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Conférence de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Motion de Québec solidaire sur le Régime d'assurance médicaments

Version finale

Le mercredi 4 avril 2012, 9 h 15

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Neuf heures vingt minutes)

M. Khadir: Bonjour et merci d'être présents. J'ai l'immense plaisir d'accueillir ce matin des représentants et des représentantes d'une série d'organisations de la société, des partenaires du domaine de la santé et du domaine communautaire et syndical, qui sont venus, en compagnie de l'Union des consommateurs, pour déposer une liste de plus de 200 organisations communautaires et syndicales, une trentaine de spécialistes du domaine de la santé qui ont choisi d'appuyer une campagne que mène l'Union des consommateurs et la coalition des groupes alentour d'elle pour proposer au ministre de la Santé un régime d'assurance médicaments universel, un régime qu'il nous tarde de voir instaurer au Québec depuis 40 ans.
En conférence de presse, nous avons avec nous, donc, Mme Élisabeth Gibeau, qui est analyste de santé pour l'Union des consommateurs, en compagnie de Régine Laurent, présidente de la fédération interprofessionnelle du Québec - des infirmières? - de la santé au Québec; il y a Mme Renée Fortin, qui représente la Capitale-Nationale au R des centres de femmes du Québec; il y a Mme Carolle Dubé, vice-présidente de l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux, et ensuite; nous avons aussi M. Jacques Benoit, qui est coordonnateur de la Coalition Solidarité Santé, qui est une coalition d'organismes communautaires et syndicale qui oeuvre pour un régime public de santé, pour la protection du régime public de santé. Alors, dans cet ordre, nous allons les entendre. Allez-y.

Mme Gibeau (Elisabeth): Merci. Alors, il nous fait plaisir d'être ici aujourd'hui pour déposer notre liste. Dans le présent contexte des finances publiques, il nous apparaît qu'il y a un éléphant dans la pièce, un éléphant que le gouvernement ne semble pas voir ou ne veut pas voir. Pourtant, il y a 245 groupes qui représentent des centaines de milliers de Québécois qui, eux, le voient très bien, cet éléphant. Cet éléphant, on le nomme «explosion du coût des médicaments».
Alors, il y a 245 groupes qui disent au gouvernement qu'il est temps de mieux contrôler le coût de nos médicaments au Québec, parce qu'il n'est pas normal que les Québécois paient 38 % de plus que la moyenne des pays de l'OCDE pour se procurer leurs médicaments. Alors, parmi ces groupes, outre ceux qui sont présents ici aujourd'hui, je vous en nomme brièvement quelques autres: Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées, Coalition des tables régionales d'organismes communautaires, Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec, Fédération des femmes du Québec, Ligue des droits et libertés, Médecins québécois pour le régime public, Syndicat canadien de la fonction publique, Société des auteurs de radio, télévision, cinéma, Centrale des syndicats du Québec, FTQ, etc.
Il y a aussi, comme M. Khadir le disait, de nombreux professeurs, médecins et chercheurs qui sont tous experts dans le domaine des médicaments, qui appuient notre campagne. Alors, tout ça pour dire qu'instaurer un régime entièrement public d'assurance médicaments au Québec, c'est donc se donner les moyens de mieux contrôler le coût des médicaments, mais c'est aussi la seule façon de régler les problèmes d'équité qui sont liés au régime hybride public-privé actuel.
Par exemple, est-ce qu'il est normal que les assurés des régimes privés, par leurs assurances collectives, aient à payer une taxe de 9 % sur leurs primes, alors que les assurés au public n'ont pas à payer cette taxe? Est-ce que c'est normal que les honoraires des pharmaciens ne soient pas les mêmes selon le client... selon que le client qui est en face d'eux soit assuré au public ou au privé? Donc, les honoraires des pharmaciens sont de 8 $ et 12 $ pour une prescription d'un assuré au public. Ils peuvent aller jusqu'à 30 $ pour un assuré au privé.
Est-ce que c'est normal que le prix des médicaments ne soit pas le même selon que la personne soit assurée au public ou au privé? Le reportage récent de La facture a bien montré cette problématique. Ou, un autre exemple, est-ce que c'est normal que la prime à payer soit calculée en fonction du revenu pour les assurés au public et pas pour ceux assurés au privé?
Donc, c'est quelques exemples pour montrer que, pour des raisons d'équité et pour les finances publiques, il est urgent d'adopter un régime entièrement public d'assurance médicaments au Québec. Ça fait déjà presque trois ans qu'on le répète au ministre de la Santé Bolduc. Aujourd'hui, nous allons faire un troisième dépôt de lettres d'appui au ministre, qui ne s'est toujours pas prononcé sur la question. Donc, on espère qu'aujourd'hui sera l'occasion pour lui de se mouiller un peu sur le sujet, ainsi que les partis d'opposition. Et, c'est ça, en résumé, les bonnes raisons ne manquent pas pour un régime entièrement public d'assurance médicaments, et mes collègues ici présents vont pouvoir développer un peu davantage ces bonnes raisons.

