(Neuf heures vingt-quatre minutes)
Mme
Crevier (Myriam) :
Alors, mesdames et messieurs, bonjour. Mon nom est Myriam Crevier. Je suis
directrice des relations publiques et des partenariats à l'Association québécoise
des CPE et, au nom de l'AQCPE, je vous souhaite la plus cordiale des bienvenues
à cette conférence de presse qui marque le passage dans la région de la
Capitale-Nationale de la tournée nationale de mobilisation pour la sauvegarde
de la politique familiale.
Alors, je suis en compagnie aujourd'hui de
M. Louis Senécal, président-directeur général de l'AQCPE. Prendront également
la parole : M. Mathieu Traversy, député de Terrebonne et porte-parole de
l'opposition officielle en matière de famille et de lutte contre l'intimidation;
Mme Françoise David, députée de Gouin et porte-parole parlementaire de Québec
solidaire; Mme Louise Labrie, présidente du Syndicat des travailleuses et
travailleurs des CPE de la région de Québec et Chaudière-Appalaches; de même
que Mme Gina Gasparini, présidente du conseil d'administration de l'AQCPE.
Alors, sans plus tarder, je cède la parole
à M. Louis Senécal, président-directeur général de l'AQCPE.
M. Senécal (Louis) : Oui.
Bonjour. Merci, Myriam. Alors, si on prend le temps de venir vous rencontrer
aujourd'hui à l'Assemblée nationale, malheureusement c'est parce qu'on est très
inquiets et on souhaite relever le niveau d'alerte de la population face à ce
qui est en train de se produire. On a l'impression que les fondements du réseau
des centres de la petite enfance sont remis en question derrière des portes
closes présentement, et les principes fondateurs de notre réseau que sont
l'universalité, l'accessibilité, la qualité ainsi que le développement sont mis
à mal présentement.
Pourquoi on est inquiets? De façon très
concrète, le nouveau... le gouvernement libéral, à son arrivée, a reporté les
places jusqu'en 2021. Ça, c'est un fait, c'est une décision qui a été prise.
Autre décision, il y a eu des coupures, pour environ 70 millions, qui sont
venues affecter le réseau, pour un total cumulé des 10 dernières années d'à peu
près 250 millions dans le réseau des services de garde, donc un quart de
milliard de dollars. Mais on est surtout inquiets parce que la ministre de la
Famille a échoué dans son rôle de rassurer, dans ses responsabilités de
rassurer les familles du Québec pour leur dire à la fois que le congé parental,
les services de garde et toute la politique familiale n'étaient pas mis en
péril et n'étaient pas questionnés par son gouvernement.
Au lieu de faire ça, la ministre nous a
affirmé, comme d'ailleurs le président du Conseil du trésor, que tout était sur
la table. Mme Charbonneau nous a également dit que son gouvernement était
déterminé à ébranler les piliers du temple et, en la quittant, à quelques
occasions, elle nous a dit qu'on avait raison d'être inquiets. Alors, on l'a
pris aux mots, alors on est vraiment inquiets et on souhaite alerter la population
et leur communiquer ces éléments-là qui sont importants.
L'AQCPE est consciente du fait qu'il existe
un défi au niveau des finances publiques. On est conscients de ça et on y
travaille depuis des années. Je vous ai parlé du montant de 250 millions
qui a déjà été coupé ainsi qu'un rapport qui a été livré au gouvernement, le
rapport Boisvert, qui amenait 24 pistes de solutions. Alors, on a fait le
travail, on a fait déjà beaucoup de travail pour chercher des solutions. Mais
ce qu'on s'explique mal, c'est que le gouvernement semble ancré dans une
position où il refuse de voir ce réseau-là… Évidemment, tout le monde s'entend
que c'est un réseau qui est très, très, très… qui est excellent pour le développement
des enfants, mais on dirait que le gouvernement s'entête à voir ce réseau-là
comme une dépense et non pas comme un levier économique. C'est un des réseaux à
travers le monde qui a fait ses preuves. C'est un des réseaux qui participe à l'économie
du Québec et qui favorise l'essor économique du Québec.
5,1 milliards de dollars d'augmentation
du PIB, ce n'est pas rien. Il n'y a pas beaucoup de réseaux au Québec qui peut
se targuer d'avoir eu cette influence-là. Le réseau représente un montant de
3,5 % des finances globales de l'État. Alors, en proportion de ce qu'on
lui demande en termes de contribution à la lutte au déficit, ce n'est vraiment
pas adéquat. 70 000 femmes sont revenues sur le marché du travail grâce à
un choix qui leur a été donné avec cette politique familiale là, qui est née
suite au rapport Un Québec fou de ses enfants de Camil Bouchard. Les
économistes Pierre Fortin, Luc Godbout ont fait la démonstration à plusieurs
reprises qu'un dollar investi rapporte 1,50 $. Alors, pourquoi s'attaquer
à quelque chose qui rapporte d'un point de vue économique? On s'explique mal
cette décision-là.
