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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Le jeudi 29 mars 2012, 9 h 32

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures trente-deux minutes)

M. Khadir: Alors, bonjour. Nous sommes, à Québec solidaire, préoccupés par le fait que le gouvernement détourne les fonds destinés à la francisation et à l'intégration des immigrants au Québec. Le dernier budget, malheureusement, est venu confirmer une tendance qui existe depuis que le gouvernement libéral est au pouvoir, c'est-à-dire qu'en dépit du fait que le français à Montréal, la situation du français à Montréal est préoccupante, que l'accès à l'emploi et à l'intégration des immigrants fait problème, avec des taux d'accès à l'emploi qui sont vraiment inquiétants pour une bonne partie de la communauté immigrante, de l'argent pourtant disponible, des transferts fédéraux qui vont croissants, plutôt que d'être investis dans ce domaine-là, malheureusement, sont détournés pour le service de la dette. C'est incompréhensible, ça montre une insensibilité qui est vraiment très navrante, alors même que, depuis des années, tout le monde reconnaît la nécessité d'investir de manière généreuse, de manière énergique et surtout de manière très rentable pour la société québécoise, ce qui est dans nos moyens pour assurer une bonne intégration de la communauté immigrante.
Alors, les transferts fédéraux ont augmenté cette année, passant de plus précisément 258 millions de dollars à 283 millions de dollars, donc un excédent de 25 millions que le gouvernement a préféré mettre de côté et plutôt diminuer les mesures d'intégration de 2 millions de dollars et les sommes dédiées à la francisation de tout près de 68 millions de dollars. Le gouvernement du Québec ne respecte pas sa propre signature, autrement dit, alors qu'il a pris l'engagement, pas seulement auprès du gouvernement fédéral, mais surtout l'engagement auprès du Québec, et auprès des immigrants, et de ses propres politiques d'aider à leur intégration. En fait, c'est un courant, mais vous avez un tableau qui vous montre, depuis la venue au pouvoir des libéraux, c'est constant, on dépense moins. Par immigrant, on dépense moins que les sommes totales transférées par le fédéral, on dépense moins en dépit des besoins criants.
En fait, le gouvernement vient hypothéquer encore davantage l'avenir du français puisqu'on sait que l'avenir du français dépend des mesures qu'on prend pour collectivement assurer que les immigrants puissent s'intégrer en français. Et, en fait, quand on fait ça, quand on n'investit pas non plus dans l'intégration sur le marché du travail, on fait du Québec un pays qui n'est pas aussi accueillant qu'on le souhaiterait, alors que l'accueil qu'on démontre aux immigrants, c'est autant de raisons que les immigrants ont par la suite de s'attacher à notre pays, s'attacher au Québec, à sa culture et donc au français et pour assurer le caractère français de Montréal et du Québec.
En fait, ceci contribue à la tendance qu'on observe également, c'est que le problème majeur dans l'immigration au Québec, c'est qu'on en perd. C'est que le Québec a identifié, comme d'autres pays occidentaux, l'immigration comme un besoin de l'ensemble de nos collectivités, à la fois sur le plan démographique que sur le plan... sur d'autres plans au niveau de la société, c'est-à-dire de notre capacité à assurer notre développement. Or, on perd... il y a un flux migratoire qui est au désavantage du Québec, et le gouvernement continue d'envoyer des messages qui sont tout à fait négatifs de ce côté-là, dont la hausse de 85 % des frais chargés aux travailleurs qualifiés à qui on donne des certificats de sélection. Donc, pour nous, l'intégration et investir pour l'intégration, c'est une manière de soutenir, en fait, le français au Québec. Ça peut se faire de différentes façons. Les organismes communautaires ne demanderaient pas mieux que de recueillir ces sommes et de contribuer à la francisation et l'intégration des communautés immigrantes. Merci de votre attention.

M. Journet (Paul): À votre connaissance, depuis 2003, à chaque fois qu'on a dépensé moins qu'on a reçu, est-ce que le différent est allé à la dette ou c'était juste pour la dernière année, comme vous l'avez dit?

M. Khadir: Je ne suis pas certain de comment l'argent a été utilisé. C'est sûr qu'il relève du Québec de décider qu'est-ce qu'il fait des argents de transferts fédéraux. Après tout c'est l'argent du Québec qui lui revient. Cependant, ce qu'on constate, c'est que ces sommes qui sont transférées et sont dédiées, par exemple, à l'intégration des immigrants, c'est en vertu d'ententes, en vertu de constats faits pour les besoins. Et, à partir des besoins présentés par le Québec, le fédéral fait des transferts. Or, les besoins identifiés par le Québec ou les autorités compétentes des deux côtés, qui discutent des besoins pour l'intégration et la francisation, doivent poser un diagnostic sur la réalité. Le Québec ne respecte même pas son propre diagnostic.
Maintenant, à quelles fins il l'utilise, je ne saurais vous dire. Ce que je sais par exemple, entre 2006 et 2009, en fait, dans les exercices financiers de 2007, 2008 et 2009, il y avait 100 millions de dollars spécifiquement transférés parce qu'on avait identifié le besoin de l'intégration des professionnels, la reconnaissance des diplômes, l'intégration des professionnels immigrants. Aucun de ces argents-là n'a été utilisé, notamment pour faciliter l'intégration des médecins étrangers dont le Québec a besoin. Les facultés, le CREPUQ... le Dr Réjean Hébert, je me rappelle, j'avais des débats là-dessus, il disait: Amir, on ne peut pas les intégrer, on n'a pas les moyens, on est déjà pris à la gorge. Si tu veux nous aider, convainc le ministre Couillard d'aller chercher les 35 millions par année sur trois ans pour l'intégration professionnelle des immigrants. Or, cet argent-là a été consacré à d'autres choses, je suppose.