M. Khadir: Mme Laurent.

Une voix: ...

M. Khadir: Ah! Très bien. Alors...

M. Benoit (Jacques): Alors, bonjour. Pour la Coalition Solidarité Santé, qui regroupe une quarantaine d'organisations syndicales et communautaires de Québec et qui défend le système public de soins et de services sociaux, il est plus que temps que le gouvernement cesse de jouer à l'autruche puis agisse.
En déposant son budget il y a quelques semaines à peine, M. Bachand avait le choix: un régime public et universel d'assurance médicaments avec une politique du médicament lui aurait permis d'économiser de 2 milliards à 3 milliards par année, sans toucher aux contribuables qui font plus de 120 000 $ annuellement et qui lui semblent... qui semblent, du moins, si chers à ses yeux.
Ce régime hybride d'assurance médicaments qu'on a, c'est une des parties les plus privatisées de notre système de santé, mais c'est aussi celle dont les coûts augmentent le plus rapidement, de 10 % à 15 % par année. Pour la partie assurance collective privée, leurs coûts suivent la croissance du coût des médicaments. Leurs frais d'administration sont quatre fois plus élevés que dans le régime public, et les assurés doivent en plus éponger les déficits du régime public.
Après ça, les grands penseurs de CIRANO puis de l'Institut économique de Montréal viendront tous nous dire que le privé règle les problèmes du public pour beaucoup moins cher. Il est plus que temps qu'on agisse, il est plus que temps qu'on mette en place un régime public universel d'assurance médicaments. Merci.

M. Khadir: Régine.

Mme Laurent (Régine): Alors, suite à ces constats, ce que j'ajoute, c'est quelques questions et peut-être certains constats qu'on ne comprend pas. Pendant qu'on nous fait régulièrement état de la situation soi-disant catastrophique des finances publiques, pendant qu'on nous parle de faire notre juste part, le gouvernement tolère de mal dépenser des millions de dollars, année après année. Pendant qu'on s'évertue à nous faire croire que les dépenses en santé grugent la moitié du budget de l'état, ce qui est faux, on tolère que nous soyons parmi les deux pays au monde qui payons le plus cher les médicaments que nous achetons.
Nous appuyons ces revendications, parce que, quand on parle d'argent, on parle de 6 milliards par année pour acheter des médicaments au Québec. On demande au gouvernement de prendre les moyens. On lui demande d'être à l'écoute et de reprendre, par les moyens qu'on lui propose, le contrôle des coûts des médicaments.
En terminant, la motion sera présentée cet après-midi à l'Assemblée nationale. Je souhaite que ce soit un vote à scrutin secret, puisque semble-t-il que c'est la seule façon que le gouvernement juge démocratique. Merci.

M. Khadir: Ça serait bien. Mme Fortin.

Mme Fortin (Renée): Alors, l'R des centres de femmes regroupe 101 centres de femmes au Québec, et on considère qu'un régime d'assurance publique de médicaments est une solution plus juste et équitable pour les femmes, parce que les femmes dans les centres paient déjà beaucoup de frais médicaux qui sont non couverts par l'assurance maladie. On pense, par exemple, aux gouttes pour les yeux, les tensiomètres, les languettes des diabétiques, la glycémie, le transport d'analyses des tests Pap. Alors, que l'on ait une assurance privée ou publique, on subit les conséquences des hausses des prix des médicaments.