Alors, si on s'attaque à la politique
familiale, ce qu'il faut comprendre, c'est qu'on s'attaque à la classe moyenne.
Les parents, au Québec, d'une manière très majoritaire, quand ils sont chanceux
d'avoir un emploi, bien, ils ne sont certainement pas au top de leurs échelons,
ils ne sont pas en fin de carrière et ils ne gagnent pas des sommes
astronomiques, là. C'est des salaires qui sont vraiment des salaires considérés
de classe moyenne. Alors, si on veut que les familles contribuent au Québec, ça
va être donc d'attaquer la classe moyenne et ça sera de demander une
contribution qui va être largement supérieure à ce qui est demandé
présentement.
Est-ce qu'on est en train de revenir à
l'époque où, au Québec, on faisait un choix entre avoir un enfant, un deuxième
ou un troisième enfant, ou le choix d'avoir deux salaires dans le ménage?
Est-ce que, vraiment, le Québec a donné le mandat au gouvernement en place de
remettre quelque chose qui était réglé, au Québec, et qui fait la fierté à
travers le monde? Je dis à travers le monde parce que, l'an dernier, on a eu
une délégation de la Maison-Blanche qui est venue nous visiter, on a eu des
Européens qui sont venus nous visiter. Ils viennent nous voir, bien sûr, pour
le modèle en termes de développement des enfants, mais surtout ils viennent
nous voir parce qu'on a réussi de faire de ce modèle-là un modèle rentable, et
c'est ça qui est unique.
Alors, moi, je suis confiant. Malgré les
craintes, je suis confiant que ce réseau-là, qui a été bâti, là, par le
militantisme des femmes, par des... vraiment, une ténacité sans égale va... les
gens vont reprendre cet ADN-là, hein, qui a bâti le réseau et les gens vont se
soulever. Ce n'est pas parce qu'un gouvernement est un gouvernement majoritaire
que la population n'a pas d'influence sur le cours des choses, et on en appelle
à la population de se mobiliser, le 9 novembre, dans chacune des régions du Québec,
et d'aller voir sur le site toujoursfousdenosenfants.com pour connaître leur
lieu de rassemblement. Et en terminant, bien, je veux simplement vous rappeler
qu'au Québec on est toujours fous de nos enfants. Merci.
Mme
Crevier (Myriam) : Merci,
M. Senécal. Alors, maintenant, on va céder la parole à M. Mathieu Traversy,
député de Terrebonne et porte-parole de l'opposition officielle en matière de
famille.
M. Traversy
: Merci
beaucoup. Merci beaucoup, M. Senécal. Vous êtes à la hauteur de la situation,
c'est le cas de le dire. Être à vos côtés est un privilège.
Messieurs dames, j'aimerais vous lancer un
cri du coeur ce matin pour vous dire à quel point nous partageons l'inquiétude
de la coalition pour la sauvegarde de la politique familiale au Québec
concernant les décisions ou, du moins, les ballons qui ont été lancés par le gouvernement
libéral au cours des derniers mois. Je ne suis pas obligé de revenir très loin
pour que vous vous rappeliez certaines décisions, que ce soit le report des
places en garderie, les coupures d'allocation en milieux défavorisés. On parle aujourd'hui
de l'universalité du réseau qui est mise en péril. On a également, donc, toute
la question des tarifs, là, qui sont discutés dans l'actualité politique aujourd'hui.
La politique familiale du Québec, c'est
une politique à succès, c'est une politique qui a fait ses preuves au cours des
années, c'est une politique qui est appréciée des gens. Il n'y a qu'à parler
aux parents pour voir à quel point ils sont satisfaits et fiers de pouvoir
avoir accès à des services d'une aussi grande qualité au Québec. On a des gens
qui travaillent dans ce milieu-là depuis de nombreuses années, qui se dévouent
corps et âme pour les enfants du Québec et qui font du modèle québécois un
modèle différent de ce qu'on trouve dans le reste du Canada, un modèle qui est
envié, un modèle qui fait du Québec un paradis pour les familles. C'est ce que
plusieurs sont venus vous mentionner par le passé et c'est ce que je viens vous
réitérer aujourd'hui. La qualité, l'accessibilité, le développement et
l'universalité, c'est ce qui doit être nos phares pour la poursuite de cette politique
familiale, et présentement plusieurs doutes se lèvent devant nous.
