(Dix-sept heures seize minutes)
M. Marceau
: Bonsoir,
bonjour. Je veux simplement réagir au budget fédéral dont j'ai pris
connaissance très brièvement.
Aujourd'hui, évidemment, c'est une journée
de paradoxes, je pense que vous pouvez le constater. On vient de voter le
budget de l'austérité ici, à Québec, un budget qui va avoir des conséquences
réelles sur les services aux Québécois et puis qui asphyxie la croissance
économique québécoise. Puis pendant ce temps-là, à Ottawa, c'est le budget des
bonbons électoraux.
Alors, la différence, là, le contraste
entre la situation fédérale et celle du Québec est saisissant, et ça se produit
au moment même. Donc, en même temps, le budget des bonbons; de l'autre côté, le
budget de l'austérité.
En même temps, j'aimerais dire que je
déplore le fait que le premier ministre du Québec n'a fait aucune demande au
gouvernement fédéral. Et évidemment, quand on ne demande rien, on n'obtient
rien. Ça, ce n'est pas quelque chose de surprenant. Et effectivement, dans le
budget fédéral, il n'y a rien pour le Québec. Même l'ancien premier ministre
Jean Charest demandait plus, était plus vocal. Le premier ministre n'a rien
fait.
Et j'aimerais dire que... certains d'entre
vous pourront nous dire que la situation financière à Ottawa n'est pas si rose.
J'aimerais qu'on prenne un peu de recul, là. On est dans une situation où
effectivement les prix du pétrole ont chuté. Ça a eu des impacts sur Ottawa.
Certains disent donc des impacts néfastes sur Ottawa, des impacts favorables
pour le Québec. Et malgré tout, là, c'est l'inverse qu'on peut constater dans
les budgets. Dans un cas, comme je vous le disais, celui qui est supposément en
train de vivre des difficultés à cause de la baisse des prix du pétrole est
celui qui distribue les cadeaux électoraux, puis celui qui vit une situation
plus favorable, parce que les cours du pétrole ont été réduits, est celui qui
dépose un budget qu'on a voté aujourd'hui puis qui est très mauvais pour les Québécois.
Je vous dirais aussi que cette situation du prix du pétrole plus faible, c'est
une situation qui est temporaire, et il n'y a personne qui prédit que les prix
du pétrole actuels vont se maintenir pour le futur.
Et puis justement, pour le futur puis pour
le plus long terme, le fédéral s'entête donc à maintenir des coupures dans les
transferts en santé. Et je pense que les prochaines années vont être très
difficiles au Québec. La recette qui consiste à dire : on coupe sans
mettre en place des réformes importantes comme il se doit en santé puis avec un
appauvrissement du financement provenant d'Ottawa, bien, ce n'est pas une
recette qui va avoir du succès, puis ça va se traduire par des impacts réels
sur les Québécois. Alors, je m'arrête là. C'est ce que je voulais vous dire.
Mme Prince (Véronique)
:
Qu'est-ce que vous auriez demandé, vous, au fédéral à la place de M. Couillard?
M. Marceau
: Bien, écoutez,
clairement un rétablissement du transfert en matière de santé. Ça, c'est une
évidence. Les impacts sont réels, là. Les impacts, on parle de 9 milliards
d'ici 2024‑2025. On parle de quelque chose comme 1 milliard par année. Et
c'est dû à deux choses, là. C'est dû au fait que désormais la formule de
répartition du transfert entre les provinces se fait sur une base per capita
puis c'est dû au fait aussi que le gouvernement fédéral s'est protégé en
imposant un plafond aux transferts. Alors, il y a ça, évidemment, qui est le
gros élément parce que la population du Québec vieillit, le système de santé a
des coûts qui croissent à un rythme rapide. Et ça va être une impasse, là. Si
vous pensez que, cette année, tout va se régler au Québec, là, avec la possibilité
qu'on atteigne l'équilibre budgétaire, ce n'est pas vrai, là. Les pressions
vont être fortes l'année prochaine, vont être très fortes aussi dans deux ans,
puis, à ce moment-là, les coupures supplémentaires du transfert en santé vont
se matérialiser au Québec. Alors, ça ne sera pas évident, là.
M. Caron (Régys)
: M.
Marceau, en quoi ce budget-là peut-il alimenter la cause indépendantiste?
M. Marceau
: Ah! bien,
regardez, de mille façons. Moi, je vous dirais que, dans ce budget, on a vu,
donc, les bonbons électoraux qui sont distribués à la base conservatrice, beaucoup
pour les contribuables plus fortunés, hein, le CELI qui augmente, le fractionnement
du revenu aussi pour les familles, qui a un impact pour les familles plus fortunées.