M. Khadir: Merci, Mme Fortin. Mme Dubé.

Mme Dubé (Carolle): Merci. D'abord, je tiens à vous dire que l'APTS soutient également la campagne. L'APTS regroupe actuellement 29 000 professionnels et techniciens qui oeuvrent dans le réseau de la santé, et nous croyons également que le Québec doit se doter d'un régime d'assurance médicaments universel et entièrement public. Le régime hybride actuel fait en sorte que la majorité des dépenses qui sont reliées aux dépenses de médicaments ne sont pas assumées par l'État, mais sont plutôt assumées par les régimes d'assurance collective, les régimes d'assurance privée, et ça, ça fait en sorte qu'il n'y a pas de contrôle sur le coût des médicaments. Les assureurs privés n'ont pas d'incitatifs, n'ont pas d'intérêts liés au coût des médicaments, ce qui fait en sorte que les coûts des médicaments, comme vous l'avez entendu, sont très élevés. Ça a également, ça, un impact, donc, pour les contribuables, leurs médicaments sont plus élevés, leurs régimes d'assurance collective doivent assumer ces coûts-là. Et vous avez compris aussi qu'il y a également une partie des impôts qui sert actuellement à financer le régime public, qui ne s'autofinance pas. Donc, il y a des économies importantes qui pourraient être données, là, aux contribuables.
En instaurant également un régime public, le gouvernement pourrait réaliser des économies importantes. À partir du moment où l'État achète 100 % des médicaments, ça lui permet, ça, d'augmenter son pouvoir d'achat, donc d'avoir un pouvoir sur la négociation auprès des compagnies pharmaceutiques, mais ça lui donnerait et ça lui permettrait également d'instaurer des moyens, des outils et des mécanismes pour faire en sorte, là, de contrôler les médicaments qui sont remboursés.
Donc, pour toutes les raisons qui vous sont évoquées ce matin, nous croyons que le Québec n'a pas les moyens de ne pas avoir de régime d'assurance médicaments universel. Merci.

M. Khadir: Alors, avant de passer aux questions, je voudrais simplement rappeler, donc, que, cet après-midi, Québec solidaire dépose une motion en Chambre qui va être débattue avec le ministre et son équipe, une motion de Québec solidaire qui l'invite à rapidement instaurer un régime d'assurance médicaments universel afin de garantir une couverture plus adéquate, plus équitable à l'ensemble des citoyens, mieux contrôler les coûts et également rendre, en fait, le revenu disponible des familles déjà surendettées du Québec un peu plus grand, parce que ça coûte, en fait, aux contribuables québécois quelque chose comme 740 millions de dollars chaque année, assumer ces coûts-là, là.
Quand on parle des cotisations... je vais expliquer le calcul : actuellement, la moitié des dépenses en médicaments du Québec sont couvertes par le régime d'assurance public, qui couvre 40 % de la population. Comme l'autre 60 % a moins besoin de médicaments, même si le coût des médicaments est plus cher globalement pour ceux-là, c'est à peu près un autre 50 %, donc 3 450  000 000 $, si on se fie aux chiffres de 2009. Là-dessus, les assureurs privés font 740 millions. Le coût... le surcoût lié aux assureurs privés, ce que ça coûte aux gens pour cotiser pour cette couverture, est estimé à 740 millions, 20 % de ce 3 450  000 000 $. Alors, c'est autant d'argent, dans le fond, que le public, à travers leurs régimes d'assurance privés, sont en train de payer inutilement, alors que les coûts d'administration du secteur public sont de l'ordre de 4 % à 5 %.
Alors, nous sommes... Voilà.

Mme Brassard (Marie-Andrée): Oui. Autant le PQ que les libéraux sont imperméables à cette idée de régime universel public. L'expliquez-vous uniquement par le lobby des compagnies d'assurance privées?

