqu'il y a eu des casseurs. Ils ont demandé aux casseurs de ne pas participer aux marches. Quand je regarde ce qui s'est passé en fin de semaine, c'était plutôt bon enfant et même très sympathique.
C'est sûr qu'il y a des gestes qui sont posés qui nuisent, ont des effets de nuisance importants pour les citoyens, je pense au blocage des ponts, et je crois qu'à ce moment-là ça nuit à leur cause et, moi, j'espère qu'ils le comprennent.

M. David (Michel): Mme Marois, vous dites que les leaders étudiants ont tendu la main au gouvernement à plusieurs reprises. Mais j'en ai peut-être manqué un bout, mais je ne les ai pas entendu dire que quelque chose d'autre qu'un gel pourrait être envisageable. Est-ce que...

Mme Marois: Moi, j'ai entendu les étudiants dire: On veut pouvoir s'asseoir et échanger, il y a peut-être une avenue à envisager. C'est sûr qu'ils n'ont pas dit qu'ils renonçaient au gel, c'est certain. Il y a trois formations, là, il y a trois associations étudiantes, il y en a deux qui ont manifesté de l'ouverture; il y en a une autre évidemment qui prône la gratuité des frais universitaires, donc de l'accès à l'université. Donc, c'est évident qu'ils ne vont pas dans ce sens-là.
Alors, cependant, moi, je dis que ce qui est essentiel de la part d'un leader, d'un chef d'État, c'est que, devant une telle situation, il doit ouvrir le dialogue, établir un canal de communication. C'est ce que demandent actuellement les associations étudiantes.

M. David (Michel): Maintenant, si le gouvernement proposait, bon, hypothèse, une augmentation mais moins importante que celle qu'il a mise de l'avant actuellement, est-ce que vous pourriez appuyer ça et renoncer à l'abolir systématiquement? Parce que là on ne voit pas, avec une promesse comme la vôtre, on ne voit pas pourquoi les étudiants feraient la moindre concession.

Mme Marois: Bien, c'est-à-dire que la... Nous, notre engagement, c'est qu'on ait un véritable débat où on va interpeller aussi les étudiants. Est-ce qu'il y a lieu que leur contribution soit plus significative? Si elle devait l'être, en contrepartie, est-ce que nos mesures d'aide financière aux études vont être compensées, ce qui n'est pas le cas actuellement, là, hein? On se comprend. Ils corrigent un peu, mais ils ne corrigent pas toute la situation. Moi, je crois que les étudiants sont plutôt enclins à vouloir trouver une solution, et c'est au gouvernement à les rencontrer.

M. David (Michel): Vous ne vous attelez pas beaucoup à la solution, là. Vous dites, vous: On va annulez ça. Alors, pourquoi les étudiants s'assoiraient-ils?

Mme Marois: À ce que je sache, je n'ai pas provoqué la situation, soit dit en passant, et, d'autre part, nous, nous en avons, une proposition, qui est celle de réunir tous les intervenants du milieu de l'enseignement supérieur, de ceux et celles qui contribuent à l'enseignement supérieur, aux coûts de l'enseignement supérieur, et qu'on puisse tirer ensemble un certain... faire ensemble un certain nombre de constats et proposer des actions concrètes.

La Modératrice: Paul Journet.

M. Journet (Paul): Est-ce que c'est juste au gouvernement de reculer, de revoir sa position, ou est-ce que le mouvement étudiant doit aussi faire la même chose? Ça se fait à deux, ces choses-là.

Mme Marois: Au-delà de ça, moi, je ne peux pas me mettre dans la peau des étudiants ni du gouvernement. Cependant, ce que je recommande, à ce moment-ci, c'est qu'un chef de gouvernement qui se trouve devant une telle fronde, une telle opposition, doit assumer sa responsabilité, établir un lien, une communication, échanger avec les étudiants, les rencontrer par sa ministre de l'Éducation ou directement lui-même. Je peux vous dire qu'à chaque fois qu'il y a eu des oppositions importantes à des politiques, par exemple, de notre gouvernement, il y a toujours eu un dialogue qui est demeuré.

La Modératrice: Dernière en français, M. Pépin.

M. Pépin (Michel): J'aimerais savoir, vous nous faites un peu le coup des redevances, là, vous nous dites: On va faire un sommet, on ne sait pas à combien on va augmenter ça ou pas. Mais faites-nous justement le coup des redevances, dites-nous quels sont les principes qui vous guident. Quels sont les principes qui vous guident par rapport aux droits de scolarité, Mme Marois?