Mais plus généralement, donc, on voit qu'on
a un gouvernement fédéral qui agit en faveur de sa base et qui n'a aucun
intérêt ou qui n'a aucune sensibilité pour les intérêts du Québec. Le Parlement
fédéral, dans le fond, fonctionne sans tenir compte des intérêts du Québec.
C'est quand même la moitié, si vous voulez, des décisions qui nous concernent
qui sont prises dans ce Parlement dans lequel on n'a, désormais, là, aucune
influence.
Et on le voit bien que les priorités du Québec
n'ont pas été prises en compte, là, dans ce budget. Est-ce que vous avez vu la
santé renouvelée? Est-ce que vous voyez un financement cohérent des
infrastructures, alors que, pour chaque dollar dépensé par le fédéral, le
Québec en dépense 10 en infrastructures? Écoutez, il y a vraiment, là... Les
priorités du gouvernement fédéral, c'est la... vous avez vu, c'est la Défense
nationale. Bon, bien, écoutez, on est loin, loin des préoccupations des
Québécois.
La Modératrice
: En
anglais, peut-être.
Mme Montgomery
(Angelica)
: Mr. Marceau, how do you
explain that the federal Government seems to be able to
create a surplus when they've lost money, while here we are in the middle of
this...
M. Marceau
: Well, it's structural. The fact is that the federal Government... It's true that, for a very
short period of time, momentarily, they are experiencing more difficult times
because the price of oil has gone down, but this is not structural.
Structurally, the federal Government is providing very few services to the population, a number of transfers to the population a little bit, but to provinces,
and it's quite easy for them to balance the budget.
On the other hand, you
have in Québec a government which is providing services,
fundamental services to the population, and it's extremely difficult to contain the cost of those
services, and this explains the difference between the situations that we have in Ottawa and in Québec.
Mme Montgomery
(Angelica)
: So what do you think of
all that's being offered, the increase of the tax-free savings account, there's
better... there's measures for seniors, for care givers, many for public
transit?
M. Marceau
:OK. Some of them
could be... I just want to point out that the one on CELI — I don't remember the name in
English — C-E-L-I, the one...
Mme Montgomery
(Angelica)
: On the tax-free savings
account.
M. Marceau
: Tax-free...yes,
that's right, and the one
on the fractioning of income... income splitting, those are measures basically
built for the most wealthy among us. These are measures that are basically put
in place to cater to their electoral base, and, I mean, this is far from what Québec needs.
Québec is struggling with the financing of its health care system. It will
be struggling… I mean, I'm saying that today, but I can tell you that next
year, in two years, in three years, I will be saying the same thing. And, as
those cuts in the transfers become effective in two years, and at the same time
the population will have aged a
little bit more in Québec, and
it will be even more difficult than it is right now.
So I just want to repeat
what I said in French : This year will be extremely difficult, especially
in the health care system in Québec, especially for the people that are sick, but it's going to be
worst in two years and in three years. It's going to be worst. And, certainly,
something has to be done, and again, the Premier, here, has been extremely
weak, has said absolutely nothing, has been requesting absolutely nothing, and
no wonder we got nothing.
M. Croteau
(Martin)
: Peut-être une petite question technique, si vous
permettez. Est-ce que la hausse du plafond de contributions au CELI a des
impacts fiscaux pour le Québec?
M. Marceau
: C'est une
très bonne question. Ça va dépendre de la réponse du Québec, c'est-à-dire que
le Québec... Le Québec, à chaque budget fédéral, là, prend la liste de toutes
les mesures qui ont été annoncées par le gouvernement fédéral et doit décider
si elles s'harmonisent ou pas. O.K.? C'est une décision politique qui est prise
par le ministre des Finances. J'ai eu à prendre ces décisions-là à la suite de
budgets fédéraux. Et M. Leitão — ça serait une très bonne question
pour lui, vous lui demanderez ce qu'il va faire — pourra décider ou
pas de s'harmoniser. Je m'attends, parce que les pressions vont être très
fortes, que M. Leitão choisisse de s'harmoniser.
M. Caron (Régys)
: Mais
c'est une dépense fiscale, au moment où on se parle, là…
M. Marceau
: Bien sûr.
Si le Québec s'harmonise, ça va lui coûter des sous. Absolument.
Excusez-moi, c'est qu'on n'est pas seuls
apparemment. Merci.
(Fin à 17 h 25)