M. Khadir: La question est pour moi? Je crois que le lobby de l'industrie pharmaceutique est très, très fort au Québec, bien entendu. Je vous invite à regarder le film de Paul Arcand, Un Québec sous ordonnance, où la critique, à l'époque, le déplorait en pleine commission parlementaire en s'adressant au ministre Couillard.
Mais il en va aussi des habitudes. C'est que c'est une politique qui a été instaurée avec, vous savez, la vague de privatisation, l'introduction du privé, de, je dirais, l'ouverture au marché. M. Landry, qui était ministre de l'Économie et de l'Innovation, enfin, du Développement économique, a fait le pari de l'ouverture encore plus grande. Donc, tout au cours des années quatre-vingt-dix, à partir du moment où le PQ a été au pouvoir, on a fait le pari de tabler sur le soutien à l'industrie pharmaceutique de toutes sortes de façons. D'ailleurs, le Québec n'est pas le seul, on l'a fait aussi en Europe, avec de graves conséquences.
Aujourd'hui, tous les pays européens et aussi les États-Unis constatent que ce soutien démesuré, avec des politiques vraiment laxistes à l'endroit des grandes multinationales pharmaceutiques, n'ont pas donné les résultats escomptés. Les promesses étaient qu'il y aurait beaucoup d'innovation. Or, on voit, la courbe de l'innovation s'est complètement, en fait, tassée et a pris un chemin inverse au cours des 15 dernières années, ce qui ressort très clairement d'un rapport dévastateur déposé au président Sarkozy l'année dernière ou il y a deux ans, le rapport Debray, qui fait le bilan des 15 dernières années. Il dit: Ça, ça ne marche pas. On a alimenté des multinationales avec des résultats excessivement décevants.

Mme Brassard (Marie-Andrée): Oui, mais l'existence d'un régime universel, est-ce qu'elle ne profite pas d'abord aux assureurs privés?

M. Khadir: Le régime... Non, pas du tout.

Mme Brassard (Marie-Andrée): Bien, vous avez donné des chiffres qui sont quand même assez révélateurs. Le coût que débourse...

M. Khadir: L'assurance privée actuelle. Un régime d'assurance universel...

Mme Brassard (Marie-Andrée): Non, non. Mais le régime actuel, là, le fait qu'on ait le régime actuel, est-ce que ça ne profite pas d'abord aux assureurs privés?

M. Khadir: Alors, précision, le régime actuel n'est pas universel. C'est un régime qui...

Mme Brassard (Marie-Andrée): Non, je sais qu'il n'est pas universel.

M. Khadir: ...couvre tout le monde, dans ce sens-là, mais qui n'assure pas une couverture publique. C'est sûr que ça profite énormément aux assureurs également. Il y a... En fait, on a donné... en 1998, lorsqu'on a, par loi, obligé tout le monde à avoir une assurance soit au public, soit au privé, c'était deux bonbons: l'un pour l'industrie pharmaceutique, la partie couverte par la RAMQ, parce qu'on instituait une espèce de bar ouvert pour les patients les moins... les plus vulnérables, avec le plus grand besoin en médicaments. Puis, pour l'autre partie, c'est-à-dire les gens dans des secteurs... dans le groupe d'âge au travail, relativement en santé, avec de faibles risques de coûts des médicaments, on les forçait à cotiser à un régime d'assurance privé. Donc, un bonbon pour les assureurs également.

Mme Brassard (Marie-Andrée): Et comment vous expliquez le fait qu'autant les libéraux que les péquistes soient imperméables à cette idée? Est-ce que c'est le lobby des deux groupes, oui?

M. Khadir: Bien, c'est des erreurs qu'ils ont conjointement commises. C'est difficile de les reconnaître. À partir du moment où on s'est commis, c'est très difficile de les emmener à réaliser que c'est des erreurs et qu'il faut corriger le tir.

Mme Brassard (Marie-Andrée): Mais ils ont fait ce choix délibérément au moment de la création du régime.

M. Khadir: Bien sûr.

Mme Brassard (Marie-Andrée): Ils étaient très conscients de tout ça.

M. Khadir: Absolument. Ils l'ont fait parce que, comme nous l'avons dit, c'était l'époque des dogmes du marché, et le PQ, en fait, avait les deux pieds dedans. M. Landry était un des principaux promoteurs de l'ouverture de tous les services publics au marché, et il allait de soi qu'il voulait appuyer ça. Mais il faut reconnaître aujourd'hui que c'était une grave erreur. C'est des dépenses inouïes qu'on a occasionnées pour rien.