À l'heure de la trentaine, vous savez que
l'horloge biologique sonne parfois et que c'est l'heure de pouvoir fonder une
famille. Nous avons présentement, là... dans le paysage politique, il y a beaucoup
d'incertitude en ce qui a trait aussi au Régime québécois d'assurance
parentale. Ça ne doit pas être un casse-tête que de fonder une famille au Québec.
De là, entre autres, une, peut-être, des significations de ce symbole que nous
portons aujourd'hui. Nous avons le droit de savoir ce à quoi nous pourrons
avoir droit si nous décidons de fonder une famille puis combien d'enfants nous
allons avoir. Par la suite, ça peut aussi avoir un impact sur les outils et les
services qui sont offerts à ces jeunes familles-là du Québec qui sont en train
de projeter leurs projets futurs et leurs projets familiaux.
Je ne répéterai pas non plus toutes les
femmes qui ont pu avoir l'occasion de réintégrer le marché du travail, toute l'économie
et la richesse que ces entreprises d'économie sociale apportent au Québec à
chaque année. Je voudrais simplement réitérer l'appui total et inconditionnel
du Parti québécois à cette mobilisation. Je vous invite à participer le 9
novembre prochain aux différents rassemblements qui auront lieu dans toutes les
régions du Québec. Je vous invite également à signer la pétition pour la sauvegarde
de notre politique familiale qui est présentement en ligne sur le site de l'Assemblée
nationale. Plusieurs milliers de personnes l'ont déjà fait, et il reste maintenant
à vous de la compléter. Merci beaucoup.
Mme
Crevier (Myriam) :
Merci, M. Traversy. Alors, j'inviterais maintenant Mme Françoise David, députée
de Gouin et porte-parole parlementaire de Québec solidaire.
Mme David (Gouin) : Merci. En
1981, je mettais mon enfant de quelques mois dans une garderie — c'est
comme ça qu'on appelait ça à l'époque, hein — dans une garderie
populaire où les parents et les travailleuses avaient une large place. C'était
pour moi, c'est encore pour moi le meilleur modèle de service de garde qui
puisse exister puisque les parents regroupés, réunis, ayant un certain pouvoir
dans ces services de garde sont capables de savoir qu'est-ce qui se passe avec
leur enfant tout au long de la journée. Mais c'était aussi l'époque où on
payait selon les revenus, ce qui revenait à dire en général que, pour la classe
moyenne, dont je faisais partie, ça coûtait cher, mettre son enfant en
garderie. Et de nombreux conjoints ou maris disaient à leur conjointe :
Sais-tu, tout bien calculé, là, ça coûte quasiment plus cher que tu ailles
travailler parce que, comme les services de garde sont chers, tu serais peut-être
mieux de rester à la maison. Est-ce que c'est ça, le projet du gouvernement
québécois pour la famille québécoise en 2014? J'espère que la réponse, c'est
non.
Les services de garde, pendant toutes ces
années-là, ont fait la démonstration de leur importance pour les femmes qui ont
trouvé dans ces services de garde une bonne manière de prendre soin de leurs
enfants pendant qu'elles vont sur le marché du travail. Et elles y sont maintenant
massivement, les jeunes mères de famille. Mais les services de garde, c'est
très bon pour les enfants aussi. On sait combien ils ont accès à de la
stimulation, à de la socialisation avec les amis, comment ça les prépare bien à
l'école, comment, pour plein d'enfants de Montréal, par exemple, ma ville, où il
y a de nombreuses familles immigrantes, le service de garde permet d'apprendre
le français, de se préparer tout doucement d'intégrer la société québécoise. Il
n'y a que de bonnes raisons, finalement, d'encourager un service de garde,
centre à la petite enfance, donc à caractère public ou parapublic, contrôlé par
les parents, les travailleurs, les travailleuses et des personnes externes. C'est
un gage de qualité, c'est dans cette voie-là qu'on doit continuer, et je ne
peux pas croire que nous allons importer le modèle du Canada anglais, où, dans
les faits, les services de garde sont inaccessibles à la majorité des parents.