Mme Marois: Moi, je crois qu'il faut que le gouvernement demeure engagé dans le support à l'enseignement supérieur, et, actuellement, ce qu'ils font, c'est qu'à partir du moment où ils demandent une contribution beaucoup plus importante aux étudiants, eux diminuent la part qu'ils versent aux universités. Autrement dit, une partie de l'investissement qu'ils faisaient ils ne la feront plus parce qu'elle sera substituée par la contribution des étudiants, et la proportion du gouvernement... Est-ce que je ne m'abuse, Marie? C'est vraiment ça?

Mme Malavoy: Oui, en pourcentage.

Mme Marois: La contribution, en pourcentage, du gouvernement va diminuer. Par exemple, moi, dans un contrat social, je me dis: Il faudrait que le gouvernement s'engage à maintenir une certaine portion de financement, une certaine proportion du financement, et que, ça, ce soit un engagement de l'ensemble de la collectivité. Parce que, quand c'est le gouvernement, c'est chacun de nous, évidemment, on en conviendra.

M. Pépin (Michel): Si vous me permettez de compléter, le gouvernement dit... passe de 54 % à 51 % pour sa contribution pour les universités et il dit: Le plancher, c'est 50 %. Vous, c'est quoi, votre plancher?

Mme Marois: Nous, on n'a pas établi de plancher. Cependant, c'est un plancher qu'on pourrait établir au moment d'un sommet qui se tiendra avec l'ensemble du milieu de l'enseignement supérieur. C'est ça, la position que nous avons prise. Nous pensons qu'elle est responsable, elle est raisonnable et elle permet justement d'avoir un dialogue plutôt que d'imposer, comme le fait le gouvernement actuel, une hausse qui n'a aucun sens, 75 %. Imaginez un instant qu'une taxe augmente de 75 %.

La Modératrice: Tim Duboyce. Tim Duboyce, pardon, en anglais.

M. Pépin (Michel): Est-ce qu'il y a un lien sur une période prolongée pour un...

La Modératrice: Non, je m'excuse.

M. Plouffe (Robert): Un complément à Mme Marois. Si vous me permettez, Mme Marois.

Mme Marois: Marie?

La Modératrice: Sur?

M. Plouffe (Robert): Une seule question, si vous me permettez, Mme Marois. Il y a eu un choc tarifaire, effectivement, là, avec la Société de l'assurance automobile du Québec, et le gouvernement Charest en avait pris compte. Il avait dit: On ne peut pas imposer un choc tarifaire. Vous dites: Il va y avoir un choc pour les étudiants, mais, en ce sens-là, est-ce que, vous qui ne cessez de monter dans les sondages, ce n'est pas un peu irresponsable, voire électoraliste de votre part, de dire: Je vais l'annuler complètement?

Mme Marois: Non, ce n'est pas parce qu'on a monté ou pas dans les sondages. C'est dans notre programme, ça a été adopté en avril dernier, et ça date d'avant cela. Au congrès, nous l'avons confirmé, mais c'est une position qui a été adoptée dans un conseil national où nous avons débattu des frais de scolarité, et donc ça n'a rien à voir avec la situation actuelle. C'est une position que nous avons prise il y a déjà un bon moment, nous sommes cohérents et nous allons respecter les engagements que nous prenons.

La Modératrice: Tim Duboyce.

M. Duboyce (Tim): What are you asking the Government to do?

Mme Marois: I ask to Mr. Charest to have a communication, relation with the students. I think that it is unacceptable from the part of the Government to do not have a discussion with the students. They are in the street, and the two major associations want... I think the three want to have a meeting with the Prime Minister, with the Minister of the Education, and I think that it is the responsibility of the Prime Minister to act in this perspective, to go and to have a discussion with the students.

M. Duboyce (Tim): What would the PQ Government do?

Mme Marois: We will «annule», «annuler»... we will...

Des voix: Cancel.

Mme Marois: Merci! We will cancel the increasing of the tuition, first of all, and we will have a forum where we will have the presence of the universities, the responsible of the universities, of the population, of the financial institutions, of the students also. And we want to have an agreement all together, how we will support the increasing of the investment in the universities.

La Modératrice: Merci.

Mme Marois: Merci beaucoup. Bonne fin de journée. Merci.

(Fin à 13 h 30)

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