M. Dougherty (Kevin): ...pour le système actuel, c'est que, bon, il y a les compagnies pharmaceutiques, surtout dans le West Island, et aussi il y a les compagnies d'assurance. Tu sais, je fais une réclamation, puis il y a quelqu'un qui fait ça, c'est une job à Montréal. Mais est-ce que vous avez fait comme une analyse... C'est-à-dire qu'il y a des emplois, là. Mais est-ce que, si on... Mais vous proposez quelque chose qui va être plus efficace puis va faire des économies. Est-ce que ça peut être... Est-ce que vous avez des chiffres pour montrer les bénéfices pour... Mais les gens qui perdent leur emploi, par exemple, c'est comme... Non?

M. Khadir: Ils le perdent déjà, leur emploi. Il y a eu tout près de 1 000 pertes d'emploi dans la dernière année et demie. Nous avons perdu quelques-uns de nos joyaux : l'entreprise BioChem Pharma, qui avait été le découvreur... qui avait bénéficié, en fait, des brevets du deuxième médicament contre le sida, le 3TC, a été scrapée, littéralement, par Shire, qui l'a acquise au milieu des années 2000 par une décision administrative à Londres.
En fait, voilà un domaine... Parce que les groupes qui sont ici viennent pour l'assurance médicaments universelle, mais c'est sûr qu'une politique publique pharmaceutique doit être une politique d'ensemble qui ne peut pas se résumer juste à ça. C'est pourquoi Québec solidaire propose en plus Pharma-Québec, qui est justement un concept et une solution pour assurer à la fois la capacité de l'État à mieux négocier le prix des médicaments pour réduire les coûts, mais également pour doter le Québec d'un pôle de production pharmaceutique indépendant des compagnies privées, pour faire en sorte qu'à chaque fois que ce genre de situation se produit on ne perd pas les emplois, on les absorbe pour faire du développement.
Le Québec est un «hot bed», c'est un foyer de développement pharmaceutique en Amérique du Nord, parmi les quatre centres les plus vigoureux. On a quatre facultés de pharmacie excessivement publiques, entièrement financées par le public, dans nos facultés, qui sont excessivement prisées, enfin, la qualité de leur travail de recherche, et, actuellement, on les... il n'y a pas de politique pharmaceutique publique pour taper, pour, si vous voulez, absorber ces compétences au service du public. Alors, un pôle pharmaceutique public permettrait d'éviter ces pertes d'emploi sauvages auxquelles on a assisté au cours des dernières années.

M. Dougherty (Kevin): J'ai un ami médecin qui me dit qu'il y a des produits qui coûtent, mettons, 0,10 $ qui sont parfaits, O.K., mais là il y a d'autres produits qui viennent de je ne sais pas trop, puis là c'est un produit miracle, ça fait exactement la même chose, ça coûte 30 $.

M. Khadir: Marketing.

M. Dougherty (Kevin): Et, de l'autre côté, il y a une autre... une deuxième... l'autre côté de ça, il y a des médicaments d'oncologie qui sont très, très chers et ils ne sont pas toujours couverts par la Régie de l'assurance maladie. Mais, c'est-à-dire, est-ce qu'on peut...

M. Khadir: Absolument.

M. Dougherty (Kevin): ...avec un système universel, régler ces problèmes? C'est-à-dire qu'on peut accepter que des... On peut valider des produits pour qu'on ait des bons produits qui ne coûtent pas trop cher au système et réduire... des coûts des choses qui sont très, très chères?

M. Khadir: Est-ce que vous voulez intervenir là-dessus?

M. Dougherty (Kevin): Est-ce que ce serait une possibilité?

Mme Gibeau (Elisabeth): Bien, en se donnant les moyens de contrôler 100 % des achats de médicaments, c'est justement ce qu'on peut se permettre de faire, hein? Donc, le gouvernement se donne tous les outils pour arriver à gérer sa liste des médicaments remboursés de meilleure façon, alors qu'actuellement il ne contrôle que 44 % des achats de médicaments au Québec. Donc, c'est évidemment une des choses les plus importantes qu'il pourra atteindre avec le régime entièrement public d'assurance médicaments.