M. Journet (Paul): Dernière petite question, vite, vite. De mémoire, là, souvent, un des problèmes pour les investissements pour la francisation et l'intégration des immigrants, on dit... c'est qu'on a de la difficulté à tracer tout l'argent qui est dépensé. Il est dépensé dans différents ministères, puis les organismes communautaires nous disent qu'ils ont de la difficulté à avoir un portrait exhaustif. Donc, est-ce que, vous, vous êtes en mesure de nous garantir que l'argent qu'il y a eu là, ça représente tous les investissements ou est-ce qu'il y en n'aura pas d'autres, dans des craques. dans d'autres ministères?

M. Khadir: Écoutez, les organismes qui surveillent l'implication du gouvernement, ses investissements dans ce secteur-là, les mieux à même de nous renseigner, nous disent que ce tableau-là est le reflet de la réalité, c'est-à-dire que c'est ce qui est dépensé et pas plus. Maintenant, c'est au gouvernement à faire la preuve qu'il en fait autrement. Moi, je vois difficilement... D'ailleurs on le voit, juste en matière, par exemple, des allocations dans le domaine... dans la période de francisation, là, les allocations données aux immigrants qui doivent aller suivre leurs cours, ça n'a pas été indexé depuis maintenant tout près de huit ans, depuis 2005. D'accord? Alors, depuis sept ans. C'est ça qui pousse beaucoup d'immigrants à abandonner les cours, parce qu'ils doivent subvenir aux besoins de leur famille, puis les allocations ne sont pas suffisantes. Alors, c'est comme un incitatif pour les débarquer de là. On fait tout pour décourager la francisation des immigrants.

M. Dutrisac (Robert): Maintenant, les arguments du gouvernement, je crois, c'est de dire que ces dépenses-là ne sont pas exhaustives par rapport à... C'est parce qu'ils tiennent compte des soins de santé, par exemple, ils tiennent compte de l'aide sociale dans ses budgets de dépenses supplémentaires.

M. Khadir: Soit. Mais ce qu'on constate, c'est que 31 classes... Juste en 2010, 31 classes de francisation ont été fermées faute de revenus, faute de soutien suffisant. Ce qu'on constate, c'est que, comme je viens de vous dire, l'allocation pour la francisation n'a pas été indexée. Ce qu'on constate, c'est que le réseau de la santé en particulier manque cruellement de ressources. Je viens de vous citer l'exemple. Pourquoi le CREPUQ, année après année, refuse 50, 60, parfois 70 médecins étrangers qui ont passé pourtant tous les examens, toutes les obligations qu'on leur avait imposées avant de pouvoir faire une demande de poste en résidence, hein? Il y a plusieurs postes de résidence en médecine familiale, notamment au cours des dernières années, qui ont été laissés vides plutôt que d'accepter des immigrants.
Qu'est-ce que nous disent les recteurs des universités et les responsables des programmes de formation des résidents dans les facultés? C'est qu'on n'a pas les moyens. Il faut un peu plus de moyens pour l'intégration des professionnels. Bien, il leur manque cet argent-là. Alors, il faut que le gouvernement soit cohérent avec les besoins en intégration.

M. Caron (Régys): À chaque fois que la ministre St-Pierre est interpellée sur la question du français, elle plaide que les crédits ont augmenté, particulièrement à l'Office québécois de la langue française. Ce que vous nous exposez ce matin, c'est que le gouvernement défait d'une main ce qu'il fait de l'autre?

M. Khadir: Ce qu'il pourrait éventuellement faire de l'autre main, tout à fait. En fait, ce qu'on constate, c'est que le gouvernement libéral, puis ça, ça fait au moins 30 ans que j'observe ça de la part des gouvernements libéraux, ils tiennent les immigrants pour acquis. Dans la polarisation électorale malheureuse qu'il y a au Québec alentour de la question des fédéralistes versus les souverainistes, les libéraux tiennent les communautés immigrantes pour acquis et sentent...

M. Caron (Régys): En les anglicisant?

M. Khadir: Non, sentent... en fait, ce n'est pas tant ça qu'ils ne sentent aucun besoin de répondre adéquatement aux besoins des communautés immigrantes, et c'est ça la dure et triste réalité.

M. Caron (Régys): Mais ce n'est pas seulement qu'une question d'argent, la langue française, M. Khadir. Est-ce que la communauté francophone elle-même n'est pas devenue un peu indolente face à la protection de sa langue?

M. Khadir: Bien là on déborde largement de l'objet de mon point. C'est sûr qu'on pourrait discourir longtemps là-dessus. Ce qui est certain, en tout cas, en matière de francisation et d'intégration des immigrants, la situation est très préoccupante, et le gouvernement détourne l'argent à d'autres fins. Merci beaucoup de votre intérêt.

(Fin à 9 h 43)

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