Si l'on doit importer quelque chose,
allons voir ce qui se passe en Scandinavie, et on constatera que les services
de garde là-bas, c'est considéré juste comme une chose normale. Il y a un consensus
social autour de ça. Il me semble qu'au Québec nous avons ce consensus social. Il
n'y a donc aucune raison pour le gouvernement du Québec de reculer, et, oui,
nous serons avec vous tous, avec vous toutes, le 9 novembre, dans toutes
les villes du Québec où il y aura des rassemblements en appui aux services de
garde du Québec.
Mme
Crevier (Myriam) :
Merci beaucoup, Mme David. Et maintenant Mme Louise Labrie, présidente du
Syndicat des travailleuses et travailleurs des CPE de la région de Québec et Chaudière-Appalaches,
affilié à la CSN.
Mme Labrie (Louise) : Alors,
bonjour. Moi, je vais aborder deux, trois sujets. Entre autres, je pense qu'il
faut mettre dans la balance l'importance de l'égalité des chances, et, pour les
enfants, c'est vraiment important d'avoir accès à des services de qualité parce
qu'effectivement c'est ce qui les prépare. Moi, je travaille dans un milieu qui
est relativement défavorisé. Quand on a des enfants qui proviennent de familles
défavorisées, bien, des fois, c'est un bon repas par jour que ça donne aux
enfants, des collations santé que ça donne aux enfants, et ça, c'est une partie
importante aussi du filet social qu'on a décidé de se donner au Québec.
Je pense que c'est important de réfléchir
à comment on veut ce réseau-là. On investit dans nos enfants, c'est notre
avenir puis, en plus que c'est un investissement, c'est un investissement qui
rapporte maintenant, pas juste dans cinq ans, dans 10 ans, dans 15 ans.
Financièrement, c'est un modèle qui est rentable. Donc c'est important de
maintenir ce réseau-là. Et les travailleuses des centres de la petite enfance
qui sont syndiquées avec nous à la Fédération de la santé et des services
sociaux et à la CSN, nous sommes des actrices importantes de ce réseau-là. Nous
accueillons les enfants, nous travaillons fort, et nous avons supporté ce
réseau-là depuis fort longtemps, et nous serons encore là le 9 novembre
avec l'AQCPE, avec les parents, avec toutes les personnes, tous les membres de
la société. Il faut démontrer à ce gouvernement-là l'importance de ce réseau, l'importance
de maintenir et de viser l'excellence. Je pense que Françoise David a mentionné
effectivement qu'il faut regarder c'est quoi, les autres modèles, pourquoi ce
serait bon pour... quand on va à l'école ou quand on travaille, de viser
l'excellence, mais que, quand on arrive dans les politiques, ce soit viser le
moindre et niveler par le bas.
Donc, nous, on ne veut pas ça, on veut
viser l'excellence, et l'excellence, c'est un réseau qui est bien organisé, qui
est bien financé, qui est bien développé et qui donne des services aux parents
et aux enfants.
Mme
Crevier (Myriam) : Merci
beaucoup, Mme Labrie. Et pour conclure, j'accueillerais Mme Gina Gasparini,
présidente du conseil d'administration de l'AQCPE.
Mme Gasparini (Gina)
:
Bonjour. Les CPE ont vu le jour en 1997 avec l'entrée en vigueur de la nouvelle
politique familiale du Québec. Après plus de 30 ans d'engagement des femmes à
travers les garderies populaires, le Québec a pris un virage important en
choisissant d'être fou de leurs enfants. Ce choix se fondait notamment sur une
volonté de miser sur le développement harmonieux des jeunes enfants et de
soutenir les familles dans leur recherche d'un équilibre entre le travail,
leurs études et la vie familiale.
Les CPE ne sont pas nés parce qu'ils
étaient la saveur du jour ni ne sont le fruit d'un calcul quelconque politique.
Ils sont nés d'une réflexion en profondeur sur les besoins des familles. Ils
sont le résultat d'une volonté populaire de doter la société québécoise des
services de garde éducatifs de qualité pour tous les enfants et d'offrir aux
familles un carrefour de services et un lien de référence en petite enfance.
Parmi les principes fondateurs du réseau de la petite enfance, l'universalité
est essentielle. Il s'agit d'un principe qui assure aux familles, et ce, peu
importe leur revenu, leur milieu social ou économique, l'accès à des services
de garde de qualité moyennant une contribution parentale réduite. Avec sa
politique familiale novatrice, le Québec a choisi de donner une chance égale à
tous les enfants. À l'heure des choix difficiles, il nous importe de réitérer
que nous sommes toujours fous de nos enfants. Merci.
La Modératrice
: Donc,
on va passer à la période de questions. Je vais vous demander de vous
identifier et d'identifier aussi la personne à qui vous posez votre question,
s'il vous plaît. Donc, je vais commencer à gauche avec Davide Gentile.