M. Khadir: M. Dougherty, le coût moyen de production de médicaments génériques non injectables, c'est-à-dire tout ce qui est crèmes, tout ce qui est pilules, d'accord, comprimés, pilules, le coût moyen est de l'ordre de 0,05 $ à 0,06 $ par dose - alors que ça soit la dose de crème, que ça soit... c'est 0,05 $ à 0,06 $ - le coût moyen de vente aux pharmaceutiques, je ne le connais pas, c'est plusieurs fois cet ordre de grandeur, mais le coût moyen auquel achète le contribuable québécois ou que rembourse la RAMQ pour ceux qui sont couverts, c'est 1,20 $. Faites-le calcul, c'est 20 fois plus, 22 fois plus, enfin, 24 fois plus - mon calcul, ce matin, pardonnez-moi - 24 fois, donc plusieurs fois plus.
Et ça, c'est terrible, d'accord? C'est terrible, et ce régime-là nous occasionne des coûts supplémentaires suivant... Rappelez-vous, la commission royale d'enquête Romanow, au début des années 2000, qui a parcouru le Canada pendant deux ans et qui a fait rapport en 2002. La commission Romanow disait noir sur blanc que, selon leur enquête, toutes les juridictions provinciales et fédérales payaient leurs médicaments trois à six fois trop chers, dans l'ensemble. Ça, ça comprend les injectables et les comprimés dont je vous ai parlé.
Donc, regardez, faites le calcul, même si on retient la part conservatrice de cette analyse, juste trois fois plus cher et non six fois, bien, au chapitre de la RAMQ qui paie actuellement 3,4 milliards par année, ça veut dire quoi? Ça veut dire qu'il y en a 2 milliards qu'on paie de trop.

Mme Brassard (Marie-Andrée): Est-ce que vous allez demander à Mme Marois d'accorder un vote libre sur votre motion?

M. Khadir: Écoutez, j'espère que Mme Marois va encourager toute son équipe à voter en faveur. Le PQ a eu la bonne idée, depuis les trois ans et demi que nous sommes à l'Assemblée nationale... trois ans que nous sommes à l'Assemblée nationale, petit à petit, de se rapprocher de nos positions, dans les gaz de schiste, sur plusieurs dossiers. Je ne vous les nommerai pas, parce qu'il y a une pression, c'est la logique. Et puis est-ce que... bon, il y a quelqu'un pour rappeler quelques vérités. Alors, j'espère que, là comme ailleurs, Mme Marois va simplement, en se basant sur les chiffres, en se basant de l'appui qui vient de la société, en venir à considérer que les décisions passées étaient peut-être erronées. C'est le temps de passer à autre chose, à un régime d'assurance médicaments universel.

M. Benoit (Jacques): Est-ce que je pourrais rajouter une petite chose? Vous posiez tantôt des questions sur pourquoi le gouvernement, à la fois chez les péquistes et chez les libéraux, semblait comme imperméable à toutes ces choses-là. À la Coalition Solidarité Santé, on a eu un échange par lettres avec le sous-ministre adjoint à la Santé qui... par rapport à une lettre qu'on lui a envoyée, d'appui à ce régime-là, nous a répondu très brièvement en citant : Il y a eu un comité qui a été fait en 2001, un comité qui avait étudié la pertinence d'un régime public universel. Et il disait que ce comité-là avait dit qu'il recommandait le maintien du caractère mixte qu'on a actuellement, privé-public, supposément pour diminuer l'impact sur les finances publiques de même que pour permettre aux assurés des régimes privés de se donner une protection sur mesure en fonction de leurs besoins. Alors, pour l'impact sur les finances publiques, je ne peux pas malheureusement dire... je ne sais pas exactement de combien c'était à cette époque-là, en 2001, le trou financier.

Mme Brassard (Marie-Andrée): 1,5 milliard, à peu près.