M. Gentile (Davide) : M.
Senécal, qu'est-ce qui concrètement est assez fort pour que les parents
répondent à votre appel? Parce que là on est dans les supputations, les
théories. Vous posez un geste défensif finalement?
M. Senécal (Louis)
:
Bien, écoutez, moi, je ne vois rien de théorique dans le fait que la ministre,
qui défend les familles au cabinet du gouvernement majoritaire du Québec, là,
nous affirme qu'elle va ébranler les piliers du temple, que tout est sur la
table, puis qu'on a raison d'être inquiets. Alors, si elle nous le dit à nous,
imaginez ce qu'elle peut dire quand elle est au cabinet. Alors, pour moi, ce
n'est pas de la théorie, et c'est important, c'est même un devoir qu'on a
d'alerter la population à cet effet-là.
M. Gentile (Davide) : Est-ce
que vous seriez prêts à accepter une modulation des frais?
M. Senécal (Louis) : Les frais
sont déjà modulés, hein? Il y a un mythe relatif à ça, là. Le financement des services
de garde se fait à deux niveaux, l'impôt des contribuables, qui sont modulés,
donc les plus riches paient plus d'impôt au Québec que les plus pauvres. Et
d'ailleurs tout le monde a accès sans payer une tarification quelconque aux
services d'urgence, hein, c'est une modulation. C'est un principe,
l'universalité au Québec, qu'on accepte dans plein d'autres réseaux. Et il y a
aussi la contribution réduite, dans notre réseau, qui contribue à ça. Alors, on
pense que de moduler une deuxième fois, ça serait totalement injuste et non nécessaire.
La Modératrice
: Tommy
Chouinard.
M. Chouinard (Tommy)
:
Oui. Bonjour, M. Senécal. La modulation, on l'écrit ce matin dans La Presse,
ça va faire partie des recommandations, manifestement, de la commission
Robillard dans son premier rapport qui va être remis sous peu. Donc, ça semble
acquis. Croyez-vous que le principe que les plus riches paient davantage pour
faire garder leur enfant, dans la population, là, il va y avoir une réelle
opposition à ce principe-là?
M. Senécal (Louis) :
Bien, comme je le disais, la population est d'accord avec la modulation parce
que, pour tous les services au Québec, là, les services publics sont modulés
parce que les plus riches paient leurs impôts en fonction de leurs revenus et
les plus pauvres aussi. Alors, les CPE ne s'opposent pas à ce principe-là.
Ce qu'on dit, c'est qu'on n'a pas besoin
d'ajouter une modulation au niveau de la tarification. Puis ce qu'il y a
d'odieux, là, c'est que le rapport dont il est question dans La Presse
ce matin, c'est une commission parlementaire où la ministre nous a demandé par
elle de lui transmettre nos idées, et elle a, elle, censuré ce qu'il y avait à
censurer, et on n'a même pas eu voix au chapitre directement. Alors, les
spécialistes de notre réseau ne sont pas consultés. On a été présenter notre
mémoire à la commission de révision sur la fiscalité à M. Luc Godbout ainsi que
ses collègues, mais on trouve quand même assez surprenant que notre réseau
n'ait pas été partie de la discussion à ce niveau-là.
La Modératrice
: Mme
David voudrait ajouter quelque chose, Tommy. Ça ne sera pas long.
Mme David (Gouin) : Et ce que
je vais ajouter, je le dis bien sûr au nom de ma formation politique, là, si on
veut être sérieux au Québec, là, si on veut… si le gouvernement est vraiment
sérieux lorsqu'il parle de moduler quelque chose, qu'il module donc la
progressivité de l'impôt. Qu'on commence donc par là. Pourquoi est-ce que,
chaque fois qu'il est question de modulation, c'est toujours des services de
garde dont on parle, jamais rien d'autre? Jamais on ne va exiger des
contribuables les plus riches, des entreprises les plus riches de contribuer davantage
à l'effort collectif. Pourquoi seulement les services de garde? Je pense que la
réponse, à vrai dire, c'est que ce gouvernement ne considère pas les services
de garde publics, parapublics, disons, en centre à la petite enfance comme un
service essentiel. C'est ça, le fond du problème. Parce que tout ce qui est
service essentiel au Québec est soit gratuit, soit à très faible coût. Oui ou
non, pour le gouvernement du Québec, les centres à la petite enfance sont des
services essentiels? C'est la question à laquelle il doit répondre.
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
(Fin à 9 h 46)