M. Benoit (Jacques): Mais on sait qu'actuellement, il est de l'ordre d'à peu près 2 à 3 milliards annuellement, hein, récurrent. Alors, je ne sais pas comment est-ce qu'il pouvait dire que... Alors, moi, je pense qu'il y a sûrement eu une évolution, et c'est sûrement pire maintenant que ça l'était en 2001, premièrement.
Deuxièmement, sur la question de permettre aux assurés des régimes privés de se donner une formation, une protection sur mesure, je ne sais pas trop de quoi ils parlent parce qu'au niveau des médicaments est-ce que tu peux choisir de dire: Je vais rembourser celui-là mais pas celui-là, je vais prendre ce médicament-là et pas celui-là? Non. Dans les faits, c'est ou bien ils les paient, les médicaments ou ils ne les paient pas. Et ce qui va se passer, c'est que, dans le fond, ton régime pour lequel tu vas payer, c'est que tu vas te retrouver... si tu vas avoir tes médicaments plus couverts, bien, c'est que tu vas diminuer tes protections sur d'autres éléments de ta santé, que ce soit au niveau dentaire, au niveau de d'autres soins. Donc, au bout de la ligne, l'histoire de dire: C'est une protection sur mesure en fonction de tes besoins, ce n'est pas en fonction de tes besoins, c'est en fonction du coût des médicaments, au bout de la ligne. C'est ça qui se passe avec les assurances privées, et qui ne serait pas, ça n'existerait pas, cette façon-là de faire, si on avait un régime public universel.

M. Khadir: Pour compléter le tableau sur le lobby, je note simplement que les deux assureurs dans le domaine de la santé les plus actifs au Canada et au Québec sont Great West et Sunlife, et tous les deux appartiennent à Power Corporation.

M. Benoit (Jacques): Je pourrais même ajouter une dernière chose. Le président du comité, en 2001... Ça, c'est parce que ça vaut la peine, je trouve, de le mentionner, je sors... je vais faire un lien avec ma présentation de tantôt. Le président du comité en 2001, c'était Claude Montmarquette. M. Montmarquette, qu'on retrouve au sein du grand «think tank» qui s'appelle CIRANO, hein, CIRANO qui... tout le monde sait que CIRANO est tellement promoteur des systèmes publics de santé, hein? Je veux dire, eux autres, tant et aussi longtemps qu'on peut parler de privé, puis qu'on peut ouvrir la porte au privé, puis qu'on va placer le privé, puis tout ça, le bon Dieu est avec eux, n'est-ce pas? Alors donc, si c'est ce monsieur-là qui présidait le comité qui a revu la possibilité de faire un régime public, on peut comprendre que les recommandations ressemblaient à ça. Tu mets le loup dans la bergerie, là, tu as une bonne idée de ce que ça va donner.

M. Khadir: Et... En fait, je n'ai pas eu le temps de compléter. Et pour recompléter encore le tableau, celui qui a, en fait, finalisé à grands traits les dernières plus importantes décisions de la politique du médicament au Québec s'appelle Russell Williams, député de Nelligan pour le Parti libéral, adjoint parlementaire de M. Couillard. Il a donné sa démission en début mai 2004. Et, avant la fin du mois de mai, il se retrouvait à la tête de Rx & D, le lobby de tout près de 50 compagnies pharmaceutiques de produits brevetés.

Mme Gibeau (Elisabeth): Je peux ajouter quelque chose? On vous dira peut-être qu'il y a moyen d'améliorer le régime actuel en contrôlant davantage les coûts. Il y a le Bureau de la concurrence qui a publié une étude en 2008 pour dire que l'Ontario... quand l'Ontario a essayé de faire ça en disant: On va réformer notre régime, on va mieux contrôler les coûts, tout ce qu'ils ont réussi à faire dans le public, les coûts ont augmenté proportionnellement dans la partie privée. Donc, pour nous, c'est l'argument ultime à l'effet que la seule façon d'arriver à contrôler les coûts des médicaments au Québec, c'est d'instaurer un régime entièrement public d'assurance médicaments. C'est la locomotive qui va nous permettre de mettre en place les mesures nécessaires pour corriger la situation.

M. Khadir: Merci beaucoup de votre présence et de votre intérêt. Merci.

Des voix: Merci.

(Fin à 9 h 